Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
|
| Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres | |
|
+7Petit Faucon Vavyala serendipity Juliette2a misshoneychurch esperluette Ysabelle 11 participants | |
Auteur | Message |
---|
Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 30 Sep 2020 - 20:32 | |
| Merci beaucoup Juliette pour ton retour! Et positif qui plus est! Ce livre ne laisse pas indifférent visiblement! J'ai hâte de m'y lancer! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Jeu 1 Oct 2020 - 18:53 | |
| J'ai hâte de lire ton avis, Vavyala |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36567 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Jeu 1 Oct 2020 - 20:59 | |
| |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 2 Oct 2020 - 22:04 | |
| Je commence ma lecture dès lundi! A bientôt sur le topic! Je pourrais ensuite ouvrir vos spoilers qui m'intriguent fortement... |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 9 Oct 2020 - 18:16 | |
| A mon tour de poster mon ressenti sur Les vies de papier. C'est un livre qui donne assurément envie de lire d'autres livres, d'autres auteurs, d'écouter de nouveaux morceaux. Le ton est assez amer, dur, bien qu'heureusement sans sentimentalisme. Le livre est traversé de réflexions pertinentes sur la littérature contemporaine occidentale, et porte en filigrane un regard très critique sur la société libanaise qui exclut l'héroïne Aaliyah "femme superflue" sans mari, sans enfants, sans amies, sans famille. A quoi peut-elle donc bien servir ? A rien. D'où cette dureté et cette souffrance sans concession quo parcourt le livre. La démonstration est impeccable, et efficace. Pour ma part, j'ai aimé l'intelligence avec lequel il est écrit, mais je déplore la froideur qui s'en dégage ; même si dans les toutes dernières pages il semble qu'Aaliyah retrouve un peu de chaleur humaine avec ses voisines.
Dernière édition par Petit Faucon le Lun 12 Oct 2020 - 8:58, édité 1 fois |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 9 Oct 2020 - 22:13 | |
| Comme Petit Faucon, j'ai terminé le roman aujourd'hui. J'ai pris beaucoup de plaisir à ma lecture et remercie celle qui l'a proposé et celles qui ont voté pour, ce qui m'a permis une belle découverte! J'ai relu avec plaisir vos retours sur le topic (et enfin pu ouvrir les spoilers)! Que dire? En quelques mots: - je plussoie l'intervention d' Ysabelle qui a très bien écrit sur les différentes facettes qui rendent ce joyau brillant, que ce soit les évocations des arts (lecture, traduction, musique,...), de la géopolitique ou de la vie intime de cette libanaise. - je rejoins celle de serendipity aussi, notamment quand tu évoques le flux de pensée. Sans être littéraire et pouvoir en dire assez, j'ai eu le sentiment que tout en suivant les journées d'Aaliya, on avait accès à ses pensées, aux associations d'idées naturelles qu'elle se fait (accès à "sa voix intérieure" comme je l'ai lu dans un article récent). Le fait que le même processus chez Mrs Dalloway soit cité à la fin du roman m'incite à penser que ce n'est peut-être pas un hasard... Dans tous les cas, je ne me suis jamais sentie perdue, j'ai toujours senti une cohérence à l'ensemble. - je plussoie Juliette sur la beauté des mots, du texte, des évocations de ses amours littéraires C'est un des derniers romans qui a réussi à un moment de ma semaine à me donner l'impression que quand je le quittais, je quittais le monde réel pour entrer dans le monde imaginaire (ma vie). C'est rare que je ressente ce renversement de point de vue! J'arrive en général à prendre de la distance et revenir les pieds sur terre quand je pose mon marque-pages et referme un livre. Donc chapeau l'artiste! Pendant une partie du roman, je trouvais qu'Aaliya était heureuse dans sa position et maitrisait sa vie et puis - Spoiler:
le ressenti que j'ai eu à la fin, c'est que malgré son monde de littérature, elle s'est toujours sentie seule. Son ouverture sur la vie en communauté, avec les scènes dont vous avez parlé, comme le rapprochement de sa mère, la connaissance de Nancy, l'intrusion des trois sorcières, la possibilité de publier certaines de ses traductions, jusqu'à l'effondrement des barrières de son système, avec l'autorisation de traduire un roman directement écrit en anglais ou en français, me laisse penser qu'elle étouffait dans sa prison dorée et que le monde hostile qui s'introduit est finalement une bouffée d'air pur. On aura eu une épiphanie quoi que nous en ait prévenu l'auteur.
