La saga des Gaulois : Astérix and Co

Nous sommes le 15 mai et je lance officiellement


en commençant par le premier tome (original, n'est-ce pas ??  )



Mon album n'est pas une édition originale, mais il est fatigué quand même !!   

C'est le premier album de la série. Il sort le 29 octobre 1959, en feuilleton dans le N°1 du journal "Pilote" où la série restera jusqu'en 1973. Il sort parallèlement en albums cartonnés aux éditions Dargaud.

L'histoire se situe en -50 avant JC, soit peu de temps après la défaite d'Alésia, et l'occupation de la Gaule par les Romains.
Je pense que cette date n'est pas vraiment innocente, en 1959 la seconde guerre mondiale et l'occupation sont encore bien fraîches dans les mémoires et l'esprit populaire ne pouvait qu'avoir envie de se reconnaître dans la volonté de résistance du petit village d'Armorique à l'occupant Romain...    Et même peut-être y trouver un genre de rédemption...    mais je m'égare peut-être.
Les deux auteurs, Goscinny pour le scénario et Uderzo pour les dessins, ont choisi dès le départ le mode humoristique et satirique afin d'égratigner  la société française et l'esprit français contemporains à travers ces personnages pseudo-historiques, les stéréotypes et les particularismes régionaux.

Le graphisme est déjà sûr et bien installé, même si il va s'affiner ensuite au cours des autres publications.
Sans aller sur Wikipedia, ce qui serait un peu facile, pourriez-vous trouver ce qui va changer par la suite ?   

Le cadre est historique, mais il serait intéressant de justement aller voir à quel point nos deux auteurs ont violé l'Histoire pour lui faire les enfants que l'on connaît ! (M.Dumas me pardonnera de le paraphraser !!)
Très vite un film d'animation en sera tiré :

qui sortira en DVD, dont voici la jaquette  :


et dans une version remastérisée :

Le succès fut immédiat !!!    

clinchamps a écrit:

Le graphisme est déjà sûr et bien installé, même si il va s'affiner ensuite au cours des autres publications.

Question graphisme, c'est vrai qu'il est "installé", mais il y a des différences notables dans l'évolution des dessins des personnages, Astérix s'il a presque sa silhouette, n'a pas encore tout à fait le regard aussi expressif, ce sont deux points virgules pour le moment. Obélix n'est pas encore rond, et il porte une hache à la ceinture, hache qu'il va rapidement perdre  dans les prochaines pages de l'histoire. Quant au Barde, il a franchement l'air d'un "vieux beau" alors que par la suite je le trouve très bien

D'emblée, ce que j'ai aimé, ce sont les noms qui distinguent les Romains des Gaulois des Germains, et dans ce livre seul Jules César est vraiment identifié ce qui est normal puisque l'histoire tourne autour de lui.

J'ai tout de suite était séduite par cette BD car elle changeait vraiment des autres et surtout les situations cocasses étaient soulignées par un humour fin et décapant.  

J'ignorais qu'Astérix n'avait que cinq mois de moins que moi! C'était l'unique BD qu'achetaient (et religieusement) mes parents, jeune couple de profs "intellectuels de gauche". Et qui ne furent jamais de vrais lecteurs de BD passées l'enfance et la jeunesse. Astérix avait donc un statut réellement à part.

clinchamps a écrit:

le mode humoristique et satirique afin d'égratigner  la société française et l'esprit français contemporains à travers ces personnages pseudo-historiques, les stéréotypes et les particularismes régionaux.

Le graphisme est déjà sûr et bien installé, même si il va s'affiner ensuite au cours des autres publications.
Sans aller sur Wikipedia, ce qui serait un peu facile, pourriez-vous trouver ce qui va changer par la suite ?   

Sans aller sur Wikipedia, je peux te dire déjà que ce premier tome n'a pas encore le 3ème larron de nos aventures gauloise, le sieur Idéfix, petit chien adorable et écologiste avant l'heure, qui pleure quand on abat un arbre et qui n'apparaitra qu'au tome suivant: Le Tour de Gaule, comme un petit chien qui va suivre nos amis en sortant d'une boutique (à Lutèce il me semble) et qui sera enfin remarqué par obélix à la fin de l'album ^^

ça va m'dame, j'ai passé mon examen es-Asterix? (non, non, je n'ai pas appris à lire avec le petit Gaulois, et je ne connais pas les album par coeur, et on ne récitait pas les meilleurs passages en famille au moins une fois par semaine...     )

Quand à l'esprit français, il est magnifiquement illustré par la réplique d'Agecanonix, dans le Cadeau de César, lorsqu'il sont invité par le tavernier Orthopédix

Citation :

"Je n'ai rien contre les étrangers. J'ai même de très bons amis qui sont étrangers. mais ces étrangers là, ils ne sont pas de chez nous "

bon, tu te doutes que le challenge Asterix, j'y plonge comme dans le Chaudron magique ^^

Bien vu, Kusa, Idéfix n'arrive effectivement qu'au passage à Lutèce, dans "le tour de Gaule"... qui n'est pas le suivant, celui-ci étant"la serpe d'or"   ... et pourtant il est sur la jaquette du DVD remastérisé d'"Astérix le Gaulois"   
Il y a encore des détails à remarquer dans l'album !   

