Semaine 2 : chapitres 12 à 21 inclus

J'arrive un peu tard pour donner mon avis et apporter de l'eau au moulin mais j'étais absente ce week-end (et j'ai fait la bêtise de commencer à lire les chapitres suivants donc mon impression et analyse des personnages ont un peu évolué depuis....).
Je suis, en tout cas, très intéressée par tous vos posts et je peux, tout comme Cat, affirmer que cette partie m'a beaucoup plus plu que la première ! Enfin, il se passe quelque chose et Wharton accroche son lecteur ! Son style prend toute sa force (j'avais aussi noté le passage avec la villa italienne, qui m'avait fait sourire) et on a un trio amoureux plus étoffé ainsi que des personnages vraiment en prise à des sentiments... Ca fait du bien !!

Bon...je suis assez perplexe sur ces chapitres là...je ne suis pas sûre si le livre me plait vraiment...

Archer n'a décidément pas du tout mon admiration et ma compréhension...j'aurais voulu entrer dans le livre et lui mettre une claque, quand il s'écrie tranquillement que ben May lui a dit qu'il pouvait reprendre sa parole (pour épouser son anciene maitresse) et que donc Hourra, je me rends compte que j'aime en fait la cousine de ma fiancée et puisque celle-ci m'a donné sa bénédiction en route!
là je l'ai tellement méprisé le pauvre...il ne mérite pas May (et on ne peut pas dire qu'elle est une femme extraordinaire)

Bon on s'ennuie un peu avec May (elle et ses grands vides...je me demande d'ailleurs comment quelqu'un fait pour ne penser à rien aussi souvent...) et je trouve que Archer est trop facile avec May...lui qui voulait lui ouvrir des horizons et tout, il ne fait pas grand chose finalement...(en même temps il se peut qu'elle refuserait...)

La seule que j'apprécie c'est Ellen. J'ai adoré le fait qu'elle ne se retourne pas par exemple, quand il est derriere elle...style, je t'aime tellement que je ressens physiquement ta présence...le pauvre, il a été décu Trés contente qu'elle n'ait pas cédé à Archer.

J'ai beaucoup aimé le mariage qui avait plus l'air d'être une représentation de théâtre qu'autre chose...(pas étonnant le marié en aime une autre! ) mais bon, c'est un brave ptit, il suit la tradition!

J'adore aussi les vétements pas coventionnels du tout d'Ellen...et j'espère bien qu'il ne sera plus question de son époux...j'ai aussi hâte d'en savoir plus de ce côté là...

Bon voilà...je vais pouvoir continuer le livre et le finir.

Je viens juste de finir le chapitre 19! Quel retard
Alors évidemment l'essentiel a été dit...

En ce qui me concerne, un échange a attiré mon attention : lorsque Newland déclare à Ellen : CH12

Citation :

Vous ne serez jamais comme tout le monde

et qu'elle lui répond

Citation :

Ne dites pas cela!...Si vous saviez combien j'ai horreur d'être différente!

Cette déclaration d'Ellen m'a surprise. En effet, j'avais jusque là à son sujet, l'image d'une femme originale,je n'irais peut-être pas jusqu'à employer le terme d' excentrique, mais en tous cas au style et aux goûts résolument différent de ceux des gens de sa classe, et même de son pays.
Lorsque Newland part rejoindre les Wellland à Saint Augustin, sa future belle-mère lui décrit leur "cousine" comme quelqu'un de très (trop) européanisé, commentant avec réprobation, ses attitudes, ses idées et le choix de certaines de ses tenues.
Il me semblait qu'Ellen était quelqu'un de très indépendant et qu'elle assumait parfaitement cet aspect de sa personnalité . J'ai même eu l'impression à la lecture de la première partie que tout ce qui pouvait se murmurer sur elle lui passait au dessus de la tête à tel point qu'elle n'en avait même pas conscience.
Le fait qu'elle réponde de la sorte à Newland m'a donc désorientée et a un peu "brouillé" l'impression que j'avais d'elle.
Qu'en pensez-vous?

