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| Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... | |
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valmont Mal'conciliu di lume
Nombre de messages : 4356 Age : 52 Localisation : Au fin fond de nulle part... Date d'inscription : 20/02/2012
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 28 Avr 2012 - 17:58 | |
| Allez, je me lance aussi dans la poésie. J'adore Baudelaire, 2 poèmes particulièrement. Le 1er a été cité "Le chat", c'était il y a longtemps et comme je les adore, je vais le remettre. - Spoiler:
Le chat Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum Nagent autour de son corps brun.
Un second sur les chats - Spoiler:
Le Chat
I
Dans ma cervelle se promène Ainsi qu'en son appartement, Un beau chat, fort, doux et charmant. Quand il miaule, on l'entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret ; Mais que sa voix s'apaise ou gronde, Elle est toujours riche et profonde. C'est là son charme et son secret.
Cette voix, qui perle et qui filtre Dans mon fonds le plus ténébreux, Me remplit comme un vers nombreux Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux Et contient toutes les extases ; Pour dire les plus longues phrases, Elle n'a pas besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux, Chat séraphique, chat étrange, En qui tout est, comme en un ange, Aussi subtil qu'harmonieux !
II
De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu'un soir J'en fus embaumé, pour l'avoir Caressée une fois, rien qu'une.
C'est l'esprit familier du lieu ; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire ; Peut-être est-il fée, est-il dieu ?
Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime Tirés comme par un aimant Se retournent docilement Et que je regarde en moi-même
Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement.
Il y en a encore d'autres sur les chats mais ce sont ces deux là que je préfère: il parvient à transcrire le caractère de l'animal et sa beauté... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 29 Avr 2012 - 23:27 | |
| L'ami Yeats et son Nineteenth century and after (1929):
Though the great song return no more There's keen delight in what we have: The rattle of the pebbles on the shore Under the receding wave.
(Le dix-neuvième siècle, et après, 1929: "Même si le grand chant ne doit plus reprendre, Ce sera pure joie, ce qui nous reste: Le fracas des galets sur le rivage, Dans le reflux de la vague..."). |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 30 Avr 2012 - 21:44 | |
| @ Valmont:
Magnifique, surtout le deuxième que je ne connaissais pas. Ces poèmes félins sont d'une sensualité plus forte que bien des textes dédiées par Baudelaire à des femmes.
Je trouve cette strophe tout particulièrement sublime:- Spoiler:
Non, il n'est pas d'archet qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde [...] @ Yeats:
Très beau. Je ne connaissais pas. Je n'ai jamais lu Yeats alors si tu veux lui offrir une place sur ce topic, surtout n'hésite pas. (Je me comporte en ces lieux comme si j'étais chez moi mais comme étant effet, depuis quelques temps, l'une des rares locataires de l'endroit, je ne conçois que peu de remord.)
Pour ce soir, un poème parfaitement tempérée, comme le temps du printemps venant:
- Spoiler:
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
René Char, Allégeance in Éloge d'une soupçonnée, 1988.
Le sentiment exact de l'amour qui ne s'est pas déclaré et que personne ne sait. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 2 Mai 2012 - 21:40 | |
| Une version du fragment d'un très beau poème de Sappho, plus connu sous le titre - parfaitement d'actualité ce soir - de L'Égal des Dieux.- Spoiler:
Ôde à une femme aimée
φάινεταί μοι κῆνος ἴσοσ τηέοισιν ἔμμεν ὤνερ ὄστις ἐναντίος τοι ἰζάνει καὶ πλασίον ἀδυ φωνεύσασ ὐπακούει
καὶ γαλαίσας ἰμμερόεν τὸ δὴ ᾽μάν καρδίαν ἐν στήθεσιν ἐπτόασεν, ὠσ γὰρ εὔιδον βροχέως σε, φώνας οὐδὲν ἔτ᾽ ἔικει,
ἀλλὰ κάμ μὲν γλῳσσα έαγε, λέπτον δ᾽ αὔτικα χρῷ πῦρ ὐπαδεδρόμακεν, ὀππάτεσσι δ᾽ οὐδὲν ορημ᾽, ἐπιρρόμβεισι δ᾽ ἄκουαι.
