Au Bonheur des dames, Semaine 2 : Chapitres 4 à 6

Devant la pression populaire, je m'incline ! Bref, comme beaucoup d'entre vous ont déjà avancé dans leur lecture, et expriment le désir de parler de la suite des événements, j'obéis et ouvre un peu en avance le topic de la seconde semaine.
Encore une fois je le répète : nous veillerons ici à ne parler que des chapitres 1 à 6, pas plus. Surtout, montrez vous prudents, sinon les gens n'oseront pas venir lire le topic de peur d'être spoilés. Alors vérifiez bien que ce dont vous parlez est dans les chapitres de la semaine.

Alors, à la fin du chapitre 3, nous avons laissé Mouret totalement enthousiaste ! Les femmes et le baron Hartmann sont à ses pieds, et tout le monde attend avec impatience la grande mise en vente du lundi 10 octobre 1864.
C'est parti pour la folie des achats !

Et un petit cadeau pour ouvrir ce topic, qui illustre parfaitement ce que Mouret a en tête. "Vendre beaucoup mais bon marché"

Spoiler:

Merci pour le cadeau, Annwvyn, c'est très bien trouvé! Et voilà le Mouret sans barbe dont rêvent nos lambtoniennes. Madame Hédouin n'est pas mal non plus. J'aimais beaucoup dans les premiers chapitres cette idée du quartier que son sang s'est mêlé aux fondations du grand magasin. C'est très romain, et un porte-bonheur qui traverse les âges.

Après les foisonnements magistraux des trois premiers chapitres qui ont posé le cadre et les personnages principaux, nous voici dans une "rude journée pour Denise", bizutée impitoyablement au moment même où Mouret, lui même quelque peu secoué, triomphe finalement, gagne son pari économique.
Mais ma préférence dans ce quatrième chapitre est le "pélerinage" des dames que nous avait habilement présentées le chapitre 3, chacune déployant son tempérament particulier à travers la presse de ce jour de folie, rythmé par la formule sacramentelle: «Et avez-vous vu le salon oriental?»

Plus âgée maintenant, ou est-ce le fait d'écouter qui permet davantage de recul, je vois mieux comment Zola organise son récit, son écriture.

Initiation à la vie de grisette entretenue avec la bonne Pauline.
Et puis Denise est de partie de campagne exemplaire, thème chéri des peintres et des romanciers de l'époque, mais aussi l'occasion pour elle de découvrir la vilenie de Hutin, celui qu'elle admirait, et l'amour respectueux de Deloche, un grand timide, cœur pur et fidèle, mais cette fois Denise ne s'y trompe pas et sait qu'elle n'aime pas.
Au retour c'est, toujours sur le thème du trouble induit en elle par les hommes l'occasion de nous faire découvrir la respiration du grand magasin de nuit. J'aime beaucoup ce passage en clair obscur!

Elle choisit bien malencontreusement de traverser le BDD pour ne pas risquer de croiser Mouret si tard dans la porte d'entrée commune. Et sans paraître effrayée plus que ça par tous ces hommes qui en sont le peuple de nuit, petits commis dormant sous leur comptoir et pompiers qui font leur ronde. Le tout pour tomber au bout du compte justement sur vous savez qui... L'éducation sentimentale et sensuelle de la petite Denise, même à son insu, se fait à grands pas.

Plus artificiellement (Denise cherche obstinément mais sans succès Robineau) Z. nous fait aussi visiter à fond la cantine du magasin, découvrir le style et l'humour parfois pesant des calicots. Et un vieux cochon libidineux, l'inspecteur Jouve, au menu pour la pauvre Denise, un...

Quand j'étais jeune, je croyais que Mouret était un vieux (ben oui, un veuf!) et que c'était lui qui tombait amoureux de Denise, et qu'elle restait un peu passive face à cela. J'ai été frappée cette fois par le véritable coup au cœur qu'elle a ressenti à sa première vision de Mouret, et qu'elle ressent à chaque fois ensuite, qu'elle interprète comme un malaise puissant et pas très agréable. Je ne cherchais pas plus loin que son point de vue, alors, j'étais aussi oie blanche qu'elle, tiens.
Quand à la scène du bureau où le patron est coupé dans son discours de reproche (tiens, mais d'habitude c'est le rôle de son adjoint, ça, mais qu'est-ce qui lui prend?) par la vision du buste de Denise, avec sa «taille ronde», bien ajusté maintenant dans sa robe de soie...
Ah bien, Il ne lui reste plus qu'à jouer les coiffeurs, alors, c'est évident mon vieil Octave. Tout naturel, pas besoin de remettre précipitamment, tout d'un coup, ton bureau entre toi et elle, sa nuque et ses mèches échappées! Ah, oui, tu as peur d'y perdre ton autorité, tellement elle tremble.

Pourtant, quand Bourdoncle prend sur lui de congédier injustement la pauvre fille, tu te résignes bien lâchement à perdre cette bataille-là, mon pauvre vieux....

Merci pour l'ouverture de ce topic, Annvwyn! J'ai aussi continué ma lecture!!
La pauvre Denise me faisait vraiment beaucoup de peine (c'est là que les différences avec l'adaptation m'ont sauté aux yeux!!! ) Dans l'adaptation, on la voit tout de suite pleine d'assurance alors que dans le livre, elle en bave franchement

Spoiler:

dans son malheur d'être sans cesse celle qu'on humilie et dont on se moque dans le magasin, elle a quand même le soutien (un peu fragile certes) de Mouret (qui se charge de lui montrer comment être présentable et de lui arranger sa coiffure!!!j'ai beaucoup aimé cette scène!!! ) et de Pauline et même aussi de Robineau (grâce à lui, elle a un petit complément de revenu, vu qu'elle ne fait pas de vente, elle ne gagne pas grand chose!! )
Moi aussi, j'ai beaucoup aimé le 4ème chapitre! il y a une telle vie dans ce magasin, une telle frénésie et toutes ces dames qui se saluent et qui s'extasient devant la beauté des lieux et des vêtements!!!

