Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Le Comte de Monte-Cristo | |
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Auteur | Message |
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Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 5 Mai 2024 - 17:39 | |
| Merci Vavyala Le roman est tout ce Juliette, Anwvynn, Tatiana et clinchamps et moi, en dit. Il est complexe et plus je le lis plus je suis éblouie par lui. Ce n'est donc pas par hasard qu'il est célèbre dans le monde entier avec les trois mousquetaires. Un autre roman, me fait aussi le même effet, j'y reviens souvent, ce sont les Mystères de Paris, d'Eugène Sue qui lors de sa parution en feuilleton a fait aussi vibrer le peuple de France. - clinchamps a écrit:
- "aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés"
c'est dans le nouveau testament et la dernière leçon donnée par le Christ, mais l'ancien testament, n'est souvent que violence, et il y a un reste de violence dans le Christ lorsqu'il flagelle les marchands du temple qui ne se conduisent pas mieux que les païens, car ils exclus certains, or l'exclusion pour Dieu n'existe pas. La route poursuivie par Dantès, est violente jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'il faut laisser à son cœur la possibilité de recevoir la lumière de Dieu afin de s'ouvrir aux autres. C'est pourquoi, il part, il a besoin d'intermédiaires purs, Valentine et Maximilien pour prier pour lui, il se rend compte qu'il s'est voulu l'égal de Dieu en se vengeant comme le Dieu de l'Ancien Testament et que cela ne le laisse pas pour autant heureux. . - clinchamps a écrit:
- Je ne dis pas que Dantès est vaniteux, mais que la poursuite de la vengeance est vaine parce qu'au bout il n'y a rien, qu'une âme asséchée et souvent perdue. Je suis en train de lire la thèse de ma belle-fille sur la Shoah et les écrits des survivants, et justement, ils ont surtout voulu faire savoir, témoigner, et demander justice, mais ne l'ont pas appliquée eux-mêmes
Je suis tout à fait en phase avec cette opinion. Mais, il aura fallut aussi un certain courage à ces personnes, pour juste témoigner, et demander justice. S'ils ne l'ont pas appliquée eux-mêmes, c'est qu'ils avaient confiance dans la justice des hommes, alors que Dantès n'avait pas cette confiance. Dumas nous fait vivre une époque d'instabilité politique, où les passions sont exacerbées par la volonté de vivre et s'enrichir en corrompant, trafiquant, enfermant en prison. Bref tout ce qui fait un monde perturbé et un sacré roman. J'ai détesté Mercédes ! Oui, il fallait qu'elle trouve une autre épaule pour l'aider à vivre, mais Fernand Mondego J'ai détesté Mercédes bien plus que son triste mari ou Danglars et Villefort ! je n'arrive pas à lui trouver des excuses ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 5 Mai 2024 - 18:55 | |
| Merci pour vos retours et ces échanges passionnants, les filles Ce roman peut être le sujet de nombreuses dissertations tant il est complexe - Vavyala a écrit:
- je pense que la vengeance n'est pas la voix de la paix. En même temps, je ne peux m'empêcher d'aimer cette histoire où la justice et l'équité sont rétablis. La vengeance était personnelle initialement, mais on se rend compte au fur et à mesure de l'histoire que ces trois hommes ont fait du mal à plus d'un (et pas qu'Edmond Dantès) et qu'ils sont rattrapés par ces autres passés aussi. L'exemple de Fernand en est un bon exemple.
Je partage ton avis |
| | | Cassandre Sweet Indian Princess
Nombre de messages : 59855 Age : 62 Localisation : entre deux livres Date d'inscription : 22/08/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 6 Mai 2024 - 6:54 | |
| Merci pour ton analyse passionnante, Fée Vous me devez presque envie de le relire, enfin presque |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5816 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 9 Juin 2024 - 19:30 | |
| Je viens de terminer ma (re*)lecture du Comte de Monte-Cristo et j'en ressors une nouvelle fois éblouie par le talent de romancier de Dumas, qui réussit la prouesse de tenir en haleine ses lecteurs pendant plus de 1400 pages sans un moment de répit ou presque ! J'ai été autant captivée par la première partie au château d'If, que par la suite en Italie, puis à Paris, où l'on suit le Comte tissant petit à petit sa toile autour de ses anciens bourreaux... mais quelle toile cruelle, raffinée certes mais terrible dans l'aveuglement justicier de son auteur, une fuite en avant dans la loi du Talion qui ne s'achève que lorsque des victimes imprévues tombent dans son piège mûrement élaboré... Si le personnage est assez fascinant (et que l'on peut tout à fait comprendre ses motivations premières), il est peu attachant avec sa froideur de pierre et les rares moments d'humanité qu'il dévoile m'ont un peu gênée à chaque fois - Spoiler:
(j'ai trouvé ses deux "miracles" - Spoiler:
(empêcher le suicide de Morrel père et ramener - Spoiler:
Valentine**
à la vie)
bien cruels pour leurs proches respectifs (dont Maximilien par deux fois, le pauvre ), qui croient l'issue fatale inéluctable jusqu'à la dernière minute...
et sa relation avec Haydée m'a laissée un sentiment étrange : d'esclave alanguie elle passe à fille adoptive chérie puis à amante en puissance je crois que j'aurais aimé un peu plus de clarté sur leur relation et surtout un peu plus de libre-arbitre pour la jeune fille ! ). Plus généralement, la propension de ses alliés à le vénérer comme un dieu vivant m'a fait lever les yeux au ciel à plusieurs reprises, même s'il ne manque effectivement pas de ressources (dans tous les sens du terme ! ) Mais cela ne m'a pas empêchée d'être captivée par l'intrigue, et par la multitude de personnages gravitant autour de ce cher Monte-Cristo : anciennes connaissances et ennemis jurés, et tout ce que Rome ou Paris comptent de mondains et de nobles plus ou moins authentiques... Et même s'il s'agit finalement d'un personnage très anecdotique (au-delà de l'appât à jeunes gens de bonne famille qu'elle représente pour son père en mal de respectabilité ), j'ai adoré Eugénie Danglars, son indépendance, et sa volonté farouche de n'être soumise à personne et surtout pas à un mari - Spoiler:
Je ne m'attendais honnêtement pas à une fin si optimiste pour elle et sa compagne (!), et j'aimerais bien lire la suite de leurs aventures à travers l'Europe !
