Littérature sud africaine...?

Merci, petit faucon, mais j'ai l'impression de ne pas le défendre suffisamment, en tout cas à la hauteur de ce qu'il m'a inspiré :
Il faut vraiment lire L'odeur des pommes, c'est un livre qui remue, qui secoue, qui transporte...
Bref, j’aimerais ne lire que des livres de cette portée là...

Je viens tout juste de voir qu'un entretien avec Mark Behr serait diffusé sur France Culture de 12h55 à 13h aujourd'hui dans l'émission La Grande Table.

Pour écouter ou réécouter plus tard, c'est ICI

merci Serendipity pour cette info  
j'ai écouté, et comme il était beaucoup question de son deuxième livre sorti en France: les rois du paradis, ça me dit qu'il faut vraiment que je le lise.

A part ça , interview très intéressante sur la littérature sud africaine et sa nécessité d’être dissidente , sur l'évolution actuelle du pays, au regard de son histoire...

L’intervieweur a  rappelé que l'odeur des pommes, est devenu un classique de la littérature en Afrique du sud.

Il y a déjà longtemps javais dit que je le ferai mais le temps a passé et cela vient de me revenir : ouvrir un topic sur un auteur sud-africain que j'aime beaucoup : Alan Paton. Comme il y a un topic de littérature sud-africaine, je ne fais qu'un post de présentation.



Wikipedia :

Citation :

Il est né dans la province du Natal, aujourd'hui appelée KwaZulu-Natal. Sa famille descendait des colons anglais en Afrique du Sud. Ses parents appartenaient à la communauté religieuse protestante des christadelphians. Alan Paton obtint à l'université du Natal une licence de sciences ainsi qu'un diplôme d'enseignement.

Il devint enseignant en lycée, puis, de 1935 à 1948, proviseur d'un centre de rééducation pour mineurs délinquants. Il y introduisit des réformes progressistes en assouplissant les conditions de vie et en proposant toutes sortes de permissions en cas de bonne conduite : dortoirs plus ouverts, autorisation de travail hors du centre. Il autorisa aussi l'hébergement dans des familles d'accueil avec contrôle par l'institution.

Alan Paton voulut s'engager lors de la Seconde Guerre mondiale mais fut réformé. Il décida alors de voyager, à ses propres frais, pour découvrir les systèmes éducatifs étrangers et tout particulièrement leurs centres de rééducation. Il visita ainsi une partie de l'Europe et les États-Unis. Lors de son passage en Norvège, il commença à écrire son premier roman, Pleure, ô pays bien-aimé. Il en finit l'écriture fin 1946 à San Francisco, où il rencontra également son éditeur.

Rentré au pays en 1947, il fonda en 1953 le parti libéral sud-africain qui militait pacifiquement contre l'apartheid fraîchement instauré. Il en resta président jusqu'à sa dissolution en 1968, la loi interdisant alors les partis multiraciaux.

Il prit sa retraite à Botha's Hill, dans sa province natale, où il mourut le 12 avril 1988.

Je n'ai lu que deux livres de cet homme, mais le premier Pleure ô pays bien-aimé, est celui qui me vient aussitôt à l'esprit quand on me demande mes 10 livres préférés !! Ce roman absolument bouleversant s'est imprimé en moi de façon définitive. Je l'ai relu il y a peu, pour voir si, avec l'âge, je le trouvais moins bien mais pas du tout, l'émotion est là, intacte, d'un bout à l'autre du livre jusqu'à sa fin déchirante. C'est l'histoire d'un vieux pasteur noir qui vit dans un petit bourg de campagne. Il n'a plus de nouvelle de son fils et part dans la grande ville le chercher.
Jamais aucun livre n'a su aussi bien à mes yeux traduire l'imbécilité des guerres, l'ignominie du racisme et jamais d'une façon plus simple, plus claire, sans aucun effet, sans l'ombre d'un pathos. Si un seule personne découvrait ce roman grâce à ce post, je n'aurai pas vécu en vain ( ) On le trouve pour quelques centimes sur Amazon, mais sûrement ailleurs aussi ...


L'autre livre de lui que j'ai lu est aussi excellent, sans atteindre cependant à la perfection du premier : Quand l'oiseau disparut. Si Le premier explore le versant noir de l'Afrique du Sud, celui-ci en explore le versant blanc, par l'histoire d'une famille d'Afrikaners. Mais bien sûr dans chacun des romans les deux communautés se retrouvent étroitement liées.

