La plus belle des écritures - Sarn Troisième semaine

clinchamps a écrit:

En passant, elle n'est pas si sotte, la mère Sarn, qui ne trouve à dire en conclusion, après l'aventure de Prue, que : "on va faire venir le tisserand" .....  

Oui, elle a deviné, et elle a entrepris de filer sans arrêt afin que Gédéon accepte de le faire venir. Quand le tisserand vient elle fait l'éloge de sa fille, sans parler du bec de lièvre bien sûr ! et elle se garde bien de lui dire que c'est Prue qui écrira les lettres.
Elle se comporte en enfant car elle craint Gédéon, mais elle aime beaucoup sa fille.

Fée clochette a écrit:

y zon fumé la moquette vos traducteurs ??????    

Il semblerait

Merci pour l'explication concernant les "porions" (et merci pour la VO Fée Clochette ). A la lecture, j'avais compris qu'il s'agissait de fleurs et ensuite, j'ai fait quelques recherches et j'en avais déduit qu'il s'agissait d'un terme patois pour poireaux

(et la traduction française est décidément bien trop littéraire "binna you" je ne connaissais pas )

Jacques de Lacretelle le traducteur était fils de diplomate et a étudié à Cambridge. Il devait être loin du monde paysan

Sarn en VO c'est compliqué, enfin pour moi, il y a beaucoup de tournures "pays"    campagnardes, comme ce que tu cites Serendipity, et pas seulement "binna you"

C'est la première fois que je rencontre daffodillies pour daffodil, c'est certainement un nom donné par les habitants de la région de Sarn ou par les habitants de la campagne.

Citation :

For it was himself Kester Woodseaves,
the maister.
He came along without haste, yet as if he had some great business to attend. I saw that he was in his best — the
black beaver hat, green coat, flowered weskit, and the Wellington boots.

Rosalind et Clinchamps, c'est vraiment un "dandy" Kester, et il n'est pas étonnant qu'il tourne la tête des poulettes du pays et pas seulement  rien ne manque, le chapeau noir de poils de castor (si le feutre est en poil, c'est un chapeau de luxe et imperméable, un taupé), le manteau vert (  Darcy demande le manteau vert, pour rejoindre Lizzy qui visite son parc ! ce devait être le must de l'élégance masculine   ) le gilet damassé fleuri s'il vous plait, plus les bottes à la Wellington  je craque, je craque aussiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii  

Fée une veste verte te fait drôlement de l'effet C'est vrai qu'il est chic pour aller au marché

Il a mis ses plus beaux habits pour l'occasion, et peut-être aussi pour impressionner les rustauds qu'il va affronter.

Il ne les met pas pour aller travailler. Les gamines qui sont allées le bombarder de questions dans le grenier disent qu'il possède un habit vert pour les dimanches, et une paire de bottes à revers, qu'il ne porte pas souvent.

Ce qui fait "dandy" dans le dessin, c'est surtout qu'il a l'air de porter un corset à la Barbey d'Aurevilly...

il n'a pas seulement l'air, il en porte un, pour la mode, pour prévenir le mal de dos, pour pouvoir monter à cheval et supporter les longues courses. Les militaires en portaient les dandys aussi.

http://coutureetdemesure-blog.blogspot.fr/2014/10/le-corset-pour-homme.html

Voici Gédéon et Prue en route vers le marché de Lullingford



Prue admirant le paysage, et rêvant aux lettres qu'elle va écrire et Gédéon dur et âpre au gain.

Quand Prue lui fait observer que la nature est comme un livre ouvert, la réponse de Gédéon est sans surprise  

Citation :

Je vois point de livre. Je vois seulement une fameuse pièce de bonne terre qui ne rapporte rien et qui pourrait bien faire du blé

Fée clochette a écrit:

 il n'a pas seulement l'air, il en porte un,

Tu ne me feras jamais avaler que Kester porte un corset !!!

Merci Fée pour le lien J'ai adoré le gilet corseté

Je ne crois pas que le tisserand en porte un et il n'en a pas parlé à Molly et Sukey

Merci Roz pour l'illustration

merci pour vos explications, illustrations, et je ne savais pas que les hommes avaient porté des corsets!
la mère de Prue a deviné les sentiments de sa fille pour Kester, de toute évidence elle veut l'aider. elle a compris que c'est un homme bien et que sa fille a peut être une chance d'être enfin aimée.
j'adore la correspondance entre Prue et kester, toute en finesse, Prue l'air de rien dilue ses petits conseils perso savamment distillés

J'ai été surprise d'entendre parler de "porions" et de poireaux, car comme l'a fait justement remarquer Fée Clochette, le texte anglais parle de "daffodillies" et de "flowers", donc il s'agit clairement de petites jonquilles de printemps.