  A la relecture, j'ai remarqué que non seulement l'on se moquait des Romains mais de plus, ces Romains n'étaient pas tout à fait des Romains, certains ne comprenaient pas le Latin et que pour les faire marcher "droit" il fallait constamment les menacer du cirque... du coup ils étaient galvanisés et  cela deviendra récurrent dans tous les albums.

Autre remarque, les Gaulois dansent.... comme dans les fest deiz et les fest noz, et surtout une danse en ligne, typique dans le monde celtique. Assurancetourix n'est pas encore attaché et baillonné par ses copains, plus tard ils craindront ses interventions et je note enfin que l'appétit d'Obélix pour les sangliers n'est pas encore "gargantuesque" (terme qui n'existe pas encore vu l'époque) puisqu'il partage seulement un sanglier avec Astérix et que bientôt, il lui en faudra deux ou trois et qu'il s'avèrera insatiable dans les tous derniers albums.

Je suis admirative par vos connaissances sur Astérix   un plaisir de vous lire   

En ce qui me concerne, ayant une PAL vertigineuse, et culpabilisant à l'idée de relire un livre, j'ai emprunté à la bibliothèque la traduction en anglais "Asterix the Gaul". J'étais curieuse de voir le travail fait par les traducteurs sur cette BD qui tourne pas mal autour des jeux de mots   (notamment sur la fin avec une explosion d'expressions capillaires   ).

Pour commencer, j'ai noté les noms des camps romains : Compendium, Laudanum, Aquarium et Totorum (sur la page Wikipedia consacrée aux traductions anglaises d'Asterix,ici   , j'ai apppris que "Tot o' rum" est une forme familière pour "shot of rum". Les traducteurs ont donc conservé l'allusion qui était présente dans "babaorum"   

Dans la version anglaise, l'action se déroule au camp de Compendium (quel est le nom en VF ?)

En parcourant cette page wiki sur la traduction d'Astérix, j'ai notamment appris qu'il existait des différences entre la version british    et la version américaine   désolée de n'avoir pas une contribution plus étoffée       

Le camp Romain chez Astérix le Gaulois, c'est Petibonum    les romains sont tous négligeables, et l'épisode cheveux est tout à fait remarquable.

L'une des constantes de l'humour des albums se trouve ici dès la première page, c'est l'utilisation des citations latines des pages roses du Larousse... citations déformées et mises en situations :
"les gaulois sont venus, ils ont vu et ils ont emporté Caligula Minus"

ou l'utilisation du "ô" devant les noms :
- Que t'est-il arrivé, ô Caïus Bonus ?
- J'ai marché sur ma barbe, ô imbécile !


On peut aussi remarquer l'absence totale de femmes dans le village gaulois, sauf une toute petite qui course un poulet avec un couteau !!   

c'est vrai Clinchamps, mais dans ce premier album, les auteurs mettent l'accent sur les deux antagonistes : l'envahisseur et les Gaulois résistants, les femmes sont encore dans l'ombre, pourtant courser le poulet c'est aussi une manière de mettre l'accent sur courser le Romain, en faire un "poulet" c'est à dire, un envahisseur qui va finir tête basse mais cela prendra du temps, il faut empiler beaucoup de casques avant.

De plus, la castagne c'est affaire d'homme, une femme est plus subtile, voir plus tard les autres albums  

Tu es très subtile, Fée Clochette, moi j'y vois plutôt un signe de l'air de l'époque : les femmes aux fourneaux !!    

ma chère tu penses les deux solutions... nous petits Gaulois, nous allons les passer à la casseroles ces Romains, et n'en feront qu'une bouchée, et de deux, les femmes pourvoient à satisfaire la faim de leurs guerriers  

Même si je ne participerai pas à la lecture de chaque BD, je suis vos échanges si instructifs avec intérêt. Sans être une néophyte (tout le monde est fan d'Astérix dans la famille et nombreux sont les numéros passées entre toutes les mains) je suis loin de connaître chaque BD. J'adore les touches d'humour    (illustrées par les exemples donnés par Clinchamps).

Serendipity, ton idée de te lancer dans les versions anglaises m'inspire, j'espère pouvoir faire de même pour quelques numéros (en compagnie de la page Wiki adéquate pour m'y retrouver   ). Ne serait-ce que pour repérér les traductions des formules humoristiques. Traduire Astérix doit être plus ardu qu'on pense... rien que pour les noms de lieux ça doit être assez casse-tête.

Tatiana a écrit:

Traduire Astérix doit être plus ardu qu'on pense... rien que pour les noms de lieux ça doit être assez casse-tête.

