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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 5 Mar 2015 - 19:09
Merci, j'aime bien les fiches de lecture des libraires et celle est plus que convaincante.
Invité Invité
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 5 Mar 2015 - 19:15
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Dernière édition par TimesNewRoman le Mer 14 Oct 2015 - 16:23, édité 1 fois
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 5 Mar 2015 - 23:14
@ Tous:
Sonnez clairons, résonnez trompettes, je sors tout juste de la projection de l'opus maudit et croyez bien que je m'en vais vous donner de l'ode immortel au martinet en mousse un petit compte-rendu de derrière les fagots. J'espère que Patrick Sébastien en fera une chanson. Je vous préviens, ce soir, il va y en avoir pour tout le monde: je souffre atrocement d'un rhume de printemps qui confine à l'hémiplégie faciale, la salle du multiplex était caramélisée au pop-corn cramé et je suis tellement fatiguée que j'ai tantôt failli entrer chez les voisins. Donc accrochez vos ceinturons car je vais faire exploser mon quota de galéjades et de bons mots, lequel n'est que trop sous-employé sur ce topic.
Mais d'abord, j'aimerais revenir sur les débats de ces derniers jours.
@ Milana:
Je suis intimement convaincue que seul un grand malentendu est responsable des derniers échanges et je souhaite de tout coeur que tu restes et sur le Forum, et sur ce fil - si le coeur t'en dit bien sûr. Bien que je ne le partage pas, je comprends ton point de vue. J'irai même au-delà et je te dirai que je le "sens" presque de l'intérieur. Tu as le droit d'être révoltée ou dégoûtée par cette oeuvre et, plus encore, tu as le droit - selon moi le devoir - de t'exprimer librement et de nous faire partager tes impressions. Le jour où nous serons tous d'accord sur tout, personnellement, je ferme boutique et je pars m'installer chez le vieux Saint-Pierre avec trois bouquins, une chèvre - pour la conversation - et un lapin de garde - parce que je suis une fétichiste du lièvre de mars.
Alors s'il te plaît, quels qu'aient pu être les malentendus, reste, écris, partage. Si tu peux accepter le présupposé selon lequel tout un chacun a droit a l'expression libre, toi comme les autres, je suis certaine que tu auras grand plaisir à échanger et à débattre - et parfois dans la passion que charrie avec elle toute conviction profonde - en ces lieux où tu n'as pas moins ta place que n'importe qui d'autre.
Et je peux t'assurer, pour avoir lu ce topic in extenso, qu'une écrasante majorité des participants du Forum partage ton point de vue sur les livres comme sur le film. Tu es loin d'être isolée: on peut même dire que tu prêches en terrain conquis. Alors haut les coeurs à ceux qui aiment cette trilogie, haut le coeur à ceux qui la détestent et welcome à toi, ai-je envie de dire, Milana: en relations humaines, les plus longues sont toujours les meilleures.
@ TimesNewRoman:
Je suis d'accord avec toi sur ce que tu as dit au début, je suis d'accord avec toi sur ce que tu as dit ensuite et je suis d'accord avec toi sur ce que tu as dit vers la fin. Bref, en gros, je suis assez d'accord avec toi. (Sauf quand je ne le suis pas, ce qui n'arrive pas souvent. Et encore, je suis large.)
@ Selenh:
Du fond du coeur, pour tout cela et pour le reste, merci infiniment. Je te dois deux avions de papier: ils sont en partance sur le tarmac.
***
Alors mes chers amis, car je sais que vous attendez mon avis avec l'agitation digne du retraité corse regardant les feuilles tomber de son gros marronnier bicentenaire, Cinquante Nuances de Grey, le film! Je dois préciser que des rives du beau Danube - qui, contrairement aux vieilles rengaines de quelque Autrichien aviné n'est pas bleu, mais vert-de-gris sous les nuages et gris et or sous le grand astre de paille éclatée -, des rives du Danube, disais-je, où je baguenaude, j'ai vu ce film en hongrois, sous-titré en anglais. Ce qui a mis en joie mon oreille amateur des nectars les plus rares de l'Europe Centrale.
Or donc. Le film. Que dis-je? THE film, celui-là même qui fait frémir tant de plumes sur la toile, sous les martifouets et dans les édredons. (Ce que j'écris n'a aucun sens: vous remettrez les mots dans le bon ordre vous-même, jeunes gourgandins.) Cinquante Nuances de Grey, réalisée par la très chic BritanniqueSam Taylor-Johnson avec entre autres, au casting, Jamie Dornan, Dakota Johnson, notre chère Jennifer Ehle - toujours aussi jolie et pétillante -, Marcia Gay Harden, Eloise Mumford, Luke Grimes et la chanteuse Rita Ora, dans un tout petit rôle pour l'instant.
Sam Taylor-Johnson, Cinquante Nuances de Grey, 2015.
Je ne pense pas avoir besoin de vous résumer l'histoire dans le détail: ceux qui la détestent la connaissent plus encore que ceux qui l'ont adorée. Toutefois, je rappelle les bases pour les trois du derniers rang qui auraient dormi durant les trente dernières pages de ce topic: Anastasia Steele (Dakota Johnson), une jolie étudiante en littérature anglaise, rencontre dans le cadre d'une interview glanée pour le journal de son UniversitéChristian Grey (Jamie Dornan), un riche et ténébreux milliardaire en costume gris - Achtung! Jeu de mots à l'horizon -, plutôt porté sur la domination érotique et la cravache en peau de chamois. Sur ce, il lui dit: "Laisse-moi zoom zoom zang, dans ta Benz Benz, Gal'. Quand tu te pointe ton bumpa, 'me rends dingue dingue dingue." Elle lui répond alors avec ses grands yeux de biche en contre-plaqué azur: "Enfin, Monsieur, ce ne sont pas là les paroles d'un gentleman mais comme je suis très férue de Thomas Hardy ainsi que des NTM et que vous possédez en sus un engin d'une taille appréciable*, je suis prête à me laisser envoyer en l'air à vos côtés, à condition, bien sûr, que vous assuriez l'atterrissage." Et les yeux dans les yeux, et les mains dans les liens, ils s'en vont amoureux, heureux du lendemain.
Avant que de passer au plat de résistance, laissez-moi vous dire, cher public en délire, qu'à l'instar de Bonnie, j'ai aimé le film et que je compte aller voir les deux opus suivants dans la joie et l'allégresse, lorsque le temps sera venu. Les acteurs étaient bons, les acteurs étaient beaux, les scènes érotiques étaient très réussies - avec une touche de légèreté et d'humour dont nous pouvons rendre grâce aux scénaristes - l'histoire plutôt prenante et le jeu psychologique qui s'instaure entre les deux héros assez bien rendu, au vu du caractère grand public du film.
Certes, nous ne sommes pas dans le registre de l'Eternité et un Jour de Theo Angelópoulos ou de la Pianiste de Michael Haneke mais, personnellement, je peine à comprendre l'hallali suscité par ce film chez les fins esprits du globe. Que l'on ait aimé ou pas, il me semble que le morceau remplit tout à fait son office: film grand public produit par une industrie hollywoodienne léchée et hyper-formatée ne donnant pas dans la finesse littéraire absolue ou la peinture sociale militante mais suffisamment bien torché pour distraire le public par une intrigue prenante, des comédiens sexys et un zeste d'humour là où il faut, quand il faut. Les acteurs sont aussi bons et bien choisis que pouvaient l'être ceux de Pretty Woman en son temps et, sachant que les dialogues, dont certains manquent en effet de finesse, ne sont pas de leur fait, je ne vois pas très bien ce que leur reproche la critique avec une arrogance d'intello qui me paraît assez suspecte. C'est à croire que seuls les films d'Alain Cavalier ou de Jean-Luc Godard - que je ne compare pas du reste - sont à mêmes de susciter des orgasmes en ce bas-monde.
Et, comme le relevait très justement Bonnie, la bande-son est impeccable: d'Annie Lennox à Beyoncé en passant par Sia, très belles musiques, très jolies voix, très bons choix d'accompagnement pour les scènes érotiques. Assez planant, rien à redire.
Maintenant que le prêche Télérama est achevé, il me faut absolument vous faire partager quelques scènes dont le caractère plus que suggestif a heurté mon goût naturel pour l'ellipse et l'euphémisme. Bien que j'ai apprécié la grande majorité des scènes partagées par les deux héros et le jeu de tension qui s'instaure assez vite entre eux, je dois dire que certain manque de finesse, notamment au début de l'histoire, a suscité chez moi quelque regrettable déconcentration.
Je mets la suite sous spoiler, tant pour ménager la pureté d'âme que le stupre n'a pas encore corrompue que pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qu'il a déjà suffisamment atteint pour leur donner envie d'aller y voir par eux-mêmes.
Spoiler:
Scène d'ouverture - ou presque -, la fraîche Anastasia est assise dans le somptuaire bureau vitré de Christian, prête à l'assaillir de questions toutes plus indiscrètes les unes que les autres. "Comment bâtit-on un empire de cette taille à vingt-huit ans seulement? Pourquoi nourrissez-vous les pauvres dans le monde? Plutôt crevettes ou bulots dans la paella?" Et c'est à ce moment-là que, prise par un démon labial encore inconnu du Panthéon, Anastasia décide de fourrer entre ses lèvres exquises le crayon estampillé "Grey" gentiment offert par son interlocuteur et d'effectuer le ballet dit de l'ascenseur fou.
"- Excusez-moi, Christian, cela ne vous dérange pas si je suçote cette asperge tandis que nous parlons économie et altermondialisme? - Mais pas du tout, ma chère Anastasia. D'ailleurs, j'ai prévu quelques accompagnements, pour le cas où vous trouveriez ce crayon un peu sec. Sauce cocktail? Sauce française? Une petite tartare, peut-être? - Que vous êtes espiègle, Christian. Arrêtez, on se croirait dans Top Chef lors du concours de la meilleure entrée. Non, je vous remercie. En revanche, si je vous pouvais glisser un préservatif sur ce crayon, pour les trois du fond qui ont décroché depuis les bandes-annonces publicitaires, je crois que cela nous permettrait de conserver une certaine unité dans l'attention du public."
Et je vous assure que je reproduis très fidèlement le dialogue en question. Enfin, je ne sais pas si c'est ce qu'ils ont dit mais, en tous les cas, c'est ce que j'ai entendu. Pour le coup, j'ai trouvé que les sous-entendus avaient à peu près la taille d'une montgolfière enceinte - impression que je n'avais pas conservée des premières pages du livre - et que, de ce fait, la tension érotique censée s'instaurer entre eux deux dès leur première rencontre en prenait un coup. Comme j'étais la seule à rire dans l'assistance, j'en ai déduit soit que les dialogues hongrois avaient été remanié par Imre Kertesz, soit que je faisais moi-même partie des trois du fond en perte de vitesse neuronale. À la minute où je vous écris, je n'ai toujours pas élucidé la question.
A peine quelques minutes plus tard, les héros, encore tout émoustillés par les subtiles avances labiales d'Anastasia, se rencontrent dans le magasin de bricolage où celle-ci travaille pour financer ses études de Lettres. Et là, le scénario donne lieu à une discussion absolument surréaliste où les deux personnages, l'un avec sa tête de chat matois en mal d'apéricubes, l'autre avec son regard timide de souris qui aimerait bien être mangée, se livrent à un échange tout à fait professionnel sur les mérites comparés des serres-joints Brico & Jardin et de la ficelle en fibre de chanvre non-traité. Ne manque plus que la cheftaine scout pour planter la tente devant la quincaillerie et l'épisode forestier sera consommé.
"- Dites-moi, Christian, vous m'avez l'air d'un homme doué de ses mains. Vous faites des travaux dans le jardin? - Tout à fait Anastasia. Depuis que je vous ai vue avec cette asperge dans mon bureau, j'en décidé de réaménager le patio en potager. Du coup, mon architecte-paysagiste m'a recommandé de détruire la véranda, de casser les dalles de la terrasse et de... - Vous savez, Christian, moi, je m'en fous de vos travaux. Si je vous pose la question, c'est surtout parce que ces discussions à double-sens fines comme une colonne dorique sont susceptibles de chauffer le client. Et, au prix de la place de cinéma, vous comprendrez qu'il faut leur en donner pour leur argent."
Et alors, pardonnez mon indignation mais l'adaptation nous gratifie d'une scène d'une sauvagerie comme je n'en aurais jamais soupçonné en regardant la bande-annonce. Christian, ce jeune homme brillant, fin et cultivé qui porte secours aux affamés, qui tient les cheveux d'Anastasia lorsque celle-ci se livre à une petite vidange stomacale sur le bord de la route et qui se lève à chaque fois qu'une dame quitte la table, ce Christian si charmant et si attentionné qu'on le croirait tout droit sorti de la Cour d'Aliénor d'Aquitaine, ce chevalier sans armure qui offre à sa belle des ordinateurs, des voitures et des virées en planeur jusque dans l'aurore aux doigts de rose... Eh! Bien ce Christian est un croqueur de biscottes. OUI! Un croqueur de biscottes, vous avez bien lu.
