Comment vivez-vous vos lectures dans votre vie quotidienne?

Merci pour ton témoignage Vavyala et c'est super d'avoir fait remonter ce topic

Tu as précisé un point intéressant sur La Cousine Bette c'est le distingo entre attachement et identification. Malheureusement, je ne me souviens pas assez de mes impressions de lecture (bien que cela ne soit pas très ancien), mais je crois que j'avais parfois réussi à m'attacher à certains personnages car s'ils sont si méchants c'est qu'ils ont parfois de bonnes raisons de l'être ou en tout cas j'avais compris les raisons pour lesquelles ils avaient évolué ainsi.

Mais sans vouloir tout ramener au MBTI (décidément ), ce test m'a permis de confirmer que j'avais une tendance à trouver des excuses/ explications aux comportements de tous, même les pires. Cela marche aussi en littérature

Merci à toutes les deux pour cette remontée de topic. Je découvre à l'instant et j'ai tout relu avec grand intérêt.

Un hasard, ce sont justement deux de vos contributions sur lesquelles j'ai envie de réagir.

Vavyala a écrit:

Il m'est arrivé de lire des romans par "cycle", c'est-à-dire avoir une boulimie de lecture dans une même thématique. J'ai eu il y a quelques années des cycles dystopie, Chine, chick-lit, fantasy, Agatha Christie...  (...)

J'ai une très mauvaise mémoire des faits et noms des personnages. Quelques semaines ou mois après, je peux avoir oublié tout cela, même pour un livre coup de cœur   (contrairement à mon mari qui est capable de citer les noms des personnages, des lieux et résumé des étapes-clés des intrigues plusieurs années voire décennies après avoir lu un roman une unique fois...) En revanche, je garde une mémoire émotionnelle qui me donne envie à certains moments de ma vie de retrouver certains livres (et donc les relire), comme revoir de vieux amis ou revenir dans des lieux chers. J'apprécie d'autant plus cet "exercice" qu'en relisant, je comprends parfois des choses que je n'avais pas saisie plus jeune (ça avait été notamment le cas pour le roman Elise ou la vraie vie, de Claire Etcherelli, où mon niveau de compréhension a largement changé entre la lecture à l'âge "scolaire" et la relecture à l'âge adulte, sur le thème de la vision de la société française aux débuts de l'immigration maghrébine et notamment les couples mixtes, Française-Algérien ici).

Cela me correspond parfaitement. J'ai moi aussi ce genre de boulimie "thématique" avec Les six compagnons au début de l'adolescence, les Jules Vernes et un peu plus tard les Agatha Christie qu'ai j'ai découvert à 20 ans, à 30 ans et puis à 40 ans lors des relectures ultérieures.

Cette idée de mémoire émotionnelle me parle mais aussi l'oubli de certains passages. Il n'est pas rare que je revisionne un film le lendemain de sa découverte.

A contrario, j'achète parfois un livre (ou une série de livre) et j'ai une appréhension avant de commencer la lecture du premier livre du cycle, comme si une force me repoussait. Appréhension qui prend parfois longtemps avantque je n'ouvre le bouquin. Mais ... avec l'ordinateur, ce n'est jamais qu'une raison de plus pour passer une nuit blanche.

serendipity a écrit:

Remontage de topic avec une question (j'espère que cette question n'a pas déjà été débattue ailleurs   ).

Une fois la lecture d'un livre achevée, arrivez-vous à enchaîner immédiatement sur un autre livre ? Je crois que je l'ai dit plus haut, mais j'ai toujours besoin de laisser passer au moins une nuit avant d'entamer une nouvelle lecture. Suis-je la seule ? Combien de temps vous faut-il pour entamer un nouveau livre ? Et pour celles et ceux qui arrivent à entamer un nouveau livre immédiatement (car il doit y en avoir) ne ressentez-vous pas une once de culpabilité envers l'ouvrage sitôt refermé ?

Je dirais que je classerais mes lectures en trois groupes : les bofs, les "biens" et ... les extraordinaires.

