Au Bonheur des dames, Semaine 2 : Chapitres 4 à 6

Annwvyn a écrit:

Oh bah non, rien de tout ça ! D'abord, je déteste la mauvaise foi. Et je refuse d'entendre que les juristes en sont les champions, parce que (si on en croit ceux que j'ai autour de moi qui sont de vraies perles), c'est loin d'être le cas. Et puis à quoi est ce que cela rime d'associer une profession à un état d'esprit ? Je suis fière de connaître des juristes prêts à en découdre avec tous les clichés qu'on leur associe.

Et c'est un toujours un vrai bonheur de te chatouiller sous les bras chère enfant Annwvyn! Non, non, je me souviens de notre premier contact au sujet de certaine association étudiante, le fait est que tu débordais plutôt d'hyper-scrupules que de mauvaise foi. D'ailleurs je vais finir par t'appeler «Denise» et arrêter de t'embêter!

Fred a écrit:

Que veux-tu, Selenh. Je suis toujours en train de me rouler dans les montagnes de satin et de velours, de soies et de fourrures etc... que Denise contemple dans les vitrines au chapitre 1... C'est mon vice à chaque lecture, m'attarder longuement sur les détails de confection, le dress-code, les descriptions des matières dont certaines sont devenues rares... Je relis tous ces passages jusqu'à l'overdose!

Ça fait une moyenne avec Miss Margaret. Comme elle le fait très justement remarquer, Zola t'a mâché le travail, il te refait le coup de l'hémorragie des tissus tous les trois chapitres, tu peux donc te permettre d'avancer un peu

Ah Selenh, quelque chose me dit qu'on ne finira jamais de se taquiner !
Mais restons calmes tout de même, et ne parlons plus de mauvaise foi ou de juristes.
Quant à cette affaire d'association, je n'en suis pas remise (enfin, disons que j'ai laissé ça derrière parce que c'est ce qu'il y avait de mieux à faire) et ça me fait très très plaisir que tu t'en souviennes.
Mais en même temps c'est bien normal qu'on ne soit pas toujours d'accord, je suis une enfant tu l'écris toi même et j'ai bien conscience de n'avoir pas encore le même parcours que toi !

J'ai bien aimé ces trois chapitres ! Il y a de l'amour, de l'aventure, de l'action, des complots.
Non,plus sérieusement, j'ai bien aimé voir Denise se rebeller pour essayer de se faire une place et même si elle finit par se faire virer (Mais c'est que le petit Mouret, c'était attaché à elle !), on voit qu'elle essaie de tout faire pour gagner son pain (et celui de ses frangins). Il faudrait qu'elle arrête de se sentir responsable de son frère, certes, ça doit être dur, mais sinon, c'est Pépé qui va tout prendre et ne pas pouvoir se nourrir. J'ai bien aimé les développements de l'histoire, mais je me demande bien ce qu'il nous réserve pour la suite !

Oui, oui, je sais, je suis comme Fred (hein Selenh ) je prends mon temps (ou du moins celui que j'ai ) et je poste donc très en retard. Cependant, comme je suis en vacances, je compte bien vous rattraper

Tout d'abord, merci Annwvyn pour l'excellent extrait de "Pot Bouille" dont tu nous as gratifié C'était...pas de mot...Gérard Philippe... et Danielle Darrieux... quel couple ! C'était pour le coup un VRAI petit cadeau pour ouvrir ce topic !

Je dois dire que je suis comme la plupart d'entre vous: j'ai adoré ces trois chapitres: on perçoit le BDD sous plusieurs éclairages.

• L'éclairage clinquant tout d'abord, mis en avant par le fameux salon oriental, débordant de luxe et de richesse.
  
• Puis Zola insiste à nouveau sur l'éclairage industriel, le BDD étant relégué comme une machine à acheter, qui se précise, les femmes perdant la tête et dépensant à tout va.
  
