Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
| | Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli | |
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Auteur | Message |
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Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 4 Déc 2022 - 18:53 | |
| Ravie de lire que tu nous rejoindras Juliette! Vu la souplesse proposée par Ysabelle (que j'approuve), tu as toute latitude pour nous rejoindre au moment qui te sera le plus propice! J'ai remis ma ban Ashitaka car mon mari et moi avons choisi de revoir Princesse Mononoke pour ce week-end! Qu'en dire... Pour moi, il fait partie des films aux personnages les plus complexes et aboutis du studio. Nous avons été frappé par la justesse et le traitement toujours d'actualité de la problématique de la cohabitation entre homme et environnement! Miyazaki avait déjà mis en image le questionnement de l'utilisation non raisonnée des ressources naturelles. Mon mari et moi avons tout deux été frappés de nous sentir moins en empathie avec Lady Eboshi que lors de nos précédents visionnages. Certes - Spoiler:
elle offre une nouvelle vie décente à des laissés pour compte de la société, lépreux et anciennes prostituées, mais nous avons été plus choqué qu'auparavant de son manque de considération pour la forêt et certains de ses hommes, envoyés en première ligne lors de l'assaut final des sangliers d'Okoto!
Toujours émue par le final en demi-teinte, avec - Spoiler:
la mort des dieux (Okoto, Moro, le Dieu-cerf,...), mais le reverdissement de la colline et la présence du kodama qui laissent un petit espoir que les dieux ne meurent jamais, comme dit Ashitaka.
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| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5579 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 4 Déc 2022 - 20:51 | |
| J'ai revu Chihiro hier soir. J'avais dû le regarder juste une fois il y a plusieurs années. Je me souvenais de passages très précis mais pas de tout et notamment pas de la façon - Spoiler:
dont Chihiro et ses parents reviennent au point de départ, si je puis dire.
Je connais beaucoup mieux la musique de Hisaishi que j'écoute souvent et que je trouve magnifique Sans surprise, j'ai autant aimé que la première fois que je l'ai vu, même si je passe très certainement à côté de nombreux aspects de l’histoire, comme je ne connais pas bien les légendes et la mythologie japonaise. Mais ce n'est finalement pas très gênant et, pour moi, cela ajoute à la poésie du film. La petite Chihiro est très attachante, sa détermination et sa gentillesse lui permettent de se faire de nombreux alliés, si ce n'est amis, dans ce monde onirique et parfois hostile. Son évolution est plutôt intéressante puisque de petite fille assez peureuse elle parvient à affronter les événements avec courage, notamment pour aider Haku. Un personnage plus complexe que j'aime beaucoup aussi. Les autres personnages sont à l'image de l'univers du film, hauts en couleurs, certains sympathiques, d'autres ridicules ou un peu malveillants. Les dessins sont très beaux aussi et en parfaite adéquation avec la musique j'aime particulièrement le voyage en train |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Lun 5 Déc 2022 - 18:43 | |
| Très contente que tu aies revu avec plaisir Le Voyage de Chihiro! J'aime beaucoup la fin - Spoiler:
qui donne l'impression que Chihiro et ses parents font le même chemin dans le tunnel qu'à l'aller, entrainant le doute sur la réalité de son aventure, si ce n'était le reflet de son élastique qui nous confirme qu'elle a bien rencontré Zeniba et tous les autres personnages!
et comme toi le voyage en train, duquel se dégage un sentiment de nostalgie, bien soutenu par la musique de Joe Hisaishi. J'aime beaucoup la BO de ce film, notamment les pistes The dragon boy et The sixth station... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Lun 5 Déc 2022 - 20:36 | |
| C'est vrai que ce n'est pas indispensable de connaître les secrets de la mythologie japonaise pour être ensorcelé par ce merveilleux film ! Mais plus j'en ai appris et plus j'ai adoré y retourner de plus en plus profondément ! La fin est parfaitement miyazakienne, - Spoiler:
une séparation douce et pleine de la joie d'avoir fait une rencontre, qui ne pourra se renouveler, le ruisseau n'existe plus, les adultes qui n'ont rien vu ou tout oublié et l'enfant (une fille comme toujours...) qui sait bien que ce n'était pas un rêve, parce que les enfants, depuis Totoro, sont seuls à voir un univers qui se referme quand on grandit, avec tout ce que cela implique comme nostalgie !