ἀ δέ μ᾽ ί᾽δρως κακχέεται, τρόμος δὲ παῖσαν ἄγρει χλωροτέρα δὲ ποίας ἔμμι, τεθνάκην δ᾽ ὀλιγω ᾽πιδεύην φαίνομαι [ἄλλα].
πᾶν τόλματον [...]
Sappho, Ôde à une femme aimée ou L'Égal des dieux, VII-VIèmes s. av. J.-C..
- Spoiler:
Ôde à une femme aimée
Il me paraît égal aux dieux celui qui, assis près de toi, doucement, écoute tes ravissantes paroles et te voit lui sourire ;
voilà ce qui me bouleverse jusqu'au fond de l'âme. Sitôt que je te vois, la voix manque à mes lèvres,
ma langue est enchaînée, une flamme subtile court dans toutes mes veines, les oreilles me tintent, une sueur froide m'inonde,
tout mon corps frissonne, je deviens plus pâle que l'herbe flétrie, je demeure sans haleine, il semble que je suis près d'expirer.
Mais il faut tout oser puisque dans la nécessité [...]
Sappho, Ôde à une femme aimée ou L'Égal des dieux, VII-VIèmes s. av. J.-C., trad. d'Ernest Falconnet, 1847. On savait tout cela il y 2600 ans déjà, et rien ne change. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 2 Mai 2012 - 22:04 | |
| - Dérinoé a écrit:
- parfaitement d'actualité ce soir
Pourquoi, Carla B.-S. est en ligne?... Ce forum vit dans le péché, une neuvaine belge pour la Romandie décadente. Ma gomme
Avec ma gomme, dit l’enfant — La gomme que j’ai dans le cœur — Je puis rayer tous les malheurs. Avec ma gomme, dit l’enfant, Je pourrais faire disparaître L’univers et tous ses vivants. Mais qui jamais sur cette terre — Fût-il le Dieu le plus futé — Serait capable d’effacer Avec sa gomme de lumière Le beau visage de ma mère Du livre de l’éternité!
Maurice Carême (C'était le plus court!)... |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
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| | | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 3 Mai 2012 - 21:44 | |
| Traduit en français par ma chère Marguerite dans une anthologie de poèmes grecs magnifiquement intitulée La Couronne et la Lyre, un autre fragment à l'Antique, d'une brûlante puissance d'évocation visuelle:- Spoiler:
[...] Les yeux noirs de l'amour couchés sous leurs longs cils T'ont de nouveau conquis, coeur au fait des périls, Des hontes, des travaux, coeur épuisé, coeur triste, Et comme un vieux cheval qu'on ramène à la piste, Tremblant de tout ton corps aux signes du danger, Tu frémis des chemins où tu vas t'engager [...]
Ibycos de Rhégium, cité dans une scholie du Parménide de Platon, n° 136, trad. par Marguerite Yourcenar in La Couronne et la Lyre, 1979. Et de sa plume de poète même:- Spoiler:
Vous ne saurez jamais que votre âme voyage
Vous ne saurez jamais que votre âme voyage Comme au fond de mon coeur un doux coeur adopté Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge N'empêcheront jamais que vous ayez été;
Que la beauté du monde a pris votre visage, Vit de votre douceur, luit de votre clarté, Et que le lac pensif au fond du paysage Me redit seulement votre sérénité.
Vous ne saurez jamais que j'emporte votre âme Comme une lampe d'or qui m'éclaire en marchant; Qu'un peu de votre voix a passé dans mon chant.
Doux flambeau, vos rayons, doux brasier, votre flamme M'instruisent des sentiers que vous avez suivis, Et vous vivez un peu puisque je vous survis.
Marguerite Yourcenar in Les Charités d'Alcippe, 1956. Cela pourrait être du Brassens en son début, avec une douceur qui n'est pas l'ordinaire de Yourcenar, ce me semble. Mais ce qui semble et ce qui est... |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 6 Mai 2012 - 14:11 | |
| - Spoiler:
Do not stand at my grave and weep
Do not stand at my grave and weep, I am not there; I do not sleep. I am a thousand winds that blow, I am the diamond glints on snow, I am the sun on ripened grain, I am the gentle autumn rain. When you awaken in the morning’s hush I am the swift uplifting rush Of quiet birds in circling flight. I am the soft star-shine at night. Do not stand at my grave and cry, I am not there; I did not die.