Alors qu'elle se réveille prise d'une gueule de bois assez monstrueuse, Anastasia est secourue par l'infatigable Christian qui, avec la délicatesse qu'on lui connaît, prend le temps de lui infuser son petit Earl Grey dans une tasse de porcelaine et de lui beurrer une tartine avec la douceur d'un restaurateur époussetant le plafond de la Sixtine. Et là, alors que la belle enfant tente de maintenir sa tête à peu près droite malgré les deux kilos de cernes qui ornent ses grands yeux de biche, voilà que Christian, telle une bête affamée, se jette sur le lit le torse entièrement dénudé, s'approche de la frêle jeune femme avec un regard de homard fou et donne un coup de dent vorace dans la biscotte qu'elle tentait d'approcher de ses lèvres encore frémissantes de la veille.
Je suis outrée! Qu'est-ce à dire? Monsieur commande pour 112 Dollars de pancakes maison, de brioches françaises, de thés rares tous droits sortis d'un comptoir indien et d'authentique marmelade anglaise pour venir lui croquer la biscotte jusque sur l'édredon? J'aimerais savoir ce que fait le CSA, la Ligue des Droits de l'Homme, Amnesty International? What the fuck? Je dis non. La biscotte, c'est sacrée. Chacun dans son assiette où il risque d'y avoir des morts à l'arrivée.
Nonobstant ces passages, que je caricature (à peine) pour amuser la galerie, je vous dirais que ce film est un chouette divertissement très fidèle au livre - pour ceux qui ont aimé -, que les acteurs y sont à leur place et que les scènes érotiques, l'un des centres de gravitation de l'histoire, sont très bien menées, avec délicatesse et sans vulgarité.
Si d'autres se laissent tenter, as usual, je suis bien curieuse d'avoir vos avis. Sur ce, l'hémiplégie ayant rétrogradé d'un préfixe pour se jeter sur ma face entière, je m'en vais regagner mon petit édredon douillet, en me pelotonnant dans la chaude conviction que, demain matin, personne ne viendra m'ôter ma tendre biscotte de sous mon nez.
Sur ce, gute Nacht! Bonne nuit! Adjieu Adjieu Adjieu!
*Pour les trois détraqués du fond, je parle de son hélicoptère. Car oui, Christian Grey possède un hélicoptère en placo blanc, une licence de pilote, un bâtiment entier à son nom et un dressing plus grand que vous trois appartements réunis. Mais restez calmes car ceci n'est que le début: sa penderie recèle encore bien des secrets.
Dernière édition par Dérinoé le Jeu 5 Mar 2015 - 23:42, édité 1 fois
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 5 Mar 2015 - 23:38
Et bien j'ai bien ri en lisant ta critique du film. La première fois que je l'ai vu, je dois avouer l'avoir trouve bavard et longuet malgré la beauté des acteurs et de la réalisation. Je l'ai revu plusieurs fois par la suite et j'apprécie de plus en plus je dois dire si on occulte certaines scènes et en ne gardant que la substantifique romance. Les dialogues que tu as réinventés sont très drôles.
PS: je ne lirai pas le livre pour autant. Un Twilight m'a suffit. Mais jé lirai bien un Thomas Hardy et ce serait une bonne occasion pour l'adaptation qui sort pprochainement.
Invité Invité
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 6 Mar 2015 - 8:38
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Dernière édition par TimesNewRoman le Mer 14 Oct 2015 - 16:22, édité 1 fois
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 6 Mar 2015 - 10:16
J'écoute la bande originale du film que je trouve vraiment pas mal. On y retouve Sia (c'est la musique que j'aime en ce moment) et cette chanson que je vous poste pour que vous puissiez l'apprécier:
J'ai entendu dire que la réalisatrice du premier film ne fera pas les deux autres. Je trouve cela dommage car elle a fait un bon film pour le peu de contenu qu'elle avait entre les mains (d'après ce que j'entends dire sur la qualité de l'écriture et du fonds du livre). J'ai peur de retrouver une suite insipide. Ce cas de figure a eu lieu pour les 3 derniers films de la saga Twilight. J'estime que Catherine Hardwicke a su créer un petit premier film original. Ne connaissant pas le phénomène littéraire américain, j'ai cru avoir affaire un nouvel film indépendant de la réalisatrice de Thirteen si ce n'est qu'on n'y parlait de façon singulière des vampires.
Dernière édition par Darcy le Ven 6 Mar 2015 - 19:33, édité 1 fois
PapiSido Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 282 Age : 79 Localisation : 69-Ecully Date d'inscription : 01/09/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 6 Mar 2015 - 12:01
@Derinoe Bravo!! Tu m'as presque donné envie d'aller voir!!! Toutefois, je pense que cela tient davantage à ton talent de conteuse qu'à la qualité du film. Mais qui sait ? A condition de pouvoir le voir sans alimenter leur tiroir-caisse ( télé, emprunt ?) je finirai peut-être par céder (en cachette bien sûr )
@tous Saisi du remords d'avoir critiqué sans connaître, j'ai lu ..... ( non, pas le livre, mon abnégation n'est pas telle et j'ai moi aussi mes limites) mais l'ensemble du sujet et, les amies, quelle tranche de rigolade depuis les quelques perles citées au début jusqu'aux menottes et cravaches de Fée Clochette et Lily of the Valley !!!!
Cassandre a écrit:
Ce que je trouve amusant dans ce débat, c'est que vous êtes toutes d'accord pour trouver ce livre nul
50 nuances de nullité !!! C'est bien là le charme. Littérairement nul, nous sommes tous - même Derinoe (??) - d'accord "50 shades, un sucés: grâce à ou malgré son indigence?": un bon sujet pour une dissertation ou un master ( pas une thèse quand-même, n’exagérons pas)
Au delà de la rigolade je suis complètement d'accord avec la tendance générale sur ce forum et que je résumerai en "insignifiant et inoffensif, à laisser au plus vite retrouver sa place naturelle: la poubelle de l'histoire" et je persiste à penser que tout a déjà été dit Toutefois, et pour le plaisir de la discussion (j'ai cru comprendre que Derinoé aime bien et je lui dois bien ça après la tranche de rire - digne d'une chronique de François Morel dans ses grands jours, vous vous rappelez celle sur Frigide Barjot qui se terminait par"Complique pas" - qu'elle nous a offert dans son dernier message) je vais répondre à ses réponses. Prenez cela comme un exercice de style mais ne vous réjouissez pas trop vite, pas de nouvelles polémiques en perspective.
Citation :
Citation :
2/ (rare) élément masculin dans cette Communauté très majoritairement féminine, je ne suis pas à l'aise pour intervenir dans un sujet où le sexe ( ou le genre ?) est central.
Pourquoi? Il me semble qu'un propos se juge à son contenu (et très éventuellement à sa forme), non au sexe de celui qui le prononce. Ne pas intervenir parce que tu es un homme au sein d'une communauté très majoritairement féminine, ce serait entériner la conception sexiste selon laquelle
sans doute un résidu de cette vieille culture judéo-chrétienne et du malaise qu'elle parvient à nous imposer sitôt qu'il est question de sexe. Nous devrions, je devrais avoir dépassé mais beaucoup reste encore à faire.
Citation :
Citation :
Ce qui me surprend surtout dans ce phénomène "50 shades...", c'est toute l'importance qu'on lui a donné, et l'intensité du débat qu'il a suscité même ici. C'est - d'aprés ce que j'en ai lu et entendu - un roman médiocre et très mal écrit (en français comme en anglais), alors pourquoi un tel buzz ??? Le goût de l'interdit?
Ma question serait la suivante: à supposer que la trilogie constitue un matériau de second ordre, pourquoi ne pourrait-on débattre que du Sophiste de Platon ou du Traité du désespoir de Soren Kierkegaard? À philosophie, tout objet est bon et il me paraît tout à fait étonnant que l'on insiste si souvent sur l'idée que seuls certains sujets, nécessairement sublimes, seraient susceptibles de se prêter à une réflexion profonde et intelligente. De mon point de vue, Cinquante nuances de Grey est très intéressant dans la mesure où il met à jour un certain moralisme ambiant, lequel semble découler d'une lecture à la fois simpliste et manichéenne de la réalité. Ce positionnement de principe vis-à-vis des livres ou du film concernés est d'ailleurs suffisamment puissant pour précéder ou exclure toute connaissance des oeuvres commentées. De là, il me semble assez passionnant de tenter de comprendre le pourquoi d'un telle réaction de masse vis-à-vis d'un ouvrage moralement assez inoffensif.
Nous disons tous deux la même chose je crois: "nul et inoffensif" Nul en tant qu'objet littéraire, nous pouvons avoir des nuances sur le degré de nullité, mais je ne t'ai pas lu défendre la qualité littéraire du texte. Il y a pire, sans doute mais c'est vraiment très bas. Intéressant par contre en tant que phénomène sociologique, assurément mais il n'y a guère eu de débat ici. A une exception prés toutes s'accordaient ( parfois en argumentant, souvent en rigolant ) sur le caractère inoffensif.
Citation :
Citation :
Mon impression est qu'il s'agit surtout d'une opération commerciale remarquablement menée - j'aime bien la terminologie "mom porn" et l'article de Télérama - peut-être pas initialement planifiée mais alors remarquablement récupérée-
Je trouve l'expression de "mommy porn" absolument inepte.
Peut-on du reste rappeler ici que l'un de vos derniers Prix Goncourt, l'inénarrable Michel Houellebecq, est un styliste d'une médiocrité remarquable, maniant l'interrogative indirecte avec la dextérité d'un sphénicisforme du Grand Nord et ne soignant (à peu près) que ses personnages masculins, la plupart des héroïnes étant réduites aux catégories bien senties de dévergondées dépressives ou de tireuses de pipe de premier plan. (Et je ne vous parle pas de fête foraine.) Sur le Forum ou ailleurs, j'ai entendu très peu de critiques ou de lecteurs s'émouvoir du battage médiatique, très largement élogieux, tenu par la presse autour d'une œuvre assez indigente et dont le mérite principal réside, me semble-t-il, dans le recours à des thèmes polémiques très convenus.
Là encore je suis complètement d'accord avec toi (tristounet comme débat !!! n'est-il pas?) J'ai du lire - par curiosité - un ou peut-être deux romans de cet "inénarrable" et cela m'a suffit
Dérinoé a écrit:
Si scandale il y a, et rien n'est moins sûr, il ne découle pas pour moi des débats, littéraires, sociologiques ou philosophiques engendrés par Cinquante Nuances de Grey mais dans le relatif consensus qui entoure des oeuvres dont le succès critique, eu égard à la confondante réalité des textes, semble totalement disproportionné.
Ta phrase est un peu alambiquée et je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire. Si tu es d'accord avec la reformulation suivante
Citation :
Si scandale il y a il est dans le relatif consensus engouement qui entoure des oeuvres dont le succès critique commercial , eu égard à la confondante réalité des textes, semble totalement disproportionné.
alors je dis exactement la même chose. Sinon il faut que tu précises ta pensée
Citation :
Citation :
C'est fondamentalement la même histoire (...)
Ah! Non,
Si, ( Bingo, j'ai enfin trouvé un point de désaccord) C'est la même histoire, l'histoire d'une fille qui par amour accepte une soumission qui n'est pas dans sa nature. Il n'y a pas le lieu d'établir ici une typologie des thématiques BDSM ( réelles ou fantasmées ), mais Histoire d'O comme 50 shades rentrent bien dans la même catégorie. Certes Histoire d'O est beaucoup plus violent, physiquement au moins. Psychologiquement, j'en suis moins sur ( je rappelle que je n'ai pas lu la chose). Il me semble à lire certains commentaires que Christian est passablement manipulateur, ce que ne sont ni René, ni Sir Stephen, ni Anne-Marie et en l’occurrence la manipulation mentale me parait infiniment plus dangereuse que les sévices physiques. N'exagérons rien toutefois, si manipulation il y a, elle me parait bien bénigne par rapport à d'autres. Je pense notamment à "l'Emprise" qu'évoquait Gaelle ou les folies djihaddistes que décrivaient un récent documentaire (sur France 2 je crois)
marie21 Lost in RA Sunbae
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 6 Mar 2015 - 13:00
PapiSido a écrit:
[justify]@Derinoe Bravo!! Tu m'as presque donné envie d'aller voir!!! Toutefois, je pense que cela tient davantage à ton talent de conteuse qu'à la qualité du film. Mais qui sait ?
tout à fait!!! Merci pour cette belle séance de cinéma, Dérinoe!!!! J'aurais été presque tentée de voir un film avec des dialogues aussi truculents!!! Mais non, j'avais déjà fait l'énorme bourde d'acheter le livre en Angleterre (quand le livre est sorti) et je regrette beaucoup d'avoir perdu de l'argent même en revendant mon livre chez Gibert! J'aurais mieux fait d'essayer de le revendre à un pris d'or au marché en essayant de vanter les mérites de la VO (aussi mauvaise que la VF ^^souvent, on croit que c'est mal traduit mais là, non)
Tout ça pour dire que non, j'ai déjà un budget très limité donc je ne ferai pas la folie de payer 10 euros une place de ciné pour aller voir ce truc!!!