Tout est dans l'acceptation de la perte mais dans le bonheur d'avoir connu, qui atteint son maximum dans " le vent se lève" ! |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| | | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Jeu 8 Déc 2022 - 0:57 | |
| Merci Vavyala !! Justement hier soir j'ai revu " le vent se lève", que je trouve à chaque vision plus beau, pus abouti, plus personnel, plus parfait en un mot ! On sent que Miyazaki y a mis tout son cœur, del'amour des mécaniques volantes à sa passion pour la paix. D'entrée la citation de Valéry est dite en français (j'adore l'accent japonais !! ) puis dite et redite, et le vent est là, qui balaie la prairie, fait s'envoler les chapeaux et provoque des rencontres... Il sera là au long du film, aux moments importants de la vie de Jirô... et on ne peut s'empêcher de penser à la tempête mondiale qui s'annonce... J'en avais déjà parlé à ma 1ère vision quelque part dans le topic "l' incontournable studio Ghibli" je ne l'ai pas retrouvé, mais l'avoir revu m'a ouvert d'autres horizons sur ce film. J'ai de nouveau été frappée - Spoiler:
par la magnifique façon de montrer sans le montrer vraiment le terrible tremblement de terre du Kanto en 1923, sans forcer sur les images de destructions mais en les soulignant de ces rugissements sourds d'un monstrueux fauve en colère.
j'ai encore mieux remarqué toutes les petites phrases prononcées incidemment qui parsèment le film et manifestent combien Miyazaki a une vision lucide et claire de ce qu'a été son pays dans ces horribles décennies (1910/20/30/45) et même s'il l'a payé très cher, Miyazaki ne l'en tient pas quitte ! La fin du film est bouleversante, traversée d'une grande tristesse et pourtant d'une joie profonde, lumineuse, et la dernière image - Spoiler:
est le visage de Jirô Horikoshi, l'ingénieur aéronautique, et ce visage est illuminé d'un sourire et d'un regard plein d'espoir, ses derniers mots sont pour remercier d'avoir connu l'amour, pourtant brisé dans sa fleur, et l'accomplissement de ses rêves : faire de beaux avions, comme un artisan son chef d'œuvre ! Les images précédant immédiatement cette dernière séquence nous montrent un spectacle dantesque de ruines métalliques noircies et tordues, déjà recouvertes d'herbes, et c'est en les traversant que Jirô et le comte italien arrivent au sommet d'une colline dominant une immense prairie d'herbes vertes ondoyantes sous le ciel miyazakien d'un bleu pur aux vastes cumulus éblouissants ! Le contraste n'en est que plus frappant !
Le sujet du film (construire des avions) pourrait être aride, mais Miyazaki en fait au contraire une recherche poétique et artistique, renforcée par la beauté et la perfection du dessin et de l'animation, - Spoiler:
soutenue par l'idée géniale de faire se rencontrer en rêve le jeune ingénieur japonais et le comte italien Caproni, promoteur de l'aviation. Ces séquences oniriques parfaitement assumées permettent d'alléger le propos initial, et c'est sur une de ces incursions au pays des rêves que se termine le film. Grâce à cette habileté scénaristique, il est permis de finir dans l'acceptation de la perte mais dans le bonheur d'avoir connu, pour me citer modestement ! Grâce au rêve, Jiro revoit sa femme et lui dit adieu, revoit Caproni, dans la lumière éclatante d'un matin d'été, où le vent est pur et doux, et où "il faut tenter de vivre..." Miyazaki doit sortir un autre film, celui-ci ne sera plus son testament, mais il a intérêt à faire aussi bien, sinon mieux, mais mieux ce serait difficile !!
