Selenh's haïkus

Vivre c'est souffrir ...

Dérinoé a écrit:

Et c'est, dans sa philosophie, du sensible à l'intelligible que soit s'effectuer la progression.

Certainement, pour les gens «normaux». Mais pour les handicapés de la sensualité au départ, comme toizémoi?

Citation :

Pourrait-on dire que le Haïku est au Tanka ce qu'une image tirée d'un polaroïde est à la photographie produite par un appareil argentique après le travail de la chambre noire?

Euh... Je ne vois pas les choses ainsi. La sensation à partir de laquelle tu fais le haïku doit être si possible fulgurante et immédiate, mais pour restituer cette sensation il faut en général bien retravailler les mots immédiats. Et ça je ne suis pas la seule à le dire, tous les haïjinns ou presque ont parlé de cette illusion du haïku qui serait de la génération spontanée à partir de la sensation. Pas de polaroïd, donc.
Il m'est arrivé pour deux ou trois haïkus de les trouver  «parfaits» d'emblée, j'avoue que c'était chaque fois dans un vrai transport d'évidence, l'allégresse de la correspondance exacte entre les mots et la sensation, de justesse immédiate, donc de joie. C'est une expérience assez merveilleuse en soi.

Citation :

En tous les cas, je n'avais jamais entendu parler de cette tradition du Tanka avant que de te lire.

Normal, le haïku s'est vulgarisé, un peu, en Europe, au début du 20^e siècle bien après sa sécession d'avec le tanka.

@ Petit-Faucon : certes, mais contre ma propre souffrance j'ai appris quoi faire: je me bats, ça occupe et puis je finis toujours par remporter la victoire.

La souffrance des autres reste une brèche béante, quand je peux faire un peu je fais ce que je dois, certes, pour ma propre dignité, mais le scandale demeure et je ne peux que rester devant l'écran à bégayer: «Les pauvres gens, les pauvres gens.»

@ Clinchamps : Oui...

clinchamps a écrit:

Comment regarder,
apprendre, lire, écouter
sans pleurer du sang ?

Ayé, repoussant d'une main hagarde le maillot et le drap de bain qui gênaient  (mais qu'est-ce que ça f...t dans le sac pour aller en villégiature sur le Bassin d'Arcachon, ça?) j'ai attrapé mon bas de jogging en molleton, piqué la veste en polaire de ma mère en attendant que celle-ci se lève et allume son poêle à bois, nettoyé ma figure à l'alcool ménager faute d'avoir réussi à briser la glace dans la cuvette et vite ouvert mon carnet pour dénicher un de mes réchauffants:

Au fait, (pour Derinoë, en particulier) j'avais déjà abordé la question du tanka en en pondant un le mardi 8 juillet 2014

Moi-même a écrit:

---------------------
Les poignets brûlants
Meurtris les reins et les côtes
Brûlantes entrailles

Ne faudrait pas faire la fête
Et encore moins le ménage
---------------------

(j'emprunte ici la forme et la mesure de l'ancêtre du haïku, le tanka)

Dixit Wikipedia:

@ Selenh:

Citation :

Certainement, pour les gens «normaux». Mais pour les handicapés de la sensualité au départ, comme toizémoi?

Le terme que tu utilises suggère que l'absence de goût pour la sensualité - telle que tu l'as définie plus haut - constitue une sorte de manque ou de lacune de la personnalité. Pour ma part, je ne ressens aucun handicap et, par conséquent, ne cherche pas à rétablir ou à muscler une faculté absente ou endormie. Pas plus que je ne considérerais qu'une personne dédiant essentiellement sa vie à la sensualité serait une sorte d'invalide amputée d'une fonction essentielle de l'être humain. Du moins il me semble.

Citation :

Euh... Je ne vois pas les choses ainsi. La sensation à partir de laquelle tu fais le haïku doit être si possible fulgurante et immédiate, mais pour restituer cette sensation il faut en général bien retravailler les mots immédiats. Et ça je ne suis pas la seule à le dire, tous les haïjinns ou presque ont parlé de cette illusion du haïku qui serait de la génération spontanée à partir de la sensation. Pas de polaroïd, donc.