Mary Elizabeth Frye, 1932.
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 8 Mai 2012 - 21:28 | |
| - Spoiler:
Le dialogue d'angoisse et de désir
Jamais douleur Ne fut plus élégante dans ces grilles Noires, que décora le soleil. Et jamais Elégance ne fut cause plus spirituelle, Un feu double, debout sur les grilles du soir.
Ici, Un grand espoir fut peintre. Oh, qui est plus réel Du chagrin désirant ou de l’image peinte ? Le désir déchira le voile de l’image, L’image donna vie à l’exsangue désir.
Yves Bonnefoy, Le dialogue d'angoisse et de désir in Pierre écrite, 1958.
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| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 9 Mai 2012 - 14:40 | |
| - Dérinoé a écrit:
Do not stand at my grave and weep, I am not there; I do not sleep. (...) Do not stand at my grave and cry, I am not there; I did not die. Mary Elizabeth Frye, 1932 Je passe en coup de vent sur ce topic et je voulais te remercier, Dérinoé, pour ce poème, je ne le connaissais pas, je le trouve magnifique Je tenterai de revenir plus longuement pour accorder plus d'attention aux autres poèmes postés ici Edit : j'ai trouvé une traduction de ce poème pour celles que cela intéresse - Spoiler:
Ne te tiens pas devant ma tombe en pleurant, Je ne suis pas là, je ne dors pas. Je suis maintenant les mille vents qui soufflent, Je suis les reflets étincelants sur la neige. Je suis la lumière du soleil qui fait mûrir les grains, Je suis la douce pluie de l'automne.
Quand tu t'éveilles dans la paix du matin, Je suis le mouvement rapide Des oiseaux qui s'envolent en cercle dans le ciel. Je suis les douces étoiles qui brillent dans la nuit.
Ne te tiens pas devant ma tombe en pleurant ; Je ne suis pas là, je suis partout, vivant...
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 17 Mai 2012 - 16:44 | |
| @ Serendipty:
Merci beaucoup pour la traduction, en effet magnifique, du poème d'Elizabeth Frye; poème qui possède par ailleurs une histoire étonnante puisqu'il semble que le nom de son auteur soit resté caché durant de longues années avant d'émerger et d'être contesté dans un tourbillons de spéculations médiatiques. Mais la transparence, on le sait, n'est pas amie de la poésie.
En ce jour férié, une prière athée au prochain...- Spoiler:
Je ne saurais tout vous dire Et ne pourrais car le mystère C’est bien cela vouloir tout dire Et s’apercevoir à la fin Que la marge est tout aussi grande Qui nous sépare du prochain Pendant qu’on écrit l’existence Que l’on dit avoir bouge et change Et quand on parle à un poète De son dernier recueil il est Depuis longtemps miné par l’autre Aussi brûlant définitif qu’il nous fera lire demain si nous vivions siècles durant on n’en finirait pas d’aller au seuil de notre vérité qui recule quand on la presse et nous envahit quand on dort.
Georges Perros, Extrait d'Une vie ordinaire, 1967.
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 18 Mai 2012 - 22:22 | |
| - Spoiler:
Sur les feux de la Saint-Jean
L'on ne voit rien que feux, l'air est tout enflammé, Le ciel est tout rougi, à peine la lumière Des astres apparaît, l'ombre s'enfuit derrière. Cette nuit-ci ressemble un beau jour allumé ! Mais hélas ! dedans moi Amour trop animé Fait croître à tous moments une flamme meurtrière, Et pour l'entretenir mon cœur sert de matière ; Et dans l'eau de mes yeux je serai consumé. Ces feux qu'on fait ici, ce sont feux de liesse, Mais le feu qui me brûle est un feu de tristesse Qui me fait vivre en peine et mourir en tourment.
Isaac Habert, 16-17èmes siècles.
