[Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth

La petite suite est dans le post juste au dessus de celui de MissAccacia !

je vais donc récupérer. Merci

Je te rassure Clinchamps, c'est parfait , mais je vais repeindre mon plafond à la glu pour plus de sûreté

Citation :

Mrs Croft sentit la conversation languir et regarda son frère se perdre dans ses pensées. Jugeant opportun de le laisser un peu seul, elle rentra à la maison sous le prétexte commode d'une consigne urgente à donner à la cuisinière. Elle pensa avec un rien de nostalgie au petit garçon boudeur qu'elle avait laissé derrière elle lorsqu'elle s'était mariée. Elle l'avait si peu vu depuis et les lettres ne remplaçaient pas tout.

"Quelle ironie du sort", pensa-t-elle, "nous louons un domaine et il faut justement que ce soit celui de la famille Elliot. Mais comment aurais-je pu le savoir ? A l'époque je n'avais su de cette affaire que ce que m'en avait dit Edward et je ne crois pas qu'il avait mentionné le nom de la jeune fille... Quand je pense que nous avons choisi cette région par référence aux louanges d'Edward sur le climat et la beauté de la campagne..."

Ses pensées se tournèrent de nouveau vers Frederick, avec la tendresse maternelle dont est capable une soeur aînée.

"Il ne veut pas l'admettre mais je crois bien que son attachement pour Miss Anne Elliot est toujours là. Pour le moment il lui en veut et cela ne lui fera pas de mal de penser un peu à notre conversation. Il y a de la colère en lui... et des pires, une colère rentrée de marin. Il lui faudra certainement un peu de temps...et je vais commencer à lui en donner."

En entrant dans la maison, elle sourit de son stratagème. Elle connaissait peu Anne Elliot mais leurs rencontres lui avaient laissé une impression très favorable. Cette jeune femme montrait une intelligence et une douceur qui méritaient d'être remarquées. Et elle mettait une bonne dose de perspicacité au crédit de son frère, à supposer qu'il ne se laisse pas trop éblouir par l'apparence plus brillante des Miss Musgrove.

Frederick, resté seul dans le jardin, tournait la dernière phrase de sa soeur dans sa tête. Il essayait d'imaginer les huit années passées par Anne Elliot dans ce jardin et dans cette maison. Habitué à sa vie faite d'action, de voyages et de calendrier infernaux dictés par les éléments et la discipline du bord, il n'arrivait pas à imaginer une vie plus vide que celle d'une jeune femme célibataire dans un village aussi petit que celui-ci et dans une compagnie aussi réduite.

"Pas étonnant qu'elle ait dépéri", fut sa première réaction, "elle était si fraîche, si douce. Elle s'est fanée, éteinte."

Et pourtant, non, ce n'était pas vrai et il le savait. Il avait eu l'occasion de la voir dans son cercle familial et à Lyme avec Benwick et sur le Cobb... après l'accident. Elle avait changé c'est sûr, et elle était aussi restée la même... et... Il interrompit le cours de ses pensées.

"Que suis-je en train de faire ? Je m'embrouille l'esprit d'imaginations stériles ! Et à quoi cela me mène-t-il ? Si elle m'avait attendu, elle me l'aurait montré clairement, non ? Je perds mon temps et on m'attend à Lyme. Allez Wentworth, secoue-toi !"

Il se leva. En regardant autour de lui, il se vit dans le jardin d'Anne, semblable à celui qu'elle lui avait montré huit ans auparavant et pourtant différent du souvenir qu'il en avait gardé. Il se sentit entouré par sa présence.

"Ah, non ! voilà que ça recommence. Wentworth, laisse-moi te dire que tu es un fichu imbécile." se tança-t-il.

Il entra dans la maison pour pendre congé de sa soeur. Il devait retourner chez Harville et essayer de se rendre utile. Il fallait prendre la route sans tarder.