Il doit falloir posséder parfaitement les deux langues !  

clinchamps a écrit:

l'utilisation du "ô" devant les noms :
- Que t'est-il arrivé, ô Caïus Bonus ?
- J'ai marché sur ma barbe, ô imbécile !

En anglais, Caïus Bonus deviens "Crismus Bonus"   et on abuse moins du Ô, cela donne

Citation :

- What happened, O Crismus Bonus ?
- I tripped over my beard, idiot !

Dans la vignette suivante j'aime bien :

Citation :

- I am at the mercy of these Gauls ! They've got us by the short hairs !

Et en page suivante, Astérix en rajoute une couche   

Citation :

- You're making fun of me Gaul. But I have to talk to you !
- Talk away, then ! Let's not split ay hairs !

J'aime bien les chignons de Caïus Bonus, les djeuns se font mes mêmes maintenant   

 

serendipity a écrit:

les djeuns se font mes mêmes maintenant

il va falloir que je fasse attention, rien vu moi !

Je suis ravie par ma trouvaille... je ne connais pas tous les noms !

Belle trouvaille, Fée    je découvre plein de noms

Une question aux spécialistes Astérixiens, pourquoi les créateurs ont imaginé la potion magique ? Nos Gaulois irréductibles résistent, mais ils se dopent, c'est énervant ça, et surtout rabaisse beaucoup les exploits des Gaulois. Certes cela fait rire, mais tout de même, Astérix est convoqué par le Druide pour absorber sa dose de potion hebdomadaire, sinon il sera vulnérable et il a sa petite gourde en prévention... du coup cela fait rire, mais j'ai comme un malaise, les Gaulois sont fonceur et rentre dans le tas en désordre contre les Romains disciplinés et rangés (les boucliers en tortue)... la différence est notable.

A la fin, c'est banquet de goinfre et beuverie................. je ne suis pas contre les petites fêtes, mais là j'ai l'impression qu'ils ne se battent que pour boire et manger....

Votre avis peut m'éclairre à mieux comprendre ce genre de résistance... est-ce que les créateurs se moquent des Gaulois ou des Romains       

Moi perso je ne me suis jamais posée la question... je pense que si Gosciny et Uderzo ont pris des libertés avec l'Histoire, ce n'était pas au point d'imaginer un village résistant à l'armée romaine comme ça ^^

Dans les faits, la potion magique est considéré comme un produit dopant par les Sages des Jeux Olympiques, donc Asterix ne peut pas en consommer dans celui-là ^^

Sauf que c'est un phénomène récurant, sans potion, pas de castagne gauloise !

Fée Clochette, ton argument me sidère un peu !   
Pour moi, Goscinny a utilisé le truc de la potion magique pour justifier qu'un petit village de paysans tienne tête victorieusement à l'empire romain tout entier ...    Il fallait quand même qu'il y ait un brin de logique !!  De plus, quand il a créé le personnage, le phénomène "drogue" n'avait pas l'importance qu'il a aujourd'hui, et je suis bien certaine que personne ne s'est drogué après avoir lu Astérix...
L'exagération des effets de la potion, accentuée par le côté "BD" lui ôte tout aspect exemplaire, c'est comme dans Nodame, quand Chiaki fait valser Nodame à travers la pièce... oui parce que le côté "mangaesque" est bien présent dans Astérix...
  il est évident qu'il ne la bat pas et qu'il n'incite pas à la violence. Voir les Romains jaillir à des mètres du sol sur un simple coup de poing ne laisse aucun doute sur l'aspect caricatural de l'histoire.   
Le fait que les Gaulois ne puissent vaincre sans la potion est au contraire plutôt positif : il n'y a pas de surhomme, seulement des gens plus malins qui utilisent ce qu'ils ont pour résister à l'envahisseur.  
Pour Astérix au JO, la potion est interdite parce que c'est une tricherie, mais il n'y a pas de tricherie dans la résistance à l'envahisseur.   

 ah voilà ton argument me convainc...

clinchamps a écrit:

mais il n'y a pas de tricherie dans la résistance à l'envahisseur

tu as raison il faut être malin, donc nous sommes malins : j'adore.  être dans le camp des malins.

Sinon, tu peux boire du thé, Fée Clochette. Dans Astérix chez les bretons c'est au bout du compte

Spoiler:

Mais hush-hush, ceci est une autre histoire.

Les deux compères, Goscinny et Uderzo, avaient un art consommé de la caricature, et pas seulement des gaulois (dans ce cas, c'est très bien résumé dans La Grande Traversée). Les Corses, les ibères, les phéniciens, les bretons, les belges, les goths, les normands croqués par ce duo infernal sont tout aussi savoureux. Sans parler de leurs caricatures de jeunes coq branchés, de femmes de chef ambitieuses, de fonctionnaires romains, de gouverneurs malhonnêtes, d'officiers brutaux... indépendamment de toute question de nationalité.

merci MissAcacia