Selenh a écrit:

Mais ma préférence dans ce quatrième chapitre est le "pélerinage" des dames que nous avait habilement présentées le chapitre 3, chacune déployant son tempérament particulier à travers la presse de ce jour de folie, rythmé par la formule sacramentelle: «Et avez-vous vu le salon oriental?»

Quand à la scène du bureau où le patron est coupé dans son discours de reproche (tiens, mais d'habitude c'est le rôle de son adjoint, ça, mais qu'est-ce qui lui prend?) par la vision du buste de Denise, avec sa «taille ronde», bien ajusté maintenant dans sa robe de soie...
Ah bien, Il ne lui reste plus qu'à jouer les coiffeurs, alors, c'est évident mon vieil Octave. Tout naturel, pas besoin de remettre précipitamment, tout d'un coup, ton bureau entre toi et elle, sa nuque et ses mèches échappées! Ah, oui, tu as peur d'y perdre ton autorité, tellement elle tremble.

on arrive au moment où la pauvre Denise se fait renvoyer très injustement!!! J'ai trouvé qu'on s'acharnait un peu trop sur cette pauvre fille!
Malheureusement, même Mouret ne peut rien faire vu que Bourdoncle s'est pris un malin plaisir à la congédier avant même d'en avertir le grand patron!!

Ah, là là ! La mèche de cheveux... Torride !!!!!!! Si si, je trouve cette scène torride justement parce qu'il ne se passe presque rien mais alors.... Je trouve ça quand même très

Bon à part, je suis disqualifiée parce que je viens de terminer le livre... . à regrets ! Si on m'avait dit qu'un jour j'adorerais Zola ! Il vient de rejoindre mon rayon des livre fétiches ... avant d'aller se perdre chez quelques amis....!
Et franchement j'ai trouvé que plus on avançait dans le livre plus les personnages et les scènes étaient émouvants ... euh... même avant le chapitre 7, hein !!!

A part ça, ce qui m'a vraiment marqué en dehors de l'évolution des personnages c'est la façon dont Zola montre dès le début le contraste entre le vieil Elbeuf et le Bonheur... Et plus on avance plus ce contraste est grand : la lumière, les ors, la foule, le grondement de cette machine infernale qu'est le Bonheur en opposition avec cette espèce de cave insalubre et suintante qu'est la boutique de Baudu...

Respire , Lili Lily, il t'en reste 19 à lire, tu ne te sentiras pas désorientée trop longtemps.

Selenh a écrit:

Respire, Lili, il t'en reste 19 à lire, tu ne te sentiras pas désorientée trop longtemps.

Moi ? Non, pas moi... l'autre Lili celle avec un i.... ?

Si, si, toi, j'avais oublié le "y"!
J'ai cru que tu ne t'étais pas encore frottée aux Rougon-Macquart parce que tu avais l'air étonnée d'apprécier Zola.

Selenh a écrit:

Si, si, toi, j'avais oublié le "y"!
J'ai cru que tu ne t'étais pas encore frottée aux Rougon-Macquart parce que tu avais l'air étonnée d'apprécier Zola.

Ah, ok, tu as raison... je ne m'y suis frottée qu'à l'adolescence avec les romans super gais comme la Curée, Germinal, l'Assommoir... et ça m'a suffisamment assommée pour que je ne m'y frotte plus... mais c'était les livres au programme... Au bonheur des dames n'en faisait pas partie et c'est bien dommage car il correspond mieux à mon caractère et à mes goûts littéraires !

Je vous rejoins alors que j'ai même attaqué le chapitre 7. J'ai fait une fiche sur les personnags masculins et maintenant, Bourdoncle, Bouthemont and co, je maîtrise

J'ai bien aimé cette deuxième partie également. En revanche, j'ai quand même eu envie de secouer Denise parfois. Non pas quand elle se fait humilier par la terre entière, mais surtout quand elle cède à Jean. Qu'elle cède une fois ou deux, encore je veux bien le comprendre, c'est son frère et elle joue un rôle de mère pour lui, mais ensuite, pourquoi ne comprend-elle pas que ce sera toujours ainsi avec lui ?

Bon me direz-vous c'est du Zola

Merci Annwvyn pour cet extrait de Pot Bouille (vu il y a des années) qui préfigure bien ABDD (et Gérard Philippe EST Mouret ). Merci Selenh de nous faire partager la vision d'une autre forme de lecture (j'aurais trop peur de laisser mon esprit divaguer si je pratiquais l'audiolecture chapeau )

Bon me voilà encore à la ramasse parce que je m'en suis tenue au calendrier ...
Je ne peux que plussoyer Selenh, en rajoutant quand même que les employés sont effectivement très mal nourris, que la visite de contrôle de Mouret et Bourdoncle est une vaste rigolade car ils s'en moquent totalement pourvu que l'argent rentre
La gouaille vipérine de tout ce petit monde est extrêmement vivante, percutante, on les voit et en même temps on (enfin moi ) ne perd jamais de vue que cela se passe il y a 150 ans ... c'est très fort ! Le coup de foudre de Denise, oui, justement, je l'ai trouvé un peu trop soudain, mais bien sûr c'est le propre des coups de foudre, n'est-ce pas ? J'aurais quand même aimé que Zola les fasse se croiser un peu plus avant quelle n'en tombe amoureuse, mais c'est typique du schéma bergère/prince que l'auteur a adopté comme support à sa démonstration de ce qu'est un grand magasin. Bon, il faut que je me dépêche de le finir, maintenant ...

Edit : Ciel ! j'ai oublié de remercier Anwynn pour cette pépite (oui, Gérard Philipe EST et SERA éternellement Mouret) quel régal !! Et relisez Pot-bouille, il en vaut vraiment la peine !!
Serendipity, je te rejoins tout à fait pour Jean ! Comment que je te lui aurai coupé les vivres, moi !!! Bon, cela n'aurait pas du tout cadré avec ce mouton cet agneau de Denise !!

J'ai aussi terminé les chapitres 4-5-6- et il m'est impossible de ne pas continuer! Seul mon horaire du temps me permet de suivre la cadence imposée, sinon, je crois que je l'aurais tout lu hier soir!

