Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Un peu de philo ? | |
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Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 11 Aoû 2015 - 22:06 | |
| - Winter a écrit:
Les enfants. Là ça se corse, parce qu'on est tous des enfants, nous autres adultes. Que sommes nous vraiment à part le projet d'une ou deux personnes, dans le meilleur des cas? Ce que nous sommes, à qui ou à quoi le devons-nous en réalité? Qu'est ce qui m'appartient vraiment dans mes choix, dans ma culture, dans mes orientations? C'est cela qui fait peur? des enfants d'homos eux m^mes homos, par mimétisme? Un enfant ça reproduit, tout le monde sait ça. Ne suis-je hétéro que parce que j'ai été élevé par de hétéros, eux mêmes... Parce que c'est grave d'être homo? Bon c'est jamais confort de faire parti d'un minorité... encore qu'on appartienne tous plus ou moins à une minorité, non? Parce que je n'arrive pas à comprendre quel droit est accordé/refusé aux uns et pas aux autres...
Sur la question du mimétisme, je crois pouvoir te rassurer. A l'adolescence, ce qui est important, c'est d'être comme tout le monde (sous-entendu, les autres ados). Dans de nombreux témoignage d'homos, ceci revient d'ailleurs : "je sortais avec une fille pour faire comme les copains". Hormis pour une faible part qui se déclare l'avoir toujours su, pour une majorité, il/elle sentait bien qu'il y avait un truc pas comme chez les autres, mais sans faire le lien avec leur homosexualité et ils se comportaient donc comme les autres ados. Outre la discrimination sur base des liens juridiques parents-enfants, ça va plus se manifester par ne pas être invité au goûter d'anniversaire, ou plutôt que certains parents ne laissent pas leurs enfants participer au goûter organisé dans une maison où il y a 2 hommes ou 2 femmes. - Winter a écrit:
- De grands hommes et femmes ont fait parfois avancer la société qui ne se pensait à tord (la preuve ils/elles ont réussi) pas prête. Il en va de m^m en science ou en art. Mais je persiste, c'est le plus souvent le contraire qui se passe et c'est le plus souvent la société qui tracte ses scientifiques, ses artistes et ses politiques. Mais ce n'est qu'un point de vue, le mien.
Je suis assez d'accord. Les grandes avancées scientifiques du début du 20ème siècle se sont passées au moment même où le dadaïsme était inventé (dadaïsme, 1916, relativité générale, 1915). La relativité restreinte publiée en 1905 par Einstein était déjà contenue dans les équations de Maxwell publiées en 1865 mais il a fallu un jeune blanc-bec pour oser le faire et aussi pour oser sortir du carcan bien ordonné qu'était la physique à la fin du 19ème siècle. - Winter a écrit:
- Personne ne demande d'autorisation pour faire un enfant, sauf éventuellement au compagnon qui va devoir l'assumer aussi. Personne ne demande à une femme, (car ce sont bien elles qui sont à la manoeuvre pour une fois), pourquoi? où ? comment?? Chacune de nous, de nos jours, fait ce qu'elle veut: procréer ou pas.
Oui et non ... tu es peut être moins libre que ce que tu n'imagines. Certes, tu vas pouvoir concevoir mais étudions exactement ce qu'il se passe à la naissance. Pour déclarer l'enfant, il faut (je viens de vérifier) un acte délivré par un médecin ou une sage femme. Ces professionnels vont évidemment jauger de l'individu qu'ils ont en face d'eux. En cas de doute sur les capacités de la mère à assumer, ils ne resteront pas les bras croisés. En Belgique, c'est même "pire", tu as d'officie la visite (souvent surprise) d'une conseillère de l'office national de l'enfance (ONE) à domicile. Je t'invite à lire ces témoignages à ce sujet : http://forum.doctissimo.fr/grossesse-bebe/mamans-belgique/visite-one-domicile-sujet_4235_1.htmJ'ai été animateur de mouvement de jeunesse et nous soumettions chaque année un dossier à l'ONE pour obtenir un petit subside. Se faisant nous acceptions la visite d'une conseillère ONE. Je me souviens d'une de leur visite, quand j'étais intendant (cuistôt) et j'ai trouvé leurs questions et leurs conseils avisés. En plus, elle est arrivée en pleine bataille d'eau gigantesque (les bassines et les seaux volaient) et l'intendance était littéralement sous eaux. Elle nous a par exemple demandé depuis quand nous avions fait une "cuti" (nom en Belgique pour un dépistage de la tuberculose). Elle a aussi mesuré la température dans les frigos mis à disposition par le propriétaire du lieu de camp, etc. Evidemment, c'est un bon moyen pour voir l'hygiène générale du camp, mais j'ai trouvé ça tout à fait normal. Tout comme je ne trouve pas anormal ces visites ONE chez les jeunes parents. Ces contrôles n'ont qu'un seul but, s'assurer du bien être de l'enfant (aller, j'ose l'écrire) et de veiller à ses droits. - Winter a écrit:
Parfois je me dis que les gens sont ainsi. Ils ne vous empêche pas de faire ceci ou cela, mais uniquement parce qu'ils n'en n'ont pas le pouvoir. Faudrait pas les pousser beaucoup.
L'Etat n'est pas là pour décider qui est apte ou pas et s'il le fait alors il doit le faire pour tous; homos, hétéros. Le corps médical a d'autres leviers/connaissances qui lui permettent d'évaluer tel ou telle couple/personne dans la démarche. L'Etat s'occupera de l'enfant vivant qui viendra, comme il s'occupe des autres. Mais je suis d'accord avec toi, il est si facile de tomber enceinte pour celles qui sont fertiles. En regard, le parcours du combattant que cela représente pour les coupes qui ont des difficultés, voir à l'extrême, les conditions pour adopter sont parfois exagérées. Mais pour moi la réponse n'est pas moins d'état, mais mieux d'état. Et comme je l'ai bien montré, ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas. |
| | | Winter Ready for a strike!
Nombre de messages : 1323 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 11 Aoû 2015 - 23:08 | |
| - Sethy a écrit:
- Outre la discrimination sur base des liens juridiques parents-enfants, ça va plus se manifester par ne pas être invité au goûter d'anniversaire, ou plutôt que certains parents ne laissent pas leurs enfants participer au goûter organisé dans une maison où il y a 2 hommes ou 2 femmes.
A moi de te rassurer Sethy, point n'est besoin d'être issu d'une famille homo pour ne pas être invité aux anniversaire! - Sethy a écrit:
- Oui et non ... tu es peut être moins libre que ce que tu n'imagines. Certes, tu vas pouvoir concevoir mais étudions exactement ce qu'il se passe à la naissance. Pour déclarer l'enfant, il faut (je viens de vérifier) un acte délivré par un médecin ou une sage femme. ...En Belgique, c'est même "pire", tu as d'officie la visite (souvent surprise) d'une conseillère de l'office national de l'enfance (ONE) à domicile. Je t'invite à lire ces témoignages à ce sujet
Le truc c'est que tu as tendance à extrapoler. Ce que je dis c'est que aujourd'hui en tout cas et dans un % élevé de cas une femme ne demande la permission de concevoir à personne. Après la naissance, que cet être humain reconnu comme tel nécessite des démarches précises, des surveillance pro, bien sur. Mais mon propos se situait avant. - Citation :
- J'ai été animateur de mouvement de jeunesse et nous soumettions chaque année un dossier à l'ONE pour obtenir un petit subside. Se faisant nous acceptions la visite d'une conseillère ONE....
C'est exactement ce que je disais. On fait en général ce que l'on veut dans les limites de nos règlementations, mais dès l'instant où on demande à l'Etat/société un regard particulier ou un effort financier il se met à demander des comptes... on est d'accord.. - Citation :
- Mais je suis d'accord avec toi, il est si facile de tomber enceinte pour celles qui sont fertiles. En regard, le parcours du combattant que cela représente pour les coupes qui ont des difficultés, voir à l'extrême, les conditions pour adopter sont parfois exagérées.
Là encore je te rejoins "Il est si facile de garder la ligne quand on a un tube digestif de canard. En regard, le parcours du combattant que cela représente pour celles qui optimisent la moindre calories..."On peut décliner cela à l'infini, avec tous les possibles et les impossibles de chacun de nous, filles ou garçons...la vie quoi, avec ses chances et ses vacheries... Pourquoi une vacherie devrait -elle primer sur une autre? Au nom de quoi? |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 1:43 | |
| @ Sethy:
Je t'avoue que j'éprouve certaines difficultés à saisir la cohérence d'un argumentaire que tu sembles développer au coup par coup, sans tenir compte des propos précédemment tenus. - Citation :
- De me faire ma propre opinion sur le sujet, ni plus, ni moins.
Précisément, Sethy. Si tu estimais devoir te faire une opinion sur ce que tu qualifies ici de "sujet", c'est bien parce que la parentalité homosexuelle constituait pour toi une question politique sur laquelle il fallait se forger une opinion propre, au regard de la morale et de la Loi. À titre de contre-exemple, si tu voyais ton voisin quitter sa maison en patins à roulettes tous les matins, il y a fort à parier que tu ne l'interrogerais pas sur le pourquoi du comment de cette habitude peu banale, celle-ci relevant d'une pratique totalement privée, sans rapport avec l'éthique ou la sphère politique. En revanche, si l'homoparentalité semble t'avoir interpelé, c'est parce qu'elle tombe dans le domaine de la res publica, constituant par là un sujet de réflexion susceptible d'interroger tous les citoyens.
Tu ne peux pas, dans un même temps, concevoir l'homoparentalité comme une chose publique exigeant l'intervention de l'Etat et, par ailleurs, soutenir l'idée selon laquelle tu aurais engagé le dialogue avec des parents homosexuels comme on va à la cueillette aux champignons, pour le simple plaisir d'une causerie sous une tonnelle ombragée, un beau jour de printemps. Soit tu nous as relaté cet épisode bien particulier pour attester d'une volonté de connaissance sincère quant à un thème relevant de la sphère éthico-politique, soit tu as pris le café avec deux copines sympathiques et les conversations dont tu fais état n'ont aucune place dans notre discussion.
À titre de rappel, j'attire ton attention sur le fait que la manière dont tu introduis et commentes toi-même la relation de ces entretiens situe clairement les questions de l'homoparentalité et du Droit des enfants dans le domaine éthico-politique, lequel appelle nécessairement évaluation et jugement - dans les sens les plus techniques du terme. - Sethy a écrit:
- Tout d'abord, la question des enfants et de leurs droits, tout particulièrement en ce qui concerne l'homoparentalité m'a longtemps posé question. J'ai dès lors fait, ce qu'il fallait pour obtenir des réponses. Il y a une dizaine d'années, je suis entré en contact avec des parents homos. Peu importe la manière, mais j'ai croisé plusieurs couples. Certains pour lesquels il s'agissait d'un "remariage" (j'entends par la, une femme qui se découvre gays après avoir eu un enfant et qui se sépare de son mari / compagnon pour se mettre en ménage avec une autre femme), d'autres pour lesquels le choix s'est opéré alors qu'elles étaient déjà en couple.
(...)
C'est, je crois, la seule manière d'agir quand on veut se former une opinion sur un sujet éthique : se renseigner, l'étudier, y réfléchir. Il y a ceux que ça intéresse et ceux que ça n'intéresse pas. Je ne blâme pas ces derniers, c'est leur choix. Mais tout qui fait ce travail dégage son opinion sur la question. Il peut dès lors la défendre, l'expliquer, et pourquoi pas être amené à trancher. C'est un peu le rôle qu'ont des jurés à un procès. Je ne sais pas si tu saisis bien la portée de ce que tu écris? - Citation :
- Sur quelle question nos élus sont-ils amenés à éventuellement intervenir ?
Nous héritons d'une situation donné dans laquelle, il y a une institution, le mariage qui est défini comme l'union d'un homme et d'une femme en vue d'avoir des enfants. D'ailleurs les causes de nullités sont (ou étaient) intéressantes : non consommation du mariage, interdiction entre proches parents, ...
La réalité des homosexuels était au mieux nié, au pire condamnée. Se faisant, cela fait d'eux des citoyens de second ordre, ouvrant la porte à toute une série d'hypocrisie (comme l'histoire de Monsieur et de Lully) ou a des situations plus immédiatement dramatique (mort d'un des deux conjoints, filiation, parentés, héritage).
Ca c'est la situation initiale. Elle est le résultat d'un long processus, qui a banni la polygamie, et consacré l'hétéroparentalité.
Il y a trois options pour nos élus : - on continue dans l'hypocrisie, - on en revient à l'interdiction, - on évalue le bien fondé de modifier la loi.
Y a-t-il pour cela une volonté de juger les homosexuels ? Je ne crois pas, au contraire même. Au fond, c'est plutôt l'inverse. Le jugement a eu lieu dans le passé et la question est de savoir s'il est préférable d'intervenir et de modifier ce jugement du passé ou au contraire de ne pas le faire. Fort bien. Dans ce cas, je dois comprendre que, partiellement au moins, tu délègues à la Législation de ton pays le devoir de raisonnement, considérant de ce fait que les coutumes déjà entérinées par l'Etat, à l'instar du mariage hétérosexuel, n'exigent en elles mêmes ni interrogation, ni révision. Ainsi, tu t'es interrogé sur le mariage et la parentalité homosexuels dans la mesure où les élus ne leur avaient pas encore fait droit. C'est bien ça?
Si oui, je dois dire que, jusqu'à présent, je n'avais pas saisi la dimension profondément légaliste de ton éthique. - Citation :
- Non.
Les questions que je me posais sont personnelles. Les réponses que j'ai eue et l'opinion qui en est découlée l'est tout autant.
Je n'ai pas donné mon avis sur la question dans cette discussion, et je ne compte pas le faire. Très bien.
Mais alors, Sethy, je suis au regret de t'informer que si ces questions portaient sur un plan purement personnel et si tu n'entendais pas en faire profiter l'actuelle discussion, il était parfaitement injustifié d'en faire mention afin de légitimer tes vues quant au Mariage pour Tous ou à la G.P.A. Comme je l'ai écrit plus haut, soit tes interrogations appartiennent à la sphère purement privée - assouvissant ainsi une simple curiosité personnelle - et tu n'as donc aucune raison de les mentionner en ce lieu, soit elles relèvent réellement de la sphère éthico-politique qui nous occupe et tu devrais alors pouvoir en user de sorte que nous saisissions tous comment s'est construite ton actuelle opinion. Je te rappelle du reste que c'est toi qui as introduit cet épisode sous forme d'argument, suggérant qu'il revêtait une place légitime au sein de la démonstration plus générale que tu as engagée sur les points susmentionnés.
Encore une fois, tu ne peux pas jouer sur les deux tableaux en imposant ces conversations comme le gage d'une légitimité intellectuelle tout en te retranchant dans un même temps derrière la frontière de l'intimité.
Je vais te reposer une dernière fois la question qui m'interpelle vraiment dans cette affaire et, ensuite, à la grâce de Dieu: sans rien me dévoiler du contenu desdits échanges, peux-tu me dire pourquoi, dans l'économie de ta réponse et de ton argumentation, tu as pris le temps de me préciser que, dans un souci d'information sincère, tu avais eu soin d'entrer en contact avec des parents homosexuels pour leur poser des questions sur leur rapport à la parentalité? Pourquoi, dans le contexte d'un débat traitant essentiellement de la nature du Droit de l'enfant au regard de la G.P.A., as-tu consacré le premier temps d'une réponse tripartite à la mention de ces discussions-là?
Pourrais-tu, s'il te plaît, répondre à cette simple question? - Citation :
- Peut être, mais ce n'est en rien lié avec ce que j'ai écrit.
Dans mon esprit, le lien réside dans le fait qu'à l'instar de tous ceux qui en appellent aux Droits de l'enfant au sein de ce débat, tu te cantonnes, et c'est déjà beaucoup, à récolter l'avis des adultes concernés. Dans les affaires, ce ne sont pas les enfants qui t'intéressent mais la conception que les adultes nourrissent à leur endroit, à commencer par les parents homosexuels. À commencer par les élus. À commencer par toi-même.
La conception que nous avons des enfants ne se peut superposer à l'enfant lui-même et aussi longtemps que nous nous contenterons d'alimenter nos vues adultes en soi, il sera excessif que nous nous réclamions du Droit des enfants. - Citation :
- Je n'ai pas reproché ça à Winter.
Je crois sincèrement que l'un des problèmes majeurs de la présente discussion provient de l'écart vraisemblablement important qui réside entre ce que tu écris et ce que tu crois avoir écrit. Ou, autrement dit, entre ce que tu penses et ce que tu écris. Je ne peux que t'inviter à te relire attentivement. - Citation :
- Pour moi, si.
J'avais saisi. - Citation :
- Je pense effectivement que l'avis d'une centaine de personnes, représentant des grands courants de la société, est après réflexion, plus abouti que l'avis d'une seule personne. Et ce sans compter les mécanismes de correction et la possibilité d'auditionner des spécialistes.
Là encore, nous divergeons fortement: ce qui importe, pour moi, au sein d'un processus décisionnel, c'est le degré de rationalité et la qualité des arguments irriguant la réflexion. Et en la matière, pour autant que je sache, le nombre ne fait rien à l'affaire. Il n'existe aucun rapport ontologique entre le nombre de personnes impliquées dans une votation politique et la qualité intrinsèque du résultat - pour autant que l'on puisse en juger de manière objective. - Citation :
- Quelle alternative proposes-tu ?
J'aimerais te poser une question de fonds, Sethy. Est-il selon toi permis de constater une réalité peu satisfaisante, voire d'exprimer une critique pointue quant à un état de fait, sans avoir besoin de soumettre soi-même au préalable une alternative viable quant aux questions soulevées? Pas de grille-pains en inox en jeu: toutes les réponses sont bienvenues. - Citation :
- J'ai un avis sur le mariage pour tous et sur la GPA, mais il ne s'agit pas pour moi d'un jugement. C'est probablement une question de sémantique.
Très certainement. En Philosophie et bien qu'elle soit fortement polysémique, la notion de "jugement" renvoie à l'action cognitive par laquelle se forment les pensées et les opinions. En d'autre termes, à l'activité générale de la pensée. - Citation :
- Encore une fois, mon avis sur ces questions n'est pas vraiment le débat.
- Sethy a écrit:
- Comme je l'écrivais, ces questions ont été réglées depuis des années dans mon pays, et suite à des débats parlementaires (équivalent des débats de l'assemblée nationale). Et notre législation me convient. Je ne fais donc aucune différence entre couple gays et autres.
- Sethy a écrit:
- Heu, j'ai écrit dans mon premier message que je défendais le droit à l'homoparentalité.
- Sethy a écrit:
- Je suis même plutôt gay friendly, libre penseur et totalement athée.
- Sethy a écrit:
- Dans mon premier message, j'ai même écrit que j'approuvais la manière dont l'état belge défendait les droits des homosexuels, au mariage et à l'insémination.
- Sethy a écrit:
- Tout comme, je trouve que la fécondation in vitro, proposé en Belgique est quand même mieux que la soucoupe et la seringue, autrement appelé "la méthode artisanale".
- Sethy a écrit:
- Je trouve que l'abolition de l'esclavage, l'adoption du suffrage universel, la fin des discriminations hommes-femmes, le droit des femmes (et en particulier celui de disposer de leurs corps comme elles le souhaitent), la législation sur la fin de vie (adoptée depuis plus de 10 ans en Belgique), la reconnaissance des génocides, les droits reconnus aux homosexuels, la suppression du crime d'adultère et enfin l'abolition de la peine de mort, sont des avancées.
Si ton avis propre n'importe pas dans le débat, Sethy, abstiens-toi de l'exprimer avec une telle vigueur. Si, au contraire, tu entends défendre tes vues, qui ne sont ni plus, ni moins admissibles que celles de tes interlocuteurs, accepte que l'on s'y réfère occasionnellement dans le cours de la discussion. - Citation :
- Je n'ai pas d'enfants, mais en aurais-je que je n'accepterais pas qu'un inconnu vienne les questionner, hormis dans un cadre très précis. Soit une étude universitaire, ou par un intervenant qualifié.
Quod demonstrandum est. - Citation :
- L'adulte est à même de se défendre, ce que l'enfant n'est pas selon moi.
Selon toi, en effet. - Citation :
- De plus, le sujet, n'est pas anodin. Comment imaginer que poser une question à un enfant sur sa situation particulière ne va pas modifier sa perception des choses. Il y a la une limite que je ne franchirais jamais.