D'accord! Oui, je comprends tout à fait. Je suis partie du préjugé, complètement erroné, que le Haïku retraduisant une impression fulgurante, sa rédaction devait l'être également. Mais j'imagine en fait très bien à quel point l'exercice exige un minutieux travail des mots - et ce d'autant plus que ceux-ci sont comptés.

Citation :

Il m'est arrivé pour deux ou trois haïkus de les trouver  «parfaits» d'emblée, j'avoue que c'était chaque fois dans un vrai transport d'évidence, l'allégresse de la correspondance exacte entre les mots et la sensation, de justesse immédiate, donc de joie. C'est une expérience assez merveilleuse en soi.

Dirais-tu que ces rares expériences relève d'un plaisir sensuel?  

Citation :

Au fait, (pour Derinoë, en particulier) j'avais déjà abordé la question du tanka en en pondant un le mardi 8 juillet 2014.

Merci beaucoup pour le rappel ainsi que pour le lien. Si je comprends bien, bien que ta préférence aille au Haïku, tu pratiques également le Tanka à l'occasion? (Ainsi que le Foxtrot et le Boogie-Woogie?)

Réponses z'et considérations égotistes  :

Devanture que j'aurais certainement oubliée si je n'avais pas écrit à son sujet. Je comprends de plus en plus qui disent qu'écrire le haïku est une sorte de prise de photo, car ce cliché vient de se brandir sous mon nez en recopiant mes mots du 21 juillet, aussi bien que si j'avais mitraillé cette façade. Bien sûr ça ne fonctionne pas pour le lecteur, mais il a aussi des sensations que je n'ai pas forcément en écrivant non plus, hein...   

Qui préfère le haïku livré ainsi, emballé?  

le magasin en bord de mer, la barre au large de la mosquée, c'est très dépaysant, on sent le sel sur les lèvres   

mais ça marche très bien pour le lecteur, ce n'est pas le même cliché mais celui qu'il se fait lui-même, avec ses propres images, et c'est ce qui fait le charme !!

CQFD ;-)

Je viens de commencer un portrait, et l'accouchement est toujours difficile...   

Très beau ma Clinchamps   

clinchamps a écrit:

Battement de cœur
Espace de la toile
Précipice blanc

Première touche
C'est le saut dans le vide
les mains sont moites...

magnifique   

(au départ j'ai cru que tu t'apprêtais à sauter en parapente du haut d'une falaise, ensuite j'ai conclu que tu avais sauté, puis j'ai eu l'explication .....................   )

Ce "précipice blanc" me parle !
je trouve cette image particulièrement bien choisie ...

Fée clochette a écrit:

magnifique   

(au départ j'ai cru que tu t'apprêtais à sauter en parapente du haut d'une falaise, ensuite j'ai conclu que tu avais sauté, puis j'ai eu l'explication .....................   )

    C'est exactement ce que je ressens : l'impression que je vais sauter dans le vide... C'est pourquoi je ne commence jamais un portrait à l'école, faut que je sois seule, pour pouvoir prendre mon élan tranquillement !!    Non on dirait que je suis vraiment un grand peintre non ???    

Clinchamps a écrit:

Non on dirait que je suis vraiment un grand peintre non ???

tu es un grand peintre... MAIS tu n'es pas dans les musées, c'est mieux : tu es le peintre du vivant, vivante....   ton exposition est chez nous, tu as un de ces public, mazette.   

on ne peut pas toujours planer dans les hauteurs...    

  
Et tu as pris ton rythme de croisière, il avance ce tableau?

