Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Atonement (Expiation): les critiques presse et internet | |
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Auteur | Message |
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Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 21:36 | |
| @ Je comprends bien tes arguments. Cela dit je suis un lecteur, et je m'intéresse à la littérature et au cinéma en tant qu'art pas en tant que marché. Ce que font faire les distributeurs pour attirer les gens ne m'intéresse pas vraiment. C'est pour cela que je critiquerai toujours le titre français (et préfère de loin celui du Québec).
Edit : Le problème du titre se pose aussi au niveau des sous-titres. Le roman de Briony s'appelle bien Expiation dans le film... Visiblement ça ne gênait pas. Les spectateurs vont il comprendre que le roman de Briony, c'est le film qu'on regarde ? Pas sûr qu'ils fassent tous la connexion vu que le titre est différent. |
| | | Camille Mc Avoy Bits of Ivory
Nombre de messages : 11921 Age : 39 Localisation : in Highbury Date d'inscription : 10/02/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 21:50 | |
| quel est le titre quebequois ? |
| | | Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 21:52 | |
| @ Camille. Expiation ! Tout simplement. |
| | | mimidd Aki no Hoshizora
Nombre de messages : 15717 Localisation : with a Japanese man singing for Rotterdam Date d'inscription : 17/04/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 21:56 | |
| - Mr Damien Tilney a écrit:
- Ce que font faire les distributeurs pour attirer les gens ne m'intéresse pas vraiment.
Eh bien moi, ca m'intéresse beaucoup ^^. J'aime bien confronter les différents points de vue, voir toutes les facettes d'un problème. Surtout dans ce cas précis, car je n'aime pas plus le titre français que toi, mais je trouve çà très interessant de comprendre le pourquoi des choses, à défaut de l'approuver Pour le titre du livre dans le film, effectivement, c'est très maladroit, mais je pense que les gens peuvent quand même faire le rapprochement puisque le titre du roman de McEwan apparait bien clairement sur l'affiche du film. L'emboitement des pièces du puzzle se fait donc de manière moins directe que pour quelqu'un qui a déjà lu le roman, mais je pense qu'il peut quand même se faire. _________________ ずっと続く道 これからも変わらずに 同じことで笑っていよう 一人じゃないよ アホな仲間と =☆= In a road that keeps going without change, let’s keep laughing about the same things. =☆= =☆=☆=☆= You’re not alone. You’ve got this stupid friend with you (道, 丸∞すばる) =☆=☆=☆= |
| | | Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 22:03 | |
| @ Mimidd. Je me suis aussi demandé pourquoi ce titre et je comprends pourquoi. Cela dit Ian McEwan a choisi un titre qui a du sens, Joe Wright a gardé ce titre. Le traducteur du roman a gardé le titre. Pour moi ce n'est pas normal de changer un titre. Je sais que les Français le font très souvent pour les titres de film. Je ne suis pas du tout convaincu. Je ne suis pas fermé d'esprit. Je trouve simplement que c'est fort dommage de ne pas respecter le titre choisi par un romancier et un réalisateur. |
| | | Nougatine Lady of Zerzura
Nombre de messages : 2492 Age : 49 Localisation : Picardie Date d'inscription : 17/11/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 22:14 | |
| - Mr Damien Tilney a écrit:
Edit : Le problème du titre se pose aussi au niveau des sous-titres. Le roman de Briony s'appelle bien Expiation dans le film... Visiblement ça ne gênait pas. Les spectateurs vont il comprendre que le roman de Briony, c'est le film qu'on regarde ? Pas sûr qu'ils fassent tous la connexion vu que le titre est différent. Je continue à penser que Reviens-moi cible un public de jeunes filles fan de KK de par son rôle dans Pirates des Caraïbes. C'est un choix de marketing absurde, surtout que comme tu le dis le roman de Briony s'appelle Expiation et qu'il s'agit bien de cela dans tout le film. |
| | | mimidd Aki no Hoshizora
