Sellez vos rêves avant de les chevaucher - Sarn première semaine

Première semaine de notre lecture de groupe Sarn J'attends avec impatience vos commentaires.

Bonne lecture à toutes

J'ai commencé le roman et je craignais un peu d'être déçue.

Lors de la lecture de groupe de La dame aux œillets que j'avais adoré ado, je n'avais plus du tout apprécié ce roman.

Mais ouf, Sarn me plaît déjà et je vais avoir de la peine pour m'arrêter et rester en adéquation avec la lecture de groupe

Je ne crains pas grand chose de ce côté-là : j'ai relu Sarn nombre de fois même devenue adulte, et je n'ai jamais été déçue... Mais la dame aux oeillets, là c'était autre chose !!

Clinchamps

J'ai continué ma lecture et j'aime la façon d'écrire de Mary Webb, "les arbres immobiles et pensifs", "les champs étaient en or" tout est décrit de façon si poétique.

Je me demande dans quelle région d'Angleterre se situe Sarn. Je sais qu'on en avait déjà parlé mais j'ai oublié pourquoi il fallait parler aux abeilles

Mary Webb a vécu et est née dans le Shropshire, région de l'Ouest, limitrophe du Pays de Galles, ce doit être là qu'elle situe son roman.

@ Cassandre : notre ami wiki indique que Sarn se déroule dans la partie rurale du conté de Shropshire, dans les West Midlands (région de Birmingham).
Et bien que le livre ait été écrit en 1924, il se déroule dans les années 1820.

Quand à moi j'en ai lu les 3 premiers chapitres, et j'aime aussi beaucoup les descriptions de l'étang, de l'ombre de la flèche de l'église, des bruits de la maison ... la langue de Mary Webb est très imagée et très poétique

J'admire Petit Faucon d'autant que tu lis en anglais si j'ai bonne mémoire

Merci pour vos réponses sur le Shropshire, on dirait qu'ils vivent les pieds dans l'eau

J'ai une autre question : Prue et sa mère prennent leur châle et leur cabriolet J'ai cherché sur Wiki, il n'est question que de voiture à cheval ou pas. Elles sont pauvres, elles ne doivent pas avoir de voiture

Je n'ai pas encore commencé ma lecture, je finis un autre roman d'abord

Cassandre il me semble que le cabriolet est une sorte de chapeau.

http://le-travail-du-chapeau.blogspot.fr/2014/08/opera-des-landes-la-boheme-de-puccini.html

on disait aussi capote...

Merci Roz et Fée Je connaissais sous le nom de capote mais pas de cabriolet

Et puisque nous avons nos érudites en ligne, pourquoi Gédéon doit-il prévenir les abeilles

c'est une croyance paysanne, lorsqu'une personne meurt, si elle possédait des ruches, il fallait qu'elles soient averties qu'elles changeaient de maître pour qu'elles ne se retournent pas contre le successeur ... Et acceptent de donner leur miel. Cette croyance était bien ancrée dans tout le monde rurale au 19e, et durant toute la moitié du 20e siècle. Normalement, la ruche devait porter le deuil aussi

Excellente réponse, Fée Clochette !!

Tu as très bien expliqué Fée clochette

Cette coutume se retrouve dans tout le monde paysan. J'ai trouvé ce texte dans le bulletin de la société préhistorique de France. J'aurais bien mis le lien, mais je n'y arrive pas.
 

Georges Poulain Bulletin de la Société préhistorique de France a écrit:

