Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... | |
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Auteur | Message |
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Virginie1215 Préceptrice
Nombre de messages : 44 Age : 37 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 12/11/2015
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 17 Nov 2015, 18:12 | |
| En tant qu'ancienne étudiante en Lettres, j'en ai lu des poèmes... Mais je pense que celui qui m'a le plus touché et qui se passe de mots pour moi c'est bien celui-là...
A Villequier de Victor Hugo
Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres, Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ; Maintenant que je suis sous les branches des arbres, Et que je puis songer à la beauté des cieux ;
Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure Je sors, pâle et vainqueur, Et que je sens la paix de la grande nature Qui m'entre dans le cœur ;
Maintenant que je puis, assis au bord des ondes, Emu par ce superbe et tranquille horizon, Examiner en moi les vérités profondes Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon ;
Maintenant, ô mon Dieu ! que j'ai ce calme sombre De pouvoir désormais Voir de mes yeux la pierre où je sais que dans l'ombre Elle dort pour jamais ;
Maintenant qu'attendri par ces divins spectacles, Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté, Voyant ma petitesse et voyant vos miracles, Je reprends ma raison devant l'immensité ;
Je viens à vous, Seigneur, père auquel il faut croire ; Je vous porte, apaisé, Les morceaux de ce cœur tout plein de votre gloire Que vous avez brisé ;
Je viens à vous, Seigneur ! confessant que vous êtes Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant ! Je conviens que vous seul savez ce que vous faites, Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent ;
Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme Ouvre le firmament ; Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme Est le commencement ;
Je conviens à genoux que vous seul, père auguste, Possédez l'infini, le réel, l'absolu ; Je conviens qu'il est bon, je conviens qu'il est juste Que mon cœur ait saigné, puisque Dieu l'a voulu !
Je ne résiste plus à tout ce qui m'arrive Par votre volonté. L'âme de deuils en deuils, l'homme de rive en rive, Roule à l'éternité.
Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses ; L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant. L'homme subit le joug sans connaître les causes. Tout ce qu'il voit est court, inutile et fuyant.
Vous faites revenir toujours la solitude Autour de tous ses pas. Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude Ni la joie ici-bas !
Dès qu'il possède un bien, le sort le lui retire. Rien ne lui fut donné, dans ses rapides jours, Pour qu'il s'en puisse faire une demeure, et dire : C'est ici ma maison, mon champ et mes amours !
Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ; Il vieillit sans soutiens. Puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient ; J'en conviens, j'en conviens !
Le monde est sombre, ô Dieu ! l'immuable harmonie Se compose des pleurs aussi bien que des chants ; L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infinie, Nuit où montent les bons, où tombent les méchants.
Je sais que vous avez bien autre chose à faire Que de nous plaindre tous, Et qu'un enfant qui meurt, désespoir de sa mère, Ne vous fait rien, à vous !
Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue, Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum ; Que la création est une grande roue Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu'un ;
Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent, Passent sous le ciel bleu ; Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent ; Je le sais, ô mon Dieu !
Dans vos cieux, au-delà de la sphère des nues, Au fond de cet azur immobile et dormant, Peut-être faites-vous des choses inconnues Où la douleur de l'homme entre comme élément.
Peut-être est-il utile à vos desseins sans nombre Que des êtres charmants S'en aillent, emportés par le tourbillon sombre Des noirs événements.
Nos destins ténébreux vont sous des lois immenses Que rien ne déconcerte et que rien n'attendrit. Vous ne pouvez avoir de subites clémences Qui dérangent le monde, ô Dieu, tranquille esprit !
Je vous supplie, ô Dieu ! de regarder mon âme, Et de considérer Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme, Je viens vous adorer !
Considérez encor que j'avais, dès l'aurore, Travaillé, combattu, pensé, marché, lutté, Expliquant la nature à l'homme qui l'ignore, Eclairant toute chose avec votre clarté ;
Que j'avais, affrontant la haine et la colère, Fait ma tâche ici-bas, Que je ne pouvais pas m'attendre à ce salaire, Que je ne pouvais pas
Prévoir que, vous aussi, sur ma tête qui ploie Vous appesantiriez votre bras triomphant, Et que, vous qui voyiez comme j'ai peu de joie, Vous me reprendriez si vite mon enfant !
