Mme de la Fayette : La princesse de Montpensier (récit et film)

Le film est diffusé ce dimanche à 20h50 sur France 2 . Avis à ceux qui ne l'ont pas vu, à ne pas manquer si vous aimez les excellents films historiques très bien écrits et interprétés.

Je viens de lire les 14 pages de commentaires tous très intéressants que vous avez faits les unes et les autres.
J'ai vu donc La Princesse de Montpensier dimanche soir.

En préambule, je dirais que je ne connaissais pas le texte de Mme de Lafayette, et que j'apprécie presque toujours les films de ce réalisateur exigeant qu'est Bertrand Tavernier.

J'ai beaucoup aimé le film pour le personnage de cette femme, et pour l'histoire d'amour des 4 hommes qui gravitent autour d'elle.

Beaucoup moins pour les scènes de bataille d'ouverture, inutilement cruelles, et pour la reconstitution de la Saint-Barthélemy de 1572, inutile également, de mon point de vue ; la scène de bataille centrale où l'on voit les 4 protagonistes sur leur terrain d'action habituel, en revanche, je l'ai trouvée à sa place, car elle permet de dessiner plus finement les relations entre les personnages masculins, et c'est assez subtil.

C'est très bien joué, par des acteurs qui ont l'âge de leur rôle, et ils sont tous très bons ; le personnage que j'ai préféré, c'est François de Chabannes / Lambert Wilson, qui a un rôle magnifique, qu'il joue comme toujours magnifiquement. La lettre finale (que je viens de lire grâce à Emily (merci !!! ) m'a fait pleurer, et j'ai trouvé la séquence finale avec la tombe très bien faite, avec le retour de l'écuyer qui était là au tout début : la boucle est bouclée.


J'ai trouvé qu'on retrouvait dans cette histoire le schéma des personnages de la Princesse de Clèves, avec le mari attaché à son épouse, l'épouse qui n'aime pas son mari et qui souffre de cette situation, et qui aime ailleurs (en esprit uniquement, nous sommes au XVIIe), le mari qui se consume de jalousie sans motif, etc ...
Moi aussi j'ai été prise d'une furieuse envie de lire la nouvelle de Mme de Lafayette, que, grâce aux conseils de Selenh, j'ai téléchargée en livre audio, et qui est d'ores et déjà sur mon lecteur mp3, n'attendant que d'être entendue

Enfin, certaines scènes assez violentes entre le prince et sa femme, et aussi les scènes de guerre m'ont rappelé La Passion Béatrice de B Tavernier, film de 1987, qui m'avait marqué par sa violence et son âpreté ; je ne sais pas si certaines d'entre vous s'en souviennent ?

Oui, c'est un film marquant. Merci de ton avis, Petit Faucon.

Petit Faucon a écrit:

Beaucoup moins pour les scènes de bataille d'ouverture, inutilement cruelles, et pour la reconstitution de la Saint-Barthélemy de 1572, inutile également, de mon point de vue

Après avoir re-parcouru les avis du topic je me rends compte que tu n'es la seule à avoir formulé ce reproche. Personnellement je les ai trouvées tout à fait judicieuses, surtout au début, pour resituer la petite histoire dans la grande, celle de la cruauté des guerres de religion.

Citation :

Enfin, certaines scènes assez violentes entre le prince et sa femme, et aussi les scènes de guerre m'ont rappelé La Passion Béatrice de B Tavernier, film de 1987, qui m'avait marqué par sa violence et son âpreté ; je ne sais pas si certaines d'entre vous s'en souviennent ?

N'ayant pas vu ce film je ne peux pas me prononcer, mais je l'ai déjà entendu mentionné en lien avec La Princesse, y compris par Betrand Tavernier lui-même dans ses commentaires sur le DVD (si je ne me trompe pas).

@ Tatiana :
Je suis peut-être hors sujet, et je m'en excuse si c'est le cas ...