• Ensuite, l'éclairage besogneux: la dureté du travail, les difficultés de Denise à s'adapter tant elle souffre des conditions. Elle a mal aux bras, au dos, aux jambes et les pieds, n'en parlons pas, elle ne peut même pas se payer une paire de bottes Les pauvres commis qui dorment dans les rayons (c'est dingue ça !).
  
• L'éclairage humain: la mesquinerie des collègues, leur jalousie, leur bassesse. Certes, on comprend au départ pourquoi elles n'aiment pas Denise, Zola le soulignant en disant que les nouvelles enlèvent le pain de la bouche aux anciennes. Mais, plus tard, ça se transforme en acharnement tout de même. Pourquoi tant de méchanceté ? Ai-je loupé quelque chose ? Juste une remarque de l'auteur qui dit que Denise, après un temps d'adaptation, se révèle une excellente vendeuse. Est-ce pour cette raison que tout le monde s'acharne sur elle ???

marie21 a écrit:

La pauvre Denise me faisait vraiment beaucoup de peine dans son malheur d'être sans cesse celle qu'on humilie et dont on se moque dans le magasin (...) J'ai trouvé qu'on s'acharnait un peu trop sur cette pauvre fille! Bourdoncle s'est pris un malin plaisir à la congédier avant même d'en avertir le grand patron!!

Elle est le bouc émissaire, celle qui est responsable de tout, celle qui n'ose se rebeller et qui, par conséquent, ne fera pas de vagues. La force intérieure dont elle fait preuve, en énerve plus d'une (à commencer par Mme Aurélie) et plus d'un (Hutin, sous ses airs doucereux, Bourdoncle qui agit comme un petit tyran). Elle travaille, se fait toute petite, et SURTOUT, ne cède pas aux sirènes. J'entends par là être entretenu par un amant.

serendipity a écrit:

J'ai bien aimé cette deuxième partie également. En revanche, j'ai quand même eu envie de secouer Denise parfois. Non pas quand elle se fait humilier par la terre entière, mais surtout quand elle cède à Jean. Qu'elle cède une fois ou deux, encore je veux bien le comprendre, c'est son frère et elle joue un rôle de mère pour lui, mais ensuite, pourquoi ne comprend-elle pas que ce sera toujours ainsi avec lui ?

Annwvyn a écrit:

Wow, je vous trouve drôlement dures avec Denise les filles ! Je veux la défendre !
Nous sommes d'accord, Jean est insupportable. Je ne me souvenais pas qu'il était sans gêne, immature, égoïste à ce point là, et à la lecture de ces passages, je m'énervais toute seule contre lui. Mais il reste le frère de Denise, et je comprends très bien qu'elle fasse tout pour lui (d'accord, à sa place, je lui aurais quand même passé un savon avant de lui donner l'argent). Mais quand même, elle se secoue Denise. Certes elle ne gronde pas son frère, mais se donne "à fond" dans son travail, et se montre encore plus brave !

Pauvre Denise dont la seule famille très proche reste Pépé et Jean. A cet égard, je pense qu'elle cède aux caprices de son frère pour ne pas le perdre, ou qu'il ne se perde lui-même en se retrouvant en prison par exemple (ou pire, la mort à cause d'un mari jaloux). Elle préfère se sacrifier car elle comprend que son frère ne changera jamais.

A propos du fameux coup de foudre de Denise.

Clinchamps a écrit:

