Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres | |
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Resmiranda Faithful Heart
Nombre de messages : 3891 Age : 41 Localisation : Belgique Date d'inscription : 27/04/2007
| Sujet: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Mar 13 Oct 2009 - 18:27 | |
| Voici les contributions de nos participantes Je vais vous demander de ne pas laisser vos commentaires ici pour me permettre de poster les chapitres les uns à la suite des autres, pour plus de clarté. (si bien entendu ça convient à notre administratrice vénérée ). Vos avis sont par contre plus que souhaités sur l'autre sujet par ici Chapitre 1 par EmmaDLettre 1 De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
Londres, le 29 septembre 1815. Ma chère Lottie, Nous voici enfin arrivés à Londres ! Le voyage a été bien long, comme tu peux t’en douter. Oncle Peter et tante Lucy ne sont pas tout à fait mes compagnons de voyage idéaux. « J’avais commandé une robe d’une coupe très nouvelle. C’est une mousseline d’une grande délicatesse, qui sera du meilleur effet cet hiver. J’espère qu’elle sera prête quand nous rentrerons, a répété je ne sais combien de fois tante Lucy. — Je suis parfaitement au courant de cette commande, lui a répondu autant de fois oncle Peter. Ça m’a coûté assez cher comme ça ! Pourvu que mes dernières opérations aient marché comme je voulais. Ce n’est pas que je sois mécontent que la guerre soit finie, mais ça change tout pour nos stratégies commerciales… » Je n’ai pas essayé de m’immiscer dans ces passionnantes conversations. Comme c’est surprenant, n’est-ce pas ? Notre chère tante ne songe qu’à ses toilettes, et aux miennes par extension. Oh, évidemment, je suis contente d’avoir enfin autant de jolies robes que je le souhaite ! Mais il me semble parfois que le prix à payer est un peu plus difficile à supporter que ce que j’avais imaginé. C’est une chance pour moi, je le sais bien. Papa n’a jamais eu le goût des affaires et si notre oncle maintient sa proposition de se charger de ma dot, vous pourrez attirer plus facilement un mari, Meg et toi. Ne me reproche pas de te parler ainsi, Lottie (j’entends d’ici tes soupirs exaspérés). L’argent fait partie de ces choses détestables qui prennent une importance considérable dès qu’on vient à en manquer. Quant à notre oncle, il ne cesse de me faire l’éloge de ses amis et relations. Il y a dans sa façon de parler une sorte de critique diffuse de l’attitude de Papa. Ce n’est pas très agréable à entendre. Papa a d’excellents amis, avec qui il entretient une correspondance savante très poussée. Mais comme tu l’as constaté, ce qui n’est pas profitable paraît superflu à oncle Peter. Les amis d’oncle Peter sont moins savants mais beaucoup plus riches et influents que ceux de Papa… Je m’inquiète un peu des propos dithyrambiques qu’il a tenus sur celui qu’il appelle son meilleur ami, un dénommé Mr Bonham. La principale qualité de ce marchand est la grande richesse qu’il a accumulée au cours des dernières années. J’ai tâché d’en savoir plus, sans prendre un air trop intéressé, car je sens que ce sont là des eaux bien troubles. Mais entre discuter de cet individu ou me relancer dans une conversation sur les différentes qualités des mousselines, tu comprendras facilement mon choix ! Pour tout te dire, Mr Bonham a su profiter de cette guerre où tant d’autres ont laissé leur vie et leur jeunesse et sans l’avoir encore jamais rencontré, je le crois d’emblée pas très sympathique. C’est un veuf d’un âge certain (Meg et Harry diraient que c’est un vieillard), déjà nanti de deux enfants à peine plus jeunes que nos deux petits, et j’ai comme l’impression qu’il se cherche une nouvelle épouse. Malheureusement, notre cher oncle semble croire que je serais la parfaite candidate à ce titre… « Ce n’est pas que nous n’aimons pas t’avoir avec nous, Belle, m’a-t-il dit, mais il est important que tu te maries vite et bien. Tu as déjà presque vingt ans et la jeunesse est si vite passée ! De toutes les filles de mon pauvre frère, tu es la seule qui ait une chance de s’en sortir, tu es la seule qui soit jolie, c’est pour ça que nous voulons t’aider, mais il va falloir que tu y mettes du tien. — Mon oncle, je vous remercie de ce que vous faites pour moi, mais… — Comme j’ai hâte de t’aider à compléter ton trousseau, ma chérie ! est intervenue tante Lucy. Les boutiques de Londres sont évidemment infiniment supérieures à tout ce qu’on peut trouver dans un endroit perdu comme le Dorsetshire ! Quelle idée ton père a eue d’aller s’enterrer dans ce trou… — C’est un endroit très agréable, ma tante, et les promenades le long de la Stour sont toujours… — Tu ne connais pas encore Londres, mon petit, a déclaré oncle Peter d’un ton péremptoire. D’ici quelques mois, tu ne pourras plus remettre les pieds à Hinton St Mary sans soupirer après les charmes de la capitale. » Malgré tout le respect que je dois à notre généreux oncle, je crains de ne pas être convaincue. Rien n’aura jamais pour moi le charme de la maison où nous avons passé notre enfance… Mais je ne t’ai pas encore décrit ma chambre ! Au lieu de me répandre en lamentations, je ferais mieux de penser à toi, ma sœur chérie. Tu m’as fait promettre de te donner tous les détails de mon installation et je tiendrai parole. Je suis logée dans une belle pièce aux murs clairs (un beige très délicat), dont les légers rideaux bleus permettent à la lumière du jour de l’éclairer presqu’aussi bien qu’à la maison. Le mobilier est charmant, un peu ancien, je crois, d’un goût exquis et d’une grande délicatesse. Le lit est très confortable et j’ai une délicieuse coiffeuse qui me donnerait envie de devenir la pire des coquettes. Mais mon meuble préféré, c’est sûrement le petit bureau d’où je t’écris ! Attends-toi à de longues lettres… J’ai une femme de chambre toute à mon service. C’est une très brave fille, du nom de Jones. On ne peut pas dire que je la fatigue beaucoup ! Nous n’avons plus besoin qu’on nous habille depuis longtemps, n’est-ce pas ? J’espère voir James d’ici peu. Papa m’a demandé de lui donner régulièrement des nouvelles de notre cher grand frère, vu que James n’écrit presque jamais (enfin, quand ses finances sont basses, il se rappelle tout à coup de notre existence). Je doute que ma présence le rende plus sage mais on ne sait jamais… Il faudra aussi que je rende visite à notre tante, Miss Appleton, dont James prétend être le favori. Oncle Peter dit que c’est parfaitement vrai et que tout Londres sait déjà que James est l’héritier de Miss Appleton. Je crains que le rêve de Papa de voir son fils aîné lui succéder au presbytère soit bien illusoire. Donne-moi vite des nouvelles de tout le monde. Tu sais bien que Papa ne songera pas aux petites choses, il n’y pense jamais, et que Maman sera sans doute trop fatiguée pour écrire longuement. Je compte sur toi ! Ta sœur qui t’aime, Belle. Lettre 2 De Miss Charlotte Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Hinton St Mary, Le 5 octobre 1815. Ma Belle chérie, Tu ne devineras jamais ce qui nous arrive ! C’est extraordinaire et tout le monde en parle dans Sturminster. Mais je suppose que je devrais d’abord te remercier pour ta gentille lettre. Bon, sache que toute la famille va bien. Maman est un peu fatiguée, comme d’habitude, Papa est ravi d’un nouveau livre qu’il vient de recevoir, Meg et Harry se sont fait attraper chez Mr Brocklehurst en train de chiper des pommes et ont eu droit à un sermon interminable sur les tourments qui attendent les voleurs en Enfer… Bref, tu vois, rien de nouveau de ce côté-là, sauf que tu me manques terriblement pour gérer tout cela. Tu es une vraie maîtresse de maison, tu sais ? Et je me débrouille beaucoup moins bien que toi. Tant pis ! Ou plutôt, tant mieux : tu reviendras plus vite si tu crains que la maison soit trop en désordre… Et ne commence pas à devenir mélancolique : le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. Hinton St Mary est toujours semblable à lui-même et tu le retrouveras comme tu l’as laissé (mais moins en ordre). Bon, j’en viens au grand événement, car je te sens bouillir d’impatience : sir Reginald a mis en location Milton Abbey ! Ah, ça t’épate, n’est-ce pas ? Je le tiens de Miss Sophie Bell qui le tient de lady Bailey elle-même. Miss Bell et Miss Sophie vont souvent dîner à Longbourn Park quand sir Reginald et lady Bailey sont là, en souvenir du temps où leur père était pasteur et où elles étaient reçues dans la meilleure société de la région. Lady Bailey aime les souvenirs associés à cette période. Et comme Miss Sophie m’aime beaucoup (Miss Bell me trouve un peu trop impertinente et c’est toi qu’elle préfère de loin), elle me l’a dit dès qu’elle m’a vue. Papa nous l’a confirmé ensuite. Sir Reginald espère qu’il pourra aider les nouveaux locataires, en leur apportant quelque consolation. Il s’agit apparemment d’un jeune Londonien très riche qui vient passer quelque temps à la campagne avec un de ses amis. Il paraît que l’ami en question est un officier de la Royal Navy qui a été gravement blessé au service le la Couronne. Sir Reginald dit que ce malheureux est porté à la mélancolie depuis et qu’un long séjour chez nous pourrait lui être profitable, grâce entre autres aux conversations qu’il pourrait avoir avec Papa. Mais le plus étonnant, c’est que cet officier s’appelle Bonham, comme ce Mr Bonham qu’oncle Peter semble tant apprécier. Pour le moment, il m’est difficile d’en savoir davantage. Tant que ces nouveaux voisins ne seront pas arrivés, les informations que nous avons sur eux seront surtout des spéculations ! Enfin, tu imagines l’état dans lequel sont les sœurs Hamilton. « C’est merveilleux, merveilleux ! ne cesse de marteler Georgia. — La chance de notre vie ! la soutient Louisa. Un noble officier de Sa Majesté blessé au combat… Je pourrais le consoler, et lui redonner goût à la vie, comme ça serait romantique ! » Elles espèrent bien mettre le grappin sur un de ces pauvres gentlemen. Vraiment, c’est une attitude qui me dépasse. Je suis bien décidée à ne jamais me laisser dicter ma conduite par cette course au mariage. Une femme moderne ne devrait pas avoir besoin d’un homme pour être heureuse, c’est ce que j’ai toujours pensé. Toutes ces héroïnes de roman complètement cruches qui ne savent qu’attendre qu’on vienne les sauver, très peu pour moi ! Les demoiselles Bell vivent très bien, toutes vieilles filles qu’elles soient. Ce n’est pas que j’aie particulièrement envie de leur ressembler, mais j’aimerais mieux ça que de m’abaisser à me vendre au plus offrant. Et puis de toute façon, Papa et Maman ont besoin de quelqu’un pour les aider à tenir la maison. Pour le moment, je ne suis pas très au point pour ça, mais ça va venir, n’est-ce pas ? La cuisinière prétend que le sucre coûte trop cher pour qu’elle puisse préparer un gâteau pour l’anniversaire de Harry. Le pauvre petit va avoir dix ans, et bientôt, il partira dans un de ces collèges sinistres pour garçons : je voudrais bien que la fête soit réussie. As-tu une idée ? Sur quoi pourrait-on faire des économies pour avoir plus de sucre ? J’ai honte de t’ennuyer avec ces problèmes sans intérêt. Profite bien de ton séjour à Londres, tâche de te trouver un bon mari, gentil, aimant et surtout, très riche, mets à profit ta patience proverbiale auprès d’oncle Peter et tante Lucy et n’oublie pas complètement Hinton St Mary ! Ta petite sœur qui t’aime, Lottie. P.S. : Papa te joint une copie de son sermon de dimanche dernier, avec quelques considérations annexes. Maman était trop fatiguée pour prendre la plume, mais elle t’embrasse et te fait savoir que tu lui manques. J’ai demandé aux petits de t’écrire, ça les entraîne… Lettre 3 De Miss Margaret Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Chere Belle, Lottie nous crit dessus tout le tan. Reviens. On fais plus de progrés aveque toit qu’aveque elle. J’aimes pas le piano. C’est trot dur. J’ais pas envit d’être une jeune fille aconplie. Je veus bien fair des efforts pour toi, ma seur chérie, mais tu me manque trot. Reviens. Meg. Lettre 4 De Master Henry Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Chaire Belle, Anvois-moi un beau cadot pour mon aniversère. Tu sera mêmes pat la, alors, fô bien sa. Lais pomes de Mr Brocklehurst était plus bone que selle quon a a la méson. Papa dit que non, mé sais vré. Et pui, i s’en fiche, Mr Brocklehurst, i lé mange maime pa, ces paumme. Harry. Lettre perdue Du Révérend Appleton à sa fille Isabelle- Spoiler:
La copie du sermon de Mr Appleton a malheureusement disparu des archives
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| | | Resmiranda Faithful Heart
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 30 Nov 2009 - 12:33 | |
| Chapitre 2 par TestiflyLettre 5 De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
Londres, le 10 octobre 1815.
