Episode 4

Fée clochette a écrit:

*je n'ai pas un amour extraordinaire pour les trains et ce qui s'y passe, mais j'avoue que cette dernière scène est totalement réussie je c'est un vrai bonheur

Il est certain que la grande beauté de la scène ne la rend pas plus vraisemblable pour autant, le(la ?) scénariste a poussé un peu trop loin dans le souci de plaire au plus grand nombre, enfin, pour moi je le vois comme ça.

Fée clochette a écrit:

Pourquoi a-t-on inventé la notion parrain et marraine ?
pour moi et c'est mon avis en dehors de toutes notions religieuses... tout simplement pour pallier à la défection parental s'il y a mort soit du père soit de la mère.

Et ton avis, My Lady, tombe juste pile poil au bon endroit: d'après les textes historiques c'est exactement ça.

Fée clochette a écrit:

Mr Bell est son parrain [...] fort âgé

Et même bien plus qu'il n'est représenté dans le film: c'est carrément un vieillard. Dans sa reconnaissance, Margaret embrasse à un moment «sa vieille main goutteuse»:

Citation :

But she took his old gouty hand, and kissed it.
"Come, come; that's enough," said he, reddening with awkwardness. "I suppose your aunt Shaw will trust you with me [...]

Et même ainsi, avec ce bon vieux parrain, l'expédition à Helstone ne va pas de soi, ce n'est pas gagné d'avance, ça se réfléchit! En tout cas tantine Shaw (ça ne pourrait se faire sans son autorisation) examine bien si la situation est vraiment convenable:

Citation :

Margaret was in a state of almost trembling eagerness, while Mr. Bell discussed his plan with her aunt Shaw, who was first startled, then doubtful and perplexed, and in the end, yielding rather to the rough force of Mr. Bell's words than to her own conviction; for to the last, whether it was right or wrong, proper or improper, she could not settle to her own satisfaction, till Margaret's safe return, the happy fulfilment of the project, gave her decision enough to say, "she was sure it had been a very kind thought of Mr. Bell's, and just what she herself had been wishing for Margaret, as giving her the very change which she required," after all the anxious time she had had.

Je fais une petite digression. Je viens de voir un tout jeune couple s'embrasser dans la rue et une mamie est passée en leur criant "Il y a des hôtels pour ça" J'ai pensé à notre John et sa Margaret s'embrassant sur le quai d'une gare. Finalement, rien ne change

Je vous laisse reprendre votre conversation

Je profite de la diversion de Cassandre pour en faire une autre... J'aime beaucoup les poignets des manches de chemises de John Thornton... Très constructif comme remarque, je sais...

Fred a écrit:

J'aime beaucoup les poignets des manches de chemises de John Thornton... Très constructif comme remarque, je sais...

Tu fais bien au contraire de nous remettre dans le droit chemin, puisque comme dirait Ma'ame Scarlett c'est bien la série qu'on est censés marathoner, donc du visuel et de l'auditif avant tout, que diable.
Ses poignets de chemise me font vibrer aussi, et à force de revoir cette adaptation dans tous les sens je me dis qu'il y a quelque chose à étudier de plus près dans l'évolution vestimentaire (et capillaire, un peu) de JT, au delà du spectaculaire déshabillage progressif du dernier épisode (de plus en plus pauvre, -mais hélas pas jusqu'à y perdre sa chemise-, vulnérable, et finalement de plus en plus zen et détaché de ce qui n'est pas l'essentiel...)
Dans le bonus RA dit des choses vraiment intéressantes sur l'aide à l'interprétation que lui a apportée ce genre de vêtements.

Fred a écrit:

Je profite de la diversion de Cassandre pour en faire une autre... J'aime beaucoup les poignets des manches de chemises de John Thornton.

Je suis (comme on dit au poker ?) J'ai adoré sa chemise de la dernière scène, elle est magnifique mais ne doit pas être facile à repasser. Je ne sais pas si la volonté du réalisateur/scénariste, était de le montrer plus décontracté ou de faire comprendre que maintenant il est pauvre, il n'a plus que sa chemise. Qu'importe, il est vraiment adorable !