C'est là que sans avoir eu le ressenti de Petit Faucon à ma lecture, je comprends totalement le ressenti d'amertume. La seule différence dans le ressenti de lectrice, c'est que je ne l'ai pas vécu avec froideur, mais plutôt rempli de chaleur humaine au-delà des vicissitudes des vies personnelles et des guerres. Je suis loin de connaitre (et encore moins d'avoir lu) les auteurs qu'Aaliya cite, je suis sûrement passée à côté d'un paquet de références, mais l'auteur réussit à ne pas nous égarer pour autant, on apprend pleins de choses sans se sentir inculte. J'ai beaucoup ri à certains tacles, sur Ian McEwan, comme cité par serendipity, mais aussi sur Hemingway (j'étais morte de rire au passage: - Citation :
- Les critiques et les garçons de l'université insistent pour dire que le texte apparent n'est que la partie visible de l'iceberg. Plutôt la partie visible du glaçon, si vous voulez mon avis.
) Je trouve que le traducteur francophone a fait un travail très honorable et d'une certaine façon, j'ai été touchée par le texte qu'il a écrit au lecteur à la fin, avec une invitation ludique à aller chercher les références des traductions. Une semaine après le festival VO-VF, le roman et la note du traducteur remettent ce métier sur le premier plan de ma gratitude, pour les romans découverts par leurs yeux grâce à leur travail. |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36567 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Sam 10 Oct 2020 - 11:22 | |
| Petit Faucon et Vayala, merci pour vos retours sur ce livre qui prouve une fois encore, qu'il ne laisse pas indifférent. Petit Faucon, je comprends ton ressenti, mais je n'ai pas ressenti de la froideur. Les relations ne sont pas toujours au beau fixe et l'attitude distante d'Aaliah le laisse penser mais, c'est plus complexe à mon avis. L'affection est présente, mais n'est pas forcément montrée. Il y a comme une certaine pudeur à afficher ses sentiments et ses émotions. Quand Aaliah parle d' Ahmad, silencieuse présence dans la librairie, de Fadia qui à sa façon soutient Aaliah sans mettre des mots sur ses gestes (la fois ou elle a pris un fusil pour chasser des intrus, elles ont partagé une solidarité sans faille et sans aucun mot ou presque, quand elle a chassé le frère d'Aaliah, une complicité qui se manifeste dans des attitudes, des prises de positions silencieuses mais efficaces, ...). Même Beyrouth en ruine ou reconstruite à sa façon, dégage cette vie que l'on trouve rarement, même dans des villes en paix, … Enfin, c'est intéressant comment chacun de nous ressent les choses. Vavyala, les lectures d' Aaliah et ses connaissances rendent effectivement humble Et comme toi, j'ai beaucoup aimé l'humour d'Aaliah et j'ai ri souvent toute seule
Dernière édition par Ysabelle le Sam 10 Oct 2020 - 19:20, édité 1 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Sam 10 Oct 2020 - 18:25 | |
| Ravie que cette lecture t'ait plu, Vavyala !! Mais je ne suis pas surprise, je sais que tu es sensible à la beauté des mots Je suis entièrement d'accord avec toi sur la traduction proposée |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Lun 12 Oct 2020 - 9:11 | |
| Je me suis peut-être mal exprimée ... ce que je veux dire ce n'est pas que Aaliah est froide, c'est qu'elle évolue dans un environnement qui lui est hostile, de quelque côté qu'elle se tourne. Sa ville, Beyrouth, est instable : elle évoque plusieurs fois les magasins qui ferment subitement, les trous dans la chaussée, l'électricité aléatoire. Sa famille lui est hostile car elle refuse de rentrer dans le cadre qui a été prévu pour elle en temps que femme. Elle n'a pas pu faire d'études comme sa voisine Joumana qui est professeure d'université. Elle se trouve un travail qu'on lui accorde du bout des lèvres, salaire misérable et reconnaissance nulle. Elle n'a que les livres et son travail de traduction pour exprimer son être véritable. Elle est privée complètement de lien social désintéressé. C'est cela que j'ai voulu dire : il y a dans ce livre une froideur, une amertume et même un désespoir qui sont très violents, et qui font très mal. Je comprends la réaction de détresse de Juliette |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 14 Oct 2020 - 20:03 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- ce que je veux dire ce n'est pas que Aaliah est froide, c'est qu'elle évolue dans un environnement qui lui est hostile, de quelque côté qu'elle se tourne.