Cassandre Sweet Indian Princess
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 6 Mar 2015 - 17:59
Merci Dérinoé pour ton talent de conteuse
TimesNewRoman a écrit:
Bon, c'est promis, je louerai le film à la bibliothèque municipale. (Je grouperai la chose avec quelque ouvrage sur l'Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers, cela meublera l'après-midi).
Merci Darcy pour la bande son, c'est très beau
Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Dim 8 Mar 2015 - 14:00
@ Darcy:
Ca me fait bien plaisir de te recroiser, Darcy!
Citation :
Et bien j'ai bien ri en lisant ta critique du film.
Merci beaucoup.
Citation :
Je l'ai revu plusieurs fois par la suite et j'apprécie de plus en plus je dois dire si on occulte certaines scènes et en ne gardant que la substantifique romance.
Oui, je comprends ce que tu veux dire. À mon sens également, les scènes qui réunissent uniquement Christian et Anastasia sont les plus intéressantes. On sent bien que les personnages secondaires, à l'instar de leurs familles respectives, servent essentiellement de ressorts mécaniques à l'intrigue. Il est du reste dommage que, dans ce premier volet, les talents de Jennifer Ehle et de Marcia Gay Harden n'aient pas été plus exploités.
Du point de vue de la romance, le film est en effet réussi.
Citation :
Les dialogues que tu as réinventés sont très drôles.
Merci. Ils ont jailli de ma tête au moment même où je regardais les scènes en question.
Citation :
PS: je ne lirai pas le livre pour autant. Un Twilight m'a suffit. Mais jé lirai bien un Thomas Hardy et ce serait une bonne occasion pour l'adaptation qui sort pprochainement.
Ah! Je ne savais pas qu'une adaptation de Tess d'Uberville était en préparation. Je sais qu'il existe déjà plusieurs pièces de théâtre, films et téléfilms tirés de ce roman mais je signale juste la version franco-britannique de Roman Polanski, intitulée Tess (1979), avec Nastassja Kinski dans le rôle titre et Peter Firth dans celui d'Angel Clare. Je l'ai vue il y a fort longtemps et, bien que je n'aie pas tout compris à l'époque, je me souviens l'avoir beaucoup aimé. Comme presque tous les films de Roman Polanski que j'ai pu voir, d'ailleurs.
Ah! C'est drôle: pour moi, c'est exactement le contraire. L'amie d'une amie, assez peu portée sur la lecture en général, était tombée amoureuse des romans Twilight au point de les dévorer à leur sortie en quelques heures seulement. Après m'avoir prêté le Tome 1, elle nous avait donc proposé de regarder ensemble le premier volet et j'étais impatiente de découvrir ce film qui faisait grand bruit au moment de sa sortie. Et là, ce n'est pas passé du tout. Du tout du tout. J'avais l'impression que tout, dans l'histoire, était enrobé par une sorte d'anémie profonde: les paysages, les couleurs, les relations humaines, les deux héros. J'ai failli m'endormir plusieurs fois et je n'ai du reste quasiment aucun souvenir de la deuxième partie du film. Là dessus, j'ai essayé d'enquiller avec le livre dont cette amie m'avait dit tant de bien. L'opus m'est tombé des mains: là aussi, impossible de me raccrocher à quoi que ce soit.
Je ne saurais dire pourquoi mais, dans mon cas, la fanfiction est passée infiniment plus facilement que l'oeuvre originale. Je crois que je n'ai trouvé aucun accès aux personnages de Twilight, ni à leurs comportements.
Citation :
J'ai entendu dire que la réalisatrice du premier film ne fera pas les deux autres. Je trouve cela dommage car elle a fait un bon film pour le peu de contenu qu'elle avait entre les mains (d'après ce que j'entends dire sur la qualité de l'écriture et du fonds du livre). J'ai peur de retrouver une suite insipide.
Oui, j'ai également eu vent de cette rumeur par la radio: il semble que les rapports entre Sam Taylor-Johnson et E. L. James aient été par trop exécrables pour donner envie à la réalisatrice de poursuivre son travail. Et en effet, tu as raison: le choix du réalisateur pourrait s'avérer assez délicat pour la qualité de l'adaptation.
Citation :
J'écoute la bande originale du film que je trouve vraiment pas mal. On y retouve Sia (c'est la musique que j'aime en ce moment) et cette chanson que je vous poste pour que vous puissiez l'apprécier:
Très jolie chanson des Vaults, en effet.
Je poste également trois autres chansons, tirées de la bande-son, que je trouve fort réussies:
Spoiler:
Annie Lennox, I put a Spell on you (reprise de Screamin' Jay Hawkins, 1956) in Nostalgia et Fifty Shades of Grey, 2014:
Beyoncé, Crazy in Love (remix) in Fifty Shades of Grey, 2014:
Sia, Salted Wound in Fifty Shades of Grey, 2014:
@ TimesNewRoman:
Citation :
Ah ah ah!!... Merci, grand merci Dérinoé, pour ce morceau de bravoure visiblement rédigé sous Rhinofébral, meth et herbe à chat, et qui sauve par avance ma journée!...
My pleasure.
Citation :
Tu m'as déridée pour cent ans, j'en parais dix-huit maintenant...
C'est l'effet Cinquante Nuances de Grey. Soit tu perds cent ans d'un coup, soit tu trépasses dans l'instant. Parfois les deux en même temps.
Citation :
Bon, c'est promis, je louerai le film à la bibliothèque municipale. (Je grouperai la chose avec quelque ouvrage sur l'Agonie de Jésus au Jardin des Oliviers, cela meublera l'après-midi).
N'oublie pas un exemplaire illustré d'Olympe de Gouges.
@ PapiSido:
Citation :
Bravo!! Tu m'as presque donné envie d'aller voir!!!
Merci.
J'espère quand même que la production songera à mes étrennes en temps voulu.
Citation :
Mais qui sait ? A condition de pouvoir le voir sans alimenter leur tiroir-caisse ( télé, emprunt ?) je finirai peut-être par céder (en cachette bien sûr Very Happy)
Hé! C'est là toute l'astuce.
Citation :
Littérairement nul, nous sommes tous - même Derinoe (??) - d'accord
Non, pas du tout. Je ne suis pas d'accord et, encore une fois, le tocsin outré résonnant sur ce topic me laisse totalement perplexe, surtout lorsque je vois une écrasante majorité de participants asséner à coups de messages fluorescents et palindromiques n'avoir jamais approché le livre à moins de 50 mètres (avec des gants et une combinaison de chimiste), ni compter l'approcher dans un avenir proche.
D'abord, en effet, je concède qu'il ne s'agit pas d'une oeuvre de styliste. Mais je me permets d'attirer l'attention des âmes nobles et délicates sur le fait que nombre d'ouvrages à succès sur lesquels personne ne songerait à jeter l'anathème sont au meilleurs des cas indifférents à l'art du style et, au pire, assez franchement disgracieux. À lire ce topic, j'ai sentiment que seuls François Rabelais, Monsieur de La Bruyère, Louis-Ferdinand Céline, Marcel Jouhandeau et Marguerite Yourcenar sont à mêmes de susciter le plaisir et le respect des lecteurs de ce fil. Permettez-moi d'émettre quelques réserves: on peut écrire moins bien, du point de vue du style ou de toute autre exigence de l'art, tout en possédant cependant des qualités littéraires certaines à même de toucher ou de séduire un lecteur.
Ensuite, je reconnais des qualités littéraires à cette trilogie, lesquelles sont en effet sans rapport aucun avec le maniement du style, mais dont la réussite contribue selon moi grandement au succès du livre.
Primo, les dialogues oraux ou écrits - notamment entre Christian et Anastasia - sont plutôt bien torchés et quoique l'on en pense au Café de Flore, il n'est pas si aisé qu'on pourrait le croire de construire un échange verbal qui relève à la fois les défis du rythme, de la crédibilité, de l'humour, du suspens et de ce minimum de fond sans lequel personne ne pourrait s'intéresser aux personnages. À tous ceux qui trouvent qu'E. L. James est un auteur d'une nullité sans nom, je recommande de prendre la plume et d'essayer, dans le secret de la chambre, d'élaborer par écrit une conversation amoureuse ou érotique qui soit à même de captiver un lecteur. Vous verrez que l'exercice est loin d'être évident et que, de ce fait, l'auteur ne s'en tire pas si mal. La manière dont elle use par ailleurs des échanges e-mails entre les deux protagonistes dans les Tomes 1 et 2 est bien trouvée et permet de mettre un piquant certain dans la relation en instaurant entre eux un mécanisme typique de la romance: le jeu du chat et de la souris.
Plus largement, E. L. James parvient à faire parler de manière à peu près crédible - et cela suffit généralement à alimenter l'intérêt du lecteur - des personnages aussi différents que des parents, des médecins, des psychiatres, des étudiants ou des requins de la finance. Or il n'est pas chose évidente que de trouver une "voix", c'est-à-dire une personnalité et un comportement transparaissant dans la parole, pour des individus vraisemblablement aussi différents les uns des autres. Encore une fois, si vous trouvez que cette réussite-là mérite à peine d'être mentionnée, je vous invite à tenter l'expérience: vous verrez que la construction psychologique d'un personnage, même lorsqu'il s'agit d'une romance bon marché, est tout sauf simple.
Secundo, le livre constitue un mélange intuitif assez équilibré entre divers genres, lesquels se rehaussent les uns les autres au fil des épisodes: comédie, drame, vaudeville, policier, thriller, aventure et j'en oublie sans doute quelques autres. Là encore, l'auteur parvient à captiver son lecteur sur des milliers de pages, sans que l'intérêt faiblisse jamais ou ne s'essouffle. (Je parle évidemment pour les lecteurs qui ont accroché dès les premiers chapitres.)
Tertio, les scènes érotiques sont plutôt bien menées, me semble-t-il. Et quand je dis "bien menées", je ne parle pas d'une quelconque excellence stylistique mais du but vraisemblablement recherché par le l'auteur et qui consiste à offrir un moment de plaisir à son lecteur. Là encore, nous tombons dans un registre littéraire très spécifique que tout les écrivains, indépendamment de leur génie propre, ne sont pas à même de maîtriser. De même que tout auteur n'est pas nécessairement capable d'écrire un bon policier ou un bon roman d'aventure.
Vous me direz que vous connaissez des auteurs de romans érotiques infiniment meilleurs que ceux d'E. L. James. Je vous répondrais que je vous crois sur parole et que je ne prétends pas que cette trilogie a atteint un niveau d'excellence insurpassable: je vous dis que, du point de vue du genre dont elle relève, elle fonctionne sur de très nombreux lecteurs. De même que je peux satisfaire mes invités avec un petit plat vite fait et quelques ingrédients simples et bon marché, de même E. L. James parvient-elle à ses fins avec une histoirettes de conte de fée hollywoodien bien balancée et qui, sans relever de la gastronomie française de haut vol, remplit son office auprès de ses lecteurs.
Quarto, l'un des préjugés courant sur les livres voudrait que les personnages soient caricaturaux au point de bloquer tout processus d'identification pour le lecteur. Je ne suis pas d'accord. J'ai trouvé que, pour une série de ce type-là - qui n'entend pas rivaliser non plus avec les Mémoires de Saint-Simon -, les caractères étaient plutôt nuancés (sur très exactement cinquante de gris), avec suffisamment de contradictions internes, de reliefs et d'anfractuosités pour conserver l'intérêt du lecteur. Là encore, il est d'usage de moquer les stéréotypes incarnés par chacun des personnages mais, pour un conte de fée grand public relevant plus du fantasme que de l'analyse psychologique, je trouve le résultat très acceptable.
