Hubert Haddad - "Le peintre d'éventail" et autres œuvres

Grâce à une amie, je viens de découvrir cet auteur par son roman "le peintre d'éventail"

Quelques mots sur l'auteur (Wikipedia) :

Citation :

Hubert Abraham Haddad est né à Tunis le 10 mars 1947, d'un père tunisien et d'une mère d'origine algérienne, née Guedj. Après avoir vécu à Sfax, Bône et Tunis, ses parents émigrent à Paris en 1950. Écrivain, Hubert Haddad commence à publier à la fin des années soixante, et très vite, il investit tous les genres littéraires, à commencer par la poésie avec Le Charnier déductif (Debresse, 1968).

La nouvelle et le roman tiennent la plus grande part de sa production :
- Nouvelles du jour et de la nuit (deux coffrets de cinq volumes chacun rassemblant soixante nouvelles)
-une vingtaine de romans comme L'Univers, premier roman-dictionnaire paru en 1999 ou encore le Peintre d'éventail (Prix Louis Guilloux 2013, Prix Océans France Ô du livre 2014.

Par ailleurs dramaturge et historien d'art, Hubert Haddad est aussi peintre et a publié de nombreux essais et deux volumes sur la passion littéraire et les techniques d'écriture : Le Nouveau Magasin d'écriture (2006 et 2007)

Pionnier des ateliers d'écriture, il en anime de très nombreux à travers la France depuis les années soixante-dix, dans tous les lieux de vie, écoles, centres sociaux, médiathèques, universités, prisons, hôpitaux, notamment au sein du Service de psychothérapie pour enfants et adolescents de l'hôpital Robert Debré de Reims.
Membre du jury des Cinq Continents de la francophonie depuis 2014, fervent du festival des Étonnants Voyageurs, il est très engagé dans la défense des littératures du monde et les combats pour la paix, les droits fondamentaux et la démocratie.

On voit déjà que le personnage est original, hors norme !!

J'ai donc lu "le peintre d'éventail" et déjà je suis en totale admiration sur la façon dont cet homme français et méditerranéen a pénétré,assimilé et restitué d'une façon époustouflante l'essence de l'âme japonaise.
Ce roman est un bijou, assez court, d'une écriture lumineuse, ciselée, précise et poétique à la fois, qui nous emmène dans une histoire en abîme (quelqu'un raconte l'histoire de quelqu'un qui raconte l'histoire de quelqu'un) avec une clarté et une force incroyable. Il y a à la fois la beauté impossible à traduire en mots d'un jardin parfait que pourtant nous avons l'impression, à la fin du livre, d'avoir parcouru maintes fois au fil des saisons, et la beauté non moins évanescente des peintures sur les éventails. Il y a aussi la confrontation extraordinairement brutale et pourtant d'une délicatesse pudique incomparable de cette beauté impalpable avec la force brutale de la nature... Il y a des tourments et des passions, dans la recherche perpétuelle de la perfection et de l'élévation du cœur, le tout parsemé de haïkus parfaits...  Et le tout en 180 pages... Je vais certainement rechercher d'autres œuvres de Hubert Haddad, car je viens de faire là une merveilleuse découverte, que je dois à une amie très chère, que je remercie si elle passe par là...



Un extrait pris au hasard :

Citation :

Trêve de la neige ! On oublie les vieux outils dans un état amorti d'ébahissement, reculant l'heure d'empoigner la bêche ou le râteau pour rouvrir les allées. Ave un plumeau, on dégage un duvet de cygne au bord des fenêtres. les passereaux n'ont pas attendu le jour pour commencer leurs minuscules ravages dans les plates-bandes. mais le tricotage d'ouate filée n'a pas cessé.L'écheveau des flocons raccommode sans hâte les fraîches empreintes des chats et des corbeaux.

Merci pour cette belle présentation  

Cet auteur m'a l'air tout à fait digne de figurer dans mon panthéon des bons écrivains (j'ai beaucoup aimé la citation que tu as insérée) ; l'alliance du Maghreb sépharade et de l'art de vivre de l'Asie
Je le note dans ma liste des écrivains à lire d'urgence !

Oui, moi aussi ça m'a interloquée, cet ensemble curieux et quand tu le lis, tu as vraiment l'impression que c'est écrit par un Japonais... avec l'immense bénéfice de lire en version originale !!

Merci pour l'ouverture de ce topic, Clinchamps ! J'ai lu un roman d'Hubert Haddad, intitulé La Bohémienne endormie ! J'en garde un bon souvenir !

