Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
| | Littérature estonienne | |
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+7Juliette2a Vavyala Selenh Petit Faucon serendipity Fauvette MissAcacia 11 participants | |
Auteur | Message |
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Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28495 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Littérature estonienne Mar 24 Mai 2022 - 19:03 | |
| pour tous les animaux que vous avez déjà cités et qui nous sont sympathiques ! Par contre, je suis triste du jugement réservé aux hérissons |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 16723 Age : 73 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Littérature estonienne Mer 25 Mai 2022 - 19:45 | |
| C'est vrai, les hérissons ne sont pas très bien considérés par les serpents ! ceci dit ça se comprend Pour en revenir au pou (quelle vedette celui-là ) j'ai bien ri quand Pirre et Rääk décident de le dessiner sur les parois de leur caverne |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4444 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Littérature estonienne Dim 29 Mai 2022 - 19:57 | |
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71426 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Littérature estonienne Mar 31 Mai 2022 - 17:05 | |
| J'ai quasiment fini, et bizarrement, les 10 dernières pages me paraissent infranchissables... pourtant j'ai lu tout le reste sans problème mais au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans l'horreur (il faut bien appeler les choses par leur nom !) ça devient irrespirable, et pourtant Dieu sait que l'auteur reste dans un style narratif extrêmement succinct, et qu'il n'abuse pas de détails sanglants, sauf le minimum nécessaire - Spoiler:
(la mort du grand-père... )
... Je vais le finir, bien sûr et je reviendrai avec plus de commentaires constructifs ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28495 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Littérature estonienne Mar 31 Mai 2022 - 18:53 | |
| Je comprends ton ressenti, Clinchamps Si ça peut te rassurer, tu as déjà lu le pire |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4444 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Littérature estonienne Jeu 2 Juin 2022 - 8:42 | |
| Je comprends clinchamps, la fin n'est vraiment pas facile à lire. Bon courage pour franchir le cap! Et hâte de lire ton avis final sur le roman. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71426 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Littérature estonienne Dim 5 Juin 2022 - 14:26 | |
| J'ai bien sûr repris le roman et je l'ai fini... Il m'est difficile de donner un avis en 3 mots tant ce bouquin m'a fascinée, amusée, dégoûtée, interpelée. Fascinée par la richesse incroyable de l'imaginaire de l'auteur, car s'il se sert sans doute d'anciens récits de légendes rappelant les légendes celtiques, la religion druidique et autres histoires animistes qu'on retrouve un peu partout il s'en sert pour bâtir un univers solide avec des personnages très construits psychologiquement (les forestiers comme les villageois) qui leur donne une apparence de véracité, on a l'impression de les voir vivre. - Spoiler:
Fascinant aussi parce qu'on peut tous y retrouver notre histoire, même si nous n'avons pas eu les Hommes de Fer mais partout le christianisme a tout fait pour effacer les rites et traditions païennes (tous les saints du calendrier ont servi à rebaptiser sources magiques et autres pierres guérisseuses...) Le personnage central regarde tout ça du même œil, sceptique et ironique, autant les rites du Sage du Bois sacré que les croyances chrétiennes. Il nous a fallu bien longtemps pour que nous nous accordions le droit de ne pas croire et ce roman m'a donné le sentiment qu'il y avait encore du chemin à faire pour la liberté réelle de penser. La première moitié à peu près m'a amusée parce que l'auteur décrit les rites divers avec un humour et une ironie assez piquants, et cela donne des situations très drôles (l'histoire du très gros pou...) mais ensuite le ton change petit à petit pour se diriger vers la noirceur : noirceur de ce qui arrive à Leemet et là on descend de plus en plus dans l'horreur, bien que ce mot ne convienne pas. Il n'y a pas du tout la recherche de provoquer l'horreur pas des descriptions complaisantes comme c'est souvent le cas. Tout est raconté avec une distanciation froide par Leemet, qui mentionne les faits, ce qu'il pense, ce qu'il éprouve, la rage et la colère qui l'envahissent presque comme s'il parlait de quelqu'un d'autre ! Il y a assez de précisions pour que les images s'imposent, mais les sentiments ne transparaissent pas, en tous cas je ne les ai pas ressentis, et ça m'a laissée en spectatrice impuissante de spectacles affreux que je ne pouvais