Je ne saurais vous dire combien de romans francophones, sur le marché actuel, m'ont laissée dans la bouche un goût infiniment plus amer, du point de vue de l'épaisseur et de la crédibilité des personnages. Romans par ailleurs souvent salués par une critique enthousiaste et unanime. Je pense à Florian Zeller - qui nous réinvente régulièrement les personnages ô combien innovants du poète maudit et de la la muse insaisissable mais follement enamourée -, je pense à David Foenkinos - qui ne craint pas l'excès de bons sentiments et le chant, tout à fait original également, de la paix entre les peuples et les pâquerettes -, je pense à Michel Houellebecq - dont les personnages, largement au-dessus du peuple broutant sa verdure sans se poser de question, dégueulent l'inanité du monde (sans oublier de tirer un petit coup au passage, bien sûr) à longueur de beuverie et d'échecs programmés. Et il ne vous aura pas échappé que ces auteurs-là ne se rangent en aucun cas dans la catégorie du fantasme assumé qu'E. L. James, elle, ne craint pas de s'approprier en toute décontraction
Pour résumer, je dirais ceci: je crois que ce fil est le premier, sur le Forum, à suggérer l'idée d'une part qu'une oeuvre ne pourrait s'apprécier et se jauger qu'à son style et que, d'autre part, quand bien même l'on admettrait d'autres critères d'évaluation, on ne saurait porter de jugement littéraire qu'en la comparant aux oeuvres les plus sublimes produites jusqu'alors. Je ne m'accorde à aucun de ces deux principes - et Dieu sait, pourtant, si j'aime et révère à la fois les grands stylistes et les grands techniciens du roman. Mais, pour ma part, je peux apprécier une oeuvre typée comme celle-ci au regard de ses qualités propres et ne me sens en aucun cas contrainte de sabrer ses éventuels points forts, au motif que les siècles auraient déjà connu Jane Austen, Franz Kafka, Marcel Proust ou Jorge Luis Borges.
Citation :
Au delà de la rigolade je suis complètement d'accord avec la tendance générale sur ce forum et que je résumerai en "insignifiant et inoffensif, à laisser au plus vite retrouver sa place naturelle: la poubelle de l'histoire" et je persiste à penser que tout a déjà été dit
Insignifiant pour qui? Pour toi, il me semble. Mais pourquoi parler pour le monde entier? Et inoffensif de quel point de vue?
Citation :
Toutefois, et pour le plaisir de la discussion (j'ai cru comprendre que Derinoé aime bien et je lui dois bien ça après la tranche de rire - digne d'une chronique de François Morel dans ses grands jours, vous vous rappelez celle sur Frigide Barjot qui se terminait par"Complique pas" - qu'elle nous a offert dans son dernier message) je vais répondre à ses réponses. Prenez cela comme un exercice de style mais ne vous réjouissez pas trop vite, pas de nouvelles polémiques en perspective.
Tu es bien bon, PapiSido. Ta magnanimité t'emmènera tout droit au paradis.
Dérinoé, qui apprécie toujours que l'on parle d'elle à la troisième personne du singulier - car cela lui donne l'impression grisante de se placer entre Jules César et Alain Delon - te fait toutefois demander à qui s'adresse ces mises à garde contre un goût trop hâtif pour la polémique. Ne me dis pas que les Lambtoniens se languissent de disputes : je ne te croirais pas.
Citation :
Nous disons tous deux la même chose je crois: "nul et inoffensif"
Non, moi, je ne le trouve ni nul, ni inoffensif. (Mais, encore une fois, qu'est-ce qu'une littérature "inoffensive"?) Et j'ajouterais même que si le livre m'était tombé des mains, je n'aurais certainement pas lu les deux Tomes suivants. Lors de ma première tentative, j'ai laissé en plan le premier volume de Guerre et Paix de Léon Tolstoï: tu te doutes bien que je ne me serais pas forcée pour Cinquante Nuances de Grey.
Tu noteras cela dit que la Toile regorge de lecteurs ayant souffert un véritable martyr, à la fois littéraire, moral et psychologique, à la lecture du premier Tome mais qu'un courage héroïque a tout de même poussés à traverser la trilogie de bout en bout, ce jusqu'à la toute dernière page du tout dernier volume. C'est ce que j'appelle vendre son corps à la science.
Citation :
Pouvons nous tomber d'accord la-dessus?
Je crains que non. L'article part du présupposé que ce livre est littérairement méprisable. Or à ce stade de mes développements, il ne t'aura pas échappé que je ne partage pas ce point de vue.
Citation :
Ta phrase est un peu alambiquée et je ne suis pas sûr de comprendre ce que tu veux dire. Si tu es d'accord avec la reformulation suivante Citation : Si scandale il y a il est dans le relatif consensus engouement qui entoure des oeuvres dont le succès critique commercial , eu égard à la confondante réalité des textes, semble totalement disproportionné.
Pas tout à fait.
En préambule, je précise que, selon moi, le lectorat a toujours raison d'aimer ce qu'il aime et qu'à moins d'avoir les moyens de son dogmatisme esthétique, il est absolument impossible de démontrer irréfutablement la piètre qualité d'un ouvrage. Si les lecteurs achètent en masse et apprécient Cinquante Nuances de Grey ou Extension du Domaine de la Lutte, c'est qu'ils ont de bonnes raisons de les acquérir et de les aimer: il ne ferait donc aucun sens de tenter de démontrer en quoi ces livres sont objectivement mauvais et, de ce fait, pourquoi leurs lecteurs commettent une erreur évidente en s'y adonnant de bon coeur. Mon propos ne tend donc en aucun cas à discréditer l'intérêt porté par nombre de lecteurs aux livres de Michel Houellebecq. Pour moi, un succès commercial ne se discute pas: quand les gens aiment, ils ont raisons d'aimer. Puisqu'ils ont nécessairement leurs raisons d'aimer, lesquelles sont toujours bonnes à leurs yeux.
Ce que je voulais dire par là, c'est que je ne vois pas en quoi le succès d'une oeuvre comme Cinquante Nuances de Grey relèverait d'un quelconque scandale littéraire: quels que soient les défauts que l'on puisse lui trouver, il s'agit d'un triptyque grand public, s'inscrivant essentiellement dans le genre de la romance conte de fée et ne nourrissant par ailleurs aucune prétention formelle ou philosophique. En revanche, je trouve parfois scandaleux la génuflexion unanime dont certains romans très moyens sont l'objet de la part de lecteurs professionnels. Que l'on apprécie Michel Houellebecq est une chose: qu'on l'estampille "génie littéraire du temps", quand on sait ce que la Francophonie a produit et produit encore d'immenses romanciers ou, plus simplement, de bons écrivains, tend à me sidérer. Pour moi, si scandale il y a - mais, à titre personnel, je vois rarement scandale dans les domaines où l'intégrité humaine n'est pas en jeu -, il est dans cet écart confondant entre la réalité des textes d'un côté et la critique, souvent inadéquate, qui en est produite de l'autre.
Je voulais donc mettre en contraste d'un côté une saga peut-être médiocre sous certains aspects mais sans prétention aucune et apportant plaisir et divertissement à ses lecteurs et, de l'autre, des livres assez ternes portés au pinacle par la critique comme des chefs-d'oeuvre de style et d'intelligence.
Citation :
C'est la même histoire, l'histoire d'une fille qui par amour accepte une soumission qui n'est pas dans sa nature. Il n'y a pas le lieu d'établir ici une typologie des thématiques BDSM ( réelles ou fantasmées ), mais Histoire d'O comme 50 shades rentrent bien dans la même catégorie. Certes Histoire d'O est beaucoup plus violent, physiquement au moins.
Sous réserve d'une relecture d'Histoire d'O, dont j'ai peut-être oublié certaines composantes avec le temps, je ne partage toujours pas ton point de vue.
D'abord, bien que je n'en sois pas certaine, je me dis que, du point de vue de la classification littéraire, il peut y avoir lieu d'établir une typologie des thématiques B.D.S.M., et ce pour une raison très simple. Les littératures de genre - par exemple, les livres d'horreur, les romans policiers, les romans d'amour, les romans psychologiques - ont ceci de particulier qu'elles se définissent essentiellement par l'effet produit sur le lecteur. Lorsque vous entamez un livre d'horreur en toute connaissance de cause, vous attendez que l'auteur suscite en vous la peur, l'angoisse ou la tétanie. Lorsque vous vous lancer dans un roman policier, c'est que vous avez envie que le suspens vous promène et vous bluffe les yeux fermés d'un bout à l'autre de l'intrigue.
Le présupposé, pour le genre de la romance érotique, est tout à fait analogue. Or, je ne suis pas sûr que l'effet recherché soit le même dans le cas du sadisme et dans celui de la la domination, tous deux consensuels bien sûr. Dans le premier, il s'agit d'infliger une douleur physique, dans le second de prendre le pouvoir ou le contrôle de la situation. Il me semble que si ces genres constituent tous deux des sous-catégories du roman érotique, ils se distinguent néanmoins assez fortement du point de vue de l'imaginaire et le fait que l'un fonctionne sur un lecteur n'impliquera pas nécessairement que l'autre fonctionne aussi.
Du point de vue des pratiques pures, Histoire d'O me semble relever du sadisme le plus cru alors qu'à une petite exception près, Cinquante Nuances de Grey tombe dans la catégorie exclusive des rapports de domination.
Maintenant, j'ajouterais que les deux livres ne relèvent pas du tout du même registre, pour moi. Cinquante Nuances de Grey est une romance nette et carré, avoisinant le conte de fée moderne, dont l'intrigue principale repose sur une relation amoureuse et qui, selon la norme du genre, finit bien. Deux êtres se rencontrent, se plaisent et entament une relation charriant avec elle son lot d'excitation, de découvertes, de problèmes, d'angoisses, de disputes et de retrouvailles. Classique.
Si Histoire d'O est un roman d'amour, il n'est en revanche ni romance, ni net, ni carré. Dans mon esprit, il s'agit d'une sorte de roman mystique sur le don amoureux élevé à l'art le plus tragique de la dissolution ou de la destruction de soi: c'est une sorte de cri métaphysique lancé par une femme, O, à la face de l'homme qu'elle aime, René, et pour qui elle accepte d'annihiler toute volonté propre, au point de n'exister en fin de compte que dans sa volonté à lui. Il y a quelque chose de presque christique, là-dedans. Histoire d'O, c'est le récit de l'abandon délibéré du soi le plus intime, aux confins du mysticisme et de la folie pure. Moins classique.
De ce point de vue-là aussi, je trouve les deux livres incomparables - parce que sans rapport du point de vue de leurs substances et de leurs fins respectives.
Citation :
Psychologiquement, j'en suis moins sur ( je rappelle que je n'ai pas lu la chose). Il me semble à lire certains commentaires que Christian est passablement manipulateur, ce que ne sont ni René, ni Sir Stephen, ni Anne-Marie et en l’occurrence la manipulation mentale me parait infiniment plus dangereuse que les sévices physiques.
Christian est tout sauf un manipulateur. Je dirais même que, pour le lecteur, il est clair comme de l'eau de roche, tant ses actions suivent ses pensées de manière honnête, ouverte et quasiment systématique. Il lui arrive d'être étouffant avec Anastasia mais ce mécanisme psychologique même procède de ressorts parfaitement lisibles, et pour elle, et pour nous.
Et pour ce qui est d'Histoire d'O, je suis d'accord avec toi: la seule violence psychologique réelle, c'est celle que s'inflige O à elle-même - doublée, peut-être, par celle de René acceptant un don de soi aussi irrémédiable.
Citation :
N'exagérons rien toutefois, si manipulation il y a, elle me parait bien bénigne par rapport à d'autres. Je pense notamment à "l'Emprise" qu'évoquait Gaelle ou les folies djihaddistes que décrivaient un récent documentaire (sur France 2 je crois)
La comparaison n'a pas lieu d'être. La relation entre Christian et Anastasia est purement consensuelle.
@ Marie21 et @ Cassandre:
Merci d'avoir lu.
Dernière édition par Dérinoé le Dim 8 Mar 2015 - 20:27, édité 2 fois
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Dim 8 Mar 2015 - 15:23
@Derinoé:
Citation :
Ca me fait bien plaisir de te recroiser, Darcy!
Je ne poste plus vraiment sur le forum depuis plusieurs mois mais j'essaie de te me tenir au courant. Je vois que tu arbores Persuasion, j'aime cette scène lorsque l'actrice regarde la caméra en face et fait passer les émotions de son journal intime.
Citation :
Il est du reste dommage que, dans ce premier volet, les talents de Jennifer Ehle et de Marcia Gay Harden n'aient pas été plus exploités.
Biensûr, en ce qui concerne Jennifer Ehle, cela me fait plaisir de revoir cette actrice qui vieillit bien en fait.
Citation :
Je ne savais pas qu'une adaptation de Tess d'Uberville était en préparation
Je pensais plutôt à Loin de la foule déchaînée (Far from the madding crowd) avec Carey Mulligan. Mais je pense que le fait qu'Anastasia préfére Thomas Hardy à Jane Austen révèle quelque chose de sa personnalité que je ne comprends pas parce que je ne connais pas l'écrivain. Biensûr j'ai déjà vu Jude et il y a longtemps l'adaptation de Polansky et il clair que les héroïnes de JA et TH sont différents mais dans quelle mesure, il ne faut pas me le demander n'ayant pas eu l'occasion de le lire. Je sais que dans Tess, le personnage masculin est un séducteur redoutable qui entraine Tess loin.
