Lecture de groupe La dynastie des Forsyte Le propriétaire

Je lance l'ouverture de la lecture de groupe de La dynastie des Forsyte et nous commençons avec Le propriétaire   Comme nous n'avons pas toutes la même édition, nous allons essayer de rester ensemble Hâte d'avoir vos commentaires  

Participantes :

Lecture en français =
Cassandre
Clinchamps
Fée Clochette

Lecture en anglais =
Ju 
Tatiana

Cassandre a écrit:

Comme nous n'avons pas toutes la même édition,

mais c'est le même livre du même auteur donc pas de souci.

Une petite aide à la lecture J'ai scanné l'arbre généalogique des Forsyte. Pour celles qui ne connaissent pas l'histoire, cela peut faire spoiler

Il y a le même arbre généalogique dans mon édition, c'est quand même bien pratique, même si assez spoiler en effet

J'ai commencé le chapitre IX ce matin, j'ai pas mal avancé ce week-end
J'aime bien, mais ce sont vraiment quasiment tous d'odieux personnages, aucun ne trouve grâce à mes yeux pour le moment

On lit chacune à notre rythme ou il va y avoir un découpage précis ? (je demande, même si je préfère la première solution)

Ju a écrit:

J'aime bien, mais ce sont vraiment quasiment tous d'odieux personnages, aucun ne trouve grâce à mes yeux pour le moment

mais pas du tout ! c'est une famille ou tous s'aiment, se critiquent et se déchirent pour des riens parfois. Enfin, je les aime, je continue ma lecture cet après-midi.

D'ailleurs, qui n'a pas envie d'avoir de l'argent, de posséder et de transmettre (même sur une petite échelle) ? Qui ne respecte pas les conventions sociales, très peu d'humains, sinon il n'y a pas de vie sociale.

Qui a envie d'être une femme indépendante ? TOUTES et pourtant j'aime Soames Forsyte profondément car il confond aimer et posséder. etc... s'il fait construire une maison à la campagne, c'est pour y mettre un ornement : sa femme qui a fait la grande erreur de l'épouser ! par le biais de cette lecture, nous voyons vivre cette société émergeante qu'est la bourgeoisie issue du commerce si décriée par Miss Bingle chez Jane Austen. L'Angleterre victorienne tient les terres et les mers d'à peu près tout le globe et les grands bourgeois sont les acteurs de cette grande richesse et l'empire en est reconnaissant.

J'en ai lu une centaine de page, et je me replonge avec bonheur dans cette lecture ! Je retrouve les images de mes lectures (répétées) précédentes, le vieux Jolyon à l'Opéra, la scène si touchante où ce vieil homme réussit à passer sur le carcan des conventions pour revoir son fils... Ces gans me font pitié ! ce sont des infirmes du cœur, l'argent est leur seul mode de vie et de communication, et le pire c'est que confusément ils souffrent de cette infirmité du cœur ! Soames me fait de la peine, comme une abeille qui se cogne sans fin contre une vitre q'elle ne comprend pas il se heurte sur l'impossibilité de posséder le cœur de sa femme, plus il la veut plus il souffre de ne pas la posséder, mais il est incapable de le comprendre. Il me fait de la peine mais il me fait horreur, aussi ! Mais comme Galsworthy le dit lui-même dans sa préface Soames va évoluer en même temps que l'époque où il vit, car nous partons de 1886 et nous finirons en 1930, et alors la rigidité étouffante de l'esprit Forsyte apparaîtra comme une planche de salut, ou tout au moins un soutien dans la société éclatée et en déliquescence des années 30.
J'aime beaucoup l'écriture de Galsworthy, son ironie, la façon dont il dépeint ses personnages d'une plume acide tout en laissant deviner qu'ils sont humains, en dépit de tout !

N'étant pas chez moi actuellement je n'ai pas la possibilité technique de le faire. Mais si vous voulez en rentrant cette fin de semaine je peux vous ouvrir un sous forum pour votre lecture. Vous me dites

En fin de semaine ce sera très bien, il n'y pas d'urgence. Merci Ekat   .