Nombre de messages : 15717 Localisation : with a Japanese man singing for Rotterdam Date d'inscription : 17/04/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 22:32 | |
| @ Damien : Tu prêches une convertie . J'essayais juste d'expliquer pourquoi, selon un point de vue marketing, le changement de titre était positif. Et ce n'est pas l'apanage des français : la môme est devenue La vie en rose en traversant l'Atlantique, pour prendre un exemple d'actualité. Mais j'avoue que le changement de titre me parait un moindre mal quand on voit la transformation qu'a subi un film comme La marche de l'empereur : remaniement des dialogues pour en faire une narration style documentaire animalier classique, remplacement de la magnifique bo d'Emilie Simon etc. Pour Reviens moi/ Expiation/ Atonement, rien de plus facile que d'aller sur Allociné, de jeter un oeil sur le titre original et de méditer dessus @ nougatine : je ne suis pas vraiment d'accord : 1/ inutile de chercher à attirer les fans de KK avec un titre guimauve, si elles sont fans, ce n'est pas un titre qui va les arrêter. Sinon, ce ne sont pas de vraies fans (dixit celle qui va aller voir Hulk en mai pour les beaux yeux d'Edward Norton ) 2/ ce choix marketing n'est pas absurde en tant que choix marketing, même s'il ne nous plait pas. C'est fort regrettable, mais ce n'est pas absurde . _________________ ずっと続く道 これからも変わらずに 同じことで笑っていよう 一人じゃないよ アホな仲間と =☆= In a road that keeps going without change, let’s keep laughing about the same things. =☆= =☆=☆=☆= You’re not alone. You’ve got this stupid friend with you (道, 丸∞すばる) =☆=☆=☆= |
| | | Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 22:40 | |
| @ Mimidd. J'ai vu le titre de La Môme à l'étranger. Il me fait beaucoup rire. Le titre est un peu antithétique . En fait c'est un des titres de Piaf que les étrangers connaissent le plus. Pour La Marche de l'empereur, j'étais aussi choqué que toi quand j'ai appris les changements. |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Jeu 10 Jan 2008, 23:58 | |
| Juste un point Mimidd: je suis d'accord sur le fait qu'Expiation est peut-être un peu trop hermétique au premier abord pour être vendeur.En ce qui concerne la connotation religieuse, par contre, je dois souligner que pour moi ce mot est neutre. La religion l'utilise mais n'en a pas l'exclusivité. _________________ |
| | | mimidd Aki no Hoshizora
Nombre de messages : 15717 Localisation : with a Japanese man singing for Rotterdam Date d'inscription : 17/04/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Ven 11 Jan 2008, 13:31 | |
| Pour moi aussi c'est un terme neutre, d'ailleurs, la définition religieuse arrive en deuxième dans le dico. Mais j'avoue avoir été très étonnée hier en réalisant que ce terme qui me paraissait plus que banal et très limpide n'était pas aussi évident que çà pour d'autres. Je me suis dit que j'étais peut être trop influencée par mon environnement . A mon avis, le terme a en effet un sens neutre (c'est d'ailleurs le sens qu'il a dans le film) mais la connotation religieuse (c'est pour çà que j'ai utilisé le terme de "connotation" plutot que de "sens" dans mon message précédent) est encore fortement présente. _________________ ずっと続く道 これからも変わらずに 同じことで笑っていよう 一人じゃないよ アホな仲間と =☆= In a road that keeps going without change, let’s keep laughing about the same things. =☆= =☆=☆=☆= You’re not alone. You’ve got this stupid friend with you (道, 丸∞すばる) =☆=☆=☆= |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72621 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Ven 11 Jan 2008, 15:24 | |
| Pour moi, je n'y avais même pas pensé, on commet une erreur, on en paie le prix, religieux ou pas ! D'ailleurs je n'ai compris le choix du titre que quand j'ai eu fini le livre, ce n'est pas le titre qui me l'a fait choisir. En plus ce n'est pas un mot si rare, enfin, il est vrai que le vocabulaire courant devient de plus en plus pauvre ! On dit plutôt "tu fais une c... tu paies" plutôt que "tu expies tes crimes" !! |
| | | Nougatine Lady of Zerzura