Parce que tu penses que les questions si personnelles que tu t'es permis de poser à tes connaissances homosexuelles n'ont pas influé sur leurs perceptions des choses et d'elles-mêmes, que ce soit en tant que mères ou en tant qu'individus présentant une différence notable au regard de la majorité? Les scientifiques oeuvrant dans le domaine des sciences humaines et sociales pourraient t'apprendre que les paramètres d'un entretien, quels que soient le contexte et le sujet de fonds, ont un impact sur la personne qui répond, qu'il s'agisse de l'attitude de l'interrogateur, de la nature des échanges ou de la formulation des questions.
Si tu redoutes de stigmatiser des enfants par des questions trop orientées, peut-être devrais-tu également t'abstenir de t'improviser ethnologue auprès d'adultes eux aussi sensibles aux regards extérieurs.
Sinon, tu peux également admettre qu'il n'est pas de rencontre entre deux êtres humains qui se passe d'influences réciproques (parfois néfastes), que le risque d'incompréhension est toujours très élevé lors d'un échange verbal et qu'une discussion sincère valant toujours mieux qu'une hypothétique blessure, il n'est pas plus dangereux d'interroger des enfants exclus du débat que des adultes surreprésentés, l'équilibre résidant du reste plus dans la forme que dans le fonds des questions posées. - Citation :
- Ta remarque est intéressante d'un point de vue académique, mais totalement impraticable dans la réalité.
Je te remercie beaucoup. J'espère pouvoir compiler mes remarques dans un avenir proche et en envoyer un exemplaire relié au Parlement. - Citation :
- Ce n'est pas tant pour attester de mon avis, mais de la démarche.
Dont je me permets de te redemander, pour la seconde fois au sein de ce message, pourquoi tu veux en attester dans le cadre du présent débat, sinon pour justifier le bien-fondé de ton opinion éthico-politique? - Citation :
- Mon avis sur ce dossier particulier n'a pas d'importance dans ce débat.
Jusqu'à présent, ton avis t'a paru suffisamment important pour que tu le répètes à six reprises au moins, et ce sans compter les développements présupposant tacitement une opinion bien déterminée. Il t'a également paru suffisamment prégnant pour témoigner d'une démarche toute personnelle et démontrer de ce fait, récit à l'appui, par quelles voies épistémologiques tu y étais parvenu. Une fois encore, Sethy, sachant que ce n'est pas la raison pure qui s'exprime par ta voix, soit tu défends ton propre point de vue, acceptant en conséquence d'être interrogé quant aux éléments que tu avances toi-même sur la place du débat, soit tu évites de le marteler à tout va.
Soit, soit - mais pas les deux en même temps. - Citation :
- Tu ne t'es jamais posé de question sur ce qu'est être parent ? Avoir des enfants ?
Je me pose des questions sur tout.
Mais tu reformules ici les termes de mon interrogation. Je ne m'étonne pas que tu aies souhaité te forger une opinion de première main sur la parentalité homosexuelle: je me demandais si cette curiosité s'était bornée aux limites de l'homoparentalité ou si, en toute rigueur, elle s'était étendue jusqu'aux rivages bénis des familles hétérosexuelles? Car ce qui semblait t'interpeler, Sethy, ce n'est pas la parentalité dans son ensemble mais bien cette modalité toute particulière que constitue la famille homoparentale.
Maintenant, j'ai bien compris que tu admettais par principe les coutumes ratifiées par des Lois et que, de ce fait, l'hétéroparentaiité constituait pour toi une norme tout à fait admise. - Citation :
- As-tu une opinion sur le sujet ?
Sur quel sujet exactement? - Citation :
- Oui, ok. Tu ne partages pas ma vision, soit.
Là, je sens le grand démocrate se révéler enfin.
Sethy, dussé-je être la seule personne dans le monde à ne pas partager ta conception de l'Histoire que ma dissension suffirait en effet à relativiser tes propres vues ou, à tout le moins, à en démontrer le caractère subjectif. Mais, en tout en état de fait, la société compte de nombreux citoyens, aussi valables que tu peux l'être, qui, pour des raisons diverses et variées, considèrent que la société court à sa perte, régressant vers un inéluctable effondrement. À titre d'exemples, je citerais les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans observants ainsi que, de manière plus large, tous les conservateurs politiques tenant la tradition pour garant d'un bon fonctionnement social: tout ce petit monde, que tu ne sembles pas volontiers inclure au sein de tes vues démocratiques, s'oppose tout à fait à ta conception progressiste (mais non-déterministe, si j'ai bien saisi) de l'Histoire.
Raison pour laquelle ton opinion mériterait selon moi d'être étayée par un raisonnement, au lieu que d'être servie en petite confiserie discrètement glissée sous la anse de la tasse à café. - Citation :
- Je ne partage pas ton point de vue. Au contraire même. Il est en général de bon ton de critiquer les politiques, mais je trouve que la qualité des travaux mérite mieux que cela.
Il semble qu'une fois de plus, je me sois mal exprimée. Ce ne sont pas les politiques que je fustige, Sethy: c'est l'ensemble des sociétés démocratiques ainsi que la totalité de ses parties constitutives. C'est eux, c'est nous - et c'est moi. - Citation :
- Je dois avouer que la votation sur la libre circulation a quelque peu refroidi mon enthousiasme pour ce mode de scrutin.
Serais-tu partisan de la démocratie à géométrie variable, ne soutenant le mode du scrutin universel que lorsque le résultat correspond à tes vues propres? À te lire, je suis envahie par le sentiment, étrange et pénétrant, que tu es convaincu d'appartenir au clan du Bien, considérant ainsi que toutes les décisions prises à l'encontre de tes vues progressistes ne sauraient comporter le haut degré de clairvoyance politique et moral dont tu t'estimes toi-même investi. Ainsi, la démocratie serait-elle louable dans le cas des parlementaires belges mais fort dommageable dans celui des citoyens suisses.
Je me permets de te rappeler respectueusement que, nonobstant ses nombreuses tares sur lesquelles nous pourrions gloser des mois durant, la Suisse est certainement l'une des démocraties les plus actives au monde, interrogeant systématiquement ces citoyens quant aux contenus des initiatives et des référendums débattus par les élus nationaux. En outre, l'esprit démocratique que tu appelles de tes voeux depuis le début des échanges devrait en toute logique prendre acte de la décision d'un pays aussi souverain, sinon plus, que l'est le tien et, s'abstenant de toute moralisation professorale, tenter d'analyser les raisons ayant motivé une demande dont toute l'Europe se fait aujourd'hui l'écho.
Si le régime que tu encenses n'appelle que disqualification lorsque ses effets ne te conviennent plus, je me demande quel sens revêt encore le terme "démocratie" sous ta plume. - Citation :
- J'espère d'ailleurs que l'Europe sera beaucoup plus ferme le jour où cette mesure viendrait à être appliquée.
Avant que de manier la férule de la négociatrice, peut-être la puissante Europe devrait-elle s'occuper des quelques problèmes économico-démographiques qui fleurissent dans le sein de son auguste fermeté. - Citation :
- Encore une fois, que proposes-tu comme alternative ?
Pour l'instant, rien. Je te rappelle que la Philosophie, objet unique de ce topic, consiste essentiellement à manier des idées et que, si tu souhaites communiquer avec des bâtisseurs engagés, tu aurais mieux tant de te lancer toi-même en politique. Encore que... - Citation :
- J'imagine que tu ne vas pas voter ?
Je vote scrupuleusement depuis le moment de ma promotion civique, lequel, d'ailleurs, est tombé le soir même de mes dix-huit ans. Du reste, à titre de simple observatrice et de citoyenne, je me passionne pour la politique.
Pour une raison que j'ignore, tu sembles considérer que la constatation (subjective, bien sûr) des réalités et l'esprit critique - toutes choses par ailleurs fort utiles dans le cadre d'un débat philosophique - constituent une entrave insurmontable à la vie civique la plus élémentaire. Ta question est, de mon point de vue, parfaitement inepte et m'évoque un homme qui demanderait à deux personnes débattant avec feu du déroulement d'un match de football: "J'imagine que vous n'allez jamais au stade?" - Citation :
- C'est de la confrontation que nait le compromis.
Comme nous le constatons présentement, de la confrontation naît essentiellement la dissension. Le compromis, lui, se forme dans les intérêts nourris par chacune des partis impliquées dans une transaction. - Citation :
- Quand ai-je sous-entendu que celui-ci était parfait ? J'ai même je crois écris, que la démocratie était le moins mauvais des systèmes.
Tu n'as pas sous-entendu qu'il était parfait mais tu sembles conférer aux politiciens professionnels une sorte de clairvoyance morale et de supériorité intellectuelle quant aux masses populaires moins averties. En témoigne du reste ta réaction quant aux votations suisses du 9 février 2014.
@ Winter:
Je te lis avec attention. Merci pour tes messages.
Dernière édition par Dérinoé le Mer 12 Aoû 2015 - 17:18, édité 1 fois |
| | | Winter Ready for a strike!
Nombre de messages : 1323 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 15:20 | |
| - Sethy a écrit:
- Mais je suis d'accord avec toi, il est si facile de tomber enceinte pour celles qui sont fertiles. En regard, le parcours du combattant que cela représente pour les coupes qui ont des difficultés, voir à l'extrême, les conditions pour adopter sont parfois exagérées.
Là encore je te rejoins "Il est si facile de garder la ligne quand on a un tube digestif de canard. En regard, le parcours du combattant que cela représente pour celles qui optimisent la moindre calories..."On peut décliner cela à l'infini, avec tous les possibles et les impossibles de chacun de nous, filles ou garçons...la vie quoi, avec ses chances et ses vacheries... Pourquoi une vacherie devrait -elle primer sur une autre? Au nom de quoi? Doit-on décider de n'en compenser aucune au motif que l'on ne peut pas les compenser toutes? Comment choisir? Qui doit choisir? Veut-on financer tout cela? Que décide-t-on de sacrifier pour y parvenir? Pour moi il ne me suffit pas de dire "y a qu'à" "faut que" et surtout surtout il ne convient pas de laisser cela entre les mains d'hommes et de femmes bardés de statistiques et de sondages, sur lesquels ils caleront leur positionnement, dans l'objectif à peine voilé d'une réélection. - Sethy a écrit:
- Et comme je l'ai bien montré, ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas.
On ne se connait pas Séthy et la dernière des choses que je veux c'est te donner l'impression de t'agresser. Crois bien que ce n'est nullement dans mes intentions et si parfois mon propos parait un peu "tonique" au regard de ce qu'on est légitimement en droit d'attendre d'un forum d'échanges, et bien c'est plus le fait d'un tempérament que d'une volonté et je m'en excuse à l'avance. C'est précautions indispensables prises, je voudrais rebondir sur ce dernier propos qui pourrait me sembler à moi un rien pompeux si je n'avais pas la volonté farouche de comprendre et d'aller au delà. "Comme je l'ai démontré"... bon là je ne peux rien dire, parce que j'avoue, parfois, dans tes échanges fournis avec Dérinoé, j'ai décroché... du coup le fait de n'avoir pas lu de démonstration probante ne veut pas dire... - Citation :
- ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas
Qui peut un jour ne pas se sentir contrôlé? Je parle d'adultes raisonnablement instruits et que la chose intéresse assez pour qu'ils se soient questionnés. J’élime de fait tous les autres, car dès lors que l'on se pose la question mais qu'on ne souhaite pas aller au delà c'est qu'on a déjà la réponse. Ou alors on ne se pose pas du tout la question et elle n'a donc pour soi aucun intérêt dans l’immédiat parce qu'aucune existence. Non seulement chacun de nous est contrôlé mais encore il l'est de manière multiple, changeante en degrés en pôles... Ce sont nos fondamentaux biologiques, sociétales, psychiques. Dès lors que je sais qu'une bonne part de ce que je vis ne m'appartient que dans des conditions fort relatives, que me reste-t-il comme choix? Vivre et passer outre considérant que c'est le package commun, plus ou moins,travaillant certes le plus souvent possible pour comprendre et établir les contours à titre strictement de curiosité... ou laisser vivre. Quoi ? le fait d'avoir choisi de faire ou de garder un enfant m'a été dicté par ...les parents, la société, mes lectures, mon mari, une aube rosée, mes hormones... possible. Et....?? J'ai eu le sentiment de le vouloir, j'ai ressenti l'envie de le faire. D'où cela m'est venu finalement ne m'intéresse pas. Dans ces jours/semaines là personne plus que moi n'a désiré ce qui m'a finalement été offert! Le reste c'est de littérature. Alors sans doute ne suis-je en rien libre, mais au fond, tout au fond, cela ne m'intéresse guère. Encore une fois, je réfléchis autant qu'il m'est encore possible sur les tenants et les aboutissants de telles ou telles décisions et ses impacts, tentant d'expliquer et de m'excuser auprès des miens, quand de toute évidence j'ai fait erreur. Parce qu'à ce moment là je n'étais pas forcément libre de ce choix qui les a meurtris, cela me dégagerait de toutes responsabilités? je ne vois pas les choses ainsi et la vie n'a aucun intérêt pour moi dans ces conditions. C'est pour cela que de dire ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas; oui, c'est vrai. Mais cela ne peut impacter totalement sur nos choix. |
| | | Sethy Ready for a strike!
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| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 17:47 | |
| - Winter a écrit:
-
- Citation :
- ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas
Qui peut un jour ne pas se sentir contrôlé? Je parle d'adultes raisonnablement instruits et que la chose intéresse assez pour qu'ils se soient questionnés. J’élime de fait tous les autres, car dès lors que l'on se pose la question mais qu'on ne souhaite pas aller au delà c'est qu'on a déjà la réponse. Ou alors on ne se pose pas du tout la question et elle n'a donc pour soi aucun intérêt dans l’immédiat parce qu'aucune existence.
Non seulement chacun de nous est contrôlé mais encore il l'est de manière multiple, changeante en degrés en pôles... Ce sont nos fondamentaux biologiques, sociétales, psychiques. Dès lors que je sais qu'une bonne part de ce que je vis ne m'appartient que dans des conditions fort relatives, que me reste-t-il comme choix? Vivre et passer outre considérant que c'est le package commun, plus ou moins,travaillant certes le plus souvent possible pour comprendre et établir les contours à titre strictement de curiosité... ou laisser vivre.
Quoi ? le fait d'avoir choisi de faire ou de garder un enfant m'a été dicté par ...les parents, la société, mes lectures, mon mari, une aube rosée, mes hormones... possible. Et....?? J'ai eu le sentiment de le vouloir, j'ai ressenti l'envie de le faire. D'où cela m'est venu finalement ne m'intéresse pas. Dans ces jours/semaines là personne plus que moi n'a désiré ce qui m'a finalement été offert! Le reste c'est de littérature.
Alors sans doute ne suis-je en rien libre, mais au fond, tout au fond, cela ne m'intéresse guère. Encore une fois, je réfléchis autant qu'il m'est encore possible sur les tenants et les aboutissants de telles ou telles décisions et ses impacts, tentant d'expliquer et de m'excuser auprès des miens, quand de toute évidence j'ai fait erreur. Parce qu'à ce moment là je n'étais pas forcément libre de ce choix qui les a meurtris, cela me dégagerait de toutes responsabilités? je ne vois pas les choses ainsi et la vie n'a aucun intérêt pour moi dans ces conditions.
C'est pour cela que de dire ne pas se sentir contrôler, ne veut pas dire qu'on ne l'est pas; oui, c'est vrai. Mais cela ne peut impacter totalement sur nos choix. Ce que je voulais dire, c'est qu'il n'y a pas d'un côté l'hétérote qui peut décider d'avoir un enfant sans que la société n'exerce malgré tout un contrôle, et de l'autre, la pauvre homote qui voit sa vie totalement régentée par un état intrusif et faisant fi de toutes les barrières de la vie privée. L'état exerce un contrôle sur nos vies bien plus important qu'on ne l'imagine. |
| | | Sethy Ready for a strike!
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| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 17:47 | |
| - Sethy a écrit:
- Je précise un point de ma réponse.
Tu as écrit ceci :
- Dérinoé a écrit:
Je pense que les politiques et les citoyens disposant du Droit de vote sont intrinsèquement mal placés pour prendre des décisions régissant la vie d'êtres qu'ils ne connaissent bien souvent ni pas la science, ni par l'expérience. Et s'ils sont intrinsèquement mal placés, c'est parce qu'ils portent haut des convictions ou des idéologies qui les placent, eux, devant les personnes pour lesquelles ils devraient s'exprimer. Dois-je préciser que, dans le régime démocratique où j'évolue, je m'inclus au premier chef dans les rangs des citoyens glosant sans légitimité aucune sur le cas d'individus inconnus? Quand je ne suis pas moi-même l'objet de jugements et de votes portés par des concitoyens ne sachant rien ni de moi, ni de ma vie mais pourtant convaincus, en toute sincérité, de prendre les bonnes décisions quant à mon existence propre.
Et c'est en réponse à cela que j'ai écrit ceci :
- Sethy a écrit:
Tout d'abord, la question des enfants et de leurs droits, tout particulièrement en ce qui concerne l'homoparentalité m'a longtemps posé question. J'ai dès lors fait, ce qu'il fallait pour obtenir des réponses. Il y a une dizaine d'années, je suis entré en contact avec des parents homos. Peu importe la manière, mais j'ai croisé plusieurs couples. Certains pour lesquels il s'agissait d'un "remariage" (j'entends par la, une femme qui se découvre gays après avoir eu un enfant et qui se sépare de son mari / compagnon pour se mettre en ménage avec une autre femme), d'autres pour lesquels le choix s'est opéré alors qu'elles étaient déjà en couple.
J'ai discuté avec elle, en essayant de m'affranchir de mes préjugés. Ma démarche les a d'ailleurs intrigué (ce que je comprenais). Je garde toujours contact avec certaines d'entre elles d'ailleurs. Et j'ai obtenu les réponses à certaines question, et pour d'autres, je me suis rendu compte que mes questions n'avaient pas de sens.
Il ne s'agissait donc pas d'asseoir mon opinion en le justifiant par ce travail personnel, mais bien de te montrer que je n'étais pas d'accord avec ce que tu écrivais plus haut, à savoir qu'en tant qu'électeur je suis intrinsèquement mal placé. Dérinoé, je réponds à ton autre post, mais j'aimerais que tu me confirmes d'abord que tu as lu ceci. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 19:36 | |
| @ Sethy: - Citation :
- Dérinoé, je réponds à ton autre post, mais j'aimerais que tu me confirmes d'abord que tu as lu ceci.
Oui, merci, j'ai bien lu ton dernier message en date. - Citation :
- Il ne s'agissait donc pas d'asseoir mon opinion en le justifiant par ce travail personnel, mais bien de te montrer que je n'étais pas d'accord avec ce que tu écrivais plus haut, à savoir qu'en tant qu'électeur je suis intrinsèquement mal placé.
Mais, Sethy, en démontrant que l'électeur que tu es n'est pas si mal informé sur la question, tu assois de facto ton opinion sur la connaissance acquise de première main quant à la parentalité hétérosexuelle. Telle que je l'ai comprise, dans l'économie de notre débat, la mention de cet épisode visait d'une part à démontrer ton intérêt sincère pour cette question de société et, d'autre part, à illustrer par un cas pratique la seule manière qui, selon toi, permet aux citoyens comme aux élus de former leur jugement - au sens philosophique du terme - sur un sujet éthique ou politique bien précis.
Je maintiens qu'en entamant cette démarche de prise d'informations et de compréhension auprès de mères homosexuelles, tu entendais fonder ton jugement quant aux problèmes du Mariage pour Tous et de la G.P.A., tentant par là de déterminer par des questions précises si, oui ou non, l'homoparentalité doit être avalisée par l'Etat. Je t'invite du reste une fois encore à relire avec soin la manière dont tu as introduit et commenté le récit de cet épisode de ton parcours citoyen.
Nonobstant, je maintiens les trois critiques formulées hier à l'encontre de ta démarche, dont je salue par ailleurs encore et toujours l'honnêteté et le courage. D'abord, la marginalité de ton initiative, laquelle est de ce fait peu représentative du positionnement politique des citoyens ou des élus en général, souvent enclins à raisonner sur leur propre stock de préjugés. Ensuite, le peu d'intérêt porté à l'expérience et aux sentiments des enfants concernés, au bénéfice du seul regard de l'adulte.* Enfin, le caractère éminemment limité d'un petit échantillon de personnes qui, de fait, ne saurait conduire à une conclusion politique générale. Pour le détail, voir ci-après.