Très chère Lottie, C’est avec une extrême impatience que j’attends tes lettres. Tu sais combien elles me réconfortent, je commence à me sentir seule à Londres. Et la compagnie de tante Lucy n’est pas de ce qu’il y a de plus réjouissant… Tu me manques énormément. Et je m’ennuie tellement ; j’ai repris mes exercices de pianoforte mais j’ai comme l’impression que mes doigts sont engourdis, je peine à jouer une mélodie fluide et harmonieuse. Mais ne t’inquiètes pas pour moi, Londres m’enchante, je me suis laissée entraîner dans le tourbillon de mousseline et de rubans des boutiques de la capitale. On peut dire que tante Lucy m’a transmis son virus de la fièvre acheteuse ! J’ai honte de le te l’avouer mais oncle Peter se montre très – sûrement trop – généreux et il permet ainsi à ma garde-robe de s’agrandir considérablement. Je ne sombre pas dans une profonde coquetterie mais je commence à prendre plaisir à m’embellir ! Je suis plus qu’étonnée de la nouvelle que tu viens de m’apprendre : Mr Bonham emménage à Milton Abbey ! La description que tu m’as transmise des Miss Bell ne correspond pas au portrait que m’a peint oncle Peter. Je m’imaginais un vieillard, comme dirait Meg et Harry, mais peut-être n’est-il qu’un jeune veuf ; et c’est de là que vient sa mélancolie, je suis sûre que notre mère a déjà prévu tes noces ! James m’a rendu visite hier : comme je le redoutais, il avait besoin d’argent et il a emprunté à notre oncle. Emprunter n’est sûrement pas le terme adéquat toutefois. Je crains que notre parent ne revoit pas un seul penny lui revenir. Notre frère a pris des nouvelles de toute la famille, il t’envoie ses plus tendres sentiments, ainsi que de sincères amitiés à Miss Sophie Bell. Crois-tu qu’il nous cache quelque chose ? Mais il ne cache certainement pas sa relation avec Miss Appleton ; c’est officiel, James est son favori et l’héritier en titre. Par ailleurs, notre tante organise un bal la semaine prochaine et j’y suis invitée ! J’ai tellement hâte, cela fait si longtemps que mes pieds n’ont pas dansé… Voilà une lettre bien courte et décousue ; je m’excuse mais je suis si excitée à l’idée du bal que je ne pense qu’à ma robe - que je vais acheter tout à l’heure - et aux retrouvailles avec notre tante : tu sais combien je tiens à notre famille ! Je t’embrasse de tout mon cœur, Ta sœur adorée, Belle Lettre 6 De Miss Charlotte Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Hinton St Mary, Le 15 octobre 1815.
Ma chère Belle, Je pense à toi en permanence malgré la montagne de travail qui m’occupe, c’est tout de même plus simple quand tu es là et que nous pouvons ainsi nous répartir les tâches ! J’espère que tu arrives enfin à t’occuper l’esprit ; ma sœur devient coquette mais je ne souhaite pas qu’elle devienne nostalgique ! Et je te fais confiance, avec un peu d’entraînement, tes doigts retrouveront toute leur agilité sur les touches du clavier. Comment se portent mon oncle et ma tante ? Je trépigne de t’annoncer la nouvelle (eh oui encore une autre !) : Mr Bonham s’est installé à Milton Abbey. Père lui a rendu visite après une pléthore de plaintes de la part de notre mère qui a insisté très lourdement à ce que nous soyons les premières connaissances du jeune homme. Eh bien oui, c’est un jeune homme, qui ne s’est pas encore remis du décès de son épouse. Lady Bailey a appris à Miss Sophie que la jeune femme était morte en couches. Quelle tragédie ! Mr Bonham s’est donc retiré à la campagne avec quelques amis pour se changer les idées (apparemment, ses enfants sont placés chez une nourrice à Bath, leur santé est plutôt fragile). Malheureusement pour lui, ce n’est pas une chose aisée. Je souhaite qu’il reprenne vite des forces et du courage, je n’ose point imaginer la douleur dans laquelle il est prostré. J’ai transmis les salutations de notre frère à toute la famille et nous espérons tous qu’il se porte bien et surtout qu’il s’agisse le plus prestement possible. Nous envoyons également nos amitiés à Miss Appleton. Quant aux sincères sentiments adressés à Miss Sophie, je ne pense pas qu’il y ait une liaison secrète, ils ont le même âge et ils se connaissent depuis le berceau. Je suis envieuse de ton sort ; tu ne mesures pas à quel point j’aimerais assister à ce bal ! Ah le plaisir d’enfiler une jolie toilette et des bijoux précieux, de danser jusqu’à en suffoquer, de boire du vin chaud pour reprendre de l’énergie… J’attends ton compte-rendu de cette assemblée avec une extrême impatience ! Eh bien ma chère sœur, j’entends les hurlements de Meg et Harry, je crois qu’il est temps pour moi de leur faire leur leçon de français avec de finir la lessive. Je t’embrasse bien affectueusement ! Ta sœur qui pense à toi, Lottie Lettre 7 De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
Londres, le 17 octobre 1815.
Ma très chère sœur, Tu ne peux pas imaginer quelle soirée merveilleuse j’ai passée ! Je ne me suis jamais aussi sentie aussi belle ! Mon oncle et ma tante m’avait offert une robe très coûteuse faite de la plus délicate mousseline blanche, j’avais l’air d’une princesse. J’en ai profité pour porter les boucles d’oreilles et le bracelet en turquoise que tu m’avais offert pour mes 18 ans, ils étaient du plus bel effet, et le bracelet mettait en valeur mes fins poignets. Jamais je ne n’ai trouvé le temps de coiffage aussi long, la pauvre Jones a dû subir d’affreuses remarques d’irritabilité alors qu’elle ne les méritait même pas ! Nous nous sommes rendus chez notre tante Appleton au soleil couchant et je trépignais d’impatience, ce qui a insupporté oncle Peter et agréablement surpris tante Lucy, qui pense m’avoir introduite dans le club très fermé des personnes futiles et superficielles. Les appartements de Miss Appleton sont somptueux, la décoration est dans un style baroque chargée de tableaux et de sculptures, mais c’est un véritable régal pour les yeux. Je comprends mieux pourquoi James ne refuse pas d’être son favori. Notre frère doit être attiré par la perspective alléchante d’un héritage. Comme notre père doit être déçu de ne pas voir le presbytère passer dans la famille… J’ai fait la rencontre d’un jeune homme fort charmant qui m’a ôté le mystérieux Mr Bonham de l’esprit. Il s’appelle John Worthing, il a 21 ans, et sa sœur Emily est la personne la plus agréable que je connaisse (après toi bien sûr mais est-ce bien la peine de le redire ?!). J’étais en train de danser bien joyeusement avec James quand je remarquai que j’avais perdu le bracelet que tu m’avais offert. Je le cherchais partout, je fouillais la salle de fond en comble, quand ce Mr Worthing s’est approché en me tendant le bracelet : « Ce bijou vous appartient-il ? ». J’étais tellement captivée par son regard rêveur que j’en ai oublié de lui répondre, et je ne suis revenue dans la réalité quand j’ai senti sa main attrapé mon bras afin d’y attacher le bracelet, puis je me rappelle vaguement l’avoir entendu parler de la qualité de la pierre turquoise et de l’effet qu’il produisait sur mon bras de poupée de porcelaine (ce sont ses termes). James m’a alors présenté Emily Worthing qui est son élève, il lui enseigne l’allemand, l’italien et le latin, et je me suis immédiatement liée d’amitié avec elle. Elle a complimenté ma coiffure (pauvre Jones qui s’est donnée tant de mal pour ces boucles et que j’ai si sévèrement traitée…) et j’ai admiré sa magnifique robe de soie bleu nuit ; tu vois chère sœur, je deviens une véritable Londonienne ! Son frère nous a alors rejoint et elle m’a donc présenté le sauveur de ton cadeau, j’ai parfaitement maîtrisé mes émotions cette fois-ci, et il m’a conseillé d’aller le plus rapidement dans une bijouterie pour faire réparer le fermoir du bracelet. Il m’a posé une foule de questions sur ce fameux bracelet et ainsi sur toi, il paraissait attendri de m’entendre parler de ma sœur chérie qui me manque tant… Nous étions en pleine conversation lorsqu’une migraine décida tante Lucy à rentrer chez nous, nous nous dimes bonne nuit et nous nous sommes même promis de nous revoir le plus tôt possible ; que suis-je en train de faire ma Lottie ? Je dois te laisser chère sœur, nous sommes de nouveau invités à souper chez Miss Appleton, mais je ne pouvais pas te laisser sans nouvelles de cette merveilleuse soirée et j’ai terriblement besoin de tes conseils… Très affectueusement, Belle.
P.S. : Le bracelet a encore disparu, les larmes de honte me montent aux yeux, mais j’espère que mon « héros » le retrouvera une nouvelle fois…
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| | | Resmiranda Faithful Heart
Nombre de messages : 3891 Age : 41 Localisation : Belgique Date d'inscription : 27/04/2007
| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Sam 19 Déc 2009 - 17:14 | |
| Chapitre 3 par Medelise Lettre 8 De Miss Charlotte Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Hilton St Mary, le 25 octobre 1815.
Ma très chère Belle, Comme je t’ai délaissée ces derniers temps ¡ J’espère que tu ne m’en tiendras pas rigueur ma chère soeur, mais ces derniers jours ont été les témoins de beaucoup d’agitation, aussi ta lettre restât longtemps sur mon bureau sans que je n’eusse l’occasion d’y répondre, mais non, je te le jure, je n’ai pas oublié ma bien-aimée Belle et j’attends que tu m’en racontes plus sur ta vie à Londres, ce cher James et plus encore sur ton Mr Worthing et sa soeur, mais je t’en conjure, sois prudente avec eux, tu les connais tout juste et même si la courtoisie de ce jeune homme te rapportant le bracelet est toute à son honneur, je connais la façon dont tu t’attaches, souvent trop fort, à des gens qui parfois ne te valent que beaucoup de larmes, or, je ne voudrais en aucun cas que celui-ci te blessât. Je pense que tu attends quelques nouvelles de Hinton St Mary, de nos parents et enfin, que tu te demandes ce qui a bien pu m’occuper tant pour que je ne te répondisse point. Alors voici les dernières nouvelles. Harry a enfin fêté son anniversaire, j’ai convaincu papa que nous pouvions nous permettre un achat de sucre, le petit était ravi. Je sais que le moment fatidique de le voir partir approche, et pourtant, je le redoute plus que jamais : comment accepter qu’Harry ne soit plus un tout petit garçon mais un jeune homme à éduquer ? Meg rechigne toujours autant à travailler, tant au piano qu’en orthographe, il n’y a qu’en français qu’elle excelle, je n’y comprends goute et crois qu’elle a décidé de tous nous rendre fous, mais d’un autre côté, elle est si naturelle, si spontanée que personne ne peut lui résister. Mais peut-être t’attends plus à des nouvelles plus passionnantes ? Alors les voici, car je l’avoue, je meurs d’envie de les partager avec ma sœur adorée. Suite à la visite de notre père à Milton Abbey, Mr Bonham et ses bons amis nous ont invités, avec les Bell et les Jones –Dieu que leur fils est stupide, cela dit au passage- ainsi que les Hamilton à dîner à leur table, lundi dernier. Je suppose que contrairement à d’autres, la composition de la table ne t’intéressera pas spécialement mais que tu préfèreras sans nul doute à cette longue et ennuyeuse description, un portrait du dénommé Bonham. Te surprendrais-je en te disant que je pense, non, que je suis persuadée que tu apprécierais beaucoup la compagnie de ce jeune homme, car non, il n’est pas le vieillard que tu crois, même si bien sûr il n’est pas aussi jeune que toi, je ne lui donne que deux ou trois ans de plus qu’à notre James. Enfin, allons dans l’ordre, la soirée ! Tout était somptueux, tu sais déjà comme Milton Abbey est un lieu agréable, mais habité, ce lieu n’en est que plus accueillant. Mr Bonham s’y trouve avec quatre bons amis et les deux sœurs de l’un de ces amis. Bien évidemment nous sommes arrivés quelque peu en retard –tu connais notre mère-, quelques instants après l’arrivée des Hamilton – leurs filles sont toujours en quête d’un mari à en juger par les regards qu’elles lançaient aux messieurs et plus particulièrement à notre hôte.- Notre père est allé saluer Mr Bonham et en a profité pour nous présenter, du moins, me présenter car Meg et Harry sont restés à la maison. Mon Dieu, Belle, j’ai cru que j’allais mourir de honte. Mère s’est mis à parler de façon tellement, inconvenante, oh bien sûr j’aurais pu m’y attendre, la connaissant cela était d’une telle évidence, mais tout de même, père semblait décidé à ne pas intervenir quant à moi, je n’osais tout simplement plus ouvrir la bouche et je suis certaine d’avoir entendu rire une bonne partie de l’assemblée. Bref le reste du repas s’est très bien déroulé et mis à part les paroles quelques peu déplacées de maman par moment, mais plus encore l’attitude pathétique de Louisa Hamilton pour plaire à ces messieurs, j’oserai te dire que je me suis beaucoup amusée. Mr Bonham est un homme très triste et je comprends maintenant qu’on puisse parler d’un homme brisé car c’en est un, ô Belle, c’est si désolant de voir un homme aussi jeune être si désespéré mais, pour avoir parlé un peu avec lui, je puis te dire qu’il me semble quelqu’un de fort aimable et qui aime énormément ses enfants vu le nombre de fois dont il en a parlé. Néanmoins, je n’aime tout simplement pas son bon ami, Mr Sampson, il y a quelque chose dans les manières de cet homme de glacial... C’en est presque effrayant ¡ Et la façon dont il regarda maman, toute la soirée durant avec un air plein de dédain... Soit, je veux bien admettre qu’elle ne soit pas toujours un exemple à suivre mais, sa façon de la juger m’a fortement déplu. Cet homme semble se considérer au dessus de toute notre pauvre petite société ! Grand Dieu qu’il m’exaspère ¡ Pour les conseils que tu me demandais ma chère sœur, au risque de me répéter, le seul que je puisse te donner est de faire attention, papa répète toujours que les malfrats de Londres ne sont pas toujours ceux que l’on croit et je ne voudrais pas que ton Mr Worthing, bien que je ne le juge pas, soit l’un d’entre eux. Il n’y a d’autre conseil qui se puisse donner. J’aimerais que tu sois auprès de moi que nous puissions en parler en tête à tête, mais enfin il me faudra encore être patiente. Je dois te laisser, Meg doit continuer à étudier. Écris-moi bien vite. Ta soeur dévouée Lottie PS : J’espère que ton héros ou un héros quelconque aura retrouvé le bracelet.
Lettre 9 De Mister John Worthing à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Londres, le 26 octobre 1815.
