Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Jeu littéraire pour chasser les idées noires | |
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+10Tatiana Elianor Annwvyn Ysabelle Rose Bleue clinchamps L'Ami Fauvette Lily of the valley Rosalind 14 participants | |
Auteur | Message |
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Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 19:13 | |
| Merci Elianor! Voilà vite fait, ce que ces mots m'ont inspiré Comment va-t-elle trouver l'inspiration en si peu de temps! Elle se sent comme prise dans une souricière. Pourtant, un regard jeté sur le ballet qui s'offre à ses yeux en ce moment, lui fit comprendre que les mots sont une telle chanson! Entre le doux murmure des feuilles bercées par le vent, les ailes déployées des oiseaux qu'elle voit voler, puis se poser à la recherche de grains, et ce magnifique saule pleureur qui balance majestueusement une houppelande d'un vert éclatant. Il n'y a là rien d'austère dans ce luxueux paysage |
| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5721 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 19:16 | |
| J'aime beaucoup ton texte Ysabelle |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 19:36 | |
| Merci Elianor. J'ai du mal à faire aussi court que toi De plus, ton texte est magnifique! Lily, impressionnée par ton imagination si fertile L'Ami, c'est d'une grande poésie Roz, c'est glaçant mais d'une grande qualité Heureuse de ne pas être à la place de cette malheureuse. Clinchamps, très beau et très poétique J'aime bien ton texte "stratégie de préparation" - Rosalind a écrit:
- Magnifique texte Clinchamps tu as écrit ce que j'aurais voulu écrire
C'est pourquoi le verbe "plussoyer" a été inventé dans l'auberge Il est magique! |
| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 19:58 | |
| Merci Ysabelle. Ton texte est très beau, tu manies très bien la métaphore (la houppelande du saule, il fallait y penser) |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 20:04 | |
| Merci |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17039 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 20:21 | |
| Elianor je t'admire d'avoir réussi à trouver l'inspiration dans les transports en commun Ysabelle toi aussi tu as été très inspirée ton texte bucolique fait oublier les horreurs que j'ai écrites - Ysabelle a écrit:
Roz, c'est glaçant affraid mais d'une grande qualité I love you Heureuse de ne pas être à la place de cette malheureuse. pale Merci La malheureuse est tout de même coupable d'un certain nombre de crimes heureusement ce n'est pas moi qui l'ai jugée Ma source d'inspiration - Spoiler:
LE JUGEMENT.
C’était une nuit orageuse et sombre ; de gros nuages couraient au ciel, voilant la clarté des étoiles, la lune ne devait se lever qu’à minuit.
Parfois, à la lueur d’un éclair qui brillait à l’horizon, on apercevait la route qui se déroulait blanche et solitaire, puis l’éclair éteint, tout rentrait dans l’obscurité.
À chaque instant Athos invitait d’Artagnan, toujours à la tête de la petite troupe, à reprendre son rang qu’au bout d’un instant il abandonnait de nouveau. Il n’avait qu’une pensée, c’était d’aller en avant, et il allait.
On traversa en silence le village de Festubert, où était resté le domestique blessé, puis on longea le bois de Richebourg. Arrivés à Herlier, Planchet, qui dirigeait toujours la colonne, prit à gauche.
Plusieurs fois, lord de Winter, soit Porthos, soit Aramis, avaient essayé d’adresser la parole à l’homme au manteau rouge ; mais à chaque interrogation qui lui avait été faite, il s’était incliné sans répondre. Les voyageurs avaient alors compris qu’il y avait quelque raison pour que l’inconnu gardât le silence, et ils avaient cessé de lui adresser la parole.
D’ailleurs l’orage grossissait, les éclairs se succédaient rapidement, le tonnerre commençait à gronder, et le vent, précurseur de l’ouragan, sifflait dans la plaine.
La cavalcade prit le grand trot.
Un peu au-delà de Fromelles, l’orage éclata. On déploya les manteaux. Il restait encore trois lieues à faire ; on les fit sous des torrents de pluie.