Rien de plus aujourd'hui, mais demain j'y retourne (faut que ça sèche... ^^) le plus dur est fait. En général il y a une bonne phase de progression, puis une de stagnation où j'ai l'impression d'être passée complètement à côté, et ensuite un retour et le final... Souvent je finis "pour m'en débarrasser" parce que j'ai l'impression que de toutes façons il est raté... et le temps passant je l'apprécie de plus en plus...   Mais parfois c'est l'enthousiasme d'un bout à l'autre, comme celui que j'appelle Dae Gil ou celui qui se nomme Lee Jun Ki ... Bon, ceci n'a rien de passionnant...    

Oh, Afrique mon Afrique, c'est la fin de ces vacances en demi-teinte qui ne furent jamais assez chaudes et ensoleillées pour moi à l'exception de cette semaine au Maroc. Alors le dernier du carnet en ces derniers jours:

Et dans un moment de faiblesse à drainer, pauvre petite moi carencée en vitamine D que je suis, bref un quatrain de décasyllabes, mais pas rimé, quand même

Lyrisme donc :

O Selenh, ça valait la peine d'attendre et de guetter le retour de ta voix

J'aime beaucoup le quatrain, qui est plein de nostalgie et de douceur

Comme ça la boucle est bouclée !!!
Selenh ton quatrain est saisissant et beau...

 je dis : vous vous êtes surpassées mais j'espère bien en lire encore, c'est la rentrée scolaire, la jolie rentrée pour les professeurs enthousiastes et les élèves joyeux de retrouver les vieilles habitudes.  

Merci Petit-Faucon et Fée-Clochette. Heureuse pour toi, Clinchamps.

 Il va sérieusement falloir que je me remette moi aussi à faire quelque chose de mes mains pour contrarier la pente mélancolique. Après tout l'ouvrage qui orne ma bannière n'est toujours pas fini.

Saudade:

Je vous laisse avec...


Et les paroles pour que vous appréciez la poésie du texte, et ma traduction, littéraire et personnelle et discutable.

HAYLEY WESTENRA a écrit:

We are the lucky ones
We shine like a thousand suns
When all of the colour runs together

I'll keep you company
In one glorious harmony
Waltzing with destiny forever

Dance me into the night
Underneath the moon shining so bright
Turning me into the light

Time dances whirling past
I gaze through the looking glass
And feel just beyond my grasp is heaven

Sacred geometry
Where movement is poetry
Visions of you and me forever

Dance me into the night
Underneath the moon shining so bright
Turning me into the light

Dance me into the night
Underneath the moon shining so bright
Let the dark waltz begin
Oh let me wheel - let me spin
Let it take me again

Ma traduction :

Nous sommes les chanceux
Nous brillons comme mille soleils
Quand toutes les couleurs se confondent

Je resterai avec toi
En une sublime harmonie
Valsant notre destin à jamais

Fais-moi danser dans la nuit
Sous la lune qui rayonne, si brillante
Me transformant en lumière.

Le temps danse et passe en tournoyant
Je regarde à travers le miroir
Et je sens que le ciel est presque à ma portée,

Géométrie sacrée
Où le mouvement est poésie
Visions de toi et moi ensemble pour toujours

Fais-moi danser dans la nuit
Sous la lune qui rayonne, si brillante
Me transformant en lumière.

Fais-moi danser dans la nuit
Sous la lune qui rayonne, si brillante
Me transformant en lumière.

Que la valse sombre commence
Oh je veux tourner - je veux tournoyer
Que la valse sombre me reprenne
Me transformant en lumière.

MAJ du 1er septembre

j'aime énormément le groupe "celtic woman" en novembre elles se produisent à Londres, puis à Birmingham, Glasgow..... et Manchester, j'aime aussi beaucoup les garçons "Celtic Thunder"

Damnaide, mais j'ai manqué des tas de belles choses ici ...

D'abord le haiku final du portrait de Clinchamps, aussi réussi que le portrait

Ensuite la troublante Messaline, dont tu as détaillé les exploits nocturnes sur le fil du LAMS, Selenh ! et tu lui rends magnifiquement hommage aujourd'hui

pour vos superbes poèmes