Miss Charity

le personnage de Tabitha, dont la folie me semble un peu décalée dans l'univers du livre ; idem pour ce qui arrive à Mademoiselle Blanche ; l'avortement de la petite bonne, qui semble aller de soi ; la fin, que je ne voyais pas exactement comme ça, étant donné que j'avais vu le film Beatrix Potter il y a quelques mois, et dont l'intrigue est sensiblement différente (au passage, j'ai bien aimé ce film, dont je n'attendais moi non plus pas forcément grand chose).

Le côté sombre auquel tu fais allusion (la folie de Tabitha, la mésaventure de Blanche) ne m'a pas parue être en décalage avec le reste du récit. Au contraire, je trouve qu'il donne de la profondeur au roman.
J'ai aussi été ravie que MA Murail prenne le parti de donner une autre fin à son histoire que celle de Miss Potter (je ne rafolle pas de ce film, à vrai dire). Déjà, si elle avait suivi point par point la biographie de cet auteur, on aurait pas eu Kenneth, l'amour du théâtre, et tout ce qui fait pour moi la saveur du roman

le changement de fin par rapport à la biographie de Miss Potter ne m'a pas tellement gênée (il y avait du coup un élément de surprise bienvenu),

Mais en même temps, le coup de l'hôpital psychiatrique, même si cela correspond à la réalité de l'époque, j'ai trouvé ça un peu "tire-larmes" : bref, ce n'est décidément pas mon passage préféré, même si je conçois très qu'on puisse ne pas être d'accord avec moi.

D'ailleurs quand les deux personnages que je viens d'évoquer ont besoin d'être secourus par Charity, je trouve qu'elle tarde pour réagir, ce qui a des conséquences assez catastrophiques. Je sais bien qu'elle n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre, mais quand même.

ce dernier nous dit être tombé amoureux de Charity dès le début, ce que je crois volontiers, mais une fois de plus, on a affaire au-séduisant-jeune-homme-qui-sait-voir-au-delà-des-apparences, une morale qu'on retrouve souvent dans les contes de fées. A force, je trouve ça un peu... convenu.
C'est peut-être plus cela qui m'a gênée à la fin du livre, plutôt que le changement par rapport à la biographie de Beatrix Potter, qui au fond m'est bien égal.

Je n'avais aucune idée à quoi m'attendre. Les ressemblances avec Béatrice Potter m'ont beaucoup surprise et d'abord mécontentée. Ensuite je m'y suis faite assez vite d'ailleurs.
C'est incroyable de se dire que c'est un roman jeunesse! On voit bien que la vie est loin d'être belle et rose :
Tabitha qui peu à peu sombre dans la folie et que Charity, même si c'est dur à dire abandonne.Mais quel pouvoir avait-elle en même temps? Aucun;
Les mésaventures de Mademoiselle ou l'avortement de la petite bonne...Charity a-t-elle seulement réellement compris ce qui s'était passé? Je ne le crois pas.
Et enfin elle même, qui grandit et commence à vieillir avec deux choix: ou se marier ou devenir vieille fille comme tante Janet condamnée à tricoter et s'occupper de enfants des autres. De se marier, elle a peu de chance, puisqu'elle est considérée au mieux comme une idiote, au pire comme une vraie folle qui récite du Shakespeare au milieu d'un zoo miniature (admirez la folle!)

Spoiler:

Mais reprenons du début.
Le style est magnifique, fluide, beau et parfait.
Elle a beaucoup d'humour qui se ressent dans les personnages secondaires. Le père de Charity par exemple qui déclare quand la bonne part "enterrer" sa mère et que Madame Tiddler fait remarquer qu'elle a déjà perdue et enterré sa mére: Autant que les choses soient bien faites.
Je ne sais pas pour vous, mais moi j'ai éclaté de rire.
Rien que le début même du roman est tordant. Charity qui a 5 ans voit sa vie toute changée parce qu'elle peut enfin (ENFIN!) répondre comme son père à sa mére qui se demande si elle va à nouveau l'emmener à l'église:
Je ne pense pas.

