Samuel Richardson : Pamela, Clarissa...

Oui je te conseille d'attendre que le niveau de ta PAL ait bien baissé avant de te lancer dans cette entreprise ardue

Petit remontage de topic pour dire que je me suis finalement laissée tenter par l'adaptation de Clarissa avec Sean Bean.
J'ai regardé l'épisode 1 hier, et je dois dire que dans l'ensemble, et malgré des aspects surprenants et quelque peu "space", je me suis prise au jeu, et j'ai plutôt apprécié

Aaah... ses intrigues amoureuses, ses jeunes filles fraîches et innocentes que l'on enferme à double tour et que l'on renie pour des raisons qui frisent le délire collectif, les méchants séducteurs aux allures carnassières qui en veulent à leur vertu... bref, l'essence même du XVIIIe siècle...

J'en vous dirai plus dans quelques jours quand j'aurai visionné le tout.

EDIT : et une petite cap en passant, histoire de vous donner une idée de l'aspect général de l'adaptation :

Merci Clélie. Je me réjouis de savoir ce que tu en penses globalement. Comme j'aime beaucoup Sean Bean, et que je n'ai pas le courage de lire le roman , je me dis que ce serait une bonne façon de découvrir enfin cette histoire.

cat47 a écrit:

Comme j'aime beaucoup Sean Bean, et que je n'ai pas le courage de lire le roman , je me dis que ce serait une bonne façon de découvrir enfin cette histoire.

L'épaisseur des romans de Richardson me décourage un peu aussi... Et puis pour Sean Bean, je suis bien d'accord Bien que la coiffure à la mode du siècle des lumières ne lui sied guère...

Clelie a écrit:

Bien que la coiffure à la mode du siècle des lumières ne lui sied guère...

Au moins je sais que je dois m'attendre au pire.

Bon, ce petit mot simplement pour vous dire que j'ai visionné les trois épisodes ce weekend, et que je compte dès demain poster mon avis et les photos prises pendant le visionnage intensif et passionné de cette série à la fois flamboyante sur le forme et assez sordide sur le fond.

Quant à la coiffure de Sean Bean, j'aurai des preuves en images

@ Clélie : moi, j'avais bien aimé cette adaptation ... mais j'ai un problème avec l'actrice qui joue Clarissa. J'aime pas son physique alors j'ai du mal à comprendre Lovelace qui lui est très crédible

Je vais changer le nom du topic pour l'élargir...

Ah mais, j'ai adoré cette adaptation moi aussi... Je compte bien vous le prouver via un avis argumenté.
Sean Bean est vraiment très convainquant en séducteur mal intentionné Quant à Saskia Wickham, elle ne m'a pas insupportée, mais j'aurais préféré une actrice avec un visage moins mature, voire plus "angélique", par opposition à Lovelace qui a vraiment un visage carnassier.

J'ai vu et revu cette adaptation : j'adore vraiment Sean Bean, et je ne trouve pas que la coiffure XVIIIème s l'enlaidisse

Par contre, c'est vrai que l'actrice qui joue Clarissa est assez quelconque, on s'interroge sur le casting, Richardson insiste tellement sur la beauté hors du commun de son héroïne

Me revoilà avec mon avis complet cette fois sur cette adaptation de 1991 du roman de Samuel Richardson, Clarissa, réalisée par Robert Bierman, et adaptée par Janet Barron et David Nokes pour notre très chère BBC.

Je n'ai pas lu le roman, et je suis donc assez mal placée pour juger de la qualité de la transposition sur écran de ce pavé épistolaire..
Voici cependant la page wikipedia correspondante :
http://en.wikipedia.org/wiki/Clarissa

Je vais essayer de résumer brièvement la trame de l'histoire
Clarissa Harlowe est une jeune fille d'une grande beauté et très vertueuse, que ses parents et surtout ses frère et soeur, désirant entrer dans l'aristocratie, poussent à épouser un gentilhomme d'une laideur repoussante. Tenant plus que tout à son indépendance, mais aussi poussée à bout par les persécutions de sa famille, Clarissa fait appel à Robert Lovelace, un homme à la réputation sulfureuse, pour l'aider à s'enfuir. S'apercevant très vite de l'erreur de sa conduite, elle ne peut cependant plus échapper à Lovelace, qui va la retenir prisonnière pendant des mois, cherchant par elle à se venger de toute la famille Harlowe, en utilisant les procédés les plus vils et les plus diaboliques...