Sophia ne fut pas longue à se montrer et il n'eut pas besoin de parcourir la demeure jusqu'à l'office. A croire qu'elle l'avait guetté derrière la fenêtre.

Parfait !! je dors là dessus et demain, je pense que je vais m'y recoller !!

Merci, les filles, c'est du bon travail,

Un petit bout :

Citation :

Le capitaine Wentworth avait regagné Lyme et ses amis Harville et Benwick. Louise se rétablissait plus rapidement maintenant, d'autant mieux que Mary avait regagné sa demeure, emmenant avec elle les enfants de MrsHarville, laissant ainsi cette personne si dévouée et adroite prendre soin de la convalescence de la jeune fille.
Le capitaine Harville et Frédérick conversait un soir, se promenant tranquillement dans le jardin..
"- Je suis étonné, Frédérick, que, prenant si régulièrement des nouvelles de notre jeune amie, vous ne souhaitiez pas la rencontrer !
- Je crains, voyez-vous, que ma vue n'éveille en elle de bien mauvais souvenirs, et que cela suscite une émotion trop vive chez elle, elle est encore fragile !
- Vraiment ? répliqua Harville, légèrement goguenard, j'aurais plutôt pensé, avant ce triste événement, que votre vue lui était fort agréable, et que la sienne vous agréait aussi !
- Je ne disconviens pas d'avoir éprouvé de l'agrément en compagnie des deux demoiselles Musgrove, et sans doute miss Louise paraissait m'accorder tout son intérêt. Mais, voyez-vous, Harville, en y réfléchissant, je ne souhaite pas encourager ce début d'attachement. D'ailleurs, attachement est un bien grand mot ! Et puis, je crois que notre ami Benwick trouve une distraction profitable à sa peine dans la lecture de poèmes et de romans qu'il dispense si volontiers à miss Louise.
Harville fronça légèrement les sourcils :
"- Oui, une bien agréable distraction, n'en doutons pas ! Ah ! Ma pauvre sœur, j'ai bien peur qu'elle ne laisse pas longtemps de trace dans le cœur de Benwick ! Je sais bien que la vie est la plus forte, et que Benwick est jeune ! Mais cela me peine quand même ! Je l'aurais cru plus fidèle !
- Voyons, Harville, nous ne pouvons parler là vraiment de fidélité ! La mort d'un être cher est une grande peine, mais l'homme est impuissant devant elle ! Et comme vous le dites vous-même la vie continue, elle doit continuer ! Non, l'infidélité ne concerne que ceux qui, bien vivants, se détournent de l'être aimé et l'oublient !
Le capitaine Harville jeta un regard de côté vers son compagnon : il avait le regard perdu de ceux qui sont plongés plus en eux-mêmes que disponibles pour converser. Il respecta son silence,et les deux hommes continuèrenat à marcher lentement dans le crépuscule.
Le capitaine Wentworth était effectivement plongé dans les réflexions que ses propres mots avaient éveillées en lui : pourquoi ce propos s'était-il trouvé presque malgré lui sur ses lèvres ? Il ne s'était jamais soucié de la fidélité : il était sans attaches, ne devait rien à personne.
La pensée de Miss Anne Elliott vint alors lui donner la raison qu'il cherchait : bien sûr, la rencontre de cette jeune fille qu'il avait aimée avait suscité bien du trouble dans son cœur, qu'il croyait jusque là tout à fait en paix. La colère qu'il avait ressenti lors du refus de la jeune fille lui était revenue en mémoire avec une force qui l'avait lui-même étonné : il ne pensait plus à elle depuis longtemps, et, quand par hasard, la vue d'un ami comme Harville heureux en ménage lui faisait ressouvenir d'elle, il la chassait bien vite de son esprit.
Le fait qu'une influence extérieure - celle de lady Russell - ait pu si aisément détourner la jeune fille de lui, qu'elle ait eu plus confiance en la parole de son amie qu'en la sienne, cela, il n'arrivait pas à le pardonner. Il s'étonna encore que la pointe fût encore si acérée et que la douleur ressentie revienne si aisément, comme si il n'y avait pas eu huit longues années écoulées.
En tous cas, personne d'autre n'avait dû trouver grâce aux yeux difficiles de lady Russell, miss Anne était toujours seule ! Une pensée lui traversa l'esprit : d'autres que lui s'étaient-ils manifestés ? Et enfin, il se demanda :
"Et elle, quel souvenir garde-t-elle ? Est-elle troublée à son tour ? "
Brusquement il sortit de son mutisme et, se tournant vers Harville, déclara :
"- Je ne suis plus d'aucune utilité ici, je vais aller passer quelques temps chez mon frère. Je lui dois cette visite, et je vous écrirai, mon ami, pour que vous me donniez toutes les nouvelles."
Le capitaine Harville acquiesça volontiers à ce qui lui semblait un projet tout à fait raisonnable.