(livrenpoche)

Citation :

S'il y avait à décerner un brevet de l'homme le plus estimé de la ville, c'est le lieutenant Pieter Van Vlaanderen, de la police de Venterspan, qui obtiendrait la majorité des suffrages. Deux voix seraient dissidentes : celle du sergent Steyn qui le déteste et celle de son propre père, Boer fidèle à la tradition puritaine des premiers colons hollandais, rigoriste sans nuance qui ne comprend pas Pieter. Ceux qui l'aiment devinent qu'il subit une crise de conscience, mais le sergent Steyn, guidé par sa haine, sera le seul à découvrir la vérité et à la mettre à profit pour abattre Pieter.
C'est sa tante qui raconte l'histoire de cette chute avec une bouleversante sincérité ? donnant un portrait fidèle de ces Afrikanders qui nous ,,ont si étrangers dans un récit d'une simplicité exemplaire.

C'est encore une fois la grande simplicité du récit qui rend isupoortable le contexte impitoyable de cette entreprise de mort qu'était l'Apartheid.
Là aussi on le trouve pour quelques sous, et là aussi si je peux faire qu'une personne le découvre ...  

J'ai lu Pleure, ô pays bien aimé, il y a bien longtemps, à l'adolescence, je crois. Je l'ai même dans ma bibliothèque.

Mais contrairement à toi, Clinchamps, je n'en garde pas souvenir.   Il faudrait que je le relise , ce qui pourrai se faire un de ces jours... 
J'avais remarqué que tu l'avais placé dans tes 10 livres préférés.  

je crois que c'est un des tout premiers livres de dénonciation de l'Apartheid, qui a ouvert la voie à bien d'autres.

Merci pour cette belle présentation de Alan Paton Clinchamps ; c'est un auteur un peu oublié de nos jours il me semble ...

Comme Zoju, j'ai lu Pleure o pays bien-aimé au collège, en 4e je pense, et j'ai toujours le livre dans ma bibliothèque, que je n'ai pas rouvert non plus   . Du coup ton post me donne envie de le relire, je le note dans mes lectures à venir.

Petit Faucon a écrit:

: . Du coup ton post me donne envie de le relire, je le note dans mes lectures à venir.

  je viens de le ressortir du fond de la bibliothèque
Paris gagné, Clinchamps, tu as déjà  deux personnes motivées.  

JE me disais par ailleurs, que le titre de ce livre, est vraiment magnifique.

Ro là là, ça donne envie de le sortir de la bibliothèque  
Clinchamps, ma PAL ne te dit pas merci  

j'ai hâte d'avoir vos avis, même si ils ne collent pas forcément avec le mien !! Et merci je n'aurais donc pas vécu en vain !!!    

Je viens de lire une critique très bonne d'un policier sud-africain Le sable était brûlant de Roger Smith.

L'article (que j'ai lu en version papier, et il n'en existe pas de version internet)  indique qu'il s'agit d'une histoire assez sombre, sur la corruption du pays, et l'illusoire "vivre ensemble" après Mandela ; personne n'est innocent dans cette histoire, dit la critique, et compare l'auteur à Deon Meyer, que vous avez cité plus haut.

Je vous poste ici le résumé du livre fait par l'éditeur (Calmann-Lévy) :
"Accusé du meurtre de sa femme et de ses enfants lors d’un attentat déguisé en accident de voiture, Robert Dell comprend qu’il est victime d’un coup monté par le pouvoir et sent que c’est à sa vie qu’en veut Inja Mazibuko, le flic et chef zoulou qui l’a arrêté. Désespéré, il s’attend au pire lorsqu’il est brutalement kidnappé par l’être qu’il déteste le plus au monde, son propre père, un ancien mercenaire de la CIA bien décidé à le sauver et à rendre justice lui-même. Commence alors une traque infernale à travers une Afrique du Sud où la violence côtoie la misère et l’archaïsme tribal. Dans sa quête de vengeance, Dell croisera le chemin de la jeune Sunday, prête à tout pour échapper au mariage forcé auquel elle est destinée, et de Disaster Zondi, ancien flic rattrapé par son passé sanglant."

Zoju, Serendipity, avez-vous lu ou entendu parler de ce livre  et de cet auteur ?

Non, petit faucon, je ne connais pas du tout.
Ça a l'air mouvementé cette histoire  

Je ne connais pas non plus cet auteur Petit Faucon. Merci de l'avoir signalé  
Je le ferai tester par ma mère si jamais elle le trouve  

Merci pour vos retours, gentes lectrices
J'ai trouvé sur ce livre un compte-rendu de lecture de blog qui le qualifie comme plutôt sombre et violent ... du coup ça m'a un peu refroidie.

Serendipity, je ne pensais pas que ta maman était ta "goûteuse" de livres  

J'ai toujours dans ma pile à lire les livres de André Brink, que je n'ai jamais lus ... les années qui me restent à vivre ne suffiront pas à me permettre de lire toutes les histoires que je voudrais ...