Survivances funéraires . -~ Relativement aux Abeilles, la coutume suivante était d'un usage général dans notre département et dans toute la Normandie; mais sa pratique variait un peu d'une localité à l'autre.
Dans les cantons de Damville, d'Evreux, de Saint-André, l'arrondissement de Pont-Audemer, lorsqu'un propriétaire de ruches mourait, un membre de sa famille annonçait aux abeilles le décès survenu, car, faute de ce faire, elles devaient mourir. Je me souviens que, lorsque décéda mon bisaïeul Jean-Martin Poulain, propriétaire d'une petite ferme à l'orée de la forêt d'Evreux (Les Ventes), sa femme alla vers ses ruches communiquer le malheur aux abeilles, leur disant : « Mes belles, votre maître est mort » !
Dans le Vexin Normand, lors du décès du chef de famille, on attache encore à chaque ruche une loque noire, faisant ainsi, dit-on, porter le deuil aux abeilles.
Même manifestation dans quelques cantons de l'arrondissement de Louviers, notamment de Gaillon.
Aux environs de Rouen, on met aussi un ruban noir aux ruches, sans autre formule ; l'étoffe y reste tant que dure le deuil de la famille.
Ceci n'indiquerait-il pas le reste d'une idée très ancienne, signalée par B. Tylor (la Civilisation primitive) à savoir que les abeilles suivraient l'esprit du mort ?

Voilà! j'ai terminé le premier livre!

Je retrouve intact dès les premières pages  l'enchantement que me procure depuis toujours   la lecture de ce roman!

Je trouve l'ouverture du récit   véritablement remarquable  : le lecteur est plongé dès les premières lignes dans ce monde rural,  rude, voire brutal , mais que la vision de la narratrice de par son émotion, sa poésie, sa perception si particulière, rend extraordinaire ! Car la nature n'est pas seulement un cadre pour le récit: c' est le premier personnage du roman!  

Le style de Mary Webb est impressionnant  : la progression du récit qui suit le cheminement des pensées de Prue Sarn, les descriptions,  les images,... tout est d'une richesse inouïe!
Je pense à ces peintures impressionnistes qui, par petites touches légères, jouent avec les couleurs, les formes, l'ombre et la lumière des paysages!

Les autres personnages sont d'emblée présentés avec leur force et leur fragilité. Et on devine beaucoup de leur vie passée avec si peu d'éléments!

Je pense moi aussi à Georges Sand pour ce qui est de l'atmosphère, du monde rural auquel s'attachent les récits de ces deux femmes auteures!  
Mais cette vision lyrique de la nature, qui semble si naturelle chez Mary Webb, je ne la retrouve pas à ce point chez Georges Sand!

Je pense d'emblée aussi à un auteur masculin, René Bazin, qui dans son roman "La terre qui meurt" (qui m'avait beaucoup marqué dans mes jeunes années!  ) traite de ce sujet .... mais de façon plus sombre, la nature et l'homme étant en perpétuelle lutte....  

Mes voisins à la campagne avaient des ruches, et lors de la mort du grand-père, j'avais dix ans et participé au deuil des ruches. Je crois bien que c'est un rite biblique, parce que la bible avait été apportée et il y avait eu des prières aussi, mais c'est vieux et je ne me souviens que des grandes lignes.

Je ne pense pas que Gédéon est allé prié

Ton enthousiasme fait plaisir Miriel

Tu as raison, le style de Mary Webb est prenant dès les premières lignes, avec à la fois de la force et de la légèreté.

Et ta comparaison avec un tableau impressionniste est très juste.

Voici comme promis la première reproduction, illustrant cette phrase :

Citation :

Mais le grand seigneur était long à venir, et le seul homme qui la vit à la fenêtre fut Gédéon, un soir d'hiver qu'il rentrait par là du marché parce que l'autre route était inondée.

Spoiler:

Merci Roz, j'ai adoré cette scène ! Elle est si romantique

Miriel tu as déjà fini. Tu décris vraiment ce que j'ai éprouvé en lisant ces premières lignes. on est d'emblée happé par l'histoire

Fée et Roz, ce n'est pas si ancien. Dans le premier épisode de Barnaby, une dame dit qu'elle doit aller prévenir les abeilles

Très jolie illustration Rosalind, la jeune fille fait figure de douce princesse sauf qu'elle ne vit pas dans un château.

J'ai lu les deux premiers chapitres, et ne m'étendrai pas étant donné que je n'en suis qu'aux débuts. Je plussoie vos commentaires sur la grande poésie du style, d'une grande délicatesse. J'ai beaucoup aimé les propos de Gédéon sur les abeilles en fin du 2e chapitre.