Eh bien, ça avance pas mal Clinchamps. bravo

C'est très joli. Je me plais beaucoup sur ce topic.

Un grand merci, Mesdames.

Ah non Clinchamps, tu ne vas pas t'en tirer si facilement, il n'est pas encore parti notre bel ami...

Citation :

Frederick Wentworth ne put cependant mettre immédiatement son projet à exécution. Il se trouva en effet pris dans les échanges quotidiens qui s'étaient installés entre la famille Harville et les Musgrove qui étaient venus quelques jours à Lyme.

Il était l'objet d'une attention soutenue de la part de Mr. et Mrs Musgrove qui ne semblaient pas lui tenir la moindre rancoeur pour l'accident survenu à leur fille. Ils portaient plutôt aux nues son dévouement et sa disponibilité dans cette triste affaire et commençaient à se réjouir assez peu discrètement de son... attachement.

Bien qu'embarrassé par leur empressement qui s'accordait mal avec le sentiment de culpabilité qu'il éprouvait, Frederick Wentworth ne mesurait pas l'ampleur des espoirs qu'il suscitait. Il avait le sentiment de faire simplement son devoir en passant du temps avec un Mr Musgrove assez désoeuvré, séparé de sa femme qui se chargeait des enfants Harville. Et il tâchait de se montrer aimable et poli avec la mère de Louisa.
Celle-ci ne put cependant y tenir bien longtemps et, fidèle à sa bonne nature simple et ouverte, commenta la bonne fortune de sa fille auprès de Mrs. Harville.
Occupée au moment des faits à changer les draps de la jeune malade, qui était encore alitée, Mrs Harville ne sembla prêter qu'une oreille assez distraite aux propos de sa compagne. Cependant, dans un moment de répit, après le dîner, alors que Louisa reposait paisiblement, elle s'accorda le temps de repenser aux confidences qu'elle avait reçues.

"Ainsi donc, l'affaire en est là. C'est étonnant, je n'arrive pas à imaginer Frederick avec cette jeune fille", pensa-t-elle.

Elle estima aussitôt qu'elle était restée très longtemps assise "à ne rien faire" et se leva pour arranger du linge propre dans la commode de la chambre. Passant devant la fenêtre elle aperçut fortuitement le Capitaine Wentworth qui s'apprêtait à faire une promenade vespérale, profitant d'une soirée relativement douce.

La curiosité aidant, elle se sentit un brusque besoin de sortir de l'ambiance un peu confinée de la petite maison. Elle attrapa un châle, descendit prestement l'escalier, ouvrit la porte en lançant un rapide "A tout à l'heure, je reviens, Louisa dort," à son mari surpris et rejoignit Wentworth. Ils se dirigèrent lentement vers la jetée. Lorsqu'ils s'y engagèrent, Mrs Harville demanda brusquement :

"Ainsi, vous envisagez sérieusement de l'épouser."

Surpris, Wentworth se tourna vers elle.