Nombre de messages : 2492 Age : 49 Localisation : Picardie Date d'inscription : 17/11/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Ven 11 Jan 2008, 18:17 | |
| - mimidd a écrit:
@ nougatine : je ne suis pas vraiment d'accord : 1/ inutile de chercher à attirer les fans de KK avec un titre guimauve, si elles sont fans, ce n'est pas un titre qui va les arrêter. Sinon, ce ne sont pas de vraies fans (dixit celle qui va aller voir Hulk en mai pour les beaux yeux d'Edward Norton ) 2/ ce choix marketing n'est pas absurde en tant que choix marketing, même s'il ne nous plait pas. C'est fort regrettable, mais ce n'est pas absurde . 1/ Ok ok pour les fans, ta remarque m'a fait repenser à une époque lointaine où j'étais allée voir un film avec Robin Williams qui jouait un vendeur de voitures uniquement parce que c'était lui! Donc je m'incline une vraie fan de KK ira voir le film qu'il s'appelle Expiation Atonement ou Reviens moi . 2/ Par contre le choix marketing reste pour moi "absurde" car il édulcore la nature du roman, il adoucit les choses laissant sous-entendre que ça va bien se finir et joue la carte du mélo qui n'est justement pas celle de l'histoire. Mais bon comme tu le soulignes Mimmid, c'est un choix marketing, mais comme le marketing et moi ça fait deux ... |
| | | christelle The Gathering Storm
Nombre de messages : 3481 Age : 48 Localisation : Entre Paris, Londres, Hong Kong et Séoul... Date d'inscription : 10/09/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Sam 12 Jan 2008, 11:56 | |
| Une chouette cover: |
| | | Emjy Angel of Temptation
Nombre de messages : 6304 Age : 41 Localisation : entre Lark Rise et Candleford Date d'inscription : 05/03/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Sam 12 Jan 2008, 12:29 | |
| Merci ! On peut trouver les clichés qui vont avec ici Personnellement, ce n'est pas ma séance photo préférée ... |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 20:43 | |
| _________________ |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 20:45 | |
| Désolée pour les messages qui se suivent mais le post était trop long et ne passait pas. Un commentaire très détaillé (et dithyrambique) publié sur le blog in.dvddrama.com - Spoiler:
"Atonement" de Joe Wright
Note: 9/10
Des coups de chance comme celui qu'a eu Joe Wright sont rares, mais c'est tant mieux. Je n'aurais en effet pas parié un sous sur le projet d'adaptation du roman de Jane Austen ORGUEIL ET PREJUGES, et pourtant le film en étonné plus d'un, moi le premier. Les sceptiques des films romantiques dans ce genre (généralement très niaiseux) ont été emballés par une réalisation parfaite et une musique sublime, tandis que les critiques ont été enchantés par cette romance particulièrement crédible et bien adaptée de l'auteur. Un film qui a fait son petit effet et qui a propulsé Joe Wright au sommet puisqu'il a en effet pu choisir son prochain projet sans problème. A la vue des premières images de ATONEMENT, on ne pouvait que rester mitiger: la bande-annonce étant assez mal fichue (elle en montre trop sur la première partie sans pour autant déballer ce que cache le récit), il s'agit d'une nouvelle adaptation de roman, et Joe Wright engage à nouveau la belle Keira Knightley (qui s'en plaindra !) pour incarner une héroïne en costume. Normalement, le film aurait dû décevoir en raison de l'importance du roman EXPIATION de Ian McEwan (le réel sens de ATONEMENT, pour ceux qui pensent que REVIENS-MOI est un titre judicieux). Et c'est tant mieux, puisque le film m'a d'autant plus transcendé avec cette peur de revoir un peu la même version de Wright sur des thèmes balisés. Se situant en totale opposition à son précédent film et prouvant toute la maîtrise visuelle de l'auteur (qui arrive à convaincre même lorsqu'il dirige une pub Chanel classe), ATONEMENT ressort grandit. Certains disent un chef d'oeuvre qui pourrait accumuler les récompenses américaines en ce début d'année. Et bien ils ont raison. Nous assistons là à la naissance d'un grand réalisateur qui signe un magnifique film.