Miss, J’ose espérer que la présente lettre vous trouvera en excellente santé et qu’elle vous fera souvenir de notre rencontre. C’est avec bien du retard hélas que je vous écris, certes, mais n’eussent été quelques affaires délicates qui m’appelassent en urgence dans notre domaine familial, j’aurais été fort aise de vous proposer une promenade, en compagnie de votre famille dans les rues de Londres. C’est d’ailleurs l’un des sujets de mon courrier, me feriez vous, Miss Appleton, l’honneur de nous accompagner, Emily, ma mère et moi même, lors de notre promenade quotidienne, disons, dans trois jours ¿ Bien sûr, Emily et moi serions ravis que votre famille et surtout votre frère se joignent à nous. L’autre sujet de ma lettre vous touche plus particulièrement Miss, il semble que vous ayez une bien fâcheuse habitude de perdre un bijou d’une beauté ravissante, car oui, l’autre soir encore, alors que vous nous quittiez, ce merveilleux bracelet, qui semble avoir tant de valeur pour vous, a encore glissé de votre bras. Je l’ai recueilli et n’attends que votre accord pour venir vous l’apporter au lieu et à l’heure qu’il vous plaira, mais, je persiste à dire qu’il vous faut aller bien rapidement dans une bijouterie. Peut-être pourrions-nous nous y rendre si vous consentiez à nous accompagner dans notre marche ? Je suis au regret de vous annoncer qu’il me faut terminer cette lettre Miss, mais, j’espère de tout cœur que votre frère et vous même nous honorerez de votre présence. Recevez mes salutations.
John Worthing.
Lettre 10 De Miss Isabelle Appleton à Mister John Worthing- Spoiler:
Londres, 26 octobre 1815.
Mr Worthing, Votre lettre me trouve en excellente santé et j’espère qu’il en va de même pour vous et Miss Worthing. Mon oncle et ma tante vous prient de les excuser mais ils sont hélas engagés ailleurs et ne pourront par conséquent accepter votre invitation. Quant au reste, James et moi serions ravis de partager une après-midi avec vous, et James, qui est à mes côtés, me fait dire qu’il serait enchanté de vous revoir et, pour ma part, ce serait un plaisir de rencontrer Mrs Worthing. Je vois avec bonheur que vous avez, encore une fois, retrouvé mon précieux bracelet et, croyez le Monsieur, j’ignore comment vous remercier tant ma gratitude est grande. Je ne pense pas que vous ignoriez Monsieur à quel point ce bracelet compte pour moi aussi je ne trouverai jamais de mots assez fort pour exprimer ma reconnaissance alors je devrais me contenter de ce simple mot : Merci. Peut-être pourriez-vous me le rendre lorsque nous nous reverrons, cela vous éviterait des déplacements superflus et ainsi, nous pourrions nous rendre immédiatement dans une bijouterie comme vous le suggériez ?
Au plaisir de vous lire Monsieur, je vous souhaite donc une bien bonne journée. Miss Isabelle Appleton.
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| | | Resmiranda Faithful Heart
Nombre de messages : 3891 Age : 41 Localisation : Belgique Date d'inscription : 27/04/2007
| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 28 Déc 2009 - 17:46 | |
| Chapitre 4 par JafeanLettre 11 De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
Londres, 30 octobre 1815.
Ma très chère Lottie, Me pardonneras-tu de ne pas avoir répondu promptement à ta lettre ? J’y ai lu avec grand plaisir le récit de votre soirée à Milton Abbey, et ta description de ce mystérieux Mr Bonham. J’espère, après tout ce que tu m’en dis, pouvoir un jour prochain le rencontrer et t’affirmer que tu avais raison en pensant que je l’apprécierai. Que cette rencontre se fasse à Londres et notre cher oncle en serai ravi! Mais à mon tour de te faire le récit d’une rencontre. J’ai reçu il y a quelques jours une lettre de celui que j’ai une raison de plus d’appeler mon « héro », Mr Worthing, qui m’apprenait qu’il était une fois encore en possession de mon précieux bracelet. Il me proposait, ainsi qu’à James, une promenade en compagnie de sa sœur et de sa mère, invitation que, tu t’en doutes, nous avons accepté avec plaisir. Nous les avons donc tous trois retrouvés hier près de Hyde Park. Le temps était clément, et, bien que le soleil ne perçait qu’avec mal les nuages, l’air était relativement chaud. Londres ne semble pas subir les affres de l’automne comme Hilton St Mary. Notre balade nous occupât pour une bonne partie de l’après midi, et nous nous sommes quittés dans les jardins de Kensington ayant déjà fixé une date pour qu’ils viennent prendre le thé chez nous. Toutefois, ce n’est pas pour te raconter ce genre de banalités que j’ai pris la plume, mais bien pour te décrire les petits détails de l’après midi d’hier. John et Emily nous attendaient souriant, et se montrèrent très chaleureux dès les débuts. Mr Worthing me remit mon bracelet qu’il avait conservé dans un délicat mouchoir de soie, et me donna le nom d’un bijoutier qu’il me recommandait sur Brompton road. Soit assurée que je l’y ai déposé des la fin de notre promenade. L’orfèvre n’a semblé voir aucune déficience dans l’objet, mais je lui ai néanmoins laissé, et serai en mesure de le récupérer dans moins de trois jours. James et moi furent introduites à leur mère, une femme d’une grande élégance mais à l’air plutôt austère aux premiers abords. Cependant, elle se montra très agréable, et prouva être d’un tempérament moderne et plutôt ouvert. Elle m’a en effet entretenu pendant un bon moment de ses lectures, et ne cessait de me parler de l’un de ses jeunes amis, George Gordon, un poète romantique dont la renommée semble bien répandue en ville. Il vit près de chez eux et j’ai cru comprendre qu’elle n’hésitait pas à faire des gestes généreux en sa faveur, le pauvre homme rencontrant apparemment quelques embarras financiers, au moment même où sa femme est enceinte. Elle ne posa pas beaucoup de questions sur notre famille, mais je me prête à croire que ses enfants avaient déjà du lui en parler… Mr Worthing prit la suite de sa mère dans les discussions, sur un ton bien plus enjoué, nous décrivant tous les plaisirs de Londres auxquels nous n’avions pas encore gouté. Cette rencontre m’a rassuré dans les bons sentiments que j’avais envers lui et sa sœur. Cette dernière se montra plutôt discrète, mais je soupçonne que la présence de sa mère l’eut empêchée d’être aussi démonstrative qu’elle l’avait été lors du bal. Oserais-je, ma chère Lottie, te faire part des quelques soupçons qui sont les miens sur l’intérêt que James semble lui porter ? Il m’a semblé fort prévenant envers elle, et je cru intercepter quelques regards échangés entre eux. Mais peut-être n’est-ce que le fruit de mon imagination. Après tout, il s’agit de son élève, ce qui explique peut être simplement cet intérêt. Quoi qu’il en soit, j’espère que le thé que nous partagerons dans quatre jours m’en apprendra plus à ce sujet, et me permettra de faire encore un peu plus connaissance avec Mr Worthing. Que voilà une bien longue lettre ma pauvre Lottie. Je te fais donc grâce du récit de notre souper chez Miss Appleton, rien de remarquable ne s’y étant déroulé. Avec toute mon affection, Belle.
Lettre 12 De Mr William Bonham à Mrs Jane Mallord- Spoiler:
Milton Abbey, 30 octobre 1815. Ma chère sœur, J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé, et que Joseph et mes petits se portent bien. Comment évolue la douleur à la poitrine de David ? Le médecin a-t-il enfin donné un diagnostic sur son état ? Quant à Hugh, apprécie-t-il Bath ? Se sont-ils fait à ce nouvel environnement ? Leur nourrice a-t-elle été bien choisie ? De mon côté je m’habitue petit à petit à cette nouvelle demeure. Le Dorsetshire est une région calme et apaisante, et le grand air venant du large a d’étrange vertus revigorantes. J’ignore si Nathaniel pense de même, mais je crois avoir trouvé ici le parfait endroit pour m’arrêter. Toute notre petite compagnie s’y divertie, à la chasse la majeure partie du temps, mais je crains que la saison qui s’annonce ne nous force à trouver d’autres occupations. Nous avons pu faire connaissance avec le voisinage, et avons reçu il y a quelques jours plusieurs familles, les Bell, les Jones, les Hamilton et les Appleton à diner. La soirée fut fort agréable, bien que certaines des filles semblent dépourvues de tout esprit. Cela pourrait s’appliquer à la mère, dans le cas des Appleton, mais leur fille Charlotte s’est démarquée par sa gentillesse et son attention. Le pasteur étant quelqu’un que j’apprends déjà à connaitre et apprécier, je pense avoir trouvé dans cette famille des voisins somme toute très agréables. Nathaniel pense à faire venir sa sœur parmi nous. Je n’ai pas osé lui dire non, mais tu sais aussi bien que moi combien Miss Sampson me rappellera Anne… J’espère ne pas avoir à souffrir de leur ressemblance, moi qui parviens tout juste à penser à l’avenir… Mais je m’égare. Ne te soucie pas de moi, ma chère Jane, tu sais que tu pourrais confier ma vie à Nathaniel. Je te remercie chaleureusement de prendre soin de mes trésors. Affectueusement, William. Lettre 13 De Mrs Jane Mallord à Mr William Bonham - Spoiler:
Bath, 5 novembre 1815.
William, Merci pour ta lettre. J’ai grand plaisir à savoir que tu ais trouvé un lieu de repos et de détente, et que l’air du Dorsetshire te fortifie. Nous allons tous très bien. Les crises de douleur de David sont de plus en plus rares, et lui et Hugh profitent au maximum de ce nouveau terrain de jeu qu’est la ville de Bath. Ils ont fait la connaissance des enfants de la famille Wykeham, et ils ne se quittent plus depuis. Quelle joie de voir ces petits courir avec tant de gaité dans les rues ou sur les bords de l’Avon… Joseph et moi en profitons pour revoir quelques connaissances, et nous avons été reçus il y a deux jours chez nos cousins John et Olivia Wood. Ils ont tous deux demandés beaucoup de nouvelles de toi, et ont promis d’accueillir tes fils si nous le souhaitions. Je te fais grâce des autres détails concernant notre paisible vie dans le Somerset, mais sois assuré que tes enfants s’y plaisent. Aurais-tu l’amabilité de faire passer la lettre que je te joins à Nathaniel ? J’ignore s’il se plait autant que toi à Milton Abbey, mais j’espère que sa présence, ainsi que celle de Twisleton, Dawkins et des Phelps égaie ton séjour et te change les idées. Avec ma plus grande affection, Jane. Lettre 14 De Mrs Jane Mallord à Mr Nathaniel Sampson- Spoiler:
Bath, 5 novembre 1815.
Cher Nathaniel, J’espère que ton séjour à Milton Abbey se déroule de la meilleure des façons, et que ton domaine ne te manque pas trop. Je m’autorise à t’écrire suite à une lettre de mon frère dans laquelle il m’informait de ton souhait de faire venir Eliza parmi vous. Nul doute qu’il ne t’a opposé aucune résistance face à ce projet. Cependant, je pense qu’il est de mon devoir, aussi loin puis-je être de votre petit cercle, de te mettre en garde contre cette idée. En effet, tu connais aussi bien que moi la ressemblance qu’il existait entre elle et ta sœur Anne. William, tout comme toi, a du mal à sortir de son deuil. Lui imposer l’image de sa femme défunte n’est peut-être pas la chose à faire en ces temps troublés… Prends ceci uniquement pour ce qu’il est, un conseil, que tu as la liberté de suivre ou d’ignorer. C’est toutefois pour le bien de ton meilleur ami que je me suis permise de t’écrire Je te souhaite de passer de très bonnes semaines à Milton, et espère avoir de vos nouvelles bien vite. Avec toute mon amitié, Jane Mallord
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| | | Resmiranda Faithful Heart
Nombre de messages : 3891 Age : 41 Localisation : Belgique Date d'inscription : 27/04/2007
| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 4 Jan 2010 - 19:29 | |
| Chapitre 5 par Fée ClochetteLettre 15 De Miss Charlotte Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
HINTON, le 10 novembre 1815
Ma chère Belle,
Comparée à ta vie trépidante de londonienne ou je te cite : « L’argent fait partie de ces choses détestables qui prennent une importance considérable dès qu’on vient à en manquer », côté distraction la gratuité de nos promenades et la prospection des fossiles… avec papa (tu sais comme il est passionné) sont toujours aussi excitantes.
Je suis en dualité avec moi-même ma Belle chérie, tes lettres me transportent dans un monde élégant où fêtes et réceptions sont absolument féeriques, j’avoue que le pincement de l’envie m’assaille parfois. Mais, une promenade le long de la Stour, dans nos collines, cueillir, des fleurs, des baies pour les confitures, des champignons en tenue informelle, ou comme en ce moment, admirer de la fenêtre alors que je t’écris, les écureuils qui courent le long des frondaisons dégarnies des châtaigniers et les arbres du vergers, me paraissent une richesse dont Londres est dépourvue.
La semaine dernière, alors que nous errions sur ce que notre cher papa nomme les bancs de limestones, nous avons eu la surprise de rencontrer l’ami de Mr Bonham, ce glacial Mr Sampson. Il y a quelque chose dans les manières de cet homme qui me surprend : après nous avoir montré son côté désagréable durant tout le repas que je t’ai déjà raconté ; Est-ce le contact de notre belle nature ? Il a été vraiment charmant, disert, fort curieux de ce que racontait notre cher père, qui en général fatigue la société alentour, sauf ses correspondants de l’Académie Royale de Géologie de Sturminster et de Londres…
Surprise, ma chérie, il ne chassait pas ! Il promenait ses chiens, équipé comme nous d’une gibecière contenant un petit marteau, des burins gros et fins, et quelques limes. Nous avons même comparé notre outillage… tu vas rire : papa lui a conseillé certains ciseaux et l’a invité sur le champ à passer au presbytère afin de choisir dans sa collection de matériel, le bon ciseau convenant aux pierres de la région. Sur ce sujet, papa est si pointilleux, que cela m’a fait sourire intérieurement, mais Mr Sampson s’est confondu en remerciements et s’est attardé pris dans le feu des échanges et l’admiration des fossiles rares exposées dans son bureau. Maman l’a invité à dîner et nous nous sommes séparés fort tard dans la soirée ; soirée passionnante vraiment, sauf pour maman qui soupirait fort.