D’Artagnan avait ôté son feutre et n’avait pas mis son manteau ; il trouvait plaisir à laisser ruisseler l’eau sur son front brûlant et sur son corps agité de frissons fiévreux.
Au moment où la petite troupe avait dépassé Goskal et allait arriver à la poste, un homme abrité sous un arbre se détacha du tronc avec lequel il était resté confondu dans l’obscurité, et s’avança jusqu’au milieu de la route, mettant son doigt sur ses lèvres.
Athos reconnut Grimaud.
— Qu’y a-t-il donc ? s’écria d’Artagnan ; aurait-elle quitté Armentières ?
Grimaud fit de sa tête un signe affirmatif. D’Artagnan grinça des dents.
— Silence, d’Artagnan ! dit Athos : c’est moi qui me suis chargé de tout, c’est donc à moi d’interroger Grimaud.
— Où est-elle ? demanda Athos.
Grimaud étendit la main dans la direction de la Lys.
— Loin d’ici ? demanda Athos.
Grimaud présenta à son maître son index plié.
— Seule ? demanda Athos.
Grimaud fit signe que oui.
— Messieurs, dit Athos, elle est seule à une demi-lieue d’ici, dans la direction de la rivière.
— C’est bien, dit d’Artagnan ; conduis-nous, Grimaud.
Grimaud prit à travers champs et servit de guide à la cavalcade.
Au bout de cinq cents pas à peu près, on trouva un ruisseau que l’on traversa à gué.
À la lueur d’un éclair, on aperçut le village d’Erquinheim.
— Est-ce là ? demanda d’Artagnan.
Grimaud secoua la tête en signe de négation.
— Silence donc ! dit Athos.
Et la troupe continua son chemin.
Un autre éclair brilla ; Grimaud étendit le bras, et à la lueur bleuâtre du serpent de feu, on distingua une petite maison isolée au bord de la rivière, à cent pas d’un bac.
Une fenêtre était éclairée.
— Nous y sommes, dit Athos.
En ce moment, un homme couché dans le fossé se leva : c’était Mousqueton. Il montra du doigt la fenêtre éclairée.
— Elle est là, dit-il.
— Et Bazin ? demanda Athos.
— Tandis que je gardais la fenêtre, il gardait la porte.
— Bien, dit Athos, vous êtes tous de fidèles serviteurs.
Athos sauta à bas de son cheval, dont il remit la bride aux mains de Grimaud, et s’avança vers la fenêtre après avoir fait signe au reste de sa troupe de tourner du côté de la porte.
La petite maison était entourée d’une haie vive, de deux ou trois pieds de haut. Athos franchit la haie, parvint jusqu’à la fenêtre, privée de contrevents, mais dont les demi-rideaux étaient exactement tirés.
Il monta sur le rebord de pierre, afin que son œil pût dépasser la hauteur des rideaux.
À la lueur d’une lampe, il vit une femme enveloppée d’une mante de couleur sombre, assise sur un escabeau, près d’un feu mourant. Ses coudes étaient posés sur une mauvaise table, et elle appuyait sa tête dans ses deux mains blanches comme l’ivoire.
On ne pouvait distinguer son visage, mais un sourire sinistre passa sur les lèvres d’Athos. Il n’y avait pas à s’y tromper : c’était bien celle qu’il cherchait.
En ce moment un cheval hennit. Milady releva la tête, vit collé à la vitre le visage pâle d’Athos et poussa un cri.
Athos comprit qu’il était reconnu, poussa la fenêtre du genou et de la main ; la fenêtre céda, les carreaux se rompirent, et Athos, pareil au spectre de la vengeance, sauta dans la chambre. Milady courut à la porte et l’ouvrit. Plus pâle et plus menaçant encore qu’Athos, d’Artagnan était sur le seuil.
