Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Les studios Pixar, la technologie au service de l'art | |
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Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mar 16 Juin 2015 - 18:30 | |
| Merci pour les affiches, Ludi ! Je préfère aussi l'affiche américaine |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mer 17 Juin 2015 - 16:47 | |
| Par ici , une interview assez courte et intéressante de John Lasseter, à propos de Pixar et de Disney. Et par là une interview de Marcel Jean (délégué du festival d'Annecy, grand festival consacré à l'animation) sur le site de Première, intitulée "L'animation, c'est pas du sous-cinéma". (Il y parle beaucoup de Pixar, mais aussi du cinéma d'animation en général). C'est très intéressant.
Dernière édition par Annwvyn le Mer 17 Juin 2015 - 16:58, édité 2 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mer 17 Juin 2015 - 16:55 | |
| Il y a aussi un article consacré à Pixar sur Télérama ! |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mer 17 Juin 2015 - 17:05 | |
| Oui, c'est la une de Télérama, je crois, ainsi que de Première. Et pour finir, une interview également très intéressante de Pete Docter (le réalisateur de Vice-Versa, mais aussi Monstres&cie et Là-Haut) pour Allociné. - Citation :
- Alors que le 15ème long métrage des studios Pixar débarque dans les salles cette semaine, le réalisateur Pete Docter nous dit tout sur la fabrication de ce film : un véritable tour de force, qui aurait impossible à réaliser il y a 10 ans...
"Vice Versa" semble avoir représenté un challenge énorme pour les animateurs. Pensez-vous qu’on puisse le compter parmi les films Pixar les plus difficiles à faire ?
Pete Docter : Je pense que les gens sous-estiment la somme de travail. Beaucoup pensent que le film entier était dans notre tête dès le départ. Ce n’est pas vrai du tout. Au début, j’avais de tous petits morceaux d’idées, et notre incroyable équipe n’a pas cessé de travailler, d’essayer des approches différentes, des idées différentes.
C’est aussi le premier film du studio qui dépeint quelque chose d’invisible pour les yeux…
Je pense que dans un sens, tous les films sur lesquels nous avons travaillé avant nous ont préparés pour ça. Quand je repense à Monstres & Cie, on se demandait à quoi pouvait ressembler un monde rempli de monstres, à quoi pouvaient ressembler les monstres eux-mêmes. Personne ne savait vraiment, mais nous avons fini par nous inspirer d’éléments de la vie réelle. Cette fois, nous avions le même défi devant nous, mais rien sur quoi nous appuyer. On ne pouvait pas s’inspirer de gorilles ou d’ours pour trouver à quoi les émotions pouvaient bien ressembler. Et même le monde, le design, et les multiples histoires qui se répondent… Nous avons l’histoire de Riley et nous avons l’histoire intérieure à laquelle Joie doit faire face. C’était très difficile, je ne pense pas qu’on aurait été capables de faire ça il y a 10 ans. Je pense que ça nécessitait un peu de temps et d’expérience.
Comment faites-vous pour arriver à associer l’héritage des studios Pixar et l’originalité ?
C’est un mélange d’expérience et de leçons apprises, avec le désir de ne jamais répéter les mêmes choses. Chaque film, et celui-ci en particulier, est très différent. Chaque fois qu’on se dit : "Attends une minute, on a déjà parlé de ça dans Toy Story 3 ou un autre film", on éloigne l’idée et on trouve une nouvelle façon d’en parler. Ce que je veux dire, c’est qu’à l’origine, on parle toujours d’expérience humaine. Quel que soit le moyen, qu’il y ait des voitures ou des poissons à l’écran, on veut que le spectateur se dise : "C’est mon problème ! Je suis concerné par ça. Je comprends ça." Mais on veut aussi s’assurer qu’on n’a pas déjà abordé le problème en question dans un de nos autres films, donc c’est compliqué.
Les artistes Pixar comptent parmi les meilleurs story-tellers du monde. Quel serait votre conseil pour raconter une bonne histoire ?
