Les Rougon-Macquart : La curée

J'ai découvert Zola en première et j'ai lu la moitié des Rougon-Macquart. Depuis, je n'ai plus rien lu de lui. Il va falloir que je m'y remette.

Zola parle de conte de fée, il me semble, quand il parle de AU Bonheur des dames. Il y a aussi Le Rêve qui est construit sur un schéma de conte de fée.

C'est vrai que dans l'ensemble Zola est très sombre et ABDD est plein d'enthousiame. Je me souviens de la journée du blanc, Doddy !

Je ne sais pas si une relecture des romans que j'ai lu va me refaire aimer Zola. En fait je suis un peu dubitatif par rapport aux descriptions. En général je les aime bien. Je ne fais pas partie des gens qui sont allergiques à la moindre description mais je trouve que Zola ne maîtrise pas les descriptions techniques. Elles sont très longues et elles ne permettent pas de s'imaginer vraiment ce dont il est question. Par contre j'aime beaucoup ses descriptions de Paris dans La Curée notamment.

Ah cette Journée du Blanc ! On a l'impression d'être dedans quand on lit ce livre !!!

J'aime beaucoup les descriptions de Paris dans La Curée. Il faut dire que Zola traite des travaux haussmanniens et c'est un épisode qui me fascine (en bonne Parisienne que je suis )

Je ne sais pas si tu as lu Une page d'amour, mais les descriptions de Paris y sont très bien aussi.

Oui, j'ai lu Une page d'amour. Mais je ne me souviens pas des descriptions de Paris (même si je sais qu'elles sont du point de vue d'Hélène à différents moments du livre).

Je me souviens de celles de La Curée parce que je l'ai étudié pour le bac. C'est vrai que le thème des travaux d'Haussmann est passionnant. J'aime aussi le personnage de Renée et la façon cruelle dont Zola décrit sa vie. Elle voudrait être une Phèdre des temps modernes mais justement le XIXe siècle ne produit plus de tragédie mais de petits drames bourgeois.

Merci pour cette belle citation Fée Clochette, on reconnait bien Zola
Je pense que je vais me laisser tenter par La Curée, même si je compte tous les avoir lus un jour !

misshoneychurch a écrit:

Alors, petit rappel des faits : j'ai conclu un pacte avec Doddy il y a... longtemps Elle devait lire Maurice de Forster après avoir détesté les autres romans de l'auteur qu'elle avait lus, et moi redonner une chance à Zola avec Au bonheur des dames.

Vous ne pouvez pas savoir combien je suis surprise d'avoir adoré ce livre.

Et tu ne peux pas savoir à quel point j'ai été surprise d'avoir aimé Maurice de Forster
On devrait faire des pactes comme ça plus longtemps. Je suis vraiment très heureuse que ce roman t'ait plu. J'ai toujours pensé que c'est un petit bijou, ne serait-ce que pour les descriptions.

Peut-être que tu aimerais La Curée qui tourne notamment autour des spéculations immobilières au moment des travaux de Paris avec Haussman. Si tu es historienne, ça devrait te plaire, c'est fascinant de lire les descriptions du Paris changeant de cette époque. Et les personnages sont vraiment bien croqués aussi.

@Damien : je l'ai relu l'autre jour (il y a 6 semaines environ), et je me suis régalée

Ce pacte a donc été fructueux. Il faudrait en faire d'autres !

J'aime bien La Curée aussi. Quand je l'ai lu en première, je n'ai pas compris les intrigues autour de la spéculation. A la deuxième lecture, c'était déjà plus clair dans ma tête. Je me souviens avoir aimé Le Rêve aussi, et Pot Bouille était très bien.

Tu pourrais essayer Pot Bouille Misshoneychurch. C'est l'histoire d'Octave avant d'être le patron d'Au Bonheur des dames. Le roman raconte son arrivée à Paris et son ascension sociale en séduisant les différentes femmes d'un immeuble parisien.

Ton enthousiasme face à cette lecture fait plaisir à voir, Misshoneychurch, tu me donnes envie de relire le livre.

misshoneychurch a écrit:

Pour l'étudiante en Histoire que je suis, la description des transformations de Paris, du développement d'une économie nouvelle, et l'affrontement entre les petits commerce et les grands établissements ont été passionnants.

