Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Jonathan Coe | |
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Auteur | Message |
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serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 9 Déc 2015 - 14:19 | |
| Tiens, je me demande ce que cela peut donner en film Pour autant, je ne suis pas certaine d'avoir envie de voir le résultat, ce roman m'a beaucoup plu mais le côté un peu loufoque de l'histoire ne m'attire pas en version ciné (et je ne suis pas très fan de Bacri ). J'attends ton avis Tatiana Je profite de ton remontage de topic pour signaler que le nouveau roman de Jonathan Coe ("Number 11") est sorti Outre-Manche et qu'il semble reprendre des personnages de "Testament à l'Anglaise" |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14362 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 9 Déc 2015 - 20:47 | |
| Je n'aime guère Bacri non plus, mais verrai sa prestation dans un registre léger. Contrairement à toi je n'ai pas lu le livre, donc irai voir l'adaptation sans aucune idée préconçue. Merci pour l'info sur la sortie de son nouveau roman. C'est un auteur que je connais peu, n'ayant qu'un seul de ses romans à mon actif, et dont j'aimerais poursuivre la découverte (un jour ). _________________ |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14362 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 11 Jan 2016 - 13:24 | |
| J'ai vu hier La vie très privée de Monsieur Sim. C'est un film plaisant mais qui évolue mal. Les premières scènes sont très réussies mais le rythme se perd rapidement dans une espèce de road-movie professionnel où le héros s'identifie à un navigateur anglais disparu en mer dans les années 1960. Au point que les quelques 1h40 m'ont parues longues. L'histoire est celle d'un homme à la dérive, qui a vécu des moments difficiles et cherche à retrouver un équilibre. Au cours d'un voyage qui le mène dans le sud-est de la France, il effectue un retour sur soi qui va aussi le mener à explorer le passé de son père. Ce dernier récit arrive en fin de film un peu comme un cheveu sur la soupe. Je garde l'impression d'un film décousu mais bien interprété. M. Leclerc a su réunir autour de lui une belle équipe. Pour une fois Jean-Pierre Bacri sort de son registre grognon habituel, et il est réellement bien, drôle ou touchant selon les scènes. Il est de plus secondé par nombre de petits rôles sympathiques, depuis Mathieu Amalric jusqu'à Carole Franck en passant par Linh-Dan Pham (qu'on voit trop peu au cinéma).
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| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 30 Jan 2016 - 17:11 | |
| J'ai fini hier Expo 58 de Jonathan Coe, qui est le premier livre de cet auteur. Depuis quelques années, j'ai envie me lancer dans Testament à l'anglaise (ce que je compte toujours faire, pour la simple raison que j'adore la couverture... Il m'en faut peu ! ) et après avoir eu l'impression d'entendre de plus en plus parler de cet auteur (sortie du film La Vie très privée de Monsieur Smith, mise en avant par ma librairie préférée de l'auteur avec d'autres anglais au cours de l'été dernier et même venue de Coe à Nantes, à laquelle je n'ai malheureusement pas assisté), je me suis dit qu'il fallait enfin que je m'y mette. Ma soeur m'a donc prêté Expo 58 qu'elle avait bien aimé. J'en pense la même chose, à savoir que j'ai trouvé la lecture très fluide et que j'ai trouvé le tout très plaisant. Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais ce n'est pas revendiqué comme tel, mais plus comme une comédie et une parodie de roman d'espionnage. Le contrat est plus ou moins rempli, mais je regrette plusieurs choses, à commencer par le manque d'humour. Tout est toujours très léger et il y a quelques passages plus croustillants que d'autres où j'ai laissé échapper un petit rire. Cependant, j'aurais quand même du mal à dire "C'est une comédie", et j'aurais d'ailleurs du mal à classer ce roman dans un genre, parce que le côté roman d'espionnage (même s'il s'agit d'une parodie) n'est pas majeur non plus selon moi, où alors je ne l'ai pas ressenti assez, peut-être à cause du côté naïf du personnage qui "édulcore tout". Même si je ne me suis jamais ennuyée, j'ai eu l'impression de ne jamais savoir où allait le roman et quel était le "but" final. Ça manquait d'une véritable intrigue, en fait, même si quelques mystères qui entourent les personnages secondaires permettent d'avoir envie de savoir la suite. Et à propos du dernier chapitre... - Spoiler:
Ça a été une grosse surprise ! Ou plutôt une double surprise... D'un coup, Coe commence à parler de la mort et de la vie malheureuse de tout le monde, ça ne s'arrêtait plus. J'ai eu l'impression de changer violemment de roman et ça m'a déboussolée. Finalement, j'ai compris pourquoi avec la "vraie" surprise qui m'a fait très plaisir, du coup ! J'ai lu quelque part que Coe avait pour projet d'écrire un roman sur David, le fils de Thomas (bon, j'ai lu l'article avant de savoir que Sylvia et Thomas allaient "concevoir" un deuxième enfant, merci le journaliste qui ne connaît pas les balises de spoiler ) et je trouve ça très chouette comme idée. Peut-être qu'on entendra de nouveau parler de Thomas et, pourquoi pas, de cette soeur surprise !