Qu'une âme ainsi frappée à se plaindre est sujette, Que j'ai pu blasphémer, Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette Une pierre à la mer !
Considérez qu'on doute, ô mon Dieu ! quand on souffre, Que l'œil qui pleure trop finit par s'aveugler, Qu'un être que son deuil plonge au plus noir du gouffre, Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler,
Et qu'il ne se peut pas que l'homme, lorsqu'il sombre Dans les afflictions, Ait présente à l'esprit la sérénité sombre Des constellations !
Aujourd'hui, moi qui fus faible comme une mère, Je me courbe à vos pieds devant vos cieux ouverts. Je me sens éclairé dans ma douleur amère Par un meilleur regard jeté sur l'univers.
Seigneur, je reconnais que l'homme est en délire S'il ose murmurer ; Je cesse d'accuser, je cesse de maudire, Mais laissez-moi pleurer !
Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière, Puisque vous avez fait les hommes pour cela ! Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?
Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes, Le soir, quand tout se tait, Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux célestes, Cet ange m'écoutait !
Hélas ! vers le passé tournant un œil d'envie, Sans que rien ici-bas puisse m'en consoler, Je regarde toujours ce moment de ma vie Où je l'ai vue ouvrir son aile et s'envoler !
Je verrai cet instant jusqu'à ce que je meure, L'instant, pleurs superflus ! Où je criai : L'enfant que j'avais tout à l'heure, Quoi donc ! je ne l'ai plus !
Ne vous irritez pas que je sois de la sorte, Ô mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saigné ! L'angoisse dans mon âme est toujours la plus forte, Et mon cœur est soumis, mais n'est pas résigné.
Ne vous irritez pas ! fronts que le deuil réclame, Mortels sujets aux pleurs, Il nous est malaisé de retirer notre âme De ces grandes douleurs.
Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires, Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin, Au milieu des ennuis, des peines, des misères, Et de l'ombre que fait sur nous notre destin,
Apparaître un enfant, tête chère et sacrée, Petit être joyeux, Si beau, qu'on a cru voir s'ouvrir à son entrée Une porte des cieux ;
Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-même Croître la grâce aimable et la douce raison, Lorsqu'on a reconnu que cet enfant qu'on aime Fait le jour dans notre âme et dans notre maison,
Que c'est la seule joie ici-bas qui persiste De tout ce qu'on rêva, Considérez que c'est une chose bien triste De le voir qui s'en va ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | Virginie1215 Préceptrice
Nombre de messages : 44 Age : 37 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 12/11/2015
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 21 Nov 2015, 17:41 | |
| Alors autant en tant que romancier, je ne peux pas mais poète, je le lis avec plaisir. Les poèmes qu'il a écrit pour sa fille sont juste sublimes. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 21 Nov 2015, 17:58 | |
| Ah, c'est dommage que tu ne l'aimes pas en tant que romancier ! Mais c'est vrai que ses poèmes sont encore plus fascinants |
| | | Virginie1215 Préceptrice
Nombre de messages : 44 Age : 37 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 12/11/2015
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 21 Nov 2015, 18:09 | |
| J'aime très peu de romanciers français de la veine romantique. Je préfère ceux d'Outre-Manche |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 01 Fév 2016, 12:04 | |
| @ Dérinoé : - Spoiler:
je te réponds ici car ta boite refuse les mp, peut-être est-elle en surpoids
Je trouve ton idée très bonne, tout ce qui permet de parler de poésie est forcément une bonne idée . Je participerai à une quinzaine de la poésie consacrée à un/une poète/sse avec grand plaisir ! |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36559 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 01 Fév 2016, 19:00 | |
| Dérinoé, c'est une excellente initiative. Je suis partante aussi. Idem pour le spoiler de Petit Faucon. J'ai essayé hier sans succès. Je n'ai pas eu le courage de chercher le topic car j'étais très fatiguée. |
| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Lun 01 Fév 2016, 21:17 | |
| Car personne ici-bas ne termine ou n'achève, Les pires des humains sont comme les meilleurs, Nous nous arrêtons tous au même endroit du rêve, Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 02 Fév 2016, 08:53 | |
| @ Selenh, c'est beau, c'est magnifique, mais tellement triste ! |
| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 02 Fév 2016, 11:14 | |
| C'est pas moi, hein, mais le quatrain que j'avais recopié pour le garder toujours sur moi en seconde. Totor himself encore ! Tristesse d'Olympio. Le poème sur Léopoldine cité plus haut me l'a rappelé, avec celui-ci :
Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses ; L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant. L'homme subit le joug sans connaître les causes. Tout ce qu'il voit est court, inutile et fuyant. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mer 03 Fév 2016, 09:52 | |
| @ Selenh:
Je rejoins tout à fait l'avis de Petit Faucon: ces deux extraits de Victor Hugo sont splendides, Selenh. D'une telle limpidité, d'une telle justesse. Je comprends pourquoi tu as emportais le premier partout où tu allais: il y a, en lui, de la vision du monde et de la philosophie de vie emballés pour l'éternité.