Merci pour l'arbre généalogique Cassandre (que je vais attendre pour regarder de près par peur des spoilers). Mon édition n'en comporte pas et je me suis sentie un peu perdue lors de l'introduction de la famille réunie dans le premier chapitre.

Ju il n'y a pas de découpage précis .

J'avance lentement - j'ai terminé le chapitre 5 - car je trouve cette lecture plus ardue que d’autres lues aussi en anglais, de par son style. Elle nécessite plus de concentration chez moi.

Les hommes Fortyste ont souvent des prénoms peu communs : Soames, Swithin, Jolyon… Le romancier décrit avec froideur et ironie un milieu uniquement préoccupé de ses biens matériels, et une famille aux membres indifférents les uns aux autres, hormis peut-être les tantes célibataires. Soames aimerait que son épouse Irene soit aussi malléable qu’un objet, à l’image de ses autres propriétés. Leur relation est déjà captivante, avec Irene profondément malheureuse (voire déprimée) et Soames extrêmement tendu. Il me fait aussi de la peine bien que sa froideur rebute. On devine que leur mariage ne va pas aller en s’améliorant. Je m’interroge déjà sur les raisons qui ont poussé Irene à épouser Soames : il a dû répéter sa demande plusieurs fois ce qui signifie qu’elle a mis du temps à s’attacher à lui, à supposer qu’elle l’a été. Sa situation plus que confortable l’a sans doute emporté sur les considérations sentimentales.

La rencontre avec Jolyon père et fils après l'opéra est émouvante, avec le besoin du plus âgé de revoir un fils considéré comme un paria dans la famille mais à qui il a toujours conservé son affection.

Ok je m'en occupe alors

Tatiana a écrit:

Je m’interroge déjà sur les raisons qui ont poussé Irene à épouser Soames : il a dû répéter sa demande plusieurs fois ce qui signifie qu’elle a mis du temps à s’attacher à lui, à supposer qu’elle l’a été. Sa situation plus que confortable l’a sans doute emporté sur les considérations sentimentales.

Il l'a positivement harcelée, durant plusieurs mois, et même peut-être années , et il lui a fait à la fin une promesse qui l'a faite céder, promesse qu'il n'a nulle intention de tenir, car pour Soames Forsyte, tous les moyens sont bons pour arriver à posséder ce qu'il veut ! Il va le payer fort cher !

C'est expliqué par la suite le pourquoi de leur mariage, il y avait aussi si j'ai bonne mémoire une raison sordide liée à la famille d'Irène

Nous commençons le livre "Le propriétaire" par une réception familiale extrêmement intéressante. Tous les Forsyte sont réunis avec pas mal d'amis dans la maison de Jolyon Forsyte, le plus âgé des frères présents pour des fiançailles : celle de sa petite fille June Forsyte qui n'a pas encore 19 ans et une personnalité flamboyante.

- ce qui frappe dans la galerie des portraits distyllés par l'auteur, c'est la désunion dans l'union d'une fête, la ressemblance et la dissemblance frappante des physiques, l'ironie qui se dégage du groupe.
Certes, la famille s'aime mais avec des pointes de jalousie telles qu'ils en existent dans les familles nombreuses d'alors : ils sont (ai-je bien compté) 9 - une famille nombreuse pas si rare en ce 19e siècle, alors que de nos jours........ je n'imagine pas du tout.

Donc dès le départ, l'auteur qui les connait bien puiqu'il raconte sa propre histoire un peu arrangée, fait des portraits au vitriol. Il se libère ainsi du joug qu'il a certainement enduré pendant des années avant de devenir le vilain petit canard ou plutôt "l'artiste de la bande" en écrivant. Ecrire pour les Galsworthy est tout aussi incongru pour les Forsyte, que le métier du fiancée de June qui est architecte sans le sous et sans travail, et rêve d'inscrire une oeuvre dans cette Angleterre rigide, qui aime le classique, l'ordre, le confortable, et n'accepte la fantaisie qui si elle est rare

L'auteur, je le sens bien aime beaucoup Jolyon l'aîné et il a une admiration complète pour June qui se fiance à ce "brigand" de Bossiney Qui a osé se présenter chez les tantes Forsyte affublé d'un vieux chapeau mou, alors que le haut de forme semble être de rigueur dans la haute bourgeoisie Forsyte tout dans la description de l'allure de Bossiney le différencie de ces banquiers, rentiers, commerçants en jaquette noire cravattés et solennels.