Il y a beaucoup de choses qu’on fait. Au final, l’un des fondamentaux essentiels est de faire en sorte que le spectateur se sente concerné par le personnage. Vous pouvez lire tous ces livres, anticiper sur la façon dont les choses doivent se passer à la page 47 du scénario, etc… Il y a toutes sortes de maths scénaristiques, comme je les appelle. Mais au fond, ça se résume à un enjeu : faire en sorte que les gens se préoccupent des personnages, s’attachent à eux. C’est facile à dire, mais plus difficile à faire. Vous n’allez pas au cinéma pour faire un devoir de maths, vous y allez pour être ému, pour expérimenter quelque chose. Pour moi, ça implique de me sentir concerné par ce que je mets à l’écran en tant que réalisateur. Et avec un peu de chance, ça transparaitra dans le film et vous vous sentirez concernés aussi.
"Pour chaque rire il faut une larme" était un principe cher à Walt Disney. Est-ce une règle que vous appliquez aussi quand vous réalisez des films ?
Bien sûr. J’ai un peu connu Joe Grant qui a été le bras droit de Disney pendant des années dans les années 40. Je l’ai connu dans les années 90, et lorsque je lui pitchait des histoires, il me demandait souvent : "Que donnes-tu aux spectateurs à emporter chez eux ? Qu’est-ce qui va les suivre à la maison ? A quoi vont-ils repenser ?" Nous avons appris en faisant des recherches sur ce film que les souvenirs qui vous restent le plus longtemps sont ceux qui vous ont touché émotionnellement. Quand vous avez peur, que vous éprouvez de la colère, vous allez vous souvenir de ces moments beaucoup mieux que des moments fades où rien de spécial ne se passe. On est vraiment conscients de ça, et pour ce film, nous nous sommes directement posé la question : qu’est-ce qui va faire que les gens vont s’attacher à ces personnages ? Quel est le noyau émotionnel de tout ça ?
Quelle est la plus grande qualité requise pour travailler à Pixar…
Je pense que c’est l’endurance. Parce qu’il y a toujours un moment, en quatre années de travail sur un film, où vous avez été démoralisé tellement de fois, simplement par le fait que l’histoire ne fonctionne pas… Et puis vous vous ressaisissez, et vous vous dites : "Okay, on y retourne !" Le fait de pouvoir se relever et repartir demande de la ténacité. Il y a beaucoup de gens qui sont des sprinters, ils vont très vite sur de courtes de distances et puis c’est terminé. Ici, c’est un marathon. Vous devez continuer à courir pendant des années.
Vous souvenez-vous de votre tout premier jour à Pixar ?
Selon mes souvenirs, à cette époque, Pixar était encore à Point Richmond, de l’autre côté du pont. Je suis arrivé, et le studio était assez petit. Il n’y avait que quelques bureaux. Je voulais me mettre tout de suite au travail, et John Lasseter m’a dit : "Je suis occupé. Assieds-toi et regarde Andrew travailler." Parce qu’Andrew Stanton avait commencé deux ou trois mois avant moi. Il commençait tout juste à apprendre comment animer sur un ordinateur. Donc John m’a dit de regarder Andrew pour apprendre le système. Donc je me suis assis là, j’ai regardé Andrew qui jetait des regards à son ordinateur et à son stylo. Et il soupirait des choses comme : "Fichu truc ! C’est pas possible !" (rires) Et je me suis dit que ça n’allait pas être facile. Je me rappelle ça plutôt bien. Il y avait un écran vectographique. C’était complètement différent d’aujourd’hui. J’ai été aussi surpris par l’aspect banal du lieu. Je m’attendais à des ordinateurs étincelants, comme dans un vaisseau spatial. A la place, il y avait des trous dans les murs, des poubelles… A l’époque on était associés à Lucasfilms, donc de l’autre côté de la rue, ils construisaient des maquettes pour des films. C’était plutôt cool, donc on se faufilait là-bas pour voir ce qui se passait…
Quel est votre premier souvenir d’animation en tant que spectateur ?