- Spoiler:
Je trouve ton initiative aussi rare qu'admirable et je ne peux que saluer ta curiosité intellectuelle en la matière. Toutefois, j'aimerais soulever les trois points suivants.
D'abord, j'attire ton attention sur le fait que, dans cette démarche de compréhension qui est toute à ton honneur, ce sont aux parents homosexuels que tu t'es adressé, tentant de déterminer par un échange direct si leur parentalité méritait d'être validée par l'Etat ou si, au contraire, elle portait en elle le germe d'un déséquilibre éventuel. Mais avec les enfants eux-mêmes élevés au sein de familles homosexuelles - et notamment avec des enfants adolescents ou adultes capables d'analyser leur propre passé -, t'es-tu entretenu? Parce que je te rappelle que la présente discussion découle du fait que tu appelais Winter, plutôt réservée quant au rôle de l'Etat et de la législation, à recueillir la parole de l'enfant et à se pencher sur ses Droits bien spécifiques, ce d'autant plus qu'il n'est jamais consulté quant aux conditions familiales dans lesquelles il devra évoluer. Je te cite encore une fois, Sethy. - Sethy a écrit:
- (au passage, tu passes un peu vite sur les droits de l'enfant qui est adopté ou conçu et qui n'a pas son mot à dire sur le fait d'être élevé dans une famille homoparentale)
Or, de ce que je comprends, c'est encore une fois la parole de l'adulte que tu es allé recueillir, en entamant la discussion - de manière très honnête et très admirable, je le redis en toute sincérité - avec des mères homosexuelles. Adulte qui, comme je l'ai plusieurs fois répété, est déjà surreprésenté dans le cadre des débats publics puisque les homosexuels hommes ou femmes désireux de pouvoir reconnaître ou adopter un enfant ont voix au chapitre, lors des discussions qui entourent les votations.
Comprends bien que ma présente réserve ne porte que sur un point, à savoir sur cet argument du "Droit des enfants" que j'ai entendu moult fois évoqué par les différentes parties du débat sans que jamais personne ne se soucie de les consulter ou de les étudier, les enfants en question. Je ne mets pas en cause ton intérêt pour le sujet et, serais-tu homosexuel que mon argumentaire resterait le même: dans cette histoire, les enfants sont pris en otages du débat par les uns et les autres alors que personne ne cherche ni à les suivre au quotidien, ni à les étudier avec objectivité, c'est-à-dire indépendamment de ses vues propres, quelles qu'elles soient.
Pour moi, ta démarche confirme simplement le fait que l'argument dit du "Droit des enfants" n'est qu'une antienne vide de sens, censée culpabiliser l'interlocuteur tout en s'édifiant une statue morale bienveillante et tutélaire. (Et là, je pense essentiellement aux débats qui ont eu cours en France durant les dernières années.)
Ensuite, quoi qu'il en soit du musèlement des enfants au sein du débat public, je crains que ta démarche, exceptionnelle, soit tout à fait minoritaire, parmi les politiques professionnels comme parmi les simples citoyens. Imagine-t-on une seconde Christine Boutin, fervente opposante au Mariage pour Tous, entreprendre une démarche de connaissance réelle, multiplier les lectures scientifiques contradictoires dans le but de confronter les arguments, côtoyer enfants et parents concernés sur le long terme afin de se forger une opinion délestée des dogmes de son milieu pour conclure triomphalement, un jour de printemps, que, finalement, son Eglise se trompe et que la parentalité homosexuelle, parfaitement acceptable, doit être confirmée par la Loi? De même, j'ai les plus grandes difficultés à me représenter Caroline Fourest, journaliste homosexuelle bien connue pour ses positions progressistes, laissant son idéologie personnelle au placard pour effectuer le minutieux parcours de connaissance susmentionné et aboutir un beau jour à la conviction que la parentalité homosexuelle, franchement néfaste, devrait être interdite par la législation. Comme par hasard et puisque la vie fait bien les choses, chacune des deux partis ne côtoie jamais que des cas confirmant sa philosophie propre: du côté de Christine Boutin, ce ne sont qu'enfants traumatisés et mal dans leur peau alors qu'avec Carolie Fourest, nous nageons dans l'enfance heureuse et épanouie.
Il en va de même pour toutes les Boutin et pour toutes les Fourest que nous incarnons tous, la plupart du temps, au sein de nos pays respectifs: ce que nous défendons, bien souvent, dans les moments qui précèdent une votation, ce sont nos chapelles propres et nos sensibilités toutes personnelles, indépendamment des réalités dont nous nous soucions assez peu. Si j'admire l'engagement et l'honnêteté que suppose ta démarche, je crains qu'elle demeure tout à fait marginale, que ce soit à un niveau politique ou citoyen.
Enfin, j'aimerais attirer ton attention sur le fait que les quelques rencontres et discussions que tu as entreprises auprès de parents homosexuels ne sauraient constituer un panel représentatif, suffisamment varié pour permettre une conclusion générale. Que se serait-il passé si, par un hasard malheureux et à l'instar de millions de tuteurs hétérosexuels dans le monde, les parents interrogés s'étaient avérés négligents vis-à-vis de leurs enfants, voire carrément abusifs? Aurait-il alors été légitime d'en déduire que, par essence et dans son ensemble, la parentalité homosexuelle devrait être interdite par l'Etat? L'exemple n'a pas valeur de démonstration, que l'on tombe sur des parents homosexuels admirables ou parfaitement criminels.
Imagine que je m'interroge, moi, sur la légitimité de la parentalité hétérosexuelle, que j'entreprenne une démarche identique à la tienne mais que, par manque de chance, je tombe sur Emile Louis et Marc Dutroux: quelle valeur argumentative prêterais-tu à la constatation de leurs comportements violents?
Pour se forger une idée générale suffisamment étayée, il faudrait multiplier les points de vue scientifiques contradictoires et côtoyer, sur des années et des années, de nombreuses familles homosexuelles différentes, en s'intéressant tout particulièrement aux enfants devenus grands, capables de fournir des témoignages personnels quant à leur propre vécu.
Pour résumer, il me semble donc bel et bien que la relation de cet épisode revêtait dans ton message le statut d'un argument philosophique visant à démontrer que tu ne te positionnais pas dans le débat sur la base de tes seuls préjugés mais que tu avais tranché sur les deux questions susmentionnées après avoir sérieusement approché le sujet. C'est du reste pour cette raison que je suis partie du principe que, les questions concernées endossant un caractère essentiellement éthique et politique, elles pouvaient être dévoilées au sein de la présente discussion.
*Je te rappelle que le point de départ de notre échange du moment résidait dans nos conceptions respectives de ce Droit des enfants dont tu te positionnais alors en fervent défenseur et que je tenais pour ma part au mieux pour une douce illusion juridique, au pire pour un tour de passe-passe argumentatif. |
| | | Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 20:58 | |
| - Dérinoé a écrit:
@ Sethy: - Citation :
- Dérinoé, je réponds à ton autre post, mais j'aimerais que tu me confirmes d'abord que tu as lu ceci.
Oui, merci, j'ai bien lu ton dernier message en date. - Citation :
- Il ne s'agissait donc pas d'asseoir mon opinion en le justifiant par ce travail personnel, mais bien de te montrer que je n'étais pas d'accord avec ce que tu écrivais plus haut, à savoir qu'en tant qu'électeur je suis intrinsèquement mal placé.
Mais, Sethy, en démontrant que l'électeur que tu es n'est pas si mal informé sur la question, tu assois de facto ton opinion sur la connaissance acquise de première main quant à la parentalité hétérosexuelle. Telle que je l'ai comprise, dans l'économie de notre débat, la mention de cet épisode visait d'une part à démontrer ton intérêt sincère pour cette question de société et, d'autre part, à illustrer par un cas pratique la seule manière qui, selon toi, permet aux citoyens comme aux élus de former leur jugement - au sens philosophique du terme - sur un sujet éthique ou politique bien précis. Oui et non. Je n'aurais pas utilisé cet argument si tu n'avais pas mis en cause l'ensemble des citoyens et des politiques.
J'aj juste voulu montrer que sur ce point, en généralisant tu avais tort. Tu peux reformuler plusieurs fois la même chose sous des angles différents, ma réponse sur ce point ne variera pas.
- Dérinoé a écrit:
Je maintiens qu'en entamant cette démarche de prise d'informations et de compréhension auprès de mères homosexuelles, tu entendais fonder ton jugement quant aux problèmes du Mariage pour Tous et de la G.P.A., tentant par là de déterminer par des questions précises si, oui ou non, l'homoparentalité doit être avalisée par l'Etat. Je t'invite du reste une fois encore à relire avec soin la manière dont tu as introduit et commenté le récit de cet épisode de ton parcours citoyen.
Au moment où je les ai contacté, la question était déjà tranchée dans mon pays. Quelle qu'aient été leurs réponses d'ailleurs, j'aurais toujours considéré que l'état devait se mêler de ces questions, ne fut-ce que parce qu'elles ne concernaient pas deux adultes consentants, mais impliquait au moins deux tiers en plus (l'autre géniteur et l'enfant).
- Dérinoé a écrit:
Nonobstant, je maintiens les trois critiques formulées hier à l'encontre de ta démarche, dont je salue par ailleurs encore et toujours l'honnêteté et le courage. D'abord, la marginalité de ton initiative, laquelle est de ce fait peu représentative du positionnement politique des citoyens ou des élus en général, souvent enclins à raisonner sur leur propre stock de préjugés. Ensuite, le peu d'intérêt porté à l'expérience et aux sentiments des enfants concernés, au bénéfice du seul regard de l'adulte.* Enfin, le caractère éminemment limité d'un petit échantillon de personnes qui, de fait, ne saurait conduire à une conclusion politique générale. Pour le détail, voir ci-après.
Qu'elle soit marginale, pour un quidam, c'est possible. Mais ces questions sont évaluées en profondeur par certains membres de chaque parti. Tu ne seras pas d'accord, mais c'est pour moi une certitude.
Je ne suis pas franc-maçon, mais je suis certains que ce genre de débat est évoqué en loge par exemple. Il y a quand même un bon paquet de maçons dans nos pays. Ce qui fait autant de quidam qui se sont penchés sur ces questions.
Je pense qu'il existe aussi des cercles de discussion catholique (chrétiens, protestants, ...) dans lesquels ces questions sont débattues sans passion.
- Dérinoé a écrit:
Pour résumer, il me semble donc bel et bien que la relation de cet épisode revêtait dans ton message le statut d'un argument philosophique visant à démontrer que tu ne te positionnais pas dans le débat sur la base de tes seuls préjugés mais que tu avais tranché sur les deux questions susmentionnées après avoir sérieusement approché le sujet. C'est du reste pour cette raison que je suis partie du principe que, les questions concernées endossant un caractère essentiellement éthique et politique, elles pouvaient être dévoilées au sein de la présente discussion.
Le fait que je n'ai utilisé cet argument qu'à un moment précis de notre conversation et pas pour répondre à Winter sur le fond, prouve que ce n'est pas le cas. Mais si tu veux penser le contraire, soit.
- Dérinoé a écrit:
*Je te rappelle que le point de départ de notre échange du moment résidait dans nos conceptions respectives de ce Droit des enfants dont tu te positionnais alors en fervent défenseur et que je tenais pour ma part au mieux pour une douce illusion juridique, au pire pour un tour de passe-passe argumentatif. Encore une fois, tu déformes mes propos. Je ne me suis pas positionné comme un fervent défenseur des droits des enfants en tant que tel, mais d'un effet induit si on refusait à l'état d'intervenir dans certains sujets. |
| | | Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mer 12 Aoû 2015 - 23:05 | |
| - Dérinoé a écrit:
- [justify]@ Sethy:
- Citation :
- De me faire ma propre opinion sur le sujet, ni plus, ni moins.
Précisément, Sethy. Si tu estimais devoir te faire une opinion sur ce que tu qualifies ici de "sujet", c'est bien parce que la parentalité homosexuelle constituait pour toi une question politique sur laquelle il fallait se forger une opinion propre, au regard de la morale et de la Loi. À titre de contre-exemple, si tu voyais ton voisin quitter sa maison en patins à roulettes tous les matins, il y a fort à parier que tu ne l'interrogerais pas sur le pourquoi du comment de cette habitude peu banale, celle-ci relevant d'une pratique totalement privée, sans rapport avec l'éthique ou la sphère politique. En revanche, si l'homoparentalité semble t'avoir interpelé, c'est parce qu'elle tombe dans le domaine de la res publica, constituant par là un sujet de réflexion susceptible d'interroger tous les citoyens.
Tu serais surprise sur le nombre de sujet qui m'interpellent. - Dérinoé a écrit:
Tu ne peux pas, dans un même temps, concevoir l'homoparentalité comme une chose publique exigeant l'intervention de l'Etat et, par ailleurs, soutenir l'idée selon laquelle tu aurais engagé le dialogue avec des parents homosexuels comme on va à la cueillette aux champignons, pour le simple plaisir d'une causerie sous une tonnelle ombragée, un beau jour de printemps. Soit tu nous as relaté cet épisode bien particulier pour attester d'une volonté de connaissance sincère quant à un thème relevant de la sphère éthico-politique, soit tu as pris le café avec deux copines sympathiques et les conversations dont tu fais état n'ont aucune place dans notre discussion.
Je ne vois pas ce qu'il y a d'inconciliable à vouloir se faire sa propre opinion sur un sujet d'une part, et d'autre part trouver normal que l'état s'en même d'autre part. Sans qu'il y ait forcément un lien fort entre les deux. - Dérinoé a écrit:
À titre de rappel, j'attire ton attention sur le fait que la manière dont tu introduis et commentes toi-même la relation de ces entretiens situe clairement les questions de l'homoparentalité et du Droit des enfants dans le domaine éthico-politique, lequel appelle nécessairement évaluation et jugement - dans les sens les plus techniques du terme.
Evaluation, oui, mais pas par moi et pas dans cette discussion. Jugement, non. - Dérinoé a écrit:
- Sethy a écrit:
- Tout d'abord, la question des enfants et de leurs droits, tout particulièrement en ce qui concerne l'homoparentalité m'a longtemps posé question. J'ai dès lors fait, ce qu'il fallait pour obtenir des réponses. Il y a une dizaine d'années, je suis entré en contact avec des parents homos. Peu importe la manière, mais j'ai croisé plusieurs couples. Certains pour lesquels il s'agissait d'un "remariage" (j'entends par la, une femme qui se découvre gays après avoir eu un enfant et qui se sépare de son mari / compagnon pour se mettre en ménage avec une autre femme), d'autres pour lesquels le choix s'est opéré alors qu'elles étaient déjà en couple.
(...)
C'est, je crois, la seule manière d'agir quand on veut se former une opinion sur un sujet éthique : se renseigner, l'étudier, y réfléchir. Il y a ceux que ça intéresse et ceux que ça n'intéresse pas. Je ne blâme pas ces derniers, c'est leur choix. Mais tout qui fait ce travail dégage son opinion sur la question. Il peut dès lors la défendre, l'expliquer, et pourquoi pas être amené à trancher. C'est un peu le rôle qu'ont des jurés à un procès. Je ne sais pas si tu saisis bien la portée de ce que tu écris?
Comme je te l'ai déjà écrit, je n'ai pas utilisé cet argument sur le fond du débat, mais afin de te montrer que ce que tu avançais à propos des quidams n'était pas totalement exact. [quote="Dérinoé"] - Citation :
- Sur quelle question nos élus sont-ils amenés à éventuellement intervenir ?
Nous héritons d'une situation donné dans laquelle, il y a une institution, le mariage qui est défini comme l'union d'un homme et d'une femme en vue d'avoir des enfants. D'ailleurs les causes de nullités sont (ou étaient) intéressantes : non consommation du mariage, interdiction entre proches parents, ...
La réalité des homosexuels était au mieux nié, au pire condamnée. Se faisant, cela fait d'eux des citoyens de second ordre, ouvrant la porte à toute une série d'hypocrisie (comme l'histoire de Monsieur et de Lully) ou a des situations plus immédiatement dramatique (mort d'un des deux conjoints, filiation, parentés, héritage).
Ca c'est la situation initiale. Elle est le résultat d'un long processus, qui a banni la polygamie, et consacré l'hétéroparentalité.
Il y a trois options pour nos élus : - on continue dans l'hypocrisie, - on en revient à l'interdiction, - on évalue le bien fondé de modifier la loi.
Y a-t-il pour cela une volonté de juger les homosexuels ? Je ne crois pas, au contraire même. Au fond, c'est plutôt l'inverse. Le jugement a eu lieu dans le passé et la question est de savoir s'il est préférable d'intervenir et de modifier ce jugement du passé ou au contraire de ne pas le faire. Fort bien. Dans ce cas, je dois comprendre que, partiellement au moins, tu délègues à la Législation de ton pays le devoir de raisonnement, considérant de ce fait que les coutumes déjà entérinées par l'Etat, à l'instar du mariage hétérosexuel, n'exigent en elles mêmes ni interrogation, ni révision. Ainsi, tu t'es interrogé sur le mariage et la parentalité homosexuels dans la mesure où les élus ne leur avaient pas encore fait droit. C'est bien ça?
Si oui, je dois dire que, jusqu'à présent, je n'avais pas saisi la dimension profondément légaliste de ton éthique.[quote] Je développe ma réponse précédente. Je te demandais si tu ne t'étais jamais interrogée sur le mariage, la conception, l'éducation, les parents célibataires, les familles mono-parentales ? Pour ma part la réponse est clairement oui, et pas seulement depuis 10 ans. Mais il se trouve que sur ces sujets, j'ai déjà croisé de nombreux cas et que mon avis est à peu près fait. Il se trouve que dans mes relations, je n'avais pas de famille homoparentale et même assez peu de personnes homosexuelles dans mon cercle d'amis et connaissances. [quote="Dérinoé"] Très bien. Mais alors, Sethy, je suis au regret de t'informer que si ces questions portaient sur un plan purement personnel et si tu n'entendais pas en faire profiter l'actuelle discussion, il était parfaitement injustifié d'en faire mention afin de légitimer tes vues quant au Mariage pour Tous ou à la G.P.A. Comme je l'ai écrit plus haut, soit tes interrogations appartiennent à la sphère purement privée - assouvissant ainsi une simple curiosité personnelle - et tu n'as donc aucune raison de les mentionner en ce lieu, soit elles relèvent réellement de la sphère éthico-politique qui nous occupe et tu devrais alors pouvoir en user de sorte que nous saisissions tous comment s'est construite ton actuelle opinion. Je te rappelle du reste que c'est toi qui as introduit cet épisode sous forme d'argument, suggérant qu'il revêtait une place légitime au sein de la démonstration plus générale que tu as engagée sur les points susmentionnés.
Encore une fois, tu ne peux pas jouer sur les deux tableaux en imposant ces conversations comme le gage d'une légitimité intellectuelle tout en te retranchant dans un même temps derrière la frontière de l'intimité. [quote]
Ce n'était pas comme un gage de légitimité, mais bien pour te démontrer que les quidams ...
[quote="Dérinoé"] Je vais te reposer une dernière fois la question qui m'interpelle vraiment dans cette affaire et, ensuite, à la grâce de Dieu: sans rien me dévoiler du contenu desdits échanges, peux-tu me dire pourquoi, dans l'économie de ta réponse et de ton argumentation, tu as pris le temps de me préciser que, dans un souci d'information sincère, tu avais eu soin d'entrer en contact avec des parents homosexuels pour leur poser des questions sur leur rapport à la parentalité? Pourquoi, dans le contexte d'un débat traitant essentiellement de la nature du Droit de l'enfant au regard de la G.P.A., as-tu consacré le premier temps d'une réponse tripartite à la mention de ces discussions-là?
Pourrais-tu, s'il te plaît, répondre à cette simple question?[quote] Ce n'était pas comme un gage de légitimité, mais bien pour te démontrer que les quidams ... - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Je pense effectivement que l'avis d'une centaine de personnes, représentant des grands courants de la société, est après réflexion, plus abouti que l'avis d'une seule personne. Et ce sans compter les mécanismes de correction et la possibilité d'auditionner des spécialistes.
Là encore, nous divergeons fortement: ce qui importe, pour moi, au sein d'un processus décisionnel, c'est le degré de rationalité et la qualité des arguments irriguant la réflexion. Et en la matière, pour autant que je sache, le nombre ne fait rien à l'affaire. Il n'existe aucun rapport ontologique entre le nombre de personnes impliquées dans une votation politique et la qualité intrinsèque du résultat - pour autant que l'on puisse en juger de manière objective.