L'auteur après avoir brièvement présenté tous les membres s'attarde sur Soames et Irène qui vont être les héros malheureux du roman. Soames a bien des qualités et un vrai gros défaut : il ne sait pas du tout extérioriser son amour et se rend involontairement peu sympathique, alors que s'il n'était pas si déterminé, autoritaire et égoïste, bien que pas très beau, il aurait pu séduire Irène sa femme. C'est je dirais un handicapé du coeur.

Quant-à Irène, ce 19e siècle offrait peu aux jeunes filles pauvres et elle a fait la gaffe de sa vie en épousant Soames, mais aurait-elle pu faire autrement ? Je ne crois pas, il fallait fuir absolument le foyer ou elle vivait. L'avenir avec Soames si insistant va, à un moment crucial de sa vie, lui donner l'illusion d'une vie possible. Elle se trompe.
Quoiqu'il en soit, .................................... je n'aime pas du tout Irène et c'est même celle qui dans l'histoire me déplait le plus profondément. J'attends les tomates

Pas de tomates de ma part, ma chère Fée En fait, je n'aime pas Irène non plus, elle a causé le malheur de quasi toutes les personnes qu'elle a croisées Elle est rigide, froide et irréfléchie

Cassandre a écrit:

Elle est rigide, froide et irréfléchie

je mets un bémol à ton avis Cassandre (ce n'est pas Hélène de Troie, mais pas loin   )...  Irène est rigide et froide avec Soames, mais pas tout à fait irréfléchie. Elle ne se marie avec Soames qui la courtise 18 longs mois et s'assure que la belle mère la pousse vers lui. Lorsque le foyer de sa belle-mère devient insuportable elle l'accepte et elle fait promettre à Soames de la délivrer des liens du mariage, s'ils ne s'entendent pas.

Or quel homme du 19e siècle tiendrait ce genre de promesse ? aucun il me semble et surtout pas Soames.

Irène pressent qu'elle sera malheureuse car pas amoureuse, et la personnalité même de Soames l'en empêche. Il est orgueilleux, obstiné, travailleur et calculateur. Irène est certe intelligente mais pas assez intuitive pour deviner que mariée elle ne sera jamais libérée. De plus, elle est  artiste jusqu'au bout des ongles, et même si son mari lui offre une vie matérielle "dorée", cela ne lui suffit pas. Tous les bijoux du monde, toutes les magnifiques robes dont il la pare, ne sont rien. Elle aspire à aimer et être aimer et en fait le superflu dans l'amour, elle peut le concevoir, mais sans amour non. Pourtant, Soames et Irène auraient pu trouver un terrain d'entente, ils aiment lire les mêmes romans d'amour !

Dans ce couple, un seul aime, très mal. Soames l'aime... il l'aime comme un objet, un bibelot, un ornement, un propriétaire, un maître et pour parachever sa gloire personnel, il la veut dans une maison magnifique, qu'il ordonne à Bossiney de construire. Ce qui m'énerve un peu c'est qu'Irène, la magnifique Irène sourie à tous est aimable avec presque tous, sauf avec Soames - elle n'y met pas du sien.  

Pourquoi Bossiney est choisi comme architecte par Soames, tout simplement parce qu'il pense que faisant partie bientôt de la famille, il payera  moindre coût et au fil du temps il se rend bien compte que la maison va être tout simplement extraordinaire mais dispendieuse. c'est bien dans la logique familiale, payer moins parce que c'est la famille... or appremment le vieux Jolyon estime que le fiancé de June n'est pas digne d'elle ! il veut son bonheur et a mis une condition pour le mariage car il ne veut pas que sa petite fille se nourrisse de "cacao" comme son fiancé, il veille à ce que Bossiney ne l'épouse que s'il gagne bien sa vie   finalement ce mariage n'est pas si imminent et pour l'instant Bossiney n'est pas la "famille"

Cet état d'esprit de pas mal de gens : avoir du beau et payer peu se retrouve encore à l'heure actuelle, les Soames sont partout sans que nous y fassions très attention.