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| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 30 Jan 2016 - 17:25 | |
| Expérience plutôt positive Atonement alors... je vois que comme moi, une fois fini, tu as eu du mal à savoir que penser de cette "Expo 58" - Atonement a écrit:
- j'ai eu l'impression de ne jamais savoir où allait le roman et quel était le "but" final. Ça manquait d'une véritable intrigue, en fait, même si quelques mystères qui entourent les personnages secondaires permettent d'avoir envie de savoir la suite.
- Spoiler:
J'ai lu quelque part que Coe avait pour projet d'écrire un roman sur David, le fils de Thomas (bon, j'ai lu l'article avant de savoir que Sylvia et Thomas allaient "concevoir" un deuxième enfant, merci le journaliste qui ne connaît pas les balises de spoiler ) et je trouve ça très chouette comme idée. Peut-être qu'on entendra de nouveau parler de Thomas et, pourquoi pas, de cette soeur surprise ! [/justify]
Je dirais que c'est un peu le cas des romans de Jonathan Coe J'ai beau avoir lu ce roman en novembre dernier, je ne me souviens plus de la fin. - Spoiler:
Ce n'est pas avec la jeune belge qu'il a un enfant finalement ?
J'ignorais que Jonathan Coe avait un projet de "spin-off". J'ai récemment lu des articles dans la presse anglaise concernant son dernier roman et il utilise justement un personnage de "testament à l'anglaise", donc cela ne serait pas la première fois Merci pour ton avis |
| | | Atonement Ready for a strike!
Nombre de messages : 1105 Age : 29 Localisation : Nantes Date d'inscription : 05/11/2011
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 30 Jan 2016 - 19:13 | |
| - serendipity a écrit:
- Spoiler:
Ce n'est pas avec la jeune belge qu'il a un enfant finalement ?
Si, en effet ! - Spoiler:
Il a donc trois enfants : sa première fille, qui est bébé pendant l'histoire d'Expo 58, son fils David avec Sylvia et une fille, Delfina, avec la Belge Anneke. Les deux enfants sont nés en 1959 du coup. Et on apprend que Anneke s'est mariée avec l'Italien qui apparaît vers la fin du roman pendant l'escapade à la campagne, mais que finalement elle n'a pas été si heureuse... Et comme elle s'est mariée très vite, l'Italien a sûrement pensé que l'enfant était de lui, même si il mentionne à Clara, l'amie d'Anneke, que Delfina est née prématurément, ce qui laisse planer le doute (sur est-ce qu'il le sait ou non).
J'ai retrouvé l'article que j'avais lu et qui retrace le parcours de Jonathan Coe (mais attention donc à ceux qui n'ont pas encore lu Expo 58, il y a un petit spoiler sur la fin du livre) et qui annonce sur ses futurs projets : http://www.telerama.fr/livre/jonathan-coe-ecrivain-de-climat-tempere,108711.php |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Sam 21 Mai 2016 - 22:20 | |
| - Tatiana a écrit:
- J'ai vu hier La vie très privée de Monsieur Sim. C'est un film plaisant mais qui évolue mal.