- Spoiler:
Convoitise
Si tu vas sur la terre où rien n'est dépoli Le sucre de tes lèvres sur les pierres solaires Les tiges dégarnies des pensées millénaires Et le cour agrandi
Au premier tournant du paysage sous le ciel Le ciel vert Le ciel dur Le ciel qui pèse ou qui fuit
Mais ce matin je me jette sur l'horizon qui tourne Sur les trous de clarté de la terre qui roule Et sur les pas pressés de cette mer qui coule Avec toute ma vie cruelle et oppressée
Ce matin tout est lavé par les éponges de la nuit Les yeux neufs regardent les meubles de la terre Les arbres bien taillés dans leurs socles de pierres Et les nuages blancs dans leur cage de verre
Ma douleur enfouie Car les sentiments sont trop grands pour ce corps trop Étroit La chair est étirée par l'esprit qui s'évade Et les cris étouffés dans la rumeur des caves Où ma lumière arrive à peine et meurt de froid
Il suffit d'un mouvement imperceptible de tes lèvres D'un changement dans la clarté de ton regard D'un muscle sous la peau qui danse Ou encore d'un geste de tendresse qui arrive en retard Tout est changé Les règles de la vie deviennent noires Le jeu à mal tourné Et je travail dans l'espoir Qu'aucune récompense ne me sera donnée
Pierre Reverdy, Convoitise in Ferraille, 1937.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 29 Mai 2012 - 0:14 | |
| - Dérinoé a écrit:
- (...) I am not there; I did not die (...), Mary Elizabeth Frye, 1932
Superbe en effet, ce poème; merci pour la mise en lumière. Il devrait rester celui-là... - Dérinoé a écrit:
- Sur les feux de la Saint-Jean
(...) Et pour l'entretenir mon cœur sert de matière ; Et dans l'eau de mes yeux je serai consumé (...) Isaac Habert, 16-17èmes siècles Inconnu, lui aussi, mais j'aime bien. Du XVIIème et en écho, un grand classique dépecé dans tous les lycées de France — Pierre de Marbeuf ( Et la mer et l'amour) — par conséquent tailladé sans pitié ici même: " Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes". *** Bifurcation vers le nord, avec deux auteurs singuliers. La première suédoise, suicidée; et le second islandais, bien vivant. Karin Boye, Many Voices Speak, publié après sa mort en 1941: Many Voices Speak. Yours is like water. Yours is like rain, when it falls through the night. Murmuring deeply, sinking tentatively, slow, hesitant, painfully alive.
Rippling like shallows behind all sounds, trickling and dripping against my skin, shrouding softly, closing me in, filling my ears with whispering memories.
I want to sit quietly where I cannot disturb you. I want to live and dwell where I can hear you. Many voices speak. Through them all I hear only yours falling as a night rain.Et puis les courts — mais réjouissants — vers d'Ari Trausti Gudmundsson, géophysicien, alpiniste, poète et photographe à l'occasion. Ses compositions accompagnaient notamment une expo accrochée dans le hall de l'aéroport de Keflavik sur le glacier du Skaftafellsjökul, en 2009 ( Matter over mind). Ici, son Traveller's short poem on love: How good it is to have two hearts that beat for every step
one to endure by another at home to cry out for. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 21 Juin 2012 - 21:21 | |
| *** " Le tout est de tout dire et je manque de mots Et je manque de temps et je manque d'audace Je rêve et je dévide au hasard mes images J'ai mal vécu et mal appris à parler clair " Paul Éluard, Pouvoir tout dire (1951).Plus haut que le soixante-sixième parallèle nord, hors toute attraction terrestre et en littérature de genre cette fois-ci; les vers désolés de Serge Lehman, qui ouvraient et refermaient sa (nébuleuse) odyssée, Aucune étoile aussi lointaine (1998): " A la machine, le jeune homme dit Je cherche une route que nul ne connaisse Un endroit vide, créé pour moi seul Car je ne peux plus supporter ce que j'ai été Le fracas, les flammes, les cheveux parfumés des femmes. Il me faut une étoile Pour laver mon ombre et la jeter au loin
Au vieillard, la machine répondit Toutes les routes sont connues Toutes les mers sont des leurres Le fracas, les flammes, les cheveux parfumés des femmes Sont ce que l'on emporte en premier A quoi bon tirer sur tes chaînes? Il n'existe Aucune étoile aussi lointaine". Pas de chance; même dans les siècles à venir, le temps déborde semble-t-il... |
| | | J.S Riche célibataire
Nombre de messages : 133 Date d'inscription : 30/07/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 26 Juin 2012 - 23:57 | |
| Un poème que j'aime énormément :
"Tristesse d'été" de Stéphane Mallarmé
Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie, En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie, Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux " Nous ne serons jamais une seule momie Sous l'antique désert et les palmiers heureux ! "
Mais la chevelure est une rivière tiède, Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.
