Les Rougon-Macquart : Le ventre de Paris

Je viens de finir Le ventre de Paris, et même si ce n'est pas un de mes Zola préférés parmi ceux que j'ai lu, j'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé toutefois le livre assez dur; à part Florent et Claude Lantier (et la femme qui "ramasse" Florent au début, Mme François), il n'y a aucun personnage à sauver. Ils sont tous lâches ou calculateurs, médisants et malveillants. Zola nous dépeint ici la nature humaine dans ses aspects les moins glorieux... Et le personnage de Lisa m'a vraiment dérangée, son "honnêté" qui n'est en fait qu'un moyen de se protéger et de se conserver dans son univers confortable. Le monde des Halles est parfaitement décrit; comme toujours avec Zola, on a l'impression de s'immerger complètement dans l'univers qu'il décrit. Mais j'avoue que certaines descriptions (de légumes, de poissons ou de fromages ) m'ont ennuyée par moments. J'ai bien aimé donc, mais je me suis quand même parfois sentie mal à l'aise parmi cette galerie de personnages plutôt sordides^^

Me voilà dans ce sujet pour parler de ma lecture du Ventre de Paris. Lecture que j'ai grandement apprécié, à ma plus grande surprise.

Il faut quand même que je précise que j'ai toujours eu énormément de mal avec Zola. J'ai du lire L'Assommoir pour le lycée et honnêtement, ça m'a dégouté de lui. L'un des thèmes, celui de l'alcoolisme, très parlant pour moi, toute cette misère, toute cette noirceur... C'était trop pour moi.

Ensuite, j'ai du me farcir lire Germinal (à nouveau pour les cours)(je ne sais pas ce que les profs avaient à ce moment-là pour cet auteur). Bon, je dois l'avouer, ce ne fut tout de même pas aussi dur que L'Assommoir et je crois même pouvoir dire que je l'ai bien apprécié ce roman.

Puis on m'a dit : ''Lis Au bonheur des Dames, tu ne pourras pas ne pas aimer, ce roman est formidable et tellement différent de tout ce qu'Émile a pu écrire auparavant...'' J'ai dit OK (maso, la fille) et depuis, ABDD est de ces romans que je prends un immense plaisir à lire et relire à l'infini. Quelle formidable histoire, quels descriptions fantastiques du Paris de l'époque, de ce magasin, des journées à thèmes (celle de la journée du blanc m'avait marqué, la puissance évocatrice de la plume de Zola prend tout son sens lors de ce passage. Qui ne s'est pas retrouvé enseveli sous des tonnes et des tonnes de tissu blanc en lisant ce passage?). Et Denise. Et Octave. Ah Octave !!!! Leur si belle histoire d'amour.

Bref, Zola et moi, malgré tout, c'était pas gagné. Puis en me baladant sur différents blogs de lectures, j'ai pu lire des billets fort intéressants sur Zola, un peu remis à l'honneur ces derniers temps et j'ai eu envie de retenter.

Je ne sais pas pourquoi j'ai eu envie de commencer par Le ventre de Paris. Je crois que c'est parce que je n'avais pas les deux précédents des Rougon-Macquart...

Et franchement, j'ai beaucoup aimé. L'histoire est simple. Florent revient à Paris après s'être évadé du bagne à Cayenne. Il retrouve son frère, qui s'est marié avec Lisa Macquart (la sœur de la Gervaise de mon pire cauchemar L'Assommoir) et ils tiennent tous deux une charcuterie dans le quartier des Halles (on y croise aussi Claude Lantier, qui sera le héros de L'Œuvre et Pauline Quenu, la fille de Lisa et Quenu, qui, elle, sera l'héroïne de La Joie de vivre). La famille l'héberge, lui cherche une place et l'intègre à leur environnement. Du moins essaye...
Ce roman est d'abord une assez impressionnante et une non moins formidable évocation des Halles (Le ventre de Paris, belle métaphore, je trouve). Tout dedans, les descriptions de nourritures sont absolument généreuses et puissamment évocatrices. J'ai eu souvent faim durant ma lecture, encore plus parce que j'arrivais à m'imaginer aussi le goût de tous les aliments que Zola prend le soin de décrire et franchement, c'était autant agréable qu'une véritable torture pour un estomac vide.
J'ai aussi aimé cette confrontation des gros et des maigres, cette évocation des rivalités, des commérages (formidablement rendu par le personnage de Mademoiselle Saget, notamment) et de comment cela peut détruire des amitiés, des gens, une réputation... Quand la machine se met en marche, il est réellement très difficile de l'arrêter... Cette histoire, c'est donc l'arrivée de Florent dans les Halles, cette grosse machine qui l'avale, le digère puis le recrache purement et simplement, broyé, détruit.

Un excellent livre que je vous conseille vivement. Et donc une excellente surprise.