Je dois te révéler qu’après l’avoir trouvé peu sympathique cette promenade et le dîner m’ont prouvé qu’il était tout à fait fréquentable, même peut-être plus qu’un certain londonien qui m’a l’air de se jouer de toi par l’intermédiaire de ton bracelet.
Ma Belle chérie, si le bijoutier n’a trouvé aucun défaut à la fermeture, c’est qu’il faut te méfier… Loin de moi de vouloir paraître jalouse de ta bonne fortune, mais ce jeune homme m’as-tu confié n’a « que » 21 ans, et j’ai l’impression qu’il joue. Peut-être n’est-il pas ce qu’il montre ? Tu es toujours si ouverte, si loyale… N’oublie jamais que les mondains ne dévoilent pas ce qu’ils désirent. Comme dit papa dans ses sermons, « de beaux vêtements et une très belle figure, des sourires peuvent aussi cacher une âme torturée et déséquilibrée prête parfois à nous nuire ».
Donc, après cette digression, Mr Sampson s’est révélé peu ordinaire. Il a été fort aimable, drôle parfois, curieux de tout. Il a voyagé hors d’Angleterre après l’université avec un cousin, malgré les guerres en Europe. Il connaît aussi intimement que papa l’éminent professeur de la toute nouvelle chaire de Géologie d’Oxford, Mr William Buckland. Il assiste régulièrement à ses conférences londoniennes ou parfois comme auditeur libre à Oxford, bien qu’il ait fait ses études à Harrow et Cambridge.
Papa est vraiment heureux d’avoir trouvé un aussi bon compagnon et je gage qu’ils vont devenir inséparables. Quelle aubaine, Mr William Buckland vient dans cinq semaines chez nous pour continuer ses examens systématiques de la structure géologique de notre beau pays. Mr Sampson est invité à venir se joindre à nous pour ce genre de prospection. Comme dit papa, nous ne sommes jamais trop d’originaux pour faire avancer la science. Mr Buckland, cette fois-ci, veut mener une investigation poussée sur la superposition des strates et répertorier tous les organismes que l’on trouve à profusion comme à Limes Régis et les comparer.
Comme tu es loin de toutes nos activités ma Belle ! Toi devenue une citadine et moi restée une provinciale. Me reconnaîtras-tu pour sœur lors de ta prochaine visite ? J’espère que tu viendras bien vite nous visiter, car nos cachotteries, et nos fous-rire me manquent.
Etonné de me voir porter un certain intérêt à ses réflexions, M. Sampson m’a bombardée de questions auxquelles j’ai répondu, je crois, avec trop de précisions pour notre chère maman. J’aime la géologie ai-je déclaré avec paraît-il une certaine autorité, lors de l’une de nos discussions. Mais rien ne pourrait me faire dire le contraire, j’ai donc précisé aussi : j’aime les mathématiques, et la littérature et la lecture de la bible m’enchante.
Maman consternée par mes réparties me lançaient des appels du regard et des mains, véritable sémaphore que j’ai ignorée. Elle voudrait tellement que je sois ce que j’appelle une petite dinde fanfreluchée pour attirer ce Monsieur en qui elle voit un futur mari à capturer ! Mais je m’oppose formellement à me vêtir plus luxueusement. D’ailleurs, peut-on se le permettre ? réponse non. Je me dis aussi que je ne peux pas être ce qu’elle veut, je ne sais pas jouer de l’éventail et des cils. Il me voit dans les promenades sous mon allure naturelle, il n’est pas choqué. Il sait très bien ai-je répondu à maman furieuse que nous ne sommes pas très argenté, et que la mousseline n’est pas de mise, dans nos dîners familiaux contrairement lors d’un bal ! Je préfère la cotonnade ou un beau sergé de laine souple avec mes cols et manchettes de filet que je brode moi-même. Je suis, cependant, impatiente d’hériter de toutes tes futures « vieilles toilettes londoniennes » que tu voudras bien me réserver. Je ne pousse pas l’ascétisme à négliger toutes parures, tu me connais.
Certes, tu es la plus jolie, mais j’ai beau m’examiner et contrairement à ce que dit notre oncle, personne n’est laid chez nous. Sais-tu que ce genre de jugement de la plupart des hommes me déplait, heureusement papa est large d’esprit et je t’en fait la remarque, il est bien plus bel homme que notre oncle. Mon côté frondeuse me porte à juger certes, et maman est bien la digne sœur de notre oncle ! Pauvre maman, si elle lisait un peu plus, elle s’ennuierait moins et ne critiquerait pas autant. Son regard désenchanté me décourage, sa fatigue chronique est plus lourde à supporter seule qu’avec toi, tu me manques à un point.
Belle chérie, elle avait été élevée dans l’optique d’un mariage plus prestigieux, avec moins d’enfants, mais bon, ce qui est fait est fait. Je sens d’instinct que dans le même cas, je regarderais le bon côté des choses. Nous l’aimons, nous sommes une famille honnête dit papa avec raison, c’est le plus important. Je me refuserai toujours à être neurasthénique comme elle, à cause d’une illusion bercée, entretenue religieusement. Il faut garder les pieds sur terre n’est-ce pas, Dieu nous a attribué des places, ne dérogeons pas. Vieille Nanny m’appelle, maman, me demande.
…………………..Chère Belle, je continue ma missive, trois heures plus tard, Maman notre chère Maman a reçu une lettre de Miss Appleton ce matin depuis elle pleure absolument inconsolable, le visage tuméfié. Tu la connais elle s’est enfermée, a caché la lettre afin que papa ignore la cause de son chagrin ce que je déplore. Qu’en est-il de notre frère aîné, toi qui le voit souvent, il n’héritera pas avant longtemps de Miss Appleton, tiens moi plus au courant. Je ne te demande pas d’espionner, ta droiture te l’interdit, mais raconte mieux et plus. Papa, par le biais d’amis sait qu’il joue beaucoup au poker et perd toujours et il n’arrête pas d’envoyer de l’argent. Dis-lui que ce qu’il reçoit en plus c’est au détriment de notre vie ici, surtout, il va falloir payer la pension de notre petit Henry.
Je n’ai jamais vu deux êtres aussi différents que nos parents : pourquoi maman ne voit-elle pas la bonté et la patience de notre père ? Pourquoi papa ne voit-il pas qu’il a épousé une jeune fille pleines d’illusions et peu préparée à la réalité de sa fonction et qui aime les compliments ? Jamais nous ne saurons. Papa l’aime douloureusement et maman a oublié très vite ses premiers émerveillements. Maman était à faire peur. Je lui ai donc préparé sa tasse d’infusion et ses bouillottes, j’ai délicatement baigné son visage à l’eau de rose. Pendant qu’elle dégustait un fudge chocolat noisettes, j’ai lu jusqu’à ce qu’elle ferme les yeux. Je n’ai pas osé subtiliser un fudge pour Meg, car vieille nanny les compte. Je l’ai quittée endormie. Cependant, je m’inquiète, il me semble qu’elle est de nouveau en attente d’enfant. Pauvre maman, Vieille Nanny grommelle de voir sa petite enfant toujours nauséeuse, toujours couchée, toujours en pleurs alors qu’elle était la plus vive de ses nourrissons. Je l’ai même entendue faire la leçon à papa, …. Je n’écoute pas tu le sais, mais la cheminée transporte bien les sons d’un étage à l’autre. Notre Nanny, a raison, maman n’est plus si jeune. Depuis la naissance de Meg elle a fait trois fausses-couches (c’est ce que j’ai cru comprendre).
A part les cancans des lettres précédentes, la vie s’écoule lente, feutrée, entre temps gris, pluie, vents d’automne et soleil rare. Papa m’a demandé de préparer Noël avec les paroissiens, et oui, je te remplace ! Sais-tu qui, cette année va écrire la pièce pour la fête paroissiale : le jeune Will Barnes, le protégé du collègue de papa. J’ai lu son texte hier, c’est très bien, avoir à peine 15 ans et autant de talent ! Ses parents fiers se saignent pour lui faire continuer ses études, il ne sera pas agriculteur, il est trop remarquable. Papa est certain qu’il sera instituteur ou pasteur ou plus.
Si papa est convaincu de la future brillante carrière de William Barnes, pour James il n’en est plus si sûr, car à Londres, il mène à son sens une vie de désordre. Mais la débauche n’est peut-être que fantaisie dans cette grande ville. J’essaie de le distraire, de ses soucis. Mais son obsession est telle parfois qu’il en devient taciturne. Pendant nos promenades, devenues journalières, avec nos voisins de Milton Abbey, nous conversons. Ne m’en veux pas Belle si Mr Sampson connaît la douleur que me cause notre séparation. J’ai effleuré ta vie mondaine, ta rencontre avec les Worthing. J’ai parlé aussi du jeune poète Georges Gordon.
« Lord Byron ! m’a-t-il dit, j’espère que votre sœur et votre frère, seront assez sages pour ne point le fréquenter. L’enthousiasme déclenché par la publication de son premier recueil « Les heures d’oisiveté » écrit jeune étudiant à Cambridge, en fait quelqu’un de tout à fait étonnant, mais à ne côtoyer qu’avec circonspection.
Que voulez-vous dire, Monsieur ? Ai-je demandé étonné. ? Le connaissez-vous si bien ? A-t-il eu le don de vous déplaire ? Je n’aime pas condamner alors que j’ignore qui il est.
Je le connais très bien, Mademoiselle, nous somme issus de la même famille, un cousinage dont il se souvient a bon escient lorsqu’il est désargenté, car il ne sait pas réfréner ses désirs et il est un joueur invétéré. Tout chez lui est excessif, c’est un être génial, irascible souvent torturé, à l’enthousiasme et au découragement prompts. Il s’impose par beauté malgré une légère claudication, son intelligence est employée pour le meilleur comme pour le pire. J’ai beaucoup espéré de son mariage, mais je doute que sa jeune femme et sa future paternité le calme.
Depuis, ma Belle chérie, je suis en transe dès que je pense à toi.
Forte des précisions de Mr Sampson, je suis allée fouillée la bibliothèque de papa, je me souvenais qu’il avait parlé d’un jeune prodige littéraire Lord Byron. Ne trouvant rien, j’ai directement posé la question. Papa m’a souri ironique, puis désaprobateur.
« Byron ? Ce n’est pas une lecture pour une très jeune fille, je ne veux pas que vous lisiez ses écrits. Enfin pas pour le moment : dix sept ans n’est pas le bon âge ».
Papa ! vous ne nous interdisez jamais rien, faut-il que ses écrits soient choquants ?
Charlotte quelle véhémence ! Votre vie chez nous vous prépare mal à certaines vérités, mais je fais confiance en votre sagesse. Promettez que dès le premier chapitre lu, vous venez m’en parler.
Papa est étonnant ma Belle : il s’est levé, et derrière une rangée de vieux livres sur l’histoire romaine et médiévale de Hinton Sainte Mary et sa région, était cachés non seulement « Les heures d’oisiveté » mais ses derniers écrits « Childe Harold ». J’étais fébrile (je dois cependant faire en sorte que personne dans la maison ne découvre que j’ai emprunté ce livre et n’en discuter qu’avec des initiés : c’est-à-dire papa !). Seulement, si je veux bien discuter avec notre père, comprend-il vraiment comme moi la lecture de Lord Byron ? Perplexe, je m’en suis ouverte lors d’une de nos promenades à Mr Sampson. Il a ri, d’un rire gai, contagieux, Mr Bonham qui n’était pas très loin, car il nous accompagne assez souvent depuis qu’il se sent mieux, s’est retourné. Mais comme il est d’une discrétion absolue il n’a rien manifesté. Meg qui courait au loin est revenue sur ses pas, et je lui ai raconté une histoire à ma façon, toute rougissante, pendant qu’il me fixait gravement.
Mademoiselle Appleton, j’aurais été votre père, je ne vous aurais pas autorisé une telle lecture. Vous auriez été ma sœur, je l’interdisais. Vous auriez été ma femme nous l’aurions lue ensemble… Les écrits de Lord Byron parfois peuvent choquer les très jeunes filles… mais puisque votre père……………….. il pense soit que vous ne comprendrez pas tout, soit que vous êtes assez mûre et réfléchie pour en parler avec lui.
Est-ce donc si violent ?
Ce n’est pas ce que je veux dire.
Mais alors ?
Il s’est tu, a sifflé un de ses chiens…. S’est agenouillé…
Voici, un magnifique rostre de bélemnites Charlotte, a-t-il murmuré, en me le désignant. Puis il s’est repris et j’ai clairement entendu, cette fois-ci,
Miss Appleton, je vais à Londres après-demain voir ma sœur Eliza. Si vous avez une lettre à remettre à votre sœur, je puis la déposer chez votre oncle. Cela me serait agréable de vous rendre ce service.
Ma chère Belle, je t’embrasse affectueusement et transmet mes affections à notre Tante et notre Oncle.
Lottie
Lettre 16 Lettre de Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
LONDRES le 11 novembre
Lottie, oh ma Lottie,
Je n’ai pas encore reçu de tes nouvelles, mais je commence déjà ma lettre… tout d’abord hier soir, nous étions invités au vernissage de la nouvelle exposition de Mr Turner. J’étais absolument ravissante, mon miroir ne cessait de me faire des compliments ! Cette robe, l’année prochaine, tu l’auras. Imagine, une belle faille de soie changeante couleur de l’aube avec un décolleté arrondi lisse, sage. Les manches très ajustées à mi-coude mettaient en valeur la rondeur de mes épaules et de mes bras. Dans leur prolongement, des gants de même tissus, brodés d’une guirlande de petites roses. Quant à la jupe, simple, droite, elle me donnait une silhouette de sylphide… N’aie crainte, il y a suffisamment de tissus, pour que tu puisses la retoucher et la mettre à ta taille. Mon manteau était tout aussi luxueux de même teinte et bordé de fourrure de renard blanc. Mais le clou étaient les bottines blanches assorties à ma toque emplumée. J’étais tellement heureuse que Jones souriait avec moi en achevant de me vêtir.
Lorsque nous sommes arrivés à la Galerie Turner, il y avait foule, foule de voitures luxueuses, foule de gens élégants. Oncle Peter et Tante Lucy saluaient constamment. J’ai même cru que nous ne verrions jamais les peintures !