Milady recula en poussant un cri ; d’Artagnan, croyant qu’elle avait quelque moyen de fuir, et craignant qu’elle ne leur échappât, tira un pistolet de sa ceinture ; mais Athos leva la main.
— Remets cette arme à sa place, d’Artagnan, dit-il ; il importe que cette femme soit jugée et non assassinée. Attends encore, d’Artagnan, et tu seras satisfait ! Entrez, messieurs.
D’Artagnan obéit, car Athos avait la voix solennelle et le geste puissant d’un juge envoyé par le Seigneur lui-même. Derrière d’Artagnan, entrèrent Porthos, Aramis, lord de Winter et l’homme au manteau rouge.
Les quatre valets gardaient la porte et la fenêtre.
Milady était retombée sur son siége, les mains étendues, comme pour conjurer cette terrible apparition. En apercevant son beau-frère, elle jeta un cri terrible.
— Que demandez-vous ? s’écria milady.
— Nous demandons, dit Athos, Anne de Breuil, qui s’est appelée d’abord la comtesse de La Fère, puis lady de Winter, baronne de Sheffield.
— C’est moi, murmura-t-elle au comble de l’étonnement. Que me voulez-vous ?
— Nous voulons vous juger selon vos crimes, dit Athos ; vous serez libre de vous défendre, justifiez-vous si vous pouvez. M. d’Artagnan, à vous d’accuser le premier.
D’Artagnan s’avança.
— Devant Dieu et devant les hommes, dit-il, j’accuse cette femme d’avoir empoisonné Constance Bonacieux, morte hier soir.
Il se retourna vers Porthos et vers Aramis.
— Nous attestons, dirent d’un seul mouvement les deux mousquetaires.
D’Artagnan continua :
— Devant Dieu et devant les hommes, j’accuse cette femme d’avoir voulu m’empoisonner moi-même, dans du vin qu’elle m’avait envoyé de Villeroy avec une fausse lettre, comme si le vin venait de mes amis. Dieu m’a sauvé ; mais un homme est mort à ma place, qui s’appelait Brisemont.
— Nous attestons, dirent de la même voix Porthos et Aramis.
— Devant Dieu et devant les hommes, j’accuse cette femme de m’avoir poussé au meurtre du baron de Wardes ; et, comme personne n’est là pour attester la vérité de cette accusation, je l’atteste, moi. J’ai dit.
Et d’Artagnan passa de l’autre côté de la chambre avec Porthos et Aramis.
— À vous, Milord, dit Athos.
Le baron s’approcha à son tour.
— Devant Dieu et devant les hommes, dit-il, j’accuse cette femme d’avoir fait assassiner le duc de Buckingham.
— Le duc de Buckingham assassiné ! s’écrièrent d’un seul cri tous les assistants.
— Oui, dit le baron, assassiné ! Sur la lettre d’avis que vous m’aviez écrite, j’avais fait arrêter cette femme et je l’avais donnée en garde à un loyal serviteur ; elle a corrompu cet homme, elle lui a mis le poignard à la main, elle lui a fait tuer le duc, et dans ce moment peut-être Felton paie de sa tête le crime de cette furie.
Un frémissement courut parmi les juges à la révélation de ces crimes encore inconnus.
— Ce n’est pas tout, reprit lord de Winter : mon frère qui vous avait faite son héritière, est mort en trois heures d’une étrange maladie, qui laisse des taches livides sur tout le corps. Ma sœur, comment votre mari est-il mort ?
— Horreur ! s’écrièrent Porthos et Aramis.
— Assassin de Buckingham, assassin de Felton, assassin de mon frère, je demande justice contre vous, et déclare que si on ne me la fait pas, je me la ferai !
Et lord de Winter alla se ranger près de d’Artagnan, laissant la place libre à un autre accusateur.
Milady laissa tomber son front dans ses deux mains et essaya de rappeler ses idées confondues par un vertige mortel.