J'ai finalement vu le film et je confirme qu'il est vraiment difficile (voire impossible) d'adapter ce roman. Donc plutôt pas d'accord sur ton constat Tatiana, le film n'évolue pas mal (à mon humble avis), en ce sens il reste fidèle au roman à mon sens J'ai aimé y voir Jonathan Coe, dans un rôle de figurant, le genre de clin d'oeil qui me réjouit j'ai bien aimé aussi son anecdote que sa rencontre avec sa femme, le jour de la mort de Jean Poperen (il faudra d'ailleurs que j'aime revoir dans le roman à quel politicien britannique travailliste il est fait allusion ) Mais dans l'ensemble, l'histoire passe moins bien sur écran qu'en roman. Je me demandais aussi comment les scénaristes allaient boucler l'histoire, la fin du roman étant inadaptable. Pas convaincue par cette fin cinématographique - Spoiler:
qui donne l'impression que Sim va vivre la vie que son père n'a pas vécu Bref, contente d'avoir vu l'adaptation mais elle me donne surtout envie de relire le roman, ou de lire un Jonathan Coe |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14362 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Jonathan Coe Dim 22 Mai 2016 - 14:36 | |
| Merci pour retour Serendipity, et ton regard différent du mien en tant que lectrice du roman . Il est rassurant de savoir que le film est dans un certain sens fidèle au livre. Pour autant que je m'en souvienne, j'ai été surtout déçue par le ton du film, car je m'attendais à une franche comédie. _________________ |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Dim 22 Mai 2016 - 19:05 | |
| Je comprends ta déception Tatiana. Le livre n'est pas vraiment une comédie (ou si il l'est par endroits c'est assez grinçant). Ce pauvre Sim est assez pathétique et j'ai trouvé que le Sim du film l'est encore plus, ça met mal à l'aise J'ai relu mon avis sur le roman en pages précédentes et j'avais aimé la critique sociale de ce roman, qui n'est pas aussi développée dans le film |
| | | jennie British countryside addict
Nombre de messages : 878 Age : 38 Localisation : Chez Moe à lire des romans Date d'inscription : 12/07/2008
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 7 Déc 2016 - 18:46 | |
| J'ai lu La pluie avant qu'elle tombe. J'ai trouvé original le principe de raconter une histoire de famille en partant de photos. En général, je n'aime pas vraiment les romans trop descriptifs, ça a tendance à m'ennuyer mais l'histoire m'intéressait suffisamment pour que j'ai envie de savoir la suite. Le style est agréable et fluide, ce qui fait que le roman se lit vite. Les relations mères-filles sont vraiment très sombres dans ce roman. Et les carences parentales ont ensuite un impact dévastateur sur les générations suivantes. J'ai passé un bon moment de lecture et je retenterai peut-être "La vie très privée de M.Sim. J'avais essayé de le lire il y a quelques années mais ce livre m'était tombé des mains.
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| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mar 17 Sep 2019 - 12:45 | |
| J'avais inexplicablement délaissé Jonathan Coe ces dernières années, mais j'ai extrait de ma PAL la semaine dernière La Maison du sommeil et j'ai encore une fois beaucoup aimé. Cela ne restera pas mon préféré de l'auteur, et il m'a fallu un petit moment pour me plonger dans l'histoire, mais en refermant le livre je dois dire que j'étais bluffée, comme souvent avec Coe. C'est un roman plus mélancolique que drôle, même si on y retrouve l'ironie de l'auteur et des moments d'anthologie. C'est vrai que tous les éléments se mettent en place grâce à de grosses coïncidences, comme je l'ai lu dans des avis précédents. Mais, d'une part, j'ai trouvé que cela n'avait rien de choquant étant donné l'ambiance onirique du livre, et d'autre part, je trouve les romans de Coe tellement maîtrisés et intelligents que je lui pardonne toujours ses invraisemblances tant elles me semblent secondaires. Une fois qu'on a fait connaissance avec les personnages, on se laisse agréablement porter d'une époque à l'autre en changeant de chapitre. Mon intérêt est allé crescendo et encore une fois l'auteur a réussi à me surprendre - Spoiler:
même si j'ai vu venir le coup de théâtre concernant Robert une centaine de pages avant, parce que c'était bien amené.