Ma chère, j’aime à la folie, ça c’est de la peinture ai-je déclaré à notre oncle qui apparemment préférait les petits fours et le vin de champagne, aux œuvres exposées.
Intéressant a-t-il pu articuler en postillonnant passablement la bouche pleine d’un petit chou au cheddar.
D’ailleurs, les invités, des gens rassis me donnaient plus l’impression d’être là pour se nourrir et montrer leurs bijoux que pour regarder les œuvres. Intéressant disaient-ils tous. N’est-ce que cela pensais-je un peu offusquée ? Intéressant, a déclaré Miss Appleton et excellent buffet, ce champagne est vraiment….. vraiment intéressant ! Peter, s’il vous plait, je n’ai pas mes bésicles et mes yeux déchiffrent mal, quel est donc la marque de ces flacons ?
Très chère, vous buvez le vin des rois : Le Heidsieck de chez Piper.
Mercy Peter, lors de ma prochaine réception je demande à mon maître d’hôtel de le servir, j’avais l’habitude du Moët, mais j’avoue que les bulles de celui-ci sont absolument étonnantes de pétillance.
« Intéressant » ma Lottie, c’est sans doute, le mot adéquat qu’il faut employer dans le monde qui admire des tableaux en se gavant de petits fours et de vin champagne !
J’ai trouvé sa peinture tout à fait dépaysante, extraordinaire, flamboyante, parfaite, lumineuse et souvent dérangeante.
C’est vraiment une étape dans la façon de voir les paysages et le monde, ai-je dit à Tante Lucie.
Quelle idée saugrenue, une étape ! Entendez-vous Peter a-t-elle lancée, c’est juste de la peinture ma chérie. Sa nature est trop anarchique. Regarde ce rocher, il n’est pas fini… et ces traits ébauchés rapidement, c’est désordre, mais intéressant. Seulement intéressant.
Ma Lottie j’étais furieuse, je te le répète c’était beau ! J’ai répondu avec fougue :
Ce n’est pas « intéressant » c’est nouveau ! Face à ces tableaux, je ressens un éblouissement, un appel au voyage, à la liberté. Ce rocher Tante Lucy, roule, vit, il va s’écraser. Ne voyez-vous pas que l’avalanche le pousse, détruit tout, emporte tout, et ce ciel noir, voyez comme il contraste avec cette petite clarté au loin. C’est impressionnant, réellement impressionnant !
Merci Mademoiselle ai-je entendu derrière moi, merci, c’est le plus beau compliment de la soirée. Je ne peins pas pour être compris, cela m’est bien égal, mais quand dans l’assistance j’entends une analyse aussi juste de ce que j’ai traduit, c’est le bonheur. Il s’inclina, je me présente William Mallord Turner, Mademoiselle…
Monsieur Turner interrompit Tante Lucy, je vous présente ma nièce, Isabelle Appleton, j’ai fait ma petite révérence, fort réussie d’ailleurs en rougeoyant de plaisir.
Nous avons ensuite visité l’exposition à ses côtés et crois moi j’ai appris beaucoup de choses sur sa façon de peindre… c’est un homme tout à fait charmant. Mais tante Lucie et oncle Peter très collés montés mon chuchoté plus tard, qu’il n’était pas marié… mais vivait avec une femme….. et que ……….. c’était fort inconvenant. Mais un artiste, Lottie, ne vit pas comme le commun des mortels n’est-ce pas. Nous sommes rentrés fort tard, et je me suis endormie la tête peuplée de belles images. Ce fut une soirée si merveilleuse ma chérie.
Ce matin, lorsque je me suis réveillée, la maison était en folie. Oncle Peter était colère et criait. Tante Lucy effrayée suffoquait dans sa pochette, empaquetée dans son peignoir de soie vert, affalée sur sa bergère, la coiffure en bataille, émettant des sortes de petits jappements aigus. Je ne comprenais rien à ce remue ménage, mais à peine avais-je passé la tête, qu’oncle Peter, d’un geste olympien m’a ordonné de retourner dans mon appartement… ce que j’ai fais tout de suite.
……………………………………………………….Ma chérie, c’est affreux, James, en qui Miss Appleton et papa avaient mis toute leur confiance, joue, boit et fume parfois de l’opium certains soirs, dans un bouge de l’East End « l’evilpot ». Miss Appleton avait refusé sa dernière demande d’argent en le sommant de ne plus jouer, il pensa stupidement pouvoir se renflouer en empruntant. Bien évidemment, il perdit de nouveau et continua à jouer pour essayer encore, si bien que ses créanciers lassés l’ont mis qu pied du mur. Mon Dieu, jamais je n’aurais imaginée qu’un jour notre frère James ferait de telles folies.
Ma Lottie, je ne connais rien au jeu, sauf les dames, ou le mistigri, et aussi les petits chevaux…, boire trop d’alcool et fumer de l’opium, quelle horreur ! Oh ! Stupide frère ! Maintenant, personne ne veut lui donner d’argent, car les sommes sont considérables, il va aller en prison ! A son âge ! Mais le pire, il a insulté ses compères de débauche. Ils avaient bus déraisonnablement, au petit matin, ils se sont provoqués en duel ! en duel au pistolet Lottie ! Je ne pensais pas que cela existait encore. Il est blessé et Oncle Peter a été réveillé par ses témoins. L’un d’entre eux avait une maison de campagne non loin du champ sur lequel ils se battaient, il a été transporté rapidement, un médecin est sur place.
Lottie, si tu savais…. Comme je regrette notre campagne. Oncle Peter ne veux plus que je sorte sans Tante Lucy et ma bonne Jones. Alors je lis et brode jusqu’à en bailler. J’aime lire, mais pas autant que toi, d’autant que perturbée comme je suis, je ne comprends même pas ce que je lis ! Je commence une page et je la relis sans cesse, l’esprit occupé par notre frère qui peut-être va mourir. Papa doit tout savoir maintenant. Quelle honte pour nous !
…………. Enfin, Tante Lucy s’est calmée, elle vient de me remettre une lettre de ta part. Avoir de tes nouvelles quel baume. Ton messager l’a séduite. C’est m’a-t-elle précisé, un homme de belle allure, jeune avec un regard à faire chavirer, que vous recevez au Presbytère… Il est resté très peu de temps, il avait une affaire financière à régler avec un certain parent constamment dans le besoin. Toujours est-il que ce parent a bien de la chance, plus de chance que James… J’aimerais bien connaître le fond de l’affaire, car rien ne laissait préjuger que notre frère serait à ce point entraîné à se perdre dans les bas-fonds londoniens. Ce soir, nous devions aller à un concert, à cause de lui, nous sommes punies Tante Lucy et moi pour longtemps.
Ce n’est pas en restant à la maison que je vais me marier ai-je dit à Oncle Peter.
Ma chérie, il te faut disparaître un temps, l’esclandre due à ton frère sera vite oubliée, je m’y emploie.
Pourquoi ne pas me laisser revenir à Hinton ? ai-je suggéré.
Impossible, je ne peux t’accompagner, mes affaires et cette triste affaire m’occupe, j’ai averti ton père par exprès, il est en route à l’heure qu’il est, je doute qu’il veuille te ramener chez vous.
Dieu que c’est assommant, et mon frère qui agonise peut-être !
O my god, aux dernières nouvelles, Lottie, c’est bien plus grave que je ne l’imaginais, James est très faible, il a perdu beaucoup de sang, et surtout, surtout, comme les duels sont interdits, il doit se cacher.
Oncle Peter s’arrange pour le faire passer en Irlande si jamais il se remet… J’avoue que je suis très très inquiète, très inquiète.
Ta sœur effondrée de chagrin.
Isabelle
P.S. : Papa vient d’arriver, il est dans tous ses états, moi qui ne l’ai jamais vu que calme ! Je me suis blottie dans ses bras pour pleurer. C’est dans ces moments là que vous me manquez.
Tu te dis que ma lettre est totalement échevelée, mais avec toutes ces perturbations ! je n’en puis plus et j’écris quand je peux, entre deux crises de Tante Lucy.
J’ai vu ton Mr Sampson avec oncle Peter et papa, bel homme mais tellement glacial et hautain ! Avec père, tu as raison, il redevient humain… Peut-être que les circonstances font qu’il nous juge en dessous de ce que nous sommes. Trois jours que je pleure Lottie, trois jours et je crois que ce n’est pas terminé.
Lettre 17 Lettre de Nathaniel Sampton à William Bonham- Spoiler:
Londres, le 15 Novembre
William, mon ami,
Je suis arrivé à Londres en plein drame, mon cousin Georges Gordon (tout le portrait de son père, hélas) a encore des dettes et ses créanciers le traquent, sa jeune femme va mettre un enfant au monde et il pense fuir à l’étranger ! j’ai l’impression que sa vie n’est qu’une fuite de lui-même. Il s’est mis à dos pas mal de mes amis, il a emmené dans son sillage le fils aîné de notre pasteur de Hinton et j’en suis désolé, j’ai rencontré ce vieux gredin qu’est leur oncle Peter, tu sais quel jugement négatif je porte sur lui, mais il va falloir travailler à essayer de les sauver et de sauver du déshonneur leurs familles respectives ! Il me reste à régler le problème Worthing, et ce n’est pas le moindre tu le sais très bien. Dès que j’ai un peu de temps je te raconte tout dans les détails.
Eliza s’amuse tellement en ville, que j’ai renoncé à la convaincre de nous rejoindre à la campagne. Mais, soit sûr que je ne t’abandonne pas. Je ramènerai dans mes bagages mon médecin personnel, ta blessure qui se rouvre m’inquiète au plus haut point, et comme tu es à la fois mon meilleur ami et toujours mon beau-frère je ne tiens pas du tout à te perdre. A bientôt.
Nathaniel
P. S. : vu fille aînée des Appleton…………… Teint perle, yeux langoureux ……… Oublié leur couleur ! …….…. Ondoyante... Beaux bras……. Air doux… Est-ce que cela te satisfait ?
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Sam 15 Mai 2010 - 8:20 | |
| Chapitre 6 par MissAcaciaLettre 18 De Mr William Bonham à Mr Nathaniel Sampson Esq.- Spoiler:
Milton Abbey, le 25 novembre 1815,
Nathaniel, Voilà de bien pénibles souvenirs ravivés par ta lettre. C’est, je le déplore, ce qui m’a fait différer ma réponse de quelques jours. En premier lieu, je tiens absolument à te rassurer sur ma santé et sur l’inutilité de déranger ton médecin personnel pour moi. Le vieux Lord Bailey, qui me rend visite régulièrement, m’a recommandé aux bons soins du Dr Rainsford. J’ai récemment consenti à recevoir ses soins - plus pour me défaire de la sollicitude insistante de ce bon Sir Reginald que par réelle envie, je dois bien le dire - et j’ai été plus qu’agréablement surpris. Le Dr Rainsford a recueilli, au cours de ses tournées dans le pays, le secret d’onguents et d’infusions tout à fait remarquables. Il les a améliorés dans son laboratoire. Tu serais surpris – et, je pense, intéressé – de voir le matériel que j’ai vu chez lui. Depuis cinq jours que j’applique ses emplâtres, l’aspect de ma blessure s’est beaucoup amélioré. Je peux maintenant élargir le cercle de mes promenades quotidiennes et ce changement d’air me fait grand bien. Voilà, je vais mieux, mais je ne suis pas encore à même d’apprécier ta description de Miss Appleton. Langueur et ondoiement n’ont pour moi aucun charme. Je plains sincèrement cette pauvre famille Appleton. Il va leur être très difficile de se remettre du déshonneur apporté par le fils aîné. Le mieux qu’il puisse faire, s’il se remet – ce que je souhaite pour le bien de sa mère que ces tristes nouvelles ont bien affectée – c’est de disparaître définitivement. Ce vieux grigou de Peter Appleton pourrait solder le gros des dettes, s’il consentait à lâcher son or. Il se rachèterait une bonne conduite par cet acte généreux. Si ce n’était Charlotte Appleton, ses parents et les petits Meg et Harry, je ne serais désolé que de la peine que te donne cette sordide histoire. Quand je pense à Joseph Mallord et à la façon dont il a eu affaire à lui… Mais j’étais à bord de la Berwick à ce moment-là, dans les Indes occidentales et je n’ai rien pu faire. Penser aux Mallord entraîne mon esprit vers mes chers enfants ; t’ai-je dit qu’aux bons soins de ma chère sœur, la santé de David s’améliore grandement et qu’il se fortifie. Hugh est toujours le même joyeux petit diable. Ces bonnes nouvelles me viennent bien à propos, sois en persuadé. Le temps est clément pour la saison et j’en profite pour aller régulièrement jusqu’à Hinton Saint Mary. Le presbytère est toujours un endroit accueillant et le petit Harry me rappelle beaucoup mon cher David. La conversation de Miss Charlotte est aussi tellement stimulante. Cette jeune fille est vraiment peu ordinaire et son père lui a donné une éducation assez peu classsique mais il est difficile de résister au charme d’une longue causerie avec elle. Elle m’a récemment demandé de lui expliquer le maniement du sextant et les principes du calcul des azimuths et distances. Elle s’est mis en tête d’apprendre à déterminer latitudes et longitudes et je lui ai promis de lui enseigner à repérer un cap en se fiant aux étoiles. La perspective d’une promenade nocturne ne l’a pas rebutée ni effrayée. Et c’est bien le plus charmant plaisir que je me sois octroyé depuis longtemps. Nous devons emmener avec nous le petit Harry, qui est vraiment dégourdi et que tout ceci intéresse au plus haut point. Il ne me manque plus que ta présence à Milton Abbey. Ton frère affectionné,
William.
PS : Je joins à cet envoi une lettre arrivée pour toi d’Oxford.
Lettre 19 (jointe à la précédente)Du Rév. William Buckland à Mr Nathaniel Sampson Esq. - Spoiler:
Oxford, le 20 novembre 1815.
