Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres

Dans le cadre de l'aventure "La croisière s'amuse avec le Capitaine Wentworth : des lectures exotiques pour 2020" et encouragée par Esperluette et Serendipity, j'ouvre un topic pour cet auteur.

Rabih Alameddine est écrivain et aussi journaliste et peintre. Il est né à Amman en Jordanie, de parents druzes - libanais.
Il a grandi au Koweït et au Liban qu'il a quitté à l'âge de dix-sept ans. Il a fait ses études en Angleterre et aux États-Unis.
Rabih Alameddine est titulaire d'un diplôme d'ingénieur de l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) et d'un Master of Business obtenu à San Francisco. Il a travaillé comme ingénieur avant de se consacrer à l'écriture et à la peinture.
Il a plusieurs œuvres à son actif. Les Vies de papier a été finaliste du National Book Award 2014 et du National Book Critics Circle Award 2015, et lauréat du California Book Award 2015.
Son roman précédent, Hakawati, a été publié par Flammarion en 2009.
Son roman The Angel of History, publié en 2016, a remporté le prix Lambda Literary du meilleur roman gay.

Pour en savoir plus, voici les liens vers son site officiel et Twitter :

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Concernant ma lecture du livre "Les vies de papier", voici mon commentaire :

J'ai bien aimé ce livre. J'ai suivi les déambulations et les délires de Aaliah, l’héroïne avec délectation.
Sur fond de guerre, ou dois-je dire, de guerres, de bombardements, nous suivons ses déambulations physiques et virtuelles dans Beyrouth de plusieurs générations. Elle, nous promène dans la littérature, la philosophie, l'art à travers des références littéraires, un florilège de citations, en compagnie de musiciens célèbres. Aaliah les adapte à chaque état d'âme ou situation qu'elle a vécue ou qu'elle vit. Dans le monde d'Aaliah, ces éminences la côtoient, partagent ses émotions, son vécu, ses témoignages.  Dans une Beyrouth fascinante, complexe, détruite, reconstruite, une Beyrouth qui change de visage et crée des chemins sinueux dans son passé et son présent, comme pour échapper à tout, Aaliah distille à petites doses la grande Histoire dans les petites.    
Elle nous fait, rire aux éclats, pleurer, énerver, agacer,... Aaliah est déroutante, déconcertante avec ces histoires qu'elle commence, dans les quelles elle ouvre des parenthèses et des parenthèses dans les parenthèses... Elle s'égare comme elle le dit et égard son lecteur. Elle le sait, elle s'en excuse puis recommence,... Jusqu'au bout, Aaliah va se poser des questions, se remettre en question, se complimenter, se mutiler, se tourmenter, puis retourner à son refuge : son appartement, son havre de paix qu'elle partage avec des centaines d'écrivains, philosophes, musiciens, autres artistes.
Aaliah parle des personnages qui ont traversé, partagé ou partagent son quotidien (mais souvent à distance), les décrit, leur attribue des noms, des sobriquets, selon l'affection ou la désaffection déclarée ou déguisée. Car, il faut voir les nuances dans ses descriptifs. Aaliah peut qualifier de sorcières des personnes qu'au fond elle affectionne, même quand elle les fuit en dressant entres elles un mur avec la mention "Interdit d'entrer". De sa mère, à Ahmad un gars énigmatique, qui hantait pendant des années la librairie ou elle travaillait, à Hannah son âme sœur, à sa famille qui ne lui a apporté que problèmes, angoisses et peurs, ses trois voisines (Fadia la rebelle, Marie-Thérèse, Joumana, dont elle sait tout sans partager de près, leur activités, ...
La fin est un empire qui s'écroule et sur des espoirs, un autre se dresse en perspective. Aaliah meurt puis renaît, car Aaliah se multiplie telle Beyrouth, renaît de ses cendres et repart.

PS: J'ai découvert à la fin que ce livre a été traduit. Je déplore des fautes d'orthographe et des incorrections qui n'ont pas l'air d'avoir altéré le sens. (Je peux faire des fautes, mais je ne les tolère pas dans un livre).  Je le relirai dans la langue d'origine, l'anglais ou dans une traduction arabe probablement.

Merci pour cette présentation très complète Ysabelle !