Et paf...

et paf MissAcacia, qui fait "et pif "? j'aime beaucoup, votre interprétation qui n'est pas la mienne

Citation :

"- mais ... qui donc ?, répondit-il, assez surpris de cette soudaine entrée en matière.
-Mais miss Louse Musgrove, qui d'autre ?
-Ma chère mrs Harville, comment cette idée vous est-elle venue ? Ai-je par mon attitude laissé entendre que j'en avais le projet ?
- Eh bien c'est surtout sa mère qui semble en être persuadée !
Le capitaine Wentworth eut un geste impatienté :
"- Pourtant, justement, j'ai pris garde à ne pas la visiter en personne, à me tenir éloigné autant que la politesse le permettait !
- Mais, je supposais que vous ne vouliez pas lui rappeler par votre présence, ce mauvais moment !
- Vous supposiez bien, mais, chère Mrs Harville. Mais, surtout, cet accident et ces circonstances m'ont fait prendre conscience de deux choses : le caractère encore assez enfantin et obstiné de Miss Louise qu'il a révélé ne m'attire pas, et j'ai réalisé aussi que presque sans m'en rendre compte je m'engageais dans une voie qui risquait de m'attacher à une personne qui n'est pas ce que je recherche. Il me semble d'ailleurs en avoir déjà touché un mot au Capitaine, votre époux.
- Je comprends alors votre projet de nous quitter ! Il ne faudrait pas surseoir trop longtemps, car Mrs Musgrove envisage réellement votre union avec sa fille !
- C'est dit, je vais me rendre à Plymouth, afin de vérifier où en est la remise en état de mon navire, puis j'irai (si quelqu'un peut me dire où cela se trouve ) rendre visite à Edward, mon frère, qui est vicaire à ...?
- Vous faites bien, car je pense que miss Louise est encore ici pour un moment

(ça se passe en novembre, et Louise ne rentre à Uppercross qu'en ... février !! moment où FW arrive à Bath où Anne est déjà depuis longtemps. Donc pendant 3 mois on ne sait rien de lui, sauf qu'il va à Plymouth et chez son frère. Tout ce qu'on sait c'est que tant qu'il est à Lyme "il n'avait pas vu Louise, il était maintenant un tout autre homme que la première semaine," c'est ce qui me fait pencher vers la version du bonhomme qui recule prudemment devant un piège qu'il n'avait pas encore vu !!)

Citation :

si quelqu'un peut me dire où cela se trouve

Fée clochette a écrit:

Citation :

si quelqu'un peut me dire où cela se trouve

Oui, oui... me voilà... j'arrive...
Laissez-moi un peu de temps pour retrouver ça dans ma version originale. Moi, en anglais, je retrouve mes petits un peu moins vite qu'en français.

Edward vit dans le Shropshire. On n'en sait pas plus. Alors hein, tout ça pour ça !


EDIT : Fichtre, c'est loin ! Il est pas rendu, le beau Capitaine.
Pas étonnant qu'il ait besoin de près de trois mois, il va passer la moitié de son temps en transport...
Alors, Lyme est sur la côté sud, à l'ouest. Plymouth est encore plus à l'ouest, pas très loin. Puis il va devoir remonter par Bristol (tout près de Bath) pour arriver quelque part dans le Shropshire, à l'ouest de Birmingham.
Prévoyez de bons chevaux, les filles.

Je ne comprend pas toutes vos allusions subtiles (je suis en mode boulot) mais je voulais juste lui donner de bonnes raisons de fuir à notre beau capitaine en refermant un peu le piège mais pas trop, ai-je encore fauté ?

MissAcacia a écrit:

Je ne comprend pas toutes vos allusions subtiles (je suis en mode boulot) mais je voulais juste lui donner de bonnes raisons de fuir à notre beau capitaine en refermant un peu le piège mais pas trop, ai-je encore fauté ?