Mode HS Puisqu'on parle de vêtements, dans l'épisode 3, je crois, JT croise Mr Bell dans la rue, son chapeau est tout élimé. C'est assez étrange, c'est un notable, directeur d'usine et on dirait qu'il a ramassé son galurin dans la rue. Fin HS

Fred; à cette époque, c'était très élégant, avec des botines à boutons et guêtre courtes blanches.... veston uni. Totalement smart n'aimerais-tu pas ? j'adore

Bien sur que j'adorerais... Le problème, c'est de trouver ma taille... [HS: d'ailleurs, je suis toujours à la recherche du patron de la chemise de Tom Lefroy dans Becoming Jane... Pour femme en taille 38/40... Si quelqu'un(e) avait vent d'un truc pareil je serai son esclave pour la vie... fin du HS]

Citation :

A partir des années 1840, les tweeds et les sergés de laine retors à motifs de rayures, de carreaux ou écossais devinrent une nouvelle tendance dans les matériaux, quoique utilisés au début uniquement pour les pantalons et les vestes d'agrément ou de sport.

source
C'est vrai qu'il n'est pas en ville...

Je continue dans le HSfringues. Son chapeau est trop petit pour JT Cela rappelle la fameuse scène de César
Je n'aime pas du tout non plus le chapeau plat de Margaret et de son père, vraiment difficile à porter. Ce doit être un chapeau d'ecclésiastique puisque Mr Collins a le même.

Ce serait amusant d'imaginer une fête costumée sur le thème de North & South et on pourrait inviter RA Désolée pour cette digression

cassandre a écrit:

Je n'aime pas du tout non plus le chapeau plat de Margaret et de son père, vraiment difficile à porter.

j'ai toujours dit que Margaret avait un chapeau affreux mais ... les capotes de l'époque qui enfouissaient le visage étaient moches aussi !! Au moins là on la voit !

Et moi j' ai toujours dit que j' aimais le chapeau de Margaret Il lui va trés bien et comme tu dis Clinchamps, on voit parfaitement son visage Tant pis si je suis la seule!

Spoiler:

Tu n'es pas la seule Scarlett! J'aime beaucoup son chapeau également. Ce qui fait que DDA n'est pas à son avantage avec, c'est sa robe.. Elle est très large et ce chapeau l'écrase davantage. Avec une silhouette plus fine, il serait beaucoup plus à son avantage.

Désolée d'interrompre les modistes (jpdore le chapeau, BTW ) pour revenir à la discussion sur la possibilité pour Margaret de dormir seule à l'hôtel.

Je me suis souvenue du cas d'une femme voyageant seule dans un roman contemporain de N&S (publié deux ans avant, en fait). Lucy Snowes, dans Villette, fait seule le trajet jusqu'à Labassecour , en passant une nuit à Londres,

Citation :

at an inn for the first time.

Elle n'en est néanmoins pas prise pour une traînée.

je suis fan des tenues et des chapeaux de Margaret aussi

je crois qu'il y avait la rigueur officielle des conventions et la réalité de la vie, et qu'on ne clouait pas forcément au pilori une femme fortunée et maîtresse de sa vie (comme Margaret quand elle hérite de son parrain) parce qu'elle sortait un peu des lignes rigides de "ce qui ne se fait pas".

cat47 a écrit:

...revenir à la discussion sur la possibilité pour Margaret de dormir seule à l'hôtel.

Le truc vraiment douteux en ce qui concerne Margaret c'est de voyager avec Henry et sans femme de chambre. Qu'est-ce qui l'y obligerait, en fait? Il ne faudrait absolument pas qu'ils logent dans la même auberge. C'est un implicite pour le roman contemporain de l'époque, on n'éprouve pas le besoin d'utiliser deux mots différents (inn) pour désigner l'auberge où va tout le monde et les pensions pour femme seules que Fée Clochette a bien décrites, et qui étaient bien sûr la solution évidente, même si je pensais à quelque chose de plus osé socialement pour notre "suite".