En lisant cette phrase je ne peux qu'appuyer Doddy et son conseil de lire La Curée.

Mon avis sur La curée?

J'ai adoré (Émile, je t'aime)(oui, j'ai bien réfléchi et j'en suis arrivée à cette conclusion, je kiffe cet auteur). N'est-ce pas étonnant?

Bon alors, La curée, de quoi ça parle?

Citation :

La curée désigne en vénerie la part de la dépouille animale que l'on réserve aux chiens après le trépas de la bête. C'est ici, dans ce deuxième tome des Rougon-Macquart, la ruée servile vers les richesses du Second Empire dont chacun veut sa part, dans une succession d'images saisissantes : une clique d'aventuriers attablés à la France et distribuant les miettes, Paris souillée, éventrée et bientôt vautrée, complice de sa fête, " l'orgie des appétits et des ambitions ", la satiété et l'inassouvissement, la double fièvre de l'or et de la chair

(mode ''je suis une feignasse'' résumé from Amazon)

Donc, ce roman, une fois n'est pas coutume, c'est du grand art.
Tu lis les premières lignes et paf, t'es dedans, c'est merveilleux et tu peux plus décrocher. Littéralement, j'étais vautrée entre René et Maxime, dans leur calèche, pendu à leurs lèvres et je voyais et ressentais tout ce qu'ils voyaient et ressentaient.
Je serais tentée de dire que ce roman ne raconte pas grand chose, mais quel souffle, quelle merveille, quelle écriture! Je crois que seul Zola est capable de décrire de cette façon la bassesse humaine de n'importe quelle couche de la société de son époque sans tomber dans la facilité et dans le glauque trop glauque.
Dans ce roman-ci, j'ai adoré également la description de ce monde, de ces spéculations (j'avais peur de périr d'ennui mais pas du tout), de la façon ignoble dont certains s'enrichissent, le personnage de Saccard et de sa sœur, j'ai adoré la description de ce Paris en pleine mutation (la période et les changements Haussmanien m'intéresse vivement, il va falloir que je me documente plus là-dessus), j'ai été enchanté par les innombrables (mais jamais ennuyeuses) descriptions des lieux et de vêtements (la mode y tient une grande place), je me suis attachée à cette idiote de Renée (ah! la fin, j'en avais les larmes aux yeux)(pourtant, ça n'était pas gagné parce que je la trouve bien trop superficielle et frivole mais elle a quand même quelque chose de fascinant et je ne suis pas loin de penser que c'est là un de ses personnages féminins les plus intéressants et les plus forts)(et elle m'a tellement fait penser à Emma Bovary, cette petite).
Puis, l'histoire est terrible et je comprends aisément que Zola ait eu de nombreux problèmes avec ce roman-ci à sa parution parce qu'il est quand même très, très, très malsain. Et ça m'a donné très envie de lire Phèdre pour découvrir ce mythe puisque l'histoire en reprend les grandes lignes.
J'ai lu je ne sais plus où aussi que ce roman faisait assez Balzacien... Est-ce vrai? Enfin, bref, je recommande encore une fois.
J'hésite vraiment pour mon prochain Zola (Nana ou Pot-Bouille) mais je sais juste que ma lecture ne saurait tarder.

Ce que j'aime lire tes impressions sur Zola, Séverine, c'est un vrai régal J'ai envie de me plonger illico dans La Curée. Ca ne saurait tarder .

La comparaison avec Balzac est intéressante. Je trouve en effet que les deux auteurs présentent des similitudes, en particulier dans leurs descriptions. Le style balzacien est plus poétique et celui de Zola plus terre-à-terre, et plusieurs décénnies séparent leurs romans, mais plongée comme je le suis actuellement dans Eugénie Grandet, il m'arrive de penser à Zola.