Je suis donc enchantée de cette lecture, et remercie encore l'Auberge (notamment Juliette et Annwvyn) de l'avoir rappelée à mon bon souvenir ) * j'avais de très vifs souvenirs de la période "château d'If" mais plus rien en tête concernant la suite, je pense donc avoir lu soit une version très abrégée étant petite, soit n'avoir jamais fini le tome 1
** j'en profite pour avertir les personnes possédant l'édition Folio de ne surtout pas aller lire les notes de fin d'ouvrage, j'ai été spoilée sur l'identité de l'assassin en pleine lecture et ce des centaines de pages avant que cela ne soit révélé dans le roman _________________ Dessin de Jaimie Withbraid |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 9 Juin 2024 - 20:23 | |
| Merci pour ton retour de lecture Fauvette, je suis aussi très contente que cette nouvelle tentative ait été la bonne. Décidément, la sortie du film est une très bonne occasion de s'y (re)mettre. De mémoire les péripéties et les personnages sont tellement nombreux que c'est un livre qui doit gagner à être relu au moins une fois.
Concernant la relation Dantès-Haydée, peut-être qu'elle plaisait aux lecteurs de l'époque de Dumas, voire les faisait rêver, mais aujourd'hui elle semble plus difficile à défendre.
_________________ |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 9 Juin 2024 - 20:46 | |
| Je confirme qu'une relecture est adaptée pour ce roman, il me reste un peu moins de 200 pages à lire (la sortie prochaine du film et le nombre important de lambtoniennes se lançant dans la lecture m'a donné trop envie de m'y replonger) et je me régale Contente de lire ton avis positif Fauvette, je devrai venir poster le mien sous peu |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Mar 11 Juin 2024 - 8:04 | |
| J'ai terminé ma relecture hier soir, pur plaisir je suis bien contente de m'être motivée à relire ce pavé Je me souvenais globalement de l'histoire mais point des détails, donc j'ai de nouveau été happée par le souffle épique du roman Même si le comte n'est au final pas forcément attachant, je l'ai trouvé fascinant ! Sa vengeance est orchestrée de façon magistrale, on se demande comment c'est possible qu'il anticipe si bien tous les aléas possibles (sauf à la fin) Les personnages secondaires sont tous intéressants (certains détestables, d'autres attachants, un peu trop manichéen dans l'ensemble quand même je trouve ), et on a le temps de tous les développer vu la longueur du roman ! Je tire mon chapeau à l'auteur qui arrive à mener tambour battant cette histoire quasiment sans temps mort. Un grand moment de littérature et de lecture, je ne peux que conseiller à ceux qui ne l'ont pas encore lu de s'y lancer ! On ne voit pas les pages tourner |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72646 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Mar 11 Juin 2024 - 10:18 | |
| je viens de lire vos avis, Fauvette et Ju et je les soutiens totalement ! J'ai lu plusieurs fois le roman (au moins 3, la première expurgée très jeune puis les deux autres intégrales au cours de ma longue vie ! Donc je l'ai bien en mémoire et je suis bien d'accord avec toi Fauvette sur la "bizarrerie" de la relation avec Haydée ! Moi non plus je ne trouve pas que l'acharnement vengeur de Monte-Cristo en fasse un personnage sympathique, mais en même temps quelle démonstration "en creux" de la vanité de la vengeance qui ne laisse pour finir, souvent qu'amertume. La haine détruit bien mieux le cœur celui qui la ressent que celui qui en est la cible ! Et c'est vrai aussi que le talent feuilletonnesque de Dumas (précipiter le lecteur chaque semaine sur la suite, et pour nous tourner les pages encore et encore ! )est remarquable ! Il était et demeure le maître du genre ! Celui qui vient juste après, pour moi, c'est Paul Féval, avec bien sûr "le bossu" mais aussi avec le monumental "Les habits noirs" vraiment passionnant ! |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Mar 11 Juin 2024 - 13:16 | |
| - clinchamps a écrit:
- la "bizarrerie" de la relation avec Haydée
Nous sommes en plein dans l'époque ou Victor Schoelcher consacre sa vie à la lutte contre l'esclavage, d'ailleurs, il fera promulguer un décret qui abolira définitivement l'esclavage en France, mais quid de la mentalité des personnes de l'époque ? Ensuite, Alexandre Père et Victor Schoelcher, sont contemporains et l'écrivain est métis - Son grand père a eu quatre enfants à St Domingue, avec une esclave affranchie, donc il paraît naturel d'introduire Haydée, sauf que la pression raciste, a rendu, cette union assez controversée. Le père de l'écrivain, Alexandre de la Pailleterie, brillant général de Napoléon, à cause de son sang métissé avait été rayé de la liste des officiers, et sa mère, pourtant pure blanche n'a pas eu droit à aucune pension, une fois disparu ! Dans le cas d'Haydée, avant d'être esclave, elle était Princesse, mais la femme de cette époque n'est jamais entièrement libre. Elle représente un peu cette femme qui est libre et peut accuser Morcerf mais dans la vie courante, sait qu'elle doit être protéger par un homme fort, et cet homme est Monte Cristo. Je le trouve à la fois en avance sur son temps, mais très conservateur dans la possibilité de son union. Il sait qu'Haydée est amoureuse de lui, et lui, je l'ignore, mais une chose est certaine, Haydée est heureuse de "l'idolâtrer", elle a été élevé ainsi. Cette opinion n'engage que moi, |
| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5721 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 16 Juin 2024 - 19:48 | |
| J'ai terminé ma lecture il y a quelque temps déjà et je suis d'accord avec Juliette, ce n'est pas du tout évident d'écrire un commentaire sur ce monument de la littérature ! Sans surprise pour moi, j'ai beaucoup aimé ma lecture et j'ai eu l'impression de vivre un temps avec les personnages autour de moi, même après avoir terminé le roman, tellement j'ai été embarquée dans l'histoire Le personnage d'Edmond Dantès y est pour beaucoup évidemment. C'est vrai qu'il parait froid, cruel dans sa détermination, orgueilleux dans sa résolution de remplacer la justice car il estime qu'elle n'a pas fait son œuvre, mais je l'ai trouvé aussi touchant dans sa naïveté du début, dans ses fêlures, dans les moments où il laisse poindre son humanité derrière sa carapace et l'on peut espérer - Spoiler:
qu'il saisisse la deuxième chance qui s'offre à lui à la fin et qu'il arrive à faire la paix avec lui même, après avoir semé le chaos autour de lui. Et j'aime à croire que ce sera le cas
C'est cette ambivalence qui fait tout l'intérêt du personnage à mon sens. On le comprend par certains aspects, on le plaint, mais on ne peut jamais approuver totalement sa démarche. L'intrigue de la vengeance est particulièrement bien tissée, tant tout s'imbrique parfaitement et s'éclaire au moment opportun.Tout est captivant, épique et j'ai vraiment eu l’impression de vivre une aventure J'ai un peu moins aimé l'épisode italien que j'ai trouvé un peu longuet par moments mais la suite à Paris est tellement grandiose que l'escapade à Rome devient plus anecdotique. J'ai aimé aussi la galerie des personnages secondaires, certains tout à fait détestables, d'autres touchants ou plus ambivalents. Les caractères, les désirs profonds sont bien décrits même si l'ensemble peut paraitre un peu manichéen parfois. Je suis très admirative du talent de Dumas qui arrive à captiver le lecteur sur autant de pages sans que jamais l'intérêt pour cette aventure ne s'émousse. J'imagine tout à fait les lecteurs de l'époque se précipiter sur la suite dès qu'elle était disponible |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29115 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 16 Juin 2024 - 19:54 | |
