George Sand_Lecture de groupe_Indiana_Première partie du 16 au 22 Janvier

Voici ouverte notre lecture de groupe du roman Indiana de George Sand.  Avant tout, je vous signale qu'il y a un topic existant qui ne demande qu'à être alimenté, c'est par ici

Je vous remercie d'avoir accepté de participer à cette lecture que je pense, va nous offrir beaucoup de plaisir. Cette oeuvre, complexe et riche, ouvre bien de possibilités de discussions et d'échanges, du fait qu'elle touche à plusieurs sujets, entre autres :
L'aspect autobiographique, contesté par l'auteur, reste cependant de l'avis de beaucoup de critiques littéraires, comme une empreinte marquante :

Citation :

«On n'a pas manqué de dire qu'Indiana était ma personne et mon histoire. Il n'en est rien.» George Sand

L'aspect féministe : George Sand l'exprime clairement dans sa préface à l'édition de 1842 :
«

Citation :

Ainsi, je le répète, j’ai écrit Indiana, et j’ai dû l’écrire ; j’ai cédé à un instinct puissant de plainte et de reproche que Dieu avait mis en moi, Dieu qui ne fait rien d’inutile, pas même les plus chétifs êtres, et qui intervient dans les plus petites causes aussi bien que dans les grandes. Mais quoi ! celle que je défendais est-elle donc si petite ? C’est celle de la moitié du genre humain, c’est celle du genre humain tout entier ; car le malheur de la femme entraîne celui de l’homme, comme celui de l’esclave entraîne celui du maître, et j’ai cherché à le montrer dans Indiana. On a dit que c’était une cause individuelle que je plaidais ; comme si, à supposer qu’un sentiment personnel m’eût animé, j’eusse été le seul être infortuné dans cette humanité paisible et radieuse ! Assez de cris de douleur et de sympathie ont répondu au mien pour que je sache maintenant à quoi m’en tenir sur la suprême félicité d’autrui.
Je ne crois pas avoir jamais rien écrit sous l’influence d’une passion égoïste ; je n’ai même jamais songé à m’en défendre. Ceux qui m’ont lu sans prévention comprennent que j’ai écrit Indiana avec le sentiment non raisonné, il est vrai, mais profond et légitime, de l’injustice et de la barbarie des lois qui régissent encore l’existence de la femme dans le mariage, dans la famille et la société. Je n’avais point à faire un traité de jurisprudence, mais à guerroyer contre l’opinion ; car c’est elle qui retarde ou prépare les améliorations sociales. La guerre sera longue et rude ; mais je ne suis ni le premier, ni le seul, ni le dernier champion d’une si belle cause, et je la défendrai tant qu’il me restera un souffle de vie. »

Le contexte historique et politique ainsi que des allusions et clins d’œils littéraires dont je nous laisse le soin de découvrir par nous même, critiques littéraires en herbe, ou pas?
Je ne vais donc pas m'étendre d'avantage, pour éviter tout le spoiling, de nous spoiler

Voici juste le résumé :

Citation :

Indiana, jeune créole issue d'une famille noble, a épousé pour son malheur un officier en retraite, âgé et brutal, le Colonel Delmare. Elle vit avec lui dans la tristesse d'un château de province. Ses seuls réconforts sont sa sœur de lait, Noun, et les visites de son cousin Ralph, jeune homme que de précoces chagrins ont rendu taciturne. Survient au château un séducteur volage, amant de Noun, Raymon de Ramière, qui, lassé de sa maîtresse, veut séduire Indiana. Découvrant cette trahison, Noun se suicide. Raymon, malgré le malheur dont il est la cause, parvient à se faire aimer d'Indiana, mais d'un amour chaste dont il se lasse vite. Ruiné, le Colonel Delmare doit s'exiler dans l'Ile Bourbon. Les amants sont séparés mais Raymon, accablé de malheur, appelle à lui Indiana. La jeune femme n'éprouve aucun remords à quitter son mari car celui-ci la brutalise. Raymon, qui a trouvé une femme riche pour le tirer de ses ennuis, repousse Indiana. Elle se retrouve alors dans le plus complet dénuement. Elle est sauvée par son cousin Ralph qui lui apprend que le Colonel Delmare est mort. Les deux jeunes gens décident alors de retourner dans l'Ile Bourbon et de s'y suicider. Mais, au sein de la nature, ils renoncent à ce projet funeste et vivent des jours paisibles.

Bonne lecture à tous

Merci pour cette présentation Ysa

Je ne l'ai commencé que ce matin et ai lu 1 chapitre

Merci de cette belle présentation, Ysabelle

Je rougis d'avouer que j'en suis au chapitre 17 ... mais je veillerai à ne pas mettre de commentaires trop vite, je stocke mes impressions

Merci Ysa ! Je le commence aujourd'hui !

Il n'y a aucun souci, Ludi33. Tu n'es pas en retard. Le lancement c'est pour demain, mais chacun lit à son rythme!