Concernant la déclaration de Newland et la question de sa lucidité ou de sa propre surprise en (se) faisant cet aveu, je reste hésitante. Si l'auteur met à jour les sentiments du jeune homme au lecteur avant même le principal intéressé, il y a quand même des passages qui font penser que lui-même avait peut-être commencé à se poser des questions sur son trouble...
CH13

Citation :

La scène d'amour entre les acteurs avait rappelé avec une telle acuité au jeune homme sa dernière conversation avec Mme Olenska que lorsque le rideau tomba sur la séparation des deux amants, il sentit les larmes lui monter à la gorge

Citation :

Archer rougit et son coeur battit violemment. Il n'était allé que 2 fois chez Mme Olenska et chaque fois il lui avait envoyé un bouquet de roses jaunes mais sans y joindre de carte. Elle n'avait jusqu'alors fait aucune allusion aux fleurs et ne semblait pas soupçonner leur provenance. Maintenant non seulement elle y faisait allusion, mais elle l'associait à la tendre séparation des amants de la scène : Newland en fut ému et troublé.

avec un paroxysme au Ch15

Citation :

-Je savais que vous viendriez!
-Cela prouve que vous le désiriez, répondit-il avec une joie secrète

...ça ne ressemblerait pas à ce qu'on appelle aujourd'hui du flirt ça quand même?
Jusqu'à quel point ces paroles sont-elles convenables dans la bouche d'un gentleman fiancé, et qui plus est en direction de sa "cousine"?

Citation :

Le coeur d'Archer battait en désordre. Etait-ce lui qu'elle avait fui? Avait-elle attendu pour le lui dire qu'ils fussent ensemble seuls dans cette chambre?

S'il se pose la question c'est qu'il espère quand même une réponse favorable...avant de s'avouer ses propres sentiments peut-être a-t-il besoin d'un encouragement?

Citation :

Il parlait sans changer de position, sans se retourner pour la regarder. Si le destin devait parler, ce serait ainsi, avec toute l'étendue de cette chambre entre eux...

Citation :

Un moment Archer s'imagina presque entendre qu'elle s'approchait de lui, prête à lui jeter ses bras légers autour du coup

...De bien drôle de pensées pour quelqu'un qui ne se sait pas troublé tout de même

Ce qui est certain, c'est que les réflexions qu'il a au sujet de sa fiancée sont d'un tout ordre, beaucoup moins romantiques lorsqu'il la rejoint à Saint Augustin, plus désabusées :

Citation :

Archer se demandait si sa fiancée n'était pas destinée à cette maturité à la fois lourde et innocente
Oh non! Il ne voulait pas que May eût l'innocence qui se refuse à la fois à l'expérience et à l'imagination.

Citation :

Il comprit qu'elle n'avait de courage et d'initiative que pour les autres, et non pour elle-même.

Citation :

Archer n'insista pas, il était trop découragé d'avoir vu s'évanouir la femme nouvelle qui l'avait regardé du fond de ses yeux clairs

Il me semble que Newland a en fait la révélation sur ses sentiments au moment exact ou il discute avec May et qu'il lui demande d'avancer leur mariage. Elle est à mon sens, et de façon très ironique celle qui lui fait prendre conscience de l'importance qu'a pris Ellen Olenska dans sa vie :

Citation :

-Y a-t-il quelqu'un entre vous et moi?
-Quelqu'un entre vous et moi?
Il redisait les mots lentement, comme s'ils n'étaient qu'à moitié intelligibles, et qu'il eût besoin pour les comprendre, de les répéter

...je pense que c'est exactement à ce moment et en répétant ces mots qu'il comprend...en tous cas c'est comme ça que je me l'étais imaginé...
Et la douce May d'en rajouter (comme quoi elle n'est vraiment pas l'oie blanche qu'elle paraît, elle est quand même très perspicace ou a un sixième sens ultra-développé)

Citation :

J'ai eu le sentiment quelquefois que vous aviez changé envers moi, particulièrement depuis que nos fiançailles sont officielles.

...donc (même si elle n'y pense pas, Newland peut y penser lui) depuis l'apparition de sa cousine, puisque c'est cet événement qui a fait que leurs fiançailles soient annoncées précipitamment.

Pour le reste, je suis assez d'accord avec tout ce qui a été dit sur le mariage et cette impression qu'il le vit de façon complètement détachée, comme en spectateur de la vie d'un autre (l'image d'une première d'opéra est d'ailleurs vraiment bien trouvée).
Comme l'a fait remarquer Clinchamps, l'ironie du télégramme annonçant l'avancée des fiançailles, alors qu'il vient de faire sa déclaration à Ellen Olenska est mordante.