Un grand merci pour cette magnifique découverte qui, tant d'années après Les Contemplations (1958) d'une vieille édition d'occasion dont j'avais dû moi-même découper, me donne envie de retrouver la poésie de Victor Hugo. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 04 Fév 2016, 15:02 | |
| - Spoiler:
αὐτοφυής, ἀδίδακτος, ἀμήτωρ, ἀστυφέλικτος, οὔνομα μὴ χωρῶν, πολυώνυμος, ἐν πυρὶ ναίων, τοῦτο θεὸς· μικρὰ δὲ θεοῦ μερὶς ἄγγελοι ἡμεῖς.Hexamètre dédié à Apollon Klaros, gravé sur la paroi d'un autel à Œnoanda, en Lycie (actuelle Asie mineure), et remontant au 3ème siècle avant Jésus-Christ.
- Spoiler:
Auto-engendré, à qui l'on n'enseigne pas, qui n'a pas de mère, inébranlable, qui n'admet aucun nom, qui porte beaucoup de noms, vivant dans le feu, c'est dieu: nous sommes une petite partie de lui, ses messagers.Hexamètre dédié à Apollon Klaros, gravé sur la paroi d'un autel à Œnoanda, en Lycie (actuelle Asie mineure), et remontant au 3ème siècle avant Jésus-Christ.
Dernière édition par Dérinoé le Ven 05 Fév 2016, 10:47, édité 4 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 04 Fév 2016, 15:16 | |
| J'aime beaucoup cette définition de dieu, qui semble inspiré du judaïsme. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 04 Fév 2016, 16:09 | |
| - Dérinoé a écrit:
- αὐτοφυής, ἀδίδακτος, ἀμήτωρ, ἀστυφέλικτος,
οὔνομα μὴ χωρῶν, πολυώνυμος, ἐν πυρὶ ναίων, τοῦτο θεὸς· μικρὰ δὲ θεοῦ μερὶς ἄγγελοι ἡμεῖς.
Auto-engendré, à qui l'on n'enseigne pas, qui n'a pas de mère, inébranlable, qui n'admet aucun nom, qui porte beaucoup de noms, vivant dans le feu, c'est dieu: nous sommes une petite partie de lui, ses messagers.
Hexamètre dédié à Apollon Klarios, gravé sur la paroi d'un autel à Œnoanda, en Lycie (actuelle Asie mineure), et remontant au 3ème siècle avant Jésus-Christ. La groupie (de la pianiste) salue bien bas. C'est magnifique, merci! |
| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 04 Fév 2016, 19:41 | |
| Ah, oui, cela captive ! J'étais revenue pour toi Derinoe, te livrer le reste de la - TRISTESSE D’OLYMPIO:
Les champs n'étaient point noirs, les cieux n'étaient pas mornes. Non, le jour rayonnait dans un azur sans bornes Sur la terre étendu, L'air était plein d'encens et les prés de verdures Quand il revit ces lieux où par tant de blessures Son coeur s'est répandu !
L'automne souriait ; les coteaux vers la plaine Penchaient leurs bois charmants qui jaunissaient à peine ; Le ciel était doré ; Et les oiseaux, tournés vers celui que tout nomme, Disant peut-être à Dieu quelque chose de l'homme, Chantaient leur chant sacré !
Il voulut tout revoir, l'étang près de la source, La masure où l'aumône avait vidé leur bourse, Le vieux frêne plié, Les retraites d'amour au fond des bois perdues, L'arbre où dans les baisers leurs âmes confondues Avaient tout oublié !