On remarque de petits détails plus ou moins récurrents et on attend avec impatience de voir où ils nous mèneront : ce roman m'a rappelé le plaisir que j'ai à lire les romans de Marissa Pessl par exemple. En fond de cette histoire, on trouve tout de même des thèmes comme l'amour, la différence, le temps qui passe. Il y a des passages très émouvants - Spoiler:
comme celui où Sarah réalise que la mère de son élève a en fait vécu avec son ancienne amante.
C'est vraiment un roman très maîtrisé, il m'a certes fallu un peu de temps pour m'y plonger, mais depuis que je l'ai fini cette histoire et ses personnages restent dans un coin de ma tête, ce qui est plutôt bon signe ! Et enfin, cerise sur le gâteau : encore un roman où Jonathan Coe cite (en exergue puis dans le récit) Rosamond Lehmann.
Dernière édition par esperluette le Lun 17 Mai 2021 - 15:46, édité 1 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mar 17 Sep 2019 - 17:27 | |
| Merci esperluette pour ton long compte-rendu sur La maison du sommeil. Je n'ai jamais rien lu de J Coe, en revanche je sais qu'il a sorti récemment un livre publié en français sous le nom Le coeur de l'Angleterre, dont j'ai lu une très bonne critique. Donc, à l'occasion, quand je serai en mal d'idées de lectures ... |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36574 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mar 17 Sep 2019 - 17:59 | |
| Merci Esperluette pour ce commentaire. Je garde un bon souvenir de " La pluie, avant qu'elle tombe" et ton avis est si encourageant. Je me note donc ce titre |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mar 17 Sep 2019 - 21:48 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- Je n'ai jamais rien lu de J Coe, en revanche je sais qu'il a sorti récemment un livre publié en français sous le nom Le coeur de l'Angleterre, dont j'ai lu une très bonne critique.
Oui, ce dernier opus reprend les personnages de Bienvenue au club et Le cercle fermé. Bienvenue au club est un de mes romans préférés, je te conseille de commencer avec ce titre le jour où tu voudras découvrir Jonathan Coe. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 18 Sep 2019 - 9:12 | |
| Merci pour ces conseils, esperluette |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 18 Sep 2019 - 16:52 | |
| Merci pour ton avis, Esperluette ! Comme toi, cela fait longtemps que j'ai délaissé Jonathan Coe, pourtant c'est un auteur que j'aime beaucoup Merci d'avoir remonté ce topic |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Ven 11 Oct 2019 - 11:38 | |
| Décidément, Jonathan Coe ne me déçoit jamais : j'ai refermé Numéro 11 une fois de plus impressionnée par sa maîtrise narrative et l'intelligence de ses récits. - Citation :
- Le numéro 11 renvoie, bien entendu, au domicile du ministre de l'Économie britannique. Enfin, c'est aussi celui du bus où vient se réchauffer une chanteuse oubliée, en ces temps de crise. Mais peut-être s'agit-il de l'adresse de cette maison où deux gamines découvrent un étrange cadavre. À moins qu'il ne désigne la table où, lors d'un dîner de gala, un détective va démasquer un tueur
d'humoristes. Ou encore le nombre d'étages souterrains qu'une richissime famille londonienne veut ajouter à sa demeure pour de mystérieuses raisons... Dans ce nouveau roman – son onzième –, Jonathan Coe entrelace cinq récits délirants, où se croisent les destins de deux femmes, Rachel et Alison, des années 1990 à aujourd' hui, dans une Angleterre désormais gouvernée par les descendants des héros malveillants de Testament à l'anglaise, les Winshaw. Une satire mordante et virtuose. Virtuose est vraiment le mot pour ce roman à la construction complexe. Les 5 parties sont presque des nouvelles indépendantes, mais de très nombreux fils les relient, le principal étant les personnages de Rachel et Alison. Ce livre est parfois présenté comme une suite à