J'ai aussi particulièrement apprécié le passage o`u il discute avec son ami journaliste et les convenances qui prennent le dessus sur ce qui pourrait être pour Newland des convictions :

Citation :

Comme si un gentleman pouvait abandonner son pays!
C'était aussi impossible que de se mêler à la politique. Un gentleman restait chez lui tout simplement et s'abstenait

Il mesure encore une fois la distance qui sépare sa classe de celle de Winsett, mais c'est pourtant avec cet homme qu'il aime échanger. même s'il se défend d'adhérer à ses idées qu'il se félicite de juger saugrenues, il cherche son opinion et son analyse du monde.

Un détail à présent, l'expression le choix de la traductrice d'écrire "filer à la française" là o`u l'on dit plutôt "filer à l'anglaise" m'a faite sourire même s'il n'a pas une grande incidence. A moins qu'il ne soit porteur d'un sens qui m'a échappé

Et pour finir, merci à toi Lady Clare pour avoir retrouvé ce magnifique tableau qui nous aide à enrichir nos représentations.

J'ai certainement oublié de nombreuses choses, mais j'en resterai là pour ce soir!

Les yeux noirs a écrit:

Citation :

Vous ne serez jamais comme tout le monde

et qu'elle lui répond

Citation :

Ne dites pas cela!...Si vous saviez combien j'ai horreur d'être différente!

Cette déclaration d'Ellen m'a surprise.

Merci de nous avoir rappelé ce passage. Je ne pense pas avoir été surprise à ce moment, je m'étais posé la question des raisons du retour d'Ellen (après tout, elle aurait pu fuir son mari sans revenir à NY) et je crois qu'elle avait tout de même une grande envie de se retrouver dans le cocon d'un groupe connu, dont le conformisme signifie également une certaine stabilité. Et puis après tout, elle n'a sans doute pas choisi d'être différente, son éducation non conventionnelle doit bien y être pour quelque chose. Je peux comprendre qu'il puisse lui paraître reposant d'être en mesure de respecter les codes sans se poser de question. Elle se plie d'ailleurs facilement aux injonctions de Newland concernant le divorce, or l'argument principal du jeune homme est la famille, l'esprit de groupe, si je me souviens bien.

Merci aussi de nous avoir indiqué tous ces indices du trouble d'Archer. On ne peut nier en effet que la comtesse produise un effet "détonnant" sur lui. Quant à savoir à partir de quel moment il peut vraiment mettre un nom sur ses sentiments.. J'ai l'impression que l'aveuglement que je relève fait partie de sa défense intérieure. Tant qu'il ne s'avoue pas concrètement ce qu'il ressent, il est moins coupable.

Accalia a écrit:

Bon on s'ennuie un peu avec May (elle et ses grands vides...je me demande d'ailleurs comment quelqu'un fait pour ne penser à rien aussi souvent...) et je trouve que Archer est trop facile avec May...lui qui voulait lui ouvrir des horizons et tout, il ne fait pas grand chose finalement...(en même temps il se peut qu'elle refuserait...)

Je crois que Newland se berçait d'illusions quand il pensait "éduquer" May, qui en réalité est coulée dans le bronze immuable de son éducation conventionnelle, et sur laquelle toute tentative d'évolution glisserait car elle est bien convaincue de savoir en tout lieu et à tout moment ce qu'il convient de faire !

Je vous rejoins tardivement après avoir achevé cette partie ce matin
Je dois avouer que j'ai dû accelérer la cadence pour compenser mon retard de lecture.

Contrairement à la majorité d'entre vous, je me suis un peu plus ennuyée sur cette deuxième partie (mais mon intérêt va croissant depuis que j'ai entamé la dernière partie de la lecture). Je pense cependant que ce léger ennui est dû à une lecture fractionnée et à de mauvaises conditions de lecture cette semaine.

Citation :

PS : je suis incapable de replacer Medora dans l’arbre généalogique des Manson-Minggot, help!

Moi aussi. Merci pour vos explications.