— À mon tour, dit Athos, tremblant lui-même comme le lion tremble à l’aspect du serpent ; à mon tour. J’épousai cette femme quand elle était jeune fille ; je l’épousai malgré toute ma famille ; je lui donnai mon bien, je lui donnai mon nom, et un jour je m’aperçus que cette femme était flétrie : cette femme était marquée d’une fleur de lys sur l’épaule gauche.
— Oh ! dit milady en se levant, je défie de retrouver le tribunal qui a prononcé sur moi cette sentence infâme ; je défie de retrouver celui qui l’a exécutée.
— Silence ! dit une voix. À ceci, c’est à moi de répondre !
Et l’homme au manteau rouge s’approcha à son tour.
— Quel est cet homme, quel est cet homme ? s’écria milady suffoquée par la terreur, et dont les cheveux se dénouèrent et se dressèrent sur sa tête livide comme s’ils eussent été vivants.
Tous les yeux se tournèrent sur cet homme, car à tous, excepté à Athos, il était inconnu.
Encore Athos le regardait-il avec autant de stupéfaction que les autres, car il ignorait comment il pouvait se trouver mêlé en quelque chose à l’horrible drame qui se dénouait en ce moment.
Après s’être approché de milady d’un pas lent et solennel, et de manière que la table seule le séparât d’elle, l’inconnu ôta son masque.
Milady regarda quelque temps avec une terreur croissante ce visage pâle encadré de cheveux et de favoris noirs, dont la seule expression était une impassibilité glacée ; puis tout à coup :
— Oh ! non, non, dit-elle en se levant et en reculant jusqu’au mur ; non, c’est une apparition infernale ! ce n’est pas lui ! À moi ! à moi ! s’écria-t-elle d’une voix rauque en se retournant vers la muraille comme si elle eût pu s’y ouvrir un passage avec ses mains.
— Mais qui êtes-vous donc ? s’écrièrent tous les témoins de cette scène.
— Demandez-le à cette femme, dit l’homme au manteau rouge, car vous voyez bien qu’elle m’a reconnu, elle.
— Le bourreau de Lille ! le bourreau de Lille ! s’écria milady en proie à une terreur insensée et se cramponnant des mains à la muraille pour ne pas tomber.
Tout le monde s’écarta, et l’homme au manteau rouge resta seul debout au milieu de la salle.
— Oh ! grâce ! grâce ! pardon ! cria la misérable en tombant à genoux.
L’inconnu laissa le silence se rétablir.
— Je vous le disais bien, qu’elle m’avait reconnu, reprit-il. Oui, je suis le bourreau de la ville de Lille, et voici mon histoire.
Tous les yeux étaient fixés sur cet homme dont on attendait les paroles avec une avide anxiété.
— Cette jeune femme était autrefois une jeune fille aussi belle qu’elle est belle aujourd’hui ; elle était religieuse au couvent des bénédictines de Templemar. Un jeune prêtre au cœur simple et croyant desservait l’église de ce couvent ; elle entreprit de le séduire et y réussit. Elle eût séduit un saint.
« Leurs vœux à tous deux étaient sacrés, irrévocables ; leur liaison ne pouvait durer longtemps sans les perdre tous deux. Elle obtint de lui qu’ils quitteraient le pays ; mais pour quitter le pays, pour fuir ensemble, pour gagner une autre partie de la France où ils pussent vivre tranquilles, parce qu’ils seraient inconnus, il fallait de l’argent ; ni l’un ni l’autre n’en avaient. Le prêtre vola les vases sacrés, les vendit ; mais comme ils s’apprêtaient à partir, ils furent arrêtés tous deux.
« Huit jours après, elle avait séduit le fils du geôlier et s’était sauvée. Le jeune prêtre fut condamné à dix ans de fers et à la flétrissure. J’étais le bourreau de la ville de Lille, comme dit cette femme. Je fus obligé de marquer le coupable, et le coupable, messieurs, c’était mon frère !