| Merci pour ton retour, Elianor ! Je te rejoins sur le personnage d'Edmond, impossible à oublier et terriblement fascinant |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Dim 16 Juin 2024 - 22:16 | |
| Je viens de finir ma lecture et je donne mon avis à chaud ! Je précise que je n'ai pas encore bien lu tous vos avis, je le ferai dans un second temps. Comment vivre après avoir fini Le Comte de Monte-Cristo ? Je me sens orpheline, et frustrée. Pour tout dire, j'ai fait trainer la fin du roman, d'abord parce que j'avais peur de ce qu'elle me réservait (ce suspense !), et ensuite parce que j'appréhendais de finir tout simplement, d'abandonner pour toujours ces personnages et cet univers. Je suis frustrée aussi, parce que j'ai tellement envie de convoquer Edmond chez moi, tout de suite, pour lui dire ma pensée ! Vous n'imaginez pas à quel point ! Il n'a pas l'habitude des femmes qui lui tiennent tête, ce n'est pas grave, je ne serai pas intimidée, il se considère comme un homme supérieur grand bien lui fasse, j'ai envie de lui dire ses quatre vérités. Je vais vous dire, heureusement qu'on rencontre Edmond au début. C'est une des brillantes idées de Dumas. Les passages de la jeunesse d'Edmond sont fon-da-men-taux pour qu'on accepte de le suivre ensuite dans sa vengeance, compréhensible au départ, machiavélique ensuite, mais ensuite cruelle. Il faudra par exemple qu'on m'explique en quoi - Spoiler:
laisser mourir son père de misère et de faim serait inacceptable, alors que laisser une meurtière en série trucider tous les innocents de la famille de Villefort est acceptable. Dans les deux cas, ça s'appelle de la non assistance en personne en danger (je ne sais pas si on en coche les cases juridiques mais vous voyez l'idée).
Heureusement donc qu'on rencontre Edmond au départ, c'est là la grande habileté de Dumas, proposer un héros valeureux, avec beaucoup de coeur, de la candeur, de la générosité, une bonne mine, de l'intelligence, des ressources, de la résilience, en somme toutes les qualités qui font les héros (cela donne envie aussi d'imaginer 1) son destin, s'il n'avait pas été ainsi dénoncé par Danglars et cie, ou 2) son destin s'il n'avait pas trouvé le trésor de Monte-Cristo à sa sortie de prison). Heureusement qu'ensuite on lit en détail le récit de ses souffrances et de ses misères . Ce n'est qu'à ces deux conditions : le connaître jeune et bon, et le voir et le ressentir souffrir, qu'on peut souhaiter et accepter de le suivre jusqu'au bout du long chemin de vengeance qui est le sien. Infini talent de conteur de Dumas qu'on suivrait jusqu'au bout du monde. Le côté feuilletonnant redoutable, les personnages si bien croqués, l'humanité qui déborde de partout dans ce roman, qui déborde même Monte-Cristo dont la tête ne peut pas demeurer froide jusqu'au bout ! Ce roman (c'est mon avis) n'est vraiment pas sans défaut, l'auteur semble oublier régulièrement les dates et les délais, l'intrigue est un peu longuette dans sa partie parisienne alors que la fin est bouclée très vite, ce n'est pas un roman compact, ramassé, parfait. Mais c'est un roman généreux, foisonnant, avec beaucoup de coeur. A titre personnel, je me suis pris une claque, une vraie leçon d'écriture romanesque. Alors maintenant, de ce roman, qu'est ce que je retiens ? J'ai préféré le tome 1 au tome 2. Déjà, parce que j'ai adoré voyager , aller à Marseille, en Italie, avant d'aller à Paris. Les passages à Rome en particulier m'ont envoutée, le moment de l'exécution regardée par Albert et Franz m'a saisie... Toute la partie à Rome m'a aussi énormément plu parce que c'est l'arrivée progressive d'Edmond sous les traits de Monte-Cristo. Dans toute cette première partie du livre (post évasion), il y a une part de mystère et de merveilleux qui m'a fascinée. J'adore le Monte-Cristo voyageur (même s'il se donne assurément un genre avec ça ), celui qui parle d'horizons lointains, qui s'est nourri d'autres cultures, dont on ne sait plus trop dire qui il est, ce qu'il aime, ce qu'il pense, ce qu'il veut. Toute cette première partie m'a transportée, je dirais même jusqu'à l'arrivée à Paris et au repas d'Auteuil (ce passage, c'est du thriller, ce n'était pas bon pour mon coeur !). J'ai été extrêmement marquée par le tout début, la lumière de Marseille, la grande gaieté du jeune Edmond. J'ai trouvé puissant le symbole de l'émancipation du héros par l'éducation, au contact de l'Abbé Faria. La seconde partie du roman m'a un peu moins plu. On enchaine les salons parisiens, Monte-Cristo se dévoile progressivement, il devient moins mystérieux, plus calculateur ordinaire que génie insaisissable, avec la concrétisation de sa vengeance. J'ai trouvé quelques longueurs - Spoiler:
ça n'en finissait plus de s'empoisonner chez les Villefort. Le récit de Noirtier, les amours de Maximillien et Valentine, tout ceci m'a paru un peu long à mon goût.
Bref, j'ai trouvé que le second tome avait un joli "ventre mou". Maintenant, Monte-Cristo lui-même et sa vengeance, qu'en ai-je pensé ? Au tout départ, je dois reconnaître que cela a pour moi été cathartique. Edmond prenait sa vengeance sur la vie, qu'à cela ne tienne, moi aussi avec lui. Je pense notamment au volet "social" : Edmond a gagné en richesse et en éducation, il peut désormais se battre à armes égales contre un Villefort, cela avait quelque chose de très satisfaisant pour moi. Sa découverte du trésor est incroyable, elle apporte un sentiment de plénitude et de justice... jusqu'à cet instant où, après avoir récompensé Morrel, en une ou deux phrases, le basculement se fait, la vengeance commence vraiment. Au début c'est excitant, mais à mesure que les pages ont filé, ça s'est gâté, impossible ensuite de suivre Edmond à l'aveugle... Parlons d'Edmond. Quel personnage ! Je suis très heureuse que Dumas lui garde de l'ambiguité jusqu'à la fin. Le faire finir - Spoiler:
sur le doute, quel génie, alors que le héros avait commencé si gai, si plein d'évidences. Quels tourments attendent ce personnage qui a pêché par orgueil... Un moment, je me suis dit que j'aurais préféré qu'il meure, mais mes sentiments sont très ambivalents là-dessus. Je me dis qu'Edmond a droit à sa part de bonheur, peut-être. Je suis donc assez satisfaite que Dumas le laisse partir en proie au doute, et à d'éventuels remords. Il est longtemps présenté comme solide, fort, capable de retrouver un calme intérieur dans les pires moments. Je crois que je suis contente que sa fin ce ne soit ni la mort, ni la paix intérieure (mon avis, c'est que sa vengeance, n'était pas le bon plan pour la paix intérieure ). Qu'il parte avec le doute, je crois que c'est un acte fort de l'auteur, c'est un acte de compassion, mais c'est aussi juste, la mort aurait été une fuite à mes yeux.