Mais, il n'y a pas que Soames qui aime posséder, c'est un trait marquant familial    : j'adore la réception de Swithin, les détails de la table, en fait ce vieux monsieur égoïste et aimant le luxe, la mode, les chevaux, bref tout ce qui fait que l'on puisse dire qu'il est riche m'amuse et me navre. C'est une vie personnelle assez "inutile" sauf qu'il a tout de même travaillé à la richesse du pays    

Mes préférés dans l'histoire, restent Jolyon qui est plein d'amour pour les enfants et James qui répète à l'envie que personne ne lui dit jamais rien    ces deux là, aiment leur famille en bloc et en particulier.

Le lien distendu des Jolyon et Jo se régénère après 15 ans de distance, et James et Soames, sans se le dire s'épaulent s'aiment et se réconfortent de petits gestes fréquents qui les rassure. Ce sont soit de grands pudiques, soit des "peu-parle" comme l'on dit chez moi.

Mais l'histoire ne serait pas bonne, si une maison extraordinaire ne venait pas bouleverser les Forsyte      et cette maison, la maison de l'orgueil va faire bien du mal tout au long de l'histoire.

Je suis d'accord avec ton analyse, Fée Clochette, Irène n'est certainement pas froide dans les bras de Bosiney, elle ne fait le malheur de personne, c'est la monstrueuse rigidité de la société victorienne anglaise(merci Albert !!) qui la broie ainsi que Bossiney parce qu'ils n'entrent pas dans le moule ! Irréfléchie ?? Elle est quasiment forcée d'accepter la demande plus qu'insistante de Soames ! Rien que de m'imaginer dans sa situation je commence à m'étouffer ! Ce n'est pas que je l'aime, mais elle me fait trop pitié ! En plus elle a à porter le fardeau de sa beauté et d'une sensualité latente (l'auteur insiste assez sur sa taille, son regard de velours brun, sa démarche, sasilhouette...)qui en fait automatiquement un objet de désir de tout ce qui porte pantalon autour d'elle !

Citation :

Mes préférés dans l'histoire, restent Jolyon qui est plein d'amour pour les enfants et James qui répète à l'envie que personne ne lui dit jamais rien   ces deux là, aiment leur famille en bloc et en particulier.

Le lien distendu des Jolyon et Jo se régénère après 15 ans de distance, et James et Soames, sans se le dire s'épaulent s'aiment et se réconfortent de petits gestes fréquents qui les rassure. Ce sont soit de grands pudiques, soit des "peu-parle" comme l'on dit chez moi.

Mais l'histoire ne serait pas bonne, si une maison extraordinaire ne venait pas bouleverser les Forsyte   et cette maison, la maison de l'orgueil va faire bien du mal tout au long de l'histoire.

clinchamps a écrit:

Rien que de m'imaginer dans sa situation je commence à m'étouffer

certes, mais au 19e siècle, pour divorcer .... c'est impensable hélas, alors que vivre pour être constamment malheureuse n'est pas humain. C'est vraie aussi que le Prince Albert a beaucoup imprégné la société victorienne, il devait être absolument rigide !

La description d'Irène rend certainement les hommes fous c'est peu de le dire, mais en elle tout est parfait et Soames jaloux veille au grain. A son côté, June flamboyante fait l'effet d'un parfait vilain petit canard, quel dommage. Pourtant elle a un sacré caractère June, elle est intéressante et en passe de devenir admirable. J'aime son esprit caustique et indépendant toujours à aider tous "les canards boiteux".

J'ai souvent pensé que June était bien dans la lignée des caractères souvent non conformiste de son grand père et de son père

Avec cette relecture, je me régale, j'ai vraiment trop attendu pour la relire

Fée clochette a écrit:

clinchamps a écrit:

Rien que de m'imaginer dans sa situation je commence à m'étouffer

certes, mais au 19e siècle, pour divorcer    .... c'est impensable hélas, alors que  vivre pour être constamment malheureuse n'est pas humain.