« Je jurai alors que cette femme qui l’avait perdu, qui était plus que sa complice, puisqu’elle l’avait poussé au crime, partagerait au moins le châtiment. Je me doutai du lieu où elle était cachée, je la poursuivis, je l’atteignis, je la garrottai, et je lui imprimai la même flétrissure que j’avais imprimée à mon frère.
« Le lendemain de mon retour à Lille, mon frère parvint à s’échapper à son tour, on m’accusa de complicité, et l’on me condamna à rester en prison à sa place tant qu’il ne se serait pas constitué prisonnier. Mon pauvre frère ignorait ce jugement, il avait rejoint cette femme ; ils avaient fui ensemble dans le Berry, et là il avait obtenu une petite cure. Cette femme passait pour sa sœur.
« Le seigneur de la terre sur laquelle était située l’église du curé vit cette prétendue sœur et en devint amoureux, amoureux au point qu’il lui proposa de l’épouser. Alors elle quitta celui qu’elle avait perdu pour celui qu’elle devait perdre, et devint la comtesse de La Fère. »
Tous les yeux se tournèrent vers Athos, dont c’était le véritable nom, et qui fit signe de la tête que tout ce qu’avait dit le bourreau était vrai.
— Alors, reprit celui-ci, fou, désespéré, décidé à se débarrasser d’une existence à laquelle elle avait tout enlevé, honneur et bonheur, mon pauvre frère revint à Lille, et apprenant l’arrêt qui m’avait condamné à sa place, se constitua prisonnier et se pendit le même soir au soupirail de son cachot.
« Au reste, c’est une justice à leur rendre, ceux qui m’avaient condamné me tinrent parole. À peine l’identité du cadavre fut-elle constatée qu’on me rendit ma liberté. Voilà le crime dont je l’accuse, voilà la cause pour laquelle je l’ai marquée. »
— M. d’Artagnan, dit Athos, quelle est la peine que vous réclamez contre cette femme ?
— La peine de mort ! répondit d’Artagnan.
— Milord de Winter, continua Athos, quelle est la peine que vous réclamez contre cette femme ?
— La peine de mort ! reprit lord de Winter.
— MM. Porthos et Aramis, reprit Athos, vous qui êtes ses juges, quelle est la peine que vous portez contre cette femme ?
— La peine de mort ! répondirent d’une voix sourde les deux mousquetaires.
Milady poussa un hurlement affreux et fit quelques pas vers ses juges en se traînant sur ses genoux.
Athos étendit la main vers elle.
Anne de Breuil, comtesse de La Fère, milady de Winter, dit-il, vos crimes ont lassé les hommes sur la terre et Dieu dans le ciel. Si vous savez quelque prière, dites-la, car vous êtes condamnée et vous allez mourir.
À ces paroles, qui ne lui laissaient aucun espoir, milady se releva de toute sa hauteur et voulut parler, mais les forces lui manquèrent. Elle sentit qu’une main puissante et implacable la saisissait par les cheveux et l’entraînait aussi irrévocablement que la fatalité entraîne l’homme. Elle ne tenta donc pas même de faire résistance et sortit de la chaumière.
Lord de Winter, d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis sortirent derrière elle ; les valets suivirent leurs maîtres et la chambre resta solitaire avec sa fenêtre brisée, sa porte ouverte et sa lampe fumeuse qui brûlait tristement sur la table.