Citation :
Primo, les dialogues oraux ou écrits - notamment entre Christian et Anastasia - sont plutôt bien torchés
Je suis allée lire sur Google un extrait et je n'ai pas trouvé le style si "minable". En effet les dialogues sont plutôt enlevés. Ils sont vifs et légers et vous emmène à la ligne du dessous, si je puis dire, sans difficulté.
Citation :
Tertio, les scènes érotiques sont plutôt bien menées, me semble-t-il. Et quand je dis "bien menées", je ne parle pas d'une quelconque excellence stylistique mais du but vraisemblablement recherché par le l'auteur et qui consiste à offrir un moment de plaisir à son lecteur
Je veux juste faire un retour d'expérience er rebondir sur ce que tu dis. Je suis une adepte des Harlequins des années 70-80 (surtout par nostalgie). J'ai eu, il y a quelques années, un Harlequin récent entre les mains. Je l'ai parcouru et choquée par les évocations sexuelles et anatomiques, je l'ai reposé aussi sec. En 30 ans, la littérature féminine a bien changé, je me demande si les époques suivent une certaine évolution des goûts des femmes pour le sexe ou pour une certaine liberté sexuelle plus (ac)crue. Quand je lis ces extraits de FSoG et des Harlequins actuels, je ne vois pas de différence et des millions de femmes d'aujourd'hui en sont friandes.
Par ailleurs, je trouve la critique facile envers ces femmes qui aiment ces récits érotiques qui fait malgré tout la part belle à la romance et qui rend heureuse l'héroïne et la lectrice en passant. J'ai entendu les pires choses sur ces lectrices, propos surtout tenus pas des hommes d'ailleurs, comme quoi ce sont des frustrées, et bien si il y a autant de femmes frustrées (environ 40 millions de lectrices, je crois) et bien moi ça me rend triste et si cela les rend plus heureuses tant mieux de fantasmer sur un homme, jeune, beau, riche et puissant qui fait prendre son pied à une femme (et dont l'histoire termine comme dans un conte de fée par un mariage), tant mieux!
Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Lun 9 Mar 2015 - 13:33
@ Darcy:
Citation :
Je vois que tu arbores Persuasion, j'aime cette scène lorsque l'actrice regarde la caméra en face et fait passer les émotions de son journal intime.
Moi aussi: ces scènes-là, qui ponctuent le film de bout en bout, comptent parmi mes favorites. Elles donnent à l'histoire un relief particulier, je trouve.
Citation :
Je pensais plutôt à Loin de la foule déchaînée (Far from the madding crowd) avec Carey Mulligan.
D'accord! Je ne savais même pas que Far from the madding Crowd était un livre de Thomas Hardy!
Citation :
Mais je pense que le fait qu'Anastasia préfére Thomas Hardy à Jane Austen révèle quelque chose de sa personnalité que je ne comprends pas parce que je ne connais pas l'écrivain.
Je mets les quelques informations inhérentes à ce point sous spoiler, pour ceux qui voudraient encore lire le livre.
Spoiler:
Dans le premier Tome, Tess d'Uberville joue un double rôle entre Anastasia et Christian. D'abord, après leur premier café ensemble, Christian envoie à Anastasia une édition originale de Tess d'Uberville en trois volumes, accompagnée d'un extrait du roman recopié sur un bristol.
Et plus tard, lorsque Anastasia décide de signer le contrat de Christian, elle lui rend les éditions originales, qu'elle juge beaucoup trop chères pour les conserver, accompagnée d'une autre citation du roman: "J'accepte les conditions, Angel: car tu sais mieux que quiconque ce que devrait être ma punition: seulement - seulement - ne la rends pas plus dure que je ne pourrais la supporter."
Citation :
Je suis allée lire sur Google un extrait et je n'ai pas trouvé le style si "minable". En effet les dialogues sont plutôt enlevés. Ils sont vifs et légers et vous emmène à la ligne du dessous, si je puis dire, sans difficulté.
Non, je ne trouve pas non plus que le style soit "minable", en effet. Je pense que les dialogues constituent l'un des plus grands atouts du livre; atout sans lequel la trilogie se serait sans doute beaucoup plus rapidement essoufflée auprès des lecteurs.
Et surtout, ce qui me frappe, c'est que, quand bien même on serait sincèrement allergique au style de l'ouvrage, l'acharnement dont il est l'objet me paraît très suspect. Comme le relevait TimesNewRoman plus haut, il paraît chaque année un nombre important de romans estampillés "littérature authentique" - vous savez, avec de vrais morceaux de mots et de vrais morceaux de style dedans - dont le niveau d'indigence à la fois formelle et philosophique patent ne suscitera jamais un dixième des moqueries essuyé par Cinquante Nuances de Grey: la différence de traitement ne se justifie pas et révèle selon moi, car cela reste mon hypothèse, une sorte de difficulté à parler ouvertement et calmement de littérature érotique.
Je sors tout juste du Corps d'Agnès Le Roux de Patrick Besson (2008), chronique nostalgique d'une époque révolue - les milieux aisés du Nice des années septante - centrée autour d'un fait divers, à savoir la disparition d'une riche et jeune héritière, Agnès Le Roux, sans doute machinée par son intriguant avocat. Dans cette espèce de semi-hébétude qui suit généralement la réception d'un caillou en plein sur le front, j'ai réussi à tirer ma lecture jusqu'au bout mais Seigneur Jésus! J'avais envie de me percer les molaires avec un poinçon de métro à chaque début de chapitre.
Morceaux choisis:
Spoiler:
Citation :
"On commencera par la fille. Toutes les histoires sont des histoires de filles. L'amour qu'on fait ou pas avec elles,* les banques qu'on braque ou pas pour elles,** les bouquins qu'on écrit ou pas contre elles.*** Sans les filles, le monde ne tournerait pas rond: il ne tournerait pas. Elles sont belles comme le jour de notre mort. S'il n'y avait pas de fille, aucun homme ne voudrait devenir riche, du coup, il n'y aurait aucun criminel, car il n'y aucun moyen de faire fortune sans tuer, d'où l'encouragement à la pauvreté qu'on trouve dans l'Evangile. Ce serait le Paradis. Au Paradis il n'y a pas de filles: elles sont en enfer avec nous." (P. 13-14.)
Citation :
"Dans mère de, il y a merde. Toutes les mères sont des mères de. Quant aux pères, ils perdent: pères de." (P. 32.)
Citation :
"La guerre sépare les amoureux, sauf quand l'homme a passé l'âge d'être mobilisé." (P. 36.)
Citation :
"Devait aller en Tunisie avec son mec, se retrouve à Mykonos avec une copine. La loose. Il n'y a pas eu un type, en septembre 77, à Mykonos, pour séduire cette belle héritière de vingt-neuf ans et lui faire oublier ses soucis. Voilà pourquoi il faut draguer toutes les filles: dans le tas, on en sauve au moins une ou deux de la disparition." (P. 78.)
Extraits de Patrick Besson, Le Corps d'Agnès Le Roux, 2008.
*Une histoire de pénis, donc. Comme c'est original. **Mais avec son pénis, ou bien? ***Toujours avec son pénis? Ca explique bien choses!
Notez par ailleurs que les histoires sont une affaire d'hommes et d'hétérosexuels en premier lieu. La littérature toute entière, d'ailleurs. Eh! Oui, le pénis et les filles, vous comprenez?
Pour moi, ce livre est une catastrophe, un florilège de clichés grossiers et de jeux de mots, réitérés jusqu'à dix fois par chapitre, tous droit sortis de l'Almanach Vermot. Je ne vois rien à sauver, ni sur le fond, ni sur la forme. Mais rien. Ce qui, pour comparaison, n'est absolument pas le cas de Cinquante Nuances de Grey, qui exploite une veine bien précise et, au vu de ce qu'il promet aux lecteurs, s'en tire plutôt pas mal.
Citation :
Je veux juste faire un retour d'expérience er rebondir sur ce que tu dis. Je suis une adepte des Harlequins des années 70-80 (surtout par nostalgie). J'ai eu, il y a quelques années, un Harlequin récent entre les mains. Je l'ai parcouru et choquée par les évocations sexuelles et anatomiques, je l'ai reposé aussi sec. En 30 ans, la littérature féminine a bien changé, je me demande si les époques suivent une certaine évolution des goûts des femmes pour le sexe ou pour une certaine liberté sexuelle plus (ac)crue. Quand je lis ces extraits de FSoG et des Harlequins actuels, je ne vois pas de différence et des millions de femmes d'aujourd'hui en sont friandes.
Je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi: tu veux dire que les Harlequins d'il y a trente ou quarante ans sont tout à fait comparables, du point de vue de l'érotisme, à Cinquante Nuances de Grey? Ou beaucoup plus explicites que les romances érotiques d'aujourd'hui?
Citation :
Par ailleurs, je trouve la critique facile envers ces femmes qui aiment ces récits érotiques qui fait malgré tout la part belle à la romance et qui rend heureuse l'héroïne et la lectrice en passant. J'ai entendu les pires choses sur ces lectrices, propos surtout tenus pas des hommes d'ailleurs, comme quoi ce sont des frustrées, et bien si il y a autant de femmes frustrées (environ 40 millions de lectrices, je crois) et bien moi ça me rend triste et si cela les rend plus heureuses tant mieux de fantasmer sur un homme, jeune, beau, riche et puissant qui fait prendre son pied à une femme (et dont l'histoire termine comme dans un conte de fée par un mariage), tant mieux!
Je ne saurais dire à quel point je partage ton avis, Darcy. Et je voudrais moi aussi ajouter quelque chose à ton commentaire.
Je crois que sur la totalité des articles glanés dans la presse ou sur la Toile, un bon 90% se répartit en deux grandes catégories opposées qui, paradoxalement, se rejoignent dans leur dégoût de l'ouvrage. D'un côté, ceux qui, brandissant le drapeau du progressisme politico-social, estiment que les livres ou le film constituent une honte pour le combat féministe; de l'autre, ceux qui moquent avec le mépris du vieux routier son imaginaire sexuel prétendument mièvre, banal et inoffensif, en bref tout à fait féminin. Ainsi, la domination psychologique et sexuelle décrite dans la trilogie est perçue soit comme l'instrument d'un avilissement de la femme, inadmissible à notre époque, soit comme le ressort d'une bluette niaise indigne d'un fantasme authentique - c'est-à-dire, généralement, indigne d'un fantasme censément masculin. Et j'ajoute que je ne sais combien j'ai lu de compte-rendus, souvent rédigés par des hommes, s'adressant exclusivement à des femmes et les incitant avec agacement à balancer par la fenêtre cette romance plate et stupide et à "se mater un bon porno" pour apprendre enfin les rudiments d'un rapport B.D.S.M. authentique. (Je vois que certaine sollicitude propre à la galanterie ne se perd pas.)
Pour moi, cette bipolarisation des opinions est très instructive.
Primo, elle indique qu'il est extrêmement difficile de parler publiquement de fantasme en littérature sans introduire dans la discussion une norme d'évaluation, qu'elle soit politique, sociale, morale, esthétique ou sexuelle. L'immense majorité de ceux qui, dans un article ou un commentaire, aborde l'érotisme des livres ou du film évite de se positionner personnellement vis-à-vis des fantasmes qu'il relaie en substituant, à un sentiment propre, une forme de jugement, quel qu'il soit: la relation sexuelle (et, de ce fait, psychologique) développée par les deux héros est "réactionnaire", "rétrograde", "criminelle", "mièvre jusqu'à l'écoeurement", "bébête", "sans rapport avec les codes réels du B.D.S.M."*. Vous noterez que, paradoxalement, cette oeuvre fait dans un même temps honte et aux femmes, et au "vrai" porno! Un tour de force.
Pour moi, c'est oublier que, dans le monde du fantasme, tout est juste, tout est bien, tout est acceptable. On peut ensuite, en tant que public, se retrouver ou non dans l'imaginaire d'un auteur mais il me semble que le jugement ou l'évaluation ne sont pas de mise, dans ce domaine. Il fait peu de sens d'asséner à un interlocuteur que ses fantasmes sont politiquement incorrects ou, au contraire, beaucoup trop neuneus. Du reste, il est intéressant de constater que, derrière son masque libéral progressiste, le discours social actuel tend à expliquer aux uns et aux autres comment il est acceptable de bander et dans quel appareillage psychologique. Du politiquement correct, certes - avec une répartition des actes et des plaisirs à la fois parfaitement équitable et dûment syndiquée - mais, également, si vous souhaitez pimenter un peu l'ordinaire de votre très morale monogamie, de la vraie pornographie, s'il vous plaît, avec de vrais morceaux de porno dedans, tels que le sexe fort saura vous en prescrire si vous ne savez en trouver par vous-mêmes.