Le coup de foudre de Denise, oui, justement, je l'ai trouvé un peu trop soudain, mais bien sûr c'est le propre des coups de foudre, n'est-ce pas ? J'aurais quand même aimé que Zola les fasse se croiser un peu plus avant quelle n'en tombe amoureuse, mais c'est typique du schéma bergère/prince que l'auteur a adopté comme support à sa démonstration de ce qu'est un grand magasin.
Pour Denise, il est évident qu'à la première vue de Mouret elle est troublée, mais elle n'aime pas ce qu'elle ressent, car c'est un sentiment inconnu pour elle, quelque chose de dérangeant, qui prend possession d'elle sans qu'elle y comprenne quelque chose, un sentiment primitif, primaire, primal, (choisissez) d'une attirance immédiate qu'elle ne peut absolument pas définir car elle n'a pas les outils pour ça : elle n'a jamais frémi pour quelqu'un (Hutin, c'est de la gratitude car elle croit qu'il a été bon pour elle ... rien à voir) là c'est une question de tripes, or elle ne sait pas qu'elle en a, des tripes !! Elle est pure, naïve et innocente, donc elle ne peut définir ce qu'elle éprouve pour Mouret, mais instinctivement elle en a peur ... pour moi c'est le coup de foudre ... Quant à Mouret, il est frappé par la différence éclatante entre Denise et les autres femmes qui l'entourent, quelque part il pressent qu'il y a là un diamant qui le changera de ses femmes de pacotilles habituelles, mais que c'est un chemin plus aride qu'il n'y paraît qui compliquera sa vie bien ordonnée (toujours le coup de foudre qui bouscule ... ) !! Enfin, c'est comme ça que je vois la trame de l'histoire que Zola a voulu créer, et maintenant voyons si Denise se laissera emporter par son propre désir(car c'est bien de cela qu'il s'agit) et si Mouret osera aller vers une femme qui pourrait l'amener à changer du tout au tout sa conception de la féminité !!

Lili Snape Darcy a écrit:

C'est à partir de ce moment, que j'ai su davantage qui était exactement Octavichou. Un homme qui cache l'affection qu'il éprouve pour une femme peu commune par souci pour sa réputation à elle et à lui.

Luluberlu a écrit:

Ici, dans ma lecture, je ne suis pas certaine "du charme" de Denise. Je ressens de l'attachement pour elle mais je ne vois pas encore ce que Mouret pourrait lui trouver de particulier. Elle est courageuse, elle est droite et elle sait faire face à l'adversité mais est-ce suffisant?

Je rejoins assez Selenh et clincamps: le coup de foudre est immédiat et l'extrait choisi par Selenh (lorsque Denise voit Mouret pour la première fois) préfigure le désordre des sentiments que ressent la jeune fille. Elle ne parvient pas l'identifier de suite car elle est pure, naïve et innocente (je paraphrase clinchamps ). Comment peut-elle reconnaître ce sentiment? Elle l'attribue à la peur, l'admiration (c'est le patron quand même et il est bien, physiquement parlant) et ce trouble qu'elle ressent est indescriptible. D'ailleurs, elle confond aussi gratitude et amour concernant Hutin (heureusement qu'elle comprend vite qui il est )
Mouret, lui, est intrigué je pense et troublé également. Elle suscite son intérêt peut-être pour une raison: elle ne cherche pas à la séduire comme elles le font toutes (plus ou moins inconsciemment) Du coup, il est intrigué par cette drôle de gamine entre deux eaux: mi-femme, mi-enfant. Mais pour l'heure, il n'a pas la même réaction qu'elle et s'imagine peut-être qu'il sera facile de la séduire s'il le veut...

valmont a écrit:

Certes, on comprend au départ pourquoi elles n'aiment pas Denise, Zola le soulignant en disant que les nouvelles enlèvent le pain de la bouche aux anciennes. Mais, plus tard, ça se transforme en acharnement tout de même. Pourquoi tant de méchanceté ? Ai-je loupé quelque chose ? Juste une remarque de l'auteur qui dit que Denise, après un temps d'adaptation, se révèle une excellente vendeuse. Est-ce pour cette raison que tout le monde s'acharne sur elle ???[/list]

Je penche pour cette explication. Les autres vendeuses ne s'attendent sûrement pas à ce que Denise ait de réels talents de vendeuse car elle se montre très effacée dans les premiers temps. Rien dans son attitude lors de ses premiers jours ne laisse présager qu'elle "survivra" à la mesquinerie de ses collègues. La rivalité est importante entre vendeuses puisque leur intérêt est de vendre le maximum d'articles pour recevoir un bénéfice. Le traitement infligé est nul doute celui subi par toutes les nouvelles venues. Seules les plus fortes réussissent cette sorte de test. Or, non seulement Denise le passe - certes après une période difficile - mais en plus elle s'avère être une très bonne vendeuse. De quoi aviver davantage l'animosité de certaines comme Clara à son égard. Peut-être a-t-elle aussi commencé à noter que Mouret s'intéresse à elle, je ne m'en souviens pas.