Il chercha le jardin, la maison isolée, La grille d'où l’œil plonge en une oblique allée, Les vergers en talus. Pâle, il marchait. - Au bruit de son pas grave et sombre, Il voyait à chaque arbre, hélas ! se dresser l'ombre Des jours qui ne sont plus !
Il entendait frémir dans la forêt qu'il aime Ce doux vent qui, faisant tout vibrer en nous-même, Y réveille l'amour, Et, remuant le chêne ou balançant la rose, Semble l'âme de tout qui va sur chaque chose Se poser tour à tour !
Les feuilles qui gisaient dans le bois solitaire, S'efforçant sous ses pas de s'élever de terre, Couraient dans le jardin ; Ainsi, parfois, quand l'âme est triste, nos pensées S'envolent un moment sur leurs ailes blessées, Puis retombent soudain.
Il contempla longtemps les formes magnifiques Que la nature prend dans les champs pacifiques ; Il rêva jusqu'au soir ; Tout le jour il erra le long de la ravine, Admirant tour à tour le ciel, face divine, Le lac, divin miroir !
Hélas ! se rappelant ses douces aventures, Regardant, sans entrer, par-dessus les clôtures, Ainsi qu'un paria, Il erra tout le jour, vers l'heure où la nuit tombe, Il se sentit le coeur triste comme une tombe, Alors il s'écria :
« Ô douleur ! j'ai voulu, moi dont l'âme est troublée, Savoir si l'urne encor conservait la liqueur, Et voir ce qu'avait fait cette heureuse vallée De tout ce que j'avais laissé là de mon cœur !
Que peu de temps suffit pour changer toutes choses ! Nature au front serein, comme vous oubliez ! Et comme vous brisez dans vos métamorphoses Les fils mystérieux où nos coeurs sont liés !
Nos chambres de feuillage en halliers sont changées ! L'arbre où fut notre chiffre est mort ou renversé ; Nos roses dans l'enclos ont été ravagées Par les petits enfants qui sautent le fossé.
Un mur clôt la fontaine où, par l'heure échauffée, Folâtre, elle buvait en descendant des bois ; Elle prenait de l'eau dans sa main, douce fée, Et laissait retomber des perles de ses doigts !
On a pavé la route âpre et mal aplanie, Où, dans le sable pur se dessinant si bien, Et de sa petitesse étalant l'ironie, Son pied charmant semblait rire à côté du mien !
La borne du chemin, qui vit des jours sans nombre, Où jadis pour m'attendre elle aimait à s'asseoir, S'est usée en heurtant, lorsque la route est sombre, Les grands chars gémissants qui reviennent le soir.
La forêt ici manque et là s'est agrandie. De tout ce qui fut nous presque rien n'est vivant ; Et, comme un tas de cendre éteinte et refroidie, L'amas des souvenirs se disperse à tout vent !
N'existons-nous donc plus ? Avons-nous eu notre heure ? Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ? L'air joue avec la branche au moment où je pleure ; Ma maison me regarde et ne me connaît plus.
D'autres vont maintenant passer où nous passâmes. Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ; Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes, Ils le continueront sans pouvoir le finir !
Car personne ici-bas ne termine et n'achève ; Les pires des humains sont comme les meilleurs ; Nous nous réveillons tous au même endroit du rêve. Tout commence en ce monde et tout finit ailleurs.
Oui, d'autres à leur tour viendront, couples sans tache, Puiser dans cet asile heureux, calme, enchanté, Tout ce que la nature à l'amour qui se cache Mêle de rêverie et de solennité !
D'autres auront nos champs, nos sentiers, nos retraites ; Ton bois, ma bien-aimée, est à des inconnus. D'autres femmes viendront, baigneuses indiscrètes, Troubler le flot sacré qu'ont touché tes pieds nus !
Quoi donc ! c'est vainement qu'ici nous nous aimâmes ! Rien ne nous restera de ces coteaux fleuris Où nous fondions notre être en y mêlant nos flammes ! L'impassible nature a déjà tout repris.
Oh ! dites-moi, ravins, frais ruisseaux, treilles mûres, Rameaux chargés de nids, grottes, forêts, buissons. Est-ce que vous ferez pour d'autres vos murmures ? Est-ce que vous direz à d'autres vos chansons ?