C’était probablement à la télé, devant le "Monde merveilleux de Disney". Mes parents nous permettaient de veiller pour regarder l’émission certains dimanches soirs. On avait 7 ou 8 ans. Parfois, c’était des séquences en prises de vues réelles, ou des documentaires… Et on priait toujours pour que ce soit des dessins animés. Ils montraient des cartoons de Donald Duck, ou des extraits des films, et j’adorais ça. Je pense que ce qui me fascinait, c’est que même en tant qu’enfant, je pouvais voir que ce n’était pas réel puisque c’était dessiné, mais ça avait l’air vivant ! C’est incroyable. Je suis toujours fasciné par ça, et j’en ai fait mon gagne-pain. (rires) |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mer 17 Juin 2015 - 17:41 | |
| Merci pour l'interview Oui, c'est bien la une de Télérama |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Ven 19 Juin 2015 - 23:12 | |
| J'ai vu Vice-Versa, ça y est ! J'en attendais beaucoup, et si le résultat ne ressemble pas à ce que j'imaginais, je ne suis absolument pas déçue. J'ai pleuré (plusieurs fois), ri (énormément - le script est génial !), et je ressors plongée dans un drôle d'état, entre joie, apaisement, et profonde mélancolie. Certainement, ce film rentrera dans mes films d'animation préférés, mais il est tellement hors norme que je me vois mal le comparer à d'autres. Vice-Versa est quand même un ovni, les héros sont des émotions, les décors sont des concepts... En gros, tout est abstrait. Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler, mais c'est assez incroyable de voir comment les réalisateurs ont pu donner corps et vie à toutes ces idées abstraites. Franchement, plus le film passait, et plus j'étais impressionnée. Le fait que ce soient des idées abstraites qui soient abordées fait qu'en tant qu'adulte des choses nous parlent directement, et de façon presque violente parfois. C'est percutant, et d'autant plus émouvant. Pour les enfants en revanche, si Pixar a toujours revendiqué sa double lecture, j'ai peur que pour le coup ce soit un peu ardu. On peut difficilement en dire plus sans spoiler. Je peux rajouter que j'ai absolument vu Pierre Niney dans le personnage de Peur (même physiquement) et que toutes les scènes avec les émotions aux commandes sont hilarantes. Le générique aussi est assez drôle. Il y a aussi des clins d'oeil à d'autres Pixar (le clin d'oeil à Arlo, comme toujours un clin d'oeil par anticipation ; clins d'oeil à Ratatouille, et à Là-Haut). La musique est très chouette aussi, rappelant par moments celle de Ratatouille. Un petit mot sur le court métrage Lava. Pas si mal (et là je tentais de faire abstraction des enfants qui bavardaient derrière moi - je sais qu'on ne peut pas en vouloir aux enfants de venir voir des dessins animés mais je n'y peux rien, ça m'énerve de ne pas pouvoir entrer dans un film dans le silence ). Pas si mal, mignon en fait, mais c'est un court-métrage en chanson et je n'ai pas tellement accroché avec la chanson. |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Ven 19 Juin 2015 - 23:22 | |
| Ah contente que ça t'ait plu Annwvyn J'ai vraiment passé un excellent moment devant ce DA et je pense que si ma famille y va ce week-end, je ne me ferais pas prier pour y retourner On passe en effet du rire aux larmes en un clin d'oeil, le rythme est soutenu et c'est bien prenant! - Annwvyn a écrit:
- mais c'est assez incroyable de voir comment les réalisateurs ont pu donner corps et vie à toutes ces idées abstraites. Franchement, plus le film passait, et plus j'étais impressionnée. Le fait que ce soient des idées abstraites qui soient abordées fait qu'en tant qu'adulte des choses nous parlent directement, et de façon presque violente parfois. C'est percutant, et d'autant plus émouvant. Pour les enfants en revanche, si Pixar a toujours revendiqué sa double lecture, j'ai peur que pour le coup ce soit un peu ardu.