Le petit Edmond qui m'avait si vivement touchée pendant la majeure partie du premier tome, et que j'avais trouvé fascinant ensuite (les passages à Rome, terrifiant de voir le comportement du comte mais aussi étourdissant de voir son intelligence folle), Edmond donc, m'a ensuite fait vivre les pires moments de ma vie de lectrice dans le tome 2. Impossible de savoir jusqu'où il irait, c'était à s'arracher les cheveux ! Comme pendant le film Parasite, j'étais à me dire : je sais que cela va mal tourner, mais... quand ? La vengeance maintenant... Je crois que pour ne rien oublier, on va passer les antagonistes en revue, j'en profiterai pour donner mon avis, j'ai un avis sur tout le monde. Ce qui est intéressant c'est qu'en filigrane du récit, on dresse un portrait de plus en plus complet de Monte-Cristo, et en tout cas de sa manière de voir les choses. - Spoiler:
Caderousse. Alors là, je me suis demandé ce que faisait Monte-Cristo en lui offrant un diamant au départ. J'avais trouvé son comportement franchement lâche (laisser faire Danglars et Fernand, c'était ignoble... surtout qu'après on ose dire que c'est Mercédès qui est lâche, ça m'a tuée). Bref, Caderousse, au départ, j'ai trouvé curieux qu'Edmond le récompense. Et puis ensuite, j'ai trouvé cela si éclairant quant à la philosophie de Monte-Cristo (et brillant de la part de Dumas) : Edmond traite Caderousse un peu comme une expérience, il lui laisse sa chance, et c'est le sort qui décidera si oui ou non il le méritait. Caderousse finit donc puni par sa propre irresponsabilité. Toute l'ambivalence de Monte-Cristo ressort avec ce personnage de Caderousse, Monte-Cristo qui en même temps assume d'être la main de Dieu, et en même temps, décide que certaines choses ne relèvent plus de sa responsabilité... Fernand. J'ai été un peu déçue par le peu d'attention portée à ce personnage. En vérité, il y aurait eu matière à s'intéresser davantage à son caractère impulsif et d'une intelligence modérée. Finalement, au-delà des récits qu'en font les uns et les autres (Haydée notamment) et où il apparaît, on ne le rencontre jamais vraiment. Sa fin ne m'a pas emballée. Des politiciens corrompus on en voit à la pelle, donc sa disgrâce est une hypocrisie monumentale de la part du milieu politico-parisien. Ici, j'ai trouvé une des grandes limites du comte de Monte-Cristo : son plan ne concerne que lui-même et ses ennemis, alors que pullulent en masse des tas de personnes tout aussi coupables, qui continuent à vivre leur vie comme si de rien n'était. C'est évidemment un des sujets du roman (vengeance ou justice ?), mais la situation de Fernand a presque fini par me paraître injuste. Je l'ai aussi lu comme un personnage qui voulait bonnant-malant intégrer un milieu social qui n'était pas le sien, et dont le sort (par la main de Monte-Cristo) a brutalement renvoyé sa famille d'où elle venait. Pas de pitié pour le peuple. Albert de Morcerf (le fils de Fernand donc) est un personnage pour qui j'ai eu beaucoup de sympathie. Ce garçon qui avait tout pour lui, une insouciance un peu agaçante parfois, du courage, se prend brutalement le mur de la vérité dans la figure, il doit vivre alors avec la honte de son père (j'ai une empathie infinie pour Albert pour cette raison ). Albert, une fois le livre fini, est un des personnages qui m'a le plus touchée, il est l'un des plus courageux de tous, mais surtout l'un des plus humains. Je pense que c'est ce que je pardonne le moins à Monte-Cristo : avoir renvoyé Albert, qui n'avait rien demandé, à la case départ de l'ascension sociale, sans amis, avec seulement pour lui sa détermination et son intégrité. Et en prime se dire "Ah quand même, c'est bien dommage que les enfants doivent parfois payer les fautes de leurs parents". Albert a coupé les ponts avec son "ami" Monte-Cristo, qui s'est comporté envers lui d'une manière affreusement hypocrite. Je souhaite bon vent à ce jeune Albert, j'espère qu'il va s'en tirer. Je note en passant que j'ai aussi beaucoup aimé le personnage secondaire de Franz d'Epinay, dont le calme et le bon jugement m'ont séduite. Il est le premier à avoir des doutes sur Monte-Cristo, il est celui qui avertit le lecteur de la part d'ombre du personnage éponyme. Villefort maintenant. Au départ dans ma tête, j'ai fait une gradation des fautes des uns et des autres (un peu comme dans Dix petits nègres/Ils étaient dix, si vous voyez ce que je veux dire). Pour moi, Villefort, c'était le pire de tous, celui qui trahit une profession qui exigerait une extrême probité, par intérêt personnel (chose d'ailleurs, qu'il fait finalement un paquet de fois dans sa vie). J'aurais aimé voir plus de dialogues entre Villefort et Monte-Cristo, parce que le duel de leurs deux intelligences aurait été fascinant à lire. Toutefois, c'est plutôt la déchéance morale de ce personnage qu'il nous est donné de voir, et si j'ai trouvé des longueurs au départ, ensuite j'ai trouvé ça surtout pathétique avec une envie que les souffrances s'arrêtent. Je ne vais pas m'acharner sur ce personnage, j'aurais l'impression ce soir de tirer sur une ambulance... C'est là qu'on lit pour la première fois que la vengeance de Monte-Cristo n'est même plus défendable par lui, lorsqu'il apprend le décès du petit Edouard (sale gosse, mais on ne tue pas les enfants parce qu'ils sont mal élevés, n'est-ce pas ? ). Là aussi on apprend mieux qui est Monte-Cristo : quand Maximillien évoque sa gêne de savoir que des gens sont empoisonnés alors que personne ne le dénonce, Monte-Cristo explique à plusieurs reprises, avec une exaspération grandissante, que Maximillien n'y est pour rien et que c'est Dieu qui décide. Dieu a bon dos, je trouve. Alors certes, Madame de Villefort n'était sûrement pas très nette au départ, et elle serait peut-être passée à l'action toute seule, et Monte Cristo n'est pas directement responsable, mais j'ai trouvé que ses réponses exprimaient bien qu'il était impitoyable. Danglars. Très partagée sur son destin final ! Sauvé par la temporalité des vengeances, Danglars n'aura pas droit à une punition digne de ce nom. Je n'aurais pas souhaité qu'il meure de faim (quand même), mais je trouve qu'il y a disproportion entre la gravité de sa faute première, et sa punition, en particulier en comparaison avec Villefort. Je ne sais pas si Dumas avait décidé de finir le roman en vitesse, mais la "rédemption" de Danglars, je me dis que c'est du chiqué. Il va repartir avec ses cinquante mille francs, et recommencer son boulot de banquier. J'ai détesté ce personnage (et j'ai aimé le détester aussi...). Le concernant, je trouve qu'il y a un petit goût de "tout ça pour ça" (même si l'intérêt du roman est également ailleurs).