En ce qui concerne Villette, si je ne m'abuse, Lucie n'est pas une jeune fille aisée comme Margaret mais une orpheline qui doit s'employer comme gouvernante ou une institutrice, non? Comme Jeanne Eyre? Et ne voyage-t-elle pas à l'étranger? Ce n'est pas pour rien, dans ce cas, que ces pauvres filles (parfois déclassées) sans protection sont obligées de voyager dans une tenue qui exhibe leur condition, afin entre autres qu'on ne se fasse pas sur elles des idées fausses. Mais Margaret est riche et coquettement habillée : qu'une fille de la gentry comme elle voyage sans chaperon, pas même une femme de chambre d'âge canonique comme Dixon, alors que c'est l'usage des gens convenables et qu'elle en a les moyens marquerait une intention pour le moins provocante.

Peut-être aussi ne faudrait-il pas s'appuyer sur nos lectures de fiction uniquement, si l'on veut vraiment comprendre les nuances. Il y a pas mal d'ouvrages historiques intéressants sur la période et ses moeurs, plus en anglais qu'en français il est vrai, mais tout à fait abordables. Et l'article de Wikipédia sur la question est de bonne qualité :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Condition_f%C3%A9minine_dans_la_soci%C3%A9t%C3%A9_victorienne

Ne t'en fais pas, Selen, j'ai parfaitement compris la différence de condition qui peut exister entre Margaret et Lucy. Différence qui n'est pourtant pas si grande car les parents de Margaret n'étaient pas bien riches à la base, et Lucy, employée comme gouvernante, doit nécessairement venir d'une bonne famille. Charlotte Brontë s'est d'ailleurs inspirée de sa propre vie de fille de pasteur pour lui donner corps.

Mais bon, on dira que cette discussion est plus théorique qu'autre chose, car je ne conteste aucunement le fait que l'adaptation ne respecte pas à la lettre toutes les convenances de l'époque. La baiser sur le quai de gare étant à mon avis bien plus grave que toutes les autres petites nuances dont nous pourrions discuter.

cat47 a écrit:

... j'ai parfaitement compris la différence de condition qui peut exister entre Margaret et Lucy. Différence qui n'est pourtant pas si grande car les parents de Margaret n'étaient pas bien riches à la base, et Lucy, employée comme gouvernante, doit nécessairement venir d'une bonne famille.

Oui, le paradoxe est même ressenti à l'époque (il faut avoir une certaine aisance pour rester "convenable" à la façon de la gentry, les règles étant différentes pour les classes populaires, comment faire alors quand on est "de bonne famille" et pauvre ?!) et je viens de trouver un article très intéressant sur la question ici .
Extrait révélateur :

Citation :

On a parfois parlé d'une « incongruence de statut » (status incongruence), lié à la définition de la gouvernante en tant que « needy lady » (« dame dans le besoin »), c'est-à-dire lady obligée de gagner sa vie, ce qui porte en soi sa propre contradiction.

il est certain Cat que le baiser sur le quai de la gare qui nous ravit est totalement anachronique. L'écriture cinématographique ne l'impose pas, et j'aurai bien terminé avec ce qui se faisait, c'est à dire, caresses sur les mais et petites pressions des deux amoureux, mais cela aurait fait glousser dans les chaumières, et beaucoup ennuyé le public qui lorsqu'il voit des amoureux attend avec impatience le premier baiser

Avouons-le, ce baiser de fin est un hymne à la beauté, la délicatesse et l'amour. Les acteurs ont su nous faire envie. Nous sentons nous aussi, le baiser de John T sur nos lèvres

C'est certainement le plus beau baiser du ................................ monde des adaptations. et il est anglais

Je n'ai pas eu le temps de poster mon avis sur cet épisode mais je pense que vous avez tous dit!(et bien plus ! )

