Nombre de messages : 249 Age : 35 Localisation : Vaucluse Date d'inscription : 04/10/2011
Sujet: Douglas Coupland Sam 10 Déc 2011 - 19:10
J'ai découvert cet auteur l'été passé, et je dois avouer que les deux bouquins que j'ai lus de lui m'ont conquise, et ont fait naître une foule d'émotions au fil des pages.
Une petite biographie avant toute chose (source: Wikipedia):
DouglasCoupland nait dans une base de l'OTAN à Baden Söllingen, en Allemagne (en 1961) ; c'est le troisième garçon du Dr. Douglas Charles Thomas et de C. Janet Coupland. Quatre ans plus tard, sa famille rentre au Canada, où il est élevé et vit encore. Coupland quitte Vancouver à l'adolescence pour étudier la physique à la McGill University, où il ne passe que deux ans avant de retourner à Vancouver pour suivre des études de sculpture à l'Emily Carr Institute of Art and Design. Diplômé, il part travailler en Europe et au Japon avant de retourner dans sa ville natale, où il commence à écrire sur la culture populaire et la jeunesse pour des magazines locaux. Ces sujet se retrouveront dans l'œuvre qui lui vaudra la reconnaissance, Generation X: Tales for an Accelerated Culture (1991), qui sera encensée par la critique anglo-saxonne pour sa description de l'angoisse existentielle d'une génération (née approximativement du milieu des années 1960 au début des années 1970), génération à laquelle le titre du roman fournira une étiquette. À la suite de la parution du livre, Coupland lui-même apparait dans une série de spots promotionnels sur MTV, lisant des extraits de Generation X. Son roman suivant, Shampoo Planet (1992), est d'une structure plus conventionnelle que le précédent mais en conserve plusieurs caractéristiques, notamment un regard détaillé et acéré sur les vies et manies de ses jeunes protagonistes - jeux vidéo, parents ex-hippies, obsession de l'apparence. Microserfs (1995) a pour sujet le milieu de la haute technologie à Seattle, Washington et Palo Alto, Californie, comparant la culture d'entreprise de Microsoft avec le début des start-up de la bulle internet. Girlfriend dans le coma (en anglais Girlfriend in a Coma, allusion directe - comme il s'en retrouve beaucoup dans le texte du roman - à une chanson du groupe The Smiths) démontre une volonté d'élargir sa thématique et constitue alors son œuvre la plus aboutie. Comme pour ses précédents romans, la critique lui reproche néanmoins une construction bancale. Avec l'apparition d'éléments surnaturels, Girlfriend dans le coma marque un changement dans l'œuvre de Coupland, dont la production inclura dès lors systématiquement des évènements de l'ordre soit du surnaturel, soit de l'improbable (accident d'avion, impact de météorite), qui lui permettent d'aborder et d'explorer de nouveaux thèmes. Si ses livres sont riches en humour, commentaire social et autres descriptions acérées, la critique lui a souvent reproché de porter une attention moindre à l'intrigue et à sa résolution. La fin apocalyptique de Girlfriend..., qui semble forcée et peu synchrone avec le reste du livre, est souvent citée comme exemple de ce défaut. Dans ce contexte, Miss Wyoming (1999) est peut-être son roman le plus abouti. La société de production de la réalisatrice Sofia Coppola a acquis les droits d'adaptation cinématographique de Generation X en 2001, mais l'option d'un an a depuis expiré, laissant une éventuelle adaptation en suspens. En 2005, Coupland a mentionné dans une interview avec le magazine The Advocate qu'une adaptation de Toutes les familles sont psychotiques par Dreamworks (depuis racheté par Paramount Pictures) était en bonne voie. Dans la même interview, il a révélé son homosexualité au grand public.