Et bien, je ne vois pas où non plus. Tout ce que vous avez écrit me paraît logique, ma foi. Moi aussi, je le vois bien fuir/s'éclipser, après s'être assuré de l'état de santé non critique de Louisa, pour laisser couler de l'eau sous les ponts et espérer que Louisa n'est pas si attachée à lui que toute la famille semble le penser.
Un peu d'absence ne fait pas de mal à une jeune fille, si elle n'éprouve pas de grands sentiments. Il compte sûrement là-dessus.

Fée Clochette, quelle est donc ton interprétation ?

MissAcacia a écrit:

Je ne comprend pas toutes vos allusions subtiles (je suis en mode boulot) mais je voulais juste lui donner de bonnes raisons de fuir à notre beau capitaine en refermant un peu le piège mais pas trop, ai-je encore fauté ?

Mais pas du tout !! C'est tout à fait dans le fil ! Que penses-tu d'une conversation entre les deux dames (Harville et Musgrove après le départ du Capitaine ??

Bonne suggestion, j'y réfléchis mais pour le moment je suis dans le fichier... et mon temps n'est vraiment pas extensible

Prends ton temps, je pars demain et ne rentrerai que dimanche très tard ou même lundi (grève SnCF en vue !). Je vais me renseigner sur le Shropshire !!

J'en fais un petit bout, MissAccacia, tu pourras inclure ta conversation entre les deux dames, il n'y a pas d'incompatibilité de chronologie, là on est en plein dans l'imaginaire.

Citation :