[...] Elle n'a que les livres et son travail de traduction pour exprimer son être véritable. Elle est privée complètement de lien social désintéressé.
C'est cela que j'ai voulu dire : il y a dans ce livre une froideur, une amertume et même un désespoir qui sont très violents, et qui font très mal. Je comprends mieux, merci d'avoir pris le temps de développer ton idée! Ce que tu en dis m'évoque notre première escale de l'année (avec Compartiment pour dames, d'Anita Nair pour ceux qui découvriront les échanges en dehors du contexte de la lecture de groupe ), on a dans les deux cas des héroïnes sans le statut d'épouse ni de mère, ayant choisi d'avoir une vie professionnelle active, et qui se trouvent non reconnues, voire exclues socialement. Oui, ici, en dehors de la guerre civile, j'ai trouvé très durs certains moments, notamment le harcèlement familial pour l'appartement, de même que - Spoiler:
l'histoire autour de Hannah, sa seule véritable amie, qui se suicide sans qu'elle ne l'ait vu venir ni n'ait pu l'empêcher...
En même temps, je rejoins le commentaire d' Ysabelle, sur la présence discrète mais efficace de Fadia et des autres "sorcières" pour soutenir Aaliya à certains moments-clés émotionnellement de sa vie. Cela a participé je suppose à adoucir l'amertume que j'aurais pu ressentir. C'est peut-être un roman aigre-doux, selon nos sensibilités du moment, on ressent parfois plus l'amertume et parfois plus la douceur. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 14 Oct 2020 - 22:29 | |
| Ton commentaire est plein de sagesse Vavyala !
Sur le personnage de Hannah, qui elle aussi n'est ni épouse ni mère, comme Aaliyah, je vois sa trajectoire comme parallèle à celle de Aaliyah ; qui elle s'en sort différemment car elle a l'appui de sa passion pour la littérature et les mots ; alors que Hannah lorsqu'elle comprend qu'elle n'a vécu qu'une histoire rêvée, ne peut supporter d'accepter la réalité. C'est tout de même très violent. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 16 Oct 2020 - 17:18 | |
| - Petit Faucon a écrit:
- alors que Hannah lorsqu'elle comprend qu'elle n'a vécu qu'une histoire rêvée, ne peut supporter d'accepter la réalité.
C'est tout de même très violent. En effet, c'est violent! - Spoiler:
Je l'imagine s'être perçue comme éternellement liée et fiancée au lieutenant et ayant pour cette raison eu ces contacts étroits avec la famille du lieutenant et apprendre que tout cela était irréel, avec à la fois la déception de "perdre" l'amour qu'elle pensait qu'il éprouvait pour elle, avec tous les fantasmes associés, l'horreur de se rendre compte comment elle s'est immiscée dans une famille et le fait de ne pas avoir construit une vie réelle en vivant cette vie fantasmée... Je comprends que cela ait été dur à digérer pour elle. Je me serais sentie très mal à sa place aussi, voir les fondations de son monde s'effondrer comme un château de cartes...
