Le fantôme de l'Opéra

Pathétique ? Oui, sans doute dans le sens mélodramatique

Ohla, je débarque en pleine conversation très intéressante avec Bexounet

Le POTO est-il amoureux, ne l'est-il pas ?... Difficile à dire... Mais là, je vais parler uniquement du livre, si vous permettez.
Bien entendu, il y a cet aspect Pygmalion : il est amoureux de ce qu'il a créé, façonné, ça c'est certain. Mais Erik aime Christine dans le sens où elle répond à son ambition d'amour hors-normes : elle est en effet l'objet de toutes ses attentions, ou plutôt d'une forme d'obsession complète. Si Christine y répond dans un premier temps, c'est parce qu'elle se croit touchée par une grâce venue d'un autre monde (de l'au-delà en fait, puisqu'elle croit parler à l'ange de la musique envoyé par son père défunt)... A partir du moment où la Voix devient un homme de chair et de sang, l'aspect purement fantastique et angélique de la relation n'a plus cours. Si Christine continue à vivre encore sous son emprise, c'est parce qu'elle n'a plus le choix, car elle a vu son visage, et parce qu'elle est suffisamment pleine de bonté et de compassion pour ne pas vouloir le trahir. Dans le roman, Erik la laisse retourner à l'opéra et vers Raoul pendant qu'il compose... C'est d'ailleurs à ce moment que Raoul lui demande si elle aurait aimé Erik s'il n'avait pas été défiguré... Elle élude complètement la question, plutôt confuse d'avoir des sentiments très ambivalents à ce sujet. (Et là, on se trouve entièrement dans le schéma du mythe de la dualité de Perséphone dans la mythologie grecque et de son attachement à la fois au monde des vivants et au monde souterrain).

Si Christine éprouve une certaine forme d'amour pour le fantôme, ne fut-ce qu'en raison de la fascination qu'il exerce, on peut en effet s'interroger sur les sentiments d'Erik. Il est littéralement obnubilé par ses états d'âme, c'est un véritable narcissique, entièrement tourné vers sa propre souffrance, complètement sourd à la détresse des autres. Jusqu'à la fin, je ne pense pas qu'il ait une quelconque faiblesse ou une quelconque bonté qui le rendrait touchant. A ce moment, il aime en Christine l'image qu'elle renvoit, cette image même qu'il a créée.
Pour moi, c'est lorsqu'il laisse Christine s'en aller qu'il pense enfin à quelqu'un d'autre qu'à lui. La scène qui se déroule chez le Daroga à la fin est très émouvante. Il ne pleure plus égoïstement sur son sort, et la preuve en est qu'il n'assume plus le fait de vivre après toute la souffrance qu'il a engendré. Il meurt en étant persuadé qu'il a aimé, été aimé dans une certaine forme; le départ de Christine signe d'une manière décisive sa fin dans tous les sens du terme. Alors pour moi, oui, il a aimé Christine, même si l'apparition du sentiment est plutôt tardive dans la chronologie du roman.

Félicité a écrit:

April a écrit:

Mais pourquoi donc mon cerveau a-t-il eu une autre définition en tête du mot "pathétique" ???

Effectivement de nos jours ce mot a une connotation un peu péjorative. Je te rassure, je l'employais au sens premier.

Merci Félicité.

Je ne suis donc pas tout à fait "atteinte" alors...


Clelie, je suis contente que tu sois de retour !!!

Merci pour ton commentaire très sérieux.

Enfin sortie de l'abri anti-atomique ???

@April : yesss, I am back !!! Et sortie sans encombre de mon bunker...

concernant mon comm', je voulais savoir si vous partagiez ma vision de la chose ... En un mot, si effectivement pour vous, Erik était atteint tardivement par le véritable sentiment amoureux ? (ça c'est histoire de rester sérieux pendant plus d'une demi-page de forum )

Clelie, vous en avez passé du temps ensemble là-dedans...


Pour répondre à ta question le plus sérieusement du monde, si on s'en tient au roman, pour moi, la réponse est oui.

pour ma part je n'ai pas encore lu le roman ...

mais pour donner un point de vue quand même dans la seule version que j'ai vu on a l'impression que comme le dit Clelie il aime, ce qui l'a créé "Erik aime Christine dans le sens où elle répond à son ambition d'amour hors-normes : elle est en effet l'objet de toutes ses attentions, ou plutôt d'une forme d'obsession complète."...

Et pour moi, j'ai l'impression qu'il "tombe amoureux d'elle au moment où Raoul entre en scène, avant cela tout était acquis et Erik faisait de Christine sa chose et se souciait peu de ses sentiments ou les siens ... il savait qu'elle serait à lui (au moins pour la musique) et au moment où Raoul arrive ... et fait cette déclaration sur le toit, et dont le POTO reprendra les paroles vers la fin dans l'Opéra on sent que les sentiments changent (enfin je l'ai vu comme ça)!

