Bright star : les amours de John Keats selon Jane Campion

Vous me donnez vraiment très envie avec vos billets!

Je l'ai ratée à sa sortie en octobre, je ne sais pas qu'il s'agissait d'un film d'époque, j'ai seulement vu l'affiche qui ne disait pas grand chose sur le film (celle où l'on voit les deux personnages en gros plan) avec le titre Mon amour... Je m'attendais à quelque chose de très ''cucul'' donc je n'ai pas cherché plus loin... Dommage!

Mais le dvd sort ici début février! Je me rattraperai très vite.

nathy's a écrit:

Les acteurs jouaient très bien, j'ai adoré ben Wishaw (physiquement aussi) et Abbie Cornish est époustouflante...la scène où elle apprend la mort de Keats, qu'est-ce qu'elle m'a fait pleurer!! Quand elle se frappe le coeur et crie "Mama! I can't breathe!" elle était magistrale juste.
Et son frère (qu'est-ce que Thomas Sangster est grand! Et en meme temps il a gardé son visage d'enfant).

J'ai trouvé cette scène très prenante aussi.

Même remarque pour ce jeune acteur!

Maribel : rassure toi ce n'est pas du tout cucul, mais alors pas du tout! Young Victoria est beaucoup plus " rose cucul" que Bright Star (enfin je n'ai pas trouvé YV cucul, mais s'il faut faire une échelle, ça l'est plus que Bright Star)

J'espère que tu as une grande télé, parce que le film est tellement beau visuellement parlant, qu'un petit écran le gacherai presque!

Je suis d'accord avec Camille, absolument rien de culcul, un film vrament "pur" dans le bon sens!! Dommage qu'ils aient appelé ça "Mon amour" au Québec, c'est vrai que ça donne pas envie!

Ça m'apprendra à ne pas me fier aux affiches la prochaine fois et de lire les descriptions!

Il est ressorti l'autre jour dans une salle, mais je n'avais pas pu aller le voir.

Vivement février!

J'ai enfin vu Bright Star... Vous m'excuserez si j'ai seulement survolé vos avis, je les avais suivis au fur et à mesure et je n'ai pas eu le courage de tout relire.

Pour ma part, mon avis est assez mitigé. En sortant du film, je me suis dit : "Nous sommes passés à côté d'un chef d'œuvre". Je m'explique. Les images sont superbes, les costumes aussi, même chose pour les décors. Chaque image est un tableau à elle seule, la photographie fait de la poésie à l'image de Keats : chaque souffle de vent, chaque texture de tissu, la couleur de l'herbe et du ciel... fait que chaque image est unique et véhicule une ambiance unique. On pourrait rester des heures devant chaque image, on entre dans les jardins comme s'ils étaient réels et c'est la même chose pour les intérieurs, tantôt clairs, tantôt sombres, le parquet qui craque, les murs en bois ou les murs blancs... L'esthétique du film est extraordinaire, et lui donne un caractère très poétique. (je ne peux pas comparer avec la poésie de Keats elle même, étant donné qu'à part les quelques extraits cités dans le film, je n'ai jamais lu le moindre de ses poèmes).

Pourtant, avec tout ça, je ne suis pas rentrée dans l'histoire. Et pendant toute la durée du film, je me suis dit : "Mais c'est si beau, pourquoi est ce que ça ne me touche pas le moins du monde ?" J'ai mis du temps à trouver, pour finalement aboutir à la conclusion que je n'étais pas du tout convaincue par le jeu des acteurs, en particulier par celui d'Abbie Cornish. J'ai passé toute la première moitié du film à me demander : "Qui est donc Fanny ?" Est-elle une jeune femme frivole, comme Mr Brown veut nous le faire croire ? Mais ça ne colle pas avec sa placidité. Ou bien est-elle seulement une fille simple et qui a des plaisirs simples ? Impossible car dans ce cas elle perd toute forme d'excentricité, alors que c'est cette excentricité qui serait la preuve qu'elle est elle aussi un poète à sa façon et "ressent" la poésie de Keats (je veux dire que la couture est sa manière de montrer ce qu'elle ressent, comme Keats avec les mots, ça ne se comprend pas et ne s'explique pas, c'est seulement un ensemble d'impressions, comme de la poésie). Du coup j'ai été un peu perdue, et j'ai fini par me dire que tout ça était la faute du jeu d'Abbie Cornish : toujours froide, placide même, la même en toute circonstance. Seuls les passages où elle montre sa douleur m'ont paru crédibles, mais par ailleurs je n'ai pas cru un seul instant à l'histoire d'amour. C'est sans doute que je n'ai pas perçu la moindre "alchimie" comme on dit, entre les 2 acteurs.