Génération X (Generation X: Tales for an Accelerated Culture, 1991) Shampoo Planet, 1992 Life After God, 1994 Microserfs (Microserfs, 1995) Miss Wyoming, 1999 Girlfriend dans le coma (Girlfriend in a Coma, 1998) Toutes les familles sont psychotiques (All Families Are Psychotic: A Novel, 2001) God Hates Japan, 2001 publié uniquement au Japon, en Japonais avec un titre en Anglais (Kami wa Nihon wo Nikunderu)) Hey, Nostradamus ! (Hey Nostradamus!, 2003) Eleanor Rigby (Eleanor Rigby, 2004) The Gum Thief, 2007 jPod, (jPod, 2006) Generation A (2009) Joueur 1 (Player One, 2010).
Comme je suis un poil fainéante sur les bords, je me permets de recopier l'article que j'avais écrit sur mon blog à l'époque, quand je venais de finir mes lectures.
"In periods of rapid personal change, we pass through life as though we are spellcast. We speak in sentences that end before finishing. We sleep heavily because we need to ask so many questions as we dream alone. We bump into others and feel bashful at recognizing souls so similar to ourselves."
Coupland, c'est comme un tir à l'arc bien géré: la flèche part, impitoyable, atteint sa cible en plein coeur, et aussitôt elle éclate en mille morceaux pour ne laisser qu'un esprit ravagé, proie aux incertitudes, aux questionnements existentiels les plus terribles. Coupland, c'est violent, violent de vérité, de sentiments partagés. C'est ce genre de bouquins dont on tourne la dernière page, magnifique et désolante dernière page, et où l'on se demande alors pourquoi, pourquoi déjà la fin, pourquoi ce brusque retour à la réalité une fois le livre refermé, et surtout, on se demande où sont les réponses tant attendues.
Les mots frappent, sans relâche, et pourtant impossible de décoller les yeux de ces pages envoûtantes, de ces pages qui font naître dans l'esprit à genoux maintes émotions, parfois des plus contradictoires. Comme des enclumes, les mots continuent à broyer toutes les certitudes, à ébranler toutes les convictions sur la vie qu'on avait. Et malgré cela, Coupland c'est aussi rappeler la noirceur de la vie dans laquelle on s'enferme en espérant y trouver un refuge ou un foyer, et c'est aussi mettre des mots sur ce sentiment de malaise qui saisit quiconque a un temps soit peu réfléchi à ses vicissitudes.
C'est tout un tas de sensations retenues dans quelques centaines de pages, de prime abord inoffensives. Mais on ne sort pas indemne d'un de ces livres. On en ressort détruit, peut-être encore plus à genoux qu'on ne l'était en l'ouvrant, et en même temps fort d'un sentiment presque indescriptible. Le sentiment qu'en sachant tout cela, en ayant ressenti presque dans sa chair toutes les émotions que les mots transmettent, d'autres perspectives s'ouvrent, bien qu'on ne sache pas encore lesquelles. Génération X a laissé une trace à jamais inscrite en moi. Ce fut un coup de poignard dans le coeur et dans la tête, qui a néanmoins laissé entrouverte une voie où l'espoir et la lumière brillent.
J'ai lu Generation X et Toutes les familles sont psychotiques, depuis j'ai un peu guérie de ces impressions étranges que j'ai eues en lisant, au fur et à mesure que le moment de la lecture s'éloigne, mais... tout de même!
Quelques citations que j'aime particulièrement, qui pourront peut-être vous donner une idée de son écriture.
"And then I felt sad because I realized that once people are broken in certain ways, they can't ever be fixed, and this is something nobody ever tells you when you are young and it never fails to surprise you as you grow older as you see the people in your life break one by one. You wonder when your turn is going to be, or if it's already happened."
"I am going to give you a piece of advice...advice I wish I'd been told in guidance class back in high school, in between the don't-do-acid and don't-drink-and-drive films. I wish our counselors had told us, 'When you grow older a dreadful, horrible sensation will come over you. It's called loneliness, and you think you know what it is now, but you don't. Here is the list of the symptoms, and don't worry—loneliness is the most universal sensation on the planet. Just remember one fact—loneliness will pass. You will survive and you will be a better human for it."
"When you're young, you always feel that life hasn't yet begun -- that "life" is always scheduled to begin next week, next month, next year, after the holidays -- whenever. But then suddenly you're old and the scheduled life didn't arrive. You find yourself asking, 'Well then, exactly what was it I was having -- that interlude -- the scrambly madness -- all that time I had before?"