Edit : Je n'ai pas vos ton post, Clinchamps et Petit Facun

Je sais bien, pour une fois que je prends (un peu) d'avance

Merci pour la présentation Ysabelle

Je viens de commencer à lire le premier chapitre sur le site de la Bibliothèque Électronique du Québec qui est bien lisible  

Je suis déjà séduite, le style est magnifique, mais ce n'est pas une surprise   la description du lieu et des personnages nous met immédiatement dans l'ambiance. J'ai eu l'impression d'être avec eux dans la salle, ou de regarder un film

A propos, existe-t-il une adaptation ?

C'est bizarre je ressens une vague impression de déjà lu.  dans une vie antérieure

Comme je suis très très sage et que j'obéis toujours aux consignes, je commencerai demain.

Mais le texte que tu as mis, Ysabelle, sur ce que dit George Sand sur la question féminine me donne vraiment très envie. Je sens que je vais aimer ce livre.

Rosalind a écrit:

C'est bizarre je ressens une vague impression de déjà lu.  dans une vie antérieure

pareil, mais c'est parce que c'est le roman typique XIXè avec le period drama qui suit, donc on a l'impression d'être en terrain connu ! Ceci dit je n'en ai lu que quelques pages ça va sans doute se diversifier en avançant, et c'est aussi le premier roman de George Sand, elle est sans doute un peu "in the mood" de son temps !

Aradia a écrit:

Comme je suis très très sage et que j'obéis toujours aux consignes, je commencerai demain.

Oups tu as raison, je me suis laissée emporter par l'enthousiasme

Oh non non Rosalind, c'est très bien comme ça, je vous lis avec plaisir !

Ça fait plaisir de voir tant d'enthousiasme . Je n'ai pas commencé mais si le sommeil déserte mes paupières à minuit, je lirai quelques pages. Minuit, c'est déjà demain.

Mon poche est arrivé hier; j'attaque demain après-midi, sous la courte-pointe. Avec un peu de neige derrière le carreau de fenêtre, le dépaysement sera complet...

J'ai également commencé les premiers chapitres, et comme toi, Rosalind, j'ai été frappée par la scène d'exposition que j'ai beaucoup aimée:) La lecture est très agréable pour le moment.

Par contre, je n'ai pas d'impression de déjà lu

Pour l'instant, je me régale avec l'élégance due style et la langue française qu'on ne retrouve plus dans les romans actuels C'est une chanson!

Ysabelle a écrit:

Pour l'instant, je me régale avec l'élégance due style et la langue française qu'on ne retrouve plus dans les romans actuels  C'est une chanson!

Ah ! Toutafé !!! c'est un régal !

J'ai récupéré le livre ce matin, j'ai terminé mon livre en cours et je commence donc ce soir !
Ce que vous en dites me fait bien envie, et merci pour cette belle présentation Ysabelle

Rosalind a écrit:

C'est bizarre je ressens une vague impression de déjà lu.

 nos auteurs Français, que ce soit (Chateaubriand) ou George Sand, puisque nous parlons de son livre Indiana, ont un dénominateur commun la lecture des grands auteurs, des romans.  

Ils ont tous les deux une déambulation dans une grande pièce, le soir, avec le foyer pour s'éclairer et se réchauffer.

Gageons qu'ils ont lus Orgueil et Préjugé (Miss Bingley et Lizzy à Netherfield°,  (Chateaubriand a vécu en Angleterre et plus tard dans les mémoire d'Outre Tombe décrit son père arpentant la grande salle le soir à la lueur inquiétante du foyer) George Sand, très tôt (vers 10 ans) a appris l'Anglais donc elle a lu aussi ce livre. Il y a de fortes résonnance dans l'écriture de son livre.

J'apprécie beaucoup ma lecture, les images décrites sont précises, j'aime l'image renvoyée par le chien griffon.

Parfois, des ensembles de mots comme "argus conjugale" indiquant une surveillance vigilante de tous côtés et sans faille, nous révèle que nous ne sommes pas au 21e siècle, bien que Jean d'Ormesson pourrait parler ainsi    

George Sand nous renvoie à la Grèce Antique, à Argos le géant  aux cents yeux qui sur l'ordre d'Héra surveille Zeus pour qu'il n'approche pas d'Io. Zeus cependant le fait tuer et délivre Io. Héra alors, prendra les yeux du géant pour les poser délicatement sur les plumes de son oiseau fétiche, le magnifique Paon.

Magistrale Fée Clochette.

Je me suis aussi sondée à propos de ce « déjà vu »et sans surprise j'ai retrouvé la scène de Chateaubriand dont tu parles, mais aussi une impression de Wuthering Heights, sachant qu'il s'agit peut-être d'une page de Jasper Fforde, quand son héroïne vient assurer la séance de thérapie de groupe de la famille Heathcliff dans la cuisine où ils sont tous rencognés, complètement à cran.

Selenh a écrit:

Magistrale Fée Clochette.

Je me suis aussi sondée à propos de ce « déjà vu »et sans surprise j'ai retrouvé la scène de Chateaubriand dont tu parles, mais aussi une impression de Wuthering Heights, sachant qu'il s'agit peut-être d'une page de Jasper Fforde, quand son héroïne vient assurer la séance de thérapie de groupe de la famille Heathcliff dans la cuisine où ils sont tous rencognés, complètement à cran.