Voici ma critique :

Spoiler:

J'aime beaucoup ce tableau Juliette !! il est mystérieux comme souvent chez Rousseau, et je suis curieuse de voir l'histoire inventée par Hubert Haddad sur ce personnage.

Oh merci, ma Juliette !! Tu m'as donné envie de le lire, d'ailleurs je compte poursuivre ma découverte de cet auteur !!

Super, ma Clinchamps !! J'espère que tu apprécieras tes lectures !!

Vos commentaires me donnent envie de découvrir cet auteur !

Convaincue par les commentaires élogieux de Clinchamps, je me suis laissée tenter par Le peintre d'éventail. Et je dois dire que ça a été une belle découverte !
J'ai été emportée par la beauté et la richesse de l'écriture, par la grande force des images et des descriptions de la nature et de ce jardin (que l'on imagine fabuleux), le tout teinté de sensibilité et de poésie !
Je connais peu le Japon et sa littérature, mais ce livre m'a semblé en retranscrire l'esprit et la culture. On m'aurait dit que l'auteur était japonais que je n'en aurais pas douté !
J'ai aimé aussi l'imbrication des récits et la façon dont les personnages, chacun à leur manière,  cherchent à sublimer ce qui fait leur vie.

Une belle lecture donc, que je recommande à tout un chacun !

J'ai vu qu'il avait aussi écrit Les Haïkus du peintre d'éventail tu l'as lu Clinchamps???

Elianor a écrit:

J'ai vu qu'il avait aussi écrit Les Haïkus du peintre d'éventail tu l'as lu Clinchamps???

Non,, mais je suppose que c'est un recueil des haïkus qui parsèment le roman. Il faudra que je me renseigne. En tous cas je suis ravie que ce livre t'ait plu, Elianor, je suis toujours très enthousiaste mais ensuite j'ai peur d'avoir entraîné les gens à des désillusions !!

Je n'ai pas grand chose à ajouter, mais j'avais moi aussi beaucoup apprécié ce livre lorsque je l'ai découvert. Le travail de l'auteur pour créer une ambiance japonaise est vraiment remarquable. Il a toute sa place ici pour se faire de nouveaux lecteurs.

Hubert Haddad a sorti 2 romans : Ma et Corps désirable ; j'ai trouvé une interview de lui sur ces 2 livres à écouter sur le site de RFI

du Japon à l'Italie : ça a l'air très séduisant

Kusa a toujours dit qu'il n'y avait jamais bien loin entre l'Italie et le Japon !!

Merci pour l'info, Petit Faucon ! Je pense que cette nouvelle fait plaisir à Clinchamps

Je viens de lire Corps désirable, et j'avoue être un peu perplexe.

Ça parle d'un jeune chroniqueur, fils d'un homme ayant fait fortune dans les produits pharmaceutiques, qui se retrouve tétraplégique suite à un accident sur un bateau. Grâce à l'influence de son père (qu'il hait), il obtient la première greffe de corps entier (en gros, seule sa tête subsiste).

Ce livre est loin d'être inintéressant. Il pose de nombreuses questions, éthiques mais pas seulement. Cédric doit se réapproprier un corps qu'il ne connaît pas, qui n'est pas le sien. Toutes les fonctions que l'on attribue au cerveau (la mémoire, le désir...) relèvent-elles exclusivement de son domaine ? Le corps n'est-il là que pour obéir à la tête ?
A côté de ça, j'ai trouvé l'histoire très farfelue, assez incompréhensible : les relations des personnages sont malsaines, on est dans la position d'un simple observateur, il n'y a aucune "interaction" entre Cédric et le lecteur, le monde dont on nous parle est à mille lieues de nous, la mafia s'en mêle ...

En gros, il m'a fallu les deux tiers du livre pour commencer à apprécier ma lecture (et encore, le beau style du Peintre d'éventail est beaucoup trop en retrait à mon goût, j'étais trop occupée à comprendre le reste) et il ne m'en reste déjà plus grand chose...

J'avoue avoir essayé de lire d'autres romans de Haddad, mais son style très chantourné et ses intrigues troubles et bizarres m'on un peu découragée... surtout après l'éblouissement du Peintre d'éventail !

Tu m'inquiètes. J'aurais aimé retrouvé le bonheur de lire cet auteur... Tu as essayé quels titres ?

J'ai acquis "nouvelles du jour et de la nuit : le jour" qui se présente en coffret contenant plusieurs longues nouvelles :
Le Cabaret de la mère folle
Le Souffle de l'Agone
Le Soleil des scorpions
Un été vaudou
Le Jardinier et le faux nègre

Et ce sont ces nouvelles qui m'ont un peu rebutées. (je n'ai pas continué avec La Nuit... )
mais Haddad a énormément écrit, je ne peux vraiment pas le cataloguer sur une si petite expérience, et il y a toujours le peintre d'éventail, qui augure quand même très bien du reste !