J'ai lu 7 ou 8 Zola d'affilée et j'ai terminé par le Docteur Pascal. Pendant des jours, mais vraiment des jours, tout autour de moi goûtait et sentait Zola. C'était la théorie de la correspondance mais plus du tout théorique.

J'aurais été incapable de prendre le moindre autre livre dans les mains.

Très souvent, j'ai besoin de temps pour repenser au livre (ou au film) que je viens de découvrir. Une fois (sic), cela a même été jusqu'à trois mois.

Concrètement, je vais approfondir dans toutes les directions possibles : le sujet (vous
l'avez peut-être remarqué, j'ai souvent une anecdote ou l'autre à raconter à propos d'un film), le contexte historique, l'auteur, l'histoire proprement dite et sa morale/philosophie, la psyché des personnages, les acteurs et actrices.

C'est presque comme si je faisais un mémoire, bibliographie incluse, sur chacun des livres ou des films importants que j'ai lu ou vu. Et pour ça, j'ai vraiment besoin de temps.

serendipity a écrit:

Malheureusement, je ne me souviens pas assez de mes impressions de lecture (bien que cela ne soit pas très ancien), mais je crois que j'avais parfois réussi à m'attacher à certains personnages car s'ils sont si méchants c'est qu'ils ont parfois de bonnes raisons de l'être ou en tout cas j'avais compris les raisons pour lesquelles ils avaient évolué ainsi.

Mais sans vouloir tout ramener au MBTI (décidément ), ce test m'a permis de confirmer que j'avais une tendance à trouver des excuses/ explications aux comportements de tous, même les pires. Cela marche aussi en littérature  

HS sur La Cousine Bette: pour l'instant, je pourrais m'attacher à Bette elle-même car malgré tous ses défauts, je comprends ses raisons de se hérisser! (Fin du HS, je passerai peut-être rassembler tout ce que j'en ai dit sur le topic de Balzac en fin de semaine)

Je ne maitrise pas bien toutes les particularités de mon type MBTI, donc je ne sais pas si ça vient de là, mais je crois que j'ai le comportement opposé du tien, ce n'est pas naturel pour moi de trouver des excuses ou explications aux mauvais comportements et me demande à chaque fois un effort.

Sethy a écrit:

Cela me correspond parfaitement. J'ai moi aussi ce genre de boulimie "thématique" avec Les six compagnons au début de l'adolescence, les Jules Vernes et un peu plus tard les Agatha Christie qu'ai j'ai découvert à 20 ans, à 30 ans et puis à 40 ans lors des relectures ultérieures.

Sethy a écrit:

Cette idée de mémoire émotionnelle me parle mais aussi l'oubli de certains passages. Il n'est pas rare que je revisionne un film le lendemain de sa découverte.

Il m'arrive comme toi parfois de revoir un film ou relire un livre juste après l'avoir vu/lu, pour mieux comprendre ce par quoi je suis passée, souvent quand il y a une révélation à la fin de l'histoire qui mène à réévaluer tout ce qui vient de se passer sous un autre angle. Parfois cette révélation est voulue et recherchée par l'auteur, parfois non, c'est juste moi qui comprend quelque chose sous un autre angle.

Sethy a écrit:

Très souvent, j'ai besoin de temps pour repenser au livre (ou au film) que je viens de découvrir. Une fois (sic), cela a même été jusqu'à trois mois.

Concrètement, je vais approfondir dans toutes les directions possibles : le sujet (vous
l'avez peut-être remarqué, j'ai souvent une anecdote ou l'autre à raconter à propos d'un film), le contexte historique, l'auteur, l'histoire proprement dite et sa morale/philosophie, la psyché des personnages, les acteurs et actrices.

C'est presque comme si je faisais un mémoire, bibliographie incluse, sur chacun des livres ou des films importants que j'ai lu ou vu. Et pour ça, j'ai vraiment besoin de temps.