Ainsi donc, mon avis est mitigé. Mais Bright Star m'a donné la possibilité de découvrir Jane Campion, et il est urgent que je visionne La leçon de piano... et bien sûr Keats. Comme j'ai vu le film en VO, et que je suis loin d'être bilingue, chaque passage de poésie me causait un dilemme : regarder les images et écouter la mélodie de la poésie, ou lire les sous titres pour profiter du texte... Je sens que je vais aller jeter un coup d'oeil sur l'œuvre de Keats, dont les quelques extraits entendus ce soir m'ont paru tout simplement beaux.

Fée clochette a écrit:

c'est ce que je reproche au jeu de l'acteur.... il était tout, sauf ce qui a été montré !!!! et maintenant, des milliers de spectateurs s'imaginent Keats ainsi, alors qu'il était vraiment jaloux et souvent déprimé et coléreux. Il demandait de l'attention constamment, comme tous les génies.

Ca ne m'étonne pas...
A la fin ils mettent que Fanny ne s'est jamais remise de sa mort et qu'elle errait dans la lande, nostalgique... Ils ne précisent pas qu'elle s'est mariée et a eu 3 enfants ! Zut... Mais enfin, tant mieux pour elle ! lol

Je pense qu'il y a un parti pris de la part de Jane Campion : Keats adorable et émouvant, Fanny inconsolable... Elle nous prend par les sentiments ! (Et ça marche !)

Merci pour vos commentaires, je suis d'accord avec vous malgré tout j'ai été très touchée par le film justement pour tout ce que tu viens de dire Annwvyn.

Annwyn, je suis tout à fait d'accord avec toi, sauf que de mon côté, je ne pense pas que cela vienne du jeu d'Abbie Cornish, que j'ai trouvé excellent.
Cependant tu as mis le doigt sur ce que j'ai ressenti : il manquait de l'alchimie entre les deux acteurs pour rendre cette histoire vraiment crédible.

Fée Clochette, C'est tout à fait vrai. Le caractère de Keats n'était pas tel qu'il apparaît dans le film. En témoigne cette citation extraite du site "English history" vers lequel j'ai posté un lien dans un précédent post (http://englishhistory.net/keats/fannybrawne.html):

Citation :

The strain of seeing Fanny and then parting was too great. He [John Keats] wondered ceaselessly if her feelings had changed, if she still loved him, and his emotional distress was exacerbated by his physical decline. His long-standing distrust of women, his disdain for their flirtatious and teasing behavior, reawakened old suspicions. He now played the role of jealous lover.

His mood darkened so that even occasional visits to town went badly. The young artist Joseph Severn paid the most visits to Keats. But their walks on the Heath grew short as Keats's depression lingered. At the end of May, he learned of Fanny's unchaperoned visit to the Dilke home for a party and dance. He could not bear it, and wrote accusatory letters to her. Fanny responded with lively good sense and Keats was soon contrite. 'Do not believe me such a vulgar fellow,' he wrote to her. 'I will be as patient in illness and as believing in Love as I am able.' But this new resolve could not hold; his own nature worked against it.

Pas d'alchimie ? Je trouvais au contraire que ça faisait des étincelles entre eux !... Je persiste : chef-d'oeuvre à tous les étages !

Lily of Northanger c'est réellement un chef-d'oeuvre d'art et de lumière, l'histoire est jolie, bien arrangée à La sauce Jane Campion... je n'ai rien contre, mais alors, elle aurait dû aller jusqu'au bout de son imagination. Appeler le poète autrement... Keats était vraiment différent, et son amoureuse aussi, c'est ce qui me gène vraiment.

Lily Of Northanger, je suis de ton coté

Peut etre alors le fait de ne rien connaitre de Keats avant de voir le film était favorable, puisque je n'ai pas du tout été genée contrairement à toi Fée Clochette

pas grave, c'est une jolie histoire. Cela m'a fait le même effet qu'un film auquel on donne le nom de exemple : la dame de Montsoreau.... et qui ne correspond pas du tout, malgré les images magnifiques... enfin à peu près, car le scénario de la dame de M. cette fois-ci était totalement manqué là non. L'histoire est survolée et belle.