Tout à fait d'accord: je pense qu'un adulte apprécie mieux ce film que les enfants, qui doivent quand même rester à l'humour premier degré (mais il y en a donc ça va ). Je l'ai conseillé à mon chef pour y emmener ses enfants, j'espère qu'ils aimeront quand même Par contre, je n'ai pas vu les clins d'oeil, mais je ne maitrise pas trop Pixar en même temps^^ Et pour le court métrage, je n'ai pas eu l'occasion de le voir |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Ven 19 Juin 2015 - 23:34 | |
| - Ju a écrit:
- On passe en effet du rire aux larmes en un clin d'oeil, le rythme est soutenu et c'est bien prenant!
Question rire, je ne pourrais même pas citer toutes les répliques qui m'ont fait rire tellement il y en avait. J'ai par exemple adoré le moment où - Spoiler:
ils réalisent un film pour le rêve de Riley. La réplique de Peur/Pierre Niney : "Ah bah elle n'aura pas d'oscar" m'a tuée. Je voyais tellement Pierre Niney dans ce rôle ! Mais on pourrait citer des tas d'autres scènes, Colère qui veut dire des gros mots sans arrêt, le petit ami imaginaire, les scènes où les émotions tentent de gérer Riley sans joie, les répliques sur "c'est ma casquette" (sans intérêt au demeurant)...
Question larmes, je crois que le pire a été - Spoiler:
Il y a une tonne de choses dans ce film (des tas de concepts en tout cas), et à mon avis des tas de détails qu'on loupe au premier visionnage. Si tu y retournes, tu verras, mais à mon avis, je pense que ça peut valoir le coup ! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72635 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Ven 19 Juin 2015 - 23:43 | |
| J'ai prévu de le voir demain !! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 17:05 | |
| Merci pour ton avis, Annwvyn ! Vice-Versa fait vraiment l'unanimité |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72635 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 17:45 | |
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| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 18:09 | |
| Contente que tu aies aimé Clinchamps ! Une autre réplique hilarante m'est revenue ce matin, c'est quand à la fin Peur parle de - Spoiler:
la nouvelle île des "boys band", et dit "Pourvu que ce ne soit qu'une phase !"
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72635 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 19:59 | |
| Conclusion de l'excellente critique de Télérama : - Citation :
Sous ses allures de divertissement allègre et limpide, sous la brillante texture bonbon des images, se révèle un vrai grand film ambitieux, émouvant et perspicace, sur la construction de l'identité. Je n'aurais pas dit autre chose !! |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 21:38 | |
| En parlant de Télérama, j'ai retrouvé par ici l'article dont tu parles Clinchamps. Et ci-dessous, un autre article de Télérama, plus général sur Pixar, partant des films pour parler de la philosophie du studio. - Spoiler:
De “Toy Story” à “Vice versa”, la formule magique de Pixar
La boîte aux cartoons a su imposer sa patte singulière dans l'univers de l'animation. Et inventer des œuvres qui aident à grandir, sans mièvrerie.
Toy Story a tout juste 20 ans. Le temps qu'il a fallu aux studios Pixar pour installer leur domination sur le monde de l'animation. Marié à Disney depuis 2006, ne cessant d'accumuler succès planétaires, éloges critiques, et accessoirement produits dérivés, ce géant garde pourtant jalousement son identité singulière, sans faux pas ou presque. Dernier coup de génie en date, Vice versa (en attendant la sortie, en novembre prochain, du Voyage d'Arlo), nous emmène au cœur de la psyché surchauffée d'une préado. De curieux petits personnages — les émotions de la préado — s'y démènent pour faire le tri entre l'enfance et l'avenir, pour affronter les convulsions de la croissance. Ils ne sont pas les seuls. Depuis les origines, Pixar ne parle que de ça : grandir. Tour, en six étapes, d'une obsession maison.