m'empêcher d'imaginer. Les images qu'on s'invente sont plus dures que celles qu'on nous impose ! ... Je ne demandais qu'à comprendre la fureur vengeresse de Leemet, mais justement, j'ai eu la sensation qu'il s'était donné une tâche et qu'il l'accomplissait méthodiquement et sans état d'âme. Il avance, avec son grand-père, comme une tornade, et en même temps sans jamais se faire d'illusion sur la survie de son monde... Le grand-père croit qu'il va ressusciter l'ancien monde, mais pas Leemet... La fin est ce qu'elle devait être, il est le dernier qui sait la langue des serpents, il ne peut que finir seul, mais avec pourtant la magnifique consolation de dormir auprès de la Salamandre... Alors là je ne comprends pas trop le choix de l'auteur : Leemet n'a jamais cru dans aucun des rites du Bois sacré, et pourtant la Salamandre est pour lui une réalité tangible... L'auteur a-t-il voulu signifier que l'humain ne peut vivre sans se donner une croyance? Et le massacre que Leemet et le grand-père perpétuent signifie-t-il que de toutes façons toute croyance ne peut engendrer que la violence et le sang versé ? Car la Salamandre a toujours été la référence ultime de Leemet et il l'a toujours cherchée... Sa fin ressemble à celle d'un ascète, d'un ermite qui a trouvé son dieu et qui ne désire rien d'autre que mourir dans son esprit, mais après combien de croisades destructrices... ... Ce qui m'a aussi interpelée, c'est la façon dont l'auteur décrit les villageois : il ridiculise (à travers Leemet) la sottise de leur mode vie, bien plus rude et compliqué que la vie dans la forêt... mais nous savons bien que c'est en eux qu'est l'avenir puisque nous sommes leurs descendants directs... Il nous les montre obtus, ne réfléchissant pas par eux-mêmes, obéissant à leur nouvelle religion sans se donner le droit de défendre leur village contre les Hommes de Fer... Leemet semble le seul à avoir ce pouvoir de réflexion personnelle, qui lui fait rejeter toutes les croyances, et serait-ce pour cela qu'il n'est voué qu'à une vie de solitude ? Qu'aucune société ne lui convient, ni la Forêt, ni le Village ? L'auteur veut-il nous donner à penser que l'Humain qui pense par lui-même ne peut finir que seul ? Mais que vient faire la Salamandre dans l'histoire ? Que représente-t-elle symboliquement ? Un idéal à préserver quel qu'en soit le prix ? Mais que de massacres !! De plus elle dort pour toujours, donc c'est une divinité qui ne sera jamais un oracle donnant des lois !
Bon vous voyez que ce roman m'a vraiment passionnée c'est une lecture qui laisse des traces, je suis très heureuses que, grâce à vous, j'ai pu le découvrir ! je mets presque tout en spoiler, c'est plus prudent ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28495 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Littérature estonienne Dim 5 Juin 2022 - 19:12 | |
| Quel sublime commentaire, Clinchamps ! Et effectivement, le roman offre de multiples interrogations une fois la dernière page achevée ! |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 16723 Age : 73 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Littérature estonienne Lun 6 Juin 2022 - 1:46 | |
| Merci Clinchamps d'avoir partagé ton ressenti avec ce commentaire passionnant. Je te suis dans toutes tes impressions et interrogations.
Oui c'est l'histoire d'un monde qui disparaît, et l'analogie avec notre monde qui court à sa perte est troublante et saisissante.
Je suis ravie d'avoir pu découvrir ce roman atypique, que j'avais placé en tête pour la croisière de cette année.
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| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4444 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Littérature estonienne Mar 7 Juin 2022 - 20:20 | |
| Merci clinchamps pour ton retour Contente de lire que le roman t'ait plu! Dans l'ensemble, je suis d'accord avec toi. Juste un point du spoiler sur lequel j'ai un avis différent: - Spoiler:
J'ai l'impression que l'auteur a voulu différencier les réelles connaissances du mode de vie forestier (existence de la Salamandre, langue des serpents,...) des dérives du "Sage" Ulgas qui invente ses propres rites et croyances au fur et à mesure de son délire. On assiste ainsi à plusieurs formes d'obscurantisme aux yeux de Leemet: - celui d'Ulgas qui invente de toutes pièces des monstres, sacrifices expiatoires et rituels - celui des paysans qui souscrivent à la religion de l'envahisseur allemand, mais sans bien comprendre l'espace entre réalité et paraboles - celui des paysans qui inventent un néo-paganisme (avec les nouveaux mythes des loup-garous, du pouvoir des couronnes des vipères royales,...)
La Salamandre ne s'inscrit pas dans un obscurantisme de plus dans lequel sombrerait Leemet mais serait un des rares faits qui se serait perdu avec la "dégénérescence" de l'espèce humaine.
