Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Katherine Mansfield (1888-1923) | |
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+12Juliette2a Leibgeber Petit Faucon Dulcie MD Elinor Liewen willow MissAcacia misshoneychurch lady Clare June 16 participants | |
Auteur | Message |
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June Pauvre gouvernante
Nombre de messages : 6 Age : 65 Date d'inscription : 22/01/2009
| Sujet: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 13:59 | |
| Tout d'abord un lien vers sa biograhie http://www.arfuyen.fr/html/ficheauteur.asp?id_aut=1076Je rajoute qu'elle était la cousine d'Elizabeth von Arnim. En postant ce message, je me rends compte qu'il est difficile de parler de Katherine Mansfield, il faut la lire pour comprendre. Elle a écrit principalement des nouvelles, mais aussi des poèmes. Un journal et des lettres ont également été publiés. Katherine Mansfield c'est une écriture magnifique, pleine de délicatesse, poétique, mélancolique et lumineuse à la fois. Des descriptions somptueuses et une attention minutieuse aux êtres et aux choses. Elle dépeint à merveille cette fêlure qui est en nous, cette profonde tristesse qui parfois nous étreint et l'instant d'après cette immense joie de vivre. Un extrait de la nouvelle "Sur la Baie" (La Garden Party) : "Grand-maman, dit-elle d'une voix surprise et émue. - Quoi, mon petit chat ? - Il ne faut pas que tu meures, toi." Kezia parlait avec décision "Ah ! Kezia - sa grand-maman leva les yeux, sourit, hocha la tête - ne parlons pas de cela. - Mais il ne faut pas. tu ne pourrais pas me quitter. Tu ne pourrais pas ne pas ête là..." Ca, c'était terrible. "Promets-moi que tu ne feras pas ça, jamais, grand-maman", supplia Kezia. La vieille femme continua à tricoter. "Promets-le moi : Dis jamais !" Mais sa grand-mère restait toujours muette. Kezia se laissa rouler à bas du lit ; elle était incapable de supporter ça plus longtemps : légère, elle sauta sur les genoux de sa grand-maman, noua les mains autour du cou de la vieille femme et se mit à l'embrasser sous le menton, derrière l'oreille, et à lui souffler dans le cou. "Dis jamais ... dis jamais... dis jamais...". Elle haletait entre les baisers. Ensuite elle commença tout doucement, légèrement, à chatouiller sa grand-mère. "Kezia !" La vieille femme laissa tomber son tricot. Elle se renversa en arrière au balancement du fauteuil. Elle se mit à chatouiller Kezia. "Dis jamais, dis jamais, dis jamais", gazouillait Kezia, tandis qu'elles reposaient là, riant dans les bras l'une de l'autre. "Allons, c'est assez mon écureuil ! c'est assez, mon petit cheval sauvage ! dit la vieille Mrs Fairfield, redressant son bonnet. Ramasse mon tricot." Elles avaient oublié toutes deux à quoi ce rapportait ce mot jamais. Que rajouter, sinon que j'espère vous avoir donné envie de la découvrir si vous ne la connaissez pas encore. Un recueil regroupant l'intégralité de ses nouvelles en français est paru en 2006 aux Editions Stock. Un roman inachevé "Juliet" est également paru en français en 2007 aux Editions de Paris. |
| | | lady Clare Lily-white Doe
Nombre de messages : 9970 Localisation : Between Thornfield Hall and Pemberley Date d'inscription : 01/10/2008
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 14:58 | |
| Merci pour ton excellente présentation, June! Un auteur de plus à découvrir pour moi... |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 15:27 | |
| Tout à fait d'accord avec toi June , Katherine Mansfield était vraiment un très grand auteur. Je crois d'ailleurs avoir lu que Virginia Woolf était un peu jalouse (parce que admirative) d'elle ! Claire Tomalin lui a consacré une biographie que je n'ai pas encore lue, mais étant donné que j'ai adoré sa bio de Jane Austen, c'est prévu pour dans quelques temps. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 15:45 | |