Testament à l'anglaise, mais les deux livres sont vraiment indépendants. On recroise la famille Winshaw, enfin, ce qu'il en reste mais ils sont plutôt en toile de fond du roman. Cela m'a toutefois donné envie de feuilleter à nouveau Testament à l'anglaise, à défaut de le relire. Il y a aussi un petit clin d'œil à un personnage de La Maison du sommeil (que je n'aurais probablement pas remarqué si je ne l'avais pas lu aussi récemment). J'ai lu dans je ne sais plus quelle interview que Coe aimait bien réutiliser des personnages secondaires d'autres romans d'ailleurs. Toutes les parties ne m'ont pas semblé du même niveau, certaines se détachent du lot. En particulier la deuxième partie, une satire géniale, grinçante et hautement déprimante de la téléréalite, vrai morceau de bravoure. J'ai beaucoup aimé aussi la quatrième partie, autour de l'enquête d'un "flic de la situation", plus drôle que les autres. Mais l'ensemble est très bon, on lit ce livre comme un jeu de piste en essayant de voir quels éléments en apparence anodins vont resurgir. Une fois de plus, Coe épingle tous les travers de l'Angleterre contemporaine : la spéculation et l'optimisation fiscale, les politiques d'austérité, les haters sur les réseaux sociaux, le système médical, l'évolution des milieux culturels et universitaires... Mais le livre n'est pas totalement désespéré grâce à des touches d'humour et à des notes d'espoir comme - Spoiler:
l'amitié enfin renouée entre Rachel et Alison.
Concernant la fin - Spoiler:
j'aurais probablement préféré une explication rationnelle, mais cette note de fantastique ne m'a pas déplu. Elle boucle la boucle avec la première nouvelle à hauteur d'enfants et son atmosphère inquiétante.
C'est un roman un peu exigeant pour le lecteur, mais que j'ai trouvé vraiment intéressant et bien construit. Voici les liens vers deux courts entretiens parus à la sortie du livre : (où on apprend qu'aux États-Unis Testament à l'anglaise a un titre différent du titre original, étonnant) |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Jonathan Coe Ven 11 Oct 2019 - 18:44 | |
| Merci pour cet avis positif, Esperluette |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 14 Oct 2019 - 14:17 | |
| J'ai emboîté le pas d'esperluette et englouti Numéro 11, un roman très riche de Jonathan Coe.
Tu en as bien parlé esperluette, tout y est : critique de la téléréalité, des réseaux sociaux, de la fracture sociale au Royaume-Uni, de la casse des services publics et ses conséquences sur les plus vulnérables (les bibliothèques qui licencient et leurs personnels réduits à la banque alimentaire, l'hôpital public qui refuse des anticancéreux onéreux -pourtant accessibles aux malades ultra-riches), une société où il faut évaluer tout en termes monétaires.
Je comprends que tu vois une note d'espoir dans la fin esperluette, et Jonathan Coe le dit bien dans une des deux interviews que tu nous as mentionnées (merci d'ailleurs pour ces liens). Mais pour ma part, je ne peux m'empêcher de retenir, une fois le livre refermé, une société où les écarts se creusent toujours plus entre les ultra riches qui ne savent plus que faire pour dépenser leur argent, une partie de la population qui se précarise, et une autre partie résignée, à l'image du couple de domestiques qui regarde Downton Abbey (j'ai trouvé très bien vue la critique de cette série).
Bref, on ne s'ennuie pas avec ce livre et il y a des réflexions intéressantes sur la folie de notre époque* comme l'indique le sous-titre de ce livre (Tales that Witness Madness). Il m'a rappelé une autre lecture, également effectuée avec esperluette, Nord-Ouest de Zadie Smith, publié 3 ans auparavant, lui aussi structuré autour de 5 parties et suivant deux amies (de mémoire, là encore une blanche et une metis). Le ton est cependant très différent, dans mon souvenir, pas de fantastique ou de satire chez Zadie Smith.