J'ai beaucoup aimé cette incursion dans le monde commercant du chapitre 4. De voir la chaine des sentiments sur celui qui provoque le changement. De la crainte à au triomphe commercial par le détail des habitudes d'achat des clientes.

J'aime bien que Mouret se laisse gagner peu à peu par (le charme) de Denise. Lorsqu'il se permet de rire de ses cheveux, on ressent un tiraillement entre "sa nature galante vis à vis de Denise" & "la gratitude de l'homme adoré" de sa maitresse.

Ici, dans ma lecture, je ne suis pas certaine "du charme" de Denise. Je ressens de l'attachement pour elle mais je ne vois pas encore ce que Mouret pourrait lui trouver de particulier. Elle est courageuse, elle est droite et elle sait faire face à l'adversité mais est-ce suffisant?

Quant à Mouret, mon appréciation grandit car il ne profite pas d'elle (lorsqu'il la convoque dans son bureau ou lors de leur rencontre fortuite dans le magasin, la nuit).

Quant à son renvoi, je crios qu'il aurait été difficile de ne pas y arriver. Elle était la paria de son département, elle avait des difficultés à cause de son frère et le magasin était en surplus d'employés. Le contraire aurait été surprenant!

Lily of the valley a écrit:

Moi ? Non, pas moi... l'autre Lili celle avec un i.... ?

Moi je suis une victime de longue date des pulsions de "y" de beaucoup de personnes et voilà que l'inverse de produit ! En fait, je crois que ça me rassure
Et sinon, je suis bien heureuse de voir que tu as rejoint le rang des fans d'ABDD ! Zola est un dieu, isn't he?

Bref, comme promis, me voilà en début de semaine pour vous faire mon petit compte-rendu puisque je fais parti de celles qui ont pris de l'avance..! (Comment résister, sincèrement ?)

Chapitre 4 :
Nous avons donc quitté Octavichou (ça donne un petit côté russe ce surnom - le 'ich' -, j'aime bien) pour retourner au Bonheur qui ne va pas tarder à ouvrir ces portes "ce lundi-là, le 10 octobre". Personne le matin alors que la description du magasin est alléchante... Enfin, quelques dames tout de même qui s'émerveillent devant le salon oriental. Puis on apprend évidemment que Denise commence à travailler ABDD ce matin-là, vêtue de soie, matière qu'elle n'avait jamais portée. Pour changer les autres vendeuses se moquent d'elle et décidément, j'ai très envie de taper cette Clara ! Et puis quand c'est au tour de Denise et qu'elle se fait voler sa cliente par Clara..! Dieu qu'elle m'agace. Mais, Mme Aurélie la soutient et c'est encore plus embêtant. Bien évidemment elle a ses raisons mais sur le moment j'avoue que ça m'a frustrée ! Denise se retrouve à faire le déplié - la pauvre - alors que Octavichou rentre dans la pièce. "Ce fût pour elle une secousse ; elle rougit, elle se sentit reprise de son étrange peur, croyant qu'il allait lui parler." Tadaaaaam ! Une de plus sous le charme de Mouret (on la comprend aisément, surtout quand on a déjà lu le livre), qui commence à entendre une foule arriver au loin. Sinon, la scène où Denise se retrouve à devoir porter les vêtements en tant que mannequin m'a peiné. Des moqueries de tout le monde, même de Mouret... pas très sympathique ce petit ! Mais au final, il a tout ce qu'il veut : séduire les femmes et s'enrichir grâce à elles ! "Quatre-vingt mille sept cent quarante-deux francs dix centimes !"

Chapitre 5 :
"- Mademoiselle, on vous demande à la direction." Qu... quoi ? Pourquoi ? Déjà ? Mais finalement, Denise apparaît bien plus à son avantage que la veille et Octavichou ne se prive pas se replacer les mèches de Denise, la veinarde... Et puis là, les problèmes commencent avec Jean. Monsieur veut de l'argent. En fait, je ne l'aime pas du tout celui-là ! Je ne sais plus comment il finit mais je lui souhaite de finir mal En fait, c'est surtout son égoïsme qui m'agace, en bref, les autres vendeuses commencent à lui prétendre un amant... La nuit ce n'est pas mieux, elle ne dort pas puisqu'elle doit faire de la lessive, racommoder quelque chose par ci et par là... Et quand elle dort elle cauchemarde ! Et puis un soir Pauline - elle je l'aime bien, peu ont cette chance, j'ai l'impression - arrive et discute avec Denise. Bref, Pauline est cool et je la considère comme l'un des personnages les plus "stables" du roman ! Ca fait du bien de pouvoir se reposer sur quelqu'un ! Et puis ensuite, la vie de Denise continue, souffrance perpétuelle de sa situation précaire. Et puis un jour, elle s'en va avec Pauline & Baugé et bam! Hutin est un vilain en fait ! Enfin, "vilain", je me comprends... Et comme si ça ne perturbait pas assez de voir Hutin, lui qu'elle trouvait si gentil, avec une autre femme, il a fallu que Deloche lui avoue qu'il l'aime ! Mais bon, je l'aime bien lui aussi. Et puis après, elle tombe sur Mouret (décidément, quand Denise est de sortie, c'est vraiment le cas !) qui "ne riait plus, il éprouvait un sentiment indéfinissable de surprise et de crainte, mêlé de tendresse"