Comme vous le constaterez, je n'ai pas encore parlé des personnages féminins. On en a déjà parlé dans un autre topic, Dumas et les femmes, tout un programme. Pas forcément quant à leur caractère, certaines ont un vrai potentiel, mais quant au traitement qui leur est réservé. - Spoiler:
J'évacue assez rapidement Mme de Villefort et Mme Danglars. Tout compte fait, j'ai trouvé ces deux là assez intéressantes, même si plus ou moins secondaires. La première est une tueuse en série par amour pour son fils (personnage avec du potentiel, quoiqu'un peu unidimensionnelle), la seconde est une bourgeoise qui vit sa vie comme elle l'entend, avec les infidélités de son souhait. J'ai trouvé que Monte-Cristo était particulièrement sympa avec cette dernière, il lui permet de sauver une partie de sa fortune (alors qu'il n'a pas eu les mêmes prévenances pour la famille de Villefort, dont le nombre de morts collatérales est excessif, il aurait mieux vallu sauver des vies que sauver le portefeuille de Mme Danglars). En passant, j'ai détesté le personnage de Debray, mondain, cynique, égocentrique, odieux petit personnage. Valentine de Villefort. Mes sentiments sont partagés sur Valentine. A la fois, je ne veux pas l'accabler, c'est un joli personnage, elle est douce et gentille. Mais à la fois, je ne peux m'empêcher de trouver que c'est trop. Une sensibilité, une fragilité, qui confine bien souvent à la naïveté, à la passivité, à un point que j'ai parfois eu du mal à concevoir chez une femme qui vivrait des événements pareils. Il reste que je trouve son personnage touchant, et surtout très important dans l'histoire. Pour moi, c'est le premier "loupé" dans la vengeance de Monte-Cristo, ce premier moment de bascule où il se dit que la machine s'est emballée, et qu'il risque d'être trop tard. C'est passionnant de voir comment Monte-Cristo reprend pied aussi vite, qu'à cela ne tienne, il peut faire mourir et vivre qui il veut... C'est aussi Valentine (après Franz, ironiquement son fiancé destiné) qui est la première à mettre vraiment les mots sur la cruauté dont est capable Monte-Cristo à son égard. Le récit qu'elle fait à Morrel de l'indifférence de Monte-Cristo m'a glacée, c'est là que je me suis vraiment demandée comment l'histoire pourrait finir... Je suis désolée pour Valentine qu'elle ait sur les bras, à la fin du roman, une famille en ruine. La pauvre ne méritait pas ça. Eugénie Danglars. J'ai parlé d'Eugénie dans un autre topic, j'avais trouvé que Dumas la jugeait un peu, qu'elle était qualifiée de masculine d'emblée parce qu'elle avait des qualités (l'assurance, la franchise brutale) qu'il n'est pas de bon ton de présenter lorsqu'on est une femme. Il reste que je suis plutôt contente du destin qui lui a été réservé. Bon, c'est une part de la vengeance contre la famille Danglars, mais finalement, comme Danglars s'en fiche royalement, et qu'Eugénie va pouvoir vivre sa vie, je trouve ça satisfaisant. Dumas, et Monte-Cristo (en donnant toutes les clefs à Louise d'Armilly pour trouver du travail en Italie), leur offrent une jolie sortie. Un personnage libre, qu'il est étonnant de trouver là, et dont on pourrait dire que l'histoire est moderne ! Haydée. Alors là, vrai sujet ! J'ai vu au dessus que les filles en ont parlé, et je suis d'accord. Il y a d'abord le côté un peu "spécial" (euphémisme) de Monte-Cristo qui va sans doute convoler en justes noces avec une femme de vingt ans de moins que lui qu'il a plus ou moins adoptée pour sa fille. Soit. Il y a en plus l'idéal romancé de la femme orientale, ancienne esclave, alanguie à fumer le narguilé, cachée aux yeux des hommes de son propre souhait, n'attendant que le retour de son maître qu'elle aime. On ne fait pas mieux pire en terme de portrait de la femme idéale pour un homme. C'est vrai pourtant qu'Haydée a aussi une grande force intérieure, son discours à l'Assemblée est remarquable. Mais elle est tellement béate d'admiration devant son sauveur Monte-Cristo, et on la voit si peu dans le roman, elle est peu mise en valeur ainsi... A mon avis, Monte-Cristo ne la mérite pas. J'ai longtemps craint que le livre ne se termine par une union Haydée-Monte Cristo tout en m'y attendant... Je ne sais pas si son couple avec Haydée lui apportera ce dont il a besoin. Et alors, avant d'enchainer avec Mercédès justement, c'est mon petit coup de gueule tout personnel. On a une Mercécès qui est vieille à 39 ans. Bon, c'est sa faute, c'est dit, elle n'avait qu'à faire confiance à Dieu, elle n'aurait peut-être pas eu autant de cheveux blancs (oui, c'est écrit) (limite j'ai eu l'impression de relire des contes de la Comtesse de Ségur, où le propos c'était "elle était gentille et vertueuse, DONC elle avait l'esprit tranquille, elle dormait bien et elle était belle", j'en connais des gens moi, des gens très bien, que des souffrances qu'ils n'avaient jamais méritées ont fait vieillir malgré eux). Et en face, on a un Monte-Cristo qui au même âge, plus vieux même, est considéré comme jeune et beau, et qui en voyant Haydée amoureuse de lui se dit "Oh, mais pourrais je encore être heureux ? Il existe donc une deuxième Mercédès !". Cette injustice, ce décalage de traitement, me donne envie de casser des trucs. Oui, j'exagère et je suis sarcastique. Oui, c'est l'époque. Oui, Edmond a eu une vie pourrie et ça lui ferait du bien d'être aimé, et oui, Mercédès a fait des mauvais choix et a déjà une vie remplie derrière elle. Mais voilà, je suis un peu révoltée quand même ! Je ne trouve pas ça juste ! Mercédès donc. J'ai aimé ce personnage. Elle m'a semblé réaliste, tout simplement. Je ne dis pas que j'aurais fait les mêmes choix qu'elle (aucune idée vraiment ), il est vrai qu'elle aurait pu faire preuve de plus de résilience. Mais, elle a aussi fait un choix raisonnable, défendable, qui ne mérite pas à mon avis, l'acharnement qu'elle se met elle-même dans la figure et la qualification qu'elle retient de "lâche" (Edmond est d'accord là dessus, au moins un moment). Je trouve le destin de Mercédès très cruel, la morale que je ressens in fine, c'est qu'une bonne femme/épouse/fiancée, c'est une femme qui attend ou qui meurt... Ce personnage est aussi extrêmement intéressant parce que c'est son désespoir qui va achever d'ouvrir pour de bon le doute dans l'esprit de Monte-Cristo, après la mort du petit Edouard. Le roman raconte en filigrane l'évolution (et le deuil ?) des sentiments de Monte-Cristo à l'égard de Mercédès, on sent que sa souffrance est cristallisée là, j'ai même eu l'impression qu'Edmond était un peu immature au départ , il peine à aborder Mercédès à son retour à Paris, il est prêt à abandonner sa vengeance pour elle, à la fin, il doute, et il est obligé de retourner sur les traces de ses souffrances pour éteindre ce doute. C'est extrêmement fort (et bravo Alexandre, là encore ).