Je ne sais pas encore quel sera mon prochain Zola. Je possède maintenant La fortune des Rougon et La Curée, les deux premiers Rougon-Macquart. Mais j'avoue qu'actuellement, c'est La bête humaine qui me fait le plus envie. Ainsi que L'Assommoir a qui j'ai très envie de redonner une seconde chance.
Mon projet assez récent étant de tous les lire. Pas forcément dans l'ordre mais de tous les lire. Et si j'arrive à la retraite, je les relirais dans l'ordre.

Contente de voir que Zola finit par te plaire, Séverine. Un de mes préférés (pour l'instant, je suis loin d'avoir tout lu^^) est Nana.

Merci de ton avis sur Le Ventre de Paris, Séverine. L'avis d'Esperluette m'avait déjà interpellée, il va vraiment falloir que je mette ce roman sur ma PAL.

Je ne parle pas encore d'ABDD, qui est mon roman préféré et pas non plus d'Octave sinon on en a pour des heures , mais un autre roman que j'ai bien aimé et qui est différent, est La faute de l'abbé Mouret. Pot Bouille est très prenant aussi, mais pour le coup, c'est bien du Zola bien pesant.

La Fortune des Rougon par contre, c'est un peu ennuyeux (disons que ça parle surtout de politique, alors ... )

J'ai lu ta critique SEVERINE et j'ai beaucoup rigolé quand tu évoquais les aliments et la sensation de faim que tu éprouvais J'ai rigolé car j'ai vécu la même chose en le lisant.
Le ventre de Paris est l'un de mes préférés. J'ai découvert Zola à l'âge de 15ans. Hey, les filles je vous défends de regarder mon âge! Je vous vois déjà entrain de calculer Je disais donc que j''avais 15ans et ma famille connaissant quelques petits ennuis financiers, je partais rarement en vacances. On m'a envoyé chez des cousins en province. Ils avaient une grande bibliothèque et toute la collection de ZOLA. J'ai pris "La joie de vivre" et c'était une histoire d'amour qui commençait avec Zola (qui m'a laissée tomber pour une ....). J'ai presque tout lu de Zola. Pas dans l'ordre malheureusement. Comme beaucoup d'entre vous, j'ai adoré "Au bonheur des dames"! . Ce qui me plait toujours chez Zola c'est sa description de Paris et toutes les transformations subies avec l'apparition de la nlle bourgeoisie etc...Pour revenir au "Ventre de Paris", je ne me souviens pas de tout car je l'ai relu il y a 3 ou 4 ans mais j'avais envie de donner une paire de claques à Claude à chaque fois qu'il commençait et détruisait son travail! Je désespérais de le voir achever quelque chose Je ne sais pour quelle raison, j'ai assimilé le sort de Florent à K le héros du "procès" de Kafka. Peut-être en raison de l'absurdité de ce qu'il a vécu et la scène ou il se fait choper à nouveau! Ça reste assez vague dans ma tête. En tout cas Séverine, tu m'as donné envie de le relire! Faut que je termine tout le bazar que j'ai commencé d'abord!

Je viens de boucler le ventre de Paris, et mon avis demeure mitigé.
Ce Zola là, ne va pas me laisser un grand souvenir.

En règle général, j'apprécie assez peu les descriptions, et là je dois dire que l'on est plus que servi, c'est l'overdose: description des étales de fruits et légumes,
, description des étales, de fromages, et le clou du spectacle la poissonnerie et la charcuterie. Les halles constituent le personnage principal du roman, et l'intrigue se cantonne très longtemps en sa description.

L'histoire est assez simple finalement, par comparaison à d'autres Zola.
Schéma que l'on retrouve dans d'autres roman, comme l'Assomoir, avec ascension, puis descente jusqu'à la chute finale, du personnage principal.
Tout est basé dans la micro société des commerçants de bouche , des halles, donc une population sans difficulté financière, et qui tient à préserver ses avantages.
Le grain de sable provient de notre héros principal, qui débarque dans ce milieu , et fomente le projet de renverser le pouvoir politique en place.
Il devra sa chute à l'ensemble des halles , qui le dénonce, pour se préserver.
La dernière phrase est magnifique : " quels gredins que les honnêtes gens ! "

Pour moi, ce n'est pas le meilleur des Zola, mais bon, je le retire de ma liste :" À lire "

Merci zoju pour ton avis sur Le ventre de Paris, j'aurais pu écrire le même ! (D'ailleurs je dois l'avoir déjà fait quelques pages avant dans ce topic ^^). J'avoue que ce roman ne restera pas non plus dans la liste de mes Zola préférés, les interminables descriptions des Halles ayant eu raison de ma concentration (et pourtant, j'aime beaucoup ses paragraphes descriptifs empruntant beaucoup au vocabulaire de la peinture en général et de l'impressionisme en particulier, mais là c'était vraiment trop )

zoju a écrit:

là je dois dire que l'on est plus que servi, c'est l'overdose: description des étales  de fruits et légumes,
, description des étales, de fromages, et le clou du spectacle la poissonnerie et la charcuterie.  Les halles constituent le personnage principal du roman, et l'intrigue se cantonne très longtemps en sa description.