Chapitre 6 :
La chapitre des renvois en masse. Denise est elle-aussi sous une épée de Damoclès, pas d'exceptions. C'est un chapitre dans lequel je me révolte à chaque fois devant les motifs stupides qui précèdent l'infâme "Passez à la caisse !" Clara est toujours autant embêtante et colporte des rumeurs au sujet de Denise (à croire que c'est for amusant). J'ai vraiment envie de la giffler celle-là... Gentil petit Robineau a trouvé un travail supplémentaire pour Denise qui a du mal avec ses finances (elle peut remercier Jean, je pense). Et puis peu après il y a la scène de la cantine qui m'amuse beaucoup. Elle me fait pensé à la cantine de mon collège... (oui, vous avez le droit de vous inquiéter, ce n'était pas terrible at all) "Qui prend mon riz contre son dessert ?" Phrase typiquement collégienne, je vous assure ! Bien. Changement d'ambiance quand l'Inspecteur Jouve se retrouve avec Denise. "Soyez aimable, venez ce soir tremper une tartine dans une tasse de thé. C'est de bon coeur."... Non mais QUELLE HORREUR ! J'ai envie de le taper lui aussi En fait, je ne m'étais pas du tout attendue à ce qu'il lui fasse des avances qu'il essaie de lui forcer la main. Et puis, pour continuer sur une note joyeuse, elle retrouve son frère qui a de nouveau besoin d'argent. Cependant, ils ont été vus dans le sous-sol... "Mademoiselle Baudu... Passez à la caisse !" Puis Mouret est mis au courant, il "resta gêné, le sang au visage" avant de plaisanter sur le sujet. C'est à partir de ce moment, que j'ai su davantage qui était exactement Octavichou. Un homme qui cache l'affection qu'il éprouve pour une femme peu commune par souci pour sa réputation à elle et à lui.

Voilààà , j'ai lu en diagonale les chapitres pour ne pas passer trop à côté mais j'ai sans doute raté des choses auxquelles j'ai pensé sur le moment de la lecture !

Lily of the valley a écrit:

Ah, ok, tu as raison... je ne m'y suis frottée qu'à l'adolescence avec les romans super gais comme la Curée, Germinal, l'Assommoir... et ça m'a suffisamment assommée pour que je ne m'y frotte plus... mais c'était les livres au programme...

C'est drôle, pour moi ce fut tout le contraire, ils n'étaient pas au programme (heureusement, parce que je n'arrivais pas à les lire ceux-là) et je les adorais. J'étais pas follement gaie comme adolescente, juste en surface, ça devait me consoler de voir qu'il y en avait d'autres qui en bavaient bien plus que moi, même en fiction.

Par contre j'ai fait étudier Germinal à mes Secondes l'année où le film est sorti, un pur bonheur, on en reparle avec eux quand on se rencontre. Ils pleuraient, en classe, moi je me retenais (mal!).

Souvenirs, souvenirs... Zola et Verne c'était ma littérature de plage, pur plaisir. Tous les étés entre 14 et 22 ans je me suis consacrée à eux. Avec une préférence pour les Rougon-Macquart sans doute car il n'y a que Son Excellence Eugène Rougon que je n'ai pas lu, finalement, alors qu'il me reste plus d'un Verne inabordé...

serendipity a écrit:

...surtout quand elle cède à Jean. Qu'elle cède une fois ou deux, encore je veux bien le comprendre, c'est son frère et elle joue un rôle de mère pour lui, mais ensuite, pourquoi ne comprend-elle pas que ce sera toujours ainsi avec lui ?

Bon me direz-vous c'est du Zola

Donc réaliste, quoi... Les vraies mères comme ça ça existe, et ça me fait hurler, surtout quand elles sont pauvres, comme Denise!

Citation :

Merci Selenh de nous faire partager la vision d'une autre forme de lecture (j'aurais trop peur de laisser mon esprit divaguer si je pratiquais l'audiolecture chapeau )

De rien, Petit Faucon en parle aussi...

Lili Snape Darcy a écrit:

Pour changer les autres vendeuses se moquent d'elle et décidément, j'ai très envie de taper cette Clara !

Et ça ne fait que commencer! Elle n'a pas fini de te faire hurler!

C'est un plaisir de lire tous vos commentaires ! Je vois que nous percevons toutes le roman très différemment, et c'est très sympa de pouvoir confronter nos points de vue. Je ne donne pas tout de suite mon avis sur les trois chapitres, mais je vais plutôt discuter ce que vous avez écrit.

serendipity a écrit:

En revanche, j'ai quand même eu envie de secouer Denise parfois. Non pas quand elle se fait humilier par la terre entière, mais surtout quand elle cède à Jean. Qu'elle cède une fois ou deux, encore je veux bien le comprendre, c'est son frère et elle joue un rôle de mère pour lui, mais ensuite, pourquoi ne comprend-elle pas que ce sera toujours ainsi avec lui ?

clinchamps a écrit:

Serendipity, je te rejoins tout à fait pour Jean ! Comment que je te lui aurai coupé les vivres, moi !!! Bon, cela n'aurait pas du tout cadré avec ce mouton cet agneau de Denise !!

Wow, je vous trouve drôlement dures avec Denise les filles ! Je veux la défendre !
Nous sommes d'accord, Jean est insupportable. Je ne me souvenais pas qu'il était sans gêne, immature, égoïste à ce point là, et à la lecture de ces passages, je m'énervais toute seule contre lui. Mais il reste le frère de Denise, et je comprends très bien qu'elle fasse tout pour lui (d'accord, à sa place, je lui aurais quand même passé un savon avant de lui donner l'argent). Mais quand même, elle se secoue Denise. Certes elle ne gronde pas son frère, mais se donne "à fond" dans son travail, et se montre encore plus brave !
Et Clinchamps, tu parles de mouton, c'est un peu dur, non ? Quand même, elle est peut être adorable et douce et tout et tout, mais Denise se bat comme une malade pour tenir au rayon, et je ne suis pas certaine que j'aurais montré autant d'obstination, et de bravoure !

Clinchamps a écrit:

Le coup de foudre de Denise, oui, justement, je l'ai trouvé un peu trop soudain, mais bien sûr c'est le propre des coups de foudre, n'est-ce pas ? J'aurais quand même aimé que Zola les fasse se croiser un peu plus avant quelle n'en tombe amoureuse, mais c'est typique du schéma bergère/prince que l'auteur a adopté comme support à sa démonstration de ce qu'est un grand magasin.