| Bravo June, tu n'as pas perdu de temps. Je n'ai lu qu'une partie des nouvelles de La Garden Party, dont certaines sont assez amères ou tristes mais je me retrouve dans ta présentation, en particulier dans la précision de son style et la finesse de ses descriptions des sentiments. Je suis arrivée jusqu'à Katherine Mansfield par Virginia Woolf (je ne me rappelle plus exactement par quel cheminement bizarre) et parce qu'elle était citée comme une écrivain inspirée par Jane Austen (on retrouve toujours ses croquettes friskies... ). Elle a eu une vie compliquée et elle est morte jeune (me semble-t-il) mais, à mon sens c'est une très belle écriture féminine. |
| | | willow Innamoramento
Nombre de messages : 2781 Age : 44 Localisation : entre deux rayons de livres dans une librairie... Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 21:11 | |
| j'ai découvert cette auteur à la fac d'anglais où j'ai étudié quelques unes de ses nouvelles, dont celle que tu as citée. j'ai été "envoutée" par son écriture très précieuse, minutieuse (à lire en v.o. impérativement!!) je me souviens que dans sa présentation, notre prof avait dit qu'elle était mélancolique, nostalgique, et qu'elle ne s'était jamais sentie bien nulle part. |
| | | Liewen Stubborn creature
Nombre de messages : 2657 Age : 44 Date d'inscription : 02/12/2008
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 23 Jan 2009 - 22:59 | |
| Merci pour ta présentation, June ! Je ne connaissais Katherine Mansfield que de nom, et ton introduction (ainsi que le bio du lien) donnent carrément envie de la lire... Bon, je la met d'emblée sur ma commande de livres de février ! |
| | | Elinor Ready for a strike!
Nombre de messages : 1116 Age : 35 Localisation : in Neverland... Date d'inscription : 17/06/2007
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 31 Juil 2009 - 14:25 | |
| J'ai découvert Katherine Mansfield il y a 3 ans, lorsque j'ai eu finis mon oral de français du bac, je parlais avec mon examinateur et je lui disais que j'étais une grande admiratrice de JA, il m'a donc conseillé La Garden Party de KM !! Je l'ai lu l'été suivant mais je ne me souviens plus de grand chose (une relecture s'impose)... @ Misshoneychurch : j'ai vu que sur LibraryThing, que nous étions que toutes les 2 à avoir Garden-Party en folio !!! |
| | | MD British countryside addict
Nombre de messages : 828 Age : 39 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Lun 31 Jan 2011 - 20:09 | |
| Petit retour sur ma lecture de Miss Manfield puisque j'ai découvert cet auteur à travers sa Garden Party et autres nouvelles. Et un sujet déterré, un ! Je rejoins les avis précédents, l'écriture est très fine Bon, il ne s'y passe rien, mais c'est un rien très bien écrit. C'est donc une succession de petits tableaux de la vie dont la peinture est si précise que l'on partage aisément les sentiments (souvent amers) des personnages. Personnellement, j'ai eu l'impression de partager le râteau que se prend Reginald dans Monsieur et Madame Colombe. Alors soit c'est un monument de psychologie féminine que Réginald et moi même n'avons toujours pas compris; soit c'est un rateau tout ce qu'il y a de plus classique (Mademoiselle ayant le mérite de la franchise.) Je ne comprends toujours pas pourquoi elle lui demande de revenir à la fin ! .... la donna e mobile .... qual piuma al vento ... ! Une des nouvelles qui m'a bien fait rire c'est celle qui vient juste après : Les filles de feu le colonel. Bon ok, le colonel vient de mourir laissant ses deux filles ... mais c'est un festival de "non-tristesse" et de gamineries. A la fois grinçant et amusant Enfin, la nouvelle qui se termine sur la note la plus violente : Mariage à la mode- Spoiler:
Irait-elle avec eux, resterait-elle ici pour répondre à William ? Lequel des deux, lequel serait-ce ? Il faut que je prenne une décision." Oh ! mais comment pouvait-on hésiter ? Elle resterait évidemment, elle écrirait. - Titania ! cria la voix flutée de Moira. - I-sa-belle ! Non, c'était trop difficile. - Je vais ... je vais aller avec eux et j'écrirai plus tard à William. A un autre moment ! Plus tard. Pas maintenant. Mais j'écrirai pour sûr, pensa précipitamment Isabelle. Et, riant du rire à la mode, elle descendit en courant.