Je goûterai le fard pleuré par tes paupières, Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas L'insensibilité de l'azur et des pierres. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 5 Juil 2012 - 22:38 | |
| - Spoiler:
Sonnet XVII
Je ne t'aime pas comme la rose des sables ou la topaze Ou ces flèches d'incarnat que les flammes décochent Je t'aime comme telle chose rare doit être aimée En secret entre l'ombre et le cœur Je t'aime sans trop savoir comment Ou même d'où, depuis quand Je t'aime de tout mon cœur d'un amour modeste et pur Ainsi je t'aime car je ne sais que t'aimer Nous sommes tels que tes mains de mes doigts se prolongent Si proches que lorsque tu fermes les yeux, le sommeil me gagne.
Pablo Neruda, Sonnet XVII in La Centaine d'amour, 1959.
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 21 Juil 2012 - 19:57 | |
| - Spoiler:
Question
Se pourrait-il que nos millions d'années Ne soient qu'un malchanceux matin Dans l'atelier de Dieu? Un jour où le matériau s'avéra trop médiocre ? Se pourrait-il que toute notre angoisse Ne fût que Sa main passée avec lassitude sur Son front, Et que notre sang et nos sueurs millénaires Ne soient que ces mots tombés de Ses lèvres : «Il aurait peut-être fallu s'y prendre autrement.»
Hortense Flexner, Question, trad. de l'américain par Marguerite Yourcenar en 1969.
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| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36576 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Dim 22 Juil 2012 - 14:49 | |
| Excellent! Merci Derinoe Je reste sur le même sujet et vous propose ce long poème de Lamartine. Vous m'en direz des nouvelles : - Spoiler:
Dieu
Oui, mon âme se plaît à secouer ses chaînes : Déposant le fardeau des misères humaines, Laissant errer mes sens dans ce monde des corps, Au monde des esprits je monte sans efforts. Là, foulant à mes pieds cet univers visible, Je plane en liberté dans les champs du possible, Mon âme est à l'étroit dans sa vaste prison :
Il me faut un séjour qui n'ait pas d'horizon. Comme une goutte d'eau dans l'Océan versée, L'infini dans son sein absorbe ma pensée ; Là, reine de l'espace et de l'éternité, Elle ose mesurer le temps, l'immensité, Aborder le néant, parcourir l'existence, Et concevoir de Dieu l'inconcevable essence. Mais sitôt que je veux peindre ce que je sens, Toute parole expire en efforts impuissants. Mon âme croit parler, ma langue embarrassée Frappe l'air de vingt sons, ombre de ma pensée. Dieu fit pour les esprits deux langages divers : En sons articulés l'un vole dans les airs ; Ce langage borné s'apprend parmi les hommes, Il suffit aux besoins de l'exil où nous sommes, Et, suivant des mortels les destins inconstants Change avec les climats ou passe avec les temps. L'autre, éternel, sublime, universel, immense, Est le langage inné de toute intelligence : Ce n'est point un son mort dans les airs répandu, C'est un verbe vivant dans le coeur entendu ; On l'entend, on l'explique, on le parle avec l'âme ; Ce langage senti touche, illumine, enflamme; De ce que l'âme éprouve interprètes brûlants, Il n'a que des soupirs, des ardeurs, des élans ; C'est la langue du ciel que parle la prière, Et que le tendre amour comprend seul sur la terre. Aux pures régions où j'aime à m'envoler, L'enthousiasme aussi vient me la révéler. Lui seul est mon flambeau dans cette nuit profonde, Et mieux que la raison il m'explique le monde. Viens donc ! Il est mon guide, et je veux t'en servir. A ses ailes de feu, viens, laisse-toi ravir ! Déjà l'ombre du monde à nos regards s'efface, Nous échappons au temps, nous franchissons