Cher Mr Sampson,
J’ai appris par une lettre de mon ami le Révérend Appleton que vous résidiez en ce moment dans les environs de Hinton St Mary. Je projette d’y séjourner bientôt, comme tous les ans en cette saison. Le Rév. Appleton tient à me montrer certaines découvertes récentes faites par les Annings à Lyme Regis. Il est enthousiaste quant à leur intérêt archéologique et pense qu’ils pourraient m’être utiles pour mes travaux sur le lien entre la géologie, la Création et le Déluge. Si cela ne vous contrarie pas, j’aurai grand plaisir à faire votre connaissance à l’occasion de ce séjour. Le mémoire que vous avez présenté récemment à la Société de Géologie de Londres m’a fort intéressé et je souhait pouvoir confronter certaines de mes idées avec vos théories. Peut-être consentirez-vous à nous accompagner jusqu’à Lyme. J’arriverai à Hinton St Mary, si l’état des routes le permet, le 10 décembre, pour un séjour de six semaines. Dans l’espérance de votre assentiment, je reste votre dévoué
W. Buckland
Professeur de Minéralogie à l’Université d’Oxford. Lettre 20 De Nathaniel Sampson Esq. à Mr William Bonham- Spoiler:
Londres, le 28 novembre 1815.
Cher William,
Je suis heureux que tu ailles mieux mais je te conjure de ne pas abuser de tes forces par trop d’activité. Cette lettre me précède de peu. J’avance mon retour afin de pouvoir afin de pouvoir accueillir le Rév. Buckland, de l’Université d’Oxford, qui va séjourner chez nos amis Appleton à Hinton St Mary. Je serai à Milton Abbey le 3 décembre, le temps de régler certaines affaires que je ne puis différer.
Ton frère et ami,
Nathaniel Sampson.
Lettre 21 De Mr. Nathaniel Sampson Esq. à Mrs Helen Sampson- Spoiler:
Londres, le 29 novembre,
Ma très chère mère,
Je sais que cette lettre ne va pas vous plaire mais je me vois obligé d’annuler le séjour hivernal que je vais habituellement à Sands. J’avais prévu de venir dans le Devon avec Eliza pour les fêtes de Noël mais une invitation imprévue, à caractère géologique, va me retenir chez notre cher William. Le Révérend Buckland, qui occupe la chaire de minéralogie à l’Université d’Oxford, vient de m’annoncer son désir de me voir lors de son séjour dans le Dorsetshire. Il passera les fêtes chez son ami Mr. Appleton, le recteur de Hinton St Mary, dont je vous ai déjà parlé. Je ne puis ni ne souhaite manquer cette occasion qui s’annonce riche d’enseignements. Le Révérend Buckland est à peine plus vieux que moi et dépasse de peu la trentaine, et ses travaux font déjà référence. Vous connaissez assez ma passion des vieilles pierres pour pardonner cette absence exceptionnelle, d’autant que je ne manquerai pas de venir vous voir en janvier. A Londres, tout se passe bien et la Saison est aussi ennuyeuse que l’on peut s’y attendre lorsque l’on goûte peu les plaisirs frivoles. Eliza a fait la connaissance de Miss Appleton, la fille aînée de Mr Appleton de Hinton, qui séjourne chez son oncle. J’aurais bien voulu éviter cette rencontre mais je n’ai pu en trouver le moyen sans manquer à la plus élémentaire des courtoisies. Miss Appleton est charmant et il n’y à rien à redire sur ses manière ou sa réputation. Cependant, son oncle est Peter Appleton – ai-je besoin d’en dire plus ? – et son frère, James Appleton, vient d’être mêlé à une affaire plutôt déplorable. Avec son cœur affectueux, Eliza s’est prise d’amitié pour Miss Appleton mais je ne souhaite pas qu’elle courre le risque d’être présentée au frère ou aux Worthing, qui sont liés à cette famille. Aussi, je me suis arrangé pour qu’elle vous rejoigne au plus tôt. Elle partira demain avec nos voisins, les Bampfield. Je vous préviens qu’elle est un peu déçue de ce départ. Miss Appleton ne me paraît pas tout à fait à sa place dans le lieu où elle séjourne et je pense nécessaire d’en informer son père. Contrairement à sa sœur, Miss Charlotte, dont je vous ai déjà décrit l’excellent jugement, je la crois capable de se mettre involontairement dans l’embarras, aussi mal guidée qu’elle l’est actuellement. Miss Appleton est fort jolie et d’une bonne nature mais elle est un peu insouciante. Le contraste avec sa sœur est saisissant. L’esprit vif de Miss Charlotte est l’un des plus grands agréments de mon séjour à Milton Abbey. C’est l’une des rares jeunes filles que je pense capable de participer avec profit à nos conversations. William semble aussi l’apprécier. Il est vraiment dommage que les moyens réduits de leur père et la conduite de leur frère assombrissent si définitivement leur avenir. Je sais ce que vous pensez, ma chère mère. Vous vous effrayez de me voir essayer d’arranger les affaires de ceux qui m’entourent et me préoccuper fort peu des miennes. Mais mes besoins sont modestes comme vous le savez et peut-on rester immobile quand il est possible d’épargner à autrui des souffrances inutiles ?
Je me réjouis de bientôt vous revoir.
Que Dieu vous garde.
Votre fils aimant, Nathaniel.
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 19 Juil 2010 - 14:39 | |
| Chapitre 7Je signale à nos lectrices et nos écrivaines en herbe, que le règlement a changé. LadyOscar signe une lettre, pour la suite du chapitre 7, il suffit à celle qui est inspirée pour la suite, de m'envoyer un Message privé. Merci à la prochaine de se décider rapidement plus rapidement. Lettre 22De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte Appleton- Spoiler:
Londres, le 30 novembre 1815
Ma très chère Lottie,
C’est avec une immense tristesse que je prends la plume pour t’annoncer une affreuse nouvelle. Je n’ai toujours pas réussi à me faire à cette idée. Père non plus d’ailleurs. Il faut que tu sois forte pour moi et toute la famille. James, notre James n’est plus. Dieu l’a rappelé à lui. Sa blessure était trop grave. Il a malheureusement énormément souffert. Désormais il est en paix. Lottie, je suis encore sous le choc de cette nouvelle. Mais comment l’annoncer à Mère. Elle est tellement fragile ces derniers temps d’après tes précédentes lettres. Je pense aussi à Meg et Harry. Ils sont trop jeunes pour cette douloureuse nouvelle. Père est en plein préparatif. Il souhaite que James soit enterré dans le cimetière de notre église. Et évidemment avec cette histoire de dette, les choses ne sont pas simples. Je m’efforce de faire bonne figure pour qu’il ne s’inquiète pas trop. Il a déjà tellement de choses en tête. Ce que je suis égoïste Lottie. Avec Père près de moi, il sait trouver les mots justes pour me calmer. Mais toi Lottie, tu ne pourras compter que sur toi. Oncle Peter et Tante Lucy ne font évidemment aucun effort pour arranger les choses. Tante Lucy n’arrête pas de pleurer et Oncle Peter de dénigrer. Il trouve que l’éducation que Père nous a inculqué devait être trop laxiste. Sinon James ne se serait jamais fourvoyé dans ce genre de pratique. Père n’a évidemment jamais osé relever la remarque. Enfin, pour ne rien arranger, les créanciers de James ont eu le mauvais goût, en apprenant sa mort, de réclamer à Oncle Peter leur dû. Ils le savent très aisé, d’après leur dire. S’il ne rembourse pas la totalité de sa dette rapidement, ils réagiront. Qu’est ce que cela peut bien dire ? J’ai posé la question à Père et Oncle Peter. Ils m’ont dit de ne pas m’inquiéter. Si tu les avais vu, ce sont des personnes mal élevées et qui sentent un mélange de tabac et d’alcool. Dès que je les ai vus, mon cœur s’est soulevé. Comment James a pu avoir de quelconques relations avec ce genre d’individus ? Comment en est-t-il arrivé à cette extrémité. Père avait fondé tellement d’espoir sur lui. Ma Lottie, j’aimerais être auprès de toi en ce douloureux moment. J’espère de tout cœur que cette fâcheuse histoire se terminera bientôt. Je dois à présent te laisser, j’entends Père qui me réclame.
Ta très chère sœur Belle
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 2 Aoû 2010 - 18:59 | |
| Suite et fin du chapitre 7 par EsperluetteLettre 23 De Mr. Nathaniel Sampson Esq à Mrs Helen Sampson- Spoiler:
Londres, le 2 décembre 1815
Ma chère mère, Vous devez vous étonner de recevoir une de mes lettres si peu de temps après la dernière, mais plusieurs évènements sont survenus et je tenais à vous mettre au courant moi-même. Le jeune James Appleton s'était mis dans une situation très fâcheuse, menant une existence de débauche, jouant, buvant et fréquentant les quartiers mal famés de Londres... Il a fini par se battre en duel. Au début il ne semblait pas que sa blessure fut très grave, mais il y a eu des complications et ce malheureux jeune homme est mort hier, plongeant sa famille dans la tristesse la plus profonde, mais également dans de grands embarras financiers... Les créanciers de James Appleton sont allés le jour même réclamer leur dû chez Peter Appleton, et je ne serais guère étonné que celui ci ait fait des difficultés à régler les dettes en question... Comme vous le savez, il n'est honnête qu'en ce qui concerne ses propres revenus... S'il avait été un tant soit peu délicat, on aurait pu espérer qu'il paye pour son neveu (Mr Appleton, de Hinton, est loin d'être riche...). Ainsi l'affaire aurait pu se tasser et la mort de James n'aurait pas été mêlée à un scandale qui déshonore toute la famille... Mais ces préoccupations sont loin de travailler Peter Appleton. Dans ce contexte troublé, je suis heureux qu'Eliza parte vous rejoindre, même s'il est certain qu'elle aurait été un soutien important pour Miss Appleton qui doit traverser de douloureux moments... Elle aura certes les Worthing pour la soutenir mais je dois avouer que je ne suis pas tout à fait tranquille à l'idée de la laisser entre leurs mains... Evidemment c'est surtout John Worthing qui m'inquiète. J'ai le souvenir d'un certain scandale compromettant une jeune fille de bonne famille... Je ne sais si vous en aviez entendu parler, mais la demoiselle fut déshonorée... Et Worthing quant à lui s'enfuit au moment critique... Je ne sais si sa soeur est aussi peu recommandable, mais je suis heureux de voir que notre Eliza n'aura pas affaire à eux. Enfin, sachez que mon cher ami William a offert de recevoir le révérend Buckland, car il semblait délicat pour les Appleton d'accueillir un invité dans cette période de deuil. Le révérend a fait preuve d'une grande délicatesse en disant qu'il viendrait plus tard dans l'année mais William a pensé qu'un invité de plus chez lui ne changerait pas grand chose, et puis la présence du Révérend permettra peut-être de distraire un peu la pauvre famille Appleton. J'ai hâte de vous voir à nouveau et vous envoie mes plus affectueuses pensées.
Votre fils, Nathaniel Lettre 24 De Miss Charlotte Appleton à Miss Isabelle Appleton- Spoiler:
Londres, le 3 décembre 1815
Ma très chère Belle, Tu imagines aisément dans quel état d'esprit notre cher foyer s'est retrouvé plongé suite à l'arrivée de ta lettre... Mère est désespérée et s'enferme dans sa chambre toute la journée, il semble qu'elle n'aura jamais assez de larmes à pleurer. Les petits ne savent comment réagir, la mort ne signifie pas grand chose pour eux, et ils n'ont jamais beaucoup vu James... Mais c'est moi qui doit m'occuper d'eux toute la journée, ainsi que de toutes les tâches ménagères... Je ne voudrais pas avoir l'air de me plaindre, et je sais que Mère est plongée dans la plus grande affliction, mais je dois dire qu'elle ne m'est pas d'un très grand secours dans cette période difficile. Du moins, avoir la tête et les mains occupées toute la journée m'évite de trop penser à James... Malgré son attitude de ces derniers mois, il reste notre frère chéri et je sais combien toi aussi tu dois souffrir. J'espère que Père arrive à surmonter cette épreuve lui aussi. Je suis heureuse de le savoir près de toi, car t'imaginer seule avec Oncle Peter et Tante Lucy dans un moment pareil ne me serait pas d'un grand réconfort. J'entends d'ici notre oncle vous sermonner sur l'éducation de James etc... J'espère que vous arrivez à le supporter, et que vous nous rejoindrez vite à Hinton. J'ai hâte de te serrer dans mes bras, et t'avoir à mes côtés me donnera les forces qui me manquent actuellement. Mr Bonham a fait preuve des plus grands égards envers nous depuis que nous avons appris la nouvelle. Il a même offert d'accueillir le Révérend Buckland. Je dois t'avouer que son arrivée prochaine me mettait dans le plus grand embarras, au vu de tout ce qui nous attend... L'enterrement, le deuil... La seule pensée de ce qui nous attend me plonge dans une tristesse immense. Et de me dire que toi, ma chère Belle, tu dois mettre fin à ton séjour à Londres, me désole au plus haut point. Mais il semblerait que certaines de tes fréquentations de la capitale ne soient pas des plus recommandables... J'espère que tu n'es pas trop liée aux Worthing, car une remarque que Mr Bonham a faite hier m'a un peu inquiètée. Il me demandait si tu avais des amis à Londres, pour te soutenir, te réconforter et te distraire dans cette dure épreuve, et lorsque j'ai mentionné John Worthing, il a froncé les sourcils et ses paroles ont suggéré qu'il le connaissait, et n'en pensait pas que du bien. Rassure moi surtout ma soeur adorée, méfie toi de lui... Déjà cette histoire de bracelet me semblait un peu louche... Je dois te laisser, Meg et Harry sont en train de se disputer, je vais essayer de les calmer. L'ambiance qui règne à la maison en ce moment semble les porter à la chamaillerie, mais c'est assez normal je pense. Envoie mes pensées les plus affectueuses à Père, j'espère que vous ne tarderez pas trop à revenir.
Ta soeur qui t'aime, Lottie.
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Mar 17 Aoû 2010 - 9:49 | |
| Chapitre 8 ..... le début par Testifly Lettre 25
De Mr John Worthing à Miss Isabelle Appleton
- Spoiler:
Londres, le 1er décembre 1815.