Désolée car comme c'est un pont de vue sans connaissance du livre ça peut paraître complètement inopportun

Avec le beau temps qu'on a eu, j'ai quand même pris la peine d'aller faire prendre l'air à ces messieurs ... Imaginez-moi aux bras d'Erik et Mr Holmes, marchant d'un pas allègre sur les rives d'un étang bordé de fleurs...¨*soupir* [Mode conscience ON : a en réalité passé 4 jours à faire les lessives en retard, le repassage, les courses, et le débroussaillage du jardin... ]

Plus sérieusement, merci pour votre réponse, très chère. J'étais certaine que nous allions tomber d'accord. Penses-tu que chez Webber le sentiment amoureux est anticipé par rapport au roman ?

@L_Alex : il est vrai que l'arrivée de Raoul contrarie quelque peu les projets d'Erik. Je ne crois pas qu'il se soucie du vicomte dans un premier temps. Je crois qu'il se pense au-dessus d'un attachement purement rationnel.
Pour lui, ce qu'il inspire est sensé être plus fort que tout ce qui ramènerait Christine à la réalité (ou à la vie).
Imaginons deux secondes que Raoul ne soit jamais arrivé, ou qu'il ne soit pas tombé amoureux de Christine, que serait-il advenu ? Christine se serait laissée enfermer dans le monde du fantôme, sans avoir la conscience ou la volonté d'en sortir ? C'est Raoul qui se bat pour l'emmener loin de tout cela, pas elle. Du moins, pas d'une façon flagrante... Pensez-vous qu'elle se serait opposée à cette vie de son propre chef ?

Non je ne pense pas ... pas de son propre chef ... Raoul arrive en preux chevalier pour "libérer sa belle" au départ sans le savoir!

Clelie a écrit:

Avec le beau temps qu'on a eu, j'ai quand même pris la peine d'aller faire prendre l'air à ces messieurs ... Imaginez-moi aux bras d'Erik et Mr Holmes, marchant d'un pas allègre sur les rives d'un étang bordé de fleurs...¨*soupir* [Mode conscience ON : a en réalité passé 4 jours à faire les lessives en retard, le repassage, les courses, et le débroussaillage du jardin... ]

C'est vrai que c'est long à repasser les chemises du Poto. Rappelle-toi la longue et constructive discussion qu'on a eu à ce sujet dans ce topic l'année dernière je crois...

Clelie a écrit:

Plus sérieusement, merci pour votre réponse, très chère. J'étais certaine que nous allions tomber d'accord. Penses-tu que chez Webber le sentiment amoureux est anticipé par rapport au roman ?

Heu... bonne question...

Je dirais que cela dépend de l'interprétation des comédiens et comment tu le ressens au moment présent du spectacle.

J'ai vu la comédie musicale un certain nombre de fois et jamais je n'ai ressentis la même chose à chaque fois.

@L_alex : Finalement, si Raoul n'était pas arrivé, Christine n'aurait pas eu la volonté de s'en sortir seule. En aurait-elle eu seulement l'envie ? Là est toute la question. Christine est toute jeune, elle a des réactions très naïves et très enfantines. Elle agit comme tel bien souvent.
Erik en profite, c'est plus que certain. Il se complait à être ce qu'elle voudrait qu'il soit, c'est à dire, un ange.
Cela me rappelle le dialogue de l'adaptation de 1991 de Bruce Falstein, quand Christine demande à Erik qui il est ou ce qu'il est, lorsqu'il lui parle la première fois et qu'il lui répond avec une expression très cynique dans la voix : "What do you want me to be ?"
C'est pour cette raison que je dis que ce n'est pas un personnage touchant, il joue avec les sentiments de Christine, avec ses espérances, ses croyances, quitte à les bafouer assez ouvertement ensuite.

@April mode pas sérieux : en effet, le repassage des chemises à jabot, c'est tout un poème a la pâte-mouille en plus... que du bonheur

@April mode sérieux : perso, je pense que l'amour du POTO est anticipé dans la comédie musicale. Il me paraît moins narcissique dans cette version. Dans le roman, il est très tragique, très théâtral, il en est même agaçant parfois. Cet aspect est un peu occulté chez Webber : même s'il adore se mettre en scène, c'est davantage pour être craint que pour flatter son ego.
Mais effectivement, cela dépend des interprétations, je suis d'accord.

EDIT : j'ai trouvé ce livre audio en français à télécharger gratuitement : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/leroux-gaston-le-fantome-de-lopera.html
Le roman de Leroux est lu par René Depasse.

Merci pour le lien chère Clélie, je suis en train de télécharger!!!

