Mme de la Fayette : La princesse de Montpensier (récit et film)

Sophinette, le morceau s'appelle "Marie se retire de l'amour", mon morceau préféré

merci beaucoup, Emily de Winter!

Pour ma part, j'ai vraiment bien aimé le film, étant une fan des films en costumes et une fan de Mme de La Fayette.

Je suis d'accord sur la plupart de vos remarques mais j'ai regretté que, dans le film, M. de Montpensier tombe dans la jalousie à en devenir mesquin. Il me semble que cela ne correspond pas à son personnage dans la nouvelle. On sent vraiment qu'il est animé par un grand sentiment d'infériorité face à Guise, à voir la façon dont il regarde Guise par en dessous, sans oser lever les yeux vers lui. Par contre, j'ai bien aimé sa relation à Chabannes.

Quant à Guise, je trouve qu'on voit dès le début qu'il ne sera pas fidèle à Marie, que, pour lui, ce n'est qu'un jeu et que, quand il aura obtenu ce qu'il voudra, il la laissera tomber.

Autrement, malgré quelques incohérences qui ont déjà été soulignées, j'ai trouvé les décors naturels magnifiques, en particulier le chateau de Messilhac dans le Cantal.

Tatiana a écrit:

Je trouve le contraste entre les deux acteurs flagrant : le premier se contente de dire le texte sans s'investir, alors que le second rentre pleinement dans son rôle et joue avec les mots en les rendant magnifiques.

Je comprends bien ce que tu ressens Tatiana, mais il me semble que justement son jeu d'acteur est dirigé pour faire comprendre qu'il est le parfait homme lige, qui sait ou est sa place, qu'il n'est pas un homme brillant, justement (on aimerait tellement qu'il le soit). Il est juste un homme terne bien qu'intelligent, un peu jeune qui est à sa place sur les champs de bataille, un homme pas encore affranchi de son père (qui lui par contre s'exprime !). C'est la personnalité la plus complexe de la nouvelle à rendre... un homme effacé en société, même éteint, bien qu'il soit l'égal par son sang au Duc d'Anjou et supérieur à Guise dans la préséance, qui lui est une branche étrangère... les Lorraines ne sont de la cour de France que depuis deux générations je crois, je pourrais les taxer de "nouveaux riches chez nous" (mais je me prends pour qui ? dit la roturière). Si le père de Guise et Mayenne avait eu sa nièce Marie Stuart épouse de François II plus longtemps sur le trône de France et avec enfants, connaissant le tempérament de cette famille ambitieuse, misère pour de la couronne des Valois, enfin, il me semble.

D'autre part, j'ai toujours été fascinée par l'intelligence politique de Catherine de Médicis qui a su pendant une longue période maintenir ferme ses enfants sur le trône alors que les Guise voulaient être Calife à la place du Calife ensuite Henri III qui par bien des côté a été assez lucide pour que Henri IV puisse lui succéder... mais je ne vais pas parler histoire, parce que je ne suis qu'une béotienne et que je raisonne plus avec le coeur que par l'érudition qui est nulle chez moi et en plus ce n'est pas le sujet, j'ai débordé,

Quelqu'un se souvient-il assez précisément de la conversation de Chabannes avec Marie concernant les corps célestes et la politique, et la réponse de Marie qui étend la comparaison aux choses de l'amour?

Merci de votre aide.

Je pourrais te répondre après Noël, quand j'aurais enfin le scénario du film (tu trouveras les références et les commentaires sur ce livre qui rassemble la nouvelle de M de Lafayette + le scénario du film).

merci beaucoup, Emily!

sophinette a écrit:

Quelqu'un se souvient-il assez précisément de la conversation de Chabannes avec Marie concernant les corps célestes et la politique, et la réponse de Marie qui étend la comparaison aux choses de l'amour?

La première conversation que je vois là-dessus, quand Chabannes dit qu'il y a une hiérarchie entre les corps célestes, elle n'étend pas à l'amour mais à la résignation. Je cherche encore mais si tu as un souvenir plus précis de cette conversation cela m'aidera (lieu, moment?)
Par contre elle fait bien une équivalence entre la définition de la foi et celle de l'amour.

Citation :

Chabannes: Ah, la foi! Saint-Paul la définit parfaitement. (Il cite) Épitre aux Hébreux. "La foi est le moyen de posséder déjà de qu'on espère et de connaître les réalités qu'on ne voit pas."
Marie assimile la définition.
Marie, après un temps, rêveuse: Au fond, c'est un peu ce qu'on pourrait dire de l'amour.

merci, Selen.

