Lecture de groupe n°25 : Ruth d'Elizabeth Gaskell (2ème partie)

En VO ça donne ça, en réponse à M. Benson qui cite "He that spareth the rod, spoileth the child", l'argument de Sally est le suivant :

Citation :

And he, that's King Rehoboam, the lad that tasted the rod, "did evil because he prepared not his heart to seek the Lord"

Le fils de Salomon qui a été fouetté a mal tourné car il n'a pas tourné son coeur vers le Seigneur

Citation :

"I've not been reading my chapters every night for fifty year to be caught napping by a Dissenter, neither !" said she triumphantly.

Merci serendipity pour les citations en VO. Je t'admire de lire en anglais, il faut déjà comprendre les citations bibliques, et Dieu sait s'il y en a dans ce roman

Un peu trop à mon goût, c'est lassant tout ce prêchi prêcha... heureusement ce n'est pas mon premier Gaskell, je ne sais pas si j'aurais eu envie d'en lire d'autres
Curieusement Mary Barton qui a été écrit avant Ruth est bien plus palpitant !

J'apprécie cependant ma lecture et la façon dont les personnages évoluent, la psychologie est bien fouillée, surtout pour Ruth et Jemima.

Rosalind a écrit:

c'est lassant tout ce prêchi prêcha...

J'ai le sentiment que c'est surtout le cas dans la deuxième partie, ensuite je l'ai nettement moins senti

A ton service pour d'autres extraits en VO, j'aime énormément comparer les versions

J'en suis au chapitre 15, donc pas tout à fait à la fin de la 2e partie.

Ruth est un personnage peu crédible, comment peut-elle ne pas réaliser que vivre en concubinage avec son Belligham la met au ban de la société ? Elle n'a pourtant pas l'air simplette, par d'autres côtés elle parait plutôt intelligente (quand elle essaie d'apprendre à jouer aux cartes pour conserver son amant, par exemple) ; mais là je trouve sa réaction de stupeur parfaitement irréaliste, même en tenant compte du fait qu'elle n'a plus de mère pour la guider (dixit le livre).
Les Benson sont des gens bien, l'attachement de Sally pour Mr Thurstan (quel prénom ) est très bien décrit, avec ce sentiment de culpabilité qui s'est transformé en attachement d'animal domestique.

Le tout baigne quand même dans une mare de bons sentiments larmoyants, et les personnages sont soit du bon, soit du mauvais côté, pas vraiment de nuances pour l'instant.

Petit Faucon a écrit:

comment peut-elle ne pas réaliser que vivre en concubinage avec son Belligham la met au ban de la société ?

Je pense qu'en son for intérieur elle le sait bien. On voit bien qu'elle se méfie de lui au départ quand il la courtise (même si elle a grandi sans mère, elle a dû entendre ses compagnes discuter dans l'atelier de couture et peut-être même que Mrs Mason mettait ses "filles" en garde contre la fréquentation des hommes, qu'en pensez-vous ?)

Selenh avait justement noté (dans le topic numéro 1) la capacité de Ruth à se convaincre que certaines de ses actions sont bonnes alors que moralement elles peuvent être condamnables :

Selenh a écrit:

Et plus j'avance dans son œuvre plus je trouve Mrs Gaskell fine psychologue, car une remarque comme celle-ci :

Citation :

« Elle ne se rendait pas du tout compte de la malhonnêteté de cette conduite, car elle était adepte de cette sophistique particulière qui permet de se persuader soi-même que ce que l’on souhaite faire est bon. »

qui peut paraître anodine, vous fait bondir quand vous connaissez précisément ce genre de personne (ma mère pour ne rien vous cacher !) et les dégâts directs, indirects et collatéraux qu'elle génère.

Je trouve cependant que c'est une faiblesse dans l'analyse psychologique du personnage par Elizabeth Gaskell, cet aspect aurait peut-être mérité d'être un peu plus fouillé qu'une allusion, non ?

La psychologie des personnages est plus convaincante par la suite à mon humble avis

Tu relèves aussi le prénom Thurstan Petit Faucon et je voulais également revenir dessus et en savoir plus sur son origine (sa soeur étant prénommée "Faith", je pense que le choix du prénom du garçon devait également être empreint de signification... un lien avec le verbe to trust peut-être ?)

serendipity a écrit:

(...)
On voit bien qu'elle se méfie de lui au départ quand il la courtise, même si elle a grandi sans mère, elle a dû entendre ses compagnes discuter dans l'atelier de couture et peut-être même que Mrs Mason mettait ses "filles" en garde contre la fréquentation des hommes, qu'en pensez-vous ?

Je crois que Selenh avait justement noté la capacité de Ruth à se convaincre que certaines de ses actions sont bonnes alors que moralement elles peuvent être condamnables.

Je trouve cependant que c'est une faiblesse dans l'analyse psychologique des personnages par Elizabeth Gaskell. Cette analyse est plus convaincante par la suiite à mon humble avis

Je suis certaine que Mrs Mason le faisait régulièrement, et Ruth fréquente assidument l'église de Fordham tous les dimanches après-midi, donc elle pouvait difficilement l'ignorer.
Je pense comme Selenh qu'elle a une grande capacité de déni, qu'il y a en elle des connexions qui ne se font pas.
Mais ce n'est pas présenté comme ça par l'auteure, donc ce trait de caractère ressort comme une faiblesse d'analyse de ce personnage de Ruth.

J'ai édité mon message avec la citation précise du passage évoqué par Selenh

S'agissant du prénom Thurstan, a priori aucun lien avec le verbe "trust", son origine étant nordique  

Citation :

Etymology : From an English surname which was derived from the Norse name Þórsteinn (see TORSTEN).

Merci pour cette information Serendipity, j'étais convaincue qu'on lui avait donné comme prénom, le nom de famille de sa mère comme cela se faisait régulièrement à cette époque.

Pour Ruth, c'est assez curieux mais je pense que si Mrs Mason ne l'avait pas poussée à bout en la chassant de chez elle, la laissant sans aucun recours, elle n'aurait pas franchi le pas (pas si vite en tous les cas). C'était alors un confort de s'appuyer sur Bellingham, qui finit de la faire basculer par ses discours persuasifs, un peu de chantage affectif et une bonne louche de caprice. Il est alors tentant de faire un petit arrangement avec sa conscience, d'autant qu'elle ne mesure pas vraiment les conséquences réelles même si elle sait que c'est most improper. Mais je suis d'accord avec vous pour dire que l'auteure a été un peu rapide (et euphémique) sur la façon dont Ruth vit son concubinage.

Ah oui merci pour l'étymologie du prénom Thurstan, dont il est dit qu'il était porté par un noble valeureux.

Petit Faucon a écrit:

Selenh avait justement noté (dans le topic numéro 1) la capacité de Ruth à se convaincre que certaines de ses actions sont bonnes alors que moralement elles peuvent être condamnables...

Oups, il ne s'agissait pas de Ruth, mais de sa patronne de la maison de couture.

Merci de la précision Selenh et au temps pour moi