Secundo, comme tu l'as très justement relevé, il me semble que l'imaginaire des films ou du livre est systématiquement associé à un public féminin, et ce dans la mesure où les désirs masculins seraient, par nature, nettement plus musclés.
D'abord, je ne suis absolument pas certaine que les fantasmes soient sexués et je pense que, si nous pouvions sonder les cerveaux humains sans en passer par la parole, nous serions peut-être fort étonnés de découvrir que les images et les pensées ne varient pas d'un sexe à l'autre, mais d'un individu à l'autre. Le découpage selon lequel les femmes rêveraient toutes de faire l'amour dans des draps de soie parsemés de pétales de roses rouges, au son de l'Adagio d'Albinoni et les hommes de prendre part à un simulacre de viol sur trois mannequins tchèques ligotées dans une cave obscure me paraît très, très sujet à caution. Et cela sans compter que, dans la sexualité comme dans tout, il est fort probable que des désirs très différents les uns des autres se superposent en chacun de nous, se relayant les uns les autres selon l'âge, le moment, la situation.
Ensuite, en admettant même qu'il existe réellement une répartition sexuée des fantasmes et que Cinquante Nuances de Grey relève d'un imaginaire purement féminin, de quel droit se permettrait-on de moquer et de rabaisser des représentations érotiques, en considérant les siennes propres comme seules dignes d'intérêt ou de respect? Quel étrange dogmatisme que celui-là! Faut-il aussi que ceux qui aiment les fraises soient livrés aux quolibets de ceux qui préfèrent les pommes, sachant du reste que ni les uns ni les autres n'ont choisi leur inclination propre? Que ceux qui ont les cheveux noirs anéantissent ceux qui arborent des cheveux blonds? Que ceux qui aiment la mer insultent publiquement ceux qui préfèrent la montagne? Comment peut-on raisonnablement élever un goût personnel - qui, encore une fois, ne relève en aucun cas d'un choix délibéré - en norme universelle? Et pourquoi le mépris que nous n'admettrions dans aucun des domaines susmentionnés devrait-il avoir cours dans le jugement de la littérature ou des films érotiques?
*Ce qui est regrettable, dans la mesure où E. L. James ambitionnait justement de produire, avec Cinquante Nuances de Grey, une étude universitaire hyper-documentée sur le sujet.
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mar 10 Mar 2015 - 13:33
@Dérinoé
Citation :
Citation :
Citation : Je vois que tu arbores Persuasion, j'aime cette scène lorsque l'actrice regarde la caméra en face et fait passer les émotions de son journal intime.
Moi aussi: ces scènes-là, qui ponctuent le film de bout en bout, comptent parmi mes favorites. Elles donnent à l'histoire un relief particulier, je trouve.
Citation :
Citation :
Citation :
Je veux juste faire un retour d'expérience er rebondir sur ce que tu dis. Je suis une adepte des Harlequins des années 70-80 (surtout par nostalgie). J'ai eu, il y a quelques années, un Harlequin récent entre les mains. Je l'ai parcouru et choquée par les évocations sexuelles et anatomiques, je l'ai reposé aussi sec. En 30 ans, la littérature féminine a bien changé, je me demande si les époques suivent une certaine évolution des goûts des femmes pour le sexe ou pour une certaine liberté sexuelle plus (ac)crue. Quand je lis ces extraits de FSoG et des Harlequins actuels, je ne vois pas de différence et des millions de femmes d'aujourd'hui en sont friandes.
Je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi: tu veux dire que les Harlequins d'il y a trente ou quarante ans sont tout à fait comparables, du point de vue de l'érotisme, à Cinquante Nuances de Grey? Ou beaucoup plus explicites que les romances érotiques d'aujourd'hui?
Les deux époques sont tout à fait incomparables. Malgré une décennie plutôt libérée, les Harlequins des années 70 sont très pudiques.
Citation :
Vous noterez que, paradoxalement, cette oeuvre fait dans un même temps honte et aux femmes, et au "vrai" porno! ...de quel droit se permettrait-on de moquer et de rabaisser des représentations érotiques, en considérant les siennes propres comme seules dignes d'intérêt ou de respect?
Je suis complétement de cet avis. Le porno est destinée aux hommes essentiellement, je ne connais pas de femmes qui regardent et "s'exercent" à l'instar des hommes de manière solitaire sur ce type de médias. La femme y est clairement un outil à l'usage de l'homme. Or la littérature érotique voire pornographique est à usage des femmes et est généralement écrit par des femmes pour des femmes; on y retrouve des éléments narratifs propices à leurs fantasmes.
L'amalgame qui consiste à mettre en scène sexuellement la femme sans qu'elle-même n'en tire du plaisir et à montrer que si elle en tire du plaisir et bien elle devrait en avoir honte est maintenu par les hommes. C'est un fait et il le sera toujours. Ils ne comprennent pas que dans la littérature féminine c'est l'homme qui est au service du plaisir de la femme. C'est la grande différence entre un film pornograhique et FSoG (par exemple). C'est peut-être une manière de nous maintenir sous leur joug. Peut-être que certaines femmes trouvent leur compte dans ce shéma si elle éprouve cette honte qui pour moi est bien entretenue par les hommes.
Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Dim 15 Mar 2015 - 1:08
@ Darcy:
Citation :
Les deux époques sont tout à fait incomparables. Malgré une décennie plutôt libérée, les Harlequins des années 70 sont très pudiques.
D'accord! Merci beaucoup pour l'explication.
Citation :
Je suis complétement de cet avis. Le porno est destinée aux hommes essentiellement, je ne connais pas de femmes qui regardent et "s'exercent" à l'instar des hommes de manière solitaire sur ce type de médias. La femme y est clairement un outil à l'usage de l'homme.
Ca, c'est une question que je me pose souvent. Dans quelle mesure la pornographie mainstream produite en France ou aux Etats-Unis, pour ne prendre que ces deux exemples-là, est-elle appréciée ou non par chacun des deux sexes? D'une part, je me demande quelle frange de la population masculine réelle ne se retrouve pas dans la production actuelle - soit parce que ne nourrissant aucun intérêt pour le porno en général, soit parce que ne goûtant pas le porno proposé aujourd'hui - et, d'autre part, quelle frange de la population féminine est au contraire sensible à cette même production. Il me semble que si les ventes et la bonne santé du marché confirment indéniablement le succès de l'industrie pornographique, l'embarras social qui cloisonne notre rapport à ce sujet rend les statistiques sexués relativement obscures. Homme ou femme, il est difficile pour chacun - vraisemblablement pour des raisons différentes - de s'exprimer de manière totalement transparente sur son rapport à la pornographie, soit à la fois sur celle qui existe déjà et sur celle qui pourrait exister.
Dans un registre différent mais à mon sens comparable, je repense à un ami et à un collègue m'avouant l'un qu'il préférait en général les eaux de toilette estampillées féminines - eaux de toilette qu'il empruntait régulièrement à sa copine -, l'autre qu'enfant, il aurait adoré jouer à l'élastique avec les filles de son école mais qu'une pression sociale quasiment unanime l'avait poussé vers le football, sport qu'il n'appréciait pas à l'époque et qu'il abhorre franchement aujourd'hui. Je me rappelle également une connaissance me disant qu'elle s'ennuyait très fermement en présence de jeunes enfants, qu'elle ne leur trouvait aucune conversation et que, s'exaspérant pour sa part de leur lenteur, elle ne comprenait pas que l'on pût s'émerveiller d'une vivacité qui, à l'aune des standards adultes, constituait une simple ébauche d'intelligence. Et en me remémorant toutes ces conversations, je me dis que pour les hommes comme pour les femmes, il est parfois très difficile de faire état de réalités psychologiques, de goûts et de sentiments qui seront jugés au meilleur des cas comme originaux et au pire comme franchement suspects.
Il me semble qu'il en va de même quant à notre discours public sur la pornographie et, de ce fait, je me demande ce qu'il en est du rapport entretenu par chacun des deux sexes avec ce genre cinématographique là.
Combien de personnes ici connaissent-elles un homme normalement constitué ayant affirmé avoir apprécié l'un des livres ou l'adaptation de Cinquante Nuances de Grey?
Citation :
Or la littérature érotique voire pornographique est à usage des femmes et est généralement écrit par des femmes pour des femmes;
C'est intéressant. Je ne savais pas. Ce qui donc signifierait, de prime abord au moins, que les hommes se tournent vers le visuel et les femmes vers l'écrit - qui est aussi une forme de visuel, cela dit. Quand bien même ce constat s'avèrerait, on pourrait toujours s'interroger sur le rapport de cause à effet entre les sexes d'une part et le mode d'expression d'autre part: les arts se sont-ils spécialisés en fonction de propensions masculines et féminines tout à fait spontanées ou les hommes et les femmes se sont-ils tournés vers des médiums différents parce que les deux industries susmentionnées - le cinéma et la littérature - se sont chacune spécialisées en amont dans un mode d'expression répondant à des attentes distinctes?
Citation :
on y retrouve des éléments narratifs propices à leurs fantasmes.
Il y aurait donc un imaginaire sexuel essentiellement féminin et un imaginaire sexuel essentiellement masculin?
Citation :
L'amalgame qui consiste à mettre en scène sexuellement la femme sans qu'elle-même n'en tire du plaisir et à montrer que si elle en tire du plaisir et bien elle devrait en avoir honte est maintenu par les hommes. C'est un fait et il le sera toujours. Ils ne comprennent pas que dans la littérature féminine c'est l'homme qui est au service du plaisir de la femme. C'est la grande différence entre un film pornograhique et FSoG (par exemple). C'est peut-être une manière de nous maintenir sous leur joug. Peut-être que certaines femmes trouvent leur compte dans ce shéma si elle éprouve cette honte qui pour moi est bien entretenue par les hommes.
Je comprends très bien ce que tu veux dire mais, pour autant que ton constat s'avère, je me demande dans quelle mesure les femme ne participent pas de cette vision culpabilisante du plaisir féminin.
***
Je relaie ici deux critiques glanées sur le site Sens critique et qui, toutes deux, me paraissent extrêmement représentatives de cette attitude que je relevais dans mon précédent message. Attitude dont la caractéristique principale tend à moquer et à mépriser une pornographie mièvre censément féminine.
Le premier porte sur le Tome 1 de la trilogie et a été publié le 12 Novembre 2012 par une contributrice dénommée Karrie: vous le trouverez en cliquant ici. Le second porte sur le film et a été publié le 12 Février 2015 par un contributeur appelé Jean-Eude62: vous le trouverez en cliquant ici.
Deux modèles du genre.
Miss Piou Piou Suffolk's Sweetheart
Nombre de messages : 8522 Age : 45 Date d'inscription : 27/08/2007
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mar 17 Mar 2015 - 10:01
J'ai vu le film et je l'ai trouvé super édulcoré. Christian Grey est présenté comme une "prince charmant" et si je n'avais pas lu le livre, j'aurai pu être prise au piège! Bizarrement, la scène la plus dérangeante du livre, celle du tampon, a été effacée. D'un côté, il est vrai que j'imagine assez mal les acteurs la tourner mais c'est une scène qui aurait fait parler et elle n'est pas là! Et le côté érotique!? Je comprends les déceptions, les scènes de la série Les Tudors étaient plus réalistes, moins chorégraphiées et glamour que celle de Fifty. Et que dire du jeu de J. Dornan... Il avait des impôts à payer ? Parce que non seulement, il est mauvais mais en plus on ressent son ennui. Dakota Johnson est une bonne surprise par contre.
Ce film annoncé comme l'événement de l'année, comme subversif parce que lié au BDSM retombe très vite comme un soufflé! C'est risible de voir comment les médias ont réussi à tout un battage médiatique sur un film qui n'a rien d'exceptionnel!! C'est une comédie romantique comme les autres; Je comprends que le bouche à oreille n'ait pas marché!
milana Pauvre gouvernante
Nombre de messages : 10 Age : 37 Localisation : Lombardie Date d'inscription : 24/02/2015
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mer 18 Mar 2015 - 14:51
Bonjour tout le monde!!! J'étais absente les derniers jours à cause de mon travail et c'est pour ça que je n'aie pas beaucoup écrit sur le forum. alors comme j'ai enfin pu changé d'ordinateur maintenant j'ai le correcteur d'orthographe sur internet et un nouveau clavier français et j'espère que je vais faire moins de fautes qu'avant Donc vous ne serez plus obligée de supporter toutes mes fautes! Alors j'ai lu tt ce que vous avez écrits et je ne suis pas daccord avec tout lol! Dérinoé merci pour ton message! Je suis d'accord pour une discussion ouverte mais j'ai tjs mon même avis sur fifty sades et je pense que je ne vais pas changé d'avis même si je comprends certaine choses que tu dis. Mais tu ne t'enerves jamais Déronoé??? on dirait que tu te mets jamais en colère!! Mais alors sinon voilà ce que je veux dire sur le film comme tu l'as vu maintenant (je mets tout dans un spoiler pour ne pas gâcher à ceux qui veulent encore le voire.)