Dernière édition par clinchamps le Lun 9 Jan 2023 - 0:39, édité 1 fois |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 16718 Age : 73 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Jeu 8 Déc 2022 - 1:54 | |
| Quel magnifique commentaire Clinchamps je ne savais pas que Le vent se lève était son dernier film. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28458 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Jeu 8 Déc 2022 - 19:07 | |
| Très beau commentaire Clinchamps ! Je compte justement le revoir ! |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Jeu 8 Déc 2022 - 21:25 | |
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| | | Léti Cat in a Magic Wood
Nombre de messages : 1975 Age : 42 Localisation : Sous le camphrier Date d'inscription : 09/10/2014
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 11 Déc 2022 - 10:41 | |
| Moi aussi, j'espère pouvoir trouver le temps de regarder le Vent se lève, que je n'ai regardé qu'une fois pour le moment Merci pour vos différents commentaires. Je vous rejoins sur tout ce que vous dites pour Chihiro. Celle-ci me touche beaucoup dans les débuts du film, et en particulier, sa panique quand ses parents disparaissent/se transforment, et surtout, qu'elle commence à disparaître. Et bien sûr, la scène du train est superbe, avec la musique d'Hisaïshi. Chaque fois que je traverse un pont de chemin de fer et qu'un train passe, je dis "voilà le train", personne ne comprend jamais la référence (sauf ma soeurette quand elle est là), mais ce n'est pas grave, c'est tout doux pour moi de penser à Chihiro dans ce moment-là Mais je n'ai jamais trouvé de train roulant sur la mer, à part dans d'autres animés :p Et ce que tu dis de Dame Eboshi, Vavyala, "m'amuse" un peu parce que j'ai eu exactement le chemin inverse lors de mon récent visionnage : je me souvenais surtout de son côté destructeur de la forêt, moins des aspects plus positifs (protectrice des femmes et des lépreux). C'est un beau personnage, je trouve. Et concernant les fins "à la Miyazaky", douces amères, je me souviens bien, dans ma jeunesse, avoir dit que c'était de très belles fins en fiction, mais que dans la vraie vie, ce serait quand même super triste de vivre cela (c'était la fin de Porco Rosso, en particulier, qui me faisait pense cela). Aujourd'hui que je suis plus "expérimentée" et que la vie a fait son œuvre, je vois bien que ces fins existent effectivement dans la vraie vie, qu'elles sont tristes et amères au début, que la douceur vient ensuite et aide à faire "passer la pilule" Et qu'on se dit que c'est toujours moins pire qu'une fin dramatique. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 11 Déc 2022 - 16:51 | |
| - Léti a écrit:
- Et concernant les fins "à la Miyazaky", douces amères, je me souviens bien, dans ma jeunesse, avoir dit que c'était de très belles fins en fiction, mais que dans la vraie vie, ce serait quand même super triste de vivre cela (c'était la fin de Porco Rosso, en particulier, qui me faisait pense cela). Aujourd'hui que je suis plus "expérimentée" et que la vie a fait son œuvre, je vois bien que ces fins existent effectivement dans la vraie vie, qu'elles sont tristes et amères au début, que la douceur vient ensuite et aide à faire "passer la pilule" Et qu'on se dit que c'est toujours moins pire qu'une fin dramatique.