Dans l'immense résidence Tallis, la relation entre maîtres et valets se bouscule. La petite Briony, 13 ans à peine, termine sa première pièce de théâtre remarquable tandis qu'elle s'éprend de Robbie, un des domestiques qui a décidé de partir continuer sa vie ailleurs grâce à ses études de médecine. En froid avec lui depuis quelques mois, la belle Cecilia se rend enfin compte de ses sentiments pour lui tandis qu'il fait de même. Mais Briony, jeune fille aussi calculatrice que jalouse et envieuse décide de nuire à leur idylle en les séparant coûte que coûte.
Le film se divise en trois grandes parties distinctes aussi passionnantes les unes que les autres, mais présentant d'énormes différences d'un point de vue scénaristique. La première est celle que l'on pouvait craindre puisqu'elle s'intéresse à la demeure Tallis et aux domestiques, faisant évidemment penser que Wright va faire l'erreur de recommencer les idylles entre deux êtres d'un rang social différent sous les yeux d'une famille réticente. Sauf que ATONEMENT est bien plus que cela et commence déjà par dresser le portrait contrasté de deux soeurs aussi énigmatiques l'une que l'autre. Briony est donc une jeune fille déjà pleine d'espoir mais aussi de jalousie, d'hypocrisie et de passion, depuis sa plus tendre enfance amoureuse de Robbie qui n'est qu'un domestique protecteur de plus, énervé par son comportement enfantin et capricieux. Il est en revanche bien plus intrigué par la belle Cecilia, qui lui réserve d'étranges conversations où leurs sentiments amoureux se mêlent parfois dans une haine ou une gêne commune. Mais ce qui fait la grande force de toute cette première partie est avant tout le parti-pris esthétique du film, qui fait passer cette histoire d'une romance de plus à un véritable choix de mise en scène aussi bien osé que maîtrisé. Wright choisit en effet d'accélérer ses intrigues le plus possibles sans les bâcler, c'est à dire en étoffant au fur et à mesure ses intrigues avec des retours-en-arrière qui expliquent souvent d'un autre point de vue ce que l'on vient de voir. Un impact renforcé par un montage qui mériterait grandement d'être récompensé tant il atteint des niveaux de jouissances absolues, même lorsque le simple titre apparaît dans une police frappante et une bande-son subite. C'est aux touches d'une machine à écrire que le réalisateur s'inspire pour construire sn film, choisissant parfois de refaire une scène d'un tout autre point de vue afin de donner de la consistante à ses scènes ou même de donner du suspense au moindre choix de Robbie, Cecilia ou Briony. En résulte donc la séquence près de la fontaine où l'on croit à une scène de séduction du point de vue jaloux de Briony, et qui est en fait une énième prise de bec entre Robbie et Cee non moins dénué d'érotisme amusant (elle sort d'une fontaine dans une petite tenue transparente sous les yeux du domestique). Bien loin du classicisme des oeuvres de ce genre, Wright choisit de mouvementer les choses, de bouleverser le temps ou les habitudes d'un spectateur qui se trouve alors réellement impliqué dans le métrage. Et c'est un but totalement réussi puisque l'on se prend d'amitié pour Robbie lors de l'écriture d'une lettre cocasse qui va finir dans les mains de Cecilia par le plus grand des hasards, avant la fameuse scène de la bibliothèque que l'on attendait pas. Les sentiers utilisés maints fois sont reniés par le réalisateur qui choisit une approche particulière et moderne d'un sujet qui nécessitait un mouvement comme cela pour se renouveler. Et tout fonctionne à merveille lorsque le drame éclate au moment où on l'attendait le moins, puisque l'étrange atmosphère qui règne sur la demeure Tallis se matérialise par le viol de la petite Lola qui développe une forte attirante pour les hommes mûrs. Un viol qui sera utilisé par Briony pour mettre fin à cette idylle qui la déchire puisqu'elle annonce à la police qu'elle a vu Robbie prêt du corps de Lola, encore sous le choix lorsque la petite Tallis la convainc de témoigner contre lui.