Tatiana, je m'apprêtais à écrire la même chose, mais tu m'as prise de vitesse
Merci Séverine pour ces avis si enthousiastes qui donnent envie de se remettre à Zola.
J'ai remis "Le Ventre de Paris" dans ma PAL depuis ton avis enthousiaste sur ce roman ! J'espère tenir mon engagement cette année

Merci d'avoir posté tes impressions Séverine, j'étais curieuse d'avoir ton avis car La curée est le seul Zola qui m'ait moyennement plu jusqu'ici (avec Le rêve). Je devais avoir seize ans quand je l'ai lu, j'aurais peut-être besoin de le relire dans quelques années. Je me rappelle avoir été assez fascinée par l'histoire de Renée (en classe pour mon premier commentaire composé nous avions travaillé sur la scène où elle se regarde dans le miroir, j'avais trouvé ça super intéressant) mais aussi un peu assomée par les considérations immobilières auxquelles je n'avais pas compris grand-chose... Quant au parallèle avec Phèdre maintenant que tu le dis ça me paraît évident mais je crois que je n'avais pas capté lors de ma lecture... Je t'encourage à lire cette pièce en tout cas, un chef d'oeuvre absolu.
Par contre j'ai du mal à comparer Zola et Balzac, peut-être parce que j'adore le premier alors que je n'ai toujours pas eu le déclic avec le second...

Pour ton prochain Zola, je te conseille Nana qui est un de mes préférés pour l'instant même si j'ai beaucoup aimé Pot-Bouille aussi !

Ton post est très enthousiaste Séverine! Ca me donnerait presque envie de relire La curée (je dis presque car il y a trop de livres à lire ) que je n'avais pas trop aimé, je crois en tout cas je n'en ai gardé aucun souvenir!

je n'ai pas lu Nana, mais Pot-Bouille c'est génial!

J'ai fini La Curée ce matin, et que dire ? Je pourrais presque recopier mot pour mot le post de Séverine. J'ai été happée par l'histoire dès les premières pages. Ou plutôt par le monde décrit par Zola parce que l'histoire en elle-même est belle - Renée, personnage aussi noir sinon plus que les autres, a l'étoffe d'une héroïne de tragédie et m'a inspiré de la pitié, ce n'est pas pour rien qu'il est question de Phèdre dans l'un ou l'autre chapitre - mais ce n'est pas ce que je retiens de plus beau.

Séverine a écrit:

Dans ce roman-ci, j'ai adoré également la description de ce monde, de ces spéculations (j'avais peur de périr d'ennui mais pas du tout), de la façon ignoble dont certains s'enrichissent, le personnage de Saccard et de sa sœur, j'ai adoré la description de ce Paris en pleine mutation

C'est exactement ce qui m'a fasciné. D'abord, la spéculation féroce qui sévit chez Saccard et d'autres, leur obsession de l'argent, ce désir jamais assouvi. Alors oui Zola n'est pas le seul à l'aborder, mais il a une manière de décrire les activités de ces messieurs qui à la fois retourne les tripes et laisse scotché au livre. On sent toute sa délectation à dénoncer les pratiques d'une société. Il en va de même avec la vie sociale, l'étalement de richesses et de plaisirs qui fascine et qui dégoûte. A côté de ces splendeurs se trouve une débauche terrible superbement décrite. Le Second Empire était connu pour ses superbes bals et ses réceptions, et j'ai eu l'impression d'être parmi les personnages, aux fêtes fastueuses de Renée, et de pouvoir admirer et tâter les robes resplendissantes des dames. Bref, c'était comme si je respirais parmi ces hommes et ces femmes d'un autre temps.

Après ma lecture j'ai parcouru l'étude qui suit le roman dans mon édition du Livre de Poche, ce qui s'est avéré très intéressant. J'y ai appris que Zola a commencé à l'écrire en mai 1870, mais qu'en raison des événements politiques des mois suivants, la guerre franco-prussienne et la chute de l'empire, il a abandonné son manuscrit pendant plusieurs mois et ne l'a repris qu'après l'établissement de la République. Le monde qu'il décrit est donc bel et bien terminé, mais Zola a eu des difficultés pour que son roman soit publié en feuilleton. La publication a été arrêtée rapidement parce que l'ouvrage était jugé trop obscène. Et en effet, j'ai rarement lu un roman aussi férocement cruel. J'ai été aussi surprise de lire que ce volet est le second des Rougon-Macquart après La Fortune des Rougon. Autant ce dernier m'a ennuyée, autant j'ai trouvé que Zola a frappé très fort avec celui-là.

