Sellez vos rêves avant de les chevaucher - Sarn première semaine

Bienvenue Aradia, tu nous rattraperas vite, nous en sommes au livre 3

Oui j'arrive ! Je viens de finir le 1er chapitre et pour le moment, je ne suis pas très très fan de Gédéon.

Aradia c'est super que la lecture te plaise

et pour Gédéon tu n'es pas la seule

Spoiler:

Je crains fort que ça ne s'arrange pas !

Je ne déteste pas Gédéon, je le comprends, il est ambitieux et veut sortir de sa condition par un dur travail honnête. Le problème c'est qu'il entraîne Mère et Prue dans son obsession et Jancis aussi.

Il est quand même d'une inhumanité incroyable !

Cassandre a écrit:

Je ne déteste pas Gédéon, je le comprends,

bin dis donc !!! je m'en vais te trouver un Gédéon et tu connaîtras la chanson

clinchamps a écrit:

inhumanité incroyable

une horreur ce gars,

que Jancis l'aime et s'accroche à lui reste pour moi une enigme, Beguildy son père n'est pas fréquentable, mais alors Gedeon c'est tomber de charybde en scylla !

Une dose de masochisme pour Jancis, et aussi certaines personnes ne peuvent voir au-delà de l'aspect extérieur, et Gédéon est un beau gars, travailleur et sobre.

Jancis a tout à fait le profil d'une fille s'attachant à quelqu'un comme Gédéon... Sans oublier la phrase fétiche de prue "le maître est ici"... Heureusement que celui à qui elle pe,se en disant ça n'est pas une ordure... Mais bon, j'avoue, la notion de "maître" ma hérisse un peu le poil !! :

Pour moi la notion de "maître" ne me hérisse pas du tout.

Lorsque Prue parle du "Maître", elle parle du "Maitre Tisserand", c'est une reconnaissance de son habileté et de son professionalisme, c'est ainsi que tout le monde le nomme, je pense, il devient le maître de son coeur ensuite, mais sans la notion esclavagiste que je prête à Gedeon

  moi, comme Clinchamps  
Le "maître est ici"  ça dérange la rebelle et la féministe qui sommeillent en moi.
Je vois cette formule comme "le maître de mon coeur", mais je serai incapable de la penser pour moi !! totalement au-dessus de mes forces, quelque soit la force de l'amour ressenti pour l'autre   un compagnon, oui, un maître, jamais

C'est drôle que ce point n'arrive que maintenant dans la discussion . Cette formule de "maître" m'a déplu mais je n'ai pas osé le mentionner en fait (disons que je l'ai resituée dans le contexte historique ...).

Je ressens ce terme comme encore plus englobant que "le maître de mon coeur", et il m'a également hérissé le poil (merci à Clinchamps et Petit Faucon d'avoir ouvert la voie

Quant à Jancis, je rejoins également Petit Faucon, je pense que sa jeunesse l'empêche de voir au delà du physique de Gedeon (et peut-être aussi le fait de vivre dans une petite communauté qui ne lui permet pas d'avoir beaucoup d'éléments de comparaison). D'ailleurs (attention spoilers sur la suite et fin du livre)

Spoiler:

il ne faut pas oublier que Gédéon est décrit comme un beau gars, bien taillé , large d'épaules, Prue elle même, il me semble, comprend que Jancis en soit amoureuse

Serendipity a écrit:

Cette formule de "maître" m'a déplu mais je n'ai pas osé le mentionner en fait (disons que je l'ai resituée dans le contexte historique ...)

 et tu as eu raison,  nous sommes dans une société à étages où l'on se situe par rapport aux autres.

Il y a les nobles, les gros propriétaires, les Maîtres Artisans, les commerçantS et les petits propriétaires paysans, puis tout en bas de l'échelle, les métayers et les journaliers.

Kester Woodseave est Maître Artisan, comme il pourrait être Maître des Forges, Maître Joaillier, Maître Maçon... il mérite le  titre de Maître, il l'a gagné en étant le meilleur, alors personne ne le lui refuse.

Il sait lire, écrire, il est intelligent et sait s'imposer. Marie Webb le fait intervenir en tant que Maître et laisse tomber "Tisserand", non  pas pour souligner le machisme de l'homme, il ne l'est guère car trop intelligent pour l'être. Mais simplement parce qu'il soulève l'admiration dès qu'il paraît : Il est bel homme, cela s'ajoute à sa stature, mais aussi son travail est parfait et l'appeler dans sa maison, c'est reconnaître sa valeur.  Il représente  un peu le côté solaire de l'homme.

Serendipity a écrit:

"le maître de mon coeur",

 cela se dit, encore aujourd'hui, sans qu'il y ait notion autre que véritable amour, enfin, pour moi c'est ainsi.