Pour être tout à fait franche, en vieillissant j'ai de plus en plus de difficultés à supporter les images violentes ou de violence, et en particulier j'ai eu du mal avec la scène

Spoiler:

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Bref, je n'ai pas besoin de voir ça pour comprendre ce qu'un soldat a pu voir, a pu faire, et a pu vivre, et comment ce genre de scène peut le hanter jusqu'à sa mort.

Je ne savais pas que Tavernier avait parlé de La Passion Béatrice à propos de la Princesse, mais il y a une analogie entre les deux films, bien que la Passion Béatrice soit un film éminemment violent et dérangeant, ce qui n'est pas du tout le cas de la Princesse de Montpensier.

Spoiler:

Je suis contente que tu aies aimé Petit Faucon, c'est un excellent film !

J'ai donc fini d'écouter ce week-end La Princesse de Montpensier, dans le très bel enregistrement fait par Victoria et téléchargeable sur audiocité.net ici, chaudement recommandé par Selenh , et que je remercie tout particulièrement pour me l'avoir fait connaître.

La prose de Mme de La Fayette se prête particulièrement bien à la lecture à voix haute, et la voix de Victoria lui donne un relief particulier, qui m'a touché d'autant que je sais qu'elle n'est plus.

Le texte de La Princesse de Montpensier est court mais dense, et bien plus elliptique que ne l'est le film, sur bien des points.

Comme vous connaissez l'histoire, je ne reviendrai pas dessus ; je vous livre seulement certaines remarques que je me suis faites sur ce texte :

Je suis frappée comme avec la Princesse de Clèves, de la coexistence d'une grande pression morale et religieuse sur les moeurs des grands de ce temps (disons 1570) et d'une forme d'acceptation de la cour amoureuse qu'un homme (célibataire) peut faire à une femme mariée (ce qui nous parait assez improbable, à nous descendants du XIXe siècle puritain et individualiste).
J'ai l'impression que cette cour amoureuse, faite à Mme de Montpensier par le Duc de Guise, le Duc d'Anjou et le Comte de Chabannes, est une forme d'amour courtois, qui doit rester chaste (bien entendu), mais qui se fait,ou peut se faire sous le nez de l'époux. Le fait que Mme de Montpensier accepte l'amour d'un de ses "amoureux" (le Duc de Guise) lui fait perdre et sa vertu, alors même qu'elle reste chaste, et l'estime de son entourage (cf les dernières lignes du livre).

Le sentiment amoureux est le principal sujet du livre, avec ses errances, ses injustices et ses excès ; la vision de l'auteur sur l'amour est bien pessimiste, l'amour est une sorte de mal incontournable, qui ruine les espérances d'une vie heureuse

Spoiler:

J'en conclus que le sentiment amoureux ruine le bonheur de l'existence, et je me demande de quoi le bonheur de Mme de Montpensier eut été fait, sans amour : des joies de la religion, de la charité, de la broderie, de la lecture ??? c'est un bonheur de petite vieille qu'on nous présente là ! N'y a-*t-il pas des contradictions profondes avec le texte ? (je sens que je vais susciter la polémique ... ).
Bref, j'ai beaucoup aimé, et j'ai trouvé le texte très intéressant.

J'ai testé cette adaptation ciné de la Princesse, je l'ai vue il y a un moment, et je ne l'avais pas beaucoup appréciée.
Comme elle repassait récemment un dimanche, je l'ai revue avec intérêt...
Je ne suis toujours pas convaincue par le film, mais j'en reconnais les nombreuses qualités.
Le cinéma de Tavernier me fascine par sa diversité et sa qualité, donc le film est forcément intéressant.