J'adore comme Clinchamps démystifie tout le "romantisme" du roman ! Pauvre Zola, pour une fois qu'il écrit une histoire qui s'apparente à une histoire d'amour ! Quelque part, je comprends ce que tu peux ressentir, même si pour moi, l'histoire d'amour est loin d'être aussi évidente à mes yeux. Par exemple, je ne trouve pas qu'il y ait de coup de foudre (peut être faudrait-il qu'on s'entende sur la définition du coup de foudre ? ). D'ailleurs, les histoires à coup de foudre m'ennuient généralement. A ce stade de lecture, j'ai plus l'impression (c'est mon ressenti personnel bien sûr) qu'il y a d'un côté Denise, naturellement troublée par Mouret (dont toutes les femmes sont folles). Elle en a peur, est attirée par lui, et au fond d'elle, peut être qu'il y a de l'amour, mais je serais loin de l'affirmer si tôt dans le roman ! Et d'autre part, il y a Mouret, loin d'être romantique. Denise l'amuse (il est dit qu'il se moque d'elle, la conseille, la compare à un garçon manqué) et la trouble. A ce stade, j'y vois plus de désir que d'amour.

Lili Snape Darcy a écrit:

C'est à partir de ce moment, que j'ai su davantage qui était exactement Octavichou. Un homme qui cache l'affection qu'il éprouve pour une femme peu commune par souci pour sa réputation à elle et à lui.

Du coup, je ne peux pas être d'accord avec Lili. Pour moi, Mouret n'a pas du tout pour préoccupation la réputation de Denise. Je ne pense pas non plus qu'il cache une quelconque affection pour elle, pour la simple et bonne raison qu'il ne ressent encore que très faiblement cette affection là. Peut être quelqu'un partage t'il mon avis ? Mouret est quelqu'un d'entier qui a franchement tendance à dire ce qu'il ressent, sans trop de pudeur, et pour moi, il n'est à aucun moment un gentleman qui cache son amour par souci des convenance. Comme le dirait Scarlett : il n'est pas un gentleman.

Luluberlu a écrit:

Ici, dans ma lecture, je ne suis pas certaine "du charme" de Denise. Je ressens de l'attachement pour elle mais je ne vois pas encore ce que Mouret pourrait lui trouver de particulier. Elle est courageuse, elle est droite et elle sait faire face à l'adversité mais est-ce suffisant?

A moi ça me semble déjà pas mal ! Après, j'ajouterais aussi le physique tout fin de Denise, ses cheveux blonds si incroyables (qui lui arrivent aux pieds quand même ! ) et ses yeux gris, sa délicatesse, sa douceur. Et comme le dit Zola, pour le moment, Mouret n'est pas folement attiré par Denise, il est juste très troublé, et il ne sait pas encore par quoi. Doit on forcément expliquer ce trouble ?

Lili Snape Darcy a écrit:

Moi je suis une victime de longue date des pulsions de "y" de beaucoup de personnes et voilà que l'inverse de produit !

Ah, mais tu t'appelles Snape... comment veux tu qu'on n'ait pas envie de t'appeler Lily ? Tout le monde a rêvé de Lily Potter Snape !

Annwvyn a écrit:

Par exemple, je ne trouve pas qu'il y ait de coup de foudre (peut être faudrait-il qu'on s'entende sur la définition du coup de foudre ? ). D'ailleurs, les histoires à coup de foudre m'ennuient généralement.

Parce qu'elles sont trop irréalistes et démonstratives, peut-être? Je n'avais pas vu non plus dans mes lectures de jeunesse que Denise se sent un malaise chaque fois qu'elle croise Mouret, et dès la première fois. Alors qu'elle a plaisir à chaque intervention d'Hutin, avant sa partie de campagne, et qu'elle est consciente de son ressenti. Là c'est beaucoup plus sourd, pas commenté, mais ça me l'a fait une fois ce malaise eh bien c'est très particulier.

Citation :

Et d'autre part, il y a Mouret, loin d'être romantique. Denise l'amuse (il est dit qu'il se moque d'elle, la conseille, la compare à un garçon manqué) et la trouble. A ce stade, j'y vois plus de désir que d'amour.

Oui, un peu déstabilisé quand même, et ne sachant pas trop non plus ce qu'elle lui fait. Mais Z. ne commente pas là non plus. Seulement quand Mouret bat en retraite derrière son bureau, quand il laisse Bourdoncle la chasser en lui disant que c'est mieux pour lui... et qu'il l'admet? C'est plus tout à fait notre calicot-joli-cœur, déjà...

Citation :

Du coup, je ne peux pas être d'accord avec Lili. Pour moi, Mouret n'a pas du tout pour préoccupation la réputation de Denise. Je ne pense pas non plus qu'il cache une quelconque affection pour elle, pour la simple et bonne raison qu'il ne ressent encore que très faiblement cette affection là. Peut être quelqu'un partage t'il mon avis ?

Un peu les deux, très chère; il est quand même plus délicat que d'habitude... parce qu'il ne connaît pas son cœur sans doute. Justement, il se conduit quand même avec elle comme avec personne d'autre, par exemple quand il est à la fois presque paternel, content qu'elle s'épanouisse à son retour de Joinville, et en même temps un peu jaloux à l'idée qu'elle ait un amoureux...

Annwvyn a écrit:

Pour moi, Mouret n'a pas du tout pour préoccupation la réputation de Denise. Je ne pense pas non plus qu'il cache une quelconque affection pour elle, pour la simple et bonne raison qu'il ne ressent encore que très faiblement cette affection là.

Et pourquoi cacherait-il donc son intérêt pour Denise alors qu'il n'essaie pas de cacher ses relations avec Mme Desforges ? Il la trouve différente et fait plus attention à elle qu'aux autres vendeuses. Mais j'ai peur que mon esprit soit allé plus loin que le chapitre 6. Et peut-être mes souvenirs des autres chapitres sont-ils flous, je ne sais pas. L'avenir nous le dira

Annwvyn a écrit:

Mouret est quelqu'un d'entier qui a franchement tendance à dire ce qu'il ressent, sans trop de pudeur

Avec les hommes, certes, mais je trouve qu'avec les femmes il a plutôt tendance à dire et faire ce qu'il faut plutôt que ce qu'il voudrait. Après tout, il en a besoin, des femmes. Bon, après ça dépend des moments. Mais je le trouve bien plus calculateur que franc

Je crois que si je n'avais pas lu la suite, ça ne me gênerait pas de lui cracher au visage, en fait

Annwvyn a écrit:

Par exemple, je ne trouve pas qu'il y ait de coup de foudre (peut être faudrait-il qu'on s'entende sur la définition du coup de foudre ? ). D'ailleurs, les histoires à coup de foudre m'ennuient généralement. A ce stade de lecture, j'ai plus l'impression (c'est mon ressenti personnel bien sûr) qu'il y a d'un côté Denise, naturellement troublée par Mouret (dont toutes les femmes sont folles). Elle en a peur, est attirée par lui, et au fond d'elle, peut être qu'il y a de l'amour, mais je serais loin de l'affirmer si tôt dans le roman ! Et d'autre part, il y a Mouret, loin d'être romantique. Denise l'amuse (il est dit qu'il se moque d'elle, la conseille, la compare à un garçon manqué) et la trouble. A ce stade, j'y vois plus de désir que d'amour.