Nous vous comprenions tant ! doux, attentifs, austères, Tous nos échos s'ouvraient si bien à votre voix ! Et nous prêtions si bien, sans troubler vos mystères, L'oreille aux mots profonds que vous dites parfois !
Répondez, vallon pur, répondez, solitude, O nature abritée en ce désert si beau, Lorsque nous dormirons tous deux dans l'attitude Que donne aux morts pensifs la forme du tombeau,
Est-ce que vous serez à ce point insensible De nous savoir couchés, morts avec nos amours, Et de continuer votre fête paisible, Et de toujours sourire et de chanter toujours ?
Est-ce que, nous sentant errer dans vos retraites, Fantômes reconnus par vos monts et vos bois, Vous ne nous direz pas de ces choses secrètes Qu'on dit en revoyant des amis d'autrefois ?
Est-ce que vous pourrez, sans tristesse et sans plainte, Voir nos ombres flotter où marchèrent nos pas, Et la voir m'entraîner, dans une morne étreinte, Vers quelque source en pleurs qui sanglote tout bas ?
Et s'il est quelque part, dans l'ombre où rien ne veille, Deux amants sous vos fleurs abritant leurs transports, Ne leur irez-vous pas murmurer à l'oreille : - Vous qui vivez, donnez une pensée aux morts !
Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines, Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds Et les cieux azurés et les lacs et les plaines, Pour y mettre nos cœurs, nos rêves, nos amours ;
Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme ; Il plonge dans la nuit l'antre où nous rayonnons ; Et dit à la vallée, où s'imprima notre âme, D'effacer notre trace et d'oublier nos noms.
Eh bien ! oubliez-nous, maison, jardin, ombrages ! Herbe, use notre seuil ! ronce, cache nos pas ! Chantez, oiseaux ! ruisseaux, coulez ! croissez, feuillages ! Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.
Car vous êtes pour nous l'ombre de l'amour même ! Vous êtes l'oasis qu'on rencontre en chemin ! Vous êtes, ô vallon, la retraite suprême Où nous avons pleuré nous tenant par la main !
Toutes les passions s'éloignent avec l'âge, L'une emportant son masque et l'autre son couteau, Comme un essaim chantant d'histrions en voyage Dont le groupe décroît derrière le coteau.
Mais toi, rien ne t'efface, amour ! toi qui nous charmes, Toi qui, torche ou flambeau, luis dans notre brouillard ! Tu nous tiens par la joie, et surtout par les larmes. Jeune homme on te maudit, on t'adore vieillard.
Dans ces jours où la tête au poids des ans s'incline, Où l'homme, sans projets, sans but, sans visions, Sent qu'il n'est déjà plus qu'une tombe en ruine Où gisent ses vertus et ses illusions ;
Quand notre âme en rêvant descend dans nos entrailles, Comptant dans notre cœur, qu'enfin la glace atteint, Comme on compte les morts sur un champ de batailles, Chaque douleur tombée et chaque songe éteint,
Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe, Loin des objets réels, loin du monde rieur, Elle arrive à pas lents par une obscure rampe Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ;
Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile, L'âme, en un repli sombre où tout semble finir, Sent quelque chose encor palpiter sous un voile... C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir ! »
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| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 05 Fév 2016, 12:22 | |
| C'est vraiment beau |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Mar 09 Fév 2016, 17:56 | |
| @ Petit Faucon: - Citation :
- J'aime beaucoup cette définition de dieu, qui semble inspiré du judaïsme.
Oui, c'est vrai. Ce qui est très frappant, dans cet hommage, c'est que bien qu'il soit dédié à Apollon dans un contexte univoquement polythéiste, il semble décrire un dieu unique en contradiction avec le Panthéon grec traditionnel.
« Ceci est Dieu. »
@ TimesNewRoman: - Citation :
- La groupie (de la pianiste) salue bien bas. C'est magnifique, merci!
Merci à toi. Ceci n'est pas une pianiste - mais un piano désaccordé. (Signé: René Magritte.)