J'ai acheté par hasard Premières neiges sur Pondichéry de Hubert Haddad, dont voici la présentation en quatrième de couverture:

Citation :

Violoniste virtuose, Hochéa Meintzel accepte l’invitation d’un festival de musique carnatique à Chennai, en Inde du Sud. Blessé dans sa chair par un attentat, c’est avec l’intention de ne plus revenir qu’il quitte Jérusalem. Après une équipée cahotante qui le mène de Pondichéry à la côte de Malabar, il trouve refuge à Fort Cochin, un soir de tempête, au sein de l’antique synagogue bleue.
En un tour de force romanesque, Premières neiges sur Pondichéry nous plonge dans un univers sensoriel extrême, exubérant, heurté, entêtant, à travers le prisme d’un homme qui porte en lui toutes les musiques du monde, et accueille l’inexorable beauté de tous ses sens.

Sans être un coup de cœur, j'ai passé un moment très agréable de lecture!  

Le style est très beau, le fait que le personnage d'Hochéa Meintzel appréhende le monde par d'autres sens que la vue

Spoiler:

rend la lecture très sensitive! Par de jolies pirouettes scénaristiques, Hubert Haddad arrive à glisser des descriptions visuelles des villes indiennes traversées, ce qui laisse le voyage très agréable.

Par cette histoire, on se retrouve comme sur un pont entre Israël, terre promise du peuple juif, qui espérait y retrouver la paix et y vit la guerre avec le conflit israélo-palestinien, et le sud de l'Inde, où un royaume juif a existé, vivant en relative paix avec les autres confessions existant en Inde, ce qui aurait pu lui donner le statut d'une "Nouvelle Jérusalem", mais qui ne se fera jamais, l'Inde étant vécue comme terre d'exil pour le peuple juif malgré la paix... Ce thème fait le pont avec un autre roman sur la judéité en Inde que j'avais découvert l'année dernière, Le livre de Rachel, d'Esther David.

C'est un beau roman, qui parle de paix et d'universalité.    Le seul bémol que je lui donnerai est qu'à vouloir aborder trop de thèmes lui tenant à cœur, Hubert Haddad a dilué l'intensité émotionnelle de cette histoire à mon goût.

D'autres romans de cet auteur me tentent fortement:
- Le peintre d'éventail qu'a si bien présenté clinchamps
- Mā

Citation :

« La marche à pied mène au paradis. » Ainsi s’ouvre Mā, roman japonais, à la croisée de deux destins et autour d’une même quête, la voie du détachement.
Shōichi porte en lui le souvenir de Saori, la seule femme qu’il ait aimée, une universitaire qui a consacré sa vie à Santōka, le dernier grand haïkiste. Leur aventure aussi incandescente que brève initie le départ de Shōichi sur les pas de Santōka, de l’immense Bashō et de son maître Saigyō. Marcher, pour cette procession héroïque d’ascètes aventureux, c’est échapper au ressassement, aux amours perdues, c’est vivre pleinement l’instant ! « Le saké pour le corps, le haïku pour le cœur. »
Dans la lignée de l’inoubliable Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous emmène sur les sentiers du Bout-du-Monde. Son écriture est comme la palpitation miraculeuse de la vie, au milieu des montagnes et des forêts, à travers le chant des saisons, comme un chemin sur le chemin.

- Palestine

Citation :

Quelque part en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la « ceinture de sécurité », une patrouille israélienne est assaillie par un commando palestinien. Un soldat tombe sous le feu, un autre est enlevé par le commando bientôt en pleine déroute… Blessé, sous le choc, l’otage perd tout repère, en oublie son nom. C’est, pour lui, la traversée du miroir.
Seul survivant, sans papiers, en vêtements civils et keffieh, le jeune homme est recueilli, soigné puis adopté par deux Palestiniennes. Il sera désormais Nessim, frère de Falastìn, étudiante anorexique, et fils d’Asmahane, veuve aveugle d’un responsable politique abattu dans une embuscade.
C’est ainsi que Nessim découvre et subit les souffrances et tensions d’une Cisjordanie occupée...

Dans ce bouleversant roman, Hubert Haddad transfigure avec Falastìn — moderne Antigone — toute l’horreur du conflit en une tragédie emblématique d’une grande beauté.