Je ne suis pas convaincue par le choix de l'actrice que je ne trouve pas judicieux.
Bien que je reconnaisse la difficulté du texte, et la faculté des acteurs à jouer un langage aussi ancien devant une caméra (ce qui n'est certes pas donnée à tout le monde), j'ai trouvé cela peu convaincant dans les bouches de Ulliel et Mélanie Thierry. Bon après, je fais peut-être un délit de sale gueule, en ce sens que je n'aime pas du tout ces deux acteurs...
En revanche, Grégoire Leprince-R, malgré son jeune âge et ses hésitations, m'a beaucoup plu.
Évidemment, Lambert Wilson est celui qui tire le plus son épingle du jeu. Il impressionne par son aisance, sa facilité et son adaptabilité à dire ces textes difficiles.

Sur l'histoire, je n'ai pas lue la nouvelle, en fait.
Le souci est que l'adaptation ne m'a pas donnée envie de la lire, ce qui est pour moi un critère pour décider si une adaptation littéraire est bonne ou pas.

Le film sera diffusé demain soir à 20h55 sur France 3

Si vous ne l'avez pas encore vu, foncez

Merci Tatiana.

J'ai encore revu la Princesse de Montpensier, qui est un film pour le moins déprimant mais que j'apprécie toujours autant.   Après ma semaine de vacances en Touraine, où on parle sans arrêt du Duc de Guise, d'Henri III et de Catherine de Médicis, j'avais envie de revoir tous ces personnages en chair et en os.

Je suis décidément conquise par les prestations de tous les acteurs (à l'exception toujours de Grégoire Leprince-Ringuet), en particulier Mélanie Thierry et Raphaël Personnaz (je suis team duc d'Anjou, que voulez vous, je suis conquise par sa grande intelligence et je lui trouve une forme de noblesse). J'aime aussi énormément le personnage de François de Chabannes, l'ami unique, élégant, sage, aux sentiments discrets et solides. Je suis aussi amoureuse de ce texte si fin et chantant.

Et un petit mot tout de même pour continuer la promotion d'Henri III, duc d'Anjou. Quand on visite le château de Blois (et plus exactement quand on assiste au son et lumière du soir), il y a un énorme parti pris pour le duc de Guise. Il faut vraiment commencer à s'intéresser aux historiens plus récents, qui ont apparemment entrepris un travail de réhabilitation du règne d'Henri III, pour intégrer que la réalité était plus nuancée. En tous les cas, j'ai bien aimé la citation du duc d'Anjou à Guise dans le film "Un jour vous paierez de votre vie ces deux outrages"... maintenant que j'ai appris la fin pour le moins tragique de Guise, aux mains d'Henri III.

Bonjour,

Il me semble que François de Chabannes est le fil conducteur (du film) c'est pour moi le personnage qui m'intéresse le plus. Nous le voyons au début (il ouvre l'action)et à la fin (il clôt l'action par sa mort) de l'histoire en tant que témoin et partie prenante. D'ailleurs il faut être aussi attentif au thème musical de cette vieille chanson ( Une jeune fillette de noble coeur...)qui, à chaque fois qu'elle apparaît annonce un évènement, décisif, une sorte de "prélude". Ce chant sera même repris par des percussions tout en conservant sa rythmique. Si vous avez la possibilité, regardez de nouveau le film en étant attentif à la musique.(revoir les paroles de cette chanson qui éclaire l'intention de Tavernier)je n'ose pas mettre un lien (est-ce autorisé ?) mais vous devriez le trouver sur le net (le thème de Chabannes.)

Merci pour ton avis, Annwvyn ! Cela fait bien longtemps que je n'ai pas visionné ce film, mais le casting et l'histoire m'avaient bien plu

Merci l'Ami de la précision sur l'origine du thème de Chabannes, et que j'ignorais. En revanche, je suis toujours assez sensible à la musique dans les films, et j'aime en particulier celle de La Princesse de Montpensier, composée par Philippe Sarde.

Merci pour ton avis, Annwvyn     et pour les précisions, L'Ami

Je fais partie de la minorité qui a eu du mal avec le film

Cela ne m'empêche pas de ire vos commentaires avec intérêt, et j'essaierai de lire la nouvelle.