A partir de là, dans ce déchirement total, ATONEMENT se joue de tout les films romantique pour devenir avant tout une épopée teintée de romance, une sorte de film de guerre rattaché à l'amour de deux êtres séparés par le lieu, le temps et la violence du monde qui les entoure. Robbie est en effet devenu soldat pour sortir de prison le plus tôt possible et est rattachée à une unité envoyé en France durant la Seconde Guerre Mondiale. Commence un long périple que l'on pourrait croire gâchée par la venue au montage de Cecilia, mais qui se centre avant tout sur le personnage de Robbie. D'où l'impression de voir un film dont Robbie est le héros et non pas Cecilia, transformant une nouvelle fois les règles du genre puisqu'ils ne seront ensemble que durant un court instant avant que Robbie ne reparte dans son infanterie. Mais avant tout, outre le fait qu'il s'agisse d'un drame amoureux où les deux êtres ne peuvent se revoir depuis le caprice d'une jeune fille torturée par son erreur, c'est surtout le visage de Robbie face aux horreurs de la guerre qui nous intéresse. C'est certes stéréotypé, mais pourtant Wright n'hésite pas à employer les grands moyens et transcende la guerre comme l'a fait avant lui Clint Eastwood avec la même volonté de s'intéresser au point de vue humain, à travers des découverts aussi terrifiantes que celle dans les bois où des dizaines de jeunes filles ont été abattues par les ennemis. Faisant le parti pris de ne pas montrer le destin de Cecilia, Wright se résout surtout à filmer à hauteur d'homme tout ce que la guerre engendra et tout ce qui changera Robbie au point de ne plus croire en sa propre humanité, pleurant devant une scène de baiser car il sait qu'il ne pourra jamais revoir de la même façon sa bien-aimée. Et comme vous en avez entendu parler, tous ces propos sont contenus dans un plan-séquence aussi sublime que déchirant, aussi magnifique que exemplaire, celui se situant sur la plage de Dunkerque où Robbie et deux autres de ses compagnons assistent à des découvertes terrifiantes qui entament un processus de déshumanisation des soldats. Débutant par une conversation entre un général et Robbie, ce dernier va s'énerver contre les ordres qui lui interdisent de partir le premier d'un bateau pour rejoindre Cecilia, l'obligeant à continuer sa route sur la plage. Il croise alors la route de soldats chargés d'exécuter devant la caméra des chevaux qui tombent les uns derrière les autres, tandis qu'il continue sa route. On passe alors dans une sorte de regard interne où l'ombre de Robbie disparaît, laissant place à une caméra fantôme qui longe une épave de bateau puis une chorale, remontant toute la plage et faisant le tour d'une dizaine de soldats en train de chanter avec de revenir sur Robbie qui marche en direction du bar, repoussant un alcoolique et regardant une dernière fois la plage derrière lui avant de demander un verre. Difficile de dire autre chose puisque le plan est un monument du cinéma, sans doute la plus belle séquence de guerre depuis IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN. La preuve que même des cinéastes "mineurs" peuvent réaliser une vision originale d'une scène classique avec des effets et des émotions qui transcendant l'écran, le tout favorisé par la partition extraordinaire de Dario Marianelli (sa bande-originale est encore meilleure que celle de ORGUEIL ET PREJUGES) et la photographie taciturne de Seamus McGarvey (HIGH FIDELITY, THE HOURS, WOLRD TRADE CENTER).