Non, c'est un peu flou dans mon esprit mais il me semble que c'est à la suite de la conversation sur les corps célestes. Je ne me souviens plus très bien.

Est-ce que tu cites de mémoire ou bien as-tu accès au scénario?

sophinette a écrit:

Est-ce que tu cites de mémoire ou bien as-tu accès au scénario?

J'ai recopié, ma mémoire n'est pas si bien faite! Sur les corps célestes c'est vraiment une scène de "leçon", il parle aussi du goût pour les astres de la Cour, de l'exemple de hiérarchie sans heurts qu'ils représentent, et là elle dit que ça enseigne donc la résignation.

oui, effectivement.

Mais te souviens-tu de ce que Chabannes répond à cela (la résignation)?

Je me souviens qu'après, elle parle des petits corps célestes mais à quel propos?

Merci en tout cas de ton aide.

Mais j'aime beaucoup tes débordements chère Fée Je suis moi-même fascinée par Catherine de Médicis depuis que je sais qu'elle n'était pas le monstre dépeint par Dumas puis Zévaco. Elle ne portait certainement pas les Guise dans son coeur ! Mais je me demande tout de même si le projet de mariage entre Henri de Guise et sa fille Marguerite est véridique. A cette époque-là, n'était-elle pas déjà destinée à Henri de Navarre ? La famille royale se serait-elle "abaissée" à s'allier avec sa famille certes prestigieuse avec qui elle s'était déjà alliée avec l'union de François II et de Marie Stuart, mais incontestablement moins élevée que les Valois ?

Pour en revenir à nos moutons et surtout au prince de Montpensier, tu as tout à fait raison sur tous les points. C'est un personnage effacé qu'on peine à définir, mais je trouve qu'il aurait mérité plus d'investissement de la part de l'acteur.

sophinette a écrit:

Mais te souviens-tu de ce que Chabannes répond à cela (la résignation)?

Citation :

Non, pas la résignation, la simple obéissance aux lois d'équilibre et de modestie sans lesquelles d'effroyables collisions se produiraient, entraînant d'effroyables malheurs.

Citation :

Je me souviens qu'après, elle parle des petits corps célestes mais à quel propos?

Non, elle répète juste les derniers mots et c'est la fin de la scène. Je cherche si je peux te satisfaire, mais ne peux-tu être plus précise?

Tatiana a écrit:

C'est un personnage effacé qu'on peine à définir, mais je trouve qu'il aurait mérité plus d'investissement de la part de l'acteur.

Mais alors, les spectateurs auraient plaint ce pauvre Prince grâce son jeu pauvre, absent, le personnage est totalement défini, au bénéfice de la Princesse de M.

Si B. Tavernier l'avait voulu plu présent, moins hésitant et bégayant (à certains moments parfaitement inaudible, nous comprenons tout de suite le mépris de sa femme) il aurait pu le jouer, mais il fallait je suppose trancher avec l'attitude conquérante et révoltée de sa femme (elle n'hésite pas à s'instruire, donc elle se place déjà sur un plan équivalent à un homme) et celle de Guise, orageux et imbu de lui-même, grand seigneur toujours et qui l'affirme dans et hors les champs de bataille.

Spoiler:

J'ai déniché les petits corps célestes. C'est dans la réaction de Marie quand Chabannes avoue son amour:

Citation :

Marie, très refroidie: Vous oubliez, il me semble, très vite les leçons que vous donnez; (comme il ne comprend pas) "L''équilibre du monde n'est-il pas garanti par la modestie des petits astres qui savent rester là où les place la hiérarchie du ciel?"

super! Merci, Selen!

Jolie citation, j'avais beaucoup aimé !

EDIT : Je ne sais plus qui l'avais demandé, mais ayant reçu le scénario j'ai pu reconstituer la lettre de Chabannes :

Spoiler:

Merci pour la lettre de Chabannes Emily-de-Winter!

Je re-poste ici un montage de photos pris à l'expo "Monuments du 7e art" à la Conciergerie

Spoiler:

J'ai enfin vu ce film hier après... quatre mois d'attente? On peut dire que j'ai été patiente ! Je poste mon avis tant que c'est encore frais dans ma tête, je n'ai pas lu toutes les pages du topic mais je le ferais plus tard, surtout qu'il y a pleins de points dont vous avez discuté qui m'intéressent (notamment au niveau historique). Mais comme je ne vais pas trop avoir accès à Internet cette semaine je me dépêche de poster mon avis.