* je pense par exemple à la partie consacrée aux humoristes et au fait que, paradoxalement, rire de certaines personnages aux idées outrancières (Josephine Winshaw dans le roman), peut aussi neutraliser toute l'indignation que ces personnes devraient susciter. |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mer 16 Oct 2019 - 12:30 | |
| Merci pour ton retour ! Je vois en effet quelques notes d'espoir dans ce texte, mais je suis d'accord avec toi pour le trouver globalement très pessimiste. Il m'a d'ailleurs semblé moins saupoudré d'humour que d'autres romans de Coe. La critique sociale est toujours présente chez lui, mais là elle est particulièrement acerbe. - serendipity a écrit:
- une autre partie résignée, à l'image du couple de domestiques qui regarde Downton Abbey (j'ai trouvé très bien vue la critique de cette série).
J'ai lu ce passage juste après avoir vu le film, film que j'ai beaucoup aimé mais en mettant de côté tout esprit critique sur son message assez réactionnaire, bref, ça résonnait bien. - serendipity a écrit:
- Il m'a rappelé une autre lecture, également effectuée avec esperluette, Nord-Ouest de Zadie Smith, publié 3 ans auparavant, lui aussi structuré autour de 5 parties et suivant deux amies (de mémoire, là encore une blanche et une metis). Le ton est cependant très différent, dans mon souvenir, pas de fantastique ou de satire chez Zadie Smith.
C'est drôle, j'ai parfois pensé à Zadie Smith en lisant Numéro 11 (bizarrement, sans faire tous ces liens avec Ceux du Nord-Ouest, mais maintenant que tu le dis, il y a effectivement une vraie parenté !) car je trouve parfois des échos dans le ton des deux auteurs. C'est vrai pour Ceux du Nord-Ouest et Numéro 11, tous deux assez sombres, mais aussi pour Sourires de loups et les titres plus "drôles" de Coe. Quand j'ai lu Sourires de loups, un roman très riche et qui brasse énormément de thèmes, et plein d'humour, je m'étais demandé si Zadie Smith appréciait Jonathan Coe, ou si c'était juste leur esprit british commun qui ressortait. Qu'as-tu pensé de la fin de la dernière partie ? - serendipity a écrit:
- * je pense par exemple à la partie consacrée aux humoristes et au fait que, paradoxalement, rire de certaines personnages aux idées outrancières (Josephine Winshaw dans le roman), peut aussi neutraliser toute l'indignation que ces personnes devraient susciter.
Cette réflexion, comme celles sur la "marchandisation du mystère", est particulièrement frappante oui. C'est pour sûr un livre qui fait réfléchir. J'ai pour ma part enchaîné avec la lecture d'un court recueil de nouvelles, Désaccords imparfaits. Les 3 nouvelles sont sympas sans plus, mais l'introduction de Coe est très chouette et pleine d'autodérision (il dit qu'il est plus à l'aise avec la forme longue et qu'il a songé à ressortir des critiques journalistiques pour ce recueil, mais que rien ne méritait d'être sauvé ). Le texte final est une exception puisqu'il s'agit d'un texte écrit pour les Cahiers du cinéma, sur le film La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder. J'ai beaucoup aimé ce récit de sa relation obsessionnelle à ce film, qu'il recroise tout au long de sa vie, d'autant qu'il y fait référence dans les 2 romans que j'ai lus récemment, La Maison du sommeil et Numéro 11. C'était donc chouette de boucler la boucle avec ce récit ! À force, sa fixette me déteint dessus d'ailleurs et j'ai très envie de revoir ce film, dont je n'ai qu'un vague souvenir. |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Jonathan Coe Lun 21 Oct 2019 - 23:00 | |
| - esperluette a écrit:
- Qu'as-tu pensé de la fin de la dernière partie ?
Tu penses au tout dernier chapitre ? Je n'ai pas forcément tout compris. J'aurais dû me douter - Spoiler:
que Jonathan Coe terminerait avec une pirouette comme souvent. J'ai interprété la confession finale de la jeune roumaine comme un peu facile. Donc en fait elle aurait été une sorte de serial killer qui se transformait en araignée géante la nuit tombée pour dévorer les riches de Chelsea ? Mais pourquoi s'en prend-elle au chien de la famille ?