Nous retrouvons au casting Saskia Wickham, actrice qui m'était totalement inconnue pour ma part, et dont j'ai assez aimé la prestation, mais dont j'ai trouvé le physique pas suffisamment proche de l'idée que l'on peut se faire du personnage. Clarissa est sensée en effet, comme je l'ai souligné plus haut, être d'une très grande beauté, car c'est entre autres pour cette raison qu'elle suscite tant la jalousie de sa propre soeur, et une passion d'une nature plutôt étrange chez Lovelace, qui dès qu'il l'aperçoit en nourrit une obsession assez malsaine.
Le jeu de l'actrice cependant est très sobre, très retenu, et est pour sa part très bon, bien que la langue du XVIIIe m'a parue un peu difficile à appréhender, mais aussi à trouver parfois naturel... (sous-titres néerlandais sur mon dvd uniquement, qui m'ont aidée un peu tout de même). Mais ce n'est qu'un avis très personnel.



Clarissa est une jeune femme intelligente, vertueuse et une âme pleine de retenue.
J'ai eu un peu de mal à comprendre au départ l'acharnement mauvais de son frère et de sa soeur (dont la relation apparaît quasiment incestueuse ), qui semble purement gratuit. Le mariage avec Solmes n'est somme toute qu'un horrible subterfuge pour épancher leur jalousie.
On peut reprocher à Clarissa une naïveté certaine (et c'est peu dire), lorsqu'on la voit faire appel à un gentilhomme à la réputation assez douteuse pour la sauver des griffes de sa famille, dont on devine dès le départ les réelles motivations...



Maintenant, venons-en à Robert Lovelace (Sean Bean), dont le nom est devenu un qualificatif à part entière... Les choses peuvent paraître claires de prime abord... Il considèrent a priori Clarissa comme une nouvelle proie à saisir, se vengeant par là même des Harlowe. Ensuite, ses motivations deviennent de plus en plus floues... Se montrant d'abord à Clarissa tel qu'il est (à savoir un séducteur de jeunes filles, qui arrive toujours à ses fins), il prend ensuite le rôle d'un pécheur désirant ardemment se repentir. Piège dans lequel elle tombe sans réfléchir davantage, peu habituée aux manipulations et aux mensonges. Leur déménagement dans un hôtel de passe (ce qu'elle ignore, mais qu'elle finira par apprendre assez brutalement), marque un tournant certain dans l'esprit des protagonistes, y compris dans celui-ci de Lovelace. Tour à tour s'avouant sincèrement sous le charme de Clarissa ("This woman has such a power over me", écrit-il à son ami Jack Belford), puis établissant ensuite des stratagèmes pour la pervertir, dont la compléxité renverrait Machiavel sur les bancs de l'école, on ne sait jamais ce qui va se passer dans la seconde suivante dans sa tête. J'en suis venue à considérer au fil de la série ses motivations comme des purs délires de malade mental... C'est un personnage choquant, malsain, mais l'acteur y excelle tout à fait...





Autre excellent acteur, Sean Pertwee, dans le rôle de Jack, le meilleur ami de Lovelace, qui devient

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Point fort de cette série, les costumes !



Une débauche de richesse et de dorure qui donne le tournis !
Visuellement aussi, c'est une série indéniablement très soignée.

Bref, pour faire court, et pour en revenir à la trame, c'est une série dont on ne sort pas indemne, car elle a son lot de personnages bons, et de personnages pervers.

Quant à la fin (qui je pense est assez éloignée de la fin du roman), elle laisse vraiment peu de place à une larme sentimentale. Emue, je l'ai été, mais plus par la pensanteur de l'ambiance que par la grandeur des sentiments...
Autre scène magnifique, le duel entre Lovelace et Belford, très bien mené par les deux acteurs.



Et histoire d'alléger un peu la conclusion , je tenais à vous montrer cette magnifique image de

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J'ai d'autres images en stock, je les posterai demain dès que j'ai un peu de temps

J'ai sûrement oublié de parler de plein d'autres aspects, car les idées se bousculent un peu et je n'ai malheureusement pas le temps de toutes les exposer aujourd'hui...