J'avais envie de revenir sur le personnage savoureux de la matriarche Mingott. J'ai bien aimé les descriptions qui la dépeignent comme une statue modelée par les accumulations de chairs, ainsi que l'épisode qui relate l'épineuse question du "comment permettre à cette grosse femme impotente d'assister au mariage de sa petite-fille" sans pour autant laisser ladite petite fille se faire prendre en photo par la presse -les ancêtres des paparazzis, qui auraient publié ces photos dans la presse mondaine

Citation :

Je ne crois pas non plus que Newland a clairement conscience de ses sentiments pour la comtesse. Mais n'est-ce pas plutôt une passade ?

Je n'ai pas pensé à une passade à la lecture de cette partie, mais plutôt à une attirance rendue d'autant plus forte qu'elle est impossible à concrétiser.

Tout d'abord par le statut de scandaleuse de Mme Olenska, mise au ban de la bonne société mais avec qui on doit quand même composer. Puis parce que pour être vécue, cette relation implique un divorce et donc pour Newland de se retrouver au ban de la bonne société (il n'y est aboslument pas prêt). Puis enfin, parce que Newland est lui-même un homme marié.

S'agissant de la relation May/ Newland, je trouve que Newland abdique très vite et se met de lui-même dans la posture du couple formé par ses beaux-parents (une allusion est faite sur le ton qu'emploie May à son égard et qui est le même que sa propre mère emploie face à Mr Welland).

Newland est tout sauf une locomotive, il suit selon le bon vouloir des autres (et je suis d'accord avec Cat, un point de vue masculin serait si intéressant, dommage ..)

May a prouvé qu'elle pouvait être beaucoup plus fine qu'il ne le pensait. J'ai eu le sentiment que devant renoncer à Ellen, il se précipite de lui-même dans une vie ennuyeuse. Pour moi, il laisse May devenir une jeune femme superficielle (il ne cherche pas à la détromper et à lui ouvrir les yeux quand elle juge le précepteur français comme "commun". Que pourrait-elle en savoir, elle qui est reléguée, après le repas, à l'étage avec les autres femmes, au moment même où les conversations masculines prennent une tournure plus intellectuelle ?).

Bref, lui qui se voyait bien en Pygmalion, il n'en prend à aucun moment la posture (en fait c'est lui qui recherche un Pygmalion, non ?)

Bref, je n'ai pas grand chose à ajouter à ce qui a été déjà (fort bien) dit. merci pour la richesse de ces commentaires (et merci à Lady Clare d'avoir fait le lien avec ce tableau -que je connaissais également, mais auquel je n'avais pas du tout pensé, je visualisais le col de fourrure comme une partie intégrée à la robe )

serendipity a écrit:

Bref, lui qui se voyait bien en Pygmalion, il n'en prend à aucun moment la posture (en fait c'est lui qui recherche un Pygmalion, non ?)

Je trouve que tu mets là le doigt sur un point très important. Je ne sais pas s'il se cherche un Pygmalion mais il semble en tout cas avoir besoin d'un catalyseur. Il souhaiterait vivre une vie différente, la comtesse pourrait lui permettre de trouver le courage d'échapper à la voie toute tracée qui se présente devant lui. Or le courage, c'est un peu cela qui lui manque, le pauvre.

J'ai aussi trouvé qu'il ne donne pas l'impression de faire beaucoup d'efforts pour sortir May du moule. Elle lui est pourtant totalement dévouée, en jouant là-dessus, n'aurait-il pas réussi à l'intéresser à ces arts et cette culture qui sont si importants pour lui? Il n'en a pas trouvé l'énergie nécessaire, peut-être du fait de sa frustration par rapport à Ellen.

Je précise que je n'avais pas encore avancé dans la lecture de la 3è partie quand j'ai rédigé ce point. Mais j'ai depuis noté quelques paragraphes qui me semblent révélateurs (je m'arrête là pour ne pas empiéter sur la suite ).

cat47 a écrit:

Or le courage, c'est un peu cela qui lui manque, le pauvre.

Le courage, je suis d'accord. Ou comme d'autres l'ont déjà remarqué, peut-être la conscience de ce qu'il veut ?

Citation :

J'ai aussi trouvé qu'il ne donne pas l'impression de faire beaucoup d'efforts pour sortir May du moule. Elle lui est pourtant totalement dévouée, en jouant là-dessus, n'aurait-il pas réussi à l'intéresser à ces arts et cette culture qui sont si importants pour lui? Il n'en a pas trouvé l'énergie nécessaire, peut-être du fait de sa frustration par rapport à Ellen.