Jouer
Peu importe quel réalisateur inspiré est aux commandes, John Lasseter pour Toy Story, Brad Bird et ses Indestructibles, l'Andrew Stanton du Monde de Nemo, ou encore le Pete Docter de Monstres & Cie et de Vice versa : un film de chez Pixar, c'est avant tout un énorme coffre bourré de jouets attrayants. Le travail de la 3D, sur les couleurs, les mouvements, les textures, est tout entier consacré à reproduire la jouissance sensorielle du bambin palpant ses cadeaux : le plastique flambant neuf de Buzz l'Eclair, la soie lustrée des cheveux d'une Barbie, la fourrure de peluche du gentil « monstre » Sullivan…
Mais les productions Pixar font mieux que donner du relief à un formidable magasin de doudous imaginaires. Ils explorent aussi la relation ambiguë et puissante que les mômes entretiennent avec leur environnement. Ces poupées qui prennent vie en douce (Toy Story), ce rat doué pour la grande cuisine (Ratatouille) ou ce monde de voitures bavardes (Cars) nous portent au cœur de la rêverie animiste de l'enfance, cette intimité quotidienne avec le merveilleux.
Les démiurges de Pixar ne sont certes ni les premiers ni les seuls à jouer cette carte, mais il le font avec une malice et une perspicacité qui manquent souvent à leurs concurrents. Et ils possèdent un souverain remède antimièvrerie : se rappeler qu'un mouflet qui joue, c'est aussi un redoutable prédateur, un Attila ivre de conquêtes, un savant fou prêt à toutes les expériences — voir l'état des joujoux torturés, mutilés du petit voisin dans Toy Story, et revoir avant tout Tin Toy, l'un des premiers courts métrages du studio, en 1988, où un bébé terrorise un mini homme-orchestre en bois.
Exorciser
Etape cruciale dans le programme de croissance à la mode Pixar : il faut dépasser ses peurs. Nos opiniâtres psys de la 3D se sont principalement attaqués au classique des classiques, le fameux placard, ce fourre-tout de l'épouvante en culottes courtes, l'avant-poste de l'inconscient, la guitoune maudite de toutes les idées noires juvéniles. Dans Monstres & Cie, la plus jolie fable à ce jour sur le sujet, les monstres du placard, éminemment inoffensifs et rigolos, ont encore plus peur que leurs petites victimes. S'ils jouent les croque-mitaines, c'est pour recueillir les cris d'enfants, qui alimentent toute leur communauté en électricité. Jusqu'à ce qu'ils découvrent que les rires sont aussi productifs…
L'idée est poétique, et surtout futée : elle incite à jouer avec ses hantises — laisser entrer les monstres pour les apprivoiser, au lieu de les fuir. En faire, au sens propre, le carburant de la créativité. Une vraie leçon de résilience. Comme dans Vice versa, quand un clown d'épouvante s'évade des cachots de la mémoire de l'héroïne… pour l'aider à se réveiller, au moment où elle en a le plus besoin. Parfois, le « monstre », c'est ce qui cloche dans une famille, c'est le parent qui s'oppose à une émancipation, comme la mère de Rebelle, transformée en ourse géante par un sortilège. Chaque fois, Pixar propose une forme de réconciliation, une évolution pleine de promesses, comme la petite pousse verte miraculeusement retrouvée sur la planète ravagée de Wall-E.
Faire le deuil
Grandir, c'est mourir un peu. Ou, en tout cas, faire l'expérience de changements irréversibles. Tout le monde se souvient de Luxo Jr., le court métrage emblématique de Pixar, dans lequel une petite lampe de bureau facétieuse, en sautant sur un ballon, finit par le ratatiner définitivement. Grosse déception. Premier deuil. Presque tous les films maison insistent sur la mélancolie et le sentiment d'abandon, les compagnons inséparables de toute grande mutation. Ce n'est pas par hasard si, dans Vice versa, les deux émotions principales de l'héroïne sont Joie et Tristesse. Jamais l'une sans l'autre. Jamais les facéties des jouets de la saga Toy Story sans la menace que représente la puberté de leur propriétaire : l'oubli, le grenier ou la décharge.
Mais l'évocation du temps qui passe (la nostalgie de la fameuse Route 66 dans Cars) s