|
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Sam 17 Oct 2020 - 17:56 | |
| |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 21 Oct 2020 - 9:17 | |
| Merci à toutes pour vos retours de lecture qui me permettent de prolonger cette lecture marquante. Vos échanges sur la froideur de la narratrice m'ont fait réfléchir et j'y vois surtout une immense solitude, complexe car elle à la fois choisie et subie. Vos derniers messages me conduisent à une question : - Spoiler:
je ne me souviens plus comment Hannah en arrive à comprendre qu'elle s'est illusionnée sur son fiancé je me souviens que son journal devient très énigmatique au fur et à mesure et que la narratrice ne comprend plus à la lecture ce que pensait et vivait Hannah
si vous pouviez me rafraichir la mémoire |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 21 Oct 2020 - 11:15 | |
| Pour ta question, serendipity : - Spoiler:
Sur son lit de mort, la mère du lieutenant dit à Hannah qu'elle regrette que son fils ne l'ait pas choisie, et que si c'était elle qui avait dû décider, elle aurait choisi Hannah. On comprend que c'est cette phrase qui dessille peu à peu les yeux de Hannah sur sa relation avec le lieutenant, et elle comprend qu'elle a construit sa vie de "veuve du lieutenant" sur une illusion.
|
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 21 Oct 2020 - 11:22 | |
| Merci Petit Faucon, je crois que j'ai dû m'assoupir à ce moment car je suis passée à côté de cette information des limites de la lecture en VO qui requiert un certain effort prolongé |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Jeu 22 Oct 2020 - 21:24 | |
| A ta décharge serendipity, tu ne t'étais pas assoupie je pense, mais cela avait été mentionné de manière détournée, très subtile. Du coup, en VO, on peut facilement passer dessus. En VF, cela donne: - Spoiler:
- Citation :
- Je te promets que lorsque nous serons tous trois aux cieux, je ne serai pas obligée de prendre la décision impossible de choisir entre vous deux.
Dans le récit, - Spoiler:
Aaliya raconte qu'elle n'a fait le lien entre le décès de la mère du lieutenant et le suicide de Hannah qu'après le suicide. Sur le coup, elle n'a pas compris cette histoire de choix. Elle a noté à l'époque que Hannah en riait avec légèreté. Et puis, quand elle a hérité du journal de Hannah, elle a vu que Hannah avait supprimé cette phrase du récit des derniers mots de cette femme. Et c'est en additionnant cette "omission" et le suicide qu'elle a compris la vérité derrière cette phrase, telle que l'explicite Petit Faucon. Si Hannah et le lieutenant sont liés à la vie, à la mort, la mère ne devrait pas avoir à choisir au paradis. Si elle a un choix à faire, c'est parce qu'ils ne sont pas liés.
|
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Jeu 22 Oct 2020 - 22:57 | |
| Merci pour ces précisions et pour l'extrait Vavyala |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 23 Oct 2020 - 10:09 | |
| Oui merci Vavyala, j'ai fait un résumé de ce qu'il m'en était resté après lecture, mon livre ayant retrouvé depuis les étagères de la médiathèque En effet la phrase est bien plus allusive que mon résumé ; et les motivations de Hannah en deviennent très ténues ... - Spoiler:
C'est pourquoi il me semble que dans l'esprit de l'auteur cet épisode est un fait générateur, une étincelle qui déclenche le passage à l'acte ; mais les vraies raisons sont plus profondes : c'est le poids de cette société qui ne laisse aucun espace à une femme, autre que le rôle d'épouse et de mère. C'est en cela que je trouve que les trajectoires de Aaliyah et de Hannah sont parallèles, et que le destin d'Hannah aurait pu être celui d'Aaliyah si celle-ci n'était pas armée de sa passion pour la littérature et de son humour noir qui la maintiennent à flot.
|
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 23 Oct 2020 - 18:47 | |
| J'ai recherché le passage en question pour le relire et je reviens avec grand plaisir vers ce livre Voici ce que cela donne (c'est un peu long mais je trouve ce passage très beau alors je vous le cite quasiment en entier, j'ai mis en gras les parties qui vont dans le sens de vos analyses Vavyala et Petit Faucon) : - Citation :
- Exactly a year before her suicide attempt, the lieutenant's mother, my mother-in-law, had passed away. I had not considered associating the two events together until after Hannah's death. She kept vigil with the family at the dying woman's bedside [...] It seems that Hannah was the last person the lieutenant's mother spoke to.