Probablement. Je ne sais pas jusqu'à quel point May serait capable d'apprendre (ou de le vouloir) mais depuis son mariage, il n'essaye même pas de lui faire partager ses intérêts. Ou plutôt, il n'essaie plus. Avant, il tentait de l'intéresser à la lecture, par exemple. Donc c'est sans doute à cause d'Ellen. Il doit sûrement regretter le conformisme de May, mais peut-être y trouve-t-il également un certain confort, étant donné ses sentiments pour la comtesse.

Peut-être se désintéresse-t-il tout simplement de "l'éducation" de May puisqu'il ne reste finalement attaché à elle que par devoir (et par le refus de Mme Olenska). Or, sans amour, comment trouver la patience et la passion de faire découvrir à May, qui, de base, ne semble pas très réceptive, les livres, les artistes et les oeuvres qu'il aime ?
D'autant que, comme vous le dites, il a une certaine propension à se résigner malgré quelques sursauts d'énergie et de volonté.

* le voyage de noce est, de ce point de vue, assez éloquent: à Paris les couturières ; à Londres, les tailleurs ; à Rome, ni couturière, ni tailleurs. C'est tout de même une vision de l'Europe assez limitée...

Très décevant, cet Archer

A la fin du chapitre 11 il m'avait semblé prêt à prendre parti pour soutenir Ellen Olenska dans sa demande en divorce, et j'attendais la suite avec impatience, pensant qu'il allait peut-être s'affranchir du conformisme. Et voilà qu'il fait ce qu'on attendait de lui.
Ellen s'écrie

Citation :

Mais... ma liberté : n'est-ce rien ?

Cette phrase aurait dû le toucher, moi elle m'a bouleversée mais lui, non, il la soupçonne :

Citation :

L'accusation de la lettre était-elle fondée, Ellen espérait-elle épouser le complice de sa faute ?
Le simple soupçon qu'elle pût avoir cette pensée lui durcissait le coeur.

Il la soupçonne encore à Skuytercliff quand il voit Julius Beaufort.

Citation :

Ah ! cria-t-il, éclatant d'un rire sonore.

Enfin, je comprends ! ... dit Archer avec une ironie amère.

C'est donc un vilain jaloux, et d'une morale très élastique, quand il est prêt à rompre ses fiançailles

Citation :

Elle a refusé, ce qui me donne le droit...

J'ai beaucoup aimé la réplique d'Ellen

Citation :

Le droit ? Vous m'avez appris combien ce mot-là est un vilain mot

L'ironie du télégramme m'a ravie

Déçue aussi par May, je m'attendais à un personnage plus complexe, mais elle semble n'être qu'une belle enveloppe vide.

Ellen m'intrigue, quels sont ses sentiments ? Est-elle réellement attirée par Archer

Citation :

Jamais je n'avais connu personne qui vous ressemblât, qui fût aussi loyal, aussi généreux.

Ne l'idéalise-t-elle pas car elle sait qu'il n'est pas libre ?

Citation :

Je ne peux vous aimer que si je renonce à vous ...

Rosalinde, tu mets le doigt sur un question que je me pose : que peut-elle bien lui trouver à ce pauvre Newland ?

Je suis en retard !!! Mais le livre m'est tombé des mains.
Autant j'ai adoré le début et la présentation caustique des personnages, mais ces chapitres sont ennuyeux comme le mariage de Newland, j'imagine. Et je l'avoue, voir cet homme gâcher sa vie et épouser une femme qu'il n'aime pas car il est le fruit de son éducation et de son milieu sévère et codifié, me fait froid dans le dos. Je pensais qu'il allait émerger de son cocon et vivre sa passion au grand jour. Mais non, il a eu peur de ses émotions, de ses sentiments, de la vie ... Il se dit enlisé dans sa vie, mort même. Mais il se trouve en présence d'une personne qui ne cherche qu'une chose sa liberté et il ne la comprend pas. Il reste dans ses pensées conventionnelles de jalousie envers Julius Beaufort, de peur du qu'en-dira-t-on. Quel gâchis !

J'ai lu attentivement vos commentaires.
Dans cette partie, il y a plusieurs choses qui m'ont surprise.