Justement, elle sait qu'il n'y a pas d'issue, sauf à continuer à partager le lit d'un homme qu'elle déteste....

Spoiler:

Fée, je ne trouve pas qu'Irène ait le tempérament artistique, je dirais plutôt que c'est une esthète Elle apprécie les belles choses, les arts et elle sait distinguer le beau du laid Pour le reste de ton analyse, je suis presque d'accord sauf qu'elle savait bien que le divorce n'était pas chose acceptable pour les Forsyte

J'adore l'anecdote du chapeau de Bosinney

Moi aussi, je me régale Je ne l'avais pas lu depuis mes 20 ans

Cassandre a écrit:

je ne trouve pas qu'Irène ait le tempérament artistique, je dirais plutôt que c'est une esthète

Elle a fait des études musicales poussées et si son père le professeur Heron n'était pas mort, elle aurait pu continuer plus loin. Je pense donc qu'effectivement c'est une pianiste, donc une artiste -

L'esthète c'est Soames Galsworthy d'ailleurs l'oppose à Bosinney cheveux longs et bouclés, pantalons en acordéon, vêtu en débraillé en un mot " fantasque" alors que Soames à l'air de toujours sortir d'une boîte. Soames a le culte de la beauté, il s'entoure de beaux bibelots et objets, il collectionne les tableaux, il est tombé amoureux de la plus belle femme d'Angleterre. Comme il est riche, et qu'elle est pauvre, il a en l'encerclant avec obtination acquis sa main par une promesse illusoire de se séparer s'ils ne s'entendaient pas,  Irène est tombée dans le panneau    -  elle n'a certainement compris son erreur que le jour de sa nuit de noce   puisque rapidement elle demande à faire chambre à part.

Faire chambre à part, n'est pas un crime, puisque dans l'aristocratie cela s'est toujours fait, mais pour Soames, issue d'une famille "montante" (seulement deux générations) dans la bourgeoisie, cela lui paraît une hérésie.
Pour un Forsyte partager le même lit est la preuve du bonheur conjugal.
Soames peut  ainsi surveiller sa possession, l'admirer lorsqu'elle dort, l'admirer lorsqu'elle se baigne, l'admirer lorsqu'elle se vête, lorsqu'elle se pare de beaux atours et de magnifiques bijoux qu'il a choisi.  

Si Soames pouvait aussi admirer sa femme pour son esprit...    cela ne lui vient même pas à l'esprit ! Pourtant il se demande toujours qu'elles sont ses pensées. Irène reste de marbre et c'est à la longue ce problème qui  fera sortir Soames de ses gonds. il accomplira l'innommable, il  abuse d'elle en la forçant à avoir une relation intime. Pour Irène c'est un viol conjugal, un viol... Pour Soames, c'est son droit.

Je ne sais pas Cassandre, si tu as fait attention à la réponse d'Irène, lorsque l'un des oncles Forsyte admire une broche le jour des fiançailles de June et demande sa provenance. Elle répond avec une indifférence et une platitude de ton : "c'est Soames". Qui pourrait lui offrir de si beaux bijoux ? un homme passionné, certes, mais passionné de beauté. Irène pour Soames est une poupée qu'il habille et choie parce qu'il veut épater la famille et les autres. Il est satisfait et heureux lorsqu'elle séduit les autres hommes, car cela lui fait honneur et que c'est SA possession. Soames est vraiment un handicapé du coeur.

Oh Fée tu me fais froid dans le dos en imaginant leur vie dans la couche à coucher Mais malgré tout, je n'arrive pas à aimer Irène et Soames m'a toujours fait de la peine, car il est incapable d'extérioriser l'amour qu'il a pour elle

tout à fait froid dans le dos, et Galsworthy y tient : Il règle ses comptes avec la haute bourgeoisie dont il est issu. En avançant dans la lecture, nous nous apercevons qu'il déteste tout ce que les Forsyte aiment.

