Jeu littéraire pour chasser les idées noires

Lily a écrit:

Merci, je vais essayer... Mais vu le niveau des premiers textes, j'ai bien peur de ne pas être prête cette fois.

L'important c'est de participer.

Bon finalement j'ai bidouillé un petit truc. J'espère que ce n'est pas "illégal" d'avoir transformé un nom commun en nom propre.

Citation :

David caressa le bois, Suis la veine, c’est là que circule l’âme du bois, lui avait appris Roman. Il se souvenait avec tendresse des yeux presque transparents, comme deux lacs gelés au milieu du désert brun de son visage. Ces yeux avaient gardé l’innocence de l’enfance malgré la folie meurtrière qui lui avait fait fuir la terre de ses ancêtres. David souleva délicatement le cadre, le retourna et y fit lentement glisser le pinceau imbibé de brou de noix. Il faut nourrir le bois. Quand il a faim, il devient gris, comme nous. Un soupir d’air tiède fit voler ses cheveux. Il voulut croire que l’homme était là, dans ce souffle printanier, qui lui disait, les « r » roulant comme les cailloux dans un ruisseau, C’est bien mon grand, aie foi en toi, les autres ne savent pas. David effaça furtivement du dos de la main la trace de son chagrin et leva les yeux vers le portrait de son grand-père qu’il placerait bientôt dans cet écrin de noyer. Pour toi Granpa-Roman, murmura-t-il.

Très beau texte, Lily !

clinchamps a écrit:

Très beau texte, Lily !

Merci Clinchamps. Je n'étais pas vraiment convaincue et finalement le personnage s'est mis à vivre. Au moins ça en fait un de moins à traîner dans ma tête ! Je fais le ménage

Bravo L'Ami tes mots ont inspiré des textes très différents

Voici le mien, Clinchamps reconnaîtra

Citation :

Le cadre est austère, une chiche lumière filtre à travers les fentes des meurtrières. Les prisonnières soupirent, la faim les tenaille. Quel avenir pour elles sur cette terre hostile ?
Marie ne renonce pas. Elle embrasse ses compagnes avec tendresse, les exhorte à l’espérance. Rien ne pourra les empêcher de croire, leur foi sera leur force.
Elle a gravé en langue romane une inscription sur la margelle du puits. Résister.

Oh superbe Rosalind !!! Bien sûr !! "resister"

Voici mon texte, mais il se peut que je le change d'ici demain

Il a toujours tendance à croire qu'il était le nombril de la terre, se dit-elle dans un soupire! Pourtant, c'est ce qui l'a attiré chez lui, se dit-elle avec tendresse. C'était une époque difficile. Il était soldat et elle infirmière. Une guerre meurtrière ravageait le pays, emportant des milliers de gens. Quand ils étaient épargnés par les bombes, la faim s'en chargeait à son tour. Le cadre n'était pas propice pour parler d'avenir, mais ils savaient que s'ils s'en sortiraient vivants, ils finiraient leur vie ensemble. C'est comme un roman, disait leur petite fille, à chaque fois qu'on évoquait leur histoire.

Rosalind a écrit:

Elle a gravé en langue romane une inscription sur la margelle du puits. Résister.

Bel hommage à Marie Durand enfermée 38 ans dans la Tour de Constance

Beau texte. C'est vrai que c'est une bonne idée d'utiliser des vrais personnages.

Clinchamps j'étais sûre que ça te parlerait

L'Ami bravo tu as reconnu

Lily merci

C'est curieux comme les mêmes mots nous mènent vers des univers complement différents

Annwvyn la horde de loups brrrr   très angoissant, mais Antonio semble avoir les moyens de se défendre  

Clinchamps ton texte parle à mon coeur. Tu as su en quelques mots rendre l'atmosphère d'une nuit tropicale, en t'appropriant le style poétique de Jean-Marie. Il me semble entendre le clapotis de la vague mourante, ressentir la moiteur de l'air et respirer les senteurs parfumées. Bel hommage

Lily très émouvant ce souvenir du grand-père

Ysabelle ton texte aussi est chargé d'émotion, et plein d'incertitude sur l'avenir de tes personnages, dans un contexte si actuel

Merci Rosalind.

C'est très beau Ysabelle.