Tu as tout à fait raison, la vie nous donne de ces fins douces-amères, c'est assez réaliste finalement... De mon côté, j'ai regardé un pré-Ghibli (le compte-t-on dans le marathon?) avec Nausicaä de la Vallée du vent. Le personnage de Nausicaä m'évoque une version féminine d'Ashitaka et certaines des réflexions qui le parsèment avoir été ensuite développées dans d'autres films de Miyazaki, comme si ce film était un préquel, un bouillon de cultures d'idées qu'il aura eu l'occasion de continuer à développer plus tard, en l'occurrence, l'Homme destructeur épaulé de ses dieux robots m'évoque Le château dans le ciel et les réflexions environnementales, Princesse Mononoke. On retrouve son goût pour les engins volants et quelques belles scènes contemplatives... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 11 Déc 2022 - 19:27 | |
| J'avais reconnu ta ban, Vavyala ! Tu as raison, il y a déjà là toutes les caractéristiques de Miyazaki : machines diverses (si tu voyais l'horloge qu'il a fabriquée à Tokyo ! ) écologie, pacifisme et héroïne féminine mais qui n'a pas paur de grand chose !! |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 35758 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 11 Déc 2022 - 19:54 | |
| Merci pour vos retours les filles. Je suis en retard par rapport à mes objectifs J'espère arriver à visionner au moins un pour cette semaine. De plus, vous n'arrêtez pas de me tenter avec tous ces titres évoqués Je sens que ma liste va s'allonger. |
| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5579 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Dim 11 Déc 2022 - 20:33 | |
| J'ai regardé aussi Nausicaä de la Vallée du vent ce week-end même si le film est réalisé avant la création du studio, c'est quand même presque un Ghibli, puisque dans mon souvenir il s'agit des mêmes personnes aux commandes et qu'il y a, comme vous le dites, toutes les thématiques favorites de Miyazaki qui sont déjà bien là ou en germe C'est en fait le premier que j'ai vu, lorsqu'il est ressorti au cinéma en France. C'est une copine fan du Japon qui m'y avait trainé. Je l'avais trouvé un peu bizarre mais j'avais bien aimé et c'est ce film qui m'a donné envie de me lancer dans le reste de la filmographie de Miyazaki, donc cela me semblait important de le revoir dans le cadre de notre marathon Après revisionnage, je l'ai trouvé assez daté "dessin-animé des années 80", avec le côté science-fiction, les créatures bizarres, la façon de parler des personnages, les petites jupettes courtes mais le film est très beau quand-même et son message est très fort (écologie et pacifisme comme tu le dis Clinchamps) et la musique déjà magnifique J'hésite maintenant sur le prochain que je vais regarder |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Lun 12 Déc 2022 - 19:52 | |
| J’ai vu, revu plutôt, « le conte de la princesse Kaguya » qui, comme tous les chefs d’œuvre, gagne de la profondeur et de la valeur à chaque re-vision. Dans le Japon médiéval, un coupeur de bambou trouve dans un gros bambou lumineux une adorable petite princesse qui devient un bébé... Il le ramène chez lui et sa femme et lui vont l'élever... Un jour pourtant, le lieu d'origine de la princesse le réclamera... Ce film est extraordinaire à plus d’un titre. 1 - C’est la dernière œuvre de Isao TAKAHATA, indissociable figure de Ghibli, dont il était l’âme peut-être encore plus que Miyazaki, bien que plus discret, parce que tout le monde connaît Miyazaki, la lumière étincelante, mais il y avait Takahata, et ce sont ces deux-là (avec l'aide du producteur Toshio SUZUKI), comme les deux face d’une médaille, qui ouvrent Ghibli avec Totoro pour l’un, et " le tombeau… "pour l’autre !! Quelle image déjà, quel symbole que ces deux visions du Japon si opposées et si complémentaires ! 2 - Princesse Kaguya est très original par son dessin, fait à l’aquarelle à la manière des layout servant d’outil de travail aux animateurs (voici un exemple de layout du Château ambulant ) - Spoiler:
...et un dessin du film : - Spoiler:
Ce style particulièrement simple et épuré, lumineux, donne une grande clarté sans pour autant nuire en rien à l’humanité des personnages, à l’expressivité de leurs visages… L’animation est parfaite, fluide, légère, précise et donnant superbement vie aux dessins, si les dessins sont simples il ne manque pas un geste, un sourire ou un clin d’œil à l’animation ! 3 - Le choix du sujet, comme souvent avec Takahata, part d’une source extérieure, ici un conte populaire du folklore japonais mis en littérature au Xe siècle, et parfaitement connu encore aujourd’hui. Ce conte est considéré comme le texte narratif japonais le plus ancien. Le texte, en prose, est écrit entièrement en kana, (c'est à dire sans kanji, idéogrammes chinois)dans une langue très simple. Il n'a pas d'auteur connu et tient une grande place dans le folklore japonais. Takahata s’est servi de la magie du conte pour nous plonger d’une façon élégante dans la vie campagnarde ou dans les coutumes de la cour impériale du Japon médiéval. 