Contente que tu sois tellement prise par ta lecture, Atonement .

Honte à moi car j'ai fini ma lecture depuis une semaine. J'ai eu du mal au départ car je pensais qu'on commençais le 1er octobre, or j'ai vu fuser les commentaires dès ce jour là et vite j'ai été découragée. Ça m'apprendra à bien lire les règles Plus je voyais les autres avancer, plus j'étais bloquée. Ça me rassure de voir qu'il y a des retardataires.
Ces 3 chapitres ont fait que l'histoire devienne plus prenante. On voit les prémices des sentiments entre Mouret et Denise même si les deux n'en sont pas encore conscients. Nous, si
Zola, fouille dans la nature humaine, comme à son habitude et nous livres les coins et recoins, même les plus obscures. La guerre entre les vendeurs, la mesquinerie des uns et la cupidité des autres, la lutte de survie pour certains autres. Ainsi, Denise vit l'étape la plus pénible et montre un courage des plus surhumains! Ses frères ne lui facilitent pas les choses. l'un trop jeune et ayant besoin de protection, l'autre inconscient, se livrant à un chantage affectif et extorquant le fruit d'heures de labeur et d'insomnies.

Citation :

Je penche pour cette explication. Les autres vendeuses ne s'attendent sûrement pas à ce que Denise ait de réels talents de vendeuse car elle se montre très effacée dans les premiers temps. Rien dans son attitude lors de ses premiers jours ne laisse présager qu'elle "survivra" à la mesquinerie de ses collègues. La rivalité est importante entre vendeuses puisque leur intérêt est de vendre le maximum d'articles pour recevoir un bénéfice. Le traitement infligé est nul doute celui subi par toutes les nouvelles venues. Seules les plus fortes réussissent cette sorte de test.

Bien résumé, Tatiana. Je pense aussi qu'on ne lui pardonnait pas le fait de ne pas être une parisienne. Dès qu'elles l'ont vue, c'est la première chose qu'elles ont noté. Une campagnarde qui vient rivaliser avec elles. Ainsi, elle était traitée de mal peignée, mal habillée. On ne lui pardonnait pas sa "pauvreté" aussi.

Ysabelle a écrit:

Honte à moi car j'ai fini ma lecture depuis une semaine. J'ai eu du mal au départ car je pensais qu'on commençais le 1er octobre, or j'ai vu fuser les commentaires dès ce jour là et vite j'ai été découragée. Ça m'apprendra à bien lire les règles Plus je voyais les autres avancer, plus j'étais bloquée. Ça me rassure de voir qu'il y a des retardataires.

Oui, nous sommes plusieurs dans ce cas

Tatiana a écrit:

Je penche pour cette explication. Les autres vendeuses ne s'attendent sûrement pas à ce que Denise ait de réels talents de vendeuse car elle se montre très effacée dans les premiers temps. Rien dans son attitude lors de ses premiers jours ne laisse présager qu'elle "survivra" à la mesquinerie de ses collègues. La rivalité est importante entre vendeuses puisque leur intérêt est de vendre le maximum d'articles pour recevoir un bénéfice. Le traitement infligé est nul doute celui subi par toutes les nouvelles venues. Seules les plus fortes réussissent cette sorte de test.