Malgré le seul et unique défaut du film qui revient à de trop nombreuses reprises pour rien (le fameux "Come back. Come back to me" assez chiant au bout d'un moment), ATONEMENT entame sa dernière partie en se concentrant maintenant sur la douleur de Briony, le dernier personnage que l'on s'attendait à voir comme héroïne puisqu'elle est volontairement antipathique depuis l'âge de 13 ans. Devenue infirmière pour se punir de ses choix infantiles, elle continue décrire pour se repentir tout en assistant elle-aussi aux pires horreurs de la guerre, devant affronter chaque jour l'arrivée de nouveaux accidentés (sublime séquence de quelques minutes poignantes), brûlés ou blessés graves, et tentant ainsi de racheter son âme en s'impliquant le plus possible dans ce qu'elle fait, quitte à faire la conversation à un soldat allemand qui divague à cause d'une blessure ouverte au cerveau. Le parti-pris du réalisateur est d'en faire un personnage de repentir pour transcender la fin de son film qui sur le papier est absolument excécrable. Du moins, la première fois que l'on aperçoit un écran de télévision dasn un film d'époque, on se demande si Wright n'a pas cédé à l'épiloge larmoyant de trop qui place toute son émotion dans le discours d'une vieille dame façon TITANIC. Et pourtant, cette fin là gane en explications et en émotion grâce aux propos étranges d'une vieille Briony qui affronte ls questions d'un journaliste sans pouvoir contenir ses larmes. Une fin qui paraît alors parfaitement justifié avec ce qui précède, où l'ellipse dans l'histoire de Robbie faisait comprendre qu'il était revenu à Londres et qu'il avait retrouvé Cécilia, obligeant Briony à rétablir la vérité suite au mariage entre Paul Marshall (le véritable violeur, fabriquant de chocolat prétentieux) et la jeune Lola qui ne peut plus témoigner contre lui. Pourquoi une telle fin ? Pour montrer à quel point le roman EXPIATION écrit par Briony (qui fait suite à TWO FIGURES BY A FOUNTAIN qu'elle n'arrivait pas à terminer) est un roman aussi sincère que hypocrite, laissant une part de doute quant aux véritables intentions de Briony. En effet, et c'est à que la fin est extraordinaire et apparaît comme un tour de force magnifique, Briony explique petit à petit que ces retrouvailles sont fausses puisque (images émouvantes à l'appui) Robbie est mort lorsqu'on l'a quitté (dans un refuge miteux à Dunkerque) et que Cecilia a été victime d'une inondation alors qu'elle s'était réfugié dans un tunnel du métro lors des bombardements de Londres. Toute cette scène où Briony affronte le regard de Robbie est donc une scène purement imaginative qui veut être l'ultime geste de l'auteur envers les deux amoureux, une scène de bonheur qu'ils n'ont jamais réellement eu. Mais en plus de ça, il s'agit aussi d'un moyen pour elle de se disculper, de ne plus avoir cette rancoeur éternelle qui l'empêche de dormir, et encore une fois par égoïsme de donner aux autres beaucoup après avoir ruiner littéralement leur vie. Elle s'imagine en tout cas que c'est le dernier geste qu'elle aurait pu faire, refusant de voir la vérité en face de peur de se retrouver assaillie, quelques semaines avant sa mort certaine, à nouveau de se sentiment de culpabilité qui l'a fait fuir de la demeure familiale il y a des années de cela. Briony reste un mystère en tout cas dans ce dernier entretien touchant, laissant ensuite place à quelques scènes de couple heureux qui nous font réfléchir sur le destin de Robbie et de Cecilia, qui n'ont partagé que 3 minutes dans une bibliothèque il y a des années de cela. Et ça en valait la peine étant donné que la passion leur a tout donné et les a aussi déchiré.