C'est ton avis, soit. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Quelle alternative proposes-tu ?
J'aimerais te poser une question de fonds, Sethy. Est-il selon toi permis de constater une réalité peu satisfaisante, voire d'exprimer une critique pointue quant à un état de fait, sans avoir besoin de soumettre soi-même au préalable une alternative viable quant aux questions soulevées? Pas de grille-pains en inox en jeu: toutes les réponses sont bienvenues.
Pour ma part, je conçois deux niveaux dans la critique. Soit, elle est globalement positive ou négative, avec des points à améliorer, soit elle est à ce point négative que toute idée même d'amélioration de la situation qui prévaut est inconcevable. Je cite l'une de tes sorties sur les politiques : "De mon expérience, tout argumentaire politique est un bric-à-brac rutilant de démonstrations très fines, de préjugés gros comme des maisons, de mauvaise foi intéressée, de sentiments plus ou moins mesurés et d'incompréhensions insurmontables. C'est le gourbi intellectuel dans lequel nous évoluons tous, parlementaires compris." Après avoir tiré un tel constat, j'ai envie de dire "ite missae est", tout est dit. Je ne remets pas en cause ton droit de critique, loin de la, mais elle est à ce point extrême qu'on attend une alternative. Surtout que tu me l'opposes dans le débat. - Dérinoé a écrit:
- Sethy a écrit:
- Comme je l'écrivais, ces questions ont été réglées depuis des années dans mon pays, et suite à des débats parlementaires (équivalent des débats de l'assemblée nationale). Et notre législation me convient. Je ne fais donc aucune différence entre couple gays et autres.
- Sethy a écrit:
- Heu, j'ai écrit dans mon premier message que je défendais le droit à l'homoparentalité.
- Sethy a écrit:
- Je suis même plutôt gay friendly, libre penseur et totalement athée.
- Sethy a écrit:
- Dans mon premier message, j'ai même écrit que j'approuvais la manière dont l'état belge défendait les droits des homosexuels, au mariage et à l'insémination.
- Sethy a écrit:
- Tout comme, je trouve que la fécondation in vitro, proposé en Belgique est quand même mieux que la soucoupe et la seringue, autrement appelé "la méthode artisanale".
Encore une fois, à quel moment de notre discussion ai-je utilisé ces arguments ? Etait-ce en réponse à Winter ? Je te cite quelques extraits de ta toute première réponse : " 8) Places-tu l'homosexualité au même rang que les désordres mentionnés sous le point 6?" et au point 6 on pouvait lire : " Des parents négligents? Des parents miséreux? Des parents dérangés? Des parents intégristes? Des parents analphabètes? Des parents maltraitants? Des parents agressifs? Des parents racistes? Des parents violents? Des parents abuseurs? Des parents alcooliques? Des parents suicidaires? Des parents asociaux? Des parents hors-la-loi?"" La question 8 montrait clairement que tu pensais que j'étais homophobe. Je me suis défendu de cette attaque en précisant ma position (d'ailleurs si je me déclare athée, c'est bien parce que dans une de tes autres questions il était question d'église). Tout s'explique donc logiquement. Mes propos sont à chaque fois une réponse aux tiens. Et je persiste, sur par exemple, l'enfant ayant des homoparents, je n'ai strictement rien dit de mes convictions. Je ne le ferai pas, et je persiste encore, ça n'est (devrais-je écrire hélas, ce n'est plus) le débat. - Dérinoé a écrit:
Si ton avis propre n'importe pas dans le débat, Sethy, abstiens-toi de l'exprimer avec une telle vigueur. Si, au contraire, tu entends défendre tes vues, qui ne sont ni plus, ni moins admissibles que celles de tes interlocuteurs, accepte que l'on s'y réfère occasionnellement dans le cours de la discussion.
S'y référer bien sûr, mais mes propos viennent en réponse aux tiens dans un contexte bien précis. Les sortir de celui-ci en dénature le sens et la portée. Mais il n'y pas de problèmes, je rectifierai autant de fois qu'il ne le faudra. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Je n'ai pas d'enfants, mais en aurais-je que je n'accepterais pas qu'un inconnu vienne les questionner, hormis dans un cadre très précis. Soit une étude universitaire, ou par un intervenant qualifié.
Quod demonstrandum est.
- Citation :
- L'adulte est à même de se défendre, ce que l'enfant n'est pas selon moi.
Selon toi, en effet.
- Citation :
- De plus, le sujet, n'est pas anodin. Comment imaginer que poser une question à un enfant sur sa situation particulière ne va pas modifier sa perception des choses. Il y a la une limite que je ne franchirais jamais.
Parce que tu penses que les questions si personnelles que tu t'es permis de poser à tes connaissances homosexuelles n'ont pas influé sur leurs perceptions des choses et d'elles-mêmes, que ce soit en tant que mères ou en tant qu'individus présentant une différence notable au regard de la majorité? Les scientifiques oeuvrant dans le domaine des sciences humaines et sociales pourraient t'apprendre que les paramètres d'un entretien, quels que soient le contexte et le sujet de fonds, ont un impact sur la personne qui répond, qu'il s'agisse de l'attitude de l'interrogateur, de la nature des échanges ou de la formulation des questions.
Si tu redoutes de stigmatiser des enfants par des questions trop orientées, peut-être devrais-tu également t'abstenir de t'improviser ethnologue auprès d'adultes eux aussi sensibles aux regards extérieurs.
Sinon, tu peux également admettre qu'il n'est pas de rencontre entre deux êtres humains qui se passe d'influences réciproques (parfois néfastes), que le risque d'incompréhension est toujours très élevé lors d'un échange verbal et qu'une discussion sincère valant toujours mieux qu'une hypothétique blessure, il n'est pas plus dangereux d'interroger des enfants exclus du débat que des adultes surreprésentés, l'équilibre résidant du reste plus dans la forme que dans le fonds des questions posées.
Donc, si je résume bien : - ma démarche par rapport à la question de l'homoparentalité était intéressante, mais de part le fait même qu'il n'est pas possible d'entendre les enfants rend celle-ci totalement caduque et inintéressante. - d'autre part, la discussion avec des adultes consentants sur leur sexualité est totalement à proscrire. - enfin, discuter avec des personnes adultes différentes de nous, afin de se forger une opinion personnelle est également à proscrire. Dans une communication épistolaire privée ce genre d'argument auraient eu une certaine portée, mais je n'oublie pas que je suis sur un forum public dans un sujet consacré à la philosophie, ce qui à mon avis en démultiplie les effets. Mais bon libre à chacun d'écrire ce qu'il ou elle pense. - Dérinoé a écrit:
Jusqu'à présent, ton avis t'a paru suffisamment important pour que tu le répètes à six reprises au moins, et ce sans compter les développements présupposant tacitement une opinion bien déterminée. Il t'a également paru suffisamment prégnant pour témoigner d'une démarche toute personnelle et démontrer de ce fait, récit à l'appui, par quelles voies épistémologiques tu y étais parvenu. Une fois encore, Sethy, sachant que ce n'est pas la raison pure qui s'exprime par ta voix, soit tu défends ton propre point de vue, acceptant en conséquence d'être interrogé quant aux éléments que tu avances toi-même sur la place du débat, soit tu évites de le marteler à tout va.
Soit, soit - mais pas les deux en même temps.
Si, si, je viens de l'expliquer. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Tu ne t'es jamais posé de question sur ce qu'est être parent ? Avoir des enfants ?
Je me pose des questions sur tout.
Mais tu reformules ici les termes de mon interrogation. Je ne m'étonne pas que tu aies souhaité te forger une opinion de première main sur la parentalité homosexuelle: je me demandais si cette curiosité s'était bornée aux limites de l'homoparentalité ou si, en toute rigueur, elle s'était étendue jusqu'aux rivages bénis des familles hétérosexuelles? Car ce qui semblait t'interpeler, Sethy, ce n'est pas la parentalité dans son ensemble mais bien cette modalité toute particulière que constitue la famille homoparentale.
Maintenant, j'ai bien compris que tu admettais par principe les coutumes ratifiées par des Lois et que, de ce fait, l'hétéroparentaiité constituait pour toi une norme tout à fait admise.
L'hétéroparentalité n'est-elle pas la norme ? - Dérinoé a écrit:
Sethy, dussé-je être la seule personne dans le monde à ne pas partager ta conception de l'Histoire que ma dissension suffirait en effet à relativiser tes propres vues ou, à tout le moins, à en démontrer le caractère subjectif. Mais, en tout en état de fait, la société compte de nombreux citoyens, aussi valables que tu peux l'être, qui, pour des raisons diverses et variées, considèrent que la société court à sa perte, régressant vers un inéluctable effondrement. À titre d'exemples, je citerais les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans observants ainsi que, de manière plus large, tous les conservateurs politiques tenant la tradition pour garant d'un bon fonctionnement social: tout ce petit monde, que tu ne sembles pas volontiers inclure au sein de tes vues démocratiques, s'oppose tout à fait à ta conception progressiste (mais non-déterministe, si j'ai bien saisi) de l'Histoire.
Raison pour laquelle ton opinion mériterait selon moi d'être étayée par un raisonnement, au lieu que d'être servie en petite confiserie discrètement glissée sous la anse de la tasse à café.
Sur ce point, ma formulation a peut être été maladroite. Je le concède. Que l'histoire ait un sens, c'est certain (d'ailleurs tu le reconnais toi même en évoquant certaine personnes pour lesquelles "tout fout le camp"). Qu'il aille dans le bon, est effectivement une question de point de vue. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Je ne partage pas ton point de vue. Au contraire même. Il est en général de bon ton de critiquer les politiques, mais je trouve que la qualité des travaux mérite mieux que cela.
Il semble qu'une fois de plus, je me sois mal exprimée. Ce ne sont pas les politiques que je fustige, Sethy: c'est l'ensemble des sociétés démocratiques ainsi que la totalité de ses parties constitutives. C'est eux, c'est nous - et c'est moi.
OK, ai-je envie d'écrire. Que nous ne soyons que de pauvres pêcheurs, soit. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Je dois avouer que la votation sur la libre circulation a quelque peu refroidi mon enthousiasme pour ce mode de scrutin.
Serais-tu partisan de la démocratie à géométrie variable, ne soutenant le mode du scrutin universel que lorsque le résultat correspond à tes vues propres? À te lire, je suis envahie par le sentiment, étrange et pénétrant, que tu es convaincu d'appartenir au clan du Bien, considérant ainsi que toutes les décisions prises à l'encontre de tes vues progressistes ne sauraient comporter le haut degré de clairvoyance politique et moral dont tu t'estimes toi-même investi. Ainsi, la démocratie serait-elle louable dans le cas des parlementaires belges mais fort dommageable dans celui des citoyens suisses.
Je me permets de te rappeler respectueusement que, nonobstant ses nombreuses tares sur lesquelles nous pourrions gloser des mois durant, la Suisse est certainement l'une des démocraties les plus actives au monde, interrogeant systématiquement ces citoyens quant aux contenus des initiatives et des référendums débattus par les élus nationaux. En outre, l'esprit démocratique que tu appelles de tes voeux depuis le début des échanges devrait en toute logique prendre acte de la décision d'un pays aussi souverain, sinon plus, que l'est le tien et, s'abstenant de toute moralisation professorale, tenter d'analyser les raisons ayant motivé une demande dont toute l'Europe se fait aujourd'hui l'écho.
Si le régime que tu encenses n'appelle que disqualification lorsque ses effets ne te conviennent plus, je me demande quel sens revêt encore le terme "démocratie" sous ta plume.
Je respecte totalement le choix des Suisses. Il est effectivement démocratique. Si j'ai amené cet élément dans le débat, c'est en toute conscience. Quand je dis que ça a refroidi mon enthousiasme, c'est vrai que c'est parce que la votation n'allait pas dans le sens que je souhaitais mais (car il y a un mais), cela m'a amené à réfléchir plus avant sur l'ensemble du processus. Ce que je n'avais pas fait jusqu'alors. Je pourrais d'ailleurs l'élargir aux référendums. J'ai l'impression (mais mon avis n'est pas encore totalement arrêté) qu'il y a dans ces manières de vivre la démocratie, un manque de rétroaction. C'est un peu comme si les élus devaient se prononcer une fois pour toute sur un sujet, sans en subir les conséquences et sans possibilités d'améliorer les choses par la suite. C'est d'ailleurs pour cela que j'appelle l'Europe à être ferme dans sa réponse. Le peuple Suisse a décidé, mais il faut lui montrer les conséquences. Car ce vote a des conséquences hors de Suisse. Je peux me tromper, mais je ne serais pas surpris que les conséquences de ce vote ait déjà fait réfléchir pas mal de Suisse à la question. Si c'est la cas, ce vote aura au moins servi à quelque chose. Et cet avis sur les votations est général. Je veux dire par la que oui, ce vote est allé contre mes idées mais (car il y a un mais), arracher un vote de cette manière qui irait dans le sens de mes idées me parait tout aussi dommageable. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- J'espère d'ailleurs que l'Europe sera beaucoup plus ferme le jour où cette mesure viendrait à être appliquée.
Avant que de manier la férule de la négociatrice, peut-être la puissante Europe devrait-elle s'occuper des quelques problèmes économico-démographiques qui fleurissent dans le sein de son auguste fermeté.
- Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Encore une fois, que proposes-tu comme alternative ?
Pour l'instant, rien. Je te rappelle que la Philosophie, objet unique de ce topic, consiste essentiellement à manier des idées et que, si tu souhaites communiquer avec des bâtisseurs engagés, tu aurais mieux tant de te lancer toi-même en politique. Encore que...
no comment. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- J'imagine que tu ne vas pas voter ?
Je vote scrupuleusement depuis le moment de ma promotion civique, lequel, d'ailleurs, est tombé le soir même de mes dix-huit ans. Du reste, à titre de simple observatrice et de citoyenne, je me passionne pour la politique.
Pour une raison que j'ignore, tu sembles considérer que la constatation (subjective, bien sûr) des réalités et l'esprit critique - toutes choses par ailleurs fort utiles dans le cadre d'un débat philosophique - constituent une entrave insurmontable à la vie civique la plus élémentaire. Ta question est, de mon point de vue, parfaitement inepte et m'évoque un homme qui demanderait à deux personnes débattant avec feu du déroulement d'un match de football: "J'imagine que vous n'allez jamais au stade?"
Voir plus haut ma réponse sur le degré de critique de la politique. Ceci dit, j'ai bien noté l'élargissement que tu fais à l'ensemble des individus. - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- C'est de la confrontation que nait le compromis.
Comme nous le constatons présentement, de la confrontation naît essentiellement la dissension. Le compromis, lui, se forme dans les intérêts nourris par chacune des partis impliquées dans une transaction.
C'est un peu botter en touche. On parle de politique et tu prends comme exemple la discussion ... - Dérinoé a écrit:
- Citation :
- Quand ai-je sous-entendu que celui-ci était parfait ? J'ai même je crois écris, que la démocratie était le moins mauvais des systèmes.
[color=#0033cc]Tu n'as pas sous-entendu qu'il était parfait mais tu sembles conférer aux politiciens professionnels une sorte de clairvoyance morale et de supériorité intellectuelle quant aux masses populaires moins averties. En témoigne du reste ta réaction quant aux votations suisses du 9 février 2014.
Je n'adhères pas à la manière dont tu exprimes les choses. Il ne s'agit pas de qualités intrinsèques supérieures aux communs des mortels, mais bien de l'effet d'une responsabilité. Je prends l'exemple du procès Dutroux. La rue voulait que lui et tout ses complices finissent leurs vies en prison. Le jury populaire en a décidé autrement et un des protagonistes a eu une peine beaucoup moins importante (5 ans) que les autres. Je suppose que je ne dois pas imaginer ce qu'aurait donné un référendum sur le sujet ? Alors que ces 12 jurés ont été tiré au sort parmi des gens de la rue : surprenant, non ? Je pense qu'à un moment, lorsqu'on est amené à décider, il y a une cristallisation de tous les lobbying. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Jeu 13 Aoû 2015 - 4:12 | |
| @ Sethy:
J'aimerais te demander un service, Sethy. Pourrais-tu à l'avenir faire en sorte de distinguer clairement tes réponses de ma propre prose, afin que je sois sûre de ne manquer aucun de tes arguments? La mise en page actuelle rend la lecture mal aisée et je crains de survoler sans le vouloir certains extraits laissés dans le flou d'une typographie incertaine. - Citation :
- Oui et non. Je n'aurais pas utilisé cet argument si tu n'avais pas mis en cause l'ensemble des citoyens et des politiques.
Premièrement, ta réponse confirme pour moi le statut que tu assignais initialement à ce passage, à savoir celui d'un argument prenant place au sein d'une démonstration plus générale.
Deuxièmement et comme en témoignent mes réponses précédentes, j'avais bien saisi ton intention et je te crois tout à fait lorsque tu dis avoir approfondi le sujet dans le but de te former une opinion rationnelle sur la question de l'homoparentalité. Toutefois, je persiste à penser que ce type de démarche reste marginal et que, de ce fait, il ne représente pas le comportement du citoyen ou de l'élu moyen, et ce essentiellement pour trois raisons: la paresse, l'impossibilité matérielle et le préjugé.
Selon le modèle logique bien connu de la pétition de principe, je dirais même que les quelques individus susceptibles d'entreprendre une démarche comme la tienne sont ceux qui, dès l'abord, se montrent prêts à absorber sans crispation un flux d'informations ou d'expériences inédites et, en se renseignant sur un sujet polémique, ne font en fait que fleurir un germe déjà présent dans leur esprit. Quoi qu'il en soit, je crains que ce type d'initiative ne demeure très rare et ne peux donc le considérer que comme une exception, au regard de la rigidité intellectuelle qui régit la grande majorité des individus, quels qu'ils soient.
Troisièmement, je pense qu'il serait bon que tu replaces tes réponses non seulement dans le contexte de mes interventions mais, également, dans celui de ton argumentaire propre. Au début de la discussion, tu disais avoir mentionné tes échanges avec des mères homosexuelles pour contrer l'un de mes constats, démontrant ainsi le sérieux de la démarche intellectuelle d'un citoyen ordinaire. Or, tu suggères désormais qu'au moment desdits échanges, tu étais d'ores et déjà convaincu des décisions politiques prises par ton pays quant à l'homoparentalité, les conversations en question ne visant donc pas à nourrir ta position sur le sujet mais à assouvir une curiosité toute personnelle.
Tu te contredis de manière constante puisque soit tu cherchais à l'époque à cerner de plus près le sujet afin de te positionner politiquement et, alors, il te faut entendre mes critiques quant à ton modus operandi; soit tu étais d'ores et déjà convaincu par le contenu de la Législation belge et ces discussions, de nature intime, n'ont rien à faire dans le débat qui nous oppose aujourd'hui. Tu ne peux pas leur attribuer une valeur argumentative et, dans un même temps, les présenter comme une démarche totalement intime, sans rapport avec le problème politique que pose le Mariage pour Tous au regard de la Loi. - Citation :
- J'aj juste voulu montrer que sur ce point, en généralisant tu avais tort. Tu peux reformuler plusieurs fois la même chose sous des angles différents, ma réponse sur ce point ne variera pas.
La mienne non plus. - Citation :
- Au moment où je les ai contacté, la question était déjà tranchée dans mon pays. Quelle qu'aient été leurs réponses d'ailleurs, j'aurais toujours considéré que l'état devait se mêler de ces questions, ne fut-ce que parce qu'elles ne concernaient pas deux adultes consentants (...)
Que la question ait déjà été tranchée ou non ne change rien au fait que, selon tes propres dires, tu cherchais à l'époque à te former une opinion - puisque je constate que le terme technique de "jugement" t'effraie - quant à la question éthico-politique de l'homoparentalité. Ou alors, comme je l'ai déjà écrit à plusieurs reprises, vos échanges relevaient en fait de la sphère privée, ne nourrissaient aucun rapport avec l'aspect philosophique du problème et, de ce fait, n'avaient pas à être révélés dans le cadre de la présente discussion.
Le temps des minotaures est révolu. Soit homme, soit taureau - mais pas les deux en même temps.
D'une réponse à l'autre, tu modifies le statut de ta propre démarche afin de contrer à l'envi les réponses que je t'oppose: tu présentes ces conversations passées tantôt comme une démarche de nature éthico-politique gravitant autour du Droit des enfants et de l'homoparentalité, tantôt comme des confidences cosmétiques et privées, sans rapport avec un problème que tu estimais d'ores et déjà réglé par l'intervention de l'Etat. - Citation :
- (...) mais impliquait au moins deux tiers en plus (l'autre géniteur et l'enfant).