Le capitaine Wentworth s’était rendu à Plymouth, afin d’y rencontrer quelques officiers de ses amis avec qui il désirait retrouver l’atmosphère d’excitation et d’angoisse de ses campagnes en mer.
Après la période qu’il venait de vivre : la rencontre inattendue de Miss Elliott, les prémices d’un attachement avec Miss Louise Musgrove, toute ce climat féminin et un peu trop ouaté lui avait donné l’envie de retrouvailles plus viriles. Ses amis, le capitaine Thornton (Ah ! ah ! ah ! ) et le Lieutenant Fitzpatrick (là je n’ai pas osé !)dans une auberge du port, lieu de rendez-vous régulier des officiers en permission à terre où en attente d’une nommination. Il se trouvaient attablés devant une bonne chope de bière et devisaient tranquillement, se remémorant les anecdotes de leur vie de marin.
« Je dois dire, déclara le Cpt Thornton, que Boney, bien qu’ayant une moins bonne flotte que la nôtre ...
- À la Royal Navy ! interrompirent les deux autres en choquant leur chope.
- À la Royal Navy ! ajouta Thornton, puis il continua , ... bien qu’ayant une flotte moins bonne, Boney nous mène quand même la vie dure !
- Les Français ne seront jamais de taille contre nous ! déclara péremptoirement le lieutenant !
- Pour le moment, il semble se tenir tranquille, il n’y a pas de déclaration de guerre à prévoir dans un avenir proche, répondit Frédérick Wentworth, mais avec ce diable d’homme, je pressens que cela ne durera pas.
- Eh bien profitons de notre bon temps ! Quels sont tes projets immédiats, Fitzpatrick ? interrogea Le capitaine Thornton.
- Aller rendre visite à ma famille, j’ai une petite cousine qui, la dernière fois que je l’ai vue, n’était qu’une fillette, mais sa joliesse et son esprit joyeux m’ont cependant impressionné et j’ai fort envie de la revoir. Et toi, Thornton ?
- Comme vous le savez, je ne suis ici que pour un passage rapide, je me suis engagé lors de notre dernière escale avec une jeune fille que j’ai connue alors, et je souhaite l’épouser avant que Boney ne nous renvoie en mer.
Frédérick Wentworth intervint :
- Tu ne l’as rencontrée que si peu de temps et vous vous êtes engagés ? Ne crains-tu pas de t’être trop précipité ?
- Ma foi, je suis tombé amoureux dès le premier jour, et il semble qu’elle aussi, alors, pourquoi attendre ?
- Mais ... pour être sûr de soi, répondit Frédérick.
- Oui, mais laisser passer trop de temps représente aussi le risque qu’un autre passe par là et me l’enlève.
- C’est que ses sentiments n’auraient guère été profonds !
- Mais toi, Frédérick, ne reviens-tu pas de chez ta sœur, n’y as-tu pas rencontré quelque charmante jeune fille ?
- Oui, effectivement, j’ai rencontré une jeune fille, mais cet évènement m’a plutôt fait prendre conscience du fait que je ne tenais pas à m’engager.
- Pourtant, intervint Le lieutenant Fitzpatrick, il me semblait que tu désirais chercher à t’établir ?
- Oui, j’y pensais, mais m’étant trouvé presque malgré moi entraîné vers un engagement, j’ai réalisé au contact d’un évènement un peu dramatique et imprévu qu’en réalité je ne le désirais pas.
Il laissa passer un instant, puis ajouta : « En tous cas pas avec cette personne-là, nous n’étions pas vraiment fait l’un pour l’autre. De ce fait, je me suis de nouveau tourné vers le principe que le marin se sent mieux si il est libre.
- Tu changeras d’avis quand tu rencontreras la bonne personne ! répliqua le capitaine Thornton. En attendant, je vais vous quitter, j’ai à préparer mon départ demain, j’espère que malgré tes idées de liberté, tu me souhaiteras du bonheur !
- Je te souhaite tout le bonheur du monde, bien sûr, et à toi, Fitzpatrick, que ta cousine ne soit pas devenue une pimbêche en grandissant ! Quant à moi, je vais aller voir mon frère, vicaire dans le Shropshire. C’est assez loin, j’y resterais donc plusieurs semaines. «
Les amis se séparèrent, chacun suivant son chemin, et le capitaine Wentworth, en se rendant à l’auberge où il logeait, se répétait en son for intérieur :
« - Oui, la liberté, c’est cela qui me convient ! On m’ a refusé il y a huit ans, mais si je l’avais voulu, miss Louise Musgrove m’aurait sans doute aimé, et c’est bien par choix que je ne m’engage pas, et non parce que la vie me l’a imposé. C’est cela, la vraie liberté, la solitude choisie. » Cependant, un témoin impartial aurait pu penser qu’il y avait là plus le besoin de se convaincre que la proclamation d’un idéal.

Citation :

On m’ a refusé il y a huit ans, mais si je l’avais voulu, miss Louise Musgrove m’aurait sans doute aimé,

c'est bien ce que je pensais des claques Jean Martin J'ai dix pages de compil sur mon ordi, j'adore vous lire jeunes femmes talentueuses

Tu as fort bien fait Dame Clinchamps, mais me revoilou , je vous ramène à Lyme, je ne peux me détacher de cette fascinante jetée.

Citation :

Maintenant que Louise allait mieux et que le Capitaine Benwick passait du temps avec elle pour la distraire, Mrs Harville disposait d'un peu de temps. En voyant sa patiente alitée, d'une pâleur languide en raison du choc et du confinement, elle peinait à se souvenir de la jeune fille enjouée et vive qui l'avait marquée par son exubérance lors de leur première promenade. Elle l'avait trouvée alors si entichée de Frédérick Wentworth. Elle ne quittait pas son côté et saisissait son bras à la moindre occasion... et il ne semblait pas dédaigner ce léger hommage. Elle aurait même juré qu'il l'encourageait.
Alors comment expliquer le ton de leur dernière conversation et ce départ subit. En vérité, rien ne justifiait une telle précipitation. Elle se souvenait encore de la surprise de Mrs Musgrove quand elle était venue chercher les enfants pour les mener à la plage ce matin-là.

"- Bonjour Mrs Harville.