Lili Snape Darcy a écrit:

C'est à partir de ce moment, que j'ai su davantage qui était exactement Octavichou. Un homme qui cache l'affection qu'il éprouve pour une femme peu commune par souci pour sa réputation à elle et à lui.

Du coup, je ne peux pas être d'accord avec Lili. Pour moi, Mouret n'a pas du tout pour préoccupation la réputation de Denise. Je ne pense pas non plus qu'il cache une quelconque affection pour elle, pour la simple et bonne raison qu'il ne ressent encore que très faiblement cette affection là. Peut être quelqu'un partage t'il mon avis ? Mouret est quelqu'un d'entier qui a franchement tendance à dire ce qu'il ressent, sans trop de pudeur, et pour moi, il n'est à aucun moment un gentleman qui cache son amour par souci des convenance. Comme le dirait Scarlett : il n'est pas un gentleman.

oui, je partage ton avis, Annwvyn. Pour moi, Mouret n'éprouve qu'une vague attirance pour Denise, peut-être ressent-il à sa vue une envie de la protéger ou de l'aider (peut-être que c'est tout simplement de la pitié) mais ce n'est pas du tout de l'amour. Quant à Denise, elle est un peu troublée par Mouret, il semble être assez gentil avec elle, mais elle se sent juste toute gênée en sa présence! Pour moi, il n'y a pas de coup de foudre entre eux. On devine qu'il y aura bien plus qu'un trouble et qu'une attirance "bizarre" (lui même ne comprend pas pourquoi il est attiré par une telle fille) plus tard mais pas à ce stade du roman!

Oui, je te concède que "mouton" c'était dur (mais c'était trop tentant ) en fait elle l'est avec son frère, à qui elle accorde un pouvoir exorbitant sur elle !!! Dans son travail elle ne l'est pas du tout c'est une "force patiente" pour paraphraser Zola !! Non, elle ne m'attire pas trop parce que c'est plus un archétype qu'une vraie personne, alors qu'autour d'elle foisonnent les passions, les vices, les élans d'une humanité grouillante et charnelle, elle est un peu trop "bien" mais peut-être que la suite va nous la faire tomber dans le bouillon de culture général !!
Edit : Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

clinchamps a écrit:

Edit : Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

pour moi, le coup de foudre, c'est quelque chose qui est soudain... en fait, dans mon esprit, je le distingue du sentiment amoureux qui se créé au fil du temps! J'ai eu affaire aux deux alors je confonds sans doute entre les deux mais c'est vrai que comme tu l'as fait remarquer, dans le cas d'un coup de foudre, on ne se dit pas "ça a été le coup de foudre" donc sur ce point -là, tu as raison. Mais pour ce qui est de Denise, est-ce que c'est un coup de foudre? je doute encore!!!

Selenh a écrit:

Parce qu'elles sont trop irréalistes et démonstratives, peut-être? [...]
Seulement quand Mouret bat en retraite derrière son bureau, quand il laisse Bourdoncle la chasser en lui disant que c'est mieux pour lui... et qu'il l'admet? C'est plus tout à fait notre calicot-joli-cœur, déjà...

Tout à fait ça pour le coup de foudre, tu as deviné Selenh !
Quant à ton analyse des sentiments de Mouret, c'est tout à fait ce que je ressens. Encore une fois tu trouves la juste mesure pour exprimer ce que je pense ! Ce que je voulais dire surtout, en insistant sur le désir de Mouret, sur le fait qu'il n'est pas si attentionné que ça envers Denise, c'était dire à Lili que j'étais loin de partager sa vision romantique du personnage. Mais quand même, dans la suite du roman

Spoiler:

Lili Snape Darcy a écrit:

Et pourquoi cacherait-il donc son intérêt pour Denise alors qu'il n'essaie pas de cacher ses relations avec Mme Desforges ? [...]
Avec les hommes, certes, mais je trouve qu'avec les femmes il a plutôt tendance à dire et faire ce qu'il faut plutôt que ce qu'il voudrait.

Pour moi justement, il ne cache pas son intérêt. D'ailleurs, dans la suite du roman

Spoiler:

Et à mon sens, c'est plutôt avec les hommes qu'il aurait tendance à cacher ce qu'il ressent. Mais on en reparlera par la suite, ce sera mieux je pense.

marie21 a écrit:

oui, je partage ton avis, Annwvyn. Pour moi, Mouret n'éprouve qu'une vague attirance pour Denise, peut-être ressent-il à sa vue une envie de la protéger ou de l'aider (peut-être que c'est tout simplement de la pitié) mais ce n'est pas du tout de l'amour. Quant à Denise, elle est un peu troublée par Mouret, il semble être assez gentil avec elle, mais elle se sent juste toute gênée en sa présence! Pour moi, il n'y a pas de coup de foudre entre eux. On devine qu'il y aura bien plus qu'un trouble et qu'une attirance "bizarre" (lui même ne comprend pas pourquoi il est attiré par une telle fille) plus tard mais pas à ce stade du roman!

Chouette Marie a le même avis que moi ! Et c'est un avis de poids, dans la mesure où c'est ta première lecture du roman !

clinchamps a écrit:

Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

C'est bien ce que je pensais... on ne voit pas le coup de foudre de la même façon ! Pour moi le coup de foudre c'est une attirance immédiate, mais également la conscience immédiate de cette attirance. Plus aucune place pour la subtilité (contrairement à ABDD, où comme le rappelle Selenh, Zola commente peu, et se contente de raconter, ce qui laisse la place à la délicatesse et l'imagination)... on n'a plus qu'à se jeter dans les bras l'un de l'autre !