À titre anecdotique, je t'informe que, d'une manière ou d'une autre, le second géniteur impliqué fait lui aussi partie du bord des adultes consentants. Le seul protagoniste à subir le processus sans mot dire, c'est l'enfant.
J'aimerais également te rappeler que je ne suis pas opposée à l'intervention de l'Etat, bien au contraire. Je pense uniquement que le recours argumentatif au Droit de l'enfant est tout à fait spécieux et que, dans cette matière, il faut bien avoir conscience que la Législation se soucie toujours et avant tout des conceptions que les adultes nourrissent à l'endroit des mineurs. C'est sur ce point que portait ma contradiction, laquelle me semblait validée par la démarche que tu rapportes et qui, comme tu l'as toi-même confirmé, n'entendait pas recueillir la parole des plus jeunes. - Citation :
- Qu'elle soit marginale, pour un quidam, c'est possible. Mais ces questions sont évaluées en profondeur par certains membres de chaque parti. Tu ne seras pas d'accord, mais c'est pour moi une certitude.
La profondeur, au sens où tu l'entends ici, ne présuppose ni la rigueur argumentative, ni l'honnêteté intellectuelle, ni la connaissance empirique, ni l'indépendance d'esprit. - Citation :
- Je ne suis pas franc-maçon, mais je suis certains que ce genre de débat est évoqué en loge par exemple. Il y a quand même un bon paquet de maçons dans nos pays. Ce qui fait autant de quidam qui se sont penchés sur ces questions.
Je ne prétends pas que les citoyens ignorent ces questions. Je constate qu'il est excessivement rare qu'ils aillent au contact des situations sur lesquelles ils sont amenés à se prononcer, et plus rare encore qu'ils s'intéressent sur la durée aux humains concernés en cherchant à se former une conviction libre, dût-elle entrer en conflit avec la ligne officielle de leur parti. En revanche, je fais confiances aux cénacles d'adultes majoritairement hétérosexuels pour gloser joyeusement entre soi et se former une opinion sur les homosexuels et les enfants concernés sans avoir jamais tenter de les approcher assez longtemps, ni assez étroitement pour comprendre leur vie et leurs sentiments. - Citation :
- Je pense qu'il existe aussi des cercles de discussion catholique (chrétiens, protestants, ...) dans lesquels ces questions sont débattues sans passion.
J'ai moi-même assisté à de nombreuses conférences organisées par des groupes de théologiens (chrétiens) sur différentes questions sociétales telles que l'avortement, l'euthanasie et l'I.V.G. et je puis t'assurer que je n'ai jamais vu un seul croyant présent dans la salle aboutir à l'idée qu'au vu des résultats obtenus par une libre réflexion menée sous les seuls motifs de la raison, du bon sens et de l'expérience propre, l'Eglise pourrait bien avoir tort quant aux sujets débattus. Jamais. Pas une seule fois. Comme par hasard, la conclusion finale de toute conférence et de tout débat ne débouche jamais que sur la confirmation des dogmes prêchés par la maison mère.
Et, bien que mon expérience soit plus limitée dans le domaine, il en va de mêmes lorsque les organisateurs appartiennent à des mouvements libéraux déclarés: jamais je n'ai entendu aucun de leurs membres actifs conclure qu'après avoir examiné tous les aspects de la question et cherché à connaître les personnes concernées au premier chef, il fallait bien admettre la pertinence profonde des dogmes ecclésiaux ou conservateurs jusque là dénigrés.
Comme j'ai essayé de l'expliquer plus haut en citant les noms de Christine Boutin et de Caroline Fourest, la plupart du temps, les quidams et les politiques, lestés de leurs bagages propres, ne cherchent qu'à confirmer leur position initiale. Or, dans ce processus d'auto-validation permanente, la parole des enfants assis aux premières loges, très peu s'en soucie. - Citation :
- Le fait que je n'ai utilisé cet argument qu'à un moment précis de notre conversation et pas pour répondre à Winter sur le fond, prouve que ce n'est pas le cas. Mais si tu veux penser le contraire, soit.
Sethy, je n'ai jamais pensé que ce passage s'adressait à Winter puisque, comme en témoigne le fil de nos échanges, il m'était explicitement destiné. Cela étant dit, je ne vois aucun rapport entre le destinataire de message en question, quel qu'il soit, et le statut d'argument que je m'obstine à lui prêter. - Citation :
- Encore une fois, tu déformes mes propos. Je ne me suis pas positionné comme un fervent défenseur des droits des enfants en tant que tel, mais d'un effet induit si on refusait à l'état d'intervenir dans certains sujets.
Nonobstant le fait que la construction syntaxique de ta phrase m'échappe totalement, j'aimerais te rappeler que, légitimant l'intervention de l'Etat par la présence de tiers vulnérables, tu te positionnes bel et bien en défenseur des Droits de l'enfant. Tu l'as du reste toi-même confirmé dans ton avant-dernier message en date: - Sethy a écrit:
- Quelle qu'aient été leurs réponses d'ailleurs, j'aurais toujours considéré que l'état devait se mêler de ces questions, ne fut-ce que parce qu'elles ne concernaient pas deux adultes consentants, mais impliquait au moins deux tiers en plus (l'autre géniteur et l'enfant).
D'une manière générale, Sethy, tu confonds le rôle argumentatif assigné à tes propos et la signification qui leur est propre. Parce que tu as initialement mentionné la défense du Droit des enfants pour légitimer l'intervention de l'Etat dans le cas de l'homoparentalité, tu penses que ton focus - placé sur l'interventionnisme étatique - te rend étranger à cet encadrement des mineurs que tu appelles pourtant de tes voeux. Soit tu recours aux Droit des enfants parce que, comme en témoignent tes derniers messages, tu y es sincèrement attaché et il faut alors accepter que je le tienne pour l'une de tes préoccupations politiques; soit tu l'utilises comme un outil argumentatif vide et creux te permettant uniquement de soutenir l'interventionnisme de l'Etat et, le cas échéant, tu comprendras que je considère l'argument opposé à Winter comme nul et non avenu.
Pour résumer, ce n'est pas parce que tu mentionnes la défense du Droit de l'enfant dans le cadre d'une argumentation plus large portant sur le rôle de l'Etat que tu peux ensuite t'en délester sur le bord du chemin, considérant que ledit Droit ne t'intéresse pas en lui-même. Tu sembles considérer qu'une fois son office d'exemple rhétorique rempli, celui-ci ne te concerne plus. Une chose est le rôle assigné à un motif au sein d'un débat, une autre est le sens profond qu'on lui accorde: en usant du Droit de l'enfant comme illustration de l'utilité de l'Etat, tu signales à ton interlocuteur l'importance qu'il revêt pour toi, par et en lui-même.
Ce à quoi je réponds donc, comme tu l'auras compris, que le Droit de l'enfant est, au meilleur des cas, une illusion juridique fort mal nommée et, au pire, l'antienne moralement intouchable derrière laquelle se réfugient les débatteurs en mal d'arguments.
De la même manière, ce n'est pas parce que tu as mentionné tes conversations avec des mères homosexuelles à seule fin d'infirmer mon constat que tu peux ensuite leur dénier le caractère éthico-politique initialement posé. Ton récit suggérait assez que tu avais entrepris ces discussions pour te former une opinion éthique sur une question bien précise: le fait que tu en aies usé comme d'un contre-argument ne lui ôte en rien le caractère philosophico-politique qu'il revêtait alors. Encore une fois, une chose est la place de chaque élément dans l'économie du débat, une autre est leur signification intrinsèque, inaltérable au cours de la discussion. - Citation :
- Tu serais surprise sur le nombre de sujet qui m'interpellent.
Je ne pense pas, non. On sent la curiosité intellectuelle et l'ouverture d'esprit frémir sous chacune de tes phrases.
L'exemple du voisin en patins à roulettes visait essentiellement à marquer la différence entre, d'une part, les questions purement privées, sans rapport avec l'Etat et, d'autre part, les questions publiques, elles-mêmes soumises au tranchant du vote et de la réglementation. Lorsque tu as relaté tes entretiens pour la première fois, tu les as présentés comme un moyen de te forger une opinion sur un sujet de nature éthico-politique intéressant l'ensemble de la société, c'est-à-dire l'Etat. Et c'est cet aspect-là que je voulais souligner, en l'opposant au caractère tout à fait intime de questionnements privés. - Citation :
- Je ne vois pas ce qu'il y a d'inconciliable à vouloir se faire sa propre opinion sur un sujet d'une part, et d'autre part trouver normal que l'état s'en même d'autre part. Sans qu'il y ait forcément un lien fort entre les deux.
Il n'y a en effet rien d'inconciliable entre ces deux pensées et ce n'est pas là le point que je soulevais. Je constatais simplement que tu modifies à l'envi la nature des entretiens en question, les présentant tantôt sous un éclairage franchement éthico-politique, tantôt dans la lumière tamisée d'une causerie intime. - Citation :
- Evaluation, oui, mais pas par moi et pas dans cette discussion. Jugement, non.
Les mots semblent t'effaroucher mais, pour paraphraser une chère personne, je te dirais que philosopher, c'est en premier lieu qualifier.
Cela dit, je serais très curieuse de savoir quelle différence tu fais entre les notions de "jugement" et d'"évaluation". - Citation :
- Comme je te l'ai déjà écrit, je n'ai pas utilisé cet argument sur le fond du débat, mais afin de te montrer que ce que tu avançais à propos des quidams n'était pas totalement exact.
Tout d'abord, un argument s'utilise toujours sur le fond d'un débat: n'importe comment, c'est sa raison d'être.
Ensuite, nous retombons ici dans le travers rhétorique que je soulignais plus haut et qui consiste à confondre la position dialectique d'un argument au sein d'une démonstration plus large avec le sens qu'il véhicule par lui-même. Le fait que tu recours à un motif (à titre d'exemple, le récit de tes conversations avec des mères homosexuelles) afin de démontrer un point de fond (à savoir la fausseté de l'une de mes analyses) ne t'autorise pas à nier le sens ou la forme dudit motif, une fois la démonstration achevée. Tu me fais penser à un bûcheron qui aurait usé d'une hache pour couper son bois et qui, une fois la taille terminée, dénierait avoir jamais eu l'outil entre ses mains.
Prenons un exemple.
Admettons que je veuille pour ma part démontrer la thèse selon laquelle l'Etat serait aujourd'hui beaucoup trop interventionniste. Admettons également que, pour ce faire, je recours à l'exemple suivant - totalement fantaisiste bien sûr: les enfants possèdent un instinct sexuel certain et, en interdisant les rapports entre adultes et enfants, l'Etat se permet de brimer inopportunément un besoin naturel qu'il faudrait au contraire encourager, afin de permettre aux plus jeunes de s'épanouir sans entrave sur le plan érotique. Admettons maintenant que, dans la suite du débat, tu te réfères pour une raison ou une autre à mon exemple, constatant que je suis en faveur de légalisation de la pédophilie.
Il serait alors tout à fait inepte que je te refuse le droit de t'y référer ou que j'aille jusqu'à nier l'avoir moi-même jamais fait, au motif que cet argument n'aurait servi qu'à discréditer l'interventionnisme étatique. D'une part, parce que, d'un point de vue platement factuel, je l'ai bel et bien mentionné. D'autre part, parce que, sur un plan argumentatif, soit j'utilise cet exemple parce que je le trouve pertinent et, le cas échéant, tu es en droit de me prêter une position éthique pro-pédophilie; soit je le trouve moi-même parfaitement insoutenable et ne le mentionne que pour gagner provisoirement quelque terrain argumentatif, te permettant alors de facto d'attaquer la vacuité totale de ma position. En me comportant comme tu le fais toi-même constamment au cours de la discussion, c'est un peu comme si je te répondais: "Ah! Mais non, je ne défends pas du tout la légalisation de la pédophilie. Je l'ai juste mentionnée à titre de contre-argument, afin de m'opposer à ta position."
Ce qu'il faut bien garder à l'esprit, c'est qu'un débat philosophique repose sur une concaténation ininterrompue d'arguments, d'exemples et de contre-arguments et que, de ce fait, il est malvenu de hacher les propos en prétendant que le matériau utilisé pour soutenir un édifice n'existe plus, dès lors que la construction est achevée. Lorsque tu uses d'un exemple pour illustrer une argumentation, tu mets sur la table un élément que j'ai ensuite le droit de saisir à tout moment. Les intentions argumentatives qui t'animent n'ôtent rien au contenu intrinsèque de chacun des éléments que tu avances et, quelle que soit la position dialectique d'un argument, tu ne peux lui ôter ton adhésion initiale au seul motif qu'il serait dépassé.
Tu as usé de tes entretiens avec des mères homosexuelles comme d'un argument visant à attaquer l'une de mes thèses. Fort bien. Tu les as toi-même présentés comme une étape nécessaire dans la compréhension et l'évaluation d'un problème éthique posé par la Loi. Fort bien. Désormais, tu ne peux passer cet élément à la trappe ou en changer la nature profonde, au motif qu'il te servait uniquement à contrer l'une de mes vues. Soit tu adhères au contenu de ton argument et ton adhésion justifie précisément que tu y recours pour t'opposer à mes vues. Soit tu n'y adhères pas et tu devrais alors éviter de t'en servir pour nourrir le débat.
Soit, soit - mais pas les deux en même temps. Je ne sais pas si tu me suis? - Citation :
- Je développe ma réponse précédente. Je te demandais si tu ne t'étais jamais interrogée sur le mariage, la conception, l'éducation, les parents célibataires, les familles mono-parentales ?
Et je t'ai répondu que je me posais des questions sur tout. Je suis du reste la personne à l'origine de la présente discussion puisque c'est moi qui ai posté l'article de Michel Onfray ayant engendré notre débat polyphonique. - Citation :
- C'est ton avis, soit.
Et je le partage avec moi-même, comme dirait MissAcacia. - Citation :
- Je cite l'une de tes sorties sur les politiques : "De mon expérience, tout argumentaire politique est un bric-à-brac rutilant de démonstrations très fines, de préjugés gros comme des maisons, de mauvaise foi intéressée, de sentiments plus ou moins mesurés et d'incompréhensions insurmontables. C'est le gourbi intellectuel dans lequel nous évoluons tous, parlementaires compris."
Pourrais-tu citer, à l'occasion, l'une de tes rentrées? - Citation :
- Après avoir tiré un tel constat, j'ai envie de dire "ite missae est", tout est dit.
Tu ne te laisserais pas démoraliser par si peu, si? - Citation :
- Je ne remets pas en cause ton droit de critique, loin de la, mais elle est à ce point extrême qu'on attend une alternative.
Et encore, tu ne m'as jamais vue en pleine phase dépressive.
Je ne considère pas que le réalisme - à commencer par celui qui que l'on exerce sur soi-même - constitue une position extrême. Maintenant, si tu attends de tes débats philosophiques qu'ils t'offrent des alternatives concrètes, nous somme en effet mal pris. - Citation :
- Encore une fois, à quel moment de notre discussion ai-je utilisé ces arguments ? Etait-ce en réponse à Winter ?
Peu me chaut le moment où tu les as utilisés: je constate simplement qu'ils émaillent notre échange et que, pour quelqu'un qui se retranche pudiquement derrière une neutralité toute helvétique, tu portes haut le flambeau de tes opinions politiques. - Citation :
- La question 8 montrait clairement que tu pensais que j'étais homophobe. Je me suis défendu de cette attaque en précisant ma position (d'ailleurs si je me déclare athée, c'est bien parce que dans une de tes autres questions il était question d'église).
Non. Et, comme je te l'ai écrit à plusieurs reprises, je l'aurais formulé quand bien même je t'aurais su homosexuel.
Ma question visait en fait à mettre en exergue certains des présupposés ou des conséquences propres à l'argument dit du "Droit de l'enfant" et à signaler que, sous couvert de soin des mineurs, on induit l'idée que la parentalité homosexuelle, a priori dangereuse, mérite un examen détaillé. Je ne sache pas que quiconque se penche sur les autres formes de parentalité - hétérosexuelle biologique, hétérosexuelle adoptive, hétérosexuelle recomposée, monoparentale, grand-parentale et j'en passe - afin de déterminer si, peut-être, l'un ou l'autre modèle pourrait constituer un danger pour les enfants concernés. Le fait même que tu estimes devoir confronter l'homoparentalité au Droit des enfants et à la décision étatique induit certains préjugés qui, pour inconscients qu'ils soient, n'en sont pas moins présents à l'arrière-fond de ton raisonnement. - Citation :
- Tout s'explique donc logiquement. Mes propos sont à chaque fois une réponse aux tiens.
Je sens que nous allons bientôt alunir, Sethy. En effet, dans un débat, les propos des différents intervenants s'enchaînent de manière censément logique. - Citation :
- Et je persiste, sur par exemple, l'enfant ayant des homoparents, je n'ai strictement rien dit de mes convictions. Je ne le ferai pas, et je persiste encore, ça n'est (devrais-je écrire hélas, ce n'est plus) le débat.
Je ne voudrais pas être indiscrète mais aurais-tu été élevé par un couple d'autruches? Note, je ne nourris aucun grief quant à cette parentalité-là. - Citation :
- S'y référer bien sûr, mais mes propos viennent en réponse aux tiens dans un contexte bien précis. Les sortir de celui-ci en dénature le sens et la portée. Mais il n'y pas de problèmes, je rectifierai autant de fois qu'il ne le faudra.
Surtout, n'oublie pas le fil à plomb dans la camionnette. - Citation :
- Donc, si je résume bien :
- ma démarche par rapport à la question de l'homoparentalité était intéressante, mais de part le fait même qu'il n'est pas possible d'entendre les enfants rend celle-ci totalement caduque et inintéressante. J'ai écrit exactement le contraire, à savoir que, tous les âges étant également sensibles aux effets d'un questionnement intrusif, perdu pour perdu, tu pourrais t'inspirer de la démarche entreprise auprès des adultes pour approcher les enfants également. - Dérinoé a écrit:
- Sinon, tu peux également admettre qu'il n'est pas de rencontre entre deux êtres humains qui se passe d'influences réciproques (parfois néfastes), que le risque d'incompréhension est toujours très élevé lors d'un échange verbal et qu'une discussion sincère valant toujours mieux qu'une hypothétique blessure, il n'est pas plus dangereux d'interroger des enfants exclus du débat que des adultes surreprésentés, l'équilibre résidant du reste plus dans la forme que dans le fonds des questions posées.
- Citation :
- - d'autre part, la discussion avec des adultes consentants sur leur sexualité est totalement à proscrire.
Non, j'ai simplement souligné le fait qu'il existe une étonnante incohérence dans le fait de préserver la sensibilité des enfants sans avoir d'égard pour celle de leurs parents. Si vraiment la crainte de blesser te retient d'interroger les premiers, pourquoi t'es-tu permis d'interpeler les seconds sur un aspect aussi intime de leur existence? Il y a la un sentimentalisme injustifié. - Citation :
- - enfin, discuter avec des personnes adultes différentes de nous, afin de se forger une opinion personnelle est également à proscrire.
Je crois que ma présence obstinée au sein de ce débat répond d'elle-même à ta question, Sethy. - Citation :
- Dans une communication épistolaire privée ce genre d'argument auraient eu une certaine portée, mais je n'oublie pas que je suis sur un forum public dans un sujet consacré à la philosophie, ce qui à mon avis en démultiplie les effets.
Je ne comprends pas le sens de ta conclusion. - Citation :
- Mais bon libre à chacun d'écrire ce qu'il ou elle pense.
Absolument. Sois sûr qu'elle t'écrira toujours ce qu'elle pense. - Citation :
- L'hétéroparentalité n'est-elle pas la norme ?
Pas plus que ne le sont les droitiers vis-à-vis des gauchers. Elle constitue simplement une récurrence statistique. Mais j'avais bien saisi que, pour toi, elle incarne une norme évidente qui ne saurait être interrogée, interpelée ou remise en cause. - Citation :
- Que l'histoire ait un sens, c'est certain (d'ailleurs tu le reconnais toi même en évoquant certaine personnes pour lesquelles "tout fout le camp").