J'ai vu "Bright star" hier, et je ne peux pas dire que cela m'ait emballée ! Certes, c'est très beau , d'une reconstitution parfaite, la photo est magnifique, la lumière aussi, mais je ne suis jamais vraiment entrée en empathie avec les personnages, particulièrement Fanny, que j'ai trouvée agressive dans sa volonté de conquérir Keats, qui semble ne pouvoir que suivre le mouvement. Je ne connais pas du tout l'histoire de Keats, tout ce que j'en sais, c'est qu'il a fait des études de médecine et qu'il est le pivot d'une saga de S F de Dan Simmons "l'éveil d'Endymion" et "la chute d'Hypérion", et que c'est un poète cité très souvent par Elisabeth Goudge !! C'est peu et je ne peux juger de la qualité biographique du film. Pourtant je suis plutôt amateur d'histoires d'amour romantiques où on pleure à la fin, mais là, je n'ai pas adhéré. J'ai trouvé la narration froide. Mais ce n'est que mon avis !
Je vais lire vos avis maintenant !

Edit : je suis d'accord avec le manque de cohérence du début, et je me suis aussi demandé qui était qui et qui était quoi pour qui, sans compter qu'à l'oreille Brawne et Brown, c'est proche !! (heureusement je l'ai vu en VO avec sous-titre, l'orthographe m'a aidée !)Je ne sais pas si les personnes qui étaient dans la salle étaient "retraitées" mais elles étaient plutôt de ma génération, et c'est vrai que je n'ai vu personne vraiment bouleversé, mais je n'ai pas guetté non plus.

Clinchamps a écrit:

c'est vrai que je n'ai vu personne vraiment bouleversé, mais je n'ai pas guetté non plus.

je peux affirmer que ma voisine pleurait à chaudes larmes en que certaines "mouchaient" pas mal ! mais ce n'étaient pas des jeunes personnes de mon âge certain

Quant à moi, quelle honte, je suis sortie l'oeil sec, je sais très bien pourquoi, je n'ai pas aimé le héros, oh ! que je suis vilaine... mais comme je ne vois pas qui aurait pu le remplacer je reste sur ma faim. Que voulez-vous, j'aime bien que le physique corresponde au tableau du poète.

Bright Star, c'est vraiment le genre de film dont on ne peut pas vraiment dire du mal, parce que tout y est pour ainsi dire impeccable (je ne dis pas "parfait" à dessein !), mais auquel il manque un petit quelque chose qui n'est pas très facile à exprimer de manière rationnelle. Natacha n'a pas tort : c'est peut-être dû à quelque chose qui ne se produit pas entre les deux acteurs principaux. A vrai dire, j'ai trouvé l'ami Keats un poil fadouille. L'acteur est appliqué, mais on ne sent pas vraiment de vie intérieure. C'est peut-être ça, au fond, qui serait le talon d'Achille du film : on se promène à la surface des choses et des événements. Je crois que la sobriété voulue de la mise en scène confine parfois à une certaine froideur. Enfin, on ne va pas se plaindre quand même

Florizel a écrit:

j'ai trouvé l'ami Keats un poil fadouille. L'acteur est appliqué, mais on ne sent pas vraiment de vie intérieure.

Oh... Je trouvais pourtant qu'il avait en lui tout le charme éthéré de la poésie de Keats, cette fragilité tourmentée qui fait tout le contraste de sa personnalité avec celle de Fanny, "terrienne" dans le bon sens du terme. On comprend qu'ils sont fascinés l'un par l'autre justement à cause de cette opposition... Quelque chose de très "physique" que les acteurs rendaient à merveille. Au-delà de la réalisation parfaite, ce film, traversée par une vibration poétique et amoureuse intense, est un instant d'émotion pure saisie avec tact et passion par la caméra de Jane Campion.
Au contraire, tellement de profondeur émotionnelle que ça m'a coupé le souffle...

Je l'ai vu avant-hier et ce film m'a profondément touchée. Un des plus beaux films que j'ai vus dernièrement, et même dans ma vie. Je fais partie de celles qui ont embarquées complètement dans l'histoire et j'ai même versée plusieurs larmes.

J'ai trouvé qu'il manquait parfois d'explications dans le déroulement de l'histoire, mais le reste est tellement beau (l'histoire autant que la photographie) que je pardonne.

Lily of Northanger a écrit:

... Quelque chose de très "physique" que les acteurs rendaient à merveille. Au-delà de la réalisation parfaite, ce film, traversée par une vibration poétique et amoureuse intense, est un instant d'émotion pure saisie avec tact et passion par la caméra de Jane Campion.
Au contraire, tellement de profondeur émotionnelle que ça m'a coupé le souffle...

Ouh la !!! je dois être trop vieille !!! je n'ai absolument rien ressenti de tel !!

clinchamps a écrit:

Ouh la !!! je dois être trop vieille !!! je n'ai absolument rien ressenti de tel !!