Je dois avouer qu'à la lecture de la nouvelle de Mme de LaFayette, je me suis demandé ce que cela allait donner en film. La nouvelle a un rythme assez soutenu, mais j'avais trouvé le ton assez froid (par rapport à La princesse de Clèves) et je n'imaginais pas trop un film à partir de là en fait. (Une fois de plus, je ne suis pas très claire... ) Mais bon le casting, le réalisateur, la bande-annonce et tous vos avis positifs m'avaient rassurée. Je l'ai raté quand il est sorti, et donc j'ai dû attendre qu'il passe dans le cinéma de mon village (c'est un petit cinéma d'art et essai, des fois je râle parce qu'ils recoivent les films après tout le monde mais parfois ça a du bon ).

Et je n'ai pas du tout du tout été déçue, loin de là, je crois que le film a dépassé mes espérances. Je redoutais un peu sa longueur et finalement je ne me suis pas du tout ennuyée. J'ai été happée du début à la fin. Les paysages sont superbes (les forêts, les cavalcades à travers la campagne...), les costumes également (les robes de Marie sont superbes ). Donc déjà sur le plan visuel j'ai trouvé le film magnifique.

Tavernier a vraiment étoffé la matière de la nouvelle, ce qui rend le film très vivant en fait, j'avais peur que ça soit un peu trop froid. Tout d'abord j'ai apprécié de voir ici le prince de Montpensier, Chabannes et Guise à la guerre. La première scène m'a d'ailleurs étonnée.

Le thème de la condition féminine est très présent, on dirait que Tavernier a un peu explicité ce qui était sous jacent dans la nouvelle. Le passage de la nuit de noces est d'un glauque... Et quand la mère de Marie lui dit qu'il faut se soumettre aux hommes, qu'une brute ou une autre ne changera pas grand-chose...

Le casting est parfait. J'avoue que j'étais un peu sceptique par rapport à Mélanie Thierry (que j'ai assez peu vue au cinéma en fait) mais je l'ai trouvé excellente. Son physique est un peu particulier je trouve, mais elle est quand même très belle et dégage vraiment quelque chose. Gaspard Ulliel ne m'avait pas trop convaincue jusqu'ici mais là je l'ai trouvé très bon dans le rôle de Guise (personnage que je n'aime vraiment pas beaucoup dans cette histoire...). Lambert Wilson est juste parfait. Quand à Raphaël Personnaz, moi non plus je ne l'avais jamais vu dans un autre film avant, et moi aussi je suis complètement tombée sous son charme. Il est génial dans le rôle du duc d'Anjou, fantasque et inquiètant. J'ai bien aimé la prestation de Michel Vuillermoz aussi. (Et sa réplique au tailleur, un truc du style : à défaut d'être gais, soyons beaux ).

Je voulais dire pleins d'autres choses, mais j'ai oublié et vous avez sûrement dit tout ça bien mieux avant moi. Ah oui, j'ai adoré la musique aussi.

Bref, La princesse de Montpensier, c'est bien.

EDIT : j'ai oublié de parler de Grégoire Leprince-Ringuet... J'étais très sceptique par rapport à son interprétation de Montpensier (je l'ai bien aimé dans les films de Christophe Honoré mais je ne le voyais pas du tout dans ce rôle). Et finalement je trouve qu'il s'en sort plus qu'honorablement. Donc vraiment, pas de bémol dans ce film pour moi.

Merci de ton commentaire, Esperluette, qui m'encourage à achever la mise à jour du premier post! Ta critique y est déjà, je vais commencer par la fin du topic pour ne pas risquer de manquer quelque chose.
En effet, pour que les gens qui viennent plus tard chercher l'information n'aient pas à relire tous les échanges, j'essaie de rassembler dans le premier post, celui où j'avais commencé à présenter le film, toute l'activité "constructive" auquel il a donné lieu lors de nos échanges.

C'est rigolo : je viens juste de finir le récit, et d'en publier un article sur mon blogue !


http://nomizein.blogspot.com/2011/02/la-princesse-aux-mille-soupirants.html

Il est déjà dans la mise à jour! Je l'ai trouvé bien écrit, juste, pas trop long et intégrant bien la critique du texte, mes félicitations, MT !

Wow, me voilà toute émotionnée !

Ton enthousiasme fait plaisir à lire esperluette ! Avec tous nos avis dithyrambiques, tu aurais pu être déçue et je suis contente de voir qu'il n'en est rien
J'avais oublié les superbes répliques de Michel Villermoz, les dialogues sont à savourer comme une pâtisserie dans ce film

@ Esperluette!! je suis ravie!! J'ai adoré tes commentaires!

@ Mary Tudor, très très beau blog BTW.... Excellente critique!!

Tout ça me donne très envie de revoir ce film..............le DVD sort le 8 Mars!

Esperluette une de plus qui aime.

Vivement le DVD, merci Lady Clare