Merci pour ton commentaire Clelie
Je ne regarderai pas cette série puisqu' elle n' a pas de sous-titres mais j' ai lu le livre en sautant des passages je l' avoue car il y a pas mal de redites mais tu résumes trés bien l' histoire assez sordide somme toute et moi aussi, j' ai eu une impression trés malsaine plus j' avançais dans le récit et j' ai ressenti une atmosphére tellement machiavélique que ça en devenait génant et j' ai eu hâte de le finir. Au final, j' ai une grand pitié mêlée de crainte pour Lovelace qui à la fin semble se repentir de ses actes mais trop tard et semble vraiment épris de Clarissa

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Mais de rien, Scarlett.

Scarlett a écrit:

Au final, j' ai une grand pitié mêlée de crainte pour Lovelace qui à la fin semble se repentir de ses actes mais trop tard et semble vraiment épris de Clarissa

Voilà un aspect dont je voulais justement parler hier, mais je n'avais pas assez de temps devant moi ...

En effet, il se repend. Il est même d'ailleurs très surprenant de voir ce personnage assailli par intermittence de doutes et d'accès quasi sentimentaux... Il est cependant très dur de trouver à Lovelace le moindre sentiment ou acte nobles. C'est un personnage abject, tellement manipulateur et d'une telle perversité que l'on n'arrive même plus à lui trouver la moindre étincelle...
Je suis cependant persuadée, comme toi Scarlett, qu'il l'aime. Mais d'un amour véritablement toxique, qui relève d'une obsession malsaine.
Il est clair que lorsque Clarissa est enfin en paix (

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j'aurais cru qu'en tant que personnage noir et perverti, il l'aurait laissé tranquille après l'acte horrible qu'il a commis. Mais non ! Il revient à la charge encore et toujours... Dans la série, c'est d'ailleurs Belford qui "garde" la porte de Clarissa, et empêche Lovelace de la voir, en menaçant de le tuer s'il fait un pas pour chercher à entrer...
Quant à la fin de Clarissa,

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La preuve en image :

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EDIT : Scarlett, toi qui a le roman, peux-tu me dire s'il s'agit bien de celui-ci :
http://www.amazon.fr/Lettres-angloises-histoire-Clarisse-Harlove/dp/2763784992/ref=pd_rhf_shvl_1

Ma PAL étant déja vertigineuse, je ne suis plus à 1000 pages près

EDIT 2 : Voici un extrait d'un site très intéressant sur l'oeuvre de Richardson, concernant Lovelace, et qui m'a assez surprise :

Citation :

Il faut dire que l’auteur de Clarisse n’a eu de cesse de noircir un Lovelace qui, à sa grande terreur, séduisait irrépressiblement ses lectrices.

Lien : http://sites.univ-provence.fr/pictura/Fiction/ClarisseIntro.php

Mon pc refusant d' ouvrir ton lien, voiçi celui du livre que j' ai acheté et lu , il ne fait que 641 pages

Quand au commentaire que tu cites

Citation :

Il faut dire que l’auteur de Clarisse n’a eu de cesse de noircir un Lovelace qui, à sa grande terreur, séduisait irrépressiblement ses lectrices.

effectivement, on en parle dans le livre, l' auteur était atterré de voir que les femmes, des Ladies mêmes le trouvaient séduisant dans le livre, il y a une grande introduction expliquant en détail tout la conception de ce roman de l' écriture à la publication et c' est trés intéressant. Beaucoup de femmes délicates consultées ont affirmées que placées dans les mêmes circonstances que Clarissa, elles n' auraient pas résisté à leur ravisseur page12.

Je dois dire qu' aprés avoir entendu RA interprêté Lovelace à la radio, j' ai été assez séduite aussi et qu' est-ce que ça serait s' il le jouait en film mais le côté immoral du monsieur me dérange quand même beaucoup.

Merci pour le lien, Scarlett, c'est bien ce livre !
Je suppose que je vais finir par céder et le commander

L'introduction dont tu parles doit effectivement être passionnante

Citation :

Je dois dire qu' aprés avoir entendu RA interprêté Lovelace à la radio, j' ai été assez séduite aussi et qu' est-ce que ça serait s' il le jouait en film mais le côté immoral du monsieur me dérange quand même beaucoup.

Effectivement, j'ai vérifié ça sur un fansite de RA hier, et il me semblait bien en avoir entendu parlé dans notre belle auberge
Ce que tu dis ne m'étonne pas... Avec une voix comme celle de RA, on ne peut être que charmée...

Je réagis sur ton spoiler d'hier :

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Tout à fait !

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Tout à fait!

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Merci pour vos commentaires, les filles.