1/Le mariage accepté par la famille de May qui va précipiter les événements.C'est une véritable péripétie et un changement qui va en sens contraire pour Newland. Je me suis demandée si les parents de May ne suspsectaient pas quelque chose.

2/Nous n'avons plus accès aux pensée de Newland. Dulcie a fait remarqué que Wharton a utilisé beaucoup d'éllipses pour raconter le voyage de noce. A tel point que le fil conducteur de la 1ère partie c'est à dire la manière dont Newland allait endossé le rôle de pygmalion, disparaît. Wharton ne parle pas de cet apprentissage qui faisait l'orgueil de Newland. Il passe complétement à côté.

3/Que pensez-vous des activités de newland dans l'introduction du chapitre 15?

Citation :

le matin, il fit du toboggan avec la maîtresse...Il parla dans un coin à une jeune fille avec laquelle il avait flirté autrefois et qui venait de se fiancer. Vers minuit, il aida à mettre des possoins rouges dans le it d'un de sinvités et à fabriquer un cambrioleur-mannequin dans le cabinet de toilette d'un tante timide. Enfin, il participa à la bataille d'oreiller qui ...bouleversa à la maison depuis les chambres d'enfants jusqu'à la cave.

On est quand bien loin du rôle de pygmalion qu'il voulait s'attribuer.
Ce comportement n'augure rien de bon pour la suite. Il souligne un aspect très enfantin de sa personnalité. Newland donne l'impression d'un homme indeterminé qui ne sait pas se fixer et qui ne sait surtout pas ce qu'il veut.

Au vu de l'évocation d'un flirt ancien, je me demande s'il ne s'agit pas également d'un flirt avec Ellen Olenska. Il n'a bien qu'un rapprochement momentané avec elle qui n'aboutit à aucun moment à un investissement profond des sentiments. Newland n'apprendra jamais ce qu'est un réel investissement affectif.

A ce stade du livre, Newland prend toute l'envergure d'un homme qui ne peut pas mener à bien un projet. Pour moi, il demeure un homme peureux qui ne peut pas tenir tête à sa femme et en général à une femme. Au cours du voyage de noces, il se laisse convaincre et refuse son aide à Mr Rivière.
Une fois marié, il avait les moyens de prendre des distances avec son précédent environnement. Il aurait très bien pu rejoindre la société des artistes et des politiques et par la même occasion garder un contact avec Ellen Olenska. Or, que fait-il il reste dans la même caste. Il ne pose même plus en victime. C'est un anti-héros qui se complaît avec May.

darcy a écrit:

A ce stade du livre, Newland prend toute l'envergure d'un homme qui ne peut pas mener à bien un projet. Pour moi, il demeure un homme peureux qui ne peut pas tenir tête à sa femme et en général à une femme. Au cours du voyage de noces, il se laisse convaincre et refuse son aide à Mr Rivière.
Une fois marié, il avait les moyens de prendre des distances avec son précédent environnement. Il aurait très bien pu rejoindre la société des artistes et des politiques et par la même occasion garder un contact avec Ellen Olenska. Or, que fait-il il reste dans la même caste. Il ne pose même plus en victime. C'est un anti-héros qui se complaît avec May.

Je suis tout à fait d'accord, je me suis fait le même genre de réflexion. Il est là à regretter Ellen et son ouverture au monde, mais en même temps il ne fait rien pour améliorer sa situation. Après tout, c'est lui l'homme de la maison. Dans ce temps-là, ils avaient plus de pouvoir dans le couple, non? Et on dirait qu'il se laisse diriger par May, n'essayant pas de faire de vagues (par exemple avec l'invitation de Mr Riviere).
Et May semble plutôt malléable, même si elle tient beaucoup à ce que lui on appris ses parents, et ce qui se fait ou ne se fait pas. Archer est maintenant son mari, son opinion a sûrement beaucoup d'importance pour elle. De son côté, Archer ne semble pas trop faire d'effort pour faire connaître sa vrai nature à sa femme. On dirait qu'il ne lui montre de lui que ce qu'il pense qu'elle voudrait bien voir.
Il est assez décevant sur ce plan-là, à ruminer dans son coin et en agissant peu. Par moment, on dirait même que c'est May qui dirige le couple.