J'avais repéré ce livre à sa sortie, l'histoire d'une traductrice aux cheveux bleus, ça m'avait donné envie. Ce que tu dis de ce roman me laisse penser qu'il a tout pour me plaire, affaire à suivre dans quelques mois...

J'espère qu'il va te plaire, Esperluette. Comme toi, je l'ai vu dans une librairie et je n'ai pas hésité à le prendre. Lorsqu'il a été proposé pour le challenge, j'ai voté pour et j'étais très contente de le voir sélectionné. A vrai dire, je crains qu'il ne plaise pas à tout le monde. Il est un peu déroutant par son aspect un peu anarchique, voulu et assumé, à priori. Je trouve pour ma part, que c'est ce qui fait sa force

J'ai bien aimé ce livre. Il m'a rappelé des discussions de ce forum sur les traductions de Jane Austen puisque c'est l'une des occupations de la narratrice. Son amour des livres nous parle, forcément. Il m'avait aussi dépaysée puisque je lis très rarement des livres se déroulant ailleurs qu'en Occident.

Il devrait séduire de nombreux membres par ici.

Contente de lire ton commentaire MissHo!   Je ne doute pas que sa passion pour les livres plaise ici. Ce que je redoute, c'est les parenthèses qui déroutent. Il n'y a pas un plan, un schéma bien tracé qui guide le lecteur. C'est pourtant un peu le chaos subtilement organisé.
Je compte lire The Angel of History et Hakawati dès que possible

Merci pour l'ouverture de ce topic et ton avis, Ysa ! Comme d'autres ici, le thème du roman m'avait tout de suite plu ! Je me réjouis donc de le lire dans le cadre du challenge !

Merci pour l'ouverture du topic Ysabelle, je ne savais pas que ce roman avait été traduit de l'anglais. Comme je ne prévois pas de le lire avant quelques mois je vais voir si je peux le trouver en VO

Merci Ysabelle pour cette très belle présentation qui me donne hâte de faire cette escale en septembre prochain!
De ce que tu en dis, de même que misshoneychurch, il aurait tout pour me plaire!

Contente de vous avoir donné envie de lire ce livre. J'ai vraiment hâte de connaitre vos avis

serendipity a écrit:

Merci pour l'ouverture du topic Ysabelle, je ne savais pas que ce roman avait été traduit de l'anglais. Comme je ne prévois pas de le lire avant quelques mois je vais voir si je peux le trouver en VO

Je t'accompagnerai volontiers, Serendipity; Ne serait-ce que pour revisiter certains chapitres et expressions Le titre original c'est : An unnecessary woman

Merci Ysabelle, pour cette présentation.
Je me note cet auteur pour quand la médiathèque sera réouverte ...

Je n'ai pas encore terminé ma lecture mais je passe déjà déposer quelques impressions à chaud (et sans lire ce qui précède pour ne pas être influencée). Tout d'abord c'est un roman dont j'attendais beaucoup : car il m'avait été chaudement recommandé, car il aborde des thèmes qui me passionnent (la lecture, la traduction), car j'ai adoré la couverture de l'édition anglaise et enfin, car il me permet de m'approcher de la culture d'un pays dont je sais peu de choses, tragiquement d'actualité, le Liban.

Premières impressions de lectrice donc, une couverture sublime, et une première phrase très accrocheuse, qui fera certainement partie de mon classement des premières phrases les plus marquantes (avec l'ouverture de Pride and Prejudice et I Capture The Castle)

Citation :

You could say I was thinking of other things when I shampooed my hair blue, and two glasses of red wine didn't help my concentration. Let me explain.

Le début de ma lecture a été parfois laborieux, je trouve que l'on met du temps à entrer dans l'histoire, ce qui est normal puisque le lecteur assiste aux digressions d'une femme âgée, cette unnecessary woman qui donne son titre au roman. Je ne sais pas s'il s'agit d'un flux de conscience, a priori, je pense que c'est le cas, mais les lectrices plus lettrées pourront venir nous livrer leur point de vue ici sur ce point.