- Bonjour, Mrs Musgrove, comment allez-vous ?

- Très bien, j'ai on ne peut mieux dormi malgré le rhumatisme qui me fait souffrir depuis des mois. On dirait bien que l'air marin me fait du bien. Comment va ma petite Louise ce matin ?

- Elle a passé une bonne nuit et s'est légèrement restaurée ce matin, il y a du mieux.

- Ah, je suis ravie. Il semble qu'on la sauvera et qu'elle retrouvera sa santé. Le Capitaine Wentworth a-t-il pris de ses nouvelles ce matin ? Je ne l'ai pas croisé en arrivant.

- Euh, non... je ne l'ai pas vu. Pourtant, il me semble que... oui c'est bien ça, mon mari m'a dit qu'il était passé de très bonne heure pour nous dire adieu, mais j'étais avec Louise. Il est parti à Plymouth et sera certainement absent quelque temps...

- Parti ! Si vite ! je veux dire que Louise n'est pas encore remise et... non c'est inexplicable qu'il soit parti en la laissant derrière lui, il semblait pourtant si concerné par l'accident, si prévenant envers nous, si malheureux de voir Louise souffrir. Il était si souvent avec elle depuis que nous l'avons connu à Uppercross et il a toujours montré de si bonnes manières. Décidément, ce départ est un mystère. Il faut que j'informe Mr Musgrove."

Mrs Harville, pourtant habituée aux situations délicates, s'était trouvée fort mal à l'aise. Elle ne pouvait pas répéter à la brave dame les propos de Frederick Wentworth, c'eût été trahir sa confiance et le discréditer aux yeux des Musgrove. Elle avança donc prudemment l'idée d'un ordre de rappel impérieux émanant de la Royal Navy, cette maîtresse exigeante. Après tout, c'est à Plymouth que mouillait pour l'hiver le vaisseau que commandait Wentworth.

Mrs Musgrove parut se satisfaire de cette explication, trop peu au fait que l'accalmie actuelle dans la guerre contre les français était peu propice à ce genre d'urgence. Elles furent ensuite interrompues par l'arrivée des enfants qui firent fête à leur vieille amie, si bonne pour eux et aux poches toujours pleines de friandises.
Il n'y eut aucune occasion de reparler du "soupirant" de Louise au cours de la journée, ou, du moins Mrs Harville ne les rechercha pas.

En y repensant à tête reposée, Mrs Harville se faisait la réflexion que ce cher Frederick avait été bien imprudent. "Ces marins sont tout bonnement invraisemblables. Ils dirigent d'une main de fer des dizaines de loups de mers endurcis, confinés sur un bateau pendant des mois, et se laissent attraper par le premier papillon venu, muni d'un joli sourire et d'yeux rieurs. Il devrait être leur être interdit de fréquenter un salon pendant six mois après leur débarquement, c'est beaucoup trop dangereux pour eux."

Citation :

Il devrait être leur être interdit de fréquenter un salon pendant six mois après leur débarquement, c'est beaucoup trop dangereux pour eux."

Là tu es dure MissAcacia j'aurais écrit "reste sur le bateau"

Je ferai la même citation que fée Clochette, elle est excellente, il leur faudrait une zone de décontamination, pour leur apprendre à fréquenter les autres êtres humains !!

Faut que j'aille promener mes vieilles mères, et je suis en retard à béguer (patois de cheu mé : béer) devant mon ordi..... c'est fou ! trop drôle ici !

Et bien si l'on écoute l'opinion de Winston Churchill ou que l'on lit Patrick O'Brien sur la marine nelsonienne, on se dit que le contraste devait être vraiment fort entre la vie à bord et les salons de Jane Austen... alors le sas de décontamination me semble de rigueur et pour moi cela suffit à expliquer l'abord un peu rude et sardonique du Captain ainsi que son inexpérience quand il est propulsé dans les petites intrigues Elliotienne ou Musgroviennes