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| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 21:26 | |
| J'ai particulièrement aimé tous les textes du jour. J'ai déjà dit combien j'aimais les textes de Lily (merci de l'explication, je voyais une fin beaucoup plus tragique ) et de l'Ami. Mais j'ai aussi aimé tous les autres. Je crois que c'est une des plus jolies sélections que j'ai eues, même si beaucoup de tableaux sont sombres, et un brin austères. Rosalind, ça m'avait fait penser à Milady, je ne me trompais donc pas ! Je suis toujours assez en colère contre cette scène, je suis sûre que si Milady avait été un homme elle n'aurait pas été exécutée de la sorte. Certes, elle a commis des meurtres, mais dans le genre les Mousquetaires ne doivent pas être mal non plus. J'ai beaucoup aimé ton texte, qui fait frémir. Clinchamps, mais oui, c'est presque du Giono , même si je ne suis pas sûre de voir du granit chez Giono. J'aime tes feuilles tourbillonnantes, les clichés ont du bon. Elianor, ton petit texte me donne l'impression d'être glacée par un vent d'hiver. J'espère que ton personnage va s'en sortir. J'aime toujours la manière dont tu poses une histoire en quelques mots. Ysabelle, quel plaisir d'avoir ton texte qui est le plus lumineux de tous ! On s'imagine bien dans ton texte, à se reposer le regard sur la campagne, c'est très agréable... Sur ce, je donne mon verdict, avec un peu de mal. Je pense que le texte qui m'a fait la plus forte impression est celui de l'Ami ! Ce tableau que j'ai vu très clairement, la Mort qui traverse des plaines que j'ai imaginées désertiques, volcaniques, un moment suspendu, sanglant. Bref, très évocateur. Merci pour ce texte ! |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 22:06 | |
| Bravo l'Ami |
| | | L'Ami Ready for a strike!
Nombre de messages : 1125 Date d'inscription : 21/04/2020
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Ven 05 Juin 2020, 23:47 | |
| Bonsoir à toutes et à tous,
Merci Annwvyn d'avoir aimé ce texte pourtant d'humeur morose, mais "la vie n'est pas un long fleuve tranquille" et parfois le drame peut être source de création, de réflexion, de questionnement.
Je vous donne les huit mots attendus. À vos rêves !
Oubli(er) Apaiser Soulier Pardon Vétiver Corsage Plénitude Alchimie |
| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 09:36 | |
| Merci Annwvyn. A propos de Milady, je ne suis pas sûre que les mousquetaires aient tué de la même manière. Même si je ne suis pas fan du personnage de Constance et encore moins de d'Artagnan, ce qu'elle leur a fait est d'une cruauté sans nom. C'est sûr, on peut se dire que son passé l'a rendue ainsi mais elle reste une meurtrière de sang froid. Je ne sais pas effectivement si un homme aurait été exécuté de la même manière. Bonne question. L'Ami, j'avais parié sur ta victoire méritée
Dernière édition par Lily of the valley le Sam 06 Juin 2020, 12:08, édité 1 fois |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 11:22 | |
| Lily, on pourra continuer cette discussion sur le topic Dumas, surtout je crois que j'en avais déjà mis une tartine et que Tatiana est en train de relire le roman ! J'ajoute quand même que d'Artagnan a quand même violé Milady (coucher avec elle sous une fausse identité) et que pour le coup personne n'y trouve à redire ! EDIT : je me suis bien amusée ce matin avec les mots de l'Ami. - Annwvyn a écrit:
- Alangui dans le moelleux du sofa, sa longue silhouette à l’élégance étudiée, depuis ses souliers vernis jusqu’à son haut front blanc, Oscar se laissait emporter dans le tourbillon de ses sens en quête de plénitude. Les songes cognaient douloureusement sous son crâne, impossibles à apaiser, écrasés par le parfum boisé du vétiver qui bouchait l’espace. Le dandy flottait dans une alchimie d’hallucinations, où la douceur de ses gants de nubuck se mêlait à celle des corsages ouverts de ses premières maîtresses. Il sentait son corps élastique, et aspirait au pardon, à l’oubli, et à la disparition de sa propre réalité.