Voilà, j'ai dit en vrac ce que j'avais à dire. C'est un mélange de mon avis sur le roman ; de mon ressenti à chaud ; mais aussi de mes opinions quant au comportement des uns ou des autres, qui n'ont rien à voir avec Dumas ou avec une quelconque morale, mais qui traduisent au contraire la complexité du roman, qui donne à voir au fond un portrait extraordinairement complexe, délicat et poignant de l'âme et de la souffrance humaine. Tout cela, c'est ce que j'aimerais dire à Monte-Cristo, s'il débarquait chez moi maintenant. Je lui dirais qu'à mon avis, il s'est planté. Qu'il y a d'autres manières de "sublimer" la souffrance qu'on a ressentie dans la vie. Qu'il ne sert à rien de faire une gradation des souffrances (il essaye de le faire avec Morrel, pour lui dire que lui a plus souffert, donc qu'il sait). Je conviendrai avec lui que c'est un peu hypocrite de se prendre pour Dieu parfois, et d'autres fois de dire "Oh non, je n'y suis pour rien c'est le destin". Je lui dirai qu'on peut être un homme fort et supérieur tout en connaissant les affres de la nostalgie. Je lui dirai aussi - Spoiler:
qu'à mon avis, il a trop de certitudes, qu'on n'est pas obligé de "mourir" un jour pour connaître le vrai bonheur. Et puis je compatirai infiniment avec lui dans sa souffrance, et dans le doute affreux qui sera désormais pour lui un compagnon de chaque instant. Au fond, je pense que les derniers mots du roman sont pour lui plus encore que pour Morrel. Attendre et espérer, je pense que ces mots sont aussi pour Edmond Dantès.
Au fond, ce roman m'a un peu brisé le coeur - Spoiler:
voir toute la souffrance du héros (ce jeune homme si beau et si brillant) servir ensuite à faire souffrir d'autres personnes, et blesser des âmes pures (comme Dumas l'écrit à propos de Valentine "bonheur chèrement payé").
Mais aussi je veux dire que je suis tellement heureuse et chanceuse d'envisager ma propre vie (où comme tout le monde, j'ai eu des moments plus durs - certes vous me direz, je n'ai jamais été emprisonnée 14 ans au château d'If ) sans l'amertume d'Edmond Dantès. |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 8:37 | |
| Magnifique commentaire à chaud Annwvyn Qui rend justice à ce magnifique roman Bien contente que tu aies autant aimé, même si ça ne m'étonne pas trop Merci d'avoir pris le temps de poster ton avis en détails, c'est toujours un plaisir à lire (j'aimerais avoir une aussi belle plume J'espère qu'on ne va pas trop s'arracher les cheveux lors du visionnage du film |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5816 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 9:02 | |
| Je plussoie Ju, merci pour cet excellent commentaire du Comte, Annwvyn Tu as parfaitement retranscrit tes (et mes, par la même occasion ) impressions de lecture, j'aurais presque envie de reprendre tout le roman pour encore mieux ressentir son souffle épique et la subtilité de ses intrigues ! (d'ailleurs je peine à me concentrer sur d'autres lectures depuis que je l'ai fini dimanche dernier, plus rien ne trouve grâce à mes yeux ) Et j'ai moi aussi hâte de visionner les multiples adaptations prévues cette année, même si je me doute qu'il sera très compliqué de faire aussi bien que l’œuvre (et l'auteur) d'origine _________________ Dessin de Jaimie Withbraid |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72646 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 10:03 | |
| Quel magnifique exégèse de ce roman, Annwvyn !! je suis entièrement en accord avec ton avis, avec le "ventre mou" aussi et je pense aussi que le vengeance absolue ne laisse derrière elle qu'un sol désertique et stérile et que Monte-Cristo en est l'absolue démonstration ! |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 10:24 | |
| - Annwvyn a écrit:
- je n'ai jamais été emprisonnée 14 ans au château d'If
Nous avons tous nos prisons personnelles, nos chateau d'If... ou (des ailes trop grandes qui nous empêchent de voler, comme l'Albatros de Charles Beaudelaire). J'ai apprécié ton analyse, mais j'ai une question qui me taraude : Dumas, ses livres, étaient dans ma famille et l'été je lisais sous un arbre, j'ai commencé vers 13 - 14 ans à piocher dedans. J'ai commencé par le Comte de Monte Cristo, apparemment clinchamps aussi, et relire Dumas souvent ensuite sans me lasser. Je suis étonnée de découvrir, que vous abordez ce livre aussi tard. Pourquoi ? |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 10:39 | |
| Je sens que je vais avoir du mal à trouver une lecture digne de ce nom moi aussi ! A mon avis, il va falloir que je lance un roman qui n'a rien à voir. Je suis en tout cas presque sûre de relire le roman un jour, et je crois que je vais demander le roman en Pléiade au Père Noël. J'ai pensé ce matin à une autre chose importante pour moi (mais que j'avais oubliée, la fin du roman approchant). C'est la manière du Comte de contourner sa non appartenance à la bourgeoisie parisienne, d'ailleurs de contourner toute appartenance à quelque groupe que ce soit, en racontant qu'il vient de l'étranger, d'ailleurs, qu'il n'est pas de là. C'est à la fois très astucieux (on va accepter de lui une excentricité qu'on n'aurait pas pardonnée à un parisien), à la fois cela dit encore bien des choses du personnage. Cela reflète sa liberté, mais c'est une liberté en trompe l'œil parce qu'elle traduit aussi sa très grande solitude, et sa souffrance, une sorte de crainte et de méfiance du monde entier. Il se met lui-même hors du monde. Il est chez lui partout et nulle part. J'aime voyager pour des raisons très similaires, c'est un point important qui m'a fait ressentir un élan de camaraderie envers le Comte. C'est aussi bien-sûr un formidable outil romanesque ! J'aurais bien aimé d'ailleurs mieux connaître son visage de lord anglais, ennemi juré de Monte-Cristo. Mais tout de même, quel mégalo ce personnage ! Il se la raconte pas mal avec tous ses voyages, et tous ses visages. Il aime sauver les gens, mais comme tu l'as écrit Fauvette il le fait généralement in extremis dans des conditions d'extrême stress pour ses "protégés", c'est une manière de se faire mousser, un goût pour la flamboyance et l'artifice, vaniteux si vous voulez mon avis, et pas spécialement sain ! Ah et aussi, Monte-Cristo a voyagé entre 8 et 10 ans entre la prison et Paris. Jamais on aura vu années plus productives en terme d'apprentissage ! Je sais bien qu'il est doué et insomniaque, mais ça m'a fait rire, entre ses voyages (et la durée du transport à l'époque), les réseaux qu'il a tissés (jusqu'aux bandits italiens), les langues qu'il a apprises, son talent au pistolet, sa connaissance des Arts même contemporains (les peintres français notamment), c'est quand même énorme ! Fée Clochette, eh bien, c'est une bonne question. Je pense que ma famille ne possédait pas les livres tout simplement (mes parents les ont lus plus jeunes, mais à l'école ou en bibliothèque sans doute, ma mère garde un souvenir fort de Monte-Cristo mais s'était ennuyée à lire Les