Ma très chère dame, En vain ai-je lutté mais rien n’y fait. Je ne puis réprimer mes sentiments. Laissez-moi vous dire l’ardeur avec laquelle je vous admire et je vous aime. Depuis l’instant où j’ai posé les yeux sur vous au bal de votre tante, votre visage angélique ne quitte plus mon esprit, votre beauté divine me hante jusque dans mes rêves. J’ai cru périr d’amour en respirant la délicieuse odeur de lavande que vos boucles d’or dégagent. J’ai cru mourir de honte en osant ainsi vous toucher ; mais quel bonheur de sentir la chaleur de votre peau, ainsi que le sang qui coule dans vos veines. Je dois maintenant vous confesser mon crime ; je vous avais dérobé votre charmant bracelet dans le seul et unique dessein de vous revoir, j’ai autant besoin de votre compagnie que d’air dans mes poumons. Je ne peux vivre sans vous, je ne peux vivre sans mon soleil, je ne peux vivre sans mon âme. Les étoiles d’une belle nuit d’été ne sont point aussi étincelantes que votre sourire. Les mers et les océans ne sont pas aussi bleus ni aussi profonds que votre regard qui m’invite à me perdre dans les mystères de l’amour. Hélas ! Malgré la puissance herculéenne de mes sentiments envers vous –oui, Madame, j’affronterais les monstres les plus terrifiants de la mythologie et je braverais les Enfers pour vous – ma tendre mère souhaite nous ramener, ma sœur et moi, chez nous pour les fêtes de Noël. Mon seul souhait est de rester ici à Londres auprès de vous et pouvoir admirer sans relâche votre resplendissante et éblouissante beauté. Mais je suis certain que vous ne m’autorisez jamais à me séparer de ma chère sœur pour tout l’or du monde. Si toutefois vous m’offrez la grâce et le bonheur de ressentir cette affection, et je prie Dieu que vous puissiez m’aimer en retour, je vous prie de continuer cette correspondance à *** Park, Kent, si vous ne trouvez pas cet échange inconvenant à votre réputation et à votre rang. Mais si je suis indifférent à votre cœur, brûlez cette lettre et effacez tous vos souvenirs de moi dans les abysses de mon désespoir ; je ne puis souffrir de vous savoir malheureuse. Sachez, mon ange, que je n’ai jamais aimé quiconque comme je vous aime et personne ne vous aimera comme je vous aime. Votre humble serviteur,
John Worthing
P.S.: Je vous joins un des magnifiques sonnets de ce génie de Shakespeare qui (contrairement à moi) a le talent pour exprimer ses sentiments amoureux. Sonnet 18, William Shakespeare
Devrais-je te comparer à un jour d'été ? Tu es plus tendre et bien plus tempérée. Des vents violents secouent les chers boutons de mai, Et le bail de l'été est trop proche du terme.
Parfois trop chaud l'œil du ciel brille, Souvent sa complexion dorée ternie, Toute beauté un jour décline, Par hasard, ou abîmée au cours changeant de la nature;
Mais ton éternel été ne se flétrira pas, Ni perdra cette beauté que tu possède, Et la Mort ne se ventera pas que tu erres parmi son ombre,
Quand en rimes éternelles à travers temps tu grandiras; Tant que les hommes respireront et tant que les yeux verront, Aussi longtemps que vivra ceci, cela te gardera en vie.
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Lun 20 Sep 2010 - 17:57 | |
| Chapître 8 .... suite par JafeanLettre 26 De Miss Isabelle Appleton à Miss Charlotte AppletonSalisbury, le 4 décembre 1815. - Spoiler:
Ma très chère Lottie,
Tu me vois navrée de n’avoir pu prendre la plume plus tôt. Mais notre voyage ne me l’a pas permis. Nous avons quitté Londres il y a trois jours et n’avons pris le temps de nous arrêter qu’aujourd’hui. Le voyage est long et pénible, je ne puis me souvenir du trajet inverse qu’avec le sentiment d’une excitation floue et lointaine. Que de choses sont arrivées depuis…
La présence de notre père néanmoins, m’aide grandement à vivre des journées de voiture le mieux possible. Tante Lucy, elle, ne fait aucun effort et pleure lorsqu’elle ne dort pas. Quant à oncle Peter, je ne puis découvrir ce qu’il pense de tout cela, mais il se montre fort peu agréable alors même que notre famille aurait grand besoin de son soutien. Le seul réconfort que je puisse avoir durant ces journées interminables est la contemplation des paysages que nous traversons. La neige nous a accompagné depuis notre second jour de route où nous avions fait étape à Guilford. Tu aurais dû voir les canaux gelés, quelle beauté ! Quelques enfants insouciants jouaient déjà sur la glace à qui attendrait le centre du canal. Malgré les prévisions du cocher, nous n’avons ensuite mis qu’une journée à rejoindre Winchester, mais ce soir nous n’avons pas pu aller plus loin que Salisbury. La neige tombe bien plus fort que les jours précédant et oncle Peter considère qu’il n’est pas prudent de continuer. Me voilà donc dans une petite chambre d’une glaciale auberge, à essayer de t’écrire malgré le froid qui s’est emparé de mes mains. J’espère que le temps n’est pas si rude à la maison, et que les petits supportent bien la saison.
Demain, avant de reprendre la route, nous allons suivre les conseils d’un homme charmant avec qui Père a sympathisé dans l’un des salons de l’auberge qui lui a parlé d’un étrange lieu aux pierres suspendues à une dizaine de kilomètres au nord de notre étape. Tu connais suffisamment bien notre père pour savoir que le nom même de « pierres suspendues » l’a convaincu d’y faire un arrêt. Il semblerait que d’immenses blocs de pierres y soient disposés en un grand cercle, faisant office de pilliers, pour une architecture hors du commun. Il ne me tarde de découvrir cet endroit magique. Mais par-dessus tout, ma Lottie, je veux retrouver notre maison le plus vite possible. Pouvoir te prendre dans mes bras, porter Harry et Meg et embrasser notre mère. Une épreuve comme celle que nous traversons doit être vécue en famille. J’ai entendu Oncle Peter convenir avec Père qu’il resterai jusqu’à la fin du mois de janvier. Ainsi nous passerons les fêtes ensembles. Que la vie à Hinton St Lary va me sembler différente de ce qu’elle était quand je l’ai quitté il y a plusieurs mois. Entre le deuil de James, la présence de notre oncle et notre tante, vos, ou devrais-je dire nos, nouveaux voisins qu’il ne me tarde de mieux connaitre et l’arrivée du Révérend Buckland, Noël risque d’être animé.
Père m’appelle pour le souper, je vais devoir fermer cette lettre. Mais avant cela, sache qu’à mon arrivée je devrais t’entretenir d’un sujet d’une grande importance. Ne t’inquiète pas Charlotte, rien de grave, mais un sujet sérieux sur lequel j’aimerai avoir ton avis, qui m’a toujours guidé et protégé…
Je t’embrasse tendrement et suis pressée de pouvoir te prendre dans mes bras.
Belle. Lettre 27 De Mr. Nathaniel Sampson à Miss Eliza Sampson
Milton Abbey, le 6 Décembre 1815 - Spoiler:
Ma chère petite sœur,
J’espère que tu es arrivée à Sands sans embuche, et que notre mère t’a accueilli comme il se doit. Je suis navrée de ne pouvoir passer ces fêtes de Noël avec toi, mais je préfère te savoir dans le Devon que dans les ennuis qui m’entourent actuellement. Tu as suivis, je crois, l’annonce du décès du frère Appleton. Il se trouve que notre cousin George n’est pas étranger à cette sombre histoire. Il m’a fallu retourner tout Londres pour le trouver et obtenir des explications et aveux de sa part… Je t’épargne le récit de cette obscure affaire mais je voulais que tu sois au courant. J’imagine que les fêtes risquent d’être un peu morose chez vous, loin semble l’époque où nous les passions tous ensembles, avec Anne, William et Jane… Mais ne pense pas à cela ma très chère sœur, je suis sûre que les amis de mère seront des compagnons de qualité qui seront te divertir.
De mon côté j’ai rejoint Milton Abbey et William chez qui je suis arrivé hier soir. Notre petit cercle va s’agrandir d’ici quelques jours avec la présence de William Buckland à propos duquel je t’ai déjà tant entretenu. Je suis excité comme un enfant à la perspective de cette rencontre. Mais ce n’est pas le seul invité que William recevra. En effet, il vient de recevoir une missive de sa sœur lui apprenant que le froid s’était installé à Bath et qu’ils ne pouvaient y demeurer tout l’hiver. Ainsi, Joseph et elle vont ramener Hugh et David passer Noël avec leur père. Tu verrais la joie de William à la perspective de cette fête en famille… Toutefois leur venue m’inquiète. Je ne suis en effet pas sans savoir que la demoiselle Appleton est rentrée de Londres pour enterrer son frère ici, et avec elle, sa tante et son oncle, Peter Appleton… J’imagine que tu vois où je veux en venir Eliza… Les Appleton étant nos voisins, le père et Charlotte nos amis, nous ne pourrons les éviter. Mais avec la présence de Joseph parmi nous, cela risque de poser de grands problèmes. Je vais devoir demander à William de tout faire pour que Mallord et Appleton ne se rencontrent pas, et ignorent même jusqu’à la présence de l’autre aussi proche… Une mission délicate tu en conviendras.
Je t’embrasse tendrement, ainsi que notre mère, et te souhaite de passer de très bonnes fêtes.
Ton frère aimant,
Nathaniel.
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| Sujet: Re: Ce livre dont vous seriez l'auteur... - Les chapitres Ven 29 Oct 2010 - 11:08 | |
| Chapître 9.... Fée ClochetteLettre 28
De Mrs Helen Sampson à Nathaniel Sampson
Sands le 27 décembre 1815- Spoiler:
Mon cher enfant, mon Nathaniel,
J’ai besoin de ton aide, sois sans crainte, ce n’est pas pour Eliza. Je te livre l’histoire telle qu’elle me l’a confiée dès son arrivée, sous le sceau du secret, mais c’est trop grave pour que j’enterre ses confidences.
Tu dois être prudent et d’une discrétion absolue. Par prudence, je t’envoie Nicholls, la poste est trop aléatoire dans ce coin du Comté pour le courrier que je lui confie. La vertu de la jeune fille citée doit être préservée. Je suis désolée d’interrompre ainsi tes distractions avec le professeur Buckland, mais je n’ai que toi de sérieux autour de moi. Contre toute attente, Eliza est heureuse ici. La Comtesse Coldberg qui a louée Breathwind Hall pour trois mois l’a prise en amitié, ses filles aussi, si bien qu’elle l’invite très souvent, c’est un petit groupe turbulent mais d’une éducation irréprochable, tu me connais, je ne suis guère confiante.
D’ailleurs, je joins une lettre ou elle te fait part de toutes ses activités et de son ravissement. Elle s’attendait, m’a-t-elle confié à s’ennuyer ferme à cette époque de l’année, coincée par la mer, les pâturages et des hêtraies embrumées. Apparemment, elle a, hormis les magasins luxueux de Londres, tout ce qui peut plaire comme sains amusements.
Mon cher enfant, sois diligent dans ce que je te confie. Merci et porte-toi bien.
Ta mère aimante, Helen
…………….
Sands, le 27 Décembre, lettre confiée à maman pour toi, mon cher grand frère.
Qu’est-ce que tu es protecteur ! Je te rassure, tout va bien et même très bien, j’ai beaucoup lu et dormi dans la voiture pendant le voyage, le temps était gris, stable, aucun incident n’a interrompu le voyage, même pas un petit embourbement, pourtant quelquefois les ornières étaient boueuses. Pas le plus petit brigand de grand chemin, tu prends toujours de telles précautions pour me faire voyager que j’ai l’impression d’être une Princesse. Betty ma dame de compagnie ronflait, quelquefois son souffle faisait voleter les plumes et les rubans de sa capeline, c’était très drôle, les Bampfield ont été des compagnons agréables. Norfolk ton valet à l’œil d’aigle veillait, installé sur la malle arrière, dûment secondé par le troisième postillon et les cochers armés jusqu’aux dents. Le lendemain de mon arrivée, Maman m’a présentée à la Comtesse Coldberg. Je me suis liée avec ses trois filles, Abby, Holly et Molly. Elles séjournent ici tout l’hiver. J’ai renoué avec les nombreuses familles du Comté. Contrairement à ce que je pensais, je ne réside pas au purgatoire, plutôt au paradis. J’ai grandi je pense et sais apprécier le changement, bien qu’au départ j’étais opposée à ta décision, mais cher Nathaniel, j’aime assez te contrer, sinon avec qui pourrais-je argumenter ? Maman est tellement sans défense avec moi, que j’ai toujours des remords lorsque je la chagrine. Tu offres bien plus de résistance, c’est plus jouissif.
Certes, nul magasin luxueux dans notre petite bourgade endormie, mais les nobles demeures accueillantes nichées douillettement dans de grands parcs où paissent des moutons à tête noire m’ont plongée dans mon enfance qui n’est pas très éloignée, et quel bonheur, les jeunes gens semblent s’être multipliés ! Comme toujours Maman et moi sommes souvent conviées à des veillées variées où la musique, les jeux de société, les charades, parfois des projections de lanterne magique, ainsi que les bals nous occupent bien. La valse est connue même dans cette contrée reculée, mais nos parents n’adhèrent pas vraiment.
- « Ce rapprochement est indécent m’a dit maman… - Mais c’est si enivrant de tourner… - Peut-être ma chérie, mais tu es dans les bras d’un homme, et aussi pure soient ses intentions, cela peut conduire à… - Maman ! ce n’est qu’une danse, et Nathaniel lui-même me l’a enseignée. - Eh bien, il a eu tord. Je préfère te voir danser la quadrille ou le reel, et même la pavane, ce sont des danses correctes ».