Voici le lien pour le thème de Chabannes  

Merci l'Ami, Annwvyn et Rosalind ! Ce topic dormait depuis 4 ans...
Il faudrait que je reprenne les premières pages, je vois que beaucoup de mes illustrations ont disparu.

J'ai hésité à poster mon avis sur le film de Bertrand Tavernier, consciente qu'il avait emballé une très grande majorité de membres. Mais voilà, j'ai voté "pas du tout" au sondage de ce topic (en réalité, c'est un peu fort mais la catégorie "un peu" ne me satisfaisait pas non plus. Déçue serait plus approprié dans mon cas).

J'attendais beaucoup de ce film, persuadée que j'allais l'adorer. J'en attendais trop mais il faut dire que Tavernier + un classique + un casting au top, c'était prometteur. Mais voilà, ce film m'a laissée totalement froide, il ne m'a pas touchée, pas émue, pas fait vibrer. Certes, c'est magnifiquement filmé, les acteurs sont (presque tous) magistraux, les paysages, les costumes, tout est beau. Mais le personnage incarné par Mélanie Thierry ne m'a pas touchée, elle m'a profondément ennuyée (je ne sais pas si c'est le personnage, l'actrice, certainement les deux d'ailleurs), et la longueur du film n'a pas aidée (ironiquement la Saint Barthelemy est venue me réveiller et raviver mon intérêt).

J'ai également été embarrassée par le prince de Montpensier de G. Leprince-Ringuet Le personnage est intéressant, l'acteur a un jeu tout en fragilité, mais je l'ai trouvé anachronique je ne sais pas comment l'expliquer autrement

Rencontre ratée et je le regrette  Je pense avoir une incompatibilité majeure avec Mme de la Fayette

Sur la période, j'ai largement préféré La Reine Margot et, sur une thématique voisine, Mademoiselle de Joncquières. C'est certainement une hérésie de l'écrire, je compte sur votre indulgence

Je n'ai pas le courage (et surtout le temps) de lire les 14 pages du topic mais je viens de constater que Rosalind n'était pas non plus convaincue, je me sens moins seule

Merci pour ton retour serendipity, qu'il aurait été dommage de ne pas poster, parce que tes impressions donnent à réfléchir. Aucun lancé de tomates en perspective, rassures-toi . Peut-être que l'académisme a tué l'émotion pour toi ?

Ce que tu dis sur le personnage de Grégoire Leprince-Ringuet est intéressant. Pour ma part j'ai eu tellement de mal avec l'acteur que l'évolution du personnage ne m'a pas aidé à l'apprécier. Je peux comprendre aussi tes difficultés à apprécier l'héroïne.

Concernant La Reine Margot, le film aborde la période de manière très différente, beaucoup plus "frontale", avec moins de classicisme. Je n'aurais pas forcément pensé à rapprocher ces deux réalisations, là encore c'est intéressant.

Merci pour ton retour, Serendipity ! Je n'ai vu La Princesse de Montpensier qu'une seule fois et mon visionnage remonte à plusieurs années, donc je ne me souviens plus de mes impressions exactes, mais le film m'avait bien plu sans cependant être un coup de cœur !

Tatiana a écrit:

Peut-être que l'académisme a tué l'émotion pour toi ?

Je ne pense pas, je suis plutôt "cliente" des adaptations académiques
Je pense que l'histoire ne m'a simplement pas touchée, peut-être aussi aurais-je été plus enthousiaste si j'avais visionné ce film plus jeune, en ayant moins de films à mon actif ? peut-être suis-je blasée actuellement ? nous savons qu'une oeuvre d'art c'est une rencontre avec le spectateur à un moment de sa vie, ensuite cela prend ou ne prend pas. Mauvais timing pour moi certainement

Je pense par exemple à un film qui m'avait bouleversée quand j'étais plus jeune, L'Histoire d'Adèle H. de Truffaut, je me suis toujours demandée si ce film m'aurait autant bouleversée à l'âge adulte -et j'ai peur de le revoir pour ces raisons là