Annwvyn a écrit:

Quant à ton analyse des sentiments de Mouret, c'est tout à fait ce que je ressens. Encore une fois tu trouves la juste mesure pour exprimer ce que je pense !

C'est ça, les affinités électives!

Citation :

e que je voulais dire surtout, en insistant sur le désir de Mouret, sur le fait qu'il n'est pas si attentionné que ça envers Denise, c'était dire à Lili que j'étais loin de partager sa vision romantique du personnage.

Certes. Les romantiques, chez Zola, de toute façon font pas carrière! Ils meurent (Le Rêve ou ils se résignent (Une page d'amour) Là Mouret ne sait pas sur quel pied danser, mais comme tu dis, plus tard il va désespérément utiliser son arsenal habituel, il connaît rien d'autre! Avec quel succès... suspense!

Citation :

Pour moi justement, il ne cache pas son intérêt.

À lui-même, un peu non? Bourdoncle lui a remarqué quelque chose, le futé! Et hop... Passez à la caisse, mademoiselle!

marie21 a écrit:

Quant à Denise, elle est un peu troublée par Mouret, il semble être assez gentil avec elle, mais elle se sent juste toute gênée en sa présence!

Ah, non, pas d'accord Marie! Je le remarque juste pour la première fois alors j'ai l'ardeur des néo-convertis mais il y a plus que ça! Je fais un relevé précis dès que j'ai le temps...

clinchamps a écrit:

Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

Complètement d'accord, ça sent le vécu, hein Clinchamps? Le jour où ça m'est arrivé j'ai cru que je faisais une gastro au début... l'envie de vomir! Quand ma copine s'est mise à sauter en faisant des signes au type de l'autre côté de la rue Vital Carles qui attendait au feu comme nous ça m'a indisposée rien que de le voir là-bas, et en s'approchant c'était carrément de l'antipathie à fleur de peau, un sentiment de malaise profond, une envie de repartir, qu'elle arrête de papoter avec (il avait été aussi mono dans sa colo de l'été), j'arrivais même pas à le regarder tellement je me sentais mal.

Citation :

on n'a plus qu'à se jeter dans les bras l'un de l'autre !

Ça doit exister aussi... ça ne m'est arrivé que pour de brèves et délicieuse passades, et en ce qui me concerne en tout cas c'est plutôt l'attirance érotique qui fonctionne, là.

Eh, oui, 3615 My Life appliqué à l'analyse du sentiment amoureux dans le Bonheur des Dames... un peu la honte, quand même!

Oui, Selenh, c'est absolument vécu !! C'est un chien dans un jeu de quille, le coup de foudre, ça met le bazar dans ce qui était bien rangé ... Pour Denise, il est évident qu'à la première vue de Mouret elle est troublée, mais elle n'aime pas ce qu'elle ressent, car c'est un sentiment inconnu pour elle, quelque chose de dérangeant, qui prend possession d'elle sans qu'elle y comprenne quelque chose, un sentiment primitif, primaire, primal, (choisissez) d'une attirance immédiate qu'elle ne peut absolument pas définir car elle n'a pas les outils pour ça : elle n'a jamais frémi pour quelqu'un (Hutin, c'est de la gratitude car elle croit qu'il a été bon pour elle ... rien à voir) là c'est une question de tripes, or elle ne sait pas qu'elle en a, des tripes !! Elle est pure, naïve et innocente, donc elle ne peut définir ce qu'elle éprouve pour Mouret, mais instinctivement elle en a peur ... pour moi c'est le coup de foudre ... Quant à Mouret, il est frappé par la différence éclatante entre Denise et les autres femmes qui l'entourent, quelque part il pressent qu'il y a là un diamant qui le changera de ses femmes de pacotilles habituelles, mais que c'est un chemin plus aride qu'il n'y paraît qui compliquera sa vie bien ordonnée (toujours le coup de foudre qui bouscule ... ) !! Enfin, c'est comme ça que je vois la trame de l'histoire que Zola a voulu créer, et maintenant voyons si Denise se laissera emporter par son propre désir(car c'est bien de cela qu'il s'agit) et si Mouret osera aller vers une femme qui pourrait l'amener à changer du tout au tout sa conception de la féminité !!

clinchamps a écrit:

Quant à Mouret, il est frappé par la différence éclatante entre Denise et les autres femmes qui l'entourent, quelque part il pressent qu'il y a là un diamant qui le changera de ses femmes de pacotilles habituelles, mais que c'est un chemin plus aride qu'il n'y paraît qui compliquera sa vie bien ordonnée (toujours le coup de foudre qui bouscule ...

Je ne suis pas certaine de ce coup de foudre de la part de Mouret. Certe, il voit en Denise une personne différente des autres; une personne qu'il veut aider, protéger (dans son magasin) mais aimer? Je serais prête à admettre un "désir" mais pas de l'amour, en tous les cas, pas à ce stade-ci.

Aussi, je ne pense pas que Denise ressente un coup de foudre, elle aussi Elle ressent quelque chose à son contact, ça c'est certain. Mais je vois cela comme un sentiment qui nait doucement; il est là mais il aurait pu être remplacer par un autre. Si Hutin avait été sincère, il me semble qu'il aurait facilement gagner le coeur de Denise. Alors que pour un coup de foudre, selon ma définition toute personnelle, est un sentiment fort qui nous lie à une seule et unique personne.

Il y a une tension entre nos 2 personnages, ça, c'est certain!

clinchamps a écrit:

Pour Denise, il est évident qu'à la première vue de Mouret elle est troublée, mais elle n'aime pas ce qu'elle ressent, car c'est un sentiment inconnu pour elle, quelque chose de dérangeant, qui prend possession d'elle sans qu'elle y comprenne quelque chose, un sentiment primitif, primaire, primal, (choisissez) d'une attirance immédiate qu'elle ne peut absolument pas définir car elle n'a pas les outils pour ça : elle n'a jamais frémi pour quelqu'un

Luluberlu a écrit:

Je ne suis pas certaine de ce coup de foudre de la part de Mouret. Certe, il voit en Denise une personne différente des autres; une personne qu'il veut aider, protéger (dans son magasin) mais aimer? Je serais prête à admettre un "désir" mais pas de l'amour, en tous les cas, pas à ce stade-ci.