Roo, mais no... On n'est pas obligé de tous aimer, hihi...
C'est juste dommage qu'on dise qu'il manque quelque chose à ce film dans l'absolu, alors que pour bcp il est profondément bouleversant. Je pense qu'il est très "complet", après c'est juste une question d'accrocher ou pas.

euh ! !!!!! je t'admire Lily of Northanger, je dois être insensible aux suggestions de Jane Campion, car j'ai trouvé nos amoureux tellement peu passionnés sans exigence de la part de Keats, qui pourtant l'était absolument. Et Fanny juste occupée à être jolie, que je crois en te lisant avoir manqué quelque chose.

Peut-être le saurais-je en le regardant une deuxième fois, mais il a très vite disparu des cinémas. A part la beauté des images, il ne me reste rien de l'histoire d'amour. Le sentiment amoureux, n'est pas cette tiédeur que j'ai ressentie ... désolée, effectivement, nous ne sommes pas obligés de tout aimer, mais là, connaissant l'oeuvre et la vie du cher poète, j'aurais bien aimé y retrouver sa folie, ses exigences, et leur passions adolescente pour lui et très maternelle et protectrice pour elle, ce qui n'était pas le cas .

Moi aussi je suis une insensible , l'acteur qui joue Keats ne m'a pas du tout convaincue, et je ne crois pas que ce soit une question d'âge Clinchamps, j'ai presque le même que Lily Pour moi, le problème vient surtout de lui, puisque Fanny m'a touchée, surtout sur la fin.

Fée clochette a écrit:

connaissant l'oeuvre et la vie du cher poète, j'aurais bien aimé y retrouver sa folie, ses exigences, et leur passions adolescente pour lui et très maternelle et protectrice pour elle, ce qui n'était pas le cas .

Oui c'est vrai que par contre je n'avais aucune attente, connaissant juste la poésie de Keats et non sa vie, du coup je n'ai pas tiqué. Je comprends que tu puisses avoir été déçue pour les choix de la réalisatrice concernant la personnalité des protagonistes. Un film reste quelque chose de personnel (vision du réalisateur, vision des spectateurs...), et si le film n'entre pas en résonnance avec notre monde intérieur, c'est normal de ne pas adhérer... C'est pour ça aussi que l'Orgueil & Préjugés de 2005 rencontre une telle division dans les avis : la vision de Joe Wright est tellement personnelle que ça ne peut que provoquer des avis "extrêmes"...

C'est très formidable de voir à quel point Maribel et Lily peuvent avoir été touchées. j'avais un avis tellement différent ! Il semble vraiment que la perception du film soit avant tout une question de ressenti. Je suis envieuse de celles qui sont entrées dans le film !

Pour ma part, tout comme Fée Clochette, je retiens seulement la grande beauté du film... en bref la très grande qualité ... de tout ce qui ne touche pas au jeu des acteurs ! Je n'ai pas cru un instant à l'histoire d'amour : soit que Fanny soit trop placide/froide, soit que Keats soit trop lisse (et je ne connais rien de la vie du poète, c'est pourquoi j'ai tendance à rejeter la faute sur ACornish). Je reconnais que Abbie Cornish joue très bien ses scènes de chagrin, mais pour moi ça s'arrête là.

Allez, j'y vais de ma critique...

Je ne connaissais Keats que de nom, et pas du tout sa vie. J'avais juste wikipédié avant le film la bio des deux amants pour situer, et maté la BA en boucle à cause de la citation des papillons et de la musique.
Mais le film, donc :

- Au niveau émotion, j'ai eu du mal à m'attacher à Fanny, qui me paraissait froide et capricieuse, et Keats faisait ado attardé. J'ai trouvé le début de leur relation immature ;
- Et puis la naissance de leur amour arrive de manière surprenante, elle surgit sans que rien n'annonce la construction patiente ou même la passion bouillonnante des deux adolescents ;
- MAIS : il y a des belles séquences, notamment celle des papillons et la scène finale ou bien encore les deux visages collés aux cloisons mitoyennes, où Abbie Cornish montre enfin quelque chose de palpable ; moi j'étais brisée avec elle (et j'ai serré le bras de mon voisin...)
- La musique est pas mal, et elle habille bien le film ;
- Les vêtements de Fanny sont terribles, notamment les premiers, et elle a des souliers étranges, mais les chapeaux sont de toute beauté...

A mon sens, ce film flirte quand même sur la vague Jane Austen, mais ne reste qu'un ersatz. Dommage, car un poète romantique mérite toujours une tragédie. Même chose que le biopic sur Schumann...