4 - Takahata fait apparaître d’une façon claire et que je n’avais pas remarquée jusque là, parce que discrète, la double religion du Japon : le shintô pour toute l’enfance de Kaguya, puis le moment venu du départ, c’est l’image de Bouddha qui apparaît, ce qui m’a rappelé la phrase des Japonais : « on naît shintoïste et on meurt bouddhiste ». C'est la première fois que ce dualisme est si clairement exprimé à ma connaissance. 5 - Une fois encore HISAISHI Joe a composé une musique magistrale parfaitement en accord avec le sens profond du film : simplicité des gens de la campagne, magie du conte, sentiments de perte, utilisant à la perfection la sakuhachi, (flûte de bambou) au son si nostalgique… Le thème principal chanté ("La Mémoire de la vie" / "and Life memories") est écrit et interprété par Kazumi Nikaido, également nonne bouddhiste à Hiroshima. 6 - Takahata a cré le mariage parfait entre les personnages du conte et le simple cœur humain de tous les temps : l’amour des parents, le chagrin de la mère, un amour d’enfance, la question de ses origines… Comme pour « le vent se lève » de l’ami Ayaho on a ici l’accomplissement de toute une carrière qui a brillé par un génie inventif et une variété de tons et de styles unique, une boucle parfaite de son œuvre chez Ghibli, s’ouvrant sur Le tombeau des lucioles et se refermant sur ce chef d’œuvre ! L’alchimie Takahata/Miyazaki fait que Ghibli a été, est et sera toujours unique, aussi magnifiques et bourrés de talent que soient les plus récents animateurs japonais, (et il y en a !)la magie Ghibli restera unique et irremplaçable ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28458 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 13 Déc 2022 - 20:38 | |
| Merci pour ce beau commentaire clinchamps! Tu donnes envie de le revoir... Ce film m'a laissé le sentiment d'une grande tristesse à la fin (je me souviens avoir pleuré), mais une tristesse plus douce que celle du Tombeau des lucioles, car de nature différente... Il y avait beaucoup de choses que je ne connaissais pas dans ton commentaire (sur l'histoire du conte et la réalisation), d'autres que j'avais oublié (comme le fait que Joe Hisaishi ait fait une BO pour Takahata ). Pour le graphisme de ce film, il m'évoque plus des peintures que du layout, mais comme je m'y connais peu en technique picturale, cela n'engage que moi. Je me permets juste de corriger que le premier film d'animation de Miyazaki aux studios Ghibli n'est pas Mon voisin Totoro, mais Le château dans le ciel me semble-t-il. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 13 Déc 2022 - 20:53 | |
| Tu as tout à fait raison, Totoro a été réalisé 2 ans après Le château dans le ciel ! Mais il n'est sorti en France que beaucoup plus tard, après Totoro. J'ai toujours tendance à penser que Totoro a porté Ghibli sur les fonts baptismaux, si je peux dire en fait non, c'est " le château dans le ciel", mais il a eu une beaucoup plus petite audience, Ghibli ayant peu de moyens ! Pour les dessins, oui, je me suis mal exprimée, ce ne sont pas les layouts mais Takahata voulait en retrouver la légèreté de coloris et la transparence, mais ils sont bien plus élaborés, bien sûr ! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 71370 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 20 Déc 2022 - 15:56 | |
| J'ai revu " le tombeau des lucioles" en même temps que Rosalind, elle chez elle et moi chez moi, ce qui signifie qu'on n'a rien échangé en cours de visionnage mais qu'on a eu un debriefing de deux heures après !! Il est d'usage de dire de ce film " c'est un chef d'œuvre, mais je ne le verrai pas deux fois !" Et pourtant !! Pourtant je ne saurais trop vous conseiller de le revoir, car après le choc émotionnel de la première fois, en y entrant plus en profondeur, on ne peut que ressentir d'une façon saisissante la belle humanité de Takahata. J'ai lu -après- la longue nouvelle dont le film est inspiré " la tombe des lucioles" de Akiyuki Nosaka, histoire semi- autobiographique. L'auteur a vécu la même chose sauf qu'il a survécu, alors que la première image du film montre Seita, jeune garçon de 14 ans, qui nous regarde droit dans les yeux en plan américain, et nous dit " la nuit du 21 septembre 1945, je suis mort" Eh bien le livre est bien plus dur, plus sec, plus amer, car l'auteur porte le traumatisme du survivant. Pourtant le film n'édulcore rien, ne travestit rien, et les premières images - Spoiler:
de ces corps abandonnés au ramasseurs d'ordures dans la gare sont sans fard, mais sans voyeurisme non plus, ni effets mélodramatiques.