Pour la première partie, je n'avais été que très peu intéressée par l'histoire. Mais là je dois dire que cette lecture me plaît beaucoup en fin de compte. J'aime même beaucoup le style d'Edith Wharton. Elle fait par moment de sublimes descriptions:
Ch14

Citation :

La journée de printemps était fraîche et le vent soufflait chargé d'une poussière pénétrante.

Ou lors de l'arrivée de la mariée:

Citation :

La musique, la senteur printannière des lys, la vision de May, qui flottait vers lui dans un nuage de tulle, le visage de sa mère, baigné d'heureuses larmes, le murmure des paroles du pasteur, les évolutions symétriques du cortège d'honneur, tous ces mouvements, tous ces bruits bien connus, lui semblaient maintenant étranges et dépourvus de sens

Je trouvais que c'était une vision plutôt romantique, dommage que lui pensait toujours à Ellen pendant la cérémonie...

Et un peu après, il a une vision assez sévère de sa femme:

Citation :

il comprit que, dans la vie, elle s'adapterait aux circonstances sans jamais les devancer.

Je me demande si ce n'est pas de sa faute à lui, s'il trouve leur mariage plat. On ne sent pas vraiment qu'il essaie de s'intégrer. Pour cela, il ne gagne pas vraiment ma sympathie.

Maribel a écrit:

Je suis tout à fait d'accord, je me suis fait le même genre de réflexion. Il est là à regretter Ellen et son ouverture au monde, mais en même temps il ne fait rien pour améliorer sa situation.

Il me semble qu'il y a une sorte de résignation en lui mais aussi de la lucidité, peut-être. Ses envies de changement ne sont peut-être qu'assez théoriques. La fréquentation des artistes me semble lui apparaître comme une sorte de fruit exotique, appétissant mais pas nécessairement bon pour la digestion.

Et puis il y a quand même toujours la question du devoir (par rapport à May, j'entends) et de l'atavisme.

Contente que tu aies toi aussi mieux accroché à cette deuxième partie, Maribel.

Je suis très en retard dans la lecture (au contraire de beaucoup, les vacances ne me laissent que peu de loisirs!). Je poursuis donc la lecture et cette deuxième partie me laisse à ce niveau un gout amer... quand à la psychologie des personnages. Je vais faire bref et ne parler ici que de Newland et May. Quelle déception! Ils sont tous deux à l'opposé de ce que laissait présager le début!
Newland qui hâte son mariage pour tenter d'oublier Helen et qui devient un mari en tout point conforme aux autres membres de la bonne société.
May, qui une fois mariée devient aussi ouverte d'esprit que sa mère...

J'avais espéré qu'ils auraient l'un et l'autre un peu plus de révolte par rapport à ce schéma hyper-traditionnel! Je ne désespère pas, encore une centaine de pages!

Spoiler? Pas spoiler? Merci de me faire un p'tit signe et je corrige!

C'est ok, Fred. Ceux qui viennent ici sont censés avoir lu la partie en question, tu peux te lâcher.

Je comprends que tu sois déçue par les caractères, qui ne sont pas très sexy, mais j'espère que tu apprécies la façon dont Edith Wharton nous les présente.

Contente d'avoir ton avis, Fred ! Ne t'inquiète pas pour le retard, ça permet au plaisir de discuter sur ce livre de se prolonger !

Fred a écrit:

May, qui une fois mariée devient aussi ouverte d'esprit que sa mère...

Tout à fait ! Penses-tu qu'elle change de comportement ? Ou plutôt qu'on la voit ainsi car Edith Wharton met un projecteur sur elle alors qu'on avait pas vraiment une vision de sa personnalité avant ?

Dans cette partie, j'ai l'impression que notre regard sur May change, car son statut change... Dans la première partie que nous avons lue, nous la trouvions plutôt innocente, nous espérions de grandes choses d'elle (oui, j'exagère peut être un peu !). On la voyait / Edith Wharton nous la présentait sous l'angle jeune fiancée amoureuse et fille des Welland tout à fait comme il faut. Puis avec l'officialisation des fiançailles et le mariage, elle devient femme, en charge de la défense de son (nouveau) nom et de son foyer. J'ai l'impression qu'elle met alors en application l'éducation que ses parents lui a inculquée. En entrant dans la sphère quotidienne de Newland (qui est le personnage par qui on suit l'histoire), nous voyons May par son regard également, dans une certaine mesure.