Spoiler:
Donc déjà pour moi la tte dernière cène u ils sont tous les 2 dans la chambre et qu'il se met à la frapper avec la ceinture.... Pour moi c est une vraie violence parce qu'elle pleurt. Après elle est bouleversée, elle ne veut pas qu'il vienne vers elle, elle pleure, elle est triste, elle s'enferme dans la chambre pour pleurer et se mettre à l'abris de lui. c est quand même de la violence, non??? aussi ça m a un peu choquer qu il la frappe jusque parce qu'elle a levé les yeux au ciel quand il lui offre une voiture!!! C est quand même gros parce qu'elle est adulte, qu'elle a le droit de lever les yeux au ciel si elle veut quand même. C est plus ça qui m'a marquer: il est complètement infantile avec elle, comme si elle avait 4 ans. Et même si j'avais un enfant de 4 ans, je ne lui donnerais pas un fessée ni rien d'autre parce qu'il lève les yeux au ciel, quand même!!!!! C'est ça que je ne comprends pas c'est pourquoi ces scènes seraient érotiques? j'accepte qu'on les mette dans un film mais pas comme des trucs sexys ou "charming", quand même. Pour moi cet homme est un manipulateur. Pour moi ça veut dire qu'il a des pulsions malsaines et qu'il fait tt pour attirer Ana et ensuite pouvoir lui faire subir ce qu'il veut. Il la convaint de le suivrepour ensuite se lâcher sur elle.
Gaelle tu écris que le livre est pire que le film alors que moi je trouve le film déjà bien effrayant et en excès de violence. (je ne veux même pas savoir ce qui se passe avec l'histoire du tampon, je sens que c est horrrrrrrrible! :pale):9 ce que je ne comprends pas, c est pourquoi tu trouves que Christan est un compte de fées, un prince charmant???!! Tu ne trouves pas qu'il se comporte comme son père et comme un type violent avec Ana?
Miss Piou Piou Suffolk's Sweetheart
Nombre de messages : 8522 Age : 45 Date d'inscription : 27/08/2007
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mer 18 Mar 2015 - 16:00
Je n'ai pas dit que je trouvais que Christian est un prince charmant pour moi c'est une co*** , j'ai dit qu'il était présenté comme tel
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 19 Mar 2015 - 11:56
Dérinoé a écrit:
1/Combien de personnes ici connaissent-elles un homme normalement constitué ayant affirmé avoir apprécié l'un des livres ou l'adaptation de Cinquante Nuances de Grey?[/color]
2/Il y aurait donc un imaginaire sexuel essentiellement féminin et un imaginaire sexuel essentiellement masculin?
1/ Je serais curieuse de connaître l'avis d'un homme sur le livre. y'en a-t-il...
2/ Peux-être pas "essentiellement", les fantasmes ne sont pas exclusifs mais distincts c'est certain. Oui, je pense que cet imaginaire est exploité rien que pour une question de marketing et de chiffres de vente par les éditeurs. Par exemple, je ne me vois pas du tout lire certains livres d'espionnage que l'on trouve pour les hommes dans les kiosques.
PapiSido Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 282 Age : 79 Localisation : 69-Ecully Date d'inscription : 01/09/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 19 Mar 2015 - 12:28
Darcy a écrit:
1/ Je serais curieuse de connaître l'avis d'un homme sur le livre. y'en a-t-il...
Non je ne l'ai pas lu, et je n'ai pas l'intention de lire non à cause du thème mais à cause de l'écriture - majoritairement décrite comme très médiocre. Si vous avez quelque chose de bien écrit dans le genre ("littérature pour filles"), je suis prêt à tenter l'expérience. C'était l'esprit du sujet que j'ai lancé en https://the-inn-at-lambton.1fr1.net/t7470-chick-lit-for-guys
Citation :
2/ Oui, je pense que cet imaginaire est exploité rien que pour une question de marketing et de chiffres de vente par les éditeurs. Par exemple, je ne me vois pas du tout lire certains livres d'espionnage que l'on trouve pour les hommes dans les kiosques.
C'est vrai de la littérature de bas de gamme ( je vais encore m'attirer les foudres de Derinoé, mais tant pis ... ). Tu lirais par contre volontiers je pense de bons romans d'espionnage - John le Carré, par exemple - de même qu'il n'y a pas de sexe pour apprécier les "romances" de Jane Austen. Quant au film, n'en parlons pas: si l'on peut encore avoir des doutes sur la sincérité du roman (fanfiction ou opération commerciale ?), il n'y en a aucun sur le film. Quant à milana, je ne lui reproche pas son point de vue, je ne le partage pas mais je le respecte, mais par contre je lui reproche d'avoir été voir le film et par là même alimenté le tiroir-caisse de ces .... ( je vous laisse le choix du substantif)
Invité Invité
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 19 Mar 2015 - 16:49
PapiSido a écrit:
Si vous avez quelque chose de bien écrit dansle genre ("littérature pour filles"), je suis prêt à tenter l'expérience
Non?... Tu classes Fifty shades dans de la "littérature pour filles"? Et tu n'as pas peur de t'aventurer seul en ces contrées frangées de rose?... Blague à part, crois-tu vraiment au genre des livres? Quels critères retiens-tu?
PapiSido a écrit:
je vais encore m'attirer les foudres de Derinoé
Du peu que je la connais, seulement une réponse polie, sincère et argumentée, j'en ai bien peur.
PapiSido a écrit:
Quant à milana, je ne lui reproche pas son point de vue, je ne le partage pas mais je le respecte, mais par contre je lui reproche d'avoir été voir le film et par là même alimenté le tiroir-caisse de ces ....
Pas d'accord. Juger par soi-même relève de la plus pure honnêteté intellectuelle, à mon sens, et découvrir une œuvre (même définitivement mauvaise de son point de vue, après expérience) me paraît toujours préférable, sinon plus courageux que de s'accorder à la fanfare communale. Nous alimentons tous les chaînes de production, quelles qu'elles soient. (Sauf à vivre retranchés au fin fond d'un massif auvergnat une décennie durant, comme ce brave Jean-Baptiste Grenouille). J'ai pour ma part acheté le dernier Houellebecq, qui ne m'a pas plu (doux euphémisme); je n'en éprouve pour autant aucun regret et souhaite longue vie à cet auteur.
Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Jeu 19 Mar 2015 - 21:32
@ Milana:
Citation :
Dérinoé merci pour ton message! Je suis d'accord pour une discussion ouverte mais j'ai tjs mon même avis sur fifty sades et je pense que je ne vais pas changé d'avis même si je comprends certaine choses que tu dis.
Aucun problème, Milana. Nous avons donc encore de belles discussions en perspective.
Citation :
Mais tu ne t'enerves jamais Déronoé??? on dirait que tu te mets jamais en colère!!
Si, bien sûr. Mais lorsqu'elle atteint son paroxysme, la colère se change chez moi en sidération, tendance catatonique. Je me réveillerai peut-être un jour changée en statue de sel.
Spoiler:
Citation :
Donc déjà pour moi la tte dernière cène u ils sont tous les 2 dans la chambre et qu'il se met à la frapper avec la ceinture.... Pour moi c est une vraie violence parce qu'elle pleurt. Après elle est bouleversée, elle ne veut pas qu'il vienne vers elle, elle pleure, elle est triste, elle s'enferme dans la chambre pour pleurer et se mettre à l'abris de lui. c est quand même de la violence, non???
Cette scène n'est certes pas dénuée de violence mais, pour ma part, je la décèle plus dans la discussion qui précède l'épisode de la ceinture que dans les coups eux-mêmes - dont il me faut rappeler ici le caractère totalement consensuel. Et j'insiste sur ce dernier point: cet épisode, pour tendu qu'il soit, n'outrepasse le consentement d'aucun des deux personnages présents.
J'ai l'impression que ce qui blesse Anastasia, c'est que Christian refuse obstinément de lui expliquer les raisons de ses besoins sexuels, lesquels sont du reste étroitement reliés à sa peur d'être touché. Or, cette profonde incompréhension qui s'instaure entre eux et qui ne trouve sa résolution qu'au milieu du second Tome blesse la jeune femme et la laisse dans un désarroi profond: elle pense qu'il ne lui fait pas suffisamment confiance pour se dévoiler et finit par s'effrayer de ce qu'un tel mutisme pourrait dissimuler. À cela s'ajoute la crainte, pour Anastasia, de ne pas pouvoir offrir à cet homme le type de relation sexuelle qu'il désire et, de ce fait, de le voir un jour chercher ailleurs une soumission qu'elle se sent incapable de démontrer. C'est d'ailleurs parce que Christian ne peut s'ouvrir à elle qu'elle en vient à lui réclamer la punition la plus extrême qu'il serait susceptible d'infliger à une soumise, ce afin sans doute de mieux le comprendre et de savoir si elle serait à même de supporter un tel degré de brutalité (consensuelle).
Tout ce contexte fait que, pour moi, la tristesse d'Anastasia s'explique plus par l'amour qu'elle lui porte - et qui se heurte aux doubles battants d'un homme mutique et d'une relation passablement compromise - que par la souffrance physique qu'elle éprouve durant l'épisode en question.
Citation :
aussi ça m a un peu choquer qu il la frappe jusque parce qu'elle a levé les yeux au ciel quand il lui offre une voiture!!! C est quand même gros parce qu'elle est adulte, qu'elle a le droit de lever les yeux au ciel si elle veut quand même. C est plus ça qui m'a marquer: il est complètement infantile avec elle, comme si elle avait 4 ans. Et même si j'avais un enfant de 4 ans, je ne lui donnerais pas un fessée ni rien d'autre parce qu'il lève les yeux au ciel, quand même!!!!! affraid
Dans ce passage-là, on peut à peine parler de coups. On se trouve plus, me semble-t-il, dans une scène de domination psychologique qui, encore une fois, est tout à fait consentie par Anastasia. Maintenant, que tu sois rebutée par ce jeu de rôle, je le conçois totalement mais je ne crois pas qu'il faille le prendre au pied de la lettre: selon moi, il s'agit d'une sorte de jeu qui consiste à trouver prétexte à un échange de pouvoir érotique. Nous ne sommes pas du tout dans le cas de figure où un homme (ou une femme, peu importe) rentre chez lui après le travail, ne trouve pas le repas prêt sur la table et fracasse le crâne de son cher conjoint contre une armoire pour le punir de son prétendu retard.
D'ailleurs, toute la scène se déroule dans une certaine douceur et, lorsque Christian lui demande si elle veut qu'il interrompe son traitement pédagogique - j'aurais vraiment raclé les fonds de tiroir de mon buffet à synonymes -, dans son trouble, elle ne répond rien, suggérant par là qu'elle accepte que la fessée aille à son terme.
Citation :
C'est ça que je ne comprends pas c'est pourquoi ces scènes seraient érotiques? j'accepte qu'on les mette dans un film mais pas comme des trucs sexys ou "charming", quand même.
Là, tu soulèves la grande question de la sexualité: pourquoi ce qui est érotique est-il érotique?
Dans Pitié pour les Femmes (1936), le second tome de sa tétralogie intitulée Les Jeunes Filles (1936-1939), Henry de Montherlant décrit une scène dans laquelle Andrée Hacquebaut, une jeune provinciale enamourée, tente de convaincre un écrivain à succès, Pierre Costals, d'avoir avec elle une relation sexuelle. Le héros, qui n'est pas attiré par elle, lui oppose une énième fin de non-recevoir avant de remarquer, dans la lumière blafarde, les cernes bleuâtres qui mangent son visage. Et à la vue de ces deux larges marques sur son visage fatigué, il est subitement traversé par un fugace éclair de désir. Dans Lolita (1955) de Vladimir Nabokov, Humbert Humbert est littéralement obsédé (entre autres choses) par le parfum tubéreux qui émane des cheveux pas toujours très propres de la fille de sa logeuse tandis que cette dernière - la logeuse, donc - frissonne de plaisir en découvrant que son hôte truffe ses phrases de termes délicieusement français. Dans un autre Nom pour l'Amour (1981), Colleen MacCullough décrit ce même éclair de désir éprouvé par une infirmière, Honora Langtry, lorsqu'elle voit les vaines saillir sur les bras tendus de l'un de ses patients pour qui elle éprouve une certaine inclination.