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| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 12:45 | |
| Très chouette encore Annvwyn J'ai fait dans les légèreté aujourd'hui... mais ça ne me plaît pas. Tant pis, manque d'inspiration au rendez-vous. - Citation :
ELLE boutonne le chemisier turquoise qu’elle a commandé sur un coup de tête, la conscience apaisée par une forte réduction qui en ramena probablement le prix approximativement à sa valeur réelle si elle en juge par le fil qui s’échappe de l’ourlet. Elle s’asperge avec un manque certain de parcimonie d’Alchimie de Rochas, tresse ses cheveux et sourit au miroir. Dix-huit ans aujourd’hui, noces de turquoise. Elle n’est plus la jeune fille romantique qu’elle était. Elle ressent maintenant cette plénitude liée à la confiance et l’habitude et ne pique plus de colère à chaque faux pas de son grand ours de mari même si elle espère qu’il n’a pas oublié.
IL lève les yeux lorsqu’elle apparaît sur la terrasse, une bouffée de son parfum se mêlant à l’herbe qu’il vient de couper. « C’est un corsage neuf ? Tu vas où ?»
ELLE essaie d’étouffer sa colère. Corsage… pfff ! ça sent le soulier verni, l’eau de Cologne au vétiver et la naphtaline. Il a oublié, elle aurait dû s’en douter. Ses yeux de cocker lui demandent déjà pardon lorsqu’il réalise. Le romantisme pour les nuls sera le parfait cadeau-punition, pense-t-elle. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72649 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 14:11 | |
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| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 15:04 | |
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| | | L'Ami Ready for a strike!
Nombre de messages : 1125 Date d'inscription : 21/04/2020
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 15:17 | |
| Re-bonjour, Après réflexion, je pense que Dimanche soir 20h serait raisonnable pour le dernier envoi de texte. Bon week end.
P.S: Lily mes mots sentent-ils tant que ça la naphtaline ? (je prends un coup de vieux, déjà que je ne suis plus très jeune ) |
| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Sam 06 Juin 2020, 16:06 | |
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| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| | | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17039 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 10:57 | |
| Merci pour le délai Voici ce que les mots m'ont inspiré - Citation :
Elle a sorti du coffre son costume de fête, la longue jupe et le corsage ajusté, bien pliés sous les fagots de vétiver. Les souliers légers ont remplacé les sabots, elle a relevé ses cheveux et épinglé sa coiffe de dentelle. Elle est dans la plénitude de sa beauté et attire tous les regards. Elle les ignore, car un seul lui importe. Celui de ce marin qui a fait chavirer son cœur par une mystérieuse alchimie. C’est le jour du Pardon des Islandais, demain il prendra la mer pour une interminable et dangereuse campagne de pêche. Elle sait qu’elle ne l’oubliera pas, et ce n’est qu’à son retour que ses craintes seront apaisées.
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72649 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 11:05 | |
| - Citation :
- Elle ne remercierait jamais assez l’alchimie de sa marraine qui lui avait donné l’occasion de connaître la plénitude d’un bonheur tant espéré. En transformant un vulgaire caraco en corsage de soie avec jupe assortie, des espadrilles en souliers de satin, elle lui avait ouvert les portes du bal ! Oubliant ses sœurs, allant même jusqu’à leur accorder son pardon, apaisée par la sensation d’être enfin à sa place, elle se laissait griser par la valse et par le parfum de vétiver du prince…
Sans prolongation je n'aurais rien posté, et encore, c'est très moyen... |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36568 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 16:57 | |
| - clinchamps a écrit:
Sans prolongation je n'aurais rien posté, et encore, c'est très moyen... La rage au ventre, elle mit ses souliers, ajusta son corsage, et descendit les escaliers. Pour se venger, elle prit tout son temps. Il fallait qu'il comprenne qu'elle était fatiguée de ces soirées mondaines, où elle était obligée de jouer un rôle. Qu'étaient devenues la plénitude et l'alchimie qui faisaient l'admiration de leur entourage? Cette pensée loin de l'apaiser, ajouta à sa colère! Elle traversa nerveusement le corridor, laissant derrière elle une délicate fragrance de vétiver. Debout près de la voiture, lui, l'attendait imperturbable. Une lueur d'admiration passa dans ses yeux lorsqu'elle franchit la porte. Alors, oubliant sa colère, elle lâcha un pardon presque inaudible. |
| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 18:52 | |
| Je ne voudrais pas avoir à choisir cette fois, sacré travail mesdames !! J'ai toutefois un faible pour Rosalind avec sa scène qui me fait penser aux tableaux bretons du musée des beaux arts de Quimper que je visite chaque année. |
| | | L'Ami Ready for a strike!