Ma lecture a aussi été rendue laborieuse par manque de temps, je prenais le livre, lisais 2 pages puis le reposais jusqu'au lendemain voire surlendemain, cela n'aide pas... mais je suis ensuite entrée dans l'action quand il s'agit plus précisément d'Hannah et je prends plus de plaisir à cette lecture aujourd'hui. C'est un livre qui ne peut pas laisser indifférents les amoureux de la littérature, je le trouve érudit dans ses références (j'ai par exemple beaucoup aimé le passage sur la traduction de Crime et Châtiment) mais cela n'est pas un handicap si on ne comprend pas forcément toujours toutes les références (ceci dit quand on en comprend une, laissée discrètement au détour d'une phrase, c'est gratifiant, comme une touche de complicité avec le personnage ).

Je n'ai pas toujours pensé à noter des passages pour venir vous les citer ici, mais ce matin, j'ai sélectionné celui-ci qui m'a amusée

Citation :

Being around so many people yesterday unhinged me, unhinged my soul. The essential calm of habit and ritual was disturbed. Granted, being around my mother would unhinge most, and I wouldn't wish her screaming on anyone, not Benjamin Netanyahu, not even Ian McEwan.

Voici pour vous donner une idée du style en version originale  

J'ai hâte que d'autres lectrices se lancent dans cette lecture afin de pouvoir en reparler avec vous

Très tentant ! Merci Ysabelle et merci Sep !

Serendipity, merci d'avoir mis tes premières impressions concernant ce livre. Je suis contente que tu accroches, même si effectivement, il peut paraitre laborieux au début. De plus, tu lis en VO, ce qui ne doit pas faciliter les choses. Les passages que tu as soulignés sont très beaux. Je t'avoue qu'à part les fautes d'orthographe, la traduction n'était pas très mauvaise en soi. Ca doit être une personne biculturelle qui l'a traduit; Ce qui n'a pas trop altéré les subtilités du contenu?
Je n'ai pas réussi à le trouver en anglais, pour ma part. Il faut le commander ou repasser régulièrement à WHS. Je ne suis pas allée chez les bouquinistes, non plus.
Hate d'avoir ton ressentit global

Ce livre est aussi une belle déclaration d'amour à Beyrouth, la ville est décrite parfois de manière très poétique, je vous laisse en juger

Citation :

Beirut changes its dazzling accessories more often than its society ladies do; she certainly has more color highlights. She sparkles. According to the time of year, the time of day, the weather, and numerous other variables, her streaks of light morph. The sparkle -real, not metaphorical- is a result of location, between iridescent Mediterranean and mountains. A headland breasting the sea, Beirut stands as a gaudy sentinel [...]

Whereas most people will tell you that they prefer the city on spring afternoons when she fills her lungs with briny air, when bougainvilleas, purple and crimson, and wisterias, lavender and white, begin to bloom [..] I prefer her in this subdued light, under roiling gray clouds, rain-filled but not raining, when the neutral air gives contrast to the authentic colors of the city.

Ysabelle a écrit:

A vrai dire, je crains qu'il ne plaise pas à tout le monde. Il est un peu déroutant par son aspect un peu anarchique, voulu et assumé, à priori. Je trouve pour ma part, que c'est ce qui fait sa force

Je l'ai terminé et j'ai enfin pu lire le reste du topic, à commencer par tes impressions Ysabelle  

J'ai beaucoup aimé ce roman en effet très atypique  Soit c'est moi qui ai évolué en cours de lecture et suis entrée progressivement dedans, soit ce roman est un diesel qui se bonifie tout au long, je ne saurais dire  

En tout cas, je conseille à toutes les lectrices de s'accrocher (ce n'est pas difficile) et de se laisser emporter par les divagations et pérégrinations de la narratrice dans Beyrouth. On y fait de belles rencontres humaines*, livresques... musicales aussi  

* j'ai ainsi beaucoup aimé l'épisode au cours duquel la narratrice fait la connaissance de

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Ysabelle si tu as l'occasion de reprendre la traduction française, je serais curieuse de savoir comment un passage est traduit (c'est vers la fin p.270/291 de mon édition). Je suppose qu'il s'agit d'une allusion à une rencontre entre Angela Merkel et George W. Bush

Citation :

From out of nowhere, it seems, Fadia's hands reach up from behind and gently massage my shoulders. I resist the urge to go Merkel to her Bush. I allow her hands to touch me.