Contente que ce roman rencontre autant de succès ici. C'est un de mes préférés de Zola. Vous avez très bien décrit le souffle qui le caractérise, Séverine et Tatiana.

Voici mon avis sur La Curée   :

Je poursuis ma lecture des Rougon-Macquart, avec ma découverte de La Curée.

J'aime toujours autant le style de Zola, qui relate dans cette oeuvre, les constructions et destructions dont Paris est victime sous le Second Empire, à travers le regard d'un personnage féminin, Renée. Après avoir été violée, celle-ci épouse Aristide Rougon, devenu Saccard, qui entreprend de s'enrichir en s'engageant dans un domaine important à l'époque : la spéculation... C'est l'occasion pour Zola de dénoncer le régime de Napoléon III, et, bien évidemment, la bourgeoisie. En effet, Renée, désormais admirée par tous les grands personnages du régime, et qui multiplie les amants, n'est pas heureuse...Hélas, ce qu'elle désire n'est autre que l'amour de son beau-fils, Maxime, qui, après avoir cédé à ses caprices, finit par se lasser de cette liaison. A partir de là, nous suivons la chute de Renée, humiliée, usée et isolée, qui finit tragiquement...


Zola est un auteur que j'admire particulièrement, surtout parce qu'il a le don de fasciner son lecteur, à travers des personnages pourtant si communs, mais qui, sous sa plume, deviennent exceptionnels.  
Je vais donc continuer cette fresque avec Le Ventre de Paris, qui, j'en suis sûre, me plaira !

A lire !!  

Satine, n'ayant pas particulièrement aimé La Curée, je n'ose te faire un résumé, de peur de te dégoutter inutilement (bon, je n'ai pas détesté non plus, mais je ne trouve pas Zola très "juste" avec son héroïne. Je m'aperçois qu'en fait, les deux romans que j'ai préféré de lui sont ceux avec des héroïnes vues plus "positivement".)

Et je voulais te remercier, Selenh, pour tes liens !  ça a l'air d'être une mine C'est fou comme je n'ai pas encore tous les réflexes pour rechercher les ressources sur internet Je n'avais même pas imaginé que ces carnets pouvaient être en ligne !

Puisqu'on est en mode lobbying j'en profite pour dire un mot de Germinal, sans doute un des Zola les plus sombres mais celui qui m'a le plus marqué. Si tu as envie de lire des Zola différents, entre celui-ci et ABDD tu seras servie . La description criante du monde des mineurs face à celui de leurs employés est sublime.

Pour en revenir à ta question d'origine sur La Curée, je dirais en quelques mots que c'est l'histoire d'un homme de finances ou spéculateur dans le Paris d'avant Haussmann de Napoléon III et de sa très libre épouse Renée. Zola y décrit le luxe de la haute bourgeoisie et les relations pour le moins ambiguës entre Renée et son beau-fils Maxime. Résumé trop court, mais qui te donne une petite idée. Ce n'est pas mon Zola préféré bien qu'il soit très réussi.

Je ne vais pas t'être d'une grande aide, parce que de ceux que tu cites, je n'ai lu que la Curée, et je ne l'ai pas beaucoup aimé... (en particulier à cause du personnage féminin principal) Mais c'est un avis très personnel, et, d'ailleurs, peu partagé sur ce topic, je crois

La curée est un de ceux que je n'ai pas lus. Pour le rêve ou une page d'amour, ils m'ont prodigieusement ennuyée... mais c'était il y a des décennies, alors... Moi, je tenterais "la curée".

Parmi ceux que tu cites, je n'ai lu que La Curée et je n'en garde pas un mauvais souvenir.

Petit Faucon a écrit:

je trouve que Zola est mauvais dans le rose-bonbon.

Il est même très mauvais. Je n'ai pas lu une page d'amour, mais s'il est du même tonneau que le Rève, c'est à lire purement par curiosité.

Parmi ceux de ta liste Annwvyn je n'ai lu que La Curée et Son excellence Eugène Rougon, tous les deux sont très bien. Le premier est particulièrement noir (effectivement, le personnage principal féminin n'a rien de sympathique) et le second plus politique, plus historique aussi me semble-t-il. (Cela dit, si jamais Germinal te tentes, c'est du excellent Zola - oui j'ai un faible pour ce roman ).