Pour ce qui est de l'habillement de Kester, le texte dit (chapitre 1 the hiring fair) :

He came along without haste, yet as if he had some great business to attend. I saw that he was in his best — the black beaver hat, green coat, flowered weskit, and the Wellington boots.

Ce que vous appelez "corset" est décrit comme un gilet à fleurs, et de plus Kester vient au marché à pied puisqu'il habite Lullingford, dans la petite maison que Prue aime bien, déjà du temps du vieux tisserand l'oncle de Kester.
Et puis, un tisserand aime certainement les tissus, donc les vêtements  

Mais je suis d'accord avec la remarque de Clinchamps faite plus haut : Prue tombe amoureuse de Kester, en le parant de toutes les qualités, qualités qu'il a réellement (ce qui n'est pas probable) et qui fait de lui une création romanesque certes très agréable, mais peu réaliste

certes, mais les gilets, possédaient tous des fanons de baleine, pour éviter les faux plis, parce que le tissu grimace souvent en suivant es courbes, et en "habit du dimanche", la règle c'est : he was in his best

D'autre part, j'ai eu en mains des exemplaires assez fanés, ils étaient fort raides et possédaient des lacets dans le dos pour élargir ou réduire l'article il fallait bien montrer le torse, les épaules, et la culotte masculine était près du corps, cela ajoutait une force à la masculinité.

Pourquoi Kester, n'aurait-il pas sacrifié à la mode ? le corset ajoutait à la prestance. Puis, cela c'était invisible sous la chemise de corps et la chemise de parade + le gilet. A cette époque, il y en avait du tissus chez les hommes (ou les femmes d'ailleurs). Même moi actuellement, je suis moins habillée que lorsque j'étais petite fille vous auriez vu le tableau des mes sous vêtements tricotés mains faits maison et mes chaussettes, bas, gilets, bonnets et chapeaux à oreilles de chat ! ...........................

Clinchamps a écrit:

il n'en a pas parlé à Molly et Sukey

cela relève de l'intime tout de même, parler de son corps et de ses dessous étaient une faute de goût, de Kester, nous ne voyons que la surface et de ce que pense Prue puis, même en plaisantant, Kester n'est pas un indélicat, c'est ce qui attire les femmes qui sont plutôt habituées à des rustauds mal dégrossis qui ne se privent certainement pas d'avoir des gestes déplacés et des insultes en guise de mots d'amour. C'est bien ce qui détonne en lui. Kester a des gestes brutaux envers les rustres qui l'attaquent, mais son corps dégage une élégance puissante qui coupe le souffle. quand il se bat.

Signature : Clochette perdue pour la France qui court à Kester

Petit Faucon a écrit:

une création romanesque certes très agréable, mais peu réaliste

Tout à fait d'accord avec toi Petit Faucon et c'est ce qui m'a un peu gênée (peut-être que si j'avais lu ce roman vers 12/14 ans comme la majorité d'entre vous, je me serais laissée charmer par cet aspect là du récit mais une fois adulte, j'avoue que j'ai du mal )

je suis d'accord avec Petit Faucon et Serendipity, c'est peu réaliste, mais depuis quand, une femme amoureuse, ou qui tombe en amour................... est réaliste ?

Fée clochette a écrit:

depuis quand, une femme amoureuse, ou qui tombe en amour................... est réaliste ?

Quand le mariage lui rend la vue pour paraphraser ... euh qui ça déjà ??? Lichtenberg me dit-on

donc Prue a le temps d'ouvrir les yeux, puisqu'elle n'est qu'amoureuse.

Mais oui Fée Clochette (tu as bien compris que j'ai cédé à la facilité de faire un bon mot )

Mais moi, lectrice, je ne la suis pas dans sa cristallisation

Certes ma Fée, je ne nie pas le caractère baleiné des sous-vêtements masculins des années 1800-1820, j'ai plusieurs livres consacrés à l'histoire des sous-vêtements tant masculins que féminins.
Je pense simplement que Mary Webb a écrit son livre en 1924, et que le souci réaliste du détail n'est pas sa priorité, même si elle fait de magnifiques descriptions de la nature, de ses fleurs, de ses habitants, et des coutumes paysannes.
Et donc je ne suis pas sûre que le gilet de Kester soit baleiné, mais c'est un détail et je je ne disputerai plus dessus

Comment, comment ! toi lectrice tu n'intègres pas le personnage !

en ce moment, je déteste toutes les femmes qui s'intéresse à Kester, elles ne sont pas dignes, sauf Prue, puisque c'est moi  mais plaisanterie mise à part, Prue a supporté son exécrable papa, elle reste zen et aime son frère Gedeon, malgré toute sa dureté, elle est sans faille cette jeune fille, c'est une sainte ! alors, une sainte ne peut pas imaginer,  un seul défaut,  dans celui qui lui fait ressentir des frissons d'amour qui la rendent vraiment "vivante"

Petit Faucon, pour avoir eu en main le costume de mariage de mon arrière grand-père, avec un gilet baleiné, sa canne en jonc son chapeau claque et ses chemises à jabot, je peux te dire qu'elle est dans le vrai. Mon arrière grand-père était né en 1857.