(Bon, elle venait de montrer la lettre qu'elle avait reçue de son mari à son cercle d' "amis à la mode" qui s'étaient bien moqués du style
C'est d'ailleurs ces trois nouvelles qui sortent du lot avec La Garden Party. La première Sur la baie fait très grandes vacances dans les dunes, et on s'y croirait ! Voilà, c'est une succession de constats sur la vie des gens. Bien écrit, sans véritable morale. Un rythme plutôt sympathique et une jolie plume (désolé Willow, je n'ai pas suivi ton conseil et je l'ai lu en FR. La traduction de Marthe Duproix conserve toutefois ce coté "précieux, minutieux". Ça se lit ! |
| | | willow Innamoramento
Nombre de messages : 2781 Age : 44 Localisation : entre deux rayons de livres dans une librairie... Date d'inscription : 21/11/2008
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Lun 31 Jan 2011 - 21:24 | |
| - MD a écrit:
- Petit retour sur ma lecture de Miss Manfield puisque j'ai découvert cet auteur à travers sa Garden Party et autres nouvelles.
Voilà, c'est une succession de constats sur la vie des gens. Bien écrit, sans véritable morale. Un rythme plutôt sympathique et une jolie plume (désolé Willow, je n'ai pas suivi ton conseil et je l'ai lu en FR. La traduction de Marthe Duproix conserve toutefois ce coté "précieux, minutieux".
Ça se lit ! Je ne t'en veux pas! J'ai vu qu'il existe une intégrale de ses nouvelles au prix de 24€ , ça me tente bien! |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Lun 31 Jan 2011 - 21:44 | |
| J'ai lu Katherine Mansfield il y a trois ou quatre ans et c'est un auteur que j'aime bien. Prélude, un de ses textes les plus connus, est une excellente nouvelle, que j'avais découvert en même temps que Sur la baie dans cette jolie édition : J'ai aussi lu son Journal, mais je n'en garde pas beaucoup de souvenirs. Pas extrêmement marquant, mais éventuellement intéressant. |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Mar 1 Fév 2011 - 21:56 | |
| En vous lisant, je me rends compte que je n'ai jamais fini ce recueil de nouvelles (la Garden party, veux-je dire). C'est tout moi ça, je n'aime pas lire trop de nouvelles à la suite et après j'oublie le livre. Bon, mes états d'âme on s'en balance. Vos avis, aussi bien celui de Willow que celui, très détaillé (merci !) de MD, m'ont donné très envie de finir cette lecture.
Thank you Dulcie, cette couverture est attirante. |
| | | MD British countryside addict
Nombre de messages : 828 Age : 39 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 3 Fév 2011 - 13:55 | |
| Je suis assez d'accord, je préfère lire les recueils de nouvelles de façon décousue (enfin pas trop ). C'est parfait en ayant un autre bouquin en même temps. J'en ai profité pour découvrir la bio de Miss Mansfield ! Elle a eu des fréquentations très lambtoniennes. |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Lun 16 Jan 2012 - 10:52 | |
| On m'a offert pour Noël cette intégrale Mansfield (chez Stock). J'ai commencé hier soir Pension allemande : son premier recueil de nouvelles, publié en 1911 - donc lorsqu'elle n'avait que 22, 23 ans. Ce sont des nouvelles très courtes (moins d'une dizaine de pages), toutes centrées dans une... pension allemande. Il ne s'agit donc pas de récits purement individuels, on retrouve presqu'à chaque fois la même narratrice, une jeune Anglaise qui nous fait le portrait de ses compagnons avec humour, ironie, un sens certain du grotesque. Ce sont des texte enlevés, un brin moqueurs, mais à vrai dire légers, pas très approfondis. On sent derrière une jeune femme intelligente, frondeuse, impitoyablement critique, donc très différente de l'image plus mélancolique qu'acquièra Mansfield par la suite. A découvrir, mais ses meilleurs nouvelles sont bien entendu ailleurs. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 5 Déc 2013 - 12:18 | |