Oui Tatiana, tu as en effet bien résumé mais Ysabelle, lorsque tu dis:

Ysabelle a écrit:

Je pense aussi qu'on ne lui pardonnait pas le fait de ne pas être une parisienne. Dès qu'elles l'ont vue, c'est la première chose qu'elles ont noté. Une campagnarde qui vient rivaliser avec elles. Ainsi, elle était traitée de mal peignée, mal habillée.

Quelques autres aussi venaient de province , et on l'air de l'avoir oublié, d'avoir gommé leurs origines et probablement aussi leur pauvreté lorsqu'elles sont arrivés dans la capitale (comme si elles avaient pris la grosse tête)

valmont a écrit:

Ysabelle a écrit:

Je pense aussi qu'on ne lui pardonnait pas le fait de ne pas être une parisienne. Dès qu'elles l'ont vue, c'est la première chose qu'elles ont noté. Une campagnarde qui vient rivaliser avec elles. Ainsi, elle était traitée de mal peignée, mal habillée.

Quelques autres aussi venaient de province , et on l'air de l'avoir oublié, d'avoir gommé leurs origines et probablement aussi leur pauvreté lorsqu'elles sont arrivés dans la capitale (comme si elles avaient pris la grosse tête)

Oui, Marguerite et Melle de Fontenailles au moins sont provinciales. Il me semble qu'il est indiqué dans un chapitre que Marguerite a elle aussi subi les mesquineries des vendeuses à son arrivée. Pour Denise, il y a aussi peut-être sa parenté avec Baudu qui la rend suspecte. Les vendeuses peuvent y voir un avantage, d'autant que Mouret lui a dit combien une recommandation de sa part aurait compté pour son embauche.

Oui toutafé Tatiana, je l'avais occulté, merci de me rafraîchir la mémoire !

Denise dans cette partie débute au Bonheur. Elle est au cours de ces 3 chapitres particulièrement malmenée par ces collègues. Pour moi, c'est une personne qui mêle douceur et obstination, donc elle s'obstine à rester calme et soumise malgré les rebuffades des autres, ce qui les contrarient et la fait détester dans tout le magasin (entre autre). La partie de campagne doit particulièrement les blesser car on l'écarte délibérément mais elle s'amuse quand même de son coté, avec une "lingère" en plus, soit avec le rayon ennemi.

Je ne crois pas que c'est son origine provinciale qui gène, je pense juste qu'on cherche à la "mater" parce qu'elle est nouvelle. Si Clara est ouvertement hostile et méchante avec elle, je pense que les autres ne font que suivre le mouvement, parce qu'elles ont du suber le même traitement à leur arrivée et qu'elle doivent y voir comme une revanche.

Mouret est attiré par elle, sa pointe de jalousie quand elle revient de sa partie de campagne le montre, même s'il ne souhaite la voir que comme un objet d'expérience. L'intérêt qu'il lui manifeste est remarqué dans le magasin et quand elle se fait renvoyé, il est furieux, alors qu'il ne se mêle jamais des histoires de personnel.

Jean a été critiqué par son attitude, mais il ne faut pas oublier que c'est un adolescent de 17 ans qui ne doit avoir aucune notion de l'argent et que Denise a du énormément gâté. Qu'il lui demande de l'argent et qu'il ne se rende pas compte qu'elle se prive pour lui me parait normal au vu de son age.

C'est très juste Ludi ce que tu écris . Le fait que ces demoiselles veulent prendre une revanche est certainement une des causes de cet acharnement. Un peu comme le bizutage pour les premières années dans les grandes écoles. Ce sont ceux qui l'on subi qui le rendent pérenne...
Quant à Jean, qu'il n'ait pas la notion de l'argent ne justifie pas son attitude . Il exagère...