J'aimais beaucoup aussi Phillip et j'ai beaucoup regretté sa mort. Même si il était un peu trop orgueilleux (mais on l'a élevé à être ainsi seul fils et héritier choyé par sa mère...^^)
Il m'a beaucoup émue avec son début d'amour pour sa cousine, elle que personne ne regardait jamais. Lui va vraiment a dela des apparences. Il le dit d'ailleurs, ce qui lui plait chez une femme,c'est qu'ils se comprennent. Puis quand il tente de lui tenir la main. C'était tellement adorable comme facon de faire. Et la peur qui s'allume dans ses yeux quand il comprend qu'il est condamné. Cela doit être terrible de se dire cela à 20 ans quand tout est sensé commencer.

Ce qui m'a plu chez Charity, c'est cette facon de se chercher. Elle ne veut pas être comme ses cousines, ne veut pas flirter, mais ne veut pas être vu comme une vieille fille avant l'âge. Elle est trop en avance dans son époque(Mon dieu j'ai adoooooré Shaw qui dit qu'il est troublé de la voir sourire dans cet habit d'homme. Et elle qui commence à s'inquiéter Je vais me renseigner sur cet auteur, elle est une femme moderne, ni femme au foyer ni vieille fille! Puis voir grandir un tel personnage (même si elle m'enervait parfois avec ses animaux...(je n'aime pas trop les animaux moi )) est toujours un plaisir.

Mais pour moi le personnage phare de ce roman, c'est Kenneth.
On le voit d'ailleurs dès le début, dés qu'il est là plus personne n'existe. Il a un charisme et une présence incroyable, c'est un acteur né.
Et le voir petit à petit apercevoir Charity, s'interresser à elle et finir par tomber amoureux, c'est vraiment délicieux. Si elle n'avait pas été à lunatique et toujours à 4 pattes,il ne l'aurait pas remarqué. Elle lui parlait sans minauder (cela devait être reposant pour lui ) sérieusement sans le prendre ni de haut ni de bas.
Et on voit qu'il souffre de sa position de ni noble, ni homme du peuple, même si il fait toujours le pître. Quand il déclare en criant qu'il en a assez de faire rire ses "supérieurs" et qu'il veut les faire pleurer! C'est bien la preuve qu'il en a assez de faire le clown. Mais il n'est pas fait pour la tragédie, hélas pour lui.

Ce qui est assez étonnant, c'est le temps qu'il met à se déclarer. Lui si téméraire est tellement timide face à Charity et pourtant toujours à ses ordres.(elle l'appelle et il accourt, même si c'est peu aimablement.) Et cette phrase qui veut dire tout à fait autre chose:
Quand cesserez-vous de vous interressez aux rats, aux folles et aux filles perdues dites? et qui veut dire: Mais quand donc allez-vous vous interressez à moi et voir que je vous aime à la folie non d'un chien?

Puis il a tellement d'humour (mon dieu quand il glisse au gardien de l'asile qu'il reconnait l'infante et que lui même est le Roi d'Aragon ! Moi comme Charity, je le voyais le moment ou on allait les interner! Ou bien le jour de leur mariage ou il l'embrasse et qu'il ose dire après: Un peu de dignité voyons Miss Tiddler!
Leurs conversations sont pleines de piquants, surtout quand ils s'amusent à citer à qui mieux mieux Shaw et Wilde. Et toujours toujours elle se trouvera à 4 pattes par terre et toute sale quand il arrive. Et le Vous m'offensez Miss Tiddler quand elle veut lui rendre l'argent!
Cet homme est presque parfait!

Charity rougissant : j'ai à vous parler
Kenneth : Vous voulez me dire que vous m'aimez?
Charity ne rougissant plus du tout : Vous prévenir ....