| A l'occasion de la lecture d'un recueil de nouvelles de divers auteurs, j'ai terminé une nouvelle de quelques pages The Fly / la mouche par Katherine Mansfield, qui date des années 20. J'ai été frappée moi aussi par le style de Mansfield, par petites touches, comme un croquis pris sur le vif. J'étais certaine que notre Auberge abritait cet écrivain . J'avais entendu parler d'elle par DH Lawrence, qui était ami avec elle et John Middleton Murry ; et Mansfield est morte de la tuberculose, contre laquelle Lawrence a lutté jusqu'à la fin. Lawrence disait d'elle que c'était une langue de vipère, ce qui ne m'étonne pas à la lire ... |
| | | Leibgeber Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 267 Age : 47 Localisation : Loin des Vertes-Collines Date d'inscription : 13/06/2013
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 1 Mai 2014 - 17:04 | |
| Je ne suis pas d'accord avec Dulcie qui trouve « léger » le ton de Pension allemande. De façon générale, je crois que les qualificatifs qui conviendraient le mieux pour définir cette œuvre sont « acerbe » et « amer ». De plus, Katherine Mansfield ne se contente pas de faire le portrait de ses compagnons de cure de façon satirique (et morose). Tout le long de son recueil, elle interroge aussi la condition des femmes, et parfois de la façon la plus dramatique comme dans Frau Brechenmacher assiste à un mariage ou L'enfant qui était fatigué. À ce sujet, les deux dernières nouvelles de Pension allemande mettent en scène des femmes qui, au lieu de se résigner à la domination des hommes, veulent s'affirmer sur eux, leur esprit de rancune se retournant toutefois contre elles finalement. Ces deux nouvelles conclut ainsi dans un certain sentiment d'impuissance le propos des précédentes sur l’assujettissement des femmes. Toutefois, sur le plan strictement formel, j'ai regretté pour ma part le fait qu'elles ne se passent pas au sein de la pension, on peut ressentir quelque chose de trop abrupt. Quelque part, j'ai lu que Katherine Mansfield en était venu à désavouer Pension allemande, qui constituait sa première publication, parce qu'elle se reprochait d'avoir jeté un œil condescendant sur les Allemands. Pour ce que je connais d'eux et si je pense à des auteurs du tournant du 20ème siècle comme Theodor Fontane ou Heinrich Mann, elle aurait visé quand même plutôt juste. Aussi, même si j'ai quelques réserves sur ses contours finaux, Pension allemande constitue pour moi un ensemble de bonne tenue. Se présentant à la manière d'un album d'instantanés, ou de « vignettes » pour reprendre le mot employé par Katherine Mansfield, il poursuit un propos nerveux sur les femmes ne manquant pas, hélas, d'actualité – de même peut-être quant à une certaine bourgeoisie allemande... Mon blog sur les sœurs Brontë : https://thewandererofthemoors.blogspot.com/
Dernière édition par Leibgeber le Lun 14 Mar 2022 - 7:27, édité 8 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29119 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 1 Mai 2014 - 18:25 | |
| Merci pour ton avis, Leibgeber ! |
| | | Leibgeber Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 267 Age : 47 Localisation : Loin des Vertes-Collines Date d'inscription : 13/06/2013
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 8 Mai 2014 - 16:53 | |
| Suite de mon infidélité aux sœurs Brontë… J’ai achevé une biographie, que l'on doit à Michel Dupuis, de Katherine Mansfield parue à l'occasion du centenaire de sa naissance en 1988. Relativement brève, je l'ai trouvée toutefois des plus instructives sur la vie aussi bien que l’œuvre de Katherine Mansfield. De son véritable nom Kathleen Beauchamp, Katherine Mansfield naquit en Nouvelle-Zélande, à Wellington, en 1888, dans les derniers feux de l'âge victorien au sein d'une famille aisée que l'ambition de son père finira par rendre la plus riche du pays. Au cours de son enfance, Katherine Mansfield souffrit du manque d'amour, ou du moins d'attention de la part de ses parents, en particulier de sa mère. Mise en pension en Angleterre au milieu de son adolescence, elle entra en rébellion contre sa famille et la société dans son ensemble. Elle se nourrit à cet égard des lectures de Wilde, Nietzsche et Ibsen, se rêvant d'une vie de liberté, de passion et de célébrité. Après trois années passées en métropole, elle ne supporta pas ainsi de devoir