l'espace. Et dans l'ordre éternel de la réalité, Nous voilà face à face avec la vérité ! Cet astre universel, sans déclin, sans aurore, C'est Dieu, c'est ce grand tout, qui soi-même s'adore ! Il est ; tout est en lui : l'immensité, les temps, De son être infini sont les purs éléments ; L'espace est son séjour, l'éternité son âge ; Le jour est son regard, le monde est son image ; Tout l'univers subsiste à l'ombre de sa main ; L'être à flots éternels découlant de son sein, Comme un fleuve nourri par cette source immense, S'en échappe, et revient finir où tout commence. Sans bornes comme lui ses ouvrages parfaits Bénissent en naissant la main qui les a faits ! Il peuple l'infini chaque fois qu'il respire ; Pour lui, vouloir c'est faire, exister c'est produire ! Tirant tout de soi seul, rapportant tout à soi, Sa volonté suprême est sa suprême loi ! Mais cette volonté, sans ombre et sans faiblesse, Est à la fois puissance, ordre, équité, sagesse. Sur tout ce qui peut être il l'exerce à son gré ; Le néant jusqu'à lui s'élève par degré : Intelligence, amour, force, beauté, jeunesse, Sans s'épuiser jamais, il peut donner sans cesse, Et comblant le néant de ses dons précieux, Des derniers rangs de l'être il peut tirer des dieux ! Mais ces dieux de sa main, ces fils de sa puissance, Mesurent d'eux à lui l'éternelle distance, Tendant par leur nature à l'être qui les fit; Il est leur fin à tous, et lui seul se suffit ! Voilà, voilà le Dieu que tout esprit adore, Qu’Abraham a servi, que rêvait Pythagore, Que Socrate annonçait, qu'entrevoyait Platon ; Ce Dieu que l'univers révèle à la raison, Que la justice attend, que l'infortune espère, Et que le Christ enfin vint montrer à la terre ! Ce n'est plus là ce Dieu par l'homme fabriqué, Ce Dieu par l'imposture à l'erreur expliqué, Ce Dieu défiguré par la main des faux prêtres, Qu'adoraient en tremblant nos crédules ancêtres. Il est seul, il est un, il est juste, il est bon ; La terre voit son œuvre, et le ciel sait son nom ! Heureux qui le connaît ! plus heureux qui l'adore ! Qui, tandis que le monde ou l'outrage ou l'ignore, Seul, aux rayons pieux des lampes de la nuit, S'élève au sanctuaire où la foi l'introduit Et, consumé d'amour et de reconnaissance, Brûle comme l'encens son âme en sa présence ! Mais pour monter à lui notre esprit abattu Doit emprunter d'en haut sa force et sa vertu. Il faut voler au ciel sur des ailes de flamme : Le désir et l'amour sont les ailes de l'âme. Ah ! que ne suis-je né dans l'âge où les humains, Jeunes, à peine encore échappés de ses mains, Près de Dieu par le temps, plus près par l'innocence, Conversaient avec lui, marchaient en sa présence ? Que n'ai-je vu le monde à son premier soleil ? Que n'ai-je entendu l'homme à son premier réveil ? Tout lui parlait de toi, tu lui parlais toi-même ; L'univers respirait ta majesté suprême ; La nature, sortant des mains du Créateur, Étalait en tous sens le nom de son auteur; Ce nom, caché depuis sous la rouille des âges, En traits plus éclatants brillait sur tes Ouvrages ; L'homme dans le passé ne remontait qu'à toi ; Il invoquait son père, et tu disais : C'est moi. Longtemps comme un enfant ta voix daigna l'instruire, Et par la main longtemps tu voulus le conduire. Que de fois dans ta gloire à lui tu t'es montré, Aux vallons de Sennar, aux chênes de Membré, Dans le buisson d'Horeb, ou sur l'auguste cime Où Moïse aux Hébreux dictait sa loi sublime ! Ces enfants de Jacob, premiers-nés des humains, Reçurent quarante ans la manne de tes mains Tu frappais leur esprit par tes vivants oracles ! Tu parlais à leurs yeux par la voix des miracles ! Et lorsqu'ils