Etre accomplie...

"Jeune fille accomplie"... Une expression qui me porte sérieusement sur les nerfs, surtout lorsque cela me concerne. Une expression aussi que je n'ai que trop souvent entendu et qui explique pourquoi je me sens bien souvent très éloignée du raisonnement des jeunes filles austiniennes. J'irais même plus loin en disant que si je devais être transportée à cette époque, je ferais sûrement un scandale et j'aurais de grandes difficultés à y vivre.

Non, je ne veux pas me marier.... Jamais ! Je ne veux pas d'hommes pour régenter ma vie, mon père pour ça a suffit. Je ne veux pas non plus d'enfants, même si je les aime beaucoup. Je ne souhaite pas être une adorable grande mère qui fait des confitures et des gâteaux malgré le fait que j'adore mes propres grands-mères qui remplissent parfaitement le profil...

Pourtant, j'ai été élevé avec cet état d'esprit : devenir une jeune femme accomplie (et bonne à marier au plus vite erk!! >_<). Sauf que ça, je m'y suis peu à peu "rebellé". Sans doute est-ce du au fait que mon père, rêvant d'avoir un fils, m'a également élevé comme tel, m'entretenant d'affaires qui normalement se discuterait entre père et fils, me faisant exercer certaines activités qui normalement sont réservés à la gente masculine. A cinq ans j'ai passé ma licence de moto-cross et je savais diriger un petit voilier par exemple, mais j'ai appris également à savoir bricoler, j'ai tâtonné de la mécanique, et j'ai fait divers travaux de force. A côté de cela, en société, je dois savoir garder ma place parce que je suis une fille et que je ne suis pas censée devoir parler ou savoir certaines choses. J'ai horreur de ça !! En silence (mais pas tout le temps), je m'en indigne, je m'insurge... Pourquoi les filles n'auraient-elles pas le droit de montrer qu'elles savent faire certaines choses ? Où est le mal à cela ?

Mes parents ont en effet eu deux filles et (malheureusement pour moi ?), je suis l'aînée. Mon père bien qu'il ait désiré avoir un garçon a bien du se contenter de ce qu'il avait, et je sais qu'au fond, il en est ravie et ne nous en aime pas moins. Du coup, il m'a élevé à la fois comme un homme et une femme. Je pourrais presque citer le fait qu'il voulait que "je puisse faire mes propres choix dans la vie", mais aussi que je sache me défendre et que je sois forte. Aussi, je pratique les arts martiaux depuis que j'ai trois ans, mais j'ai également appris le tir (à l'arc, à la carabine et au pistolet). Il a aussi cherché à m'intéresser aux motos et aux voitures, au voilier, à la randonnée en haute-montagne... Et à côté, j'ai fait de l'équitation, de la danse classique, du violon, de la flûte, du piano, du chant, j'ai appris à coudre, à cuisiner, à faire le ménage... Etant une enfant précoce, j'ai également appris, et à leur grande satisfaction, à lire très jeune. De plus, en plus de parler couramment deux langues j'en ai appris d'autres dont le latin et l'espagnol, mais également le gaélique irlandais, le serbo-croate, et un peu d'italien, d'hébreu et de japonais... Et puis je ne compte pas le nombre de choses que mes parents voulaient que je sache faire et que du coup, ils m'ont fait apprendre : natation, ski, canoe/kayak, escalade, badminton, volley, etc.

Les seules activités que j'ai toujours repoussé avec une grande verve : tout ce qui concerne la broderie, la couture, le repassage, bref, un grand nombre de ces activités qui semblent indispensables pour être une jeune femme accomplie. J'aime cuisiner et jardiner, mais ça, non, je peux pas, vraiment, même si je sais apprécier le travail des autres. ^^"

Ma plus grande fierté, mon plus grand accomplissement selon moi, c'est d'avoir appris à m'adapter très vite aux choses, aux nouveaux endroits, et aux nouvelles situations, ainsi que d'apprendre les choses plutôt rapidement. Le fait de connaître plusieurs langues m'a paru indispensable, parce que j'ai énormément voyagé et même si avec l'anglais on peut en effet aller partout, je trouve qu'il est toujours agréable de parler aux habitants dans leur propre langue. Par exemple, lorsque je vais en Espagne, je fais mon possible pour ne parler qu'espagnol. ^^

Malheureusement, savoir faire toutes ces choses ne fait pas forcément de moi une "jeune fille accomplie". Je sais que beaucoup, même plus jeune, savent faire encore plus de choses et ont encore bien plus de connaissances (je suis sûre que même sur son forum il y a en a des plus "accomplis"), mais rien qu'avec mes bagages, je sais que c'est assez intimidant pour beaucoup. Pourtant, plus j'en apprends, plus je vis d'expériences, plus je me rends compte qu'en fait je ne sais rien. Rien de rien. C'est le principe de la sphère... Plus on apprend, plus on comprend qu'en fait on ne sait rien sur le vaste champ de connaissances que nous offre ce monde... Et aller sur ce forum régulièrement ne fait qu'accentuer cette sensation d'être une véritable inculte. Alors au final, à quoi rime ce mot, "accompli" ? On ne sera jamais accompli au final, puisque l'on ne cesse d'évoluer et de se construire... Pour moi, ce mot est une limite, parce qu'à une époque, on a cherché à limiter la femme, à la rentrer dans un moule qui correspondrait à "la jeune fille parfaite pour le mariage". Je joues peut-être bien de la musique, certes, je sais peut-être très bien cuisiner et jardiner, mais je ne pense être ni très bonne à la peinture, ni en chant, ni en danse, ni en broderie... pour n'en citer que quelques uns... ^^'

MissAcacia a écrit:

Et bien Marian, je te souhaite de dépasser les préjugés familiaux

Ne t'en fait pas, c'est déjà fait. Je suis le mouton noir de la famille... Mais sinon, je ne reviendrais pas sur le fait que je n'aurais pas d'enfants et que je ne me marierais pas. Pour l'instant, ce n'est pas un de mes projets d'avenir. Déjà parce que je n'ai trouvé aucun homme qui m'attire suffisamment, ensuite parce que avoir des enfants nous forcent à complètement changer notre mode de vie (ou presque). Bref, avec une telle responsabilité, on est obligé d'envisager les choses différemment, de faire des sacrifices... Et je refuse de m'écarter du chemin sur lequel j'ai récemment choisi de me lancer pour l'instant. C'est donc ma plus grande peur : avoir des enfants. Sinon je serais obligée de revoir une grande partie des projets, et de plus, cela ne m'y engage pas trop, ma mère ayant failli par mourir avec moi lors de ma naissance, et les femmes de ma famille ayant presque toutes eu des enfantements difficiles ou mortels. Bref, être la parfaite mère de famille n'est pas quelque chose qui m'attire du tout pour le moment...