Je n'ai lus les spoilers qu'en diagonale mais je comprends maintenant pourquoi le roman de Richardson est considéré comme un classique, surtout si on pense au fait que l'auteur est un précurseur en matière de roman dans son pays.

Les personnages, bien que stéréotypés. m'ont l'air tout à fait représentatifs de ce que je pourrais appeler une vision généraliste, celle qui est à la base de la tragédie grecque (désolée, ça fait un peu grandiloquent, mais à mes yeux c'est un hommage aux auteurs de fiction à travers les âges).

Tout cela me donne envie de découvrir l'adaptation. Pour le livre je crois que j'attendrai.

Citation :

Les personnages, bien que stéréotypés. m'ont l'air tout à fait représentatifs de ce que je pourrais appeler une vision généraliste, celle qui est à la base de la tragédie grecque

Qu'entends-tu par vision généraliste, Cat ? tu excuseras mes lacunes en la matière, mais j'ai peur de ne pas bien comprendre ce que tu veux dire ...

Quant à l'adaptation, elle est de très grande qualité et je te la recommande vivement, malgré la pesanteur de l'ambiance !

@Scarlett : merci pour les éclaircissement au sujet de la phrase exacte que prononce Lovelace dans le roman !

J'ai lu hier quelques extraits en ligne de Clarissa, et je trouve le style vraiment sublime, même si un peu ampoulé quand même sur certains aspects (la répétition notamment, et les tournures de phrase très alambiquées...). Enfin, je crois bien que je vais céder

Quant à RA en Lovelace, tu aurais un tuyau pour pouvoir se procurer cette adaptation audio ?

Clelie a écrit:

Quant à RA en Lovelace, tu aurais un tuyau pour pouvoir se procurer cette adaptation audio ?

A ce jour, la BBC n'a pas prévu de produire Clarissa en audio-book

Sur ce site, tu pourras écouter de nombreux extraits en cliquant sur les disques rien que quand Richard prononce Clarissa c' est juste

Un autre lien où tu peux enregistrer les extraits Richard chante lui-même dans un des extraits j' en ai parlé dans un de mes posts page 1 mais sur les liens que je t' ai donné, tu dois aussi avoir l' extrait

Merci beaucoup pour les renseignements, Scarlett.

My pleasure Clelie! Enjoy!

Clelie a écrit:

Qu'entends-tu par vision généraliste, Cat ? tu excuseras mes lacunes en la matière, mais j'ai peur de ne pas bien comprendre ce que tu veux dire ...

Désolée, je n'ai pas été claire, pour changer.

Ce que je voulais dire par là est qu'à la lecture de la manière dont les personnages sont décrits, il me semble que l'on retrouve certains stéréotypes (mâle prédateur, femme vertueuse) qui sont à la base de nombreux mythes. Cette histoire me donne l'impression d'illustrer l'une des grandes tendances de la fiction, d'un manière sans doute peut-être un peu "brute de décoffrage" car le genre romanesque en est encore à ses balbutiements.

Voilà, voilà ! Je comprends mieux !
Merci pour les éclaircissements. D'ailleurs tu as tout à fait raison lorsque tu parles de modèles stéréotypés quant aux personnages de Richardson.
Il y a d'ailleurs un certain manque de nuances dans leur caractère. Là, je pense à la famille de Clarissa, son frère et sa soeur notamment qui la martyrisent pour des raisons qui relèvent du délire.
Quant à Lovelace, véritable personnage noir (et là, je n'ai malheureusement pas encore lu le roman pour le prouver), il m'a fait l'effet d'un caractère plutôt bien brossé, mais qui comme pour les exemples cités avant, demeure sur une ligne de conduite sans remises en question.
Il me fait un peu penser au personnage de Montoni dans Udolpho d'Ann Radcliffe... Pour rappel il s'agit de ce gentilhomme italien, en réalité véritable bandit, qui retient prisonnières à Udolphe sa propre épouse et la nièce de cette dernière pendant des mois, avec un acharnement rarement vu
Le sujet de l'enlèvement des jeunes filles pures et innocentes devait être un thème récurrent au XVIIIe, thème qui est resté une pierre fondatrice des romans gothiques de la fin de ce siècle, d'ailleurs.

J'ai très envie de lire "Pamela" car ce livre a inspiré l'une de mes séries cultes : "Elisa Di Rivombrosa" !!

Effectivement, j'avais lu quelque part que Elisa... était une adaptation de Pamela, mais pas mal de libertés, non ?

Oui, c'est une adaptation très libre !!