mousquetaires). Je n'ai jamais étudié Dumas en cours non plus (même s'il y avait le Château de Monte-Cristo, la demeure de Dumas, tout près de mon collège-lycée !). J'ai donc découvert Les Trois Mousquetaires il y a moins de dix ans par moi-même (je les connaissais évidemment de réputation, mais je ne les avais jamais lus), et aussi en fréquentant ce forum... Parce que sinon, moi aussi je lisais sous les arbres l'été, mais parmi les auteurs français, je me rappelle avoir lu Zola, Balzac, Théophile Gautier, Flaubert, jamais Dumas, qui n'a pas été mentionné une seule fois en cours de français, malgré mes excellents enseignants. J'ajoute qu'à ce jour je n'ai jamais lu non plus un seul roman (hors versions abrégées destinées à la jeunesse, lues très jeune) de Victor Hugo ! En tout cas, je ne suis visiblement pas la seule ici à avoir découvert le roman tard ! On a fait ce qu'on appelle une lecture de groupe, ça me fait très plaisir. Mieux vaut tard que jamais. |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5816 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 10:57 | |
| J'avoue que je ne comprends pas trop ta question, Fée Clochette... je pense que nous sommes nombreuses ici à avoir dévoré toutes sortes de littérature(s) depuis que nous savons lire (et même avant avec les histoires lues par nos proches et parents), mais j'ai toujours trouvé le concept de "grands classiques" qu'il faudrait forcément avoir lu jeunes pour mieux les relire à l'âge adulte un peu étrange Nos goûts et découvertes littéraires dépendent de tellement de choses : accès aux livres, facilités de lecture, effets de mode/livres à succès, choix éditoriaux aussi : pour ma génération "millenial" (enfance dans les années 90/début 2000), outre les mangas, comics et BD qui étaient déjà bien implantés dans les habitudes de lecture, les incontournables au collège ou même lycée étaient les ouvrages "jeunesse" ou "young adult" (quel que soit le crédit que l'on donne à ces dénominations ) qui commençaient à saturer le marché comme HP, Twilight, A la croisée des mondes, les séries d'Evelyne Brisou-Pellen et autres best-seller des collections junior de la plupart des maisons d'édition, et pas forcément les romans désormais considérés comme classiques donc : pour ma part je les ai découverts un peu par hasard, au gré d'éditions (très) remaniées qui traînaient chez mes grands-parents (Charlotte Brontë, quelques romans de Dumas, que j'avais appréciés mais pas au point de me procurer les autres), un peu en classe (plutôt Zola et le naturalisme, je n'ai jamais étudié Dumas en cours), puis par moi-même à la fac (Austen, Gaskell, Trollope...) après m'être inscrite ici et avoir visionné certaines adaptations anglaises Les chemins littéraires de chacun et chacune sont forcément personnels et différents, et je trouve vraiment chouette l'émulation qui se produit ici autour de ces classiques parmi les classiques, qu'ils soient relus pour la 6e fois ou (re)découverts à 30 ans passés _________________ Dessin de Jaimie Withbraid |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 11:11 | |
| Et je dois dire une chose, c'est que je suis très heureuse d'avoir découvert Monte-Cristo à mon âge canonique ! Il est agréable de se dire que j'ai encore des chefs d'œuvres (et des classiques) devant moi. Il m'a été infiniment appréciable aussi de découvrir ce roman avec l'expérience de vie qui est la mienne, je ne suis pas certaine que j'en aurais autant apprécié et savouré la complexité et la finesse, si je l'avais lu adolescente. En tout cas, je suis bien heureuse que ma rencontre avec Edmond Dantès ait eu lieu en 2024. Dumas, je crois, était un peu considéré par les professeurs de français comme de la littérature plus "divertissante", donc pas du tout étudié en classe. Et pour me divertir chez moi, eh bien, je lisais plutôt, comme l'a dit Fauvette (on est de la même génération, la génération Y/les Millenials) des romans comme Harry Potter et La Croisée des Mondes de Philip Pullman, qui ont d'indéniables qualités fédératrices et littéraires. |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 11:57 | |
| - Fauvette a écrit:
- Les chemins littéraires de chacun et chacune sont forcément personnels et différents, et je trouve vraiment chouette l'émulation qui se produit ici autour de ces classiques parmi les classiques, qu'ils soient relus pour la 6e fois ou (re)découverts à 30 ans passés
Je suis tout à fait d'accord, j'ai seulement été surprise par votre découverte tardive. Toutes les familles ont une approche différente de la littérature, mais, il me semble qu'avec l'évolution du monde et la foule d'auteurs contemporains, la notion lecture a fondamentalement changée au profit d'une ouverture sur le monde que je n'ai connue que tardivement. Bref, est-ce une illusion, lorsque je lis le forum, que quelques livres sont lus car un film va paraître, ou bien sont lus à cause des films vus ? Je m'étonnais Fauvette, ce n'était pas une critique. Je suis consciente que vous avez lu énormément et que le forum fait énormément lire. Je sais aussi que les lectures de groupe ne sont pas ma tasse de thé, en lecture je suis une solitaire, je lis vos analyses avec beaucoup de plaisir, communique aussi parfois, mais je sens vraiment un changement réel. Nous dépendions beaucoup des professeurs puis de la famille, je pense. Ma question, sur la lecture de Monte Cristo, n'est pas si étrange, j'ai pensé la même chose avec Le Guépard. Je vous remercie d'avoir répondu, et je remercie pour vos analyses si brillantes. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72646 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 12:36 | |
| je peux vous dire que du temps où j'allais au collège, lycée, E N, il n'était pas question d'étudier Dumas, ni aucun autre feuilletonistes considérés avec mépris comme "pas de la littérature" ! J'ai lu ça en version abrégée façon Bivliothèque Verte, puis relu par hasard largement adulte et tout étonnée de découvrir que c'était beaaaauuucoooouuup plus long ! Mais c'était totalement au hasard des rencontres de bibliothèques scolaires, ou autres... je suis enchantée de voir Dumas revenir régulièrement à la surface grâce aux(ou à cause des )adaptations diverses et variées qu'il suscite !! Bonnes, ou mauvaises, elles ont le mérite certain de remettre Dumas au centre des discussions, de le remettre sur les pupitres de lecture, et ainsi de démontrer qu'au fil des ans il ne perd rien de son éclatant succès ! J'avais 60 ans bien tassés quand j'ai découvert Harry Potter et même de la "vraie" littérature comme George Eliot, Trollope, Thackeray ou notre Jane Austen !!! Et grâce au forum, évidemment !! Et je ne fdemande pas mieux que d'en rencontrer d'autres ! |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26779 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 13:01 | |
| - clinchamps a écrit:
- il n'était pas question d'étudier Dumas, ni aucun autre feuilletonistes considérés avec mépris comme "pas de la littérature" !