Concernant la scène de la gare c'est vrai qu'on en a déjà beaucoup parlé et il ne faut pas s'attarder sur le côté " out of convenance" pour plutôt se rendre compte de la beauté de la scène(comme l'a si bien exprimé Fée Clochette ).Personnellement cette scène les premières fois me faisait frissonnée parce que j'ai vraiment l'expression que c'est ce que ressent Margaret.Et toute cette douceur qui se dégage de ce passage...c'est tout simplement magnifique C'est sûr que la fin du livre est très belle aussi et j'appréciais particulièrement le fait qu'il s'achève sur une phrase faisant référence à Mrs Thornton. Car pour moi c'est en effet ce qui manque à cette fin, la présence de Mrs Thornton d'une quelconque façon...La dernière image qu'on a d'elle n'est pas très "optimiste" je dirais vu qu'elle refuse en quelque sorte d'être consolée et plaint par Margaret c'est pourquoi une petite phrase de Thornton du genre " Ma mère n'a pas son mot à dire" (d'une façon plus poétique of course ) n'aurait pas été de refus. Juste pour montrer qu'elle est toujours là et que ni lui ni Margaret ne l'oublient...

crois-tu John capable de dire une telle phrase contre sa mère, même de façon poétique Vegas !!!!

Bien sur que non Fée Clochette! En fait je me suis mal exprimée, ce que je veux dire c'est que d'une manière ou d'une autre j'aurais bien aimée que John parle de sa mère et dise que cela lui convient ou qu'elle ne peut se mettre entre la femme qu'il aime et lui, bref qu'il montre par là qu'il tient compte de sa présence et de son interférence et pas qu'il n'en fait qu'à sa tête. Je me rends compte justement que la phrase que j'ai mise n'est pas ce qui l'exprime le mieux....Mais on a vu à l'épisode 2 que de toute façon la mère ne peut pas empêcher son fils de faire ce qu'il veut(juste se résoudre) et qu'en fin de compte dans ce cas-là elle n'a pas son mot à dire...(je ne suis pas très claire... )

Tu es claire, donc une conversation avec Margaret, à voix extrêmement douce et poétique

- mais que dira votre maman, John ?

- mon bonheur c'est vous. Elle est une femme juste et ne peut que m'approuver.

alors qu'elle va peut-être lui arracher les yeux notre chère Mrs Thornton !

Fée clochette a écrit:

alors qu'elle va peut-être lui arracher les yeux notre chère Mrs Thornton !

Meuh non, voyons madame la fée! HT ne peut qu'être soulagée, heureuse que son fils retrouve sa filature et qu'il obtienne enfin le seul bonheur qu'il pouvait envisager!

Même si elle est jalouse elle ne paraît pas possessive et égoïste au point de préférer garder son fils pour elle toute seule et qu'il soit malheureux. Au contraire elle s'indigne qu'un garçon aussi méritant se "ramasse" comme il le fait! Après tout elle avait reproché à Margaret de l'avoir méconnu, et Margaret a reconnu son erreur devant elle. On peut voir sur le visage de HT qu'elle est tout de même sensible à cette capitulation. Je ne vois pas son retrait devant le geste affectueux de Margaret comme un rejet de celle-ci, mais comme la marque de son refus de la compassion et de tout attendrissement, de toute cette sentimentalité "sudiste". Et puis elle ne sait pas à ce moment là où a disparu son garçon et ça la travaille peut-être un peu! Par contre ce que lui a dit Margaret a pu la préparer à la suite : s'il n'y avait pas de "miracle du train" il est à parier que maman Th. aurait été la première à signaler à son garçon que l'amour de sa vie n'était pas complètement perdu pour lui!

Et je suis peut-être influencée par le livre -mais le personnage y est très fidèle- mais ce serait étonnant qu'elle ait la mesquinerie de faire la tête ou la guéguerre en vilaine belle-mère; enfin Margaret est capable d'ouvrir tous les coeurs quand elle a décidé d'ouvrir le sien! Et pour finir sur une note plus intéressée... aussi bien pour le coeur, l'intelligence et les valeurs, avoir une Margaret à la maison ça va la changer, pour le meilleur, d'une Fanny !