Au passage je souligne la musique parfaite de sobriété et de grâce de Michio Mamiya. Mais Takahata, dans une idée de génie, parmi les séquences au dessin et aux couleurs lumineuses de la vie des enfants, sème parfois une image à dominante rouge, comme éclairées par les flammes du terrible incendie qui ravagea Kobe sous les bombes incendiaires. Ces images (comme d'ailleurs la toute première en ouverture) figurent l'esprit toujours présent des enfants, et permet d'adoucir la cruauté de leur sort... Setsuko est toujours là, - Spoiler:
et c'est vers elle que va aller son frère ensuite, et ils partiront dans un train aux voyageurs eux aussi en route vers un autre univers...
J'avoue que lors de ma première vision, j'avais été aveuglée par les larmes (et la douleur de ce récit) je n'ai compris tout ça que des décennies après, quand j'ai osé le revoir... Alors oui, prenez le temps de vous y replonger. Et mine de rien, sans avoir l'air d'y toucher, Takahata sait parfaitement nous faire comprendre le lavage de cerveau auquel les Japonais ont été soumis durant les années de guerre, à travers la réaction de Seita à l'annonce de la reddition sans condition du Japon... Takahata a centré le film sur les deux enfants, mais sans oublier de les environner de la réalité humaine, pas toujours compassionnelle hélas... La petite fille est plus vraie que nature, touchante et agaçante comme n'importe quel enfant de cet âge, - Spoiler:
qui ne comprend qu'une chose : l'absence de sa mère...
Sorti en 1988, le film fut un flop retentissant, qui faillit couter la vie au tout jeune studio Ghibli sauvé par le méga succès de " mon voisin Totoro" qui lui, amena de belles recettes. Les deux hommes, Takahata et Miyazaki, avait réussi là à affirmer leur refus de toute concession, leur dissemblance et leur originalité, créant ce studio mythique que fut Ghibli. Le tombeau des lucioles eut une reconnaissance d'estime au Japon, puis connut la gloire en arrivant en Europe, où la critique l'encensa et le public le plébiscita. Il reste aujourd'hui l'une des plus parfaites réussites du monde de l'animation japonaise, lui même étant le meilleur du domaine. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4439 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 20 Déc 2022 - 17:43 | |
| Merci clinchamps pour ce très beau commentaire sur Le tombeau des lucioles! Je ne savais pas que le film avait fait un flop au Japon. Je ne doute pas que ce film gagne à être revu, mais j'avoue que je ne me sens pas encore capable de le revoir... |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28458 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 20 Déc 2022 - 18:49 | |
| Merci pour ce beau commentaire, Clinchamps ! J'aimerais bien le revoir, mais je sais déjà qu'il faudra prévoir des mouchoirs |
| | | Léti Cat in a Magic Wood
Nombre de messages : 1975 Age : 42 Localisation : Sous le camphrier Date d'inscription : 09/10/2014
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mer 21 Déc 2022 - 21:05 | |
| Merci Clinchamps, pour tes commentaires sur la Princesse Kagura d'une part, et le tombeau des lucioles d'autre part ! Je te rejoins sur tout. Et j'ai été déçue, car je pensais vraiment avoir le dvd (du tombeau), et en fait, il doit être resté chez ma soeur ; et je pensais qu'il était disponible sur Net*ix, et en fait, non (ils ont dû penser que c'était trop triste,que personne n'allait le regarder ? Si oui, dommage !). Du coup, ce sera pour uen autre fois ! Par contre, j'ai revu L e Vent se Lève, et j'ai beaucoup apprécié - Le vent se Lève:
Je ne l'avais regardé qu'une fois. Mon regard était donc resté relativement neuf.C'est un film où on sent bien la maturité de son réalisateur. Pas de grands effets ici (à part la scène du tremblement de terre, superbe !), ni de fantastique (mais il y a de l'onirique ). Et bien sûr, cette thématique du vent chère au Maître. Je trouve intéressante cette absence de jugement sur le héros du film (un homme, pour une fois ! ), dont l'art sert quand même à porter des armes (et je n'ai pas vraiment senti de réflexion de la part de Jiro à ce sujet ?) et qui a des réactions qu'on pourrait considérer comme égoïste (fumer à côté de sa femme malade, par exemple). Mais c'est un artiste, n'est-ce pas
Pour le reste, je rejoins absolument le commentaire de Clinchamps. - spoiler fin du film:
la fin du film est très belle, en effet, ce qui est un peu un tour de force au vu de la fin en question !