Nombre de messages : 1125 Date d'inscription : 21/04/2020
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 20:17 | |
| Voici ma participation hors concours: Comment oublier, comment s’apaiser, traité comme un vieux soulier souillé d’immondices. Pour accéder au pardon, il va falloir que je me gave de tisanes de vétiver aux vertus anti-dépressives pour retrouver le chemin. Tout ça pour une oeillade juste un peu appuyée sur son corsage offrant une plénitude de formes généreuses. Est-ce de ma faute si mon alchimie naturelle transforme en objet de désir tout ce sur quoi mon regard s’attarde ? Annwvyn: Oscar semble flirter avec la « petite mort » en se laissant sombrer délicieusement dans un abîme sensoriel. Lily: Excellente mise à jour pour vieux garçons ou vieux messieurs attardés, du millénaire passé. Rosalind: naissance d’un amour discret mais non moins profond d’une femme de pêcheur qui épousera en même temps le fardeau de l’attente. Clinchamps: Quitte l’âtre pour être, De soie en soi, De vair en verre, Envers et contre toutes… Ysabelle: « une lueur d’admiration passa dans ses yeux lorsqu’elle franchit la porte » Un regard et tout est dit. Néron avait raison.(Britannicus, acte II scène 6) Mon choix, comme d’habitude difficile, se porte sur le texte de ce couple anonyme de gens de mer qui payent chèrement depuis des siècles leurs déterminations. Lily a raison, c’est décrit comme un tableau, par petites touches, discrètes, élégantes. Rosalind, prépare tes huit mots. |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17039 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Dim 07 Juin 2020, 21:16 | |
| Merci L'Ami Lily j'aimerais visiter le musée des beaux-arts de Quimper J'ai pensé aux pardons bretons et plus spécialement à celui de Paimpol, d'où partaient les campagnes de pêche à la morue dans les eaux islandaises. De nombreux marins y ont laissé leur vie. J'ai lu récemment Pêcheur d'Islande Les mots que je vous propose - Citation :
sombre perdre oeil espoir brume héritage mutin brisant(s) |
| | | Lily of the valley Sherlock's Blue Scarf
Nombre de messages : 9788 Age : 55 Localisation : Pile entre Honoré (de B) et George (S)... Date d'inscription : 29/06/2012
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Lun 08 Juin 2020, 08:51 | |
| Bravo Rosalind ! J'ai adoré ton texte. J'espère avoir le temps de faire quelque chose avec tes mots. Voilà les deux tableaux auxquels je pensais... |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Jeu littéraire pour chasser les idées noires Lun 08 Juin 2020, 11:26 | |
| J'ai aussi beaucoup aimé ton texte Rosalind, qui est tout à fait dans le ton de Pêcheur d'Islande oui. Quant à tes mots du jour, ils m'évoquent des pirates, comment aurait-il pu en être autrement ? - Annwvyn a écrit:
- « Capitaine, nous allons nous perdre ! ». Le capitaine n’avait qu’un œil (et qu’une jambe mais cela n’a pas d’importance pour notre histoire), et, la longue-vue dépliée, il scrutait les eaux sombres plongées dans une brume opaque. Les vagues déferlaient sur les brisants avec un bruit assourdissant. La voix sèche du capitaine couvrit le fracas, pourtant : « La ferme, Le tatoué ! Tu as été mutin, mais maintenant, cesse de moufter, je suis ton capitaine ! ». Le tatoué ferma la bouche. La mort en héritage, c’est tout ce qu’ils auraient gagné à leur révolte minable, il n’y avait aucun espoir de s’en tirer par un temps pareil.
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