Petit Faucon a écrit:

Et donc je ne suis pas sûre que le gilet de Kester soit baleiné, mais c'est un détail et je je ne disputerai plus dessus

Tout pareil !!

Ce n'est pourtant pas la première fois que je lis ce livre, Dieu sait !... mais cette fois-ci la véritable création de personnage que fait Prue au sujet de kester m'a sauté aux yeux !! Elle lui donne d'emblée crédit de tout ce qu'elle attend d'un homme idéal... sans lui avoir même adressé la parole ! En fait, elle ressent un vrai coup de foudre, ce qui n'est rien d'autre qu'une irrepressible attirance pour quelqu'un et d'ailleurs le côté sensuel n'est jamais vraiment loi !
"

Citation :

Il me sembla que ses yeux........me suppliaient commme...celui qui regarde longuement sa chère connaissance quand elle a donné sa paix pour l'amour de lui, remis son âme entre ses mains et offert son corps à sa joie"

Eh bien avec ça elle a intérêt à ne pas se tromper dans son évaluation du monsieur, parce que sinon elle est fin prête pour être l'exemple type de la femme soumise !! Quel besoin de se fondre intégralement dans quelqu'un !!

serendipity a écrit:

Mais moi, lectrice, je ne la suis pas dans sa cristallisation

C'est même du plâtre à prise ultra rapide

Ceci dit, même si j'émets les même réserves que vous sur l'intensité de ses sentiments, j'avoue que lors de l'apparition de Kester lors de la veillée son apparence physique joue certes en sa faveur mais je pense que Prue a aussi été séduite par son attitude vis-à-vis de Féléna et des petites Moll et Sukey, qui montrent une réserve et une finesse qui détonnent par rapport aux autres hommes disponibles dans le secteur. Et l'imagination fait le reste. Elle est tellement assoiffée d'amour cette pauvre Prue.
Les autres entrevues la confirment dans sa première impression:

Spoiler:

Et puis l'amour a fait le reste... comme l'a chanté Brassens.

Nous n'aurions pas réagi comme elle, certes . Et l'intensité de ses sentiments est sans doute excessive mais pour le reste, je trouve que ça se tient.

Pour en revenir aux corsets, les élégants en portaient pour avoir la silhouette en S au début du XIXème, mais je mets au défi quiconque de faire du cheval (en vrai, pas cinq minutes de promenade pour se montrer dans un parc urbain) avec un machin pareil. J'ai à la maison un manteau de pont d'officier de marine, baleiné et rembourré, et on ne tient pas un quart d'heure assis avec ce machin, ça scie les jambes (par contre debout dans le vent par moins vingt, on doit pouvoir tenir quelques heures...). Il me semble donc que l'illustrateur s'est un peu emporté dans son dessin et que Kester s'est contenté du damas fleuri   .

Et sinon, les poireaux sauvages dans le sud-ouest s'appellent des baraganes et c'est très bon (mais sans rapport avec le sujet).

Je pense que Prue est très intuitive, elle est observatrice et remarque souvent les traits physiques des gens

Spoiler:

. Elle a remarqué que Kester était différent des autres hommes de son entourage et il lui plaît vraiment car il est intelligent, s'intéresse comme elle, à la nature et est pacifiste.

Et que dire de Prue au combat de taureaux ? Quel courage, quelle rapidité d'intervention !

Le troisième livre se termine par le chapitre des libellules, qui nous vaut une belle et forte description de l'étang de Sarn l'été.
Par contre j'aimerais bien savoir ce c'est que l'époque du trouble des eaux !! Cela paraît ne se produire qu'une fois l'an, pas partout dans l'étang... Cela m'intrigue vraiment ! Si c'était une source ce serait tout le temps... Ce ne peut être un phénomène volcanique, dans le Shropshire ! Et Mary Web le mentionne comme quelque chose de banal, à tout le moins d'habituel, sans éprouver le besoin de l'expliquer !
C'est aussi le moment tant attendu

Spoiler:

Et nous attendons tous avec impatience la moisson !!