GEORGE ELIOT : Middlemarch

Bah Fred/Mary m'ont ennuyée dans le sens où l'issue est prévisible dès leur première scène... Cependant c'est interessant si on met Fred et Lyndgate en parallèle : ils ont exactement la trajectoire inverse  

Dorothea est assez complexe, si mes souvenirs sont bons je n'avais guère aimé ce personnage dans les premiers temps du roman, me demandant ce qu'elle pouvait bien trouver au très désagréable et érudit Casaubon. Par la suite, elle prend du recul par rapport sa situation et mûrit, tout en conservant sa part de mystère. Ladislaw est sympathique, surtout sous les traits séduisants de Rufus Sewell   .

Bonne lecture Zoju, on a un peu l'impression de commencer à gravir un sommet en l'entamant   , c'est une plongée très intéressante dans la société provinciale de l'époque.

J'ai vraiment beaucoup aimé Ladislaw   (et quand j'imagine Rufus Sewell, je suis encore plus tentée par l'adaptation   )

Enfin, je suis parvenue au bout du pavé.
J'avoue que les 1100 pages sont lourdes à passer, il faut tenir sa motivation intacte tout du long, et ce n'est pas aisé ( mais j'ai eu du soutien   , que je remercie au passage).
J'ai véritablement souffert dans la première moitié et je me suis même posé la question de l'abandon, ce qui m'arrive assez rarement, mais j'ai tenu jusqu'au bout, et au final, je ne regrette absolument pas.
La deuxième moitié est beaucoup plus entraînante et dynamique, et on maitrise enfin les personnages.
Car la difficulté réside dans le fait qu'il y a pléthore de personnages, entre les principaux qui constituent déjà une bonne équipe , et les secondaires,  qui constituent un village,ou du moins une petite société '..., il y a de quoi s'y perdre.
Le style est assez complexe, pas fluide. Je m'en rends compte en passant à une autre lecture que je trouve d'une simplicité déconcertante en comparaison.
Une autre difficulté a été pour moi, la lecture des scènes collectives avec des discussions de village , avec de nombreux personnages. Je pense que ce genre de scène est  tout à fait abordable en film, mais en livre: misère.

Ceci dit, une fois les 600 premières pages avalées, j'ai fini par y prendre goût. J'ai même été tenue en haleine par les histoires des différents couples. J'ai palpité en même temps que LYdgate, dans ses déboires conjugaux, financiers, et  et ses scandales. Il était  un peu mon chouchou dans l'histoire.
 La fin est juste grandiose, je veux parler des scènes qui se passent dans le logement du médecin, entre Dorothea, Rosy, Lydgate, et Will. Ces scènes sont l'apothéose du livre.

Bon, ça ne va pas non plus rester mon livre de chevet favoris, mais au final, je suis assez fière de moi, de l'avoir lu, et même apprécié.
J'ai même commandé le dvd, dans la foulée.

C'est vrai que la lecture de ce roman labyrinthique demande de la persévérance, mais au final on éprouve une vraie satisfaction pour avoir tenu bon, ce que je n'ai pas pu faire pour "le moulin sur la Floss" ou "Daniel Deronda", à ma grande honte !!!  Merci en tous cas pour ton avis, Zoju, que je partge tout à fait ! et l'adaptation n'est pas mal du tout !  

Merci pour ton avis, Zoju !  C'est étrange, car même si je me souviens que ce livre présentait quelques longueurs (notamment certains passages que tu as mentionnés), je ne me suis pas ennuyée   Mais je comprends tout à fait ton point de vue  

J'ai commencé ce livre deux fois et arrêté deux fois. Je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire. Pourtant, ce qu'en dit Zoju, m'encourage à retenter une troisième lecture. Je vais essayer ça cette année.

j'ai lu Middlemarch et Daniel Deronda et malgré qq longueurs j'ai beaucoup apprécié ces livres, ça vaut le coup de s'accrocher!

sortie du dvd de la série Middlemarch par Koba en novembre 2016

Quelle excellente nouvelle, moi qui voulais absolument découvrir l'adaptation après avoir adoré le livre !