"You have given me, my dearest daughter," she whispered in a slow, raspy voice, "some of the happiest moments of my life. Your presence in our family has made the absence of my son bearable. I promise that once all three of us are in Heaven, I will not be forced to make the impossible decision of choosing between the two of you". Hannah, happy as could be, relayed all this to me the following day. She so appreciated that on her deathbed, with her last breath, the lieutenant's mother acknowledged her as a daughter. She mentioned the last sentence but glossed over it, laughed it off even. Choosing between the lieutenant and her ? What choice ? Later, when I received the journals, I saw that she'd written down the first two sentences the dying woman spoke, but hadn't recorded that disturbing promise.
She moseyed along through her life for quite a while after that, nine or ten months, but I imagine that like a mosquito buzzing in your ear, that last sentence, vague as it may have been, wouldn't let her sleep. A buzz of doubt that became the roar of the crowd at the Colosseum ?
Reality may have tempted her, the serpent may have offered her the apple.
She may have woken up one morning and realized that the lieutenant had never desired her. She may have woken up one morning and found one of Spinoza's lenses. Flashing a light on a dark corner can start a fire that scorches everything in its wake, including your ever-so-flammable soul. Cioran once said that "one touch of clear-sightedness reduces us to our primary state : nakedness". |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Ven 23 Oct 2020 - 19:12 | |
| Merci beaucoup d'avoir pris le temps de copier ce passage serendipity! Outre le fait d'apporter des éléments à la discussion, cela nous permet aussi de découvrir le texte en version originale! Le style est beau en effet! Et l'anglais est accessible! |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Lun 26 Oct 2020 - 12:55 | |
| Je vous rejoins sur ce topic après avoir terminé le roman il y a une semaine. J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a énormément parlé. Le pitch du livre m'avait interpellée à sa sortie, mais parfois un résumé trop vendeur conduit à une déception. Cela n'a pas été le cas cette fois ! J'ai adoré suivre ce beau personnage de femme qui m'a semblé (peut-être parce que je me retrouvais un peu en elle oui je peux m'identifier à un personnage de 70 ans ) très juste. Aaliya est une femme courageuse, même si elle ne se voit pas ainsi ; elle a vécu une vie en parfait décalage avec la société dans laquelle elle vit, seule, sans rien demander à personne même en pleine guerre. Pour autant, l'auteur n'en a pas fait un personnage purement rebelle ou qui aurait totalement assumé sa position, ce qui pour moi rend le livre plus intéressant, et ce qui la rend plus attachante. On sent que son cynisme, son regard ironique, son détachement, sont sa manière de s'être protégée du monde et qu'elle reste un être humain sensible. Le passage où elle raconte qu'en vieillissant elle pleure de plus en plus devant les films est à ce titre très touchant. Je n'ai pas trouvé le livre désespérant : parfois amer, toujours mélancolique, oui, mais pas profondément déprimant. Au contraire, j'ai trouvé cette lecture plutôt réconfortante. Le côté décousu du livre ne m'a pas été pénible, loin de là ; c'est très fluide et on suit aisément les pensées de l'héroïne. L'histoire du Liban n'est pas le cœur du roman, plus une toile de fond, mais cela m'a donné envie de faire quelques recherches pour compléter ma lecture (car soyons honnêtes, voilà encore un pays dont je sais peu de choses). Enfin, je vous rejoins sur le grand plaisir que l'on a avec les diverses références littéraires : en général, je ne connaissais les auteurs que de nom moi aussi, j'en avais lu assez peu, mais cela ne m'a pas complexée. Au contraire, cela m'a donné envie de lire certains de ces auteurs : Aaliya m'a rappelé notamment que je voulais découvrir Fernando Pessoa. J'ai également adoré la pique à Hemingway citée par Vavyala, ainsi que la deuxième pique en fin de roman : - Citation :
- Je devrais peut-être traduire Pour qui sonne le glas d'Hemingway. La douleur déclenchera peut-être une extase religieuse.