Du côté des moqueries sur le mode de vie des villageois, je ne saurai te répondre avec certitude, mais voici ce que cela m'évoque: - Spoiler:
Je ne sais pas si l'auteur critique réellement leur mode de vie. De ce que j'ai compris de la postface, ce serait plutôt une satire de la propagande politique visant à présenter le peuple estonien comme un peuple d'origine agricole. De mon côté, ce qui m'a le plus frappé, ce n'est pas leur mode de vie, mais surtout le fait qu'ils adhèrent aveuglément aux modes du peuple qui les a conquis, comme si le colonisateur leur avait ouvert les yeux sur comment ils devaient vivre leur vie. Des épisodes étaient particulièrement risibles: - la fierté à être engrossée par un chevalier ou d'avoir partagé la couche d'un haut membre du clergé - l'échange sur la nature du cheval qui a laissé son crottin dans le champ.
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| | | Tsundoku Extensive reading
Nombre de messages : 220 Age : 28 Date d'inscription : 20/11/2021
| Sujet: Re: Littérature estonienne Sam 25 Juin 2022 - 12:22 | |
| J'ai terminé à mon tour L'homme qui savait la langue des serpents mais il m'a fallu un peu de temps pour le digérer. Comme vous, j'en suis sortie sonnée et je me retrouve beaucoup dans vos retours et vos interrogations, donc je n'ai pas grand chose à ajouter. J'ai aussi terminé le livre avec de nombreux questionnements et à ce titre, la postface était effectivement très intéressante. Pour moi, elle a aussi eu un effet apaisant (surtout en ayant fini le livre à une heure du matin cette nuit, c'était nécessaire) et m'a permis de revenir à la réalité - Spoiler:
après l'horreur des 100 ou 200 dernières pages. Elle met aussi en avant une des choses que j'ai trouvé le plus intéressant dans cette histoire, à savoir d'éviter l'opposition manichéenne entre monde ancien et monde moderne, et la classique « glorification » des anciens modes de vie. Même si j'ai beaucoup aimé ce livre, il m'a aussi mise souvent mal à l'aise, justement à cause de la distanciation dont parle clinchamps. Effectivement, ce n'est pas complaisant et on ne tombe pas dans le pathos, ce qui est une bonne chose, mais cela a eu peut-être un effet encore pire sur moi, en particulier à partir - Spoiler:
de la mort de Magdalena et de son fils. Comme toi, clinchamps, la série de massacres qui suit m'a imposé une suite d'images horribles devant lesquelles j'étais impuissante. J'ai adoré le personnage du grand-père dès son apparition et étrangement, c'est à lui que je me suis le plus « rattachée émotionnellement » (si c'est possible de l'être dans une telle situation) dans cette dernière partie. Effectivement, Leemet commet les massacres de manière presque mécaniquement, parce qu'il faut le faire, là où j'ai eu la sensation que le grand-père y trouvait du plaisir (presque comme après une séance de sport), ou en tout cas ressentait encore quelque chose en commettant ces massacres et que c'était aussi pour lui l'occasion de passer du temps avec son petit-fils (une activité familiale). En tout cas, cette mise à distance a été de plus en plus dérangeante pour moi au cours du roman. J'ai eu la sensation d'être peu à peu anesthésiée. Alors que j'avais été très bouleversée par la mort de l'oncle, celles de Ints et des autres, et même de Hiie, m'ont presque paru être « la suite logique des choses ». Dès le début, Leemet nous parle constamment d'un monde qui disparaît et qu'il est le dernier, et le roman n'est que la réalisation que c'est effectivement le cas (et pas seulement pour la langue des serpents). Ce qui m'a semblé le plus douloureux, finalement, ce ne sont pas les morts successives, mais la sensation que plus le temps avançait, plus Leemet était seul et avait de moins en moins d'humains ou d'animaux auxquels parler, et que vouloir continuer à vivre dans la forêt le condamnait à la solitude. La découverte de la salamandre à la fin ne m'a pas trop étonnée. Dès que le jeune Leemet se lance dans sa quête (très longtemps infructueuse), j'étais à peu près sûre qu'elle réapparaîtrait d'une manière ou d'une autre, et que sûrement elle clôturerait le récit. Je ne m'attendais cependant pas à ce que ce soit avec tant de tristesse. Comme clinchamps, je me suis aussi interrogée sur le sens de cette salamandre et sa réalité, surtout qu'en se transformant en un tel ermite, errant dans la forêt, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle entre Leemet et Ulgas dans les dernières années de sa vie (et tous deux commettent des massacres, sacrificiels ou non). Je suis d'accord avec toi Vavyala sur la différence faite entre les formes d'obscurantisme et la Salamandre, mais c'est vrai que je me suis tout de même posé la question.