Gédéon, Marie Webb nous le présente comme l'envers du solaire Kester, le côté sombre. Il aspire à être riche, c'est-à-dire à devenir un gros propriétaire, il ambitionne même la maison des aristocrates du pays, qu'il méprise, il ne ménage pas sa peine, mais les moyens employés pour asservir les autres au travail son absolument détestables. Il est profondément "macho", et même s'il arrive à être riche et Gros propriétaire, il ne pourra jamais, à cause de ses actions gagner mon admiration.

Jancis n'aspire qu'à une chose : être sous la protection d'un homme fort qui tienne tête à son père, et ce ne peut-être alentour que Gedeon, grand, hargneux, coléreux, fort, intelligent et courageux, car mangeur de péchés, il n'a peur ni de Dieu, ni du diable. Avec un homme pareil, elle se sentira comblée, elle a peu à donner à part sa beauté et ses broderies, mais pour le reste.... Il faut Prue, tout aussi intelligente que son frère, mais bonne et travailleuse. Je ne pense pas que sa jeunesse l'empêche de voir au delà du physique de Gedeon, elle m'apparaît assez mièvre et enfantine, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

Ce que tu dis des qualités de maître artisan de Kester est vrai, Fée, et d'ailleurs il y est fait allusion lors de son travail chez Grimble, il me semble

Mais tu ne peux nier que la formule de Mary Webb : "le maître est ici" résonne de façon très différente chez Prue : elle voit Kester comme son maître (comme on disait ma maîtresse) et comme Jane Eyre appelle M. Rochester son maître, comme son homme, et ce terme implique en plus comme l'ont dit Clinchamps et Serendipity une notion de soumission, ou au moins d'inégalité, qui peut déplaire ou choquer les femmes du XXIe siècle que nous sommes .

Ce qui n'enlève rien à la qualité de l'amour qu'ils se portent mutuellement, ni au fait que Prue soit une femme forte et Kester un type bien.

oh mais pas dut tout !!! c'est bien de son Maître à elle dont parle Prue (l'analogie avec l'Evangile rend cela évident : Jésus est le Maître, en tout et pas seulement charpentier ! ) Si Prue pense le Maître est ici c'est bien pour se soumettre à lui corps et âme, d'ailleurs le reste de ses pensées, sa conduite en général le confirme absolument ! C'est un maître artisan (sans majuscule du coup) mais ce n'est pas du tout du tout dans ce sens-là que le mot (avec Majuscule) est choisi par Prue ! Et c'est bien pourquoi il me titille un peu, mais autres temps autres mœurs... Je crois que Mary Webb aurait voulu que son mari, dont elle était profondément amoureuse, soit Kester et qu'elle puisse sans retenue ou regrets ou amertume (son mariage a mal fini) se donner à lui comme elle l'aurait voulu, en espérant bien sûr une réciprocité.

Dérinoé a écrit:

Il est fort probable que ce point ait déjà été soulevé par quelqu'un et, le cas échéant,

tout à fait, Cassandre l'avait découvert et était toute contente, mais j'étais passée sur la page d'avant pour signaler la forte empreinte religieuse de Sarn et le passage de la visite de Jésus à Marthe et Marie qui bée devant le Maître .

clinchamps a écrit:

mais autres temps autres mœurs...

tout se perd ma bonne, tout, tout, même la foi aveugle dans le Maître .....  Ainsi parla une mécréante

La référence à la Bible est explicite dans le texte, c'est presque une citation, me semble-t-il.

Il convient de noter que si Prue considère Kester comme son maître, Kester ne se considère pas du tout comme le maître, ou du moins ça ne ressort pas. Il est plutôt moderne dans la façon de considérer Prue. C'est une approche unilatérale, liée au tempérament de Prue, qui est assez peu sûre d'elle même (assez compréhensible)... et qui n'a connu que des figures mâles dominantes (son père puis son frère) ; effet du tempérament aggravé par les coutumes de l'époque, of course. IMO du moins

Toutafé, MissA ! C'est tout à fait dans l'esprit de l'époque où se passe le roman.

tout à fait, mais Jesus pour en revenir à la culture religieuse est appelé Rabbi tout au long du nouveau testament, cela a une conotation à la fois intellectuelle et religieuse en plus de la déférence qu'on lui accorde, alors comme toute bonne puritaine qui se respecte, Prue, identifie Kester comme référence intellectuelle, perfection lumineuse, et l'amour qu'elle lui porte fait qu'elle l'idéalise peut-être, mais cela ressemble un peu à amour, respect et admiration, c'est bien dans l'époque ça aussi. Prue aime ardemment

 c'est bizarre je ne trouve pas Prue si inféodée et soumise à son amour  à son frère certes, mais c'est habitude d'enfance. Ni Jane Eyre d'ailleurs, ce sont des femmes qui savent dire non quand la coupe est pleine  ou bien je m'illusionne  l'on peut être amoureuse, forte et fragile à la fois, c'est bien ce qui fait le charme de tous les amants