Petit Faucon a écrit:

Serendipity, je ne pensais pas que ta maman était ta "goûteuse" de livres  

Depuis pas mal de temps en fait car elle lit plus vite que moi. ceci dit, nos goûts divergent parfois, donc c'est toujours intéressant, ensuite, de comparer  
Ceci dit, si ce roman est violent, elle risque fort de ne pas vouloir le lire non plus  

Petit Faucon a écrit:

J'ai toujours dans ma pile à lire les livres de André Brink, que je n'ai jamais lus ...

Alors dans ce cas, je crois que tu as bien raison d'écouter ton instinct et de ne pas mettre ce polar en lecture prioritaire. André Brink est un écrivain à tester, assurément. Même si je n'en ai pas lu depuis une bonne vingtaine d'années et que ma dernière tentative cette année a été décevante  
C'est un auteur qui a marqué mes années étudiantes (j'aurais fort bien pu le mentionner dans le questionnaire des 4 livres d'ailleurs  ).

serendipity a écrit:

Petit Faucon a écrit:

Serendipity, je ne pensais pas que ta maman était ta "goûteuse" de livres  

Depuis pas mal de temps en fait car elle lit plus vite que moi. ceci dit, nos goûts divergent parfois, donc c'est toujours intéressant, ensuite, de comparer

C'est merveilleux de lire vite ... quand j'étais ado puis étudiante je lisais sans problèmes 3 à 4 livres par semaine, mais maintenant je lis beaucoup plus lentement, je profite plus du style de l'auteur, et je dirais que d'une certaine façon je "digère" mieux les livres que je lis, je les garde plus longtemps en moi ; je suis donc obligée d'être plus sélective dans mes choix ...

Je viens de terminer Les rois du paradis, de Mark Behr, deuxième et dernier livre de cet auteur , traduit en français, après l'odeur des pommes  .

J'avais adoré le premier, et j'ai tout autant adoré  celui-ci.   

Citation :

Lorsque Michiel revient en Afrique du sud pour l'enterrement de sa mère, il a passé plus de la moitié de sa vie à l’étranger, loin de la ferme familiale. ...Son retour au pays ne dure qu'une journée, le temps des funérailles, et d'une nuit avec les siens. Malgré ces années d'absence, Michiel n'a pas oublié ce qui l'a poussé à fuir. Il cherche partout les traces de son enfance et de sa jeunesse, de l'homme qu'il était avant le drame et l'exil.

Ce livre aborde divers thèmes, notamment l'exil forcé, l'homosexualité, le sida... mais aussi  la nouvelle Afrique du sud. Les femmes ont le beau rôle dans ce livre, c'est elles qui sont les plus fortes et font avancer le pays, à l'instar de la mère de Michiel ou de la fille de la domestique noire de la ferme, qui est devenue PDG d'une grande entreprise internationale.
Le retour au pays natal est douloureux mais salutaire pour Michiel. Il permet un retour sur tous les drames personnels et familiaux qu'il porte comme un fardeau, et dont il va un peu se délester.

je n'en dirai pas plus, juste cet auteur est réellement doué . Ses livres sont très puissants et très remuants.  
Dommage qu'il n'en existe que deux. 

Peut-être va t-il en écrire d'autres ? J'ai beaucoup aimé L'odeur des pommes moi aussi. C'est un livre qui mène bien en bateau jusqu'à ce qu'on ouvre les yeux avec le narrateur. 

Merci pour cet avis enthousiaste zoju, ton avis et les critiques très positives sur cet auteur donnent vraiment envie  .
J'ai plusieurs bonnes nouvelles pour toi :
- la première c'est que Mark Behr est né en 1963, donc il va pouvoir encore écrire pas mal de bouquins  
- la seconde c'est qu'il a 3 romans (cela en laisse un en cours de traduction  ) à son actif et des nouvelles  

D'où ma déception, il n'a écrit que 3 livres, à ce jour. Il n'est pas très prolifique , aussi talentueux qu'il soit.  

Ben en même temps, j'ai lu qu'il avait été espion et qu'il avait fait tout un tas d'études jusqu'à récemment, il ne peut pas être partout  

Je serais curieuse de lire ses nouvelles, je jetterai un oeil pour voir si on peut en trouver sur Internet (je n'ai pas eu l'impression qu'elles aient été publiées ailleurs que dans des revues).

Martha Quest, de Doris Lessing

Publié en 1952, Martha Quest est le deuxième roman de Doris Lessing.