C'est atrocement long à télécharger (plus d'1h chez moi, et 10 minutes pour décompresser le fichier zip...) Et je ne suis pas certaine de pouvoir le compiler sur un seul cd. Je devrais pouvoir le faire sur 2 cd de 700 mB.

EDIT : non même pas, sur 10 CD, peut être... Je vais essayer de trouver un moyen de compresser...

Clélie, tu me connais, tout ce que tu viens d'écrire là, c'est du chinois pour moi...

Naaan, je vais essayer de trouver un moyen de faire ça ce soir... Je te tiens au courant par mp.

merci pour l'analyse ... Clelie je vois très bien ce que tu veux dire et je t'approuve complètement !! et merci pour le lien j'irais aussi faire un petit tour ...

Ah oui, analyser le Fantôme de l'opéra je pourrais faire ça pendant des heures (quitte à ennuyer tout le monde... )

Il y a très peu d'analyses de cette oeuvre, ou des oeuvres de Leroux en général. C'est dommage, car le fantôme est un roman très riche, avec un style bien à lui, et un univers foisonnant. Je lui trouve un style un peu vieillot, que j'avais considéré un peu dépassé en le lisant la première fois. Mais j'ai été hapée par le monde leroussien en général depuis...
Le roman est intéressant dans le sens où il fait appel à bon nombre de références mythologiques ou littéraires.

Je vous conseille vivement de télécharger l'audio-book, il est vraiment très bien Je n'ai pas encore eu le temps de tout écouter, mais ça vaut vraiment le détour.
April, est-ce que je me trompe où il y a aussi une adaptation radio lue par Basil Rathbone ? (Sherlock Holmes des années 40, je le signale en passant )

Si, si, il existe un CD, mais il ne lit pas le livre. C'est une adaptation radio du film et je crois qu'il y avait 2 autres acteurs avec lui.

J'ai le CD (payé une fortune dans un magasin à l'époque). Tu en veux une copie ???

Oui, c'est bien ça ! Il me semblait bien que tu m'en avais parlé...

Je pense que je me le commanderai lors de mon futur délire dépensier sur amazon (il est à £2.95 à l'état neuf, c'est relativement abordable)

Purée, je suis verte !!!

J'avais bien dû le payer genre CHF 35.-- à l'époque. Mais bon, c'était dans un magasin spécialisé dans le cinéma et avant, il n'y avait pas internet avec Amazon & Cie. Je n'avais donc pas le choix...

Ma conscience : Si, si, tu avais le choix... de ne pas l'acheter.

Moi : Vous ai-je demandé votre avis, chère conscience ???




EDIT : Clelie, peux-tu me donner le lien du CD pas cher ? Comme ça, je te dirai si c'est bien le même... et dans le cas contraire, s'il est est introuvable, je t'en fais une copie.

Voici très chère : http://www.amazon.co.uk/Phantom-Opera-Edward-Ward/dp/B00000073H/ref=sr_1_29?ie=UTF8&s=music&qid=1243521705&sr=1-29

35 CHF ??? waw !

Cela dit, je pense que c'est bien le même...

Ben oui, j'avais payé plein pot à l'époque.

Mais maintenant, des années se sont écoulées et il y a mon grand ami Amazon que j'adore et que j'aime à la folie et qui m'a permis de compléter ma collection de DVD et CD du Poto pour pas cher (et ainsi que ma collection sur Mr Armitage ).

Clelie, je te confirme, c'est bien le même CD.

Voilà ce que j'apprends à l'instant, mais il n'y a qu'une date apparemment le 14 juin, désolée April...

Citation :

West Side Story, le Fantôme de l'Opéra et les Misérables en concert ! Rachel Pignot et Pierre Babolat accompagnés au piano et par 10 choristes.

Ce concert, accompagné au piano par Anne Thomas, s'articule autour de trois tableaux présentants des extraits en soli, duos et choeurs. Chaque partition est interprétée dans sa langue d'écriture.

Ce récital a l'ambition de réunir tous les publics autour d'oeuvres se siuant à la frontière du "grand répertoire" et de la musique populaire.

Lieu:
Théâtre le passage vers les étoiles (grande salle)
Théâtre privé( ~ 200 places)
17, cité joly,
75011 Paris

Je suppose que tu vas aller le voir, Lady Clare !
Si c'est le cas, tu nous raconteras ?

Oui, on veut un compte-rendu détaillé si c'est le cas.

Mais bon, rien ne vaut la version de Webber...

oui les filles, j'irai avec my little Darcy...Ca n'a pas l'air mal...C'est une chorale qui reprend les airs les plus connus de ces trois célèbres comédies musicales, le tout accompagné au piano...J'ai pris les places ce matin...

Ca c'est chouette, Lady Clare ! J'espère que ça te plaira. On voudra bien entendu le debriefing avec tous les détails !