Si je me souviens bien, ce qui m'avait le plus gênée (outre les interminables descriptions des produits des Halles), étaient les comparaisons assez invraisemblables entre les marchandes et leurs produits, comme si la poissonnière devait nécessairement ressembler à ses truites et la charcutière à ses rôtis..

Exact, Fauvette, tu avais donné ton avis, et je l'avais lu. 
En remontant le topic, j'avais remarqué que le ventre de Paris , avait peu de défenseurs. 

Si j'en crois les précédents messages, ce n'est pas la peine non plus de s'acharner sur la faute de l'abbé MOurret . 
J'aimerais beaucoup relire , la terre,  que j'avais lu en période bac de français, donc un bail de ça. 

zoju a écrit:

Si j'en crois les précédents messages, ce n'est pas la peine non plus de s'acharner sur la faute de l'abbé MOurret . 

Bah, ne te fie pas au mien, je n'ai pas aimé la faute... mais je suis l'une des rares à défendre le Ventre de Paris (dont j'aime beaucoup les descriptions d'étals, de marchandises, de trafics en tous genres... et j'avoue que je ne me souviens plus précisément des charcutiers ni des poissonniers)...

C'est le cœur du roman: la lutte entre la poissonnière et la charcutière 

Je voulais dire que je ne me souvenais plus que les poissonniers ressemblaient à des poissons et les charcutiers à des cochons . De toutes façons c'est le personnage des Halles qui m'a le plus marquée, comme c'est le grand magasin lui-même qui m'a marquée dans Au bonheur des dames.
J'ai toujours regretté de n'avoir pas connu cette ambiance, même si on pouvait en avoir un petit aperçu (tout petit) du temps où la halle des capucins fonctionnait encore sur le demi-gros à Bordeaux, avant le que le MIN ne prenne définitivement le dessus.

Et voilà, j'ai terminé Le Ventre de Paris.

Et j'ai bien aimé. Ce n'est pas devenu mon Zola préféré, mais cela m'a plu de découvrir ce monde des Halles, les boutiques et les étalages...Les descriptions ne me dérangent pas forcément (même si là, je reconnais que cela faisait vraiment beaucoup ) et je me suis amusée à visualiser la charcuterie (même si Zola a une sorte de tic de langage avec les couleurs "tendres" : les roses sont toujours tendres et au bout d'un moment, ça devient un peu lourd ), à essayer de reconnaître les fromages (et je les connaissais presque tous, ouf !), et idem pour les autres étalages.
J'ai aussi bien aimé au début, lorsque Florent est perdu au milieu des Halles, qu'il meurt de faim et qu'il n'arrive pas à se sortir de ce "monstre"..., ainsi que l'escapade à Nanterre, avec le potager si pittoresque, surtout avec le point de vue de Claude Lantier !

Après, du point de vue de l'intrigue, je suis d'accord qu'elle est bien faible, et les personnages un peu falots, surtout et y compris Florent. Le seul que j'ai bien aimé, c'est Claude Lantier, le peintre. Il est rigolo, parfois un peu ridicule, mais il sort du lot. Il peint "parce que ça le chatouille", moi, ça m'a fait rire ! Et si j'ai bien compris, cela tombe assez bien, puisque c'est le héros de l'Oeuvre ! C'est bien cela ? Ce sera donc sans doute mon prochain Zola...Mais pas tout de suite, sinon, je ne l'apprécierais pas  

Ah, et l'une de vous a cité la dernière phrase du roman, que je trouve particulièrement réussie, et un très bon résumé de l'ensemble du livre !

J'ai terminé ma lecture du Ventre de Paris et je ne pense pas qu'il me laissera un grand souvenir...
Les descriptions m'ont passablement ennuyée (sur la fin, je dois avouer avoir sauter allégrement certains passages ), et aucun personnage n'est suffisamment intéressant pour relever le tout.
Mais bon, je suis contente de l'avoir lu, ça me fait avancer dans ma découverte des Rougon-Macquart

C'est un de ceux que je n'ai pas lus...

Moi je l'ai lu au lycée, et je me souviens avoir ressenti une espèce de fascination/répulsion pour les descriptions de nourriture ; du coup ce bouquin m'a marquée 

Petit Faucon a écrit:

Moi je l'ai lu au lycée, et je me souviens avoir ressenti une espèce de fascination/répulsion pour les descriptions de nourriture ; du coup ce bouquin m'a marquée 

C'est l'effet que m'a fait la description de la première journée du blanc dans "au bonheur des dames" !!! J'avais des vertiges et des visions de rideaux, voilages, draps etc tournoyants !!!

clinchamps a écrit:

C'est un de ceux que je n'ai pas lus...

Et d'ailleurs, cela me bloque pour poursuivre les Rougon-Macquart

Merci pour ton avis, Ju !

Oui, merci pour ton avis, Ju Cela me fait penser que cela fait longtemps que je n'ai pas lu de Zola, il faudrait que je les fasse remonter dans ma pàl