Merci pour l'info

J'ai commencé Middlemarch dans le train dimanche et... j'avoue que je stagne lamentablement autour des 300 pages Je trouve tout de même les personnages intéressants (même si je dois dire que les aspirations spirituelles de Dorothea me dépassent complètement un peu ), et je trouve que l'auteure décrit avec finesse le caractère de chacun des personnes ainsi que le rôle de femmes dans la société du XIXème siècle (certaines choses sont d'ailleurs encore, voire plus que jamais d'actualité de nos jours ), mais la narration assez alambiquée et émaillée de références antiques ou bibliques me fatigue un peu Mais je persévère en me disant que j'avais rencontré les mêmes difficultés de lecture avec Daniel Deronda mais que j'avais finalement beaucoup aimé ce roman ^^
Pour l'anecdote, j'ai été très amusée de voir qu'un personne s'appelle Casaubon car c'est un nom de famille très répandu autour du petit village de mes grand-parents dans les Hautes-Pyrénées, mais je ne savais pas qu'il s'était exporté outre-Manche !

Ah oui, persévère, Fauvette J'espère vraiment que tu rentreras enfin dans l'histoire

Je suis ce topic avec attention, car je suis toujours tentée de lire George Elliot, jamais lue encore, et dont ma biblio possède Middlemarch en anglais ; je passe devant de temps en temps, mais pour l'instant je ne me suis jamais décidée ...

Je pense que ce roman bénéficie du statut "attrayant et impressionnant" . Son volume peut faire peur, mais franchement sa lecture est intéressante. Indéniablement il y a des longueurs, compensées par des personnages intéressants et attachants et un milieu provincial bien dépeint. Si je me souviens bien, les pages avaient défilé assez rapidement.
Si tu te décides à le découvrir un jour Petit Faucon, je suis d'ores-et-déjà preneuse de ton retour .

D'ailleurs, as-tu poursuivi ta lecture Fauvette ? Je pose la question en espérant ne pas remuer de couteau dans une plaie .

Tatiana a écrit:

D'ailleurs, as-tu poursuivi ta lecture Fauvette ? Je pose la question en espérant ne pas remuer de couteau dans une plaie .

Euh...oups ?
J'avoue que je n'ai pas eu le courage de m'y replonger, et étant un peu en panne côté lectures en ce moment, ça attendra encore un peu malheureusement (mais je n'abandonne pas tout à fait, un jour peut-être...? )

Connaissant un peu ton goût pour la littérature victorienne je suis sûre que tu t'y remettras un jour
Tu as lu Daniel Deronda, qui me fait peur, je l'avoue. C'est pour cela qu'il patiente sur mes étagères depuis... 7 ans .

Un premier ressenti sur Middlemarch de George Eliot, que je lis en anglais et sans notes (version électronique brute).
J'ai lu environ 1/6 je pense.
Pour l'instant c'est assez touffu, et je peine parfois à resituer les personnages : Farebrother / Featherstone

Je remarque que G Eliot fait pas mal d'allusions à la culture française, elle parle de la poule au pot de Henri IV par exemple, ça m'a étonnée.
Ensuite les jeunes gens : Dorothea et Fred, par exemple, ont une grande vérité psychologique ; je me suis pas mal retrouvée dans l'état d'esprit idéaliste et épris d'élévation spirituelle des 18 ans de Dorothea, qui aspire à une vie intellectuelle riche et se consume dans la société médiocre de son oncle Mr Brooke et de Sir James Chettam.

Pour Fred Vincy, j'ai noté par exemple cette citation :
"The difficult task of knowing another soul is not for young gentlemen whose conciousness is chiefly made up of their own wishes"
Et celle-ci, qui concerne la rencontre du banquier Bulstrode et du nouveau docteur Lydsgate :
"One can begin so many things with a new person - even begin to be a better man"

Voilà : lecture agréable mais je dois être attentive ...