EDIT: je dois encore couper, ça ne passe toujours pas. La suite dans le prochain message _________________ |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 20:46 | |
| Deuxième partie: - Spoiler:
Habitué aux directions d'acteurs parfaites et rendant parfaitement compte de la personnalité exécrable de certains personnages (souvenez-vous de la mère Bennet), Joe Wright transforme une fois de plus son casting apparemment "classique" en une bande d'acteurs réellement crédibles et faisant parfois preuve d'un humour à froid dans la première partie du film. ATONEMENT est bien sûr porté par Keira Knightley qui cependant ne handicape pas le métrage par sa présence outrancière, bien au contraire: son absence quasi-totale des deux dernières parties du métrage font que son personnage hante encore plus l'écran, due à une première partie où sa prestation est mémorable (la scène de la bibliothèque, sûrement la scène la plus culte que Keira ait tourné avec l'ensemble de DOMINO) et à des conversations qui tournent sans cesse sur ce qu'elle est devenue. Wright mélange même les genres en faisant d'elle un personnage de film noir qui conclue ses apparitions par des plans énigmatiques tirés des films des années 50/60 et des enquêtes de Ingrid Bergman: l'entretien avec la police dans le noir, le départ du bus et le baiser à la fenêtre qui donne directement sur Briony sur le trottoir. Mais ma surprise vient avant tout de James McAvoy. Je ne pouvais pas du tout le supporter dans le correct THE LAST KING OF SCOTLAND où il abusait de sa tête à claque pour jouer un rôle de victime agaçante (surtout lors de cette stupide relation amoureuse avec la femme du dictateur), et il a réussi à me convaincre qu'il pouvait aisément rentrer dans un rôle attachant dont le destin cruel va nuire aussi bien son moral que son physique, le laissant mort si prêt du but. En attendant de le voir en héros malgré lui dans WANTED, ATONEMENT est la confirmation du talent de ce jeune homme au physique assez froid. Briony est quand à elle interprétée par 3 actrices talentueuses: la prometteuse Saoirse Ronan (I COULD NEVER BE YOUR WOMAN), la magnifique Romola Garai (SCOOP, ANGEL) grimée pour le rôle, et la vieille Vanessa Redgrave qui a une grande carrière derrière elle. Les seconds rôles sont en tout cas incarnés par des acteurs souvent cantonnés aux apparitions en second plan et qui pourtant dégagent un professionalisme confondant, comme Patrick Kennedy (A GOOD YEAR) en frère heureux de retrouver sa famille, l'angoissant Benedict Cumberbatch (AMAZING GRACE) en chocolatier aux vices cachés, Danny Mays (THE SECRET LIFE OF WORDS) en soldat aussi horrifié que son commandant pendant la guerre. A noter aussi quelques apparitions remarquables et plutôt amusantes: Lionel Abelanski (LES YEUX BANDES, MAIS QUI A TUE PAMELA ROSE), Michel Vuillermoz (COMBIEN TU M'AIMES, FAUTEUILS D'ORCHESTRE) et l'excellent Jeremie Renier (L'ENFANT, FAIR PLAY) en français résistants ou victimes de la guerre, ainsi que le réalisateur Anthony Minghella (COLD MOUNTAIN, BREAKING AND ENTERING) en interviewer final qui heureusement évite le champ/contre-champ pour laisser la parole à Briony en fin de parcours dans son discours édifiant.
ATONEMENT est donc un sacré moment de cinéma qui débute parfaitement bien l'année et que l'on retrouver aisément dans les Top des rédacteurs de tout les horizons dans un an. Aussi bien émouvant que transcendant, Joe Wright prouve en tout cas que ORGUEIL ET PREJUGES n'était pas qu'une adaptation bien fichue de pacotille mais la première pierre de son édifice cinématographique. Et même s'il ne repartira peut-être pas avec des Golden Globes ou des Oscars, une chose est sûre pour moi: Joe Wright est un grand réalisateur.
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| | | Camille Mc Avoy Bits of Ivory
Nombre de messages : 11921 Age : 39 Localisation : in Highbury Date d'inscription : 10/02/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 20:53 | |
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| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 21:02 | |
| J'apprécie ta tolérance, Camille! Petite précision comme je viens de poster plusieurs liens: les deux messages précédents contiennent un seul article, que j'ai dû couper car le texte était trop long pour un seul post. A la page précédente, j'ai également posté des liens. Lorsque tu parles du deuxième article, c'est bien celui de Viviane Nortier pour La Dépêche? _________________ |
| | | Doddy The Lady of Pemberley
Nombre de messages : 7925 Localisation : Paris Date d'inscription : 08/11/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 21:04 | |