Fée Clochette, ton analyse du "déjà vu" est absolument intéressante. Je ne me souviens pas, hélas de mes lectures de Chateaubriand, s'il y en jamais eu   pour confirmer mais le déjà vu dans les romans anglo-saxons, oui. Pour ma part, une partie des premiers chapitres me rappelle un certain Mr. Bellingham, rencontré il y a peu, en la personne de M. de Raimière, ou un certain Willoughby même. Mais

 et oui, "déjà vu" = romancier qui écrit la vie de tous les jours de personnes habitant un château, les chaumières en général n'ont qu'une pièce et sont petites. Ces pièces étaient plutôt  immenses (je me réfère à Combourg que j'ai visité et imaginé la vie quotidienne en me souvenant de ma lecture) et n'étaient illuminées que par le foyer et quelques chandelles. Donc tout autour, il y avait la noirceur et le froid.  Une cheminée ne chauffe que sous le manteau et surtout, que faire en attendant l'heure du coucher ?

Pour certains si la vue était bonne, c'était lire à la lumière tremblante des flammes, pour d'autres raconter un conte et faire rêver, jouer aux charades, etc... et marcher pour d'une part s'occuper, et d'autre part se réchauffer

Nous remarquons la présence d'un chien de chasse, le griffon amical et craintif, et l'angoisse de la jeune femme :

Indiana a écrit:

 M. Delmare, tirant alors son fouet de chasse de la poche de sa veste, s’avança d’un air
menaçant vers la pauvre Ophélia, qui se coucha à ses pieds en fermant les yeux et laissant échapper d’avance des cris de douleur et de crainte.
Mme Delmare devint plus pâle encore que de coutume ; son sein se gonfla convulsivement, et, tournant ses grands yeux bleus vers son mari avec une expression d’effroi indéfinissable :

– De grâce, monsieur, lui dit-elle, ne la tuez pas !

Ce peu de mots firent tressaillir le colonel. Un sentiment de chagrin prit la place de ses velléités de colère.

Déjà que je trouvais la description du monsieur assez rébarbative, là, il devient carrément antipathique  et l'explication qui suit confirme l'impression.... brrrr pas étonnant que sa jeune épouse tremble de peur ! c'est un méchant.

Je rejoins tout à fait vos avis enthousiastes sur le style de ce livre, qui est pour moi mis en relief par la voix de la lectrice.
C'est un huis clos, dès les premiers chapitres, les protagonistes sont tous là, et ils se dessinent peu à peu. Je suis frappée par la finesse de l'analyse psychologique des personnages.
Cette première partie est très réussie, avec cette chute particulièrement dramatique.
J'apprehendais l'aspect "colonial" ou exotique du livre, mais il reste cantonné à 2 ou 3 phrases sur la sensibilité des créoles, ça reste supportable.
Donc très belle découverte.

Pour ce qui est de M de Ramiere, je le trouve plus subtil que Bellingham (Gaskell) et même que Willoughby.

Petit Faucon a écrit:

Je rejoins tout à fait vos avis enthousiastes sur le style de ce livre, qui est pour moi mis en relief par la voix de la lectrice

Et par son humour, oui...

Spoiler:

J'avoue ne pas avoir versé depuis longtemps dans cette littérature-là, au français aussi précieux que le mobilier (trop?). Mais c'est curieusement assez agréable... (Et les notes du Folio sont, comme souvent, excellentes).
Aucun des personnages ne m'est, pour l'heure, sympathique (j'ai achevé la première partie cet après-midi), hormis l'auteur, son irrévérence et son audace. L'intrigue, tissée serrée, me plaît bien, en revanche, et j'attaque de suite la deuxième partie.
Merci Ysabelle pour cette découverte; je poursuis.

Je viens de commencer, les 3 premiers chapitres
et pour l'instant, contrairement à vous, le style ne m'emballe pas.
Je le trouve un peu ampoulé et "suradjectivé", en un mot un peu daté.
A voir ec que cela donnera dans la suite.

Une interrogation, l'Ile Bourbon? que vient-elle faire la-dedans ?
19 ans, mariée depuis 3 ans à un militaire retraité (demi-solde, c'est sans doute ce que cela veut dire ? ) Reviennent ils de là-bas? ou y a-t-elle passé sa jeunesse avant de se marier? et la servante créole? Juste une remarque anodine de-ci de-là, comme si tout le monde était au courant ! Ai je manqué quelque chose ? Ces 3 premiers chapitres sont évènementiels. La présentation des personnages reste à faire.

A suivre donc

J'ai commencé ma lecture dans le train tout à l'heure...Et j'ai déjà terminé la première partie^^
Ca se lit très bien, la lecture est agréable.
Pour le moment, aucun personnage ne m'est franchement sympathique ni ne m'intéresse particulièrement, mais j'ai quand même envie de lire la suite
Et puis la fin de cette partie est telle que je ne sais pas trop comment ça va tourner