@ Selenh:
Merci infiniment, Selenh. Cette Tristesse d'Olympio est absolument superbe. - Victor Hugo a écrit:
- « Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile,
L'âme, en un repli sombre où tout semble finir, Sent quelque chose encor palpiter sous un voile... C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir! » *** Et pour rester dans le transcendant et la pure poésie en prose...- Spoiler:
« Mi inoltrerò presto in questo deserto amplissimo, perfettamente piano e incommensurabile, in cui il cuore veramente pio soccombe beato. Sprofonderò nella tenebra divina, in un silenzio muto e in una unione ineffabile, e in questo sprofondarsi andrà perduta ogni eguaglianza e ogni disuguaglianza, e in quell’abisso il mio spirito perderà se stesso, e non conoscerà né l’uguale né il disuguale, né altro: e saranno dimenticate tutte le differenze, sarò nel fondamento semplice, nel deserto silenzioso dove mai si vide diversità, nell’intimo dove nessuno si trova nel proprio luogo. Cadrò nella divinità silenziosa e disabitata dove non c’è opera né immagine.
Fa freddo nello scriptorium, il pollice mi duole. Lascio questa scrittura, non so per chi, non so più intorno a che cosa: stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus*. »
Umberto Eco, Il Nome della Rosa, 1980.
*« La rose d'autrefois demeure par son nom, ce sont des noms nus que nous gardons. »
- Spoiler:
« Je m’avancerai bientôt dans ce désert immense, parfaitement plat et incommensurable, où le cœur vraiment pieux succombe, bienheureux. Je m’abîmerai dans la ténèbre divine, en un silence muet et en une union ineffable, et m’abîmant seront perdues toute égalité et toute inégalité, et en cet abîme mon esprit se perdra lui-même, et il ne connaîtra ni l’égal ni l’inégal ni rien d’autre : et seront oubliées toutes les différences, je serai dans le fondement simple, dans le désert silencieux où jamais l’on ne vit de diversité, dans l’intime où personne ne se retrouve dans son propre lieu. Je tomberai dans la divinité silencieuse et inhabitée où il n’est ni œuvre ni image.
Il fait froid dans le scriptorium, j’ai mal au pouce. Je laisse cet écrit, je ne sais pour qui, je ne sais plus à propos de quoi: stat rosa pristina nomine, nomina nuda tenemus*. »Umberto Eco, Le Nom de la Rose, 1980. *« La rose d'autrefois demeure par son nom, ce sont des noms nus que nous gardons. »
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| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 21 Juil 2016, 22:43 | |
| Et Dieu dira...- Spoiler:
Prophétie
Un jour la Terre ne sera Qu'un aveugle espace qui tourne Confondant la nuit et le jour. Sous le ciel immense des Andes Elle n'aura plus de montagnes. Même pas un petit ravin.
De toutes les maisons du monde Ne durera plus qu'un balcon Et de l'humaine mappemonde Une tristesse sans plafond.
De feu l'Océan Atlantique Un petit goût salé dans l'air, Un poisson volant et magique Qui ne saura rien de la mer.
D'un coupé de mil-neuf-cent-cinq (Les quatre roues et nul chemin!) Trois jeunes filles de l'époque Restées à l'état de vapeur Regarderont par la portière Pensant que Paris n'est pas loin Et ne sentiront que l'odeur Du ciel qui vous prend à la gorge.
A la place de la forêt Un chant d'oiseau s'élèvera Que nul ne pourra situer Ni préférer ni même entendre Sauf Dieu qui lui l'écoutera Disant: "C'est un chardonneret".
Jules Supervielle, Prophétie in Gravitations, 1925.
Et puisque juillet ne saurait s'en passer, de Paul Celan, l'un des plus beaux et des plus rougeoyants. Écrit à Bucarest en 1945, de retour de camp de travail forcé, après la mort de son père - rongé par le typhus durant son internement - et de sa mère - exécutée d'une balle dans la nuque.