t'oubliaient, tes anges descendus Rappelaient ta mémoire à leurs cœurs éperdus ! Mais enfin, comme un fleuve éloigné de sa source, Ce souvenir si pur s'altéra dans sa course ! De cet astre vieilli la sombre nuit des temps Éclipsa par degrés les rayons éclatants ; Tu cessas de parler; l'oubli, la main des âges, Usèrent ce grand nom empreint dans tes ouvrages ; Les siècles en passant firent pâlir la foi ; L'homme plaça le doute entre le monde et toi. Oui, ce monde, Seigneur, est vieilli pour ta gloire ; Il a perdu ton nom, ta trace et ta mémoire Et pour les retrouver il nous faut, dans son cours, Remonter flots à flots le long fleuve des jours ! Nature ! firmament ! l’œil en vain vous contemple ; Hélas ! sans voir le Dieu, l'homme admire le temple, Il voit, il suit en vain, dans les déserts des cieux, De leurs mille soleils le cours mystérieux ! Il ne reconnaît plus la main qui les dirige ! Un prodige éternel cesse d'être un prodige ! Comme ils brillaient hier, ils brilleront demain ! Qui sait où commença leur glorieux chemin ? Qui sait si ce flambeau, qui luit et qui féconde, Une première fois s'est levé sur le monde ? Nos pères n'ont point vu briller son premier tour Et les jours éternels n'ont point de premier jour. Sur le monde moral, en vain ta providence, Dans ces grands changements révèle ta présence ! C'est en vain qu'en tes jeux l'empire des humains Passe d'un sceptre à l'autre, errant de mains en mains ; Nos yeux accoutumés à sa vicissitude Se sont fait de ta gloire une froide habitude ; Les siècles ont tant vu de ces grands coups du sort : Le spectacle est usé, l'homme engourdi s'endort. Réveille-nous, grand Dieu ! parle et change le monde ; Fais entendre au néant ta parole féconde. Il est temps ! lève-toi ! sors de ce long repos ; Tire un autre univers de cet autre chaos. A nos yeux assoupis il faut d'autres spectacles ! A nos esprits flottants il faut d'autres miracles ! Change l'ordre des cieux qui ne nous parle plus ! Lance un nouveau soleil à nos yeux éperdus ! Détruis ce vieux palais, indigne de ta gloire ; Viens ! montre-toi toi-même et force-nous de croire ! Mais peut-être, avant l'heure où dans les cieux déserts Le soleil cessera d'éclairer l'univers, De ce soleil moral la lumière éclipsée Cessera par degrés d'éclairer la pensée ; Et le jour qui verra ce grand flambeau détruit Plongera l'univers dans l'éternelle nuit. Alors tu briseras ton inutile ouvrage : Ses débris foudroyés rediront d'âge en âge : Seul je suis ! hors de moi rien ne peut subsister ! L'homme cessa de croire, il cessa d'exister !
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| | | MD British countryside addict
Nombre de messages : 828 Age : 39 Date d'inscription : 28/01/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 23 Juil 2012 - 13:53 | |
| Ah Alphonse et ses Méditations poétiques... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 20 Aoû 2012 - 11:15 | |
| Soyons seuls un moment Dans un monde d'aveugles. Milliards de paupières Autour de nous fermées.Jules Supervielle, in Le forçat innocent (1930). |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 14 Sep 2012 - 18:34 | |
| L'énigmatique poème d'Emily Dickinson (1861), dont on ne sait s'il était destiné à un homme, à une femme... ou à Dieu. Interprétation libre (comme toujours).
Wild Nights – Wild Nights! Were I with thee Wild Nights should be Our luxury!
Futile – the Winds – To a Heart in port – Done with the Compass – Done with the Chart!
Rowing in Eden – Ah, the Sea! Might I but moor – Tonight – In Thee!
[Folles nuits — Folles nuits! Si j'étais avec toi De folles nuits seraient Notre luxure!