J'avais une prof de 4e passionnée de Dumas, et en guise de récitation, nous faisait jouer des scènes des trois mousquetaires avec des règles pour mimer les combats, mais c'est vrai que nous ne l'étudions pas. Elle nous faisait aussi apprendre des textes de Colette et de l'Odyssée ! |
| | | Fauvette Bluebird on a White Cliff
Nombre de messages : 5816 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/04/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 13:35 | |
| - Annwvyn a écrit:
- Il m'a été infiniment appréciable aussi de découvrir ce roman avec l'expérience de vie qui est la mienne, je ne suis pas certaine que j'en aurais autant apprécié et savouré la complexité et la finesse, si je l'avais lu adolescente.
Tout comme toi Annwvyn, je suis ravie d'avoir découvert ce roman maintenant (et en bonne compagne de surcroît ) : je l'aurais énormément apprécié aussi étant plus jeune, mais je n'en aurais sans doute pas eu la même interprétation (comme j'ai pu le faire avec Jane Eyre : j'avais été emportée par l'ambiance "gothique" du roman mais j'ai beaucoup mieux cerné les personnages à ma relecture quelques années plus tard ) - Fée clochette a écrit:
- Toutes les familles ont une approche différente de la littérature, mais, il me semble qu'avec l'évolution du monde et la foule d'auteurs contemporains, la notion lecture a fondamentalement changée au profit d'une ouverture sur le monde que je n'ai connue que tardivement. Bref, est-ce une illusion, lorsque je lis le forum, que quelques livres sont lus car un film va paraître, ou bien sont lus à cause des films vus ?
Je suis en partie d'accord avec toi Fée, je n'ai pas trop eu le temps de développer tout à l'heure mais même si je sais que la génération de mes parents au moins a aussi connu ce qu'on appelle maintenant la littérature jeunesse (j'ai dévoré chez mes grands-parents les tomes "vintage" des aventures d'Alice ou du Club des cinq quia appartenaient à ma mère et ma tante ), j'ai le sentiment que cette littérature "de transition" entre livres pour enfants et romans pour adultes a vraiment explosé dans les années 90/200 et jusqu'à nos jours, d'où le changement de références dans les bibliothèques "lambda" Là où je me sens personnellement moins concernée c'est que je lis rarement un roman parce qu'il va être adapté (je me suis raccrochée à cette lecture de groupe improvisée plus pour le plaisir d'échanger ici que parce que des adaptations sortent bientôt), en revanche l'inverse est assez vrai : dans les cas où je visionne une adaptation avant d'avoir lu le matériel source, ce dernier ne met en général pas longtemps à arriver sur ma PàL - Fée clochette a écrit:
- Je m'étonnais Fauvette, ce n'était pas une critique.
Je te présente mes excuses d'avoir réagi un peu vivement (ce qui était lié au fait que j'ai écrit vite tout à l'heure) : j'ai l'impression que les gens de ma génération (et ds suivantes) ont tellement essuyé de critiques sur nos goûts littéraires en général (dénigrement des mangas et BD, romances, bitlit & co, reproches sur le fait de ne pas lire assez... ou au contraire de lire trop , de ne pas lire les "bons" ouvrages... ), qu'on peut vite prendre la mouche à ce sujet - clinchamps a écrit:
- je peux vous dire que du temps où j'allais au collège, lycée, E N, il n'était pas question d'étudier Dumas, ni aucun autre feuilletonistes considérés avec mépris comme "pas de la littérature" !
Je trouve cela assez fascinant, il me semble avoir lu la même chose à propos de Dickens outre-Manche, et j'avais aussi été (agréablement) surprise en lisant Crime et châtiment de voir à quel point la lecture en était facile car "feuilletonnesque" ! Mais je m'écarte du sujet, revenons à nos moutons ce cher Comte et ses choix de vie très personnels _________________ Dessin de Jaimie Withbraid |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Le Comte de Monte-Cristo Lun 17 Juin 2024 - 13:57 | |
| - Fée clochette a écrit:
- Bref, est-ce une illusion, lorsque je lis le forum, que quelques livres sont lus car un film va paraître, ou bien sont lus à cause des films vus ?
Je te confirme en tout cas Fée Clochette, que c'est exactement ce qui s'est passé pour moi dans le cas de Monte-Cristo. J'essaye autant que possible de lire les livres avant d'en voir l'adaptation (ou sinon je risque de ne jamais les lire : il est important pour moi de pouvoir imaginer mes personnages et mon roman, avant qu'une adaptation cinéma/série ne les fixe pour toujours). Comme j'aime bien Pierre Niney, et que j'avais intégré que son film sortait en juin, je me suis dit que c'était l'occasion d'enfin découvrir ce grand roman. Je l'aurais sûrement lu sans cela, mais peut-être plus tard encore, ou pour d'autres raisons. Et pour le coup, on a été plusieurs à le lire en même temps ou presque, alors que ce n'était pas organisé du tout. Bon, en tout cas, je ne vais pas tarder à aller visiter le château de Monte-Cristo ! |
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