Je ne fonctionne pas comme cela, mais c'est très intéressant ce que tu racontes!
(La seule exception à cette affirmation a été après ma découverte de Tolkien qui m'a donné une boulimie d'acheter tout ce que je trouvais disponible dans les librairies du coin de ses écrits sur le monde de la Terre du Milieu. Mais comme ce n'est pas dans mon fonctionnement habituel, ça m'est passé quelques années après pour Tolkien et pas reproduit pour un autre livre/univers.)
Du coup, ces livres exceptionnels emplissent tellement ton quotidien, que c'est presque une thèse sur chacun d'eux que tu "travailles", développes, ensuite pour comprendre dans quel contexte cela s'inscrit, c'est ça? Ou ai-je mal compris ta démarche?

Pour ma part, ce n'est pas simple de répondre mais je pense que je n'ai pas de difficulté marquée à lire une fiction (roman, nouvelle) avec des personnages auxquels je ne m'attache pas. Ou c'est plutôt qu'étant donné que je parviens facilement à m'attacher aux personnages, je ne ressens pas ce problème. J'ai l'impression d'être très "poreuse", de pouvoir rapidement me sentir proches de la psyché et vies de personnages même très différents de moi (ou que je ne supporterais pas comme vraies personnes dans la vie réelle). J'ai cependant mes limites, IL Y A des personnages qui me déplaisent (que ce soit intentionnel ou non de la part de l'auteur), ce qui fait le livre dans son entier me hérisse.

Cela a cependant beaucoup à voir avec le talent et le style de l'auteur. Si le livre est bon ou/et me plaît, je peux me sentir proche et comprendre des personnages qui a priori me sont étrangers, avec lesquels je suis en désaccord. A l'inverse, si le livre est médiocre, même s'il contient des personnages avec qui je suis théoriquement plus semblables, cela ne fera souvent que m'agacer.

Vavyala a écrit:

serendipity a écrit:

Mais sans vouloir tout ramener au MBTI (décidément ), ce test m'a permis de confirmer que j'avais une tendance à trouver des excuses/ explications aux comportements de tous, même les pires. Cela marche aussi en littérature  

Je ne maitrise pas bien toutes les particularités de mon type MBTI, donc je ne sais pas si ça vient de là, mais je crois que j'ai le comportement opposé du tien, ce n'est pas naturel pour moi de trouver des excuses ou explications aux mauvais comportements et me demande à chaque fois un effort.

Je me rapprocherai plus de serendipity sur ce point, ce qui a autant de bon que de mauvais.
Bon car c'est positif d'être capable de comprendre les autres même lorsqu'ils pensent ou agissent en désaccord avec nos propres idées, préférences. Mauvais parce que (je vais parler pour moi) cela m'empêche souvent d'avoir une position tranchée, d'être certaine de mes opinions (même si par ailleurs je ne suis pas facilement influençable, étant assez du genre buté). Cela m'entraîne aussi à des contorsions un peu douteuses qui font que sans le vouloir juste pour 'l'épate/envie de différenciation', je vais néanmoins souvent aller à contre courant, avoir envie 'd'attaquer' ceux qui sont unanimement loués (même si ce sont des "personnes biens") ou à l'inverse 'défendre' ceux qui sont méprisés (même s'ils ont de mauvais comportements).

Dulcie a écrit:

Cela a cependant beaucoup à voir avec le talent et le style de l'auteur. Si le livre est bon ou/et me plaît, je peux me sentir proche et comprendre des personnages qui a priori me sont étrangers, avec lesquels je suis en désaccord. A l'inverse, si le livre est médiocre, même s'il contient des personnages avec qui je suis théoriquement plus semblables, cela ne fera souvent que m'agacer.

Je te rejoins sur ce point-là, le style et la dextérité de l'auteur peuvent me faire adhérer à des personnages dont je ne partage pas la nature ou les choix. Le premier exemple de ce type-là (dont je me souviens) était consécutif à la lecture de Bel-Ami de Maupassant, roman que j'avais apprécié.

Je te rejoins aussi sur le fait que chaque mode de fonctionnement inné a ses avantages et ses inconvénients. Quand on conscientise les dérives que peuvent induire les inconvénients, il peut être possible de "travailler" dessus. Dans mon cas, le mantra "toute personne méchante est avant tout une personne souffrante" m'a souvent été bien utile pour désamorcer des situations tendues, consécutives à des incompréhensions de comportements/avis respectifs.