Futiles — les vents — Pour un cœur au port — Plus de boussole — Plus de carte!
Ramant dans l'Eden — Oh! la mer! Si je pouvais amarrer — ce soir — En toi!].
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 17 Sep 2012 - 22:02 | |
| @ TimesNewRoman: - Citation :
- Rowing in Eden –
Ah, the Sea! Might I but moor – Tonight – In Thee! C'est tellement magnifique - et c'est tellement ça.
Moins elliptique, malgré la pudeur:- Spoiler:
L'amour et ses élans pudiques
L’amour et ses élans pudiques Ont, dans leurs songes réticents, Les noblesses de la musique. La passion aux cris puissants, Par ses sommets et ses abîmes Mêle à ses vœux des pleurs décents. — Mais il est de secrètes cimes Où s’élaborent sourdement L’espoir, le but, le mouvement, Où gît, ardent, supplicié, Invincible, au destin lié, Mais tremblant qu’on ne le bafoue, Le désir! — que jamais l’on n’avoue…
Anna de Noailles in Poèmes de l'amour, 1924.
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 20 Sep 2012 - 21:39 | |
| - Spoiler:
Les oiseaux déguisés
Tous ceux qui parlent des merveilles Leurs fables cachent des sanglots Et les couleurs de leur oreille Toujours à des plaintes pareilles Donnent leurs larmes pour de l'eau
Le peintre assis devant sa toile A-t-il jamais peint ce qu'il voit Ce qu'il voit son histoire voile Et ses ténèbres sont étoiles Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu'il expose Ce sont des oiseaux déguisés Son regard embellit les choses Et les gens prennent pour des roses La douleur dont il est brisé
Ma vie au loin mon étrangère Ce que je fus je l'ai quitté Et les teintes d'aimer changèrent Comme roussit dans les fougères Le songe d'une nuit d'été
Automne automne long automne Comme le cri du vitrier De rue en rue et je chantonne Un air dont lentement s'étonne Celui qui ne sait plus prier
Louis Aragon in Les Adieux et autres poèmes, 1982. Les Adieux et autres poèmes est le dernier recueil paru du vivant de l'auteur, l'année même de son décès. Il a été mis en musique par Jean Ferrat une quinzaine d'années plus tard dans 16 Nouveaux poèmes d'Aragon.- Spoiler:
Le tiers chant
Te prendre à Dieu contre moi même Étreindre étreindre ce qu'on aime Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche Être toi par où je te touche Et tout le reste est des idées
Je suis la croix où tu t'endors Le chemin creux qui pluie implore Je suis ton ombre lapidée
Je suis ta nuit et ton silence Oubliée dans ma souvenance Ton rendez-vous contremandé
Te prendre à Dieu contre moi même Étreindre étreindre ce qu'on aime Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche Être toi par où je te touche Et tout le reste est des idées
Le mendiant devant ta porte Qui se morfond que tu ne sortes Et peut mourir s'il est tardé
Et je demeure comme meurt A ton oreille une rumeur Le miroir de toi défardé
Te prendre à Dieu contre moi même Étreindre étreindre ce qu'on aime Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche Être toi par où je te touche Et tout le reste est des idées
Louis Aragon in Le Fou d'Elsa, 1963.
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| | | Queen Margaret Knight in white muslin
Nombre de messages : 6954 Age : 40 Localisation : A la gare avec John Thornton. Date d'inscription : 03/03/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 21 Sep 2012 - 21:26 | |
| Durant mon adolescence, j'avais recopié et conservé dans une jolie boîte quelques poèmes de Marceline Desbordes-Valmore. J'avais eu un coup de coeur pour les écrits de cette femme. Un de ses poèmes qui m'avait le plus marqué est celui-ci: Les Roses de Saadi: - Citation :
J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ; Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées. Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée. Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée... Respires-en sur moi l'odorant souvenir. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 22 Sep 2012 - 15:10 | |
| Retour aux ellipses et à la syntaxe chamboulée de l'Américaine Maureen N. McLane, in Same Life (2008).
Syntax
and if I were to say
I love you and I do love you
and I say it now and again
and again would you say
parataxis would you see
the world revolves anew
its axis you |
| | | Contenu sponsorisé
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