- Spoiler:
Todesfuge
Schwarze Milch der Frühe wir trinken sie abends wir trinken sie mittags und morgens wir trinken sie nachts wir trinken und trinken wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete er schreibt es und tritt vor das Haus und es blitzen die Sterne er pfeift seine Rüden herbei er pfeift seine Juden hervor läßt schaufeln ein Grab in der Erde er befiehlt uns spielt auf nun zum Tanz
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts wir trinken dich morgens und mittags wir trinken dich abends wir trinken und trinken Ein Mann wohnt im Haus der spielt mit den Schlangen der schreibt der schreibt wenn es dunkelt nach Deutschland dein goldenes Haar Margarete Dein aschenes Haar Sulamith wir schaufeln ein Grab in den Lüften da liegt man nicht eng
Er ruft stecht tiefer ins Erdreich ihr einen ihr andern singet und spielt er greift nach dem Eisen im Gurt er schwingts seine Augen sind blau stecht tiefer die Spaten ihr einen ihr andern spielt weiter zum Tanz auf
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts wir trinken dich mittags und morgens wir trinken dich abends wir trinken und trinken ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete dein aschenes Haar Sulamith er spielt mit den Schlangen Er ruft spielt süßer den Tod der Tod ist ein Meister aus Deutschland er ruft streicht dunkler die Geigen dann steigt ihr als Rauch in die Luft dann habt ihr ein Grab in den Wolken da liegt man nicht eng
Schwarze Milch der Frühe wir trinken dich nachts wir trinken dich mittags der Tod ist ein Meister aus Deutschland wir trinken dich abends und morgens wir trinken und trinken der Tod ist ein Meister aus Deutschland sein Auge ist blau er trifft dich mit bleierner Kugel er trifft dich genau ein Mann wohnt im Haus dein goldenes Haar Margarete er hetzt seine Rüden auf uns er schenkt uns ein Grab in der Luft er spielt mit den Schlangen und träumet der Tod ist ein Meister aus Deutschland
dein goldenes Haar Margarete dein aschenes Haar Sulamith
Paul Celan, Todesfuge in Mohn und Gedächtnis, 1952.
Fugue de mort
Lait noir du petit jour nous le buvons le soir nous le buvons midi et matin nous le buvons la nuit nous buvons et buvons nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete il écrit cela et va à sa porte et les étoiles fulminent il siffle pour appeler ses chiens il siffle pour rappeler ses Juifs et fait creuser une tombe dans la terre il nous ordonne jouez maintenant qu’on y danse
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir nous buvons et buvons Un homme habite la maison qui joue avec les serpents qui écrit qui écrit quand il fait sombre sur l’Allemagne tes cheveux d’or Margarete Tes cheveux de cendre Sulamith nous creusons une tombe dans les airs on y couche à son aise Il crie creusez plus profond la terre vous les uns et les autres chantez et jouez il saisit le fer à sa ceinture il le brandit ses yeux sont bleus creusez plus profond les bêches vous les uns et les autres jouez encore qu’on y danse
Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi et matin nous te buvons le soir nous buvons et buvons un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete tes cheveux de cendre Sulamith il joue avec les serpents
Il crie jouez la mort plus doucement la mort est un maître d’Allemagne il crie plus sombre les accents des violons et vous montez comme fumée dans les airs et vous avez une tombe dans les nuages on y couche à son aise Lait noir du petit jour nous te buvons la nuit nous te buvons midi la mort est un maître d’Allemagne nous te buvons soir et matin nous buvons et buvons la mort est un maître d’Allemagne ses yeux sont bleus il te touche avec une balle de plomb il te touche avec précision un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete il lâche ses chiens sur nous et nous offre une tombe dans les airs il joue avec les serpents il rêve la mort est un maître d’Allemagne
tes cheveux d’or Margarete tes cheveux de cendre Sulamith
Paul Celan, Fugue de mort in Pavot et Mémoire, 1952, traduction d'Olivier Favier.
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| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 22 Juil 2016, 10:00 | |
| @ Dérinoé : je ne sais pas comment tu peux lire les poèmes de Celan sans être transpercée par cette douleur pure, c'est atroce. Mais c'est beau aussi, merci. Par comparaison, le poème de Supervielle parait pâle. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 22 Juil 2016, 11:17 | |
| @ Petit Faucon: - Citation :
- @ Dérinoé : je ne sais pas comment tu peux lire les poèmes de Celan sans être transpercée par cette douleur pure, c'est atroce.
Parce qu'il me manque un organe, en haut à gauche. - Citation :
- Par comparaison, le poème de Supervielle parait pâle.