| Merci pour cette critique, Cat. Il me donne une furieuse envie de voir le film (samedi c'est pourtant pas loin, je n'ai plus longtemps à attendre). J'apprécie tout particulièrement ce qu'il dit sur le montage (j'avais déjà remarqué à quel point il était soigné dans P&P05) et l'interprétation du geste de Briony à la fin. Un texte "aussi sincère que hypocrite"... C'est tout à fait ça, ça me rappelle d'ailleurs notre débat avec Popila sur les motivations de Briony. |
| | | Camille Mc Avoy Bits of Ivory
Nombre de messages : 11921 Age : 39 Localisation : in Highbury Date d'inscription : 10/02/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 21:08 | |
| non, je crois que c'est celui de bakshish ( tu as reposté pendant que je répondais), ou James est comparé à Sean Penn et où on dit que Joe Wright dépasse Minghella ( c'est bien vrai, Camille pas aimer Minghella du tout:lol!: ). Et l'anecdote de la googleisation de JW me fait rire! Pour revenir au film, Lundi matin dans la matinale de canal +, Ramzy malouki, journaliste de cinéma à Hollywood disait qu'il s'était entretenu avec Wright qui n'était pas fan du titre français. Ils pensaient tous les deux que c'était sans doute parce que la France ne voulait pas de titres trop religieux. C'est dommage, on aurait du rebaptiser "la passion du christ" aussi... " L'histoire d'un homme qui s'est sacrifié et n'a pas épousé Marie madeleine". Ca aurait fait trés romantique et mélodramatique, non ? |
| | | Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 21:37 | |
| @ Cat. Merci pour ces articles. Le dernier était très très élogieux. J'ai adoré le lire. J'aime beaucoup la vision que le critique a sur le roman (comme toi Doddy).
@ Camille. Cette anecdote est super intéressante. Donc Joe Wright a appris le titre nullissime qu'on a en France... |
| | | Popila Free Spirit of Longbourn
Nombre de messages : 2057 Age : 40 Date d'inscription : 27/07/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mar 15 Jan 2008, 21:54 | |
| Merci pour tous ces articles, Cat. La critique de backchich est vraiment intéressante, et j'aime bien celle du blog in dvd.drama.com. Par contre, Camille n'a pas dû la lire en entier, car on y dit que James Mc Avoy a un physique assez froid... ce qu'il ne faut pas lire! Il y a un passage qui a particulièrement suscité mon intérêt, et j'ai moi aussi, Doddy, repensé à notre débat! Je le remets en spoiler : - Spoiler:
Le roman écrit par Briony est un roman aussi sincère qu'hypocrite, laissant une part de doute quant aux véritables intentions de Briony [...]. Toute cette scène où Briony affronte le regard de Robbie est une scène purement imaginative qui veut être l'ultime geste de l'auteur envers les deux amoureux [...]. Mais en plus de ça, il s'agit aussi d'un moyen pour elle de se disculper, de ne plus avoir cette rancoeur éternelle qui l'empêche de dormir, et encore une fois par égoïsme de donner aux autres beaucoup après avoir ruiné littéralement leur vie. Elle s'imagine en tout cas que c'est le dernier geste qu'elle aurait pu faire, refusant de voir la vérité en face de peur de se retrouver assaillie, quelques semaines avant sa mort certaine, à nouveau de se sentiment de culpabilité qui l'a fait fuir de la demeure familiale il y a des années de cela. Briony reste un mystère en tout cas dans ce dernier entretien touchant.
Cette analyse décortique bien les motivations de Briony et montre que jusqu'à la fin, le personnage reste ambigu et énigmatique. Je trouve que ça apporte un éclairage intéressant et un bon complément par rapport à tout ce qui a été dit dans le topic consacré au roman. |
| | | althea Countess of Dagobah
Nombre de messages : 2315 Age : 63 Date d'inscription : 14/07/2007
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mer 16 Jan 2008, 23:21 | |
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| | | Camille Mc Avoy Bits of Ivory
Nombre de messages : 11921 Age : 39 Localisation : in Highbury Date d'inscription : 10/02/2006
| Sujet: Re: Atonement (Expiation): les critiques presse et internet Mer 16 Jan 2008, 23:35 | |
| à peu près lisible est l'expression adéquate. Je ne connaissais pas ce critique... ma fois, il est original et se démarque! je n'ai pas tout compris et en plus il y a deux films dans le même article... Je me demandais vraiment ce que Josh harnett venait faire ici... preuve qu'il est l'heure de regagner mes appartements et d'y plonger dans les bras de morphée... Je suis plutôt poétique le soir:lol!: |
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