- Qu’en penses-tu Nathaniel, c’est si agréable de tournoyer, surtout avec Rod… maman trouve toujours matière à sermonner. Quand donc les filles sont-elles libre de s’amuser ? Passent-t-elle toujours de la coupe familiale au joug marital ? Alors que vous êtes si libres. La journée Rod Slungster organise souvent des chevauchées, avec visite des plus belles demeures ou églises de la région. J’ai décidé de m’intéresser aux serrures des portes des porches…. Certaines ferrures sont splendides, c’est Rod qui m’en a donné l’idée, il les collectionne, si tu voyais ces splendeurs ! Il suffit pour les moulages d’avoir de la cire, un briquet, une besace et un cheval pour la liberté des visites et hop là, bien chaperonné par l’incontournable Mrs Swallow comme nous l’appelons entre nous… c’est Fanny la dame de compagnie de la Comtesse. Nous avons un patrimoine réparti sur de nombreuses époques. Ainsi notre vieille Abbaye possède une serrure du 11e siècle d’après notre Pasteur, une seule porte d’ailleurs. Cette porte est parait-il, une restauration de l’ancienne porte d’un temple dédié à Mercure, car le mur qui la supporte est romain. C’est donc une restauration. C’est aussi passionnant que tes fossiles et ton professeur Buckland. Il parait qu’il vit avec un ourson sauvé de certains chasseurs… c’est ce que la rumeur prétend. Est-ce vrai, l’as-tu vu ?
J’espère que tu te souviens de Rod Slungster, l’héritier de Barncastle qui est tout à côté de Sands. Vous avez quelques quatres années de différence. Il est allié à la famille Springler de Londres avec qui tu es très ami (surtout Miss Springler, il me semble, c’est même pour ça que son frère Wotan t’invite si souvent dans leur domaine). Rod revient de la Nouvelle Angleterre, de Boston très exactement. Il a séjourné une année chez les Eliot une très vieille famille arrivée à Plymouth au temps des légendaires Pères pèlerins arrivés par le Mayflower. Il nous captive avec des histoires étonnantes, il a vécu tout l’hiver dernier avec l’un des fils Eliot chez les Algonquins du Massachussets. Imagine Nathaniel, chez les peuples premiers, dans leurs villages de huttes, lorsqu’il fait si froid !
Il a chassé avec le célèbre trappeur « GranJoe » capable de se mesurer à un Grizzly et de l’abattre juste avec un poignard. Je te sens sceptique, mais c’est la vérité. GranJoe est une légende vivante en Massachussets. Grand frère, je te fais confiance toujours, mais toi, tu es comme maman… d’ailleurs, je suis persuadée que ce que tu redoutais n’est pas arrivé car tu es très habile. Mr Appleton et Joseph Mallord ne se doutent même pas qu’ils sont à quelques miles l’un de l’autre, tu es si diplomate et astucieux. Même si Rod est un tout petit peu vantard, ses histoires sont passionnantes. J’ai donc passé de très bonnes fêtes de Noël même sans toi. Je te sens jaloux ! T’inquiètes-tu à cause de Rod ? Ne me reproche pas de l’appeler Rod bien que la société nous force à plus de distance et impose un cérémoniel pompeux… Mr. Slungster. Au fond de mon cœur, c’est Rod… J’anticipe ta prochaine question : il me plait infiniment parce qu’il est tout comme toi, instruit et intelligent. Il est franc, direct et courageux et responsable. Lors de nos chevauchées, il veille à notre confort, nous appelle à la prudence, vraiment il te plairait. Ce n’est même pas sa beauté qui me séduit, il est un très bel homme, magnifique, grand, athlétique, avec ce petit quelque chose, ce je ne sais quoi qui fait que je me sens en sécurité et surtout importante lorsque je lui parle. Il me regarde de ses yeux outremer, un peu comme toi, mais toi, tu es mon frère, alors lorsque cela arrive avec un étranger c’est …………………………….. Mes amies disent que je l’intéresse, Holly m’a murmuré pendant le service religieux que jamais il n’avait regardé une jeune fille autant que moi. Du coin de l’œil, alors que le Pasteur nous exhortait à la prière après son sermon, j’ai vu qu’il me mangeait des yeux. J’ai ressenti une vague de chaleur et mes joues ont viré à l’incarna, il a sourit légèrement. Molly et Holly riaient à peine silencieusement. Si tu avais-vu l’air courroucé de maman ! J’avoue que s’il venait à te demander de me courtiser, j’aimerais que tu accèdes à son désir ; mais peut-être que j’imagine, tu dis toujours que je suis trop rêveuse, ah ! bien c’est fait, je rêve, JE REVE… Mais je reste sage ! La première fois que nous avons chevauché de concert, ses boucles d’or voletaient et le soleil pâle l’auréolait, j’ai cru voir Apollon sur son char et j’ai été pétrifiée d’admiration, mais comme je te l’ai déjà déclaré, son esprit est encore mieux.
Nathaniel chéri, n’oublie pas de rappeler à Hugh et David que je les aime tendrement et transmet toutes mes affections à leur père et tous nos amis présents. Ta sœur qui grandit et qui t’embrasse très fort et qui t’aime. Eliza
Lettre 29
De Nathaniel Sampson à Mrs Helen Sampson Hinton, le 7 Janvier 1816 - Spoiler:
Chère maman,
Décidément, vos neveux où lointains cousins ne nous laisseront jamais en paix !
Le scandale Appleton et quelques autres frasques de la part de George Byron ont eu raison de l’amour que lui portait Anna Isabella. Elle est repartie chez ses parents avec sa fille Augusta à peine née. Les Milbanke sont furieux , mais soulagés de retrouver leur fille, leur divorce est peut-être une honte, mais que dire lorsque l’on sait que votre enfant s’humile à attendre un être volage, prodigue ... bien que génial je vous l’accorde. Ce n’est jamais agréable de soutenir ses enfants dans ces conditions…. George Gordon s’est sauvé en Suisse, il y a rejoint Percy Bysshe Shelley. La vie ma chère mère de notre glorieux cousin sera je le crains toujours très mouvementée. J’ai lu attentivement votre lettre secrète, soyez rassurée, je ne divulguerai rien et j’agis dès que possible.
Vous me chargez de raisonner John Worthing ! Il a le tempérament indomptable et joueur de sa chère maman qui nie toutes les règles de notre société, alors je ne suis pas étonné par son fils. Tout de même envoyer une lettre flamboyante à une jeune naïve romanesque sans tromper la vigilance de cet aigrefin de Peter Appleton, voilà qui m’interpelle. Il a en charge une jeune fille fort naïve qui n’a pour seul passeport dans le monde que sa vertu en plus de la dot qu’il voudra bien lui octroyer si elle ne se fourvoie pas, car alors, il considèrera son placement sans valeur et l’abandonnera et elle deviendra une malheureuse de plus. Je l’ai constaté, elle est fort romanesque, innocente, extrêmement jolie, elle peut avoir ses chances, mais il faut qu’elle soit dirigée.
Voyez-vous maman, ce jeune homme m’irrite, car ce n’est pas la première fois qu’il commet ce genre d’impair et nous aurons bien de la chance si je puis intervenir à temps. Je vais tenter une action par le biais de sa sœur Miss Charlotte. Cette jeune fille est estimable, pleine de bon sens. Elle m’attire, je rectifie, son esprit m’attire, nous avons des débats sur tous les sujets. Ensuite je vais à Londres, Peter Appleton est reparti avec son inconséquente femme et sa nièce, je pense les inviter dans notre loge, si vous le permettez, Roméo et Juliette est à l’affiche du Royal Theater.
Chère maman, dans votre prochaine lettre, parlez-moi de Mr Rod Slungster, Eliza m’a vanté ses qualités et espère beaucoup de cette nouvelle connaissance. Je me méfie des engouements des jeunes filles : ma chère sœur est si impulsive.
Je vous envoie mes affections maman et toute ma tendresse à Eliza. Elle recevra une lettre dès mon arrivée à Londres.
Nathaniel Sampson. Lettre 30
De Isabelle à Lottie Appleton.
Londres, le 14 Janvier 1816 - Spoiler:
Ma chère Lottie,
Nous sommes arrivés à la nuit tombante depuis 7 jours déjà, complètement rompus ! Ce retour a été terrible, la voiture de notre oncle Peter roulait à toute allure, et le cocher faisait claquer le fouet constamment. Nous dépassions tout le monde sur la route, c’est vraiment un miracle que rien n’ai été rompu, Oncle Peter est très fier de la performance, aucune jante ou roue en mauvais état, il est dithyrambique sur les possibilités et la robustesse de sa nouvelle voiture, j’étais verte de peur et restait coite. Tante Lucy était si effrayée qu’elle en avalait son mouchoir à moitié allongée sur le siège et se cramponnait a sa manette de sécurité à chaque soubresauts. Oncle Peter, un sourire ironique plaqué sur le visage, jouissait de la vitesse et jubilait parfois. Un terrible épreuve, te dis-je, j’ai cru mourir nombre de fois. A l’aller, il n’avait guère pu se faire une idée réelle sur les fonctionnalités et performances du véhicule, car papa est tout l’opposé de notre oncle. Nous allions, te souviens-tu, à petite allure. La curiosité de papa nous avait aussi légèrement détourné de notre route pour contempler Stonehenge ! Malgré tout, c’était grandiose. Papa à même dit quelque chose de très réconfortant pour tous. Stonehenge est le lieu ou tous les esprits se rassemblent… j’ai oublié de te raconter notre dialogue :
- Grand Dieu papa, les constructeurs n’étaient pas chrétiens ! - Peut-importe ma chérie, ils étaient pétris de spiritualité, et cette terre qui porte ce monument perpétue la mystique d’Arianrhod. Ils nous ont précédés, nous seront suivis, c’est ainsi. Vois-tu, je suis, mais tu es de moi, le cycle perpétuel de la vie, même si James n’est plus, il continue à vivre dans Meg, Harry, Charlotte et toi mon Isabelle. La roue tourne, nous évoluons je l’espère vers un mieux.
Le mieux ! J’espère revoir John Worthing bientôt, je relis sa lettre sans cesse et je ne comprends pas du tout ta position, Lottie. Peut-être es-tu jalouse de n’avoir jamais reçu une lettre d’amour, tout à fait comme Eliza Sampson à qui je me suis confiée. Elle ne quitte plus mon réticule dès que j’ai un moment de solitude, je m’y plonge, le poème est si beau.
............
J’ai interrompu ma missive pendant bien trop de temps ma Lottie, mais que veux-tu, j’ai été si occupée ! Nous sommes déjà le 20 janvier !
Tu vas être surprise, nous avons assisté à la pièce de Roméo et Juliette, Vendredi soir, avec qui, je te le donne en cent, en mille ma Lottie. Avec Mr. Nathaniel Sampson dans sa loge du Royal Theater, Tante Lucy et Miss Appleton le soupçonne d’être amoureux de moi. Il m’impressionne moins depuis. Nous avons fait connaissance pendant l’entracte avec une famille d’une importance capitale, d’après mes chaperons, de la haute société, les Springler, plus exactement Miss Rebecca et Mr Wotan Springler, ils sont atypiques, très élégants, lettrés et charmants, mais moi je n’aime que John, mon cher John Worthing… comment le voir ? je suis si occupée…
Ensuite, nous sommes allés dîner chez Browby, le nouveau lieu où se rencontre tout ce qu’il y a d’élégant à Londres. J’étais aux anges, même si je regrette notre frère. Le lendemain, Miss Rebecca m’envoyait sa voiture pour un thé, et c’est flanquée de Miss Appleton que je suis partie. Oui, elle a décidé de me servir de chaperon lorsque Tante Lucy ne peux pas se libérer et crois moi ce n’est guère amusant, mais heureusement, à Springler House, Miss Appleton s’est rapidement séparée de moi, la grand-mère de Rebecca l’a entraînée dans une partie de whist et après avoir été présentée j’ai pu parler, parler, parler avec Mr. Wotan Springler. Il est incroyable et tellement élégant…. A un moment, je me suis sentie rougir (encore une fois !) car nous parlions poésie avec Mr Sampson et alors, je devais être jolie, sinon pourquoi aurait-il langoureusement murmuré à mon oreille un si joli poème ?
She walks in beauty, like the night Of cloudless climes and starry skies; And all that's best of dark and bright Meet in her aspect and her eyes: Thus mellow'd to that tender light Which heaven to gaudy day denies.
Wotan avec un tendre sourire m’a regardée et a continué ....
One shade the more, one ray the less, Had half impair'd the nameless grace Which waves in every raven tress, Or softly lightens o'er her face; Where thoughts serenely sweet express How pure, how dear their dwelling place.
Ensemble ils ont terminés la poésie et heureusement, personne ne nous regardait, j'étais un vrai lumignon.... (je sais ce que tu penses Lottie... vilaine ! )
And on that cheek, and o'er that brow, So soft, so calm, yet eloquent, The smiles that win, the tints that glow, But tell of days in goodness spent, A mind at peace with all below, A heart whose love is innocent!
Wotan Springler et Nathaniel Sampson dans un bel ensemble m’ont baisé délicatement une main en me remerciant d’être si charmante et de les avoir écoutés.
Si tu savais le bonheur d’être aimée oh ! Lottie ! Crois-tu que Mr. Nathaniel Sampson et Mr. Wotan Springler m’aiment aussi ? Comme la vie est belle ! Je te laisse, car je veux choisir ma toilette pour le thé Tante Lucy reçoit les Glathworty, un peu âgés certes, mais si drôles.
Tu me manques souvent… réponds vite petite sœur. Miss Appleton pense à Harry pour la succession, mais il doit d’abord faire ses preuves. Ensuite elle m’a susurré afin que les cochers n’entendent pas :
- "Si tu es une fille intelligente, chérie, tu choisis le plus riche, et Wotan est le plus riche des deux. - Mais ma tante, que faites-vous de l’amour ? - L’amour chérie, vient avec la richesse, croyez-moi, cela aide. - Pourtant nul ne vous a marié, ma Tante… - Il est mort à la guerre chez ces maudits Français… - Qui était-ce, ma Tante ? - C’est du passé, allez vers l’avenir Charlotte, Wotan a tout pour plaire, Peter te donnera une forte dot… danse, rit, épouse… tu tomberas amoureuse ensuite, j’ai constaté que tu as un fort potentiel de ce côté-là, il suffit juste de ne pas te tromper. "
Que faire Lottie ? … qui sait ... je suis indécise à un point, j’ai trois amoureux et deux poèmes, lesquelles préférer, c’est un réel dilemme !
Isabelle
P.S. : le poème est de Lord Byron, connais-tu ? Il est si scandaleux mais écrit divinement, oh ! mon petit coeur qu'il bat, qu'il bat.
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