Fred a écrit:

Je vais faire bref et ne parler ici que de Newland et May. Quelle déception! Ils sont tous deux à l'opposé de ce que laissait présager le début!

Je me suis fait la même réflexion ! (et jusqu'à la fin d'ailleurs ! Non, non, je ne ferai pas de spoiler ! )
Je me demandais d'ailleurs si ce sentiment que nous avions venait d'indices qu'avait laissés Edith Wharton, et pouvant nous faire penser que tout deux allaient se révolter contre la haute société dans laquelle ils évoluent ... (l'opinion qu'exprime Newland sur la liberté, mariage qui finalement est avancé, etc.)
Ou : si cette impression que nous avions été nombreuses à exprimer venait d'une surinterprétation (avec l'idée : mais ce n'est pas possible que ces personnages ne se révoltent pas vu ce qu'ils pensent ! ils ne peuvent pas continuer ainsi ! à quoi servirait ce roman sinon...)
En tout cas, Wharton sait jouer avec nous et nous surprendre, même si ce n'est pas pour une plus grande appréciation de ses personnages !

J'ai l'impression de ne pas être claire, mais je n'arrive pas à exprimer mieux ma pensée

Tu es tout à fait claire, Artemis. Je trouve ton analyse sensée et stimulante. Je crois que tu mets le points sur les raisons qui me font aimer ce livre, les caractères sont peints de manière tellement subtile.

Je plussoie, tu es très claire Artémis...cela voudrait dire qu'Edith Wharton nous a, nous lecteurs, volontairement entraînés sur certaines pistes, nous laissant dans l'attente, ensuite elle brise le cheminement qu'elle a elle même tracé et nous déroute complètement en nous emmenant vers ce qui risque le plus de nous surprendre...

Artemis a écrit:

Penses-tu qu'elle change de comportement ? Ou plutôt qu'on la voit ainsi car Edith Wharton met un projecteur sur elle alors qu'on avait pas vraiment une vision de sa personnalité avant ?

Si l'action se passait au XXIème siècle, je dirais qu'elle a perverti sa personnalité pour attraper Newland dans ses filets.Je crois qu'ici c'est tout le contraire. Je pense qu'elle est certainement un peu effrayée par son mariage-par ce qu'il implique au niveau social serait plus correct- et qu'elle se rassure en reproduisant quelque chose qu'elle connait par crainte d'une fausse note. C'est vrai aussi, que jusque là, on ne la voyait guère, ou plutôt elle était une gentille fille obéissante qui ménageait la chèvre et le chou (mais surtout la chèvre sa mère) pour être agréable à tous. Elle passe en position de "décideuse" sans y avoir été tellement préparée...
Mes pensées sont un peu désordonnées, mais je voulais aussi dire que, à l'époque, le mariage est une fin en soi et que ça n'impliquait pas toujours une vie de couple harmonieuse. En fait, le mariage est sûrement pour elle un aboutissement et non un nouveau départ. Ce qui pourrait lui flanquer un coup de blues et qui expliquerait ses réactions.
Je ne sais pas si je suis bien claire sur cette idée....

Mais si mais c'est très clair!
merci de ce nouvel éclairage Fred!!!

J'avoue que je n'ai pas pensé une seule seconde que Newland allait rompre ses fiançailles, ou son mariage pour Ellen, qu'ils allaient partir vers je ne sais quelle situation romanesque improbable ! Je me rends compte à postériori en vous lisant qu'il n'a jamais fait de doute à mes yeux que Newland resterait dans le droit fil de son monde et de son éducation. J'ai toujours eu l'impression, que je ne me formulais pas, mais qui devient claire en vous lisant que l'auteur me disait : "voilà ce que tu voudrais, mais qui ne se fera pas" comme si elle donnait l'image de ce qui aurait pu être tout en démontrant en même temps par la très fine description de la mentalité des personnages que cela ne pouvait absolument pas être. Je ne sais pas si je suis claire, il est tard !!

Citation :

comme si elle donnait l'image de ce qui aurait pu être tout en démontrant en même temps par la très fine description de la mentalité des personnages que cela ne pouvait absolument pas être

[quote]

Fred a écrit:

En fait, le mariage est sûrement pour elle un aboutissement et non un nouveau départ.

Mais c'est évident .