Voilà je suis venue à bout de Middlemarch.

C'est quand même une somme ! un roman assez touffu, avec pas mal de thèmes et de personnages.
Je pense que c'est un très bon roman, et après réflexion il m'a fait la même impression que Mansfield Park, c'est à dire pas un roman que l'on retrouve avec plaisir comme un vieux pull confortable, mais une tranche de philosophie de la vie, un livre indispensable.

C'est aussi un roman où l'argent tient une place centrale : ceux qui en ont (Bulstrode, le vieux Featherstone, les Chettam) ceux qui n'en ont pas (les métayers), ceux qui aimeraient en avoir plus (le vicaire Farebrother, les Vincy, le Dr Lydgate), ceux qui sont contents de ce qu'ils ont (les Garth, Dorothea, Will Ladislaw). A Middlemarch comme ailleurs, on juge les gens à l'épaisseur de leur fortune ; par exemple il est dit à la fin par Mr Brooke que personne ne trouverait rien à redire sur Will s'il avait été riche ; au lieu de quoi on le traite d'Italien, de métèque, de juif  ...

La place de la femme est un sujet important ; Dorothea est bien sûr le personnage féminin fort du livre, l'introduction la présentant comme une sorte de Thérèse d'Avila moderne, qui aspire à réformer la société en élevant le niveau de vie des métayers, en assainissant leurs maisons, en donnant à leurs enfants une éducation gratuite. Elle aurait fait merveille en des temps troublés, mais elle végète au côté de son mari mesquin, sans générosité de coeur ni d'argent, et se consume.
A côté d'elle Célia est classique, une petite mère de famille gentille et pleine de bon sens.
Mrs Garth est la boussole de son mari, c'est elle qui tient les cordons de la bourse et qui mène le ménage, pour le bénéfice de son mari et de ses enfants.
Rosamond Vincy épouse Lydgate est l'anti-Mrs Garth, une femme-enfant obstinée et sans aucun sens commun, qui mène son ménage à sa ruine ; elle a l'excuse de l'éducation d'enfant gâtée que ses parents lui ont donnée, ainsi qu'à son frère Fred. Mais elle m'a énervée du début à la fin ... et Lydgate est bien puni d'avoir porté son choix sur la beauté plutôt que sur les qualités de coeur ou d'intelligence, d'avoir choisi une belle poupée blonde, comme de très nombreux hommes (cf Mr Bennett de P&P).

Les couples aussi sont un des sujets du livre :
- les couples heureux : Celia et James Chettam, Mr et Mrs Garth, les Vincy
- les couples inégaux dans lequel chacun a des aspirations différentes : Dorothea et Mr Casaubon, les Lydgate ; ceux-là reposent tous les eux sur un malentendu de départ, faute de discussions franches avec le futur conjoint sur les choix de vie.
- les couples qui ont l'air heureux mais qui reposent sur du vide : les Bulstrode ; cela est du au mensonge originel de Bulstrode, à sa vilenie originelle qu'il traine derrière lui toute sa vie.

C'est avec le couple Lydgate qu'on se rend compte que le mariage peut être une chaîne, Lydgate s'accroche à son couple et fait des concessions car il a épousé Rosamond pour le meilleur et aussi pour le pire ...

Voilà, ce sont quelques unes des réflexions que m'ont inspirées le livre ...

Merci, Petit Faucon, pour ce joli commentaire

As-tu visionné l'adaptation de Middlemarch par la BBC ? Je l'ai trouvée très fidèle au roman et le casting est excellent

Merci Juliette.

Non je n'ai pas vu l'adaptation mais je ne pense pas le faire. Je n'aime pas tellement les trahisons inévitables qu'apporte une adaptation TV à un bon livre. Et j'ai lu vos avis, d'où il ressort que l'adaptation n'apporte aucune dimension supplémentaire au livre.