Dans un registre plus léger, j'ai revu aussi Porco Rosso Pour le coup, je le connaissais par coeur, mais j'aime toujours autant, que ce soit pour les images, les voix, la musique... . - Porco Rosso:
Rien que la scène d'ouverture avec les gamines otages est tordante ! Et j'aime beaucoup le personnage de Fio Pour moi, ce film est emblématique des fins douces amères chères à Myazaki. Gina m'a un peu plus "énervée" que lors de mes précédents visionnages, on change Cela reste un beau personnage et j'aime beaucoup son interprétation du temps des cerises
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| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28458 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Jeu 22 Déc 2022 - 19:54 | |
| Ah Porco Rosso, mon préféré avec Totoro ! |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 35758 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 27 Déc 2022 - 17:17 | |
| Désolée, je n’étais pas très présente, ces temps ci. J’ai cependant lu régulièrement, vos retours et je suis contente et de voir que ce topic vit de ces retours :heart : J'ai essayé de ne pas me faire spoiler et ma PAV a considérablement grossi depuis Pour ma part, j’ai regardé Omoide Poroporo, aka Souvenirs goutte à goutte et j’ai eu le même enchantement, voire un peu plus, que pour la Colline aux coquelicots C’est extraordinaire de voir vibrer autant, des sujets pourtant si simples, qui peuvent ressembler à des quotidiens de beaucoup sur cette planète. Il y a cependant dans ce film comme une profondeur particulière, qui rend tout ce que font ou disent les personnages, sensible, touchant, empreint d’une grande subtilité, pour ne pas dire « pudeur ». C'est ce qui nous happe du début jusqu'à la fin. Dans sa quête, sa réflexion sur l’existence, l’héroïne se cherche, sans en avoir l’air, pourtant. Ça ressemble à une escapade de vacances, semblable à toutes les escapades des jeunes ou moins jeunes. Mais, ses questionnements qui puisent leurs source dans son enfance, distillée goutte à goutte, avec des retours dans le présent, se rassemblent et vont petit à petit lui ouvrir les yeux et l’éclairer sur ce qu’elle est devenue. On rit beaucoup, mais avec une grande tendresse, du comportement des filles et des garçons face aux découvertes de leurs transformations biologiques, mais on grimace face au comportement d’un père statique qui n’ouvre la bouche que pour ordonner ou interdire, une mère quasi inerte face à cette autorité, et la solitude d'une gamine qui semble pourtant pétillante et passionnée, dès qu'elle se retrouve seule. Solitude qui se révèle contemplative et salutaire, dans un autre contexte ouvert sur une nature envoûtante par ses splendides décors. La vie rurale, si dure, trouve une récompense dans les jeux facétieux de la nature et les fleurs de carthame, habillent le quotidien de couleurs somptueuses. Un film finement ciselé, depuis les personnages, jusqu’aux dialogues, en passant par le rendu d’un contraste bluffant entre la ville et la campagne. Un vrai poème Je passe au suivant,(??? ) et j'avoue que l'expression "embarras du choix", trouve tout son sens ici
Dernière édition par Ysabelle le Mar 27 Déc 2022 - 19:05, édité 1 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 28458 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli Mar 27 Déc 2022 - 18:57 | |
| Quel beau commentaire que je partage entièrement, Ysa !! J'avais été émue par la sensibilité et la nostalgie de ce film et son héroïne à laquelle on peut facilement s'identifier |
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| Sujet: Re: Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli | |
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| | | | Marathon Animation japonaise, Studio Ghibli | |
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