Tout comme pour son premier roman, Vaincue par la brousse (The grass is singing), paru trois ans plus tôt, Doris Lessing a puisé dans les souvenirs de sa vie en Rhodésie du Sud (l'actuel Zimbabwé), où elle a vécu de 1924 (je crois) à 1949 (elle est née en 1919). Le roman est en partie autobiographique, mais Lessing a toujours souligné que ce n'était pas une autobiographique. L'action se déroule pendant les années 1930.

La Rhodésie du Sud était soumise à l'époque à un régime raciste et ségrégationniste, mais le sujet de Martha Quest est en fait le passage de la jeune Martha de l'adolescence à l'âge adulte. Toutes les tensions sociales et raciales sont plutôt en toile de fond, même si elles sont régulièrement évoquées au cours du roman. Il n'y a aucune description exhaustive des discriminations et des exactions dont souffrait la majorité de la population, mais l'effet n'en est pas moins très angoissant, je trouve. Il y a une violence latente entre Britanniques et Boers, les Juifs sont ostracisés par les autres Blancs, quant aux Noirs...  

Martha est donc une jeune Britannique, élevée à la campagne dans une ferme très isolée, et qui, vers dix-neuf ans, va vivre dans une grande ville pour y travailler. Libérée de la présence de ses parents, elle va sortir beaucoup le soir, boire beaucoup, et vivre ses premières expériences amoureuses.

J'ai trouvé que c'était un portrait très juste de l'adolescence et des années qui suivent : l'agacement qu'elle éprouve envers les adultes (surtout envers les femmes adultes, au premier rang desquelles sa mère  ), sa révolte contre les idées politiques dominantes de son époque, son idéalisme, son envie de vivre intensément... J'ai adoré l'évocation de l'Afrique coloniale de cette époque : la beauté des paysages, des arbres, la fascination pour la métropole, l'angoisse devant l'imminence de la deuxième guerre mondiale...

On trouve déjà dans Martha Quest beaucoup de thèmes qui seront développés dix ans plus tard dans le Carnet d'Or, mais Martha Quest est mille fois plus facile à lire. C'est le premier ouvrage d'une série, les Enfants de la Violence, et il est publié en français sous le titre "les Enfants de la Violence - tome 1". Je crois qu'en fait ce tome 1 regroupe les deux premiers romans de la série. Les quatre autres tomes de cette série sont déjà sur ma liste de livres à lire

Merci pour cet avis Miss Trodwood.  
J'ai lu Vaincue par la brousse, et j'avoue que je n'ai pas été super emballée , ni franchement enthousiaste pour me jeter sur d'autres Doris Lessing.

J'avais trouvé ce livre très déstabilisant, donnant un gros sentiment de malaise.  
Il est vrai que c'est quand même une description de basculement dans la folie jusqu'au drame   le thème n'est pas franchement hilarant à la base.
Donc, je n'avais une grande envie de me replonger dans ce genre de malaise. Mais ce n'est qu'une première impression basée sur un seul livre. D'autres son peut être plus abordables ...

Je n'ai pas encore lu Vaincue par la brousse, mais il figure sur ma liste de livres à lire.

Déstabilisants, tous les romans de Lessing que j'ai lus le sont. Mais je les adore.  

Elle a écrit beaucoup d'essais, et ceux que j'ai lus sont très faciles à lire et passionnants.

Parmi ceux que je n'ai pas encore lus, elle en a écrit deux qui ont l'Afrique pour sujet : African laughter et Going Home, où elle raconte des voyages qu'elle a fait au Zimbabwé après en être partie en 1949.

Et il y a le premier volume de son autobiographie : Dans ma peau, qui couvre la période 1919-1949, et même avant 1919, puisqu'elle parle de la vie de ses parents avant sa naissance : son père, grièvement blessé au front pendant la première guerre mondiale, est rapatrié à Londres et est amputé d'une jambe. Il épouse son infirmière, et la petite Doris est née un an après. Ils partent vivre en Iran pendant 5 ans (Doris est née là-bas), puis dans une ferme en Rhodésie du Sud...

Ce livre-là, je l'ai lu, et il m'a passionné de la première à la dernière ligne.

Je poste ici 2 articles sur Doris Lessing, qui est morte hier 17 novembre.
Je ne suis pas sûre que l'endroit soit bien choisi, car c'est un écrivain brittannique du XXe siècle, mais on ne parle d'elle qu'ici, donc ...

D'abord un article de RFI qui fait référence à un portrait complet puis un du Monde.

C'était quelqu'un de bien, et qui a bien vécu.

Pour plus de lisibilité, et afin de faciliter les choses en vue de l'éventuelle lecture de groupe de Une saison blanche et sèche, j'ai déplacé tous les messages parlant d'André Brink dans le topic de l'auteur
Merci de poster là-bas pour parler de ses œuvres !