Merci en tout cas d'avoir proposé ce livre Vavyala, c'était une belle découverte ! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71426 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Littérature estonienne Sam 25 Juin 2022 - 13:17 | |
| Merci pour ton commentaire Tsundoku, je suis heureuse de voir que nous nous rencontrons sur bien des points ! Ma lecture a été fortement focalisée sur l'aspect "refus de toute religion" par Lemeet parce que cela touche un point sensible personnel et rien ne m'énerve comme comme le prosélytisme sous toutes ses formes mais je n'ai pas assez parlé de la beauté géniale de l'idée de base d'une langue commune entre les animaux et les humains, langue permettant une harmonie de vie et de survie (nourriture entre autre). Mais il me semble aussi que le ton général du roman et sa conclusion démontre parfaitement que si l'idée est belle et généreuse elle est totalement incompatible avec la nature humaine en elle-même, ce qui donne à mes yeux un ton désespéré au livre. Que ce soit au travers des traditions des Anciens ou avec l'arrivée du christianisme par la colonisation allemande, l'humain n'en sort pas grandi et nous savons que la suite l'a confirmé ! Ce livre est à lire avec un moral d'acier sinon... |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28495 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Littérature estonienne Dim 26 Juin 2022 - 19:03 | |
| Ravie de lire que ce roman t'a plu, Tsundoku ! Et il est matière à réflexion, c'est le moins que l'on puisse dire |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4444 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Littérature estonienne Lun 27 Juin 2022 - 18:07 | |
| Merci pour ton retour Tsundoku! Je me retrouve dans ce que tu en dis - Tsundoku a écrit:
- Elle met aussi en avant une des choses que j'ai trouvé le plus intéressant dans cette histoire, à savoir d'éviter l'opposition manichéenne entre monde ancien et monde moderne, et la classique « glorification » des anciens modes de vie.
C'est un angle de vue qui m'a beaucoup plu aussi! - Tsundoku a écrit:
- Même si j'ai beaucoup aimé ce livre, il m'a aussi mise souvent mal à l'aise, justement à cause de la distanciation dont parle clinchamps. Effectivement, ce n'est pas complaisant et on ne tombe pas dans le pathos, ce qui est une bonne chose, mais cela a eu peut-être un effet encore pire sur moi, en particulier à partir
- Spoiler:
de la mort de Magdalena et de son fils. Comme toi, clinchamps, la série de massacres qui suit m'a imposé une suite d'images horribles devant lesquelles j'étais impuissante. J'ai adoré le personnage du grand-père dès son apparition et étrangement, c'est à lui que je me suis le plus « rattachée émotionnellement » (si c'est possible de l'être dans une telle situation) dans cette dernière partie. Effectivement, Leemet commet les massacres de manière presque mécaniquement, parce qu'il faut le faire, là où j'ai eu la sensation que le grand-père y trouvait du plaisir (presque comme après une séance de sport), ou en tout cas ressentait encore quelque chose en commettant ces massacres et que c'était aussi pour lui l'occasion de passer du temps avec son petit-fils (une activité familiale). En tout cas, cette mise à distance a été de plus en plus dérangeante pour moi au cours du roman. J'ai eu la sensation d'être peu à peu anesthésiée. Alors que j'avais été très bouleversée par la mort de l'oncle, celles de Ints et des autres, et même de Hiie, m'ont presque paru être « la suite logique des choses ». Dès le début, Leemet nous parle constamment d'un monde qui disparaît et qu'il est le dernier, et le roman n'est que la réalisation que c'est effectivement le cas (et pas seulement pour la langue des serpents). Ce qui m'a semblé le plus douloureux, finalement, ce ne sont pas les morts successives, mais la sensation que plus le temps avançait, plus Leemet était seul et avait de moins en moins d'humains ou d'animaux auxquels parler, et que vouloir continuer à vivre dans la forêt le condamnait à la solitude. La découverte de la salamandre à la fin ne m'a pas trop étonnée. Dès que le jeune Leemet se lance dans sa quête (très longtemps infructueuse), j'étais à peu près sûre qu'elle réapparaîtrait d'une manière ou d'une autre, et que sûrement elle clôturerait le récit. Je ne m'attendais cependant pas à ce que ce soit avec tant de tristesse. Comme clinchamps, je me suis aussi interrogée sur le sens de cette salamandre et sa réalité, surtout qu'en se transformant en un tel ermite, errant dans la forêt, je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle entre Leemet et Ulgas dans les dernières années de sa vie (et tous deux commettent des massacres, sacrificiels ou non). Je suis d'accord avec toi Vavyala sur la différence faite entre les formes d'obscurantisme et la Salamandre, mais c'est vrai que je me suis tout de même posé la question.
C'est intéressant ce que tu dis sur - Spoiler:
le détachement de Leemet qui le rend presque inhumain en comparaison de son grand-père qui prend du plaisir. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle, mais je te rejoins sur le fait que le détachement de Leemet soit signifiant. Comme le lecteur est sonné par les disparitions de ses proches, il l'est et agit comme une mécanique à ce moment de l'histoire.
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