Colm Toibin, auteur irlandais

Il y a quelques semaines de cela, une amie m’a offert un livre vers lequel je ne serai jamais allée de moi-même : Nora Webster de Colm Tóibín. Elle avait beaucoup aimé un de ses autres romans, Brooklyn, et le quatrième de couverture évoquant les embruns, la tourbe et le whisky, lui avait fait penser à moi.

À ma grande surprise, j’ai adoré. Peut-être est-ce parce que j’ai perdu l’habitude de lire et que le rythme calme et nostalgique de ce livre était une pause bienvenue quand mon cerveau la réclamait, peut-être est-ce le style de l’auteur, peut-être est-ce le sujet, plus adulte, mais j’étais contente, à chaque fois, de reprendre ma lecture. On suit l'histoire de Nora Webster qui doit réapprendre à vivre après la mort de mari, Maurice, qui était aimé de tous dans la ville où ils avaient vécus. L'histoire se passe dans les années 60, mais est très actuelle en ce qui concerne le poids du regard des autres, de la société et de l'influence qu'ils peuvent avoir sur les libertés que l'on décide ou non de s'accorder.

Citation :

Comment pouvait-elle se détourner si facilement de ce qu’elle avait chéri, abandonner la maison sur le chemin de la falaise, laisser d’autres y venir l’été et la remplir du bruit de leur vie à eux ? Elle considéra longuement le ciel meurtri au-dessus de la mer. À la fin, elle poussa un soupir et s’autorisa à ressentir la véritable ampleur de sa perte, et de tout ce qui allait lui manquer désormais.

Pourtant, le personnage principal, est loin d’être parfait. Elle a énormément de défauts de caractères, Nora. J’ai normalement du mal à continuer une lecture quand le personnage principal n’est pas à la « hauteur » d’un point de vue moral, mais je voulais en savoir plus sur son développement, sur ses tracas du quotidien, ses doutes quant à ses enfants, la voir s’affranchir du regard des autres et simplement suivre sa vie. Nora n’est pas horrible, loin de là, peut-être simplement inadaptée aux lourdes conventions sociales, à la société qui veut que nous soyons toujours polis, toujours prêt à recevoir, toujours prêt à être sociable, à ne pas être frivole, à se dévouer pour les autres, etc. Et Nora n’en peux plus, elle est en deuil, elle souffre, elle veut qu’on la laisse seule, elle et ses enfants. Elle n’était pas parfaite avant la perte de son époux non plus, elle est juste humaine, un peu égoïste, un peu renfermée, un peu exclusive, et ce roman nous rappelle qu’il n’est pas toujours facile d’exister avec ces traits de personnalités. Et qu’il n’est pas facile d’exister avec le poids du deuil sur ses épaules, sur cette douleur qui ne nous quitte jamais, et qu’on ne peut pas porter seule puisqu’il faut aller vers les autres, il faut, il faut, il faut… Et de la culpabilité qui s’en suit quand on recommence à vivre.

Spoiler:

Merci encore Esperluette.

Oh ! Elle devrait me plaire, cette Nora Webster !!! Merci de me la faire découvrir, Panda, d'autant que j'avais bien aimé Brooklin de cet auteur !

Comme Panda est très sympa, elle m'a prêté Nora Webster, que j'ai fini hier et bien aimé (mais un peu moins que Brooklyn, peut-être).

Panda a déjà très bien parlé de ce livre et je vais donc pouvoir me contenter de plussoyer. J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Colm Toibin, toute en lenteur et en ellipses. J'aime les personnages imparfaits et cette Nora m'a semblé très humaine (même s'il y a chez elle une certaine froideur qui m'agaçait parfois). Et j'ai noté avec plaisir l'allusion aux personnages de Brooklyn (au début du livre, lorsque la mère d'Eilis vient voir Nora) !

Je ne connaissais pas du tout cet auteur et les retours de Panda et esperluette donnent envie de découvrir Nora Webster!!
Référence ajoutée de ce pas à ma LAL

Merci pour ton avis sur Nora Webster, Esperluette J'ignorais qu'il y avait des références à Brooklyn, voilà qui est tout à fait intéressant

Tu me donnes envie de relire cet auteur esperluette . En particulier ce roman qui a l'air ma foi tentant.

Quinze ans après Brooklyn, l'écrivain publie une suite   , intitulée Long Island, annoncée pour la fin mai. Espérons une traduction française rapide.
Vingt ans se sont passés, Eilis vit avec son mari et ses enfants, et l'Irlande refait surface dans sa vie. Je me réjouis de découvrir ce roman.

En voilà une excellente nouvelle, j'avais beaucoup aimé le roman !
Merci pour l'info, Tatiana

Je viens de lire Long Island et me suis régalée. Le récit se partage entre New York, où Eilis vit avec son mari et ses deux enfants adolescents, à côté de sa belle-famille, et l'Irlande. On y retrouve les personnages qu'on avait laissés dans Brooklyn, avec une vingtaine d'années en plus. Connaissant bien le film que j'ai vu plusieurs fois, je n'ai eu aucun mal à me repérer parmi eux. J'ai admiré la pudeur du récit, la description de la relation entre les personnages, les non-dits, et l'art des dialogues. Le temps qui passe y occupe une place de choix, une certaine nostalgie aussi, et le sentiment d'appartenance.
L'histoire commence par une révélation qui bouleverse le quotidien de l'héroïne et la conduit à retourner dans sa ville natale d'Ennyscorthy dans le comté de Wexford, pour revoir sa mère, toujours en pleine forme à 80 ans.

Spoiler:

La traduction française vient de paraître chez Grasset, je me réjouis de lire d'autres avis car je ne doute pas qu'il sera lu, en particulier par des Lambtoniennes .

Merci pour ce beau retour ! Si ma lecture de Brooklyn remonte à quelques années (et le visionnage du film également), je suis tentée par ce texte