Voilà ce que je t'ai écrit, pas plus tard qu'hier: - Dérinoé a écrit:
- Tout au contraire, convaincue que l'Histoire ne possède aucun sens et qu'elle se meut sur des montagnes russes incessantes, je me refuse à juger, sur un plan moral, de l'amélioration ou de la dégradation censément objectives de la Législation. Pour le dire autrement, mon expérience m'incite à partir du principe qu'elle ne fait qu'évoluer sous l'oeil unique d'un univers dépourvu de sens. Contrairement à toi, je ne conçois pas l'exercice des législateurs comme un travail de ponçage régulier, permettant l'amélioration et le peaufinage d'un premier ouvrage prometteur, mais encore grossier. Pour moi, les textes de Loi sont comme des coups de canon tirés par un capitaine aveugle dans un univers qui ne comprend rien: seuls ceux qui les reçoivent sont susceptibles de leur octroyer une valeur positive ou négative tout à fait subjective, comme tu le fais toi-même présentement. Mais, pour moi, en réalité, l'Histoire et les Lois ne font que tâtonner dans une nuit perpétuelle sans que nous puissions jamais juger objectivement de leur valeur intrinsèque.
Pourrais-tu, au passage, m'expliquer quelle différence tu opères entre les notions de "certitude" et de "conviction"? Car tu as une propension assez magistrale à asséner des thèses philosophiques aussi peu évidentes que pointues sur le ton dogmatique d'un curé de campagne récitant son rosaire sous les platanes du presbytère... - Citation :
- OK, ai-je envie d'écrire. Que nous ne soyons que de pauvres pêcheurs, soit.
...qui, à l'instar du jardin, n'a rien perdu de son éclat. - Citation :
- Je respecte totalement le choix des Suisses. Il est effectivement démocratique.
Comment pourrais-tu ne pas le respecter? - Citation :
- Si j'ai amené cet élément dans le débat, c'est en toute conscience.
Tu fais bien de le préciser: voilà un élément qui change totalement mon point de vue. - Citation :
- Quand je dis que ça a refroidi mon enthousiasme, c'est vrai que c'est parce que la votation n'allait pas dans le sens que je souhaitais mais (car il y a un mais), cela m'a amené à réfléchir plus avant sur l'ensemble du processus. Ce que je n'avais pas fait jusqu'alors. Je pourrais d'ailleurs l'élargir aux référendums.
As-tu conscience que les abrutis qui ont opté pour la sortie des Accords de Schengen sont les mêmes que tu appelles à siéger en jurés dans les procès d'Assises? - Citation :
- J'ai l'impression (mais mon avis n'est pas encore totalement arrêté) qu'il y a dans ces manières de vivre la démocratie, un manque de rétroaction. C'est un peu comme si les élus devaient se prononcer une fois pour toute sur un sujet, sans en subir les conséquences et sans possibilités d'améliorer les choses par la suite.
Le mode du scrutin universel et l'impossibilité éventuelle de rétroaction ne sont pas intimement liés et le fait d'appeler de ses voeux le second ne conduit pas automatiquement à fustiger le premier. - Citation :
- C'est d'ailleurs pour cela que j'appelle l'Europe à être ferme dans sa réponse. Le peuple Suisse a décidé, mais il faut lui montrer les conséquences. Car ce vote a des conséquences hors de Suisse. Je peux me tromper, mais je ne serais pas surpris que les conséquences de ce vote ait déjà fait réfléchir pas mal de Suisse à la question. Si c'est la cas, ce vote aura au moins servi à quelque chose.
Tu sais, entre les fondues, les lingots d'or, les chalets et les coucous, nous n'avons pas vraiment le temps de réfléchir. Dieu merci, l'Europe, qui se charge volontiers de penser pour tout le monde, aura sans aucun doute le courage de se pencher sur les bienfaits économiques et juridiques du principe de libre-circulation, elle. - Citation :
- no comment.
Au contraire, Sethy, aie le courage de tes commentaire et fais-nous part de tes lumières sur les deux points susmentionnés. - Citation :
- C'est un peu botter en touche. On parle de politique et tu prends comme exemple la discussion ...
Au vu du message auquel répondait ta propre sentence, je n'avais pas saisi que tu parlais politique en général. Mais quoi qu'il en soit, ma conception du compromis reste la même, qu'il s'agisse de débat informel ou de politique. - Citation :
- Je n'adhères pas à la manière dont tu exprimes les choses. Il ne s'agit pas de qualités intrinsèques supérieures aux communs des mortels, mais bien de l'effet d'une responsabilité.
Je ne vois pas en quoi la prise de responsabilité conférerait à nos politiciens un regain d'intelligence, de clairvoyance ou de morale. Au sortir des affaires Strauss-Kahn, Cahuzac, Thévenoud ou Le Pen, je me suis même demandé si ce ne serait pas l'inverse. - Citation :
- Je prends l'exemple du procès Dutroux. La rue voulait que lui et tout ses complices finissent leurs vies en prison. Le jury populaire en a décidé autrement et un des protagonistes a eu une peine beaucoup moins importante (5 ans) que les autres. Je suppose que je ne dois pas imaginer ce qu'aurait donné un référendum sur le sujet ? Alors que ces 12 jurés ont été tiré au sort parmi des gens de la rue : surprenant, non ?
- Citation :
- Je pense qu'à un moment, lorsqu'on est amené à décider, il y a une cristallisation de tous les lobbying.
Je te prie de m'excuser mais je ne comprends pas le sens de ces deux passages-là.
Dernière édition par Dérinoé le Mer 19 Aoû 2015 - 11:36, édité 2 fois |
| | | Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Jeu 13 Aoû 2015 - 17:53 | |
| A ce stade de la discussion, je vais livrer ma conclusion. Ici, nous sommes bien d'accord, il s'agit de mon point de vue.
Je l'assume comme tel, libre à tous de le critiquer, bien qu'elle clos le débat sur ces sujets, en tout cas pour moi.
Je voudrais terminer sur une note optimiste en décrivant ce que cette discussion m'a apportée. C'est de réfléchir aux impressions que m'avaient laissé les référendums en général.
Je pense qu'il y a une certaine logique à confier la décision sur un sujet précis à un groupe d'individu, plutôt qu'à un seul ou au contraire à tout le monde.
Tout comme en néonatalogie, il arrive pour des grands prématurés que les médecins soient amenés à prendre de décisions, ils ne le font qu'après en avoir débattu avec les autres intervenants qui s'occupent de l'enfant (infirmière, ...), la décision d'un jury populaire allant parfois contre la volonté de la rue démontre (et c'est mon avis) tout l'intérêt que peut offrir cette démocratie à deux étages. La discussion au parlement se fait d'abord dans les commissions, qui réunissent un ou deux représentant par parti et ce n'est qu'ensuite que les propositions atterrissent en séance plénière. Et après approfondissement de mes réflexions, ça me convient.
Je reste un fervent défenseur du droit de vote pour tous, afin d'élire nos représentants qui par délégation, décideront en leur âme et conscience de ce qu'ils pensent le mieux pour tous. A chacun, au moment de mettre son bulletin dans l'urne de juger de l'action globale du parti pour lequel ils ont voté 4 ou 5 ans plus tôt. C'est une autre forme de cristallisation. Plutôt qu'une implication sur chacun des points de chaque débat en profondeur, l'électeur fait la synthèse de l'ensemble des décisions de chaque parti et opte pour l'un d'entre eux (ou aucun s'il le souhaite). |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Jeu 13 Aoû 2015 - 23:42 | |
| @ Sethy:
Le fil à plomb aurait-il retrouvé le chemin de la camionnette?
Merci pour le débat, Sethy, et fais-moi signe si tu passes par la Suisse: les citoyens y ont la vue courte mais, les paysages, eux, offrent un panorama incomparable de l'infini. Et même au-delà.
@ Winter: - Citation :
- Ne pas se mêler de ce qui ne manquera pas de se faire, quoiqu'on fasse, c'est : ne pas se ridiculiser.
J'ai déjà tenté de répondre à ce point lors d'un précédent message mais je me permets d'y revenir dans la mesure où il m'interpelle tout particulièrement.
N'as-tu pas le sentiment, Winter, que l'intervention de l'Etat ne devrait jamais être déclenchée par sa capacité intrinsèque à dominer une situation jugée problématique mais pas la conviction que son absence infligerait à l'une des parties impliquées une injustice notable?Je reprends l'exemple que j'avais alors utilisé mais, si je suivais ta logique, il me faudrait admettre que l'Etat ne doit en aucun cas intervenir sur les actions engendrées par le meurtre ou la pédophilie, au motif que ceux-ci continuent de fleurir malgré l'encadrement imposé par la Loi. - Citation :
- J'ai connu les grands discours quand décision a été prise de fermer les maisons closes... l’é-ra-di-ca-tion-de-la-pros-ti-tu-tion! rien de moins!
Oui, mais, sans me prononcer sur le fonds du problème, je dirais que l'impuissance partielle de l'Etat ne conduit pas nécessairement à sa disqualification dans la gestion d'une situation considérée comme problématique. La question essentielle n'est pas de savoir si nos institutions ont les moyens, quels qu'ils soient, d'assainir une état de fait mais consiste à déterminer si ce dernier doit être considéré comme néfaste ou excessif au vu des valeurs morales admises par la société. Le cas échéant, idéalement, c'est à l'Etat de développer les infrastructures matérielles et les ressources humaines nécessaires à la gestion pratique du problème. - Citation :
- Tout le monde peut constater à quel point l'Etat se fourvoie quand il tente d'aller à l’encontre de la société qu'il est censé représenter.
Mais, Winter, pour autant que tu admettes la nécessité d'une Législation au sein de ta communauté, ne penses-tu pas qu'il incombe précisément à l'Etat "d'aller à l'encontre de sociétés", d'une part en sanctionnant des inclinations tout à fait naturelles et, d'autre part, en encourageant des comportements souvent peu spontanés? Lorsque, par exemple, un texte de loi condamne le meurtre crapuleux ou invite à la dénonciation d'un crime observé, il s'oppose aux instincts qui régissent toute vie humaine, contraignant par des règles artificielles les penchants spontanés - à savoir, en l'occurrence, la violence et l'individualisme pur et dur. |
| | | Winter Ready for a strike!
Nombre de messages : 1323 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Ven 14 Aoû 2015 - 12:35 | |
| - Dérinoé a écrit:
- N'as-tu pas le sentiment, Winter, que l'intervention de l'Etat ne devrait jamais être déclenchée par sa capacité intrinsèque à dominer une situation jugée problématique mais pas la conviction que son absence infligerait à l'une des parties impliquées une injustice notable?
Je n'ai rien contre le pouvoir d'un Etat démocratique Ses rôles sont fondamentaux pour chacun de nous . Dans l'affaire qui nous occupe son absence impliquerait quelle injustice ? (et je te fais grâce du nombre considérable d'injustices dans ce bas monde auquel l'Etat ne peut rien et qu'il organise m^m, parfois...) Une injustice pour qui? - Citation :
- ...il me faudrait admettre que l'Etat ne doit en aucun cas intervenir sur les actions engendrées par le meurtre ou la pédophilie, au motif que ceux-ci continuent de fleurir malgré l'encadrement imposé par la Loi.
... je n'ai jamais dit qu'il ne pouvait pas intervenir pour faire respecter les lois qu'il érige pour protéger sa population ! Ce à quoi tu fais allusion sont des actes que subissent des personnes, reconnues comme telles, non consentantes, mettant en danger leur intégrité physique ou psychique. Je ne vois rien qui de près ou de loin puisse être rapproché de la procréation médicalement assistée, désirée par une personne ou un couple, gérée par une équipe médicale.. - Citation :
- ...dans la gestion d'une situation considérée comme problématique.
Là, tu tiens peut être quelque chose. En quoi cette situation est-elle problématique? Jusque là je ne sais toujours pas ce qui pose problème. - Citation :
- ...incombe précisément à l'Etat "d'aller à l'encontre de sociétés", d'une part en sanctionnant des inclinations tout à fait naturelles et, d'autre part, en encourageant des comportements souvent peu spontanés?
Des inclinations naturelles??la pédophilie ? ce n'est pas naturel, mais induit, du moins c'est ce qu'en disent les psy, non? Comportements peu spontanés? la dénonciation? je t'assure que c'est très spontané chez beaucoup, à commencer par les enfants qui n'y voient aucune malice si on ne leur explique pas! Je ne t'ai peut être pas comprise.. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Sam 15 Aoû 2015 - 1:00 | |
| @ Winter: - Citation :
- Je n'ai rien contre le pouvoir d'un Etat démocratique Ses rôles sont fondamentaux pour chacun de nous .
Dans l'affaire qui nous occupe son absence impliquerait quelle injustice ? (et je te fais grâce du nombre considérable d'injustices dans ce bas monde auquel l'Etat ne peut rien et qu'il organise m^m, parfois...) Une injustice pour qui? Sur le Mariage pour Tous et sur la G.P.A., je suis tout à fait d'accord avec toi.
C'est plutôt l'argument que tu avances qui me pose problème. Si je ne m'abuse, tu as écrit que l'Etat se ridiculisait à intervenir sur des actes, des tendances ou des courants qu'il ne pouvait de toutes façons pas empêcher, l'élan social emportant sur son passage tous les barrages érigés par la Loi. Or, j'ai le sentiment qu'une telle conception devrait induire un immobilisme de l'Etat quant au meurtre, au viol ou au vol, toutes formes d'agissement difficilement éradicables et persistant malgré les nombreuses mesures prises par nos politiques en la matière. - Citation :
- ... je n'ai jamais dit qu'il ne pouvait pas intervenir pour faire respecter les lois qu'il érige pour protéger sa population ! Ce à quoi tu fais allusion sont des actes que subissent des personnes, reconnues comme telles, non consentantes, mettant en danger leur intégrité physique ou psychique. Je ne vois rien qui de près ou de loin puisse être rapproché de la procréation médicalement assistée, désirée par une personne ou un couple, gérée par une équipe médicale..
D'accord! Dans ce cas, ce n'est pas l'impuissance totale ou partielle de l'Etat qui devrait justifier son retrait, mais l'absence de danger encouru par les individus impliqués. - Citation :
- Là, tu tiens peut être quelque chose. En quoi cette situation est-elle problématique? Jusque là je ne sais toujours pas ce qui pose problème.
Je suis d'accord avec toi. - Citation :
- Des inclinations naturelles??la pédophilie ? ce n'est pas naturel, mais induit, du moins c'est ce qu'en disent les psy, non?
Je me suis mal exprimée. Lorsque j'utilise le terme "naturel" pour qualifier certains types d'action, je ne veux pas dire par là qu'ils sont innés mais qu'ils constituent des comportements humains spontanés, plus ou moins répandus selon les cas, que seul un effort constant permet, sinon d'annihiler complètement, du moins de maîtriser en partie. À titre d'exemples, l'agressivité, la convoitise, le désir ou la couardise sont autant de pulsions qui, innées ou acquises, traversent la plupart des êtres humains avec plus ou moins d'intensité, conduisant à des actes tels que le meurtre, le vol, le viol ou la non-assistance à personne en danger. Or quelle que soit l'origine de ces comportements, ils constituent des inclinations profondes, mises sous cloche dès l'enfance par la perception d'un ensemble de règles morales et de Lois modelant les mentalités.
Bien que je ne puisse me prononcer avec certitude sur le complexe sujet de la pédophilie, il me semble, tout comme à toi, qu'il s'agit d'une orientation sexuelle induite par le vécu ou l'expérience propre, non par les gènes. En revanche, en admettant qu'elle soit bel et bien acquise, elle demeure une pulsion viscérale qui, comparable à toutes les autres formes de sexualité, ne peut être contenue que par une contrainte interne - l'effort individuel - ou externe - la Loi, la seconde entraînant bien souvent la première. En ce sens, l'incapacité partielle de l'Etat à supprimer cette pratique ne saurait justifier son retrait ou son abstention. - Citation :
- Comportements peu spontanés? la dénonciation? je t'assure que c'est très spontané chez beaucoup, à commencer par les enfants qui n'y voient aucune malice si on ne leur explique pas!
Là encore, je me suis mal exprimée. Je ne pensais pas aux actes de délation, lesquels consistent à avertir une autorité, judiciaire ou non, d'un comportement en réalité peu néfaste à autrui, voire tout à fait innocent, mais à cette dénonciation attendue par l'Etat dès lors que le citoyen est témoin d'une exaction dommageable à la société ou à l'un des individus qui la compose. En l'occurrence, je me référais à cette obligation légale cristallisée sous la qualification de "non-assistance à personne en danger", laquelle contraint l'individu, par essence lâche et indifférent, à tout mettre en oeuvre pour faire cesser des illégalités éventuellement constatées, ce dans la mesure de ses moyens.
Je mentionnais donc ces exemples pour bien souligner que, dans tous les cas, c'est le rôle de la Législation - comme celui de toutes les règles, quelles qu'elles soient - que d'aller à l'encontre de nos penchants naturels, punissant les actes néfastes et encourageant certain engagement civique peu spontané.
Ainsi, l'Etat démocratique ayant pour rôle essentiel de contrer les inclinations naturelles de ses membres, il serait problématique de lui dénier cet interventionnisme au motif que lesdites inclinations perdureraient malgré son action préventive et punitive.
En revanche, je te rejoins tout à fait quand tu affirmes que l'intervention positive de l'Etat devrait être motivée par une potentielle mise en danger des individus, et non sur le seul caprice arbitraire d'une oligarchie dominante. Le problème, c'est qu'au vu des différentes idéologies qui traversent la société, il se trouve toujours un groupe de personnes pour considérer comme problématique ou néfaste ce que d'autres jugeront parfaitement banal et inoffensif. Dans nos pays respectifs, il existe un certain nombre de citoyens qui, en leur âme et conscience, estiment que l'homosexualité procède d'une perversion et qu'il serait en conséquence normal que l'Etat lui interdise l'accès à la filiation, par quelque biais que ce soit. Si, comme en témoignent tes messages, tu n'y vois toi qu'une sexualité banale, tout à fait comparable à celle des hétérosexuels, tout l'enjeu politique et philosophique consiste à convaincre ces personnes de la fausseté de leur jugement quant à la nature de l'homosexualité. Comme eux, du reste, tenteront d'éveiller ta conscience à ces fameux dangers moraux, physiologiques et sociaux que tu sembles ignorer.
Je crois qu'il faut bien garder à l'esprit que, de même que tu considères la pédophilie comme néfaste aux enfants, certains de tes concitoyens - et notamment les croyants issus des trois grands courants monothéistes - voient dans l'homoparentalité un type de violence à l'enfant tout à fait comparable. De ce fait, de même que tu appelles à l'intervention de l'Etat dans le premier cas de figure, ces personnes estiment-elles en toute sincérité que la Loi se doit d'empêcher l'émergence de l'homoparentalité.
Toute la difficulté vient de ce qu'au sein d'une société, les individus partagent rarement tous les mêmes présupposés en matière d'éthique et de politique, si bien que là où les uns attendent l'intervention de l'Etat, d'autres n'y voient qu'une restriction injustifiée de libertés individuelles tout à fait inoffensives.
Je ne sais pas si j'ai été plus claire?
Dernière édition par Dérinoé le Lun 17 Aoû 2015 - 15:27, édité 1 fois |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Lun 17 Aoû 2015 - 12:41 | |
| La Philosophie n'étant jamais aussi intéressante que lorsqu'elle débarque avec armes et bagages sur le grand tarmac de la vie, j'aimerais vous exposer ici une situation rapportée hier par une proche et vous demander ensuite votre avis quant aux lignes éthiques incarnées par ses différents protagonistes.
Mon amie et sa copine se trouvaient hier après-midi, sur un quai de métro relativement désert, en France, lorsqu'elles ont remarqué qu'un chat, vraisemblablement prostré, se tenait assis entre les rails électrifiés de la ligne en question. Alors que la copine se précipitait sur le téléphone mural servant à contacter en urgence les services responsables du trafic, du quai, mon amie a tenté d'attirer le petit félin vers elle en cherchant à capter son attention par différents moyens, dans l'espoir qu'il s'approche d'elle aussi rapidement que possible. Peine perdue, le chat, vraisemblablement paniqué, la fixait sans bouger d'un pouce, se ramassant entre deux rails dans une position d'attente figée. J'ajoute que son pelage, partiellement blanc, était aux dires de mon amie recouvert de suie, suggérant qu'il se trouvait dans l'aire de circulation des métros depuis un moment déjà.
Surpris par le manège des deux jeunes femmes, les passagers présents sur le quai se sont penchés à leur tour sur les rails, découvrant avec malaise la présence d'un chat tapi sur la ligne en question.
