Joyce Carol Oates

Mon retour tardif sur Mudwoman de JCO (2014)

Voici le résumé proposé par l'éditeur :

Citation :

Abandonnée par sa mère à demi-folle au milieu des marais de l’Adirondacks, Mudgirl, l’enfant de la boue, est sauvée on ne sait trop comment, puis adoptée par un brave couple de Quakers qui l’élèvera avec tendresse en s’efforçant toujours de la protéger des conséquences de son horrible histoire.
Devenue Meredith "M.R" Neukirchen, première femme présidente d’une université de grand renom, Mudgirl, brillante et irréprochable, fait preuve d’un dévouement total à l’égard de sa carrière et d’une ferveur morale intense quant à son rôle d'exemple.
Mais précisément épuisée par la conception d’une rigidité excessive qu’elle a des devoirs de sa charge, tourmentée par ses relations mal définies avec un amant secret et fuyant, inquiète de la crise grandissante que traverse les États-Unis à la veille d’une guerre avec l’Iraq (crise qui la contraint à s’engager sur un terrain politique dangereux) et confrontée à la classique malveillance sournoise des milieux académiques, M.R. se retrouve face à des défis qui la rongent de manière imprévisible.
Un voyage sur les lieux qui l’ont vue naître, censé lui rendre un peu de l’équilibre qui lui échappe, va au contraire la jeter dans une terrifiante collision psychique avec son enfance et menacer de l’engloutir une fois encore, mais dans la folie.

Le résumé dit pas mal de choses, et j'ai été frappée une nouvelle fois par la force vénéneuse qui se dégage des livres de JCO.

Ici, le masque apparent de Meredith craque assez vite, on commence par se dire, cette jeune femme fait preuve d'une grande résilience, mais assez vite on se rend compte que sa vie est construite sur du sable : des trous de mémoire de son enfance avec sa mère, des non-dits de ses parents adoptifs, une relation amoureuse où rien de ce qui est vraiment elle-même est partagé avec l'autre.

Bien sûr il est déjà terrible de savoir que votre propre mère vous a jeté dans la boue dans une décharge comme un déchet encombrant, que votre soeur ainée n'a pas eu la chance de survivre, et que votre père biologique est inconnu.
Mais ensuite, ses parents adoptifs la traitent avec amour bien sûr, mais sans jamais vouloir l'aider à s'approprier les premières années de sa vie, comme si elle était vierge de toute émotion ou souvenir avant son adoption.
Mais ce qui est enfoui finit toujours par remonter, et le récit nous amène progressivement vers un pétage de plombs total de MR, qui doit en quelque sorte mourir, pour devenir ensuite ce qu'elle est ; cette partie à venir ne nous est pas contée, et le lecteur ne sait pas si elle va réussir à renouer les fils brisés de sa vie ; la scène finale reste assez inquiétante.

Les chapitres alternent entre l'époque "Mudgirl" c'est-à-dire entre ses 4 ans et ses 18 ans, et l'époque "MR" actuelle, qui s'étale sur une petite année.

Bref, c'est un grand cru de JCO, une bonne claque qui fait réfléchir.