Pour un peu on se croirait dans un monde féerique - en faisant abstraction du sorcier Beguildy si on n'était plongé dans le rude quotidien d'une famille paysanne. J'étais curieuse de connaître l'époque à laquelle se déroule le récit, et ai cherché des indices. Il est question du début de la guerre contre les Français, puis du roi George II. On est donc au XVIIIe.

La narration à la première personne est très agréable, on est d'emblée invité à entrer dans son petit monde, sa famille et les voisins et amis.. J'ai hâte d'en savoir plus sur la narratrice dont très peu est dévoilé pour le moment, hormis la malformation de son visage.

Je viens de finir le livre 1 (enfin, le chapitre qui clôt le livre 1 puisque mon édition n'est pas organisée en livre) et pour le moment, je rejoins les avis précédent. L'écriture poétique me plaît beaucoup, de même que le fait d'être embarquée dans un coin isolé du Shropshire, entre landes et étangs. C'est romantique, sauf pour les enfants qui n'ont pas beaucoup de recours face à la houssine paternelle...
Je ne connaissais pas la coutume des abeilles, il faudra que je me renseigne pour savoir si elle existait aussi dans le sud-ouest de la France.

Si tu trouves, cela m'intéresse MissA

MissAcacia a écrit:

Je ne connaissais pas la coutume des abeilles, il faudra que je me renseigne pour savoir si elle existait aussi dans le sud-ouest de la France.

c'est vraiment très ancien et partout dans le monde connu depuis l'antiquité, les abeilles étaient vénéraient. Chez nous, des roses en papier ornaient les ruches lorsqu'un mariage avait lieu dans la maison et des dragées étaient déposées devant la ruche.

J'ai passé mon enfance à faire des fleurs de papier de soie pour les mariages, afin d'orner la maison, les animaux, les ruches, la mairie et l'Eglise. maintenant cela ne se fait plus, on loue des salles la société a changée

Effectivement, je viens de trouver une référence dans un recueil de contes populaires de Gascogne, rassemblés au XIXème siècle par J.F. BLADE.

Spoiler:

Je rechercherai sur les Landes de Gascogne, qui est un pays de longue tradition apicole (au point d'avoir une race locale: l'abeille noire des Landes).

Merci MissA, c'est vraiment passionnant

Je vous rejoins car j'ai aussi commencé ma lecture.
Les couleurs chaudes apparaissent dès les premières pages.
Les personnages semblent "nés de la terre". La terre est comme la mère-matricielle en plus d'être leur mère-nourricière.
Le fait d'être né dans tel endroit fait qu'ils sont comme ancrés dans la terre, comme si elle les possédait.
C'est un endroit d'une autre époque dont il est question, un temps où les traditions régissaient votre existence.

On a bien peu d'infos sur le personnage principal hormis sa difformité. Maintenant une opération corrige le problème, mais à l'époque, c'est une malédiction (dans certains pays encore ).

La suite de mes impressions au prochain numéro

je viens de finir la 1ere partie et je ne suis pas déçue, j'avais un vague souvenir de cette histoire l'ayant vue à la télé quand j’étais petite et j'ai longtemps pensé à ce téléfilm, pensant même que George Sand en était l'auteur car contrairement au traducteur je trouve que ça ressemble plus à George Sand qu'à George Eliot.
je retrouve l'atmosphère étrange et calme, la campagne, les saisons, les odeurs, les traditions et les superstitions.
dés le 1er chapitre l'auteur nous parle d'une tradition la "veillée des amoureux" j'ai hâte de savoir comment ça se déroule!
et les autres comme d'aller avertir les abeilles du changement de maître ainsi que les corneilles car les maisons qu'elles quittent ne prospèrent jamais.les enterrements qui se font de nuit, les mangeurs de péchés (ça m'a fait rire).
et les superstitions, la mère qui croit que Prue a un bec de lièvre "parce que le lièvre a croisé son chemin".
je comprends Prue qui n'aime pas Jancis car ses lèvres forment une rose, pauvre Prue!
le caractère de Gédeon semble se dessiner, autoritaire et arriviste, attendons la suite...
ce livre est agréable à lire et Mary Webb a un style très fluide, comme Prue elle était affligée d'une infirmité (un goitre) et a eu du mal à se marier.
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