C'est vrai, il exagère, mais Denise ne se plaint jamais et lui donne de l'argent chaque fois qu'il en demande. Il doit un peu la voir comme une source inépuisable puisqu'elle n'a jamais refusé ses demandes et ne lui a jamais parlé de ses difficultés

Bon, je ne sais pas vraiment comment, mais une phrase lue quelque part m'a fait rouvrir Au bonheur des dames cette semaine, et j'ai ensuite feuilleté une partie des chapitres ces derniers jours, avec un plaisir renouvelé (la pause de plusieurs années, avait sûrement fait du bien aux mots de Zola, et ma paix en partie retrouvée sur certains sujets personnels, rouvre ma sensibilité aux émois de Denise et d'Octave).

Je me souvenais de notre débat sur le coup de foudre, et j'ai, à l'heure où j'écris, une vision assez nette de ce que je perçois dans le roman.

Voici donc. Pour moi, on n'est toujours pas dans un coup de foudre (les histoires à coup de foudre m'ennuient toujours, ça n'a pas changé depuis 2012), parce que je le vois comme deux personnes qui se croisent, se disent à elle-même et à l'autre "Ok il-elle-tu me plai(t)s", vont discuter dans un bar, et conviennent à la fin de la soirée qu'ils vont vivre leur vie ensemble. Je suis infiniment plus intéressée par les histoires au long cours, soit que l'affection se construise au fur et à mesure, soit qu'elle soit là au départ, en partie ou entièrement, plutôt sous une autre forme, et qu'on lui donne le nom d'amour plus tard. Pour moi, cela n'est pas un coup de foudre.

Voyez où je veux en venir ! Coup de foudre ou pas (à voir selon la définition de chacun), les choses me paraissent très claires dans Au bonheur des dames, Octave et Denise sont mordus dès le premier regard pour elle, et trois pages plus loin pour lui ! Ils mettent juste beaucoup de temps à voir leurs vrais sentiments en face, et ils ont chacun un joli chemin à faire pour y parvenir. Des années après, je viens faire amende honorable (je ne sais pas si tu me lis, Selenh), histoire de corriger mon propos.

Du côté de Denise, je crois que tout le monde était d'accord , Zola le dit plus loin

Spoiler:

Ca commence par beaucoup de trouble et d'émotion, et beaucoup de crainte, et Denise fait le lien avec l'amour plus tard. Les choses sont claires là-dessus.

Du côté d'Octave (permettez qu'avec l'âge je l'appelle Octave, notre brave garçon est désormais plus jeune que moi ), on était moins affirmatives ici. Eh bien, pour moi, il est également frappé depuis le début d'émotions particulières, peut-être pas complètement d'amour, mais au moins d'une affection spéciale.

Il y a dès le tout début un fond de tendresse ou de compassion pour Denise, inédit chez le héros. Certes, il se moque (la conseille comme un garçon manqué) et l'oublie souvent juste après l'avoir croisée... mais il y a un paquet de mots très parlants : Octave éprouve de la "bienveillance" pour Denise dès son premier jour de vente, il est "flatté au fond" dès le premier instant où il la voit béate d'admiration devant son étalage de soies, il la défend avant son renvoi (et cette histoire de petit boulot de nœuds de cravate), il est complètement paniqué après son renvoi (il fait son enquête dans "un tourment nerveux" de peur que Denise ait effectivement rencontré un amant au sous-sol). Et que dire de la scène de retour de partie de campagne, où il est blessé de se dire que Denise est devenue jolie parce qu'elle a passé l'après-midi avec un amant (et ces mots "Toute seule ?" quand il l'interroge, l'air de rien).

Disons que un mot, pourquoi pas, mais tout cela mis bout à bout, ça montre quand même un personnage très touché, et à mon avis plus profondément, et depuis plus longtemps qu'il ne le croit.

A un moment, Mouret s'interroge,

Spoiler:

Ce qui me fait dire que même si

Spoiler:

il n'est pas dit qu'il l'aurait lâchée directement. Plusieurs personnages le pensent (comme Bourdoncle), et c'est très agréable de le penser pour se donner du suspense en tant que lecteur (et le lecteur doit adhérer à la position inamovible de Denise), mais j'ai finalement de sérieux doutes aujourd'hui, il y a trop d'indices qui disent des choses de Mouret, dépassant largement le simple cadre du désir passager.