La possession de quoique ce soit et surtout de qui que ce soit lui fait horreur. Il nous fait voyeur d'un tas de petites actions que vraisemblablement nous ne trouverions pas si répréhensibles, si elles n'étaient pas accumulées.

Pénétrons dans le salon de Timothy, peut-être l'avons nous connu, car dans ma tendre enfance, la société familiale n'avait pas trop changée. En général, nous avions toutes peu ou prou des vieilles tantes veuves ou célibataires et un vieil oncle qui vivaient avec elles pas très loin. Les visites souvent en fin de semaine allimentaient le quotidien, car il y avait toujours des "potins" familiaux où d'amis, à glaner, et le monde allaient ainsi. Maintenant, la disparité des habitations dans diverses villes toutes éloignées et même dans des pays détrangers fait que les réunions ne sont plus aussi fréquentes.

L'auteur en créant l'odieux Soames, mari jaloux et possessif nous force à le mépriser, et nous porte à aimer certaines dames Forsyte, et même à idolâtrer l'une d'entre elles : Irène.

Les femmes chez les Forsyte sont considérées commes utiles en tant que mère et frivoles en tant que demoiselle.

- June par contre choque avec son franc parler et son choix de fiancé.

- Irène choque en étant hostile à Soames, elle devrait lui être reconnaissante car elle a une vie vraiment aisée et un fils l'occuperait voilà ce que pense James puis Soames et aussi tous chez Timothy .

- Emily la femme de James a l'air de bon sens et surtout un jour James l'a aimé et cela a créé un lien indéfectible car nous apprenons qu'elle est venue sans dot et que James a beaucoup oeuvré pour s'élever dans la société, et Soames tout naturellement fait l'unanimité dans le salon de Timothy - il gagne de l'argent, il le place et surtout il construit une maison pour Irène. Quel bon mari

Vraiment, c'est un bon mari, sauf qu'en homme du 19e il est maître de son foyer en plus de sa société ! il est le reflet de tous les hommes de son époque, marié à une femme atypique (quelle idée de vouloir en plus l'amour lorsque l'on a la sécurité !)

Il faudra bien des années pour que les femmes aient une place réelle - c'est ainsi que l'auteur nous amène à comprendre qu'il est clairement en phase avec Irène (d'ailleurs pour la petite histoire dans sa vraie vie il l'épouse - il est "Jo" ) il l'épousera par amour ainsi va la vie

Pour l'instant, dans le salon de Timothy, les frères soeurs et neveux cancannent et rien ne va plus entre Soames et Bosinney. L'argent a toujours nuit à l'harmonie entre les personnes, surtout lorsque le budget est dépassé. Or, dans notre histoire, la maison va être le joyaux de l'art nouveau, mais clairement hors budget. Pensez-donc déjà 700 £ de trop et cela ira en empirant. Bosinney est vraiment dans de mauvais draps, sauf que pendant que la maison se construit, Irène et lui s'entendent de mieux en mieux et qu'à cause d'une maison qui doit être sa prison, elle commence à échapper à Soames sans qu'il en prenne conscience. Le drame arrive, et June est blessée. A 19 ans elle doit faire face à la trahison d'une amie.

Mais lorsque l'amour est en jeu, il n'y a plus d'amie, le comportement amoureux balait tout, un coup de foudre malheureux....... déchire la famille

Je me suis toujours demandé si sans cette maison à construire, Irène aurait aimé Bosiney

Fée clochette a écrit:

 tout à fait froid dans le dos, et Galsworthy y tient : Il règle ses comptes avec la haute bourgeoisie dont il est issu. En avançant dans la lecture, nous nous apercevons qu'il déteste tout ce que les Forsyte aiment.

Absolument, je suis d'accord avec ton analyse ! Soames est bien humain, il se détruit presque à vouloir ce qu'il ne pourra jamais posséder : l'âme de quelqu'un ! Mais il est vraiment ce que je déteste ! Mais la vie va lui apprendre, et

Spoiler:

Je vous lis en diagonale par peur d’être spoliée, comme vous connaissez déjà l’histoire. Mais si vous me garantissez qu’il n’y a pas de risque je vous lirai attentivement   .