retrouver l'étroitesse d'une vie provinciale aux Antipodes du monde. Elle se rendit alors si insupportable que ses parents, au bout d'une longue année de conflits, consentirent à son retour en Angleterre. Libre dorénavant de mener sa vie avec dans la poche une modeste allocation versée par son père, Katherine Mansfield s'engagea alors dans une quête frénétique d'elle-même et de son art. Mais si elle aspirait à être une sorte de dandy au féminin au sein de la scène underground londonienne de l'époque, celle de Bloomsbury, une longue suite de déceptions et d'épreuves douloureuses l'attendirent, notamment une fausse-couche, la contraction de la tuberculose et le deuil de son plus jeune frère, Leslie Heron, lors de la première guerre mondiale. Sur le plan littéraire, du premier coup du sort sortira la satire de Pension allemande, du dernier la poésie offerte par les nouvelles les plus fameuses ( Prélude, Sur la baie) de Katherine Mansfield où elle s'employa à restituer ses souvenirs d'enfance en Nouvelle-Zélande de façon impressionniste - « vibrante » selon le mot de Virginia Woolf. Inspirée par Tchekhov, Katherine Mansfield s'attacha aussi dans son œuvre, composée uniquement de nouvelles, à mettre en scène les peines et les désarrois des vies humbles ( Miss Brill, Vie de maman Parker, etc.). Avec l'aide de son époux, John Middleton Murry, critique renommé avec qui ses relations furent instables, sa production lui vaudra de gagner peu à peu une notoriété dont elle ne profitera toutefois guère à cause des progrès inexorables de la tuberculose. Outre aux souffrances physiques, la maladie l'exposa aussi à une solitude péniblement ressentie lors de ses longs séjours thérapeutiques en France, en Italie et en Suisse. En 1923, alors qu'elle ne pouvait s'empêcher cependant de dresser des plans d'avenir - trouver enfin la sérénité, revoir son pays natal, etc. - Katherine Mansfield succombera finalement à son mal à Fontainebleau, au sein d'un institut dirigé par George Gurdjieff, théosophe encore célèbre aujourd'hui - elle avait à peine atteint ses 34 ans.
Dernière édition par Leibgeber le Lun 14 Mar 2022 - 6:25, édité 8 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29119 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Jeu 8 Mai 2014 - 18:35 | |
| Merci pour cette biographie, Leibgeber Tu écris extrêmement bien |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 9 Mai 2014 - 12:23 | |
| On ne peut pas dire que j'apprécie énormément cette écrivaine, mais il est certain qu'elle a ramé pour devenir elle-même : femme, écrivaine reconnue, ... sa courte vie a été semée d'embûches ... |
| | | Leibgeber Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 267 Age : 47 Localisation : Loin des Vertes-Collines Date d'inscription : 13/06/2013
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Sam 10 Mai 2014 - 9:22 | |
| Pourquoi donc, cher Petit faucon, n’as-tu pas le goût de Katherine Mansfield ? Peut-être, comme moi avant de m’intéresser à son œuvre, certaines pensionnaires de l’auberge ne savent pas à quoi elle ressemblait. Je me suis amusé à faire cette sorte de carte postale (droits réservés, je me suis donné du mal !) Here she is, la trouble Miss Kathleen Beauchamp (car tel était son nom de baptême) à travers les ans et une vie incertaine : Mon blog sur les sœurs Brontë : https://thewandererofthemoors.blogspot.com/
Dernière édition par Leibgeber le Lun 14 Mar 2022 - 6:33, édité 5 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29119 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Sam 10 Mai 2014 - 18:50 | |
| J'avais déjà vu des photos d'elle, donc elle ne m'est pas étrangère ! D'ailleurs, j'avais lu des lettres d'elle dans un livre intitulé Lettres de femmes, de Laure Adler |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Sam 10 Mai 2014 - 22:13 | |
| Sympa ton photomontage Leibgeber Tu me rappelles aussi que j'ai un recueil de nouvelles de Katherine Mansfield dans ma PAL et qu'il serait bon que je le sorte un de ces jours |