Spoiler:

Lui le voit comme ça sans doute, un désir particulièrement vif, il se voile spectaculairement la face, il dit "Et après ? Je l'aurai, n'est-ce point assez ?", bien qu'il dise "je vous aime" assez rapidement (et son comportement va dans ce sens : il se comporte comme il a toujours fait, il désire, il veut, il essaye d'acheter, il prend, il jette). Mais il ne se rend pas compte que ça ne colle pas du tout avec ce qu'il ressent, c'est vraiment touchant.

Je vais conclure sur les mots que Clinchamps avait cité, qui parlent de Darcy, mais qui vont très bien à Octave Mouret "J'étais déjà loin sur la route avant de m'apercevoir que je m'étais mis en marche."

Voilà donc ! Tout cela pour dire que je (re)découvre, derrière le désir (indéniable) d'Octave pour Denise qui imprègne tout Au bonheur des dames (pour notre plus grand plaisir), un fond lumineux et tendre dans les sentiments de nos deux héros. C'est très touchant !

EDIT : Ah oui, et vraiment, j'adhère aux propos de Clinchamps qui parlait du scénario de base des dramas. Je vois parfaitement ce qu'ABDD pourrait donner en drama coréen, et au moins, les acteurs coréens pleurent sans se faire prier, ça serait très bien pour Octave !

Quand l'assassin revient sur les lieux du crime ( ) ça donne un très beau commentaire !! C'est vrai que le héros peuvent pleurer, il n'y perdraient rien, car, comme dit Gandalf "les larmes ne sont pas toujours mauvaises" !!

Et je préfère de beaucoup, comme toi, les longs développements des sentiments qui se construisent peu à peu en franchissant - ou abolissant !- les obstacles, ce qui nous donne nombre de films, romans, dramas...

Ravie de voir par ici Clinchamps ! Figure toi que je revois actuellement Nokdu Flower (rien à voir avec ABDD on est d'accord), mais je me suis dit que Cho Jung Seok ferait un bon Octave Mouret de drama coréen, il a le charisme, la forte énergie physique, le côté chaleureux, le côté tête sur les épaules, la passion et les larmes.

EDIT : voilà que j'ai trouvé la phrase équivalente de Denise pour Octave, je n'avais jamais fait le parallèle entre les deux :

Au Bonheur des Dames (chapitre 12) a écrit:

Peut-être l’aimait-il depuis la première minute, même à l’époque où il ne croyait avoir que de la pitié.

Je plussoie aussi ton commentaire détaillé Annwvyn!
Ça fait du bien de relire les débuts des émois amoureux de nos deux héros...

Annwvyn a écrit:

Ravie de voir par ici Clinchamps ! Figure toi que je revois actuellement Nokdu Flower (rien à voir avec ABDD on est d'accord), mais je me suis dit que Cho Jung Seok ferait un bon Octave Mouret de drama coréen, il a le charisme, la forte énergie physique, le côté chaleureux, le côté tête sur les épaules, la passion et les larmes.

EDIT : voilà que j'ai trouvé la phrase équivalente de Denise pour Octave, je n'avais jamais fait le parallèle entre les deux :

Au Bonheur des Dames (chapitre 12) a écrit:

Peut-être l’aimait-il depuis la première minute, même à l’époque où il ne croyait avoir que de la pitié.

Cette phrase que j'ai mise sous mon look m'a toujours fascinée et la phrase de ABDD va bien dans le même sens ! Et je suis d'accord pour Cho Sung Wo qui peut tout jouer car c'est unn grand acteur, mais j'ai bien du mal à ne pas voir Gérard Philipe quand on me parle d'Octave Mouret !

Vavyala a écrit:

Je plussoie aussi ton commentaire détaillé Annwvyn!
Ça fait du bien de relire les débuts des émois amoureux de nos deux héros...

Un si beau commentaire