Mon peu de compatibilité avec Hemingway fait que j'ai particulièrement apprécié ces passages. J'ai aussi relevé la pique sur McEwan, auteur lambtonien. - Citation :
- Certes, la présence de ma mère ferait sortir la plupart des gens de leurs gonds, et je ne souhaite à personne qu'elle lui crie dessus, pas même à Benjamin Netanyahou, ni même à Ian McEwan.
L'humour présent tout au long du livre est assez délectable, je retiens notamment la réflexion d'Aaliya sur Noé et son arche "nazie" qui n'aurait pas accepté de zèbre lesbienne ou de lémurien boîteux. Finalement, j'ai trouvé assez jolie cette image d'une traductrice qui ne publie pas son travail et dont les traductions restent un secret dans une salle de bains. Et la scène finale - Spoiler:
avec le sauvetage des manuscrits par les voisines, dont on espère qu'elles deviennent les nouvelles amies d'Aaliya, est très chouette aussi. J'ai le même ressenti que Serendipity sur la fin du roman : le rapprochement avec les voisines et avec la nièce ouvre sur quelque chose de positif pour l'héroïne. C'est aussi grâce à cet incident que certaines de ses traductions vont trouver des lecteurs.
Sur la fin de l'histoire de Hannah, - Spoiler:
j'ai effectivement trouvé le propos de la mère du lieutenant un peu trop vague pour être interprété comme elle le fait, mais on peut en effet se dire que cette phrase la conduit simplement au doute et à la lucidité.
Un beau roman sur la solitude et les ressources que l'on peut puiser dans la littérature. Je suis contente car après en avoir parlé à une amie, elle s'est précipitée l'acheter en librairie ! Et je pense l'offrir à ma mère pour son anniversaire. |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36567 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Lun 26 Oct 2020 - 13:10 | |
| Esprluette, merci pour ce beau commentaire et contente que ce roman t'ait plu. Je te rejoins sur tout ! Je prendrai le temps de le relire ce soir. C'est frustrant de répondre depuis un portable. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Lun 26 Oct 2020 - 18:08 | |
| Merci pour ce très beau commentaire, Esperluette Je te rassure, je me suis également identifiée à Aaliyah |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4633 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres Mer 28 Oct 2020 - 22:04 | |
| Merci esperluette pour ton retour! Je suis contente de lire qu'il t'ait autant plu! On termine la croisière en beauté je trouve! Comme toi, je trouve la lecture plutôt réconfortante au final et le suivi de ses pensées, assez agréable, sans qu'on se perde en route. Il y a une certaine logique dans ce désordre! Je suis aussi allée me renseigner sur le Liban, j'en connaissais quasiment rien. Je te plussoie sur l'envie de découvrir Pessoa! Je profite de ce post pour remercier Petit Faucon pour son dernier post, le spoiler est particulièrement intéressant pour se pencher sur les arcs narratifs des personnages! (Désolé, j'avais oublié de le mentionner dans mon post précédent! ) Dans les passages qui ont particulièrement résonné en moi, il y a celui où elle dit que les plus fidèles à une ville sont parfois ceux qui l'ont quittée, car ils sont plus attentifs à ses changements, ses trahisons, que ceux qui y vivent et ne voient plus ses mutations. Je ressens parfois cela quand je retourne dans la ville où j'ai vécu mes 26 premières années, donc ça m'a touchée, marquée et ça a sonné juste! |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres | |
| |
| | | | Rabih Alameddine - Les vies de papier et autres œuvres | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|