Parvenue au chapitre 9 de la seconde section de cette première partie du roman, je continue à apprécier ma lecture, même si en raison de la férocité du romancier pour ses personnages aucun ne me semble particulièrement attachant. Et ce malgré Irene qui se détache du lot Forsyte, en tant que "pièce rapportée" et profondément malheureuse d’être mariée à un homme qui lui fait horreur. Je plains aussi June d’endurer non seulement la préférence manifeste de son fiancé pour son amie, naturellement séduisante, mais aussi les remarques de sa famille si peu solidaire avec ce qu’elle ressent (et au fond ravie de ce qui lui arrive pour avoir choisi un homme peu convenable).

La propriété est au centre du livre et donne tout son sens au titre de cette première partie. Rien ne semble compter pour les Forsyth en-dehors des biens matériels, et en particulier des immobiliers.

Tatiana a écrit:

Je vous lis en diagonale par peur d’être spoliée, comme vous connaissez déjà l’histoire. Mais si vous me garantissez qu’il n’y a pas de risque je vous lirai attentivement

Tu peux lire - apparemment j'en suis au même point que toi.

Dis nous si tu ressens la même chose à propos des personnages. Tu peux aussi nous contredire, cela apportera de l'eau à notre moulin

Ces gens ne sont comme bien des membres de leur classe, âpre au gain certes, mais la famille compte tout de même. Ils sont cancaniers mais à l'époque c'était une manière de ne pas perdre le contact avec tous les membres de la famille.

De nos jours, les liens sont parfois tellement distendus à cause de l'éloignement que l'on ne peut pas comme chez les Forsyte aller à jour fixe prendre des nouvelles

Merci Fée Clochette   . Je me retrouve effectivement dans vos échanges sur les personnages.

Fée clochette a écrit:

L'auteur en créant l'odieux Soames, mari jaloux et possessif nous force à le mépriser, et nous porte à aimer certaines dames Forsyte, et même à idolâtrer l'une d'entre elles : Irène.

Tout à fait, comment ne pas ressentir de l'antipathie pour cet être froid, taiseux et jaloux. Difficile face à lui de ne pas prendre le parti d'Irene, surtout pour les lectrices. Qui toutefois a une part de responsabilité dans son malheur, ayant accepté d'épouser Soames, je le dis sans connaître les raisons qui l'ont poussée à le faire. Pas étonnant qu'il ait eu le coup de foudre pour elle, c'est bien connu, les contraires s'attirent.

Citation :

Les femmes chez les Forsyte sont considérées comme utiles en tant que mère et frivoles en tant que demoiselle.

Les demoiselles de la famille ne trouvent grâce aux yeux de personne, excepté peut-être Frances avec ses talents de musicienne, auxquels pas grand monde ne prête attention par ailleurs. La musique est un passe-temps féminin par excellence, pour occuper une demoiselle avant qu'elle ne trouve un mari. Euphemia représente en outre l'archétype de la jeune fille frivole à la recherche de bruits à exploiter.

Citation :

Je me suis toujours demandé si sans cette maison à construire, Irène aurait aimé Bosiney    

Peut-être, mais est-ce qu'elle n'aurait pas fini par s'attacher à lui malgré tout, étant amenée à le voir fréquemment en tant que fiancé de June sa proche amie ? Il représente l'anti-Soames, et surtout, comme elle, est une pièce rapportée, une sorte de curiosité entrant dans le clan Forsyte. J'ai lu avec attention la description que Jolyon fils fait des caractéristiques d'un Fortsyte (en anglais il va jusqu'à employer le mot "espèce" pour qualifier la tribu) dans le chapitre 10, c'est édifiant : maîtrise de soi - ne jamais se révéler - et sens de la propriété (de l'appartenance aussi bien sûr). Sans dire qu'elle se serait attachée au premier venu, étant donné la situation conjugale entre Soames et Irene, elle voit en Bosinney une bouée de sauvetage et s'y accroche de plus en plus, jusqu'à être prise de passion. Lui, fasciné, n'a pas besoin de beaucoup d'encouragement.