Si certains connaissent, je serais ravie de partager ici .
toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
Sujet: Re: Douglas Coupland Mar 3 Jan 2012 - 21:25
Je connais DouglasCoupland dont j'ai lu 2 livres il y a quelques années . Je me suis penchée sur cet écrivain uniquement par rapport au titre d'un de ces livres : Girlfriend in a coma, inspiré du titre d'une chanson des Smiths (groupe que j'aime beaucoup, sans être fan ni spécialiste). Pour mémoire, la chanson, c'était ça (et excusez le clip mais les années 80, ça a toujours fait mal de ce côté là).
J'ai vraiment beaucoup apprécié le début de l'histoire (dans les années 70, une jeune fille de 18 ans tombe dans le coma. Elle se réveille près de 20 ans après et retrouve notamment son petit ami qui n'a jamais cessé de l'aimer) et les personnages. Il donne vraiment un côté touchant et très sensible à ses persos et c'est ce qui m'a le plus plu dans le livre. Malheureusement, je ne peux que plussoyer les critiques (que je n'avais pas lues à l'époque) sur l'architecture bancale de ses livres. L'histoire suit son petit bonhomme de chemin et d'un seul coup ça part totalement en vrille
Spoiler:
pouf c'est la fin du monde et seuls nos 7 amis restent éveillés et nous la jouent Lost
Là j'ai tout de même eu l'impression que l'auteur avait d'un seul coup beaucoup trop forcé sur la fumette.
Ca ne m'a pas vaccinée pour autant vu que j'ai lu ensuite Eleanor Rigby. Même motivation : un titre de chanson des Beatles
Pour finir de me convaincre, il y avait également une parution chez Au diable Vauvert (j'aime bien leurs choix artistiques et j'adore leurs couvertures) et un quatrième de couverture plus qu'enthousiasmant.
Citation :
Liz Dunn isn't morbid, she's just a lonely woman with a very pragmatic outlook on life. Overweight, underemployed, and living in a nondescript condo with nothing but chocolate pudding in the fridge, she has pretty much given up on anything interesting ever happening to her. Everything changes when she gets an unexpected phone call from a Vancouver hospital and a stranger takes on a very intimate place in her life. From here the plot of DouglasCoupland's Eleanor Rigby skyrockets into a very bizarre world, rife with reverse sing-alongs and apocalyptic visions of frantic farmers. The style and plot paths are very identifiably Coupland--slightly mystical, off-kilter, and very, very smart. Ultimately a novel about the burden of loneliness, Eleanor Rigby takes its characters through strange and sometimes nearly unimaginable predicaments.
Encore plus que pour Girlfriend in a coma, j'ai littéralement été passionnée par le début de ce livre. Liz Dunn est véritablement touchante, certains passages m'ont limite émue aux larmes... et puis d'un seul coup ça part de nouveau en cacahuète
Spoiler:
avec l'histoire de la chute de la métérorite que Liz conserve sous son oreiller, ce qui la fait devenir radioactive
Je trouve réellement dommage ces incartades dans le fantastique (on est aussi en droit de penser "dans le grand n'importe quoi"). Je trouve que ça gâche l'émotion et tout ce que Coupland a bati autour de ses personnages. C'est comme s'il n'osait pas assummer son histoire jusqu'au bout et qu'il se sentait obligé de rajouter un truc pour susciter l'intérêt (alors que moi je trouve que ça gâche tout ). De ce fait là, après ces 2 tentatives ratées (enfin pour Eleanor Rigby, je parlerais de semi ratage car l'histoire m'a malgré tout beaucoup touchée), j'ai été un peu vaccinée contre DouglasCoupland.
Après, vu la bibliographie que tu as postée Lorelei, peut être que Generation X, Toutes les familles sont psychotiques ou Miss Wyoming auraient davantage de chances de me plaire. Et comme tu l'as soulignée, l'écriture de Coupland est à la fois limpide et très touchante, ce qui est généralement le style qui me plaît le plus chez un écrivain. Peut être un auteur à retenter donc