Je prends à dessein ces trois exemples parce que, pour littéraires qu'ils soient, ils me semblent démontrer que le désir repose sur des mécanismes individuels et complexes souvent très éloignés de la doxa. Les femmes aiment les hommes grands aux larges épaules, les hommes aiment les femmes élancés aux fortes poitrines. Je pense que la pellicule aime cela, en effet, mais que le désir sexuel réellement vécu au quotidien réside dans des niches plus originales, plus inattendues et plus personnelles qui sont parfois difficile à comprendre pour le regard extérieur.
Pourquoi Christian trouve-t-il excitant de donner des ordres à ses partenaires et de les immobiliser avant de faire l'amour? Pourquoi Anastasia trouve-t-elle excitant que Christian lui donne des ordres et l'immobilise avant de faire l'amour? Pourquoi ce qui suscite en toi du désir suscite-t-il en toi du désir - et pas autre chose, et pas autrement? Je suppose que les psychanalystes ont une bonne explication pour tous les cas de figure que l'on peut leur soumettre - puisqu'ils ont une bonne explication pour tout. En vérité, personne n'en sait rien et le désir fait son chemin en chacun de nous de manière souvent mystérieuse, sans que la conscience, la volonté, la raison ou la rationalité y prennent part d'aucune façon.
Citation :
Pour moi cet homme est un manipulateur. Pour moi ça veut dire qu'il a des pulsions malsaines et qu'il fait tt pour attirer Ana et ensuite pouvoir lui faire subir ce qu'il veut. Il la convaint de le suivre pour ensuite se lâcher sur elle.
Spoiler:
Selon ma perception, Anastasia est très éprise de Christian et le suit dès les premiers instants de la relation, sans que celui-ci ait à exercer aucune manipulation à son endroit. Du reste, dans le film comme dans le livre, c'est lui qui met un frein à leurs rapports, pressentant qu'elle n'acceptera pas son mode de vie, et c'est à son initiative à elle - le coup de fil passé depuis la boîte de nuit - que leur histoire redémarre subitement.
@ Darcy:
Citation :
1/ Je serais curieuse de connaître l'avis d'un homme sur le livre. y'en a-t-il...
Moi aussi. Mais je pense qu'il est difficile pour un homme, a fortiori pour un homme se situant dans la moyenne statistique de l'hétérosexualité et de la virilité telle qu'elle est socialement admise, d'avouer d'une part avoir lu le livre et, d'autre part, y avoir trouvé du plaisir. Et personnellement, je crois que c'est cela que l'on appelle, à tort, "la littérature féminine": les livres que, pour des raisons politiques et sociales, les hommes n'ont pas le droit de lire en public et dont ils ne peuvent parler sereinement sans risquer la moquerie, l'insulte ou le bannissement. Ainsi, je crois que cette catégorie - "la littérature féminine" ou "la littérature pour femmes" - est sans rapport avec le contenu littéraire d'un ouvrage mais découle en fait d'une appréciation purement politique ou sociale plus ou moins inconsciente,
Je me joins à TimesNewRoman et te repose la question, PapiSido: selon toi, qu'est-ce que "la littérature pour filles"?
Citation :
C'est vrai de la littérature de bas de gamme ( je vais encore m'attirer les foudres de Derinoé, mais tant pis ... ).
La sagesse populaire nous apprend que la foudre, contrairement à la sonnerie du facteur, ne tombe jamais deux fois au même endroit. Dans un même ordre idée, il paraît que la tartine choit toujours du mauvais côté, c'est-à-dire généralement sur le parquet ciré de frais.
Citation :
Quant au film, n'en parlons pas: si l'on peut encore avoir des doutes sur la sincérité du roman (fanfiction ou opération commerciale ?), il n'y en a aucun sur le film. Quant à milana, je ne lui reproche pas son point de vue, je ne le partage pas mais je le respecte, mais par contre je lui reproche d'avoir été voir le film et par là même alimenté le tiroir-caisse de ces .... ( je vous laisse le choix du substantif)
Par curiosité, je me permets de te demander pourquoi tu parles de certains d'entre nous, en l'occurrence de Milana et de moi, à la troisième personne du singulier, comme si nous étions absentes de la conversation? Je fais une petite étude sur les déictiques dans la linguistique de l'énonciation et je souhaiterais connaître la motivation d'un tel emploi de la troisième personne du singulier.
Maintenant, sur le fond, ce que tu écris me paraît assez étonnant, et ce à double titre.
D'abord, parce que si tu te fies en effet au déluge de critiques visant la piètre qualité formelle du livre, je me demande en revanche à quelle source tu t'abreuves pour disqualifier le film. Si le style littéraire est ton principal souci quant au roman, tu peux être sûr qu'il ne se retrouve pas à l'écran, et ce dans la mesure où l'on ne saurait transposer un style littéraire dans cet alphabet visuel qui est celui des réalisateurs et des photographes. J'irais même jusqu'à dire que l'écriture visuelle de l'adaptation est, au vrai, chic et classieuse, ne se comparant en rien à la qualité syntaxique du livre. Ensuite, parce que ton point de vue implique un certain nombre de préjugés dont je me demande jusqu'à quel point tu les valides.
D'abord, il est sous-tendu par l'idée que les oeuvres et les entreprises à fort potentiel commercial - c'est-à-dire une très grande partie des livres, des films et des albums produits aujourd'hui en France ou à l'étranger - sont par nature de piètre qualité. Ce qui, par revers, suggère que le caractère indépendant, confidentiel ou élitiste constitue une condition sine qua non de la réussite artistique d'un film. Ensuite, tu suggères par ton propos l'idée qu'il existe des films dont on peut démontrer objectivement qu'ils ne méritent pas d'être vus et que, partant, ceux qui les rentabilisent par une entrée de cinéma commettent une erreur d'appréciation objective. Plus encore, tu sembles affirmer que la distinction entre le bon grain et l'ivraie cinématographique peut se faire sans même avoir visionné les films concernés, c'est-à-dire sur la base de critères indépendants du contenu même de l'oeuvre.
Est-ce vraiment là ce que tu penses?
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mer 25 Mar 2015 - 20:52
Sur la question du rapport des hommes et des femmes à la pornographie et sur les connotations sociales du fantasme abordés dans le précédent message, je vous communique un article de la journaliste et écrivain Titiou Lecoq, intitulé L'impossible Porno pour les Femmes et publié le 12 décembre 2012 sur le site Slate.Fr: vous le trouverez en cliquant ici.
Je ne suis pas nécessairement d'accord avec ses conclusions ou, du moins, je trouve qu'elles mériteraient d'être débattues. En revanche, il est deux points soulevés par l'auteur que j'ai trouvés particulièrement intéressants.
D'abord, la démystification d'un préjugé assez bien admis selon lequel l'orgasme masculin reposerait sur la mécanique du corps - entendez par là une stimulation physique appropriée - alors que l'orgasme féminin ne pourrait être lui que d'ordre psychologique - c'est-à-dire consécutif à l'élaboration d'un contexte ou d'un scénario plus ou moins bien développé. Titiou Lecoq propose l'explication inverse selon laquelle les deux sexes sont susceptibles d'atteindre le plaisir par simple stimulation physique, si celle-ci est bien faite, déconstruisant de ce fait la mythologie en miroir de l'homme brut ou physique et de la femme sentimentale ou cérébrale.
Ensuite et surtout, abordant la question d'une prétendue pornographie féminine - dont elle tend par conséquent à démontrer qu'elle ne diffère par, par nature, de la pornographie qui existe déjà -, elle écrit ce propos qui me paraît à la fois clair, juste et concis:
Citation :
"Donc vouloir produire un porno spécifiquement féminin dénote grosso modo une vision rétrograde de la sexualité des femmes ou une volonté de faire du porno politique. Or la branlette n’est pas politique. Des femmes seront excitées en regardant d’autres femmes se faire humilier, c’est tout, c’est comme ça."
Titiou Lecoq, L'impossible Porno pour Femmes in Slate.Fr, 17 décembre 2012.
Là, j'ai retrouvé sous la plume d'un autre l'idée qui inspire mon étonnement lorsque je suis face à des critiques ou à des comptes-rendus de Cinquante Nuances de Grey reposant sur une lecture politique des fantasmes et des pratiques sexuels.
La réception de cette trilogie ou de son adaptation m'a entre autres révélé un fait dont je n'avais pas conscience et qui est le suivant: de notre société relativement libérale et progressiste découle un paradoxe inattendu. Celui-ci réside dans le fait que, bien que nous tendions, dans un mouvement collectif, à rendre aux femmes la libre jouissance (et l'usufruit) de leur corps et de leur esprit, le dogme, parfois très péremptoire, de la sexualité politiquement correcte s'est substitué aux impératifs judéo-chrétiens d'antan. De même qu'il y a cent ou cinquante ans, les femmes - et, pour partie, les hommes aussi - se voyaient intimer l'usage de leur entre-jambe, de même existe-t-il aujourd'hui une manière politiquement admissible de désirer, de bander, de jouir et de fantasmer. À l'époque, sans doute les règles morale et sociales étaient-elles inspirées par l'idéologie religieuse plus ou moins imposée dès la naissance; aujourd'hui, elles sont motivées par une philosophie progressiste ou féministe selon laquelle les femmes (et par conséquent les hommes) ne devraient embrasser la sexualité quand dans un strict respect cette équité recherchée au sein de la vie civile.
Or, pour moi, la sexualité telle que chacun la vit dans sa tête et dans son corps, ne constitue pas un acte politique et, en ce sens, elle ne relève d'aucun choix politique, philosophique, idéologique ou moral. Elle ne relève du reste d'aucun choix tout court. Christian n'a pas décidé d'être attiré par le sadisme ou la domination et il en va de même pour tout un chacun, y compris pour ses lecteurs.
C'est pour cela que les articles détruisant les livres ou le film au motif qu'ils porteraient gravement atteinte à la dignité de la Fâme - notez, d'ailleurs, que la plupart des défenseurs de la dignité nourrissent de rares accointances avec une entité universelle nommez "la Femme", laquelle possède des caractéristiques en béton armé à vous faire regretter la finesse de l'architecture communiste - m'ont toujours paru insensés: ils stigmatisent un imaginaire sexuel comme on stigmatiserait la pluie qui tombe, les nuages qui s'amoncellent, les herbes qui poussent, le vent qui souffle. Bref, ce qui est et ne découle d'aucune volonté délibéré, échappant de ce fait aux lois de l'éthique et de la morale.
Finalement, on se retrouve en plein dans le fer à cheval, ce modèle théorique selon lequel certaines idéologies parfaitement opposées aboutissent à une même position, ce par des voies différentes: fût un temps où les livres d'E.L. James auraient été fustigés pour dégénérescence et corruption morales alors qu'ils le sont aujourd'hui pour dérogation (certes mineure) aux Droits de l'Homme et à une philosophie légale tendant à s'exporter dans tous les domaines de la vie.
Si certains d'entre vous lisent cet article, vos avis m'intéressent au plus haut point.
Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Ven 19 Juin 2015 - 23:35
Il y a eu bref (mais douloureux) moment où j'ai cru ne plus jamais trouver d'ouvrage à la hauteur de la sainte trilogie en bleu et je m'apprêtais à passer de mornes soirées d'été à sillonner mollement entre les tourniquets toujours très inspirés du kiosque de la gare de Bümplitz-Nord lorsqu'une âme missionnaire m'a appris que...
Eh! Oui! L'inextinguible E. L. James a remis ça pour un quatrième tome qui, comme le résume l'article de Metronews susmentionné, reprend le récit que vous savez mais du point de vu de Christian cette fois-ci. Phrases cul(cul)tes à l'horizon, donc.
Sortie française prévue pour le 28 Juillet. On se réjouit.
Invité Invité
Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Sam 20 Juin 2015 - 17:23
Voilà qui va résolument m'aider à traverser ce nouvel été, au moins jusqu'aux orages de la mi-août... J'écris Paludes et je lis E. L. James. Merci Dérinoé!
Darcy Romancière anglaise
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James Mer 15 Juil 2015 - 10:32
Les vacances arrivant, je suis "plongée" dans le tome 2 de cette série. J'ai passé le tome 1 en prenant comme excuse que j'ai vu le film et que j'ai lu quelques extraits pornographiques peu à mon goût. Le tome me plaît assez. Je trouve la lecture fluide bien qu'étonnée par le rythme narratif. Je suis agréablement surprise car je m'attendais à un style grossier et en fait je trouve ce livre agréable à lire. J'ai lu la moitié du livre qui se déroulent sur 2 jours. Il arrive tellement de choses en 1 week-end à ce couple que je ne suis pas étonnée qu'Anasthasia soit épuisée à la fin.
Sinon, au vu de certaines scènes, je déconseillerai le livre aux jeunes filles/femmes non averties. Je pense qu'elles sont choquantes bien comme je le disais plus haut, on trouve aujourd'hui des Harlequins de ce type accessible à tous sans avertissement.
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Sujet: Re: La trilogie Fifty Shades of Grey de E.L. James