Rosalind a écrit:

Clinchamps j'étais sûre que ça te parlerait

L'Ami bravo tu as reconnu



Clinchamps ton texte parle à mon coeur. Tu as su en quelques mots rendre l'atmosphère d'une nuit tropicale, en t'appropriant le style poétique de Jean-Marie. Il me semble entendre le clapotis de la vague mourante, ressentir la moiteur de l'air et respirer les senteurs parfumées. Bel hommage

Bien sûr, tu penses !!! La tour de Constance, je t'ai tannée jusqu'à ce que tu m'y emmènes, la parpaillote que je suis en rêvait !! Rosalind l'a fait ! Quel souvenir ! et tu l'as redonné en quelques lignes magistrales !!

Pour mon texte, merci ! en fait je n'ai pensé à Jean-Marie qu'à la fin,pour caser le mot "roman", mais j'ai revécu une nuit dans un gîte de l'Île des Pins(Nouvelle Calédonie) où j'étais seule dans mon bungalow dans la nuit la plus noire que j'ai jamais connue !! Je ne sais pas pourquoi c'est le mot "soupir" qui m'a donné aussitôt l'image de la marée montante la nuit... Bizarre, non ?

La Tour de Constance à Aigues-Mortes est une visite à ne pas manquer, pour celles ou ceux qui passent dans la région. C'est extrêmement émouvant de se trouver dans ces lieux et de penser aux conditions éprouvantes qu'elles ont vécues, et tant d'années, sans jamais abjurer leur foi.

Sinon je vous suggère la lecture de l'hommage qui leur a été rendu par André Chamson dans son roman La Tour de Constance.

Clinchamps c'est toujours intéressant de savoir quel a été notre cheminement. Tu l'avais bien décrit au sujet de ton texte sur Giono

En ce qui me concerne je suis partie de meurtrière que je voulais employer dans un château-fort, puis après avoir envisagé une histoire de troubadour et d'amour courtois, l'image de la Tour de Constance et de ses prisonnières s'est imposée à moi.

On pourrait dire à chaque fois quel est le mot qui a été le déclencheur, qu'en pensez-vous ?

Rosalind a écrit:

On pourrait dire à chaque fois quel est le mot qui a été le déclencheur, qu'en pensez-vous ?

Personnellement, c'est ce qui me plaît le plus, le mot qui fait tilt et pour X raison entraîne une suite d'images inattendues (comme soupir et marée ! )

Annwvyn: Le texte me fait penser à une scène de « La légende de Gösta Berling » de Selma Lagerlöf, quand les loups attendent à la sortie du village le couple adultère en traineau, fuyant les hommes.    

Clinchamps: Bien vu, nous venons de la mer, il y a des millions d'années, qui à sa façon est notre mère commune depuis la naissance de notre monde, et parfois se comporte en Médée, d’où cette incertitude voire cette angoisse, face à son immensité.


Lily: Belle saga familiale, ce doit être bon d’avoir connu un grand-père bienveillant pendant son enfance. Dommage (à ma connaissance) qu’il n’y ait pas un mot pour dire orphelin de grands-parents.  

Ysabelle: Toujours croire en son destin et avoir une farouche envie de vivre. Vieux proverbe du Budo:  « Sept fois à terre, huit fois debout »  

Rosalind: Je ne sais que dire devant une telle détermination, 38 ans face à ses geôliers ! Ton texte, porte très bien cette force.  


Voici ma participation hors concours:

Il choisit de naviguer sur un porte-cadres et non pas un « promène-couillons ». Entendre le bruit du moteur, lent, profond, à croire qu’on pourrait compter les tours. Ne plus voir la terre pendant des mois, être pleinement dans son travail quotidien sans soupirer après la pause du week-end. Juste un bon roman à déguster pendant ses quarts de repos, se souvenir, de la tendresse de celles qui l’attendent,  d’autres à prendre au prochain port. Ne plus craindre la vague meurtrière ou scélérate.
Mousse, peut-être, mais déjà une faim incommensurable de voyages à la dimension de l’horizon.


