Virginia WOOLF

Quand on apprend sa mort, brutalement, à un peu plus de la moitié... j'étais très émue, et après je me suis dit "mais attends tu ne l'as suivie qu'une journée à peine..." et pourtant j'avais l'impression de la connaître depuis toujours.

Virginia Woolf, c’est un grand nom de la littérature. J’en ai entendu parler, j’ai vu son nom dans mes modules de théories politiques. Certains l’adorent, d’autres la détestent. Avec des opinions si tranchées et n’ayant aucun à-priori, je voulais découvrir par moi-même l’une de ses oeuvres. Pour Noël, j’ai reçu ce livre. Parfait et à moi la découverte !

On voit dès le départ que ce livre se déroule dans le début du XXè siècle et non plus au début du XIXè comme pour un Jane Austen ou mi/fin comme pour Elisabeth Gaskell. La politique semblant également être importante pour l’auteure, elle est présente en fond de cette histoire qui se déroule entre deux siècles, deux sociétés. On est encore dans des modes de pensées qui se rapproche du XIXè, surtout étant donné le milieu où se déroule l’histoire (avec la famille de Katherine qui vient de la haute bourgeoisie) et pourtant les personnages principaux de Katherine, l’amatrice de science qui se cache, de Mary, la suffragette réformiste, ou de Ralph, l’avocat ambitieux, sont des personnages de leur temps, de ce XXè siècle naissant. On retrouve presque ce déphasage du Mal du siècle de la fin du XIXè siècle chez les romantiques. Ne faisant pas des études littéraires et n’en connaissant pas énormément (si l’on excepte mes cours de français qui commencent à remonter), je ne sais pas du tout si je suis proche de la réalité historique/littéraire. C’est du moins l’effet que ce livre me fait.

Ce livre est presque une étude de la psychologie humaine, ou en tout cas de la psychologie de ces personnages (et je serais curieuse de voir un bilan psychiatrique de Katherine et de Ralph (et je ne dis pas ça dans le sens « Ahah ils sont anormaux, bizarres, etc. », mais dans le sens où je suis toujours curieuse de découvrir les méandres de la psyché humaine).

En effet, si l’on commence par parler de l’histoire, celle-ci est plate, elle est presque vide et il ne se passe pas grand chose dans ce livre. Surtout dans la première moitié de celui-ci. On est pris au jeu de vouloir savoir ce qui va arriver aux personnages, mais plus dans une attente de savoir s’il va enfin se passer quelque chose, plus que par empathie, sympathie, ou que sais-je. Je déteste abandonner des livres en cours et je suis curieuse, j’ai donc poursuivi ma lecture, et j’ai bien fait. Ce livre prend du temps (trop ?) pour s’installer et installer les personnages, leurs histoires, leurs pensées, etc. Ce qui fait qu’on avance vraiment dans l’histoire (et encore, c’est vraiment plus en comparaison d’avec le début, plus qu’avec d’autres livres), seulement à partir de la 250/300è page. Après celle-ci, je me suis retrouvée happée dans l’histoire et je l’ai lu presque d’une traite, il est toutefois dommage de devoir attendre autant.

Les personnages donc, ce sont eux qui font ce roman. C’est une étude sur leurs sentiments. La narration est interne et on passe dans un même chapitre de l’un à l’autre, de Ralph à Mary, de Katherine à Rodney, de Mrs Hilbery à Cassandra. C’est fluide et agréable. On est moins frustré que dans un trône de fer où l’on doit toujours suivre le point de vue d’une personnage par chapitre avant de changer complètement d’endroit et de personnages. Ici, on va passer de l’un à l’autre des personnages présents dans la scène de manière fluide, puis suivre l’un des protagonistes alors qu’ille quitte le lieu. C’est un des bons points du livre.

L’autre point important et qui fait que la première partie est plutôt laborieuse à la lecture est que l’on a du mal (ou c’était mon cas en tout cas) à s’attacher et à pénétrer dans la psyché des personnages. Ils me semblent si étrangers à leur monde, mais également à ma façon de penser que j’ai eu beaucoup de mal (surtout pour Katherine et Ralph) à m’y attacher avant la fin du roman. Leur vision du monde est d’un pessimisme et d’un fatalisme qui me laisse perplexe, triste. Si l’on excepte la fin du livre, la vision de la vie offerte par l’auteure est une vision sombre et triste.

La vision du monde de l’auteure transparaît dans l’écriture et parfois, on se demande si elle parle de ce qu’elle pense ou des idées de l’époque. Elle fait de certains personnages des misogynes finis et pourtant semblent les critiquer dans le même temps. D’un point de vue de jeune femme du XXIè siècle, j’ai du mal à savoir ce qui est part de la critique sociale présente dans ce roman et ce qui ne l’est pas. Un exemple de cela est visible avec Ralph qui traite Katherine comme une égale et qui pense pourtant explicitement qu’il veut la posséder. C’est ce côté qui tend plus de l’écriture de l’auteure et de son but qui m’a fait tenir la première partie, tandis que la seconde tient plus de l’Austenien et se dévore plus facilement.

Comment donc conclure cet avis où je suis partie très loin et dans tous les sens, c’est plutôt dur. J’ai aimé ce roman, surtout pour sa deuxième partie et je suis intéressée pour lire des oeuvres plus académiques sur la critique sociale présente, la psychologie des personnages (il doit bien y avoir des recherches faites dessus), et comme pour toute bonne série historique, si ça donne envie de continuer à lire autour du sujet, c’est un pari gagnant. Je conseillerais donc de lire ce livre parce qu’il y a tout de même plus de bon que de mauvais (et puis je serai curieusement d’avoir les avis d’autres lecteurs).