En revanche j'ai vu qu'il existe une adaptation moderne et parlée en mini-série YT par une jeune étudiante américaine, qui raconte l'histoire face caméra, avec ses copains/copines. Il y a 73 épisodes de 2 à 7 minutes, j'ai commencé, c'est bien, j'aime beaucoup.

Spoiler:

Merci pour la vidéo, Petit Faucon

Merci pour ton retour sur ce roman-fleuve Petit Faucon.
Ta remarque sur le côté indispensable de cette lecture est très juste : bien que plus ardu que d'autres romans de la période victorienne il fait partie des immanquables. C'est une tranche des années 1830 chroniquée par George Eliot, un docu-fiction très riche si l'ont veut.

A te lire je réalise combien je me souviens peu des personnages, à l'exception de Dorothea (bien sûr) et de Lydgate et de sa belle Rosamund. George Eliot sait, comme ses consoeurs, créer de bien beaux personnages féminins.

Concernant les dérivés il y a aussi ce livre de Rebecca Mead, My Life in Middlemarch où l'auteure revient sur son appréciation du roman et ses apports. Je ne l'ai pas lu mais suis tentée.

Ah oui, merci de me l'avoir rappelé, je vais voir si ce My life in Middlemarch pourrait m'intéresser

J'ai fini ma lecture de Middlemarch et j'ai adoré. J'ai eu l'impression de revenir à Cranford ou dans tout roman anglais se déroulant dans l'Angleterre rurale.

Je trouve l'écriture de George Eliot un peu obscure parfois, notamment dans ses entames de chapitres, mais elle a aussi beaucoup d'humour même si ce n'est pas l'aspect du livre le plus présent.

En bonne historienne de formation, j'ai adoré les passages sur la réforme religieuse, la médecine, même si je suis loin d'avoir tout saisi. J'hésite à lire La Société anglaise édité chez Points pour celles et ceux qui passaient les concours de l'enseignement il y a quelques années, je pense que beaucoup de subtilités m'ont échappé et pourraient m'aider dans mes prochaines lectures victoriennes.

Les personnages sont très bien croqués. J'ai apprécié qu'il n'y ait pas vraiment de bons ou de méchants. Il y a de l'égoïsme, de la lâcheté, du paternalisme, du ridicule, de la naïveté, mais à part Raffles (et encore), j'ai trouvé les personnages tout en nuances. Les mariages ne fonctionnent pas parce que les époux sont mal assortis, si mes souvenirs sont bons, dans Daniel Deronda on est à un autre niveau.
Dorothea est un très beau portrait de femme. Elle est un peu trop sûre d'elle au début, mais avec la maturité elle s'affirme comme une femme bien plus solide que ses proches masculins. Mary Garth, bien que discrète et bien moins en position de force que Dorothea, est un peu dans cette veine là face à Fred.
Chez les hommes, Lydgate, forcément, a recueilli ma sympathie. George Eliot n'est pas tendre avec lui. Il n'est pas exempt de défauts (son attitude avec sa femme m'a bien agacée par moments), mais l'accumulation des ennuis qui lui tombent dessus est cruel.

La taille du livre me faisait peur, mais je ne m'y suis pas ennuyée une seconde. Je me sens d'attaque pour ses autres livres maintenant, même s'ils semblent plus tristes.

Ravie de voir que tu as adoré Middlemarch, Miss Ho ! Je te conseille aussi la mini-série BBC avec Rufus Sewell

misshoneychurch a écrit:

J'ai apprécié qu'il n'y ait pas vraiment de bons ou de méchants. Il y a de l'égoïsme, de la lâcheté, du paternalisme, du ridicule, de la naïveté, mais à part Raffles (et encore), j'ai trouvé les personnages tout en nuances. Les mariages ne fonctionnent pas parce que les époux sont mal assortis

Entièrement d'accord avec toi sur les personnages et les couples !