J'ai vraiment hâte que les autres lectrices du roman nous rejoignent ici pour en parler, nous vous attendons

Merci pour ton retour final, Serendipity Les Vies de Papier sera très certainement ma prochaine lecture

Juliette2a a écrit:

Merci pour ton retour final, Serendipity Les Vies de Papier sera très certainement ma prochaine lecture

J'en suis ravie Juliette  Tiens d'ailleurs, après avoir lu le livre, je trouve que le titre retenu pour la traduction française est très joli. Différent du titre en anglais, plus poétique et plus positif

Serendipity, ravie que cette lecture t'ait plu. Je pense que ce roman se bonifie au fil de la lecture. Je me souviens avoir ri aux armes dès le début, mais je suivais les déambulations de Aaliah, curieuse de savoir ou elle m'emmène. Je ne me suis pas ennuyée car ses réflexions et digressions étaient si riches et variées; Des références littéraires et musicales à l'Histoire de Beyrouth, en passant par ses rencontres,... Au final, elle ramène le lecteur à bon port. C'est, comme je l'ai souligné plus haut, une sorte de chaos organisé C
Concernant le passage que tu cites; Est-ce qu'il est situé avant ou après le déluge? Je vais chercher et je le poste Il y a aussi une référence à Noé qui m'a fait hurler de rire Je vais essayer de la poster aussi. J'espère qu'on ne va pas spoiler les autres

Ysabelle a écrit:

Concernant le passage que tu cites;

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Pour ne pas spoiler nos camarades, je te propose de passer en balises anti-spoilers  
Ce passage se situe

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Voici :

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Il me semble que c'est de cet incident qu'elle parle

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Ah merci Ysabelle 

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Comme indiqué dans le topic Que lisez-vous en ce moment, je viens de terminer Les Vies de papier et si les 2/3 du livre m'ont transportée dans l'univers magique des mots, la fin du roman m'a néanmoins laissé un goût amer
Les éléments m'ayant beaucoup plu dans cette histoire sont les suivants : tout d'abord, bien évidemment, la magnifique déclaration d'amour de l'héroïne à la littérature et aux mots en général Tous les amoureux des livres seront comblés par les multiples citations qui accompagnent l'intrigue, mais aussi les références à des écrivain(e)s / poète(sse)s/ autres figures littéraires de toutes époques
De plus, l'héroïne Aaliya m'a énormément plu, je me suis totalement identifiée à elle (nous avons des caractères proches même si la famille est plus importante à mes yeux qu'aux siens ) et ai ressenti beaucoup d'empathie envers elle Les souvenirs qui rythment le récit sont émouvants, en particulier l'évocation de son travail dans une librairie, ou encore la description d'Hannah (et sa rencontre avec le lieutenant) J'ai aimé les émotions qui se dégagent de ces "chapitres" de l'histoire

La fin (les 100 dernières pages environ) m'a cependant chamboulée sur le plan émotionnel, entre

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je me suis sentie mal à l'aise, sans doute car je vis une période difficile et suis assez fragile émotionnellement...

Enfin, je dois dire que je ne connais pas l'histoire du Liban, donc ce roman a été l'occasion d'apprendre certains évènements relatifs à la ville de Beyrouth, mais d'autres éléments ont été assez confus dans ma tête.

J'ai donc passé un bon moment de lecture, en adhésion avec l'héroïne du roman, mais je ressors avec un pincement au cœur et une certaine mélancolie...

Juliette, merci pour ton commentaire concernant ce livre. Contente qu'il t'ait plu, mais je suis aussi désolée qu'il t'ait chamboulée émotionnellement. Peut-être que ce n'était pas le moment pour toi de le lire   Effectivement, certains faits sont émotionnellement éprouvants. L'épisode relatif

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Il y a aussi le chapitre concernant Hannah et la fin du livre, même si pour moi,  

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Merci pour ton avis Juliette et comme Ysabelle, je suis désolée si ce roman t'a chamboulée et rendue mal à l'aise

Comme Ysabelle,

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J'espère que ton malaise va se dissiper et que tu ne retiendras que ce qui t'a plu dans les 2/3 du livre   ta prochaine lecture devra être choisie avec soin pour contrebalancer cette fin amère

Merci pour vos retours, Ysa et Serendipity J'ai lu vos commentaires et à tête reposée, je vous rejoins sur les dernières pages du roman

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Et je vous rassure : je garderai un bon souvenir de ce livre, je pense effectivement que le moment n'étais pas forcément le mieux choisi pour lire ce roman