- esperluette a écrit:
- J'ai pour ma part enchaîné avec la lecture d'un court recueil de nouvelles, Désaccords imparfaits.
Les 3 nouvelles sont sympas sans plus (...) Le texte final est une exception puisqu'il s'agit d'un texte écrit pour les Cahiers du cinéma, sur le film La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder. J'ai beaucoup aimé ce récit de sa relation obsessionnelle à ce film, qu'il recroise tout au long de sa vie J'ai d'ailleurs été moins indulgente que toi sur les trois premières nouvelles qui ne m'ont pas laissé un super souvenir Mais je ne suis pas surprise que le texte final t'ait beaucoup plu, surtout à ce moment de ton exploration de l'oeuvre de Jonathan Coe. J'ai aussi beaucoup aimé ce texte |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Mar 22 Oct 2019 - 10:33 | |
| - serendipity a écrit:
- esperluette a écrit:
- Qu'as-tu pensé de la fin de la dernière partie ?
Tu penses au tout dernier chapitre ? Je n'ai pas forcément tout compris. J'aurais dû me douter - Spoiler:
que Jonathan Coe terminerait avec une pirouette comme souvent. J'ai interprété la confession finale de la jeune roumaine comme un peu facile. Donc en fait elle aurait été une sorte de serial killer qui se transformait en araignée géante la nuit tombée pour dévorer les riches de Chelsea ? Mais pourquoi s'en prend-elle au chien de la famille ?
Oui je pensais à - Spoiler:
l'aspect fantastique de la fin. Tu as raison, il fallait de toute façon s'attendre à une pirouette. J'ai aussi vu la roumaine comme une sorte de magicienne justicière. Mais effectivement, je n'y avais pas pensé mais pourquoi s'attaquer au chien de la famille, je ne vois pas... Du coup j'ai l'impression que ce basculement du côté des araignées géantes et du surnaturel, de l'irrationnel, est aussi, quelque part, encore une façon de souligner la folie de notre temps. Quitte à construire des sous-sols de 11 étages, pourquoi ne pas punir les proprios de leur folie des grandeurs en les faisant dévorer par des araignées, après tout. J'ai d'ailleurs fait quelques recherches sur l'art brut, auquel je ne connais pas grand-chose, et trouvé des exemples d'animaux dessinés par Josep Baqué. Ils sont effectivement un peu répugnants, mais je leur trouve aussi un côté débonnaire qui ne ressort pas dans les descriptions de Coe.
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| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Jonathan Coe Dim 5 Jan 2020 - 14:11 | |
| Jusque-là Testament à l'anglaise était mon roman préféré de Jonathan Coe -j'ai lu aussi La pluie avant qu'elle tombe et La Maison du sommeil avec plaisir.
Mais je viens de littéralement dévorer, en moins de trois jours, la suite des trois romans : Bienvenue au club, Le Cercle fermé et Le Cœur de l'Angleterre. C'est excellent ! et le fait que les personnage principaux appartiennent à ma génération m'a rendu ce cycle encore plus attachant.
Encore un auteur, donc, dont il faut décidément que j'épuise l'oeuvre pour être sûre de ne rien manquer qui me ravisse.
P.-S. spécialement pour Esperluette : j'ai moi aussi l'intention de composer la playlist de la trilogie ! Allors si tu l'as déjà fait, même si tu as seulement amorcé une liste, je serais intéressée, merci. |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jonathan Coe Dim 5 Jan 2020 - 15:07 | |
| Très contente que tu aies autant aimé Selenh ! Pour la playlist, j'ai un doute (je sais que j'avais fait celle de Haute fidélité de Nick Hornby par contre) mais même si je l'avais commencée, elle est perdue car j'utilisais Grooveshark à l'époque, et ce site n'existe plus. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Jonathan Coe Dim 5 Jan 2020 - 18:25 | |
| Merci pour ton avis enthousiaste, Selenh ! |
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| Sujet: Re: Jonathan Coe | |
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| | | | Jonathan Coe | |
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