Ce n'est pas mon sentiment. Mais comme les sentiments ne sont pas mon point fort... |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 22 Juil 2016, 11:36 | |
| Ne le prends pas mal Dérinoé , mais moi je trouve cette douleur presque insupportable, je suis plus sensible à mesure que les années passent ... |
| | | Léti Cat in a Magic Wood
Nombre de messages : 2015 Age : 42 Localisation : Sous le camphrier Date d'inscription : 09/10/2014
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 22 Juil 2016, 12:08 | |
| Merci, Dérinoé, pour le partage Pour ma part, je suis également particulièrement touchée par le texte de Paul Ceylan, en particulier le refrain avec ce lait noir... Oui, c'est atroce, ce qui, au vu des circonstances de l'écriture, n'est pas particulièrement étonnant. Je ne ressens pas le texte de Supervieille comme "plus pâle", mais c'est vrai qu' il n'est pas dans la douleur pure, il est plus dans la mélancolie du monde futur tel qu'il le voit (enfin, au moins, il y aura le chant d'un chardonneret, ouf ). Du moins, c'est ainsi que je le ressens. Mais l'expression est donc moins dure. J'aime en particulier son expression "tristesse sans plafond", au passage. Dérinoé, tu serais donc un nouveau Rodrigue ? (pardon, ça m'a échappé ) |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Sam 23 Juil 2016, 20:41 | |
| @ Petit Faucon: - Citation :
- Ne le prends pas mal Dérinoé I love you , mais moi je trouve cette douleur presque insupportable, je suis plus sensible à mesure que les années passent ...
No offense. Tu connais mon sens de l'humour à froid.
Cela étant dit, pourquoi penses-tu que je poste un poème comme celui-ci?
@ Léti: - Citation :
- Dérinoé, tu serais donc un nouveau Rodrigue ? Razz (pardon, ça m'a échappé Embarassed )
Ah! Ah! Ah! Mon organe absent et moi-même ne sommes donc pas en si mauvaise compagnie. - Citation :
- Merci, Dérinoé, pour le partage Smile
C'est toujours un plaisir que de partager sur ce fil. Merci à Petit Faucon et à toi pour vos retours. - Citation :
- Pour ma part, je suis également particulièrement touchée par le texte de Paul Ceylan, en particulier le refrain avec ce lait noir... Oui, c'est atroce, ce qui, au vu des circonstances de l'écriture, n'est pas particulièrement étonnant. pale
Oui. La poésie de Paul Celan est réputée hermétique mais, ce qui est troublant, dans ce morceau, c'est la clarté du message, malgré un langage elliptique et imagé qui n'évoque, ni ne nomme jamais de manière explicite. - Citation :
- Je ne ressens pas le texte de Supervieille comme "plus pâle", mais c'est vrai qu' il n'est pas dans la douleur pure, il est plus dans la mélancolie du monde futur tel qu'il le voit (enfin, au moins, il y aura le chant d'un chardonneret, ouf Razz).
Oui, pour moi aussi, c'est la mélancolie qui domine. Comme une élégie du cosmos et de la nature, trouée par une ultime note d'espoir - Dieu... ou le chardonneret. - Citation :
- J'aime en particulier son expression "tristesse sans plafond", au passage.
Je ne l'avais même pas relevé... Merci. |
| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Jeu 28 Juil 2016, 20:35 | |
| Grâce à Fauvette je suis tombée sur ce texte de Edward Holcroft que je trouve magnifique : Helen of TroyHave you crawled where I've crawled Have you fallen far beneath those walls Have you seen what I've seen Oh fall for the beauty of a queen Do you know that I would die On these shores so far away from mine And all the screams and all the cries Do you know what real pain feels like And all the blood and all the blues They all mold into one when I saw you And all the hurt and all the pain But for you I'd do it, do it all again How long must we wait For you to come back again And tell us you're late How long must I stand here With the love that never died Wishing you were there Have you bled like I've bled I shed so much blood these sands turned red And I have knelt before the queen Seen a face of beauty, Beauty you've never seen And as the walls come crashing down I saw her looking out so tall and proud And as I lie dying in the noise I saw the face the eyes of the angel of Troy As you fall to your knees And the war by the sea And you know that your time is now up As you close your eyes With your head to the sky And you scream for the one that you love Si vous voulez l'écouter : https://soundcloud.com/edwardholcroft/helen-of-troy
Dernière édition par Selenh le Ven 29 Juil 2016, 13:22, édité 3 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Poèmes, poésie : partageons nos poèmes préférés... Ven 29 Juil 2016, 12:44 | |
| Et bien c'est magnifique, je viens de réécouter la chanson en lisant les paroles, merci Selenh |
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