| | | Leibgeber Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 267 Age : 47 Localisation : Loin des Vertes-Collines Date d'inscription : 13/06/2013
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 16 Mai 2014 - 10:56 | |
| Voici une présentation succincte des recueils de nouvelles Félicité et La Garden-Party. Je les ai beaucoup apprécié même si, comme au sujet de l’auteur lui-même, je ne prétendrai pas en avoir tout bien saisi. Et peut-être est-ce naturel comme un des grands thèmes, sinon le principal, de Katherine Mansfield est l’incertitude, l'incertitude à l’égard de ses émotions, des gens, des choses. Ainsi, dans Félicité, après avoir arrangé la décoration de sa maison, Bertha Young est envahie par un sentiment de plénitude qui sera détrompé quelques heures seulement plus tard de façon ironique et cruelle. De la même façon, plusieurs autres nouvelles, telle Monsieur et Madame Colombe, mettent en scène un jeu d'élan et de fuite à l’égard du monde et des autres qui semble ne pouvoir jamais se résoudre par un accord, une harmonie, de manière satisfaisante. Parfois, les illusions ou la tromperie sont plus franchement marquées, surtout me semble-t-il quand il s'agit de femmes pauvres et esseulées s'offrant en proies faciles ( La Petite institutrice, Miss Brill...) Sans nul doute, si les écueils dissimulés constituent un des grands thèmes de Katherine Mansfield, c'est qu'elle-même souffrit souvent de leur rencontre au point que c'est dans un sentiment de naufrage, de déprise complète avec le monde, sous les coups conjugués de la mort de son frère, de la tuberculose et de la solitude, qu'elle en vint à chercher refuge dans la « recollection » (entendez-le en anglais) de ses souvenirs d'enfance et d'adolescence. Ces nouvelles, dont les plus remarquables sont Prélude et Sur la baie, égrènent les recueils de Katherine Mansfield à la façon d'une feuilleton décousue. Elles recèlent assurément un charme profond à la fois émotionnel et visuel qui vous donne l'impression d'être là, en Nouvelle-Zélande, il y a longtemps. La description de la montée d'un troupeau de moutons qui ouvre Prélude vous entraîne doucement à leur suite dans la découverte de l'univers lointain de Kezia et de sa famille sous une lumière éclatante et douce à la fois. Toutefois, dans ces tableaux impressionnistes apaisants, les ombres trouvent encore où apparaître sous la forme de l'insatisfaction ou de la frustration qui rongent certains personnages comme la touchante Beryl, la parente pauvre de la famille, aux rêves silencieux d’amour et de départ. Beryl n’est pas la seule à rêver de train et de bateau dans le monde fuyant de Katherine Mansfield, ainsi de Mathilde dans Le Vent souffle ou de l’héroïne amère d’ Un pickle à l’aneth. Katherine Mansfield peut donner à cela un tour caustique et sordide pour Miss Moss dans Tableaux ou purement poignant dans Vie de maman Parker où celle-ci cherche en vain un lieu où seulement pleurer en paix. Mon blog sur les sœurs Brontë : https://thewandererofthemoors.blogspot.com/
Dernière édition par Leibgeber le Lun 14 Mar 2022 - 6:44, édité 5 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) Ven 16 Mai 2014 - 14:45 | |
| Ton long compte-rendu détaillé donne envie de lire ce recueil de nouvelles de K Mansfield. Tu me demandais pourquoi j'étais un peu mitigée sur Mansfield, c'est simplement que j'ai lu 2 nouvelles d'elle (c'est très peu pour porter un jugement, j'en suis parfaitement consciente), et je n'ai pas accroché à son univers ; je l'ai trouvé acide, caustique, amère, voire dure, et ce n'est pas un écrivain que j'ai envie de lire à hautes doses. Mais d'une part c'est un avis subjectif, et ensuite il faudrait certainement que j'approfondisse ma connaissance de son oeuvre pour porter un jugement argumenté. Cela dit, ton message donne envie de s'y pencher, donc pari réussi ! |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
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| Sujet: Re: Katherine Mansfield (1888-1923) | |
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| | | | Katherine Mansfield (1888-1923) | |
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