- de même que La bohémienne endormie présenté par Juliette

Comme la liste de romans de Hubert Haddad lue par les Lambtoniennes depuis l'ouverture du topic par clinchamps, si une modératrice passe par ici, ce topic pourrait être renommé?
Soit sobrement "Hubert Haddad", soit "Hubert Haddad (Le peintre d'éventail et autres oeuvres)" par exemple?
Merci d'avance!

Pas la peine de déranger une modo, c'est moi qui ai ouvert le topic, et je viens de corriger le titre, qui, effectivement, était trop restrictif !
En passant je suis contente d'avoir initié cette découverte !!
Et tu me donnes envie de m'y replonger avec "Mâ" qui revient sur le Japon !

Ah super clinchamps et merci! Je ne savais pas que la créatrice du topic pouvait aussi changer le titre, bon à savoir si un des topics que j'ai créé doit évoluer.

Oui, tu donnes envie de continuer le chemin avec Hubert Haddad, ma LAL s'étoffe.

Hâte de lire ton avis sur Mā quand tu le tenteras, le résumé me donne aussi très envie! Japon, haiku et cheminement présent, il y a un joli cocktail de sujets qui ont tout pour me plaire!

Merci pour ton avis enthousiaste, Vavyala ! Je plussoie sur la plume envoûtante d'Hubert Haddad

J'abandonne la lecture de Mā, dont je copie ici le résumé en quatrième de couverture:

Citation :

« La marche à pied mène au paradis. » Ainsi s’ouvre Mā, roman japonais, à la croisée de deux destins et autour d’une même quête, la voie du détachement.
Shōichi porte en lui le souvenir de Saori, la seule femme qu’il ait aimée, une universitaire qui a consacré sa vie à Santōka, le dernier grand haïkiste. Leur aventure aussi incandescente que brève initie le départ de Shōichi sur les pas de Santōka, de l’immense Bashō et de son maître Saigyō. Marcher, pour cette procession héroïque d’ascètes aventureux, c’est échapper au ressassement, aux amours perdues, c’est vivre pleinement l’instant ! « Le saké pour le corps, le haïku pour le cœur. »
Dans la lignée de l’inoubliable Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous emmène sur les sentiers du Bout-du-Monde. Son écriture est comme la palpitation miraculeuse de la vie, au milieu des montagnes et des forêts, à travers le chant des saisons, comme un chemin sur le chemin.

Je me suis arrêtée à 120 pages sur 200, peut-être n'est-ce pas le bon moment pour moi ou ne suis-je pas une lectrice assez sensible pour lâcher prise dans l'écriture qu'il a adoptée dans ce livre.

Je vais tenter de décrire mon ressenti sur la portion du roman lue.
L'auteur utilise la figure d'un personnage contemporain Shōichi, partageant le même prénom (et une certaine allure) avec le haikiste Santōka, comme prétexte pour écrire une biographie de ce poète japonais.
Le style est poétique (il m'évoquait une sorte de poésie en prose) et lyrique, certains apprécieront, d'autant que certains haikus parsèment le récit.

De mon côté, je n'ai pas réussi à accrocher. Je me suis perdue dans les frontières floues entre onirisme et réalité, vie de Shōichi et celle de Santōka. Les images évoquées sont belles, mais j'ai ressenti un trop-plein, trop d'effet de style, trop de métaphores, qui ont fait perdre de la densité au récit, me faisant perdre par la même occasion tout point d'accroche pour y rester attachée et intéressée.  

Je n'envisage pas de reprendre ma lecture. Je suis de base peu intéressée par les biographies (plus par les autobiographies) et je préfère essayer d'aller lire directement les haikus de Santōka que le récit de sa vie, nimbé d'une atmosphère onirique.
Je vais me séparer du roman. Si une Lambtonienne est intéressée, elle peut m'envoyer un mp et je lui enverrai à mes frais l'ouvrage (car ce n'est pas un cadeau, vu que je n'ai pas accroché à ce récit   ). Sinon, après le confinement, je prendrai contact avec la médiathèque de ma ville pour l'offrir à leur catalogue s'ils acceptent les dons. Et sinon, il ira en boite à livres en dernier recours.

Je n'ai pas lu ce livre, mais ton ressenti ne m'étonne pas trop : suite au merveilleux "peintre d'éventail" je me suis jetée sur d'autres œuvres de Hubert Haddad dont un coffret de nouvelles... J'ai calé assez vite, comme toi je trouve que ton "trop-plein d'effets de style et de métaphores" est exactement ce que j'ai ressenti !

Et pourtant, ce que j'ai adoré "le peintre d'éventail" !!