Et le texte qui m'a évoqué une forte émotion, c'est celui de celle qui va préparer les huit prochains mots: Lily

Wow, merci l'Ami ! Ton compliment me touche. Je suis contente car ce texte m'est venu d'un seul coup. J'ai un ami qui travaille le bois et on avait parlé du noyer et le personnage m'est apparu.  Et puis je ne crois pas aux fantômes, mais cette sensation de présence, je l'ai vécue quand je me suis lancée dans mon premier gros travail de couture (mes double-rideaux)... ma grand-mère était décédée de puis quelques mois et c'est elle qui m'avait appris la couture car c'était son métier (elle était tailleur culottière) et j'ai vraiment eu cette sensation étrange que je lui montrais ce que je faisais... Le cerveau réagit souvent bizarrement. Quant à ce terme d'"orphelin de grands-parents" je suis tout à fait d'accord avec toi.

Ton texte hors concours est excellent !

Allez, je ne vous laisse pas attendre plus longtemps. Comme j'en ai marre d'inventorier et indexer des livres en écoutant hurler les sauvages qui sont dans la cour, je vais faire une micro pause spécial forum ! J'ai donc posé mon doigt au hasard sur les pages des livres que je viens d'inventorier et ça a donné ça (trois noms, deux adjectifs, deux verbes, un adverbe ) :

Citation :

excitation
extraordinaire
brandir
douleur
bûche
continuellement
pâle
ignorer

Mercredi 14h, ça vous va ?

L'Ami le petit mousse est de retour

Lily ton texte était très touchant

Rosalind a écrit:

Lily ton texte était très touchant

Merci

Clinchamps a écrit:

Comment croire meurtrière la vague qui, pour l’heure grignote le sable d’une faim insatiable?

Je viens de réaliser pourquoi cette phrase m'avait déclenché  une vision angoissante: en 1976 j'ai subi un violent tremblement de terre à Venise en plein sommeil, enclenchant une panique générale, chutes de cheminées, cris de femmes terrorisées, toutes les alarmes de la place Saint Marc et des environs en action, le tout sous un grondement , un cris tectonique  monstrueux. Ma femme, ma fille dans mes bras et moi,  sommes sortis en courant de notre chambre, en pleine nuit noire pour nous retrouver tous serrés comme des pigeons au centre de la place. J'ai soudain réalisé qu'une vague, un tsunami, allait probablement nous recouvrir. je guettais avec angoisse la crête d'écume au loin et le niveau de l'eau sachant que s'il baissait la vague suivrait, avec aucune échappatoire...

Brrrrr... J'ai subi un tremblement de terre dans les Alpes en revenant d'Italie. Le train de nuit était arrêté sous un tunnel, il n'avançait plus mais ça remuait de partout. Je n'ai pas compris ce qui se passait et j'ai préféré fermer les yeux et essayer de me rendormir. Les deux autres avec moi n'avaient pas bougé une oreille. En arrivant à Paris on a appris qu'il y avait eu un tremblement de terre de force 5,5 ... mais au moins on ne risquait pas le tsunami

Expérience très angoissantes pour l'Ami et Lily !!! Attendre la vague la nuit ! et coincé sous un tunnel !!

Et moi qui suis allée 3 fois au Japon et qui n'ai jamais réussi à sentir rien de plus qu'un frémissement force 1,5 ou 2 !
Bravo Lily mais pour l'instant aucun mot ne m'accroche !

clinchamps a écrit:

Bravo Lily mais pour l'instant aucun mot ne m'accroche !

Moi non plus

Edit

Citation :

Je n’éprouve aucune excitation en lisant ces mots.
Même en bûchant continuellement, j’ignore si j’arriverai à écrire un texte acceptable. Ce serait extraordinaire, et un accouchement dans la douleur.
J’ai bien envie de me faire porter pâle, brandir le drapeau blanc et déclarer forfait.

Rosalind a écrit:

Je n’éprouve aucune excitation en lisant ces mots.
Même en bûchant continuellement, j’ignore si j’arriverai à écrire un texte acceptable. Ce serait extraordinaire, et un accouchement dans la douleur.
J’ai bien envie de me faire porter pâle, brandir le drapeau blanc et déclarer forfait.

[/quote]

Je pourrais faire un copié/collé !!

Roz, magistral! Je ne peux hélas, te piquer l'idée. Me voilà bien marrie

C'est si difficile ? Je n'ai pas choisi la difficulté, c'est mon doigt !

Tu m'as bien fait rire Rosalind !