Annwvyn a écrit:

marie21 a écrit:

oui, je partage ton avis, Annwvyn. Pour moi, Mouret n'éprouve qu'une vague attirance pour Denise, peut-être ressent-il à sa vue une envie de la protéger ou de l'aider (peut-être que c'est tout simplement de la pitié) mais ce n'est pas du tout de l'amour. Quant à Denise, elle est un peu troublée par Mouret, il semble être assez gentil avec elle, mais elle se sent juste toute gênée en sa présence! Pour moi, il n'y a pas de coup de foudre entre eux. On devine qu'il y aura bien plus qu'un trouble et qu'une attirance "bizarre" (lui même ne comprend pas pourquoi il est attiré par une telle fille) plus tard mais pas à ce stade du roman!

Chouette Marie a le même avis que moi ! Et c'est un avis de poids, dans la mesure où c'est ta première lecture du roman !

clinchamps a écrit:

Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

C'est bien ce que je pensais... on ne voit pas le coup de foudre de la même façon ! Pour moi le coup de foudre c'est une attirance immédiate, mais également la conscience immédiate de cette attirance.

J’ai exactement la même définition du coup de foudre…

Selenh a écrit:

clinchamps a écrit:

Marie, le fait d'être attiré par quelqu'un sans savoir pourquoi et d'en avoir peur c'est l'essence même du coup de foudre, qui paralyse parce qu'on ne le comprend pas, qu'on ne l'a pas vu venir et qu'il nous dépossède d'une part de soi-même !! On ne se dit pas "tiens ! j'ai un coup de foudre" mais "bon sang ! qu'est-ce qui m'arrive ????" C'est la fameuse phrase de ma signature : j'avais déjà fait la moitié du chemin avant de savoir que j'étais parti !!

Complètement d'accord, ça sent le vécu, hein Clinchamps? Le jour où ça m'est arrivé j'ai cru que je faisais une gastro au début... l'envie de vomir! Quand ma copine s'est mise à sauter en faisant des signes au type de l'autre côté de la rue Vital Carles qui attendait au feu comme nous ça m'a indisposée rien que de le voir là-bas, et en s'approchant c'était carrément de l'antipathie à fleur de peau, un sentiment de malaise profond, une envie de repartir, qu'elle arrête de papoter avec (il avait été aussi mono dans sa colo de l'été), j'arrivais même pas à le regarder tellement je me sentais mal.

mais moi aussi, j’ai déjà ressenti ça !!! enfin pas l’envie de vomir (on ne réagit pas de la même façon au coup de foudre^^), donc tout à fait d’accord pour dire qu’il s’agissait bien d’un coup de foudre: je n’osais pas non plus le regarder après coup, j’étais dans un état, toute intimidée mais en même temps j’étais consciente de mon attirance pour lui dès le départ!!
Par contre, bien qu’il jouait les séducteurs avec moi, ce n’était pour lui qu’un jeu …d’où peut-être ma désillusion face au coup de foudre! Pour moi, le coup de foudre s’apparente plutôt à une forte attirance, ce n’est pas de l’amour ou alors, ça ne dure pas…Comment peut –on être vraiment amoureux(se) de quelqu’un simplement via l’apparence physique sans vraiment connaître la personnalité de cette personne. Pour cette fois-là, je me suis rendue compte bien après combien je m’étais fait des illusions à propos de cet homme, qu’il n’était pas du tout comme je l’imaginais…
c’est pourquoi, je crois beaucoup plus aux sentiments qui évoluent au fil des rencontres et des conversations avec la personne pour laquelle on finit par tomber amoureux(se). C’est quelque chose qui n’arrive pas subitement, mais qui est un peu plus lent à se mettre en place!
J’ai bien réfléchi hier soir (encore) à la citation de P&P que Clinchamps a mise mais que j’avais pas encore commentée ici pour l’instant…Pour moi, entre Lizzie et Darcy, il y a bien eu attirance entre eux, puis désillusion de la part de Lizzie même si elle fait comme si ça ne lui faisait rien (elle le lui en fait d’ailleurs le reproche lors de la fameuse demande en mariage ) lorsqu’elle entend ce qu’il dit à Bingley sur son compte !!! Vient donc ensuite l’antipathie de la part de Lizzie, pour Darcy, c’est encore une attirance qu’il ne s’explique pas et tente de nier, puis, petit à petit, au fil de leurs conversations et de leurs rencontres, leur attirance s’intensifie encore plus ..pour moi, ils ne tombent pas amoureux l’un de l’autre au premier coup d’œil, c’est petit à petit…
Quant à la citation postée par Clinchamps, je la comprends ainsi : pour moi, il dit qu’il ne sait pas à quel moment il est tombé amoureux d’elle. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il était déjà très amoureux quand il s’en est rendu compte !

Est-ce qu’il s’agit de coup de foudre pour Denise ? peut-être mais j’ai encore des doutes. Elle est quand même très intimidée par les hommes. Elle éprouve effectivement un coup de foudre pour Hutin, elle en est tout de suite consciente et bien sûr elle se fourvoie complètement sur lui…mais pour Mouret, ce n’est pas la même chose… Par contre, en ce qui concerne Mouret, j’ai plus de certitude : ce n’est encore que de l’attirance et une attitude un peu paternelle envers elle…un peu comme Darcy, il ne s’explique pas cette attirance pour une fille qui ne sait même pas comment s’habiller correctement.

Selenh a écrit:

Citation :

Pour moi justement, il ne cache pas son intérêt.

À lui-même, un peu non? Bourdoncle lui a remarqué quelque chose, le futé! Et hop... Passez à la caisse, mademoiselle!

là, je suis d’accord avec toi, Selen. Il s’intéresse à elle et tout le monde semble le remarquer, surtout Bourdoncle…mais c’est juste de l’intérêt, pas encore de l’amour…