Malheureusement, la fosse séparant le quai des rails étant très profonde et les murets dépourvus d'échelle, il était impossible, pour aucun des voyageurs témoins de la scène, de descendre récupérer le chat et de remonter ensuite sans dommage par ses propres moyens. Je dois également ajouter que, d'après les dires de mon amie, l'arrivée du métro était imminente, abrogeant définitivement toute possibilité d'intervention citoyenne.
C'est maintenant que débute la partie philosophiquement intéressante.
La copine de mon amie s'est entendue dire au téléphone, par un employé vraisemblablement peu surpris de son appel, que le chat avait été repéré le matin même sur les voies grâce aux caméras de surveillance et que les responsables attendaient la fin du trafic - aux alentours d'1 heure du matin - pour sécuriser la zone et récupérer le félin.
Lorsque le métro est arrivé dans le fracas que connaissent tous les citadins, le chat s'est pelotonné entre les rails et les rames lui sont littéralement passées au-dessus de la tête, l'appareillage du plancher lui laissant vraisemblablement assez de place pour se terrer sans être fauché par le métro.
Une fois arrivées dans le bus qu'elles devaient prendre ensuite, mon amie et sa copine ont à nouveau alerté l'un des contrôleurs présents, lequel leur a répondu avec désinvolture et sans un regard que les caméras avaient dû repérer le chat depuis un moment et que les employés s'en chargeraient en temps voulu.
De retour chez elles, et très surprises par cette indifférence ostensible là où une intervention rapide semblait toute indiquée, les deux jeunes femmes ont décidé d'alerter le Service client des transports concernés ainsi que la S.P.A. locale. Il se trouve que cette-dernière est malheureusement fermée le week-end mais, en revanche, le Service client, lui, a répondu à leur appel. Les arguments opposés par leur correspondant pour justifier le délai d'intervention les a beaucoup surprises et je vous les relate avec la plus grande objectivité possible, tels que je les ai moi-même compris lors du récit de mon amie.
1) Le sauvetage d'un animal présent sur les voies nécessitant l'arrêt du trafic pour une durée plus ou moins longue, le Service des transports ne peut se permettre de prétériter ses usagers par une cessation de la circulation des métros, même un dimanche du mois d'août, en plein après-midi.
D'une manière générale et selon les informations livrées par le correspondant, l'arrêt du trafic ne saurait être justifié que par la mise en danger des usagers du métro, soit qu'un individu se trouve incidemment sur les rails, soit qu'un colis suspect soit détecté en quelque lieu de la ligne.
2) La sécurité des employés du réseau passe avant le sauvetage d'un animal et si ceux-ci ont jugé l'arrêt du métro et l'intervention immédiate impossibles, c'est non seulement par sens du devoir envers les usagers mais également pour garantir leur propre intégrité physique.
3) Il semble qu'un état de détresse évident de l'animal (vraisemblablement entendu par le correspondant comme la présence de blessures physiques bien visibles) aurait pu éventuellement accélérer le processus. Le correspondant a toutefois confirmé que la présence d'un chat tapi durant une journée entière entre les rails d'un métro en pleine activité, noir de suie et incapable de sauter par lui-même hors de la profonde fosse qui sépare la ligne du quai ne saurait constituer un état de détresse manifeste aux yeux des responsables du réseau.
4) Le chat ayant survécu depuis le matin aux passages réguliers des deux métros de la ligne, il est légitime que les employés du réseau considèrent ses chances de survie jusque à la cessation programmée du trafic comme très élevées.
5) Le correspondant a dénié que le Code civil français reconnaisse le statut d'êtres sensibles aux animaux, mon amie ayant à tort ou à raison avancé l'argument de la protection juridique accordé à nos amis les bêtes.
6) Enfin, le correspondant a informé mon amie que possédant lui-même deux chats, il était tout à fait sensible à la souffrance animale mais qu'une saine vision des choses ne saurait placer les bêtes au même rang que les êtres humains.
Si je devais résumer ces six points, tels que je les ai saisis lors de l'entretien avec mon amie, je dirais qu'ils procèdent tous d'un argument central, lequel consiste à distinguer, au sein de la grande famille des êtres vivants, le statut moral et juridique des animaux de celui des êtres humains, la préservation de ces derniers étant seule à même d'influencer de quelque manière que ce soit les actions du Service public.
En désespoir de cause, mon amie et sa copine ont rédigé une lettre, doublée d'un mail, destinés au Service public concerné et dont elles entendent par ailleurs envoyer une copie à la S.P.A.
Fin du récit, place à la partie philosophique.
Comme certains d'entre vous le savent peut-être, les positions respectives des différents protagonistes de cette histoire exemplaire - d'un côté les employés du réseau, de l'autre mon amie et sa copine - illustrent deux des grands courants philosophiques aujourd'hui très discutés dans le domaine de la bioéthique.
D'une part, le spécisme, lequel consiste à relever les différences existant entre les espèces, et notamment entre l'Homme et l'animal, pour en tirer une hiérarchie à la fois morale et juridique - c'est la position revendiquée par les employés du réseau. De l'autre, l'antispécisme, lequel consiste au contraire, sur la bases de différents arguments, à considérer soit que les différences systématiques entre les espèces n'existent pas, soit qu'elles existent mais qu'elles sont superficielles, soit, encore, qu'elles existent et ne sont pas superficielles mais qu'elles ne légitiment en rien une différence de traitement morale et juridique - c'est, grosso modo, la position adoptée par mon amie et sa copine au cours de leurs différentes démarches.
Lors de notre discussion, mon amie et moi nous sommes demandées quel serait l'avis majoritaire de nos concitoyens respectifs face à cette situation, combien de personnes rejoindraient spontanément les arguments du Service public et combien les rejetteraient au profit de la position inverse.
C'est donc dans le but de récolter vos opinions philosophiques (ou juridiques), quelles qu'elles soient, que je vous relate aujourd'hui le récit de l'aventure vécue par mon amie, espérant ainsi, par une expérience concrète, donner corps à une question théorique aujourd'hui très débattue par les spécialistes. Je précise qu'il n'est aucun traquenard dans ma question et que tous les avis et toutes les intuitions, quels qu'ils soient d'un bout à l'autre de l'éventail éthico-politique, sont les bienvenus. Je n'entends pas attaquer à la molaire les conceptions des uns et des autres au seul motif qu'elles dépareraient d'une forme de bienpensance gentillette. Enfin, pas plus que d'habitude. Oh! Ca va, on peut rigoler (de soi), non?
Pour résumer, mes deux questions principales sont les suivantes:
a) Que pensez-vous des arguments formulés par le Service public et de la gestion de l'incident survenu sur l'une de ses lignes de métro?
b) Que pensez-vous des initiatives prises par mon amie et sa copine quant au sauvetage de ce chat? Quelle aurait été votre réaction à leur place?
À vous lire.
Dernière édition par Dérinoé le Lun 17 Aoû 2015 - 16:49, édité 3 fois |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Lun 17 Aoû 2015 - 14:27 | |
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Dernière édition par TimesNewRoman le Mer 14 Oct 2015 - 16:45, édité 1 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 10:26 | |
| Ton cas est intéressant Dérinoé. A la fois par les réactions de tes amies, qui sont portées par des bonnes intentions, et par la réaction de la RATP qui a une mission de transport des voyageurs, et pour qui, par conséquent, la vie d'un animal égaré sur les voies n'est pas une priorité.
Je vais surement choquer par mal de monde, mais je soutiens à 100% la position de la RATP, car : La RATP transporte des gens, avec un planning extrêmement serré, qui n'est pas toujours tenu pour toutes sortes de raisons dont pas mal tiennent aux voyageurs eux-mêmes : portes que l'on empêche de se fermer pour permettre à d'autres voyageurs d'entrer, pannes et incidents mécaniques divers, ... La place d'un chat n'est pas sur les rails, il est donc condamné ; si il est toujours vivant à la fin de la journée de transport, il sera probablement remis à un organisme qui procèdera à son euthanasie. Les comités d'usagers sont extrêmement vigilants sur le moindre incident, et c'est bien normal, car les transports en commun dans Paris sont écologiques (par rapport à la voiture), rapides, et relativement peu coûteux. Je ne suis pas choquée d'entendre les agents indiquée que ce chat sera récupéré (s'il est encore là) car ça me parait normal. Si tes amies étaient descendues sur la voie pour récupérer le chat, et qu'elle aient été blessées, la RATP aurait été condamnée à un versement important de dommages et intérêts.
En conclusion, je trouve tes amies gentilles mais pas réalistes. Je trouve la réaction de la RATP normale.
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 12:29 | |
| @ TimesNewRoman:
Merci beaucoup pour ton retour, TimesNewRoman. Je partage tes constatations jusqu'à l'infini, et même au delà. - Citation :
- Comment dire... Le chemin est encore long, je crois.
Juillet 2015, Irlande. http://www.independent.ie/irish-news/outrage-as-yellow-road-marking-painted-over-cat-on-roadside-31406376.html http://www.metronews.fr/info/irlande-une-ligne-de-signalisation-tracee-sur-un-chat-mort-choque-les-internautes/mogB!AHE9SDYxlSgFs/ C'est bon, ça. Je savais déjà qu'eu égard aux présupposés du temps, il était excessivement difficile d'argumenter pour la thèse antispéciste selon laquelle les animaux devraient être protégés par la Loi au même titre que le sont les êtres humains mais je découvre, grâce à ton lien, qu'il est tout aussi périlleux, pour certains, de leur assigner le seul statut d'être vivant.
Comme tu dis, long is the road, hard is the way. - Citation :
- Bref, un dimanche d'août sur la Terre...
Sur la Terre des Hommes, donc.
@ Petit Faucon:
Merci beaucoup pour ta réponse, Petit Faucon. - Citation :
- Ton cas est intéressant Dérinoé
Merci. À tout le moins permet-il de discuter spécisme et antispécisme sur la base d'un cas concret. - Citation :
- A la fois par les réactions de tes amies, qui sont portées par des bonnes intentions, et par la réaction de la RATP qui a une mission de transport des voyageurs, et pour qui, par conséquent, la vie d'un animal égaré sur les voies n'est pas une priorité.
Je dois préciser que l'incident ne s'est pas déroulé à Paris mais dans une autre grande ville française. Ce point me paraît d'importance, dans la mesure où les médias semblent témoigner d'une différence de gestion des problèmes, d'une ville et d'un réseau à l'autres. - Citation :
- Je vais surement choquer par mal de monde, mais je soutiens à 100% la position de la RATP, car : (...)
Je commence par souligner que tes propos ne me choquent en rien et que je les crois même partagés, sinon par une majorité, du moins par bon nombre des lecteurs de ce Forum. Je suis très reconnaissante qu'avec TimesNewRoman, vous ayez pris le temps d'ouvrir la discussion et me réjouis de ce que vous représentiez chacune les deux grandes positions sous-tendues par ce débat: l'échange n'en sera que plus passionnant. Merci à vous deux, donc.
Avant de te répondre sur le fond, je dois d'entrée préciser que l'ensemble des considérations à suivre seront subordonnées non pas à la dichotomie habituelle opposant êtres humains et animaux mais à celle qui distingue le vivant en général de toutes les formes d'inanimés. - Citation :
- La RATP transporte des gens, avec un planning extrêmement serré, qui n'est pas toujours tenu pour toutes sortes de raisons dont pas mal tiennent aux voyageurs eux-mêmes : portes que l'on empêche de se fermer pour permettre à d'autres voyageurs d'entrer, pannes et incidents mécaniques divers, ...
Pour un antispéciste, ce premier mouvement de l'argumentation ne saurait être probant. En effet, en répondant comme tu le fais, tu délaies la question de l'antispécisme dans le présupposé, pour toi évident, selon lequel l'animal vaudrait par principe moins que l'humain et que, de ce fait, les mesures prises pour secourir ou préserver le second ne saurait être appliqué au premier.
Or, dans le débat qui nous occupe, c'est précisément ce présupposé-là, à savoir la hiérarchie ontologique, morale et juridique organisant la place des différentes espèces au sein de la communauté du vivant, qu'il faudrait étayer et soutenir par des arguments précis. Tu pars du principe que le chat en question ne peut pas et ne doit pas appeler les mêmes réactions qu'un individu placé dans la même situation. Mais, Petit Faucon, c'est bien de ce principe là qu'il faudrait débattre: qu'est-ce qui, rationnellement, intellectuellement, philosophiquement, justifie que, dans l'ordre de considération des vivants, nous assignions aux animaux une place inférieure à celles que nous octroyons aux êtres humains?
Toute la pensée antispéciste découle de cette interrogation-là. Dès lors, à charge des spécistes d'argumenter en faveur d'une nette hiérarchie des êtres. (Et inversement, bien sûr, lorsque c'est l'antispéciste qui développe sa vision du monde.) - Citation :
- La RATP transporte des gens, avec un planning extrêmement serré, qui n'est pas toujours tenu pour toutes sortes de raisons dont pas mal tiennent aux voyageurs eux-mêmes : portes que l'on empêche de se fermer pour permettre à d'autres voyageurs d'entrer, pannes et incidents mécaniques divers, ...
Le point que tu soulignes est juste, bien sûr.
Mais un antispéciste te répondra que, quelles soient les difficultés quotidiennes rencontrées par les responsables du réseau, on peut raisonnablement estimer que leur devoir premier consiste non pas à assurer la régularité et la ponctualité du trafic à tout prix, mais à les gérer en tenant compte du principe impératif de sauvegarde et de préservation du vivant, qu'il soit humain ou non.
Je suppose que, dans la hiérarchie qui structure tes priorités personnelles, tu ferais passer la fluidité du trafic après le sauvetage d'un être humain tombé ou poussé sur les rails peu avant le passage des rames. Ainsi, en tant que citoyenne et usagère, tu serais probablement très favorable à ce que les responsables arrêtent la circulation du métro afin de secourir, toutes affaires cessantes, l'individu en détresse. Je vais même jusqu'à supposer que l'indifférence benoîte des employés quant à la présence d'un individu étalé sur les rails te choquerait profondément.
Or, encore une fois, la question que pose l'antispécisme est la suivante: pourquoi, au sein de nos esprits et de nos Lois, la préséance accordée à la préservation de l'humain ne touche-t-elle pas le vivant dans son ensemble, quel qu'il soit? - Citation :
- La place d'un chat n'est pas sur les rails, il est donc condamné ;
On pourrait en dire autant d'un être humain tombé par mégarde ou poussé sur les rails, n'est-ce pas? Mais nous ne le disons pas. Pourquoi? - Citation :
- si il est toujours vivant à la fin de la journée de transport, il sera probablement remis à un organisme qui procèdera à son euthanasie.
D'abord, je ne suis pas certaine que l'euthanasie soit systématique et, du reste, je me demande quelle est la procédure officielle en vigueur au sein des Transports public dans les cas où un animal est récupéré par les employés. As-tu toi-même connaissance d'affaires dans lesquelles des animaux secourus auraient été directement envoyés à une mort par injection, sans autre forme de procès?
Ensuite, j'ajoute que, si ton hypothèse était correcte, elle signifierait que les Transports publics français n'auraient en effet aucun motif de secourir les animaux coincés sur leurs territoires et qu'euthanasie pour euthanasie, ils auraient raison d'attendre un accident fatal sans jamais intervenir, sachant que, d'une manière ou d'une autre, l'animal n'en réchapperait pas. Or, le cas échéant, je me dis que les diverses réponses obtenues par mes amies seraient d'un cynisme total puisqu'elles annonceraient avec certain aplomb un sauvetage nocturne tout à fait fantaisiste, les représentants du Service public attendant en réalité que le problème se résolve lui-même par un malheureux accident. Si tel est le cas, je trouve que les Transports publics devraient avoir le courage de leur philosophie et expliquer sans détour aux usagers les raisons de leur patente inaction.
Enfin, encore une fois, quand bien même ton hypothèse s'avérerait, un antispéciste te répondra que l'euthanasie n'est pas admissible et qu'elle relève en fait de ces mêmes présupposés spécistes confortant les Transports publics dans l'inaction constatée par mes amies. Là aussi, la question centrale posée par le débat est la suivante: pourquoi valider l'euthanasie animale dans des conditions que nous estimerions inacceptables pour un être humain? - Citation :
- Les comités d'usagers sont extrêmement vigilants sur le moindre incident, et c'est bien normal, car les transports en commun dans Paris sont écologiques (par rapport à la voiture), rapides, et relativement peu coûteux.
D'abord, et encore une fois telle que j'ai accueilli leur récit, mon amie et sa copine n'entendaient pas mettre en danger les usagers ou les employés présents lors de l'incident mais appelaient à une cessation du trafic provisoire, laquelle aurait peut-être permis de récupérer l'animal en toute sécurité pour les différentes parties impliquées.
Ensuite, ce n'est pas une petite Suissesse qui expliquera à une Française que toute action sociale a son coût et que les dépenses impliquées par une démarche secourable, quelle qu'elle soit, ne constituent un frein qui si l'on décide, après réflexion, que les êtres ou les situations dont il est question ne sauraient justifier les sommes requises.
Il en va de même pour toute action sociale éventuelle, bien sûr, et en l'espèce, nous retombons toujours sur la même question: selon nous, la vie d'un animal en danger mérite-t-elle la dépense et l'investissement économiques qu'impliquerait, à situation égale, un être humain coincé sur les rails? Et si non, pourquoi? - Citation :
- Je ne suis pas choquée d'entendre les agents indiquée que ce chat sera récupéré (s'il est encore là) car ça me parait normal.
"Normal", je suppose, parce que tu considères que la vie et le bien-être d'un animal possèdent une valeur inférieure à celle d'un être humain, lequel aurait, lui, justifié une perte de temps et d'argent dans le cadre d'une situation semblable.
Or, la question que pose l'antispécisme est la suivante: la norme selon laquelle un animal vaut moins qu'un humain est-elle légitime? Ou, pour le dire autrement, quels sont les arguments et les raisonnements justifiant cette hiérarchisation du vivant au sein de nos pratiques et de nos Législations? - Citation :
- En conclusion, je trouve tes amies gentilles mais pas réalistes. Je trouve la réaction de la RATP normale.
Pour ma part, j'entends le réalisme comme la capacité d'observer, de décrire et de prendre en compte un ensemble de phénomènes et de processus indépendants de ses vues et de sa propre volonté. En ce sens, j'estime que, dans le cas donné, le réalisme n'est pas en cause puisqu'en effectuant plusieurs démarches auprès des autorités compétentes, mes amies ont constaté et assimilé la réalité, telle qu'elle se présentait à elles sous la forme d'une tranquille passivité. Je dirais même que leurs initiatives découlent précisément de ladite constatation, sans laquelle elles n'auraient pu réagir à l'ordre des choses bien établi.
Leur démarche consiste donc justement à s'opposer à l'épaisseur de la réalité et, par leurs appels et leurs lettres conjugués, à tenter modestement d'entailler ce bloc de marbre immobile pour y insérer un peu de leur vision du monde, espérant que sous le coup d'innombrables petites fissures identiques, celui-ci s'amoindrira pour laisser toujours plus de place à cette matière opposée qui est celle de l'antispécisme.*** Pour résumer, je dirais que, d'une manière générale, ta réponse semble sous-tendue par l'idée, implicite, que la vie d'un animal ne saurait revêtir la même importance que celle d'un être humain. Or, l'antispéciste convaincu te demandera nécessairement quels sont les arguments justifiant une telle distinction ou, pour le dire autrement, quels sont les caractéristiques qui, rationnellement, situent l'individu au-dessus de l'animal?
Tout le débat est là. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 13:16 | |
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Dernière édition par TimesNewRoman le Mer 14 Oct 2015 - 16:45, édité 2 fois |
| | | Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 13:39 | |
| Quelques réflexions sous formes de questions tout d'abord.
Les réactions auraient-elles été différentes si l'animal, au lieu d'être un chat avait été une souris ou un rat (je vous épargne la grosse araignée et le serpent) ?
Existe-t-il (au niveau où on veut placer le débat s'entend) une différence objective entre ces espèces ?
N'y a-t-il pas la, dès le départ, un biais du à la place qu'à le chat dans nos cultures ?
Devrait-on ériger des barrières le long de toutes nos routes pour éviter que les hérissons et autres petits animaux soient victimes d'écrasement ?
Ou alors la différence viendrait du fait qu'il ne s'agit pas d'un animal sur la voie, mais qu'il s'agit de ce chat, particulier, qu'on voit ? Je fais le parallèle dans l'autre sens avec le racisme. Le black/beur/... qu'on ne connait pas a tous les défauts alors que celui qu'on connait en serait justement exempt ?
Pour ma part, je crois qu'on ne doit pas s'excuser d'être vivant. Notre espèce, comme toute autre, est le fruit d'un processus évolutif dans lequel ont été sélectionné les comportements les plus aptes à la survie. La protection de l'espèce en est un. La lutte pour l'espace vital en est un autre. Qualifier le métro d'espace vital peut choquer, mais d'une certaine manière c'est un peu le cas.
Je crois qu'il faut faire ce qui est possible quand ça l'est sans tomber dans la sensiblerie, ni au contraire dans l'image qu'on se fait du maquignon.
Dans certaines régions particulières, il y a des tuyaux sous les routes pour protéger les grenouilles lors de leurs déplacement, ce qui me parait être positif, à l'inverse ériger une barrière de quelques dizaines de centimètres le long de l'ensemble de nos routes pour protéger les hérissons est peu réaliste.
Pour l'anecdote, il y a quelques années, j'ai été témoin d'une interruption du trafic parce qu'un chien se baladait entre deux stations. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 14:09 | |
| J'étais sûre que ma réaction allait susciter ton ire Dérinoé.
Pour ma part, je place mes préoccupations d'abord envers les humains puis ensuite vers les animaux, mais je respecte le vivant, les plantes, les arbres, autant que les blattes et les chats ; je ne détruis une plante ou un animal que par stricte nécessité, et je veille à respecter la vie des fourmis autant que celle des araignées.
J'ai failli évoquer l'argument de Séthy à propos du rat à la place du chat, car j'ai remarqué que la pitié humaine pour la faune est à géométrie très variable ; on pourrait se référer à l'affaire récente de ce lion Cecil du Zimbabwe, qui a créé en Occident une polémique de grande ampleur, alors que les Zimbabwéens rappellent que le tourisme de safari rapporte de l'argent à leur pays, et que les lions tuent aussi des humains régulièrement, les territoires des hommes empiétant de plus en plus sur ceux des lions.
La question de la primauté des humains sur les autres espèces vivantes est une question cruciale de notre siècle, sachant que nos cultures occidentales ont dans leurs valeurs fondatrices la suprématie de l'homme (blanc) sur tout les reste ; le chemin à faire pour respecter les autres formes de vie est donc (très) long, mais nous sommes poussés par l'augmentation du nombre des humains au détriment des autres espèces, et d'autre part par la raréfaction des ressources, que nous et nos ancêtres ont pillées, en ne voyant pas plus loin que la durée de la vie humaine. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 14:14 | |
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Dernière édition par TimesNewRoman le Mer 14 Oct 2015 - 16:44, édité 1 fois |
| | | Sethy Ready for a strike!
Nombre de messages : 1371 Age : 57 Date d'inscription : 06/11/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 14:27 | |
| - TimesNewRoman a écrit:
- Quelques réponses préliminaires, en coup de vent…
- Sethy a écrit:
- Les réactions auraient-elles été différentes si l'animal, au lieu d'être un chat avait été une souris ou un rat (je vous épargne la grosse araignée et le serpent) ?
Je réponds en mon nom, bien sûr. Au cas d’espèce, oui, selon moi, parce qu'une souris (ou un rat) est apte à se sortir sans aide quelconque des boyaux d’un métro. Ne penses-tu pas qu'un chat peut survivre dans un métro ? S'il y a des petits rongeurs, je pense qu'il survivra sans problèmes. Ici, l'élément qui à mon avis était clé, c'est que la petite bête était prostrée. - TimesNewRoman a écrit:
- Sethy a écrit:
- Pour l'anecdote, il y a quelques années, j'ai été témoin d'une interruption du trafic parce qu'un chien se baladait entre deux stations
Et qu’en avais-tu pensé? Cela t’avait-il choqué? Non, pas du tout. Ceci dit, je ne sais pas s'ils ont été le chercher par compassion ou pour le risque qu'il représentait pour la sécurité humaine. |
| | | Winter Ready for a strike!
Nombre de messages : 1323 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 15:06 | |
| Un être humain et un animal se noient. On peut en secourir un mais pas les deux. Qui choisir? L'être humain! et c'est un choix que fera n'importe qui, y compris un antispéciste, parce que c'est ainsi. Il préfèrera avoir la mort d'un animal sur la conscience que celle d'un humain. Pourquoi? Il y a surement beaucoup de raisons, mais je crois que la première c'est que nous nous reconnaissons dans l'autre comme un autre soi-m^m, L'animal passe après, toujours. Il ne fait pas parti de nous. On sait aujourd'hui que c'est un cousin très éloigné... mais il ne sera pas prioritaire. Ce sont les proches qui sont prioritaires. Ça ne veut pas dire qu'on veut du mal aux animaux en général, mais, à choisir, c'est l'humain qui passe d'abord. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Un peu de philo ? Mar 18 Aoû 2015 - 18:53 | |
| @ TimesNewRoman : - Citation :
- Précisément. Au regard (notamment) du nombre de crétins (pré-pubères ou périmés) qui retardent intentionnellement les rames, en particulier à la reprise des cours en septembre, il ne m'apparaît pas scandaleux que le réseau en cause suspende son trafic dix minutes, en vue d'une tentative de sauvetage. Qui peut et n'empêche, pèche. Le réseau le pouvait-il? Indéniablement, oui, selon moi, si l'on en juge la chronologie rapportée par Dérinoé.
Tout à fait.
C’est du reste en premier lieu le contraste entre, d’une part, la faisabilité du sauvetage et, d’autre part part, l’inertie du Service public qui a généré les réactions successives de mes amies. Si les conditions du sauvetage avaient nécessité une mise en place et un matériel extraordinaires ainsi que des techniciens hautement qualifiés, appelés de l'extérieur, sans doute leur réaction aurait-elle été différente.
Mais, en l’état et suite à l’appel "mural" de l’une des jeunes femmes, il était tout à fait envisageable, pour deux ou trois employés des Transports, d’interrompre le trafic pour une durée limitée et de descendre, échelle à l’appui, dans la fosse où se trouvait le félin, ce afin de tenter un sauvetage immédiat. - Citation :
- Et encore une fois, peut-être que sondés à dessein, les voyageurs témoins de la scène auraient en définitive préféré une intervention des agents, plutôt que d'assister au passage des rames sur la tête du chat.
En effet.
Cela étant, j’ajoute que, dans la vue spéciste actuellement accréditée par la Loi, si un individu se trouvait étendu sur les rails, inanimé, il serait malvenu pour le Service public de demander aux usagers leur avis quant à un arrêt impromptu du trafic. Le sauvetage se passerait d'autorisation, et ce d'autant plus qu'il est expressément prescrit par la Loi.
De même, les antispécistes convaincus te répondront que, dans la mesure où les animaux relèvent du même groupe que les humains – à savoir le vivant –, il faudrait que nos coutumes et notre Législation entérinent l’idée d’un sauvetage automatique, ce indépendamment de l’avis des passagers présents au moment de l’incident. - Citation :
- Je ne sais pas. Il me semble que nier, négliger, balloter le vivant n'est plus acceptable en 2015; et je crois que c'est un peu le sens des réformes législatives françaises, entamées depuis déjà quelque temps.
À ce propos et sauf erreur, le Droit français, en partie sous les coups de boutoir du Droit européen, tend à reconnaître à l'animal, notamment domestique, un statut protégé, tenant compte de sa sensibilité et prohibant certains actes désormais passibles de sanctions pénales.
Je ne me prononce pas sur le Droit suisse car je ne connais pas ses dispositions à l'égard des animaux. Quelque chose me dit que nous devons avoir quarante ans de retard sur le Droit français. - Citation :
- Sensiblerie ou non, il faut accepter que la vie autre que celle de l'Homme n'est plus aussi insignifiante mais digne de considération. A mon sens, c'est aussi encourager une forme d'éducation de l'Homme.
Je suis d'accord. Et j'ajoute que, pour moi, il n’y a sensiblerie que lorsque l’individu fait fi aussi bien des arguments dont il pourrait user que de ceux qui lui son opposés dans le débat, glissant sur la pente facile de ses émotions primaires, quelles qu’elles soient. Or, dans la discussion que Petit Faucon, Sethy, Winter, toi et moi partageons présentement, je ne perçois aucune sensiblerie, ni d’un côté, ni de l’autre.
Un vrai débat d’idées. - Citation :
- Et comme l'écrivait le talentueux Aldous Huxley, "maybe this world is another planet’s hell"...
En encore! Au meilleur des cas. Parce que, parfois, je me demande s’il n’est pas tout simplement l’enfer d’un autre enfer. - Citation :
- Norme elle-même très malléable puisque au sein même des animaux (non humains, comme dirait Singer), tous ne se voient pas conférer une considération égale. Manger une vache, oui, abandonner un chat, non.
Absolument - et c'est le point soulevé plus loin par Sethy, d'ailleurs. Mais les antispécistes cohérents tendent à prendre en compte l’ensemble du règne animal, dans toute sa variété. - Citation :
- Bien du mérite et bien du courage à elles... Mais je souscris également.
Je crois que, dans le cas de mon amie, c’est moins une question de courage que de fureur morale : dans certaines situations, nous éprouvons tous, à tort ou à raison, le besoin viscéral de réagir publiquement à une expérience vécue comme profondément inepte ou terriblement injuste – les deux adjectifs marchant souvent de pair en ce bas monde.
@ Sethy : - Citation :
- Quelques réflexions sous formes de questions tout d'abord.
Merci pour ton message, Sethy. En Philosophie, les meilleures réponses sont toujours des questions. - Citation :
- Les réactions auraient-elles été différentes si l'animal, au lieu d'être un chat avait été une souris ou un rat (je vous épargne la grosse araignée et le serpent) ?
Je poserai la question à mon amie mais, à écouter son récit, j’ai cru comprendre que, comme le suppose TimesNewRoman, c’est l’impossibilité apparente pour l’animal de sortir de son trou d’enfer qui a suscité sa démarche et sa réaction. Plutôt petit, vraisemblablement présent sur les voies depuis plusieurs heures déjà, tapi entre les rails et dans l’incapacité de passer par lui-même de la fosse au quai, l’animal semblait en difficulté depuis un moment lorsqu'il a été remarqué par mes amies.
Pas leurs gabarits, leurs modes de déplacement et leurs possibles milieux de vie respectifs, les souris, les rats, les grosses araignées et les serpents* seraient probablement plus à leur aise sur la voie que ne l’est un chat, animal que rien, dans sa constitution ou son biotope, ne prédispose à évoluer librement sur des rails de métro.
Maintenant et bien que je ne puisse m’exprimer au nom de mon amie, je te répondrais que, pour ma part, j’aurais alerté le Service public à la vue de tout animal en détresse – blessé, agonisant ou, plus simplement prostré – présent sur la voie du métro. Le seul point différent aurait alors résidé dans la difficulté de faire entendre mon discours à mes correspondants, le chat ayant l’avantage d’une domesticité largement admise, y compris chez les spécistes les plus convaincus. - Citation :
- Existe-t-il (au niveau où on veut placer le débat s'entend) une différence objective entre ces espèces ?
Bonne question. Qui, en elle-même, ne fait que déplacer l’interrogation fondamentale posée par les antispécistes : quelle divergence systématique et rationnelle nous permet de considérer les animaux comme intrinsèquement inférieurs aux humains, justifiant en cela une Législation à plusieurs étages ?
Maintenant, pour répondre à ta question, il me semble qu’il n'existe que deux positions vraiment cohérentes : l’une est le spécisme, plutôt représenté dans ce débat par Petit Faucon ou par toi-même, l’autre l’antispécisme, plutôt défendu par TimesNewRoman. À moins d’arguments très solides, les indécis n'appelant à l’équité de traitement que pour les animaux qui les émeuvent ne peuvent être pris au sérieux, d'un point de vue philosophique. - Citation :
- N'y a-t-il pas la, dès le départ, un biais du à la place qu'à le chat dans nos cultures ?
Pour qui ? Pour mon amie, non. Pas plus que, sous l'angle du secours, elle ne fait de distinction entre les humains qui la touchent plus ou moins profondément et ceux pour qui elle n’éprouve que répulsion : dans tous les cas et dans la mesure du possible, la vie humaine lui paraît être digne d’être préservée. Dans son esprit, ainsi en va-t-il pour les animaux, quels qu’ils soient. - Citation :
- Devrait-on ériger des barrières le long de toutes nos routes pour éviter que les hérissons et autres petits animaux soient victimes d'écrasement ?
Pour ma part, je renverserais la question et nous demanderais pour quelles raisons nous ne le faisons pas ? Ainsi, je te pose la question, Sethy : pourquoi ne pas ériger des barrières le long de nos routes afin d'éviter que les hérissons et autres petits animaux soient écrasés par les voitures? - Citation :
- Ou alors la différence viendrait du fait qu'il ne s'agit pas d'un animal sur la voie, mais qu'il s'agit de ce chat, particulier, qu'on voit ? Je fais le parallèle dans l'autre sens avec le racisme. Le black/beur/... qu'on ne connait pas a tous les défauts alors que celui qu'on connait en serait justement exempt ?
Les chats, les Noirs et les Maghrébins que je connais ne sont ni plus, ni moins exempts qu’autrui des défauts affublant le vivant dans son ensemble. À moins d’adopter une vision raciste – vision selon laquelle des groupes entiers disposeraient de qualités semblables dont seule une sensiblerie ponctuelle exempterait quelques individus choisis –, il me paraît difficile de souscrire à ta proposition.
Cela dit, ce point de ton analyse est particulièrement intéressant en ce que les antispécistes, à tort ou à raison, comparent souvent le spécisme au racisme et au sexisme. - Citation :
- Pour ma part, je crois qu'on ne doit pas s'excuser d'être vivant.
En appelant à l'équité de traitement, l'antispéciste ne se dédouane pas d'être vivant. Pas plus que l'adulte érigeant des Lois pour la protection des enfants, pour revenir à un sujet que nous connaissons bien. Je crois que, pour satisfaire la seule conception du monde qu'il estime valable, l'antispéciste intègre à son propre bien-être celui de tous les animaux. Du reste, l'antispécisme va souvent de pair avec une certaine vision de l'écologie en général. - Citation :
- Notre espèce, comme toute autre, est le fruit d'un processus évolutif dans lequel ont été sélectionné les comportements les plus aptes à la survie. La protection de l'espèce en est un. La lutte pour l'espace vital en est un autre. Qualifier le métro d'espace vital peut choquer, mais d'une certaine manière c'est un peu le cas.
Deux points.
D'abord, notre société occidentale – du moins les sociétés auxquelles appartiennent les différents interlocuteurs de ce débat – n’est pas organisée autour des seules notions de survie, de protection ou d’extension de l’espèce humaine, lesquelles impliqueraient des comportements moraux tout à fait différents de ceux que nous imposent aujourd’hui nos cultures et nos Législations.
À titre d'exemple, si la survie de l’espèce avait tout empire sur nos pensées et sur nos actes, notre organisation politique et nos comportements sociaux à l’égard des personnes handicapées mentales, gravement malades ou très âgées seraient tout à fait différents de ceux qui prévalent aujourd’hui, tant chez l’individu que dans la Loi.
Nos systèmes sociaux respectifs, quoique tous différents, témoignent d’une volonté d’équité de traitement divergeant fortement de la recherche de survie et d’extension dont tu fais état lorsque tu rappelles le principe d’évolution des espèces. D’un point de vue purement économique, les Etats auraient tout intérêt à supprimer les personnes qui, sans rapporter d’argent à la société, induisent des coûts très élevés pour la collectivité. Pour des raisons d’ordre philosophique – et entendez par là le maelstrom diffus de théologie, d’éthique et d’économie politique qui fonde les base de nos communautés –, nos démocraties ont aujourd’hui décidé que le principe de gain et de bénéfice ne saurait être seul à façonner les Lois et les coutumes. De ce fait, nous préférons perdre en survie, en protection et en extension de l’espèce au profit de cette notion tout à fait culturelle que constitue l’équité de traitement.
En ce sens, nous montrons, nous, humains, une certaine capacité à dépasser les seuls instincts biologiques au profit de principes moins porteurs pour l’espèce en tant que telle mais plus satisfaisants pour les différents individus qui la composent. De ce fait et puisque la notion d’équité de traitement semble, bon an mal an, modeler nombre de nos actions, pourquoi ne pourrions-nous inclure les animaux dans la catégorie des êtres à protéger, comme nous le faisons pour les différents sous-groupes de notre espèce ?
Elle est là, la grande question.
Et, ensuite, pour ce qui est de l’espace vital, j’aimerais attirer ton attention sur le fait que nous passons notre temps à restreindre nos libertés individuelles, notamment en matière de déplacement, au profit d’une préservation équilibrée de tous.
Par exemple, nous considérons que si un accident de voiture survient sur une artère très fréquentée aux heures de pointe, il est normal que les ambulanciers ou les pompiers puissent interrompre le trafic routier aussi longtemps que nécessaire, et ce au détriment des salariés affairés se rendant à leur travail à ce moment-là. Lorsqu’il s’agit de préserver un membre de notre espèce, nous sommes tous prêts – ou, au pire des cas, contraints – à accepter quelque entaille, plus ou moins gênante, au sein de notre espace vital.
De même, lorsqu’un emplacement ou un bâtiment est déclaré "Patrimoine mondial" par l’UNESCO, il devient impossible de s’en emparer afin d’y loger les citoyens. Et là encore, nous admettons plus ou moins facilement le frein qui est mis à notre espace vital, et ce pour un bien supérieur à l’intérêt des individus concernés.
Dès lors que la pièce se joue sur la scène de notre espèce, nous sommes prêts à céder partie de notre espace vital, que ce soit par conviction personnelle ou sous le joug de la Législation. La question, toujours la même, est par conséquent la suivante : disposons-nous de suffisamment d’arguments rationnels pour distinguer les espèces et, de ce fait, imposer à tous les êtres vivants nos propres exigences en matière d’espaces vitaux ?
Tes constats, Sethy, consistent surtout à valider la supériorité, réelle ou supposée, de notre espèce, sans donner d’arguments rationnels légitimant une hiérarchisation ontologique, laquelle justifierait à son tour une différence de traitement entre les différents êtres vivants. Tu comprends ce que je veux dire? - Citation :
- Je crois qu'il faut faire ce qui est possible quand ça l'est sans tomber dans la sensiblerie, ni au contraire dans l'image qu'on se fait du maquignon.
Pourrais-tu définir la notion de "sensiblerie" telle que tu l’entends au sein de ce débat? - Citation :
- (…) à l'inverse ériger une barrière de quelques dizaines de centimètres le long de l'ensemble de nos routes pour protéger les hérissons est peu réaliste.
Dans une vue spéciste, en effet, une telle initiative semble irréalisable. Mais en constatant les conséquences de la philosophie spéciste, tu ne donnes pas encore d’éléments probants susceptibles de la justifier rationnellement.
*Quoique, pour le serpent, je m'interroge.
@ Petit Faucon : - Citation :
- J'étais sûre que ma réaction allait susciter ton ire Dérinoé.
Au sens le plus littéral de l’expression, je trouve le substantif déplacé, Petit Faucon : tu mets sur le compte d’une prétendue colère ce qui procède à la fois de l’interrogation philosophique et de la contradiction argumentée.
Je ne crois pas avoir démontré le moindre énervement dans ma réponse. J'ai tenté de confronter ta conception, plutôt spéciste m’a-t-il semblé, aux objections que ne manquerait pas de formuler un antispéciste convaincu, espérant nourrir par là un débat que je trouve passionnant.
Je regrette beaucoup que nous ne nous soyons pas comprises. - Citation :
- La question de la primauté des humains sur les autres espèces vivantes est une question cruciale de notre siècle (…).
Je partage tout à fait ce point de vue et c’est pourquoi j’ai cru bon d’ouvrir et de nourrir le débat avec ceux que la question passionne également.
@ Winter :
Merci pour ton message, Winter. J’ai plaisir à te trouver toujours fidèle au poste, quel que soit le sujet abordé. - Citation :
- Un être humain et un animal se noient. On peut en secourir un mais pas les deux. Qui choisir?
L'être humain! et c'est un choix que fera n'importe qui, y compris un antispéciste, parce que c'est ainsi. Il préfèrera avoir la mort d'un animal sur la conscience que celle d'un humain. Pourquoi? Juste. En ce qui concerne les spécistes, il me semble que tu as raison. Mais pour les autres?
Et j'ajoute que ton exemple permet avant tout de tester notre intuition propre en matière de spécisme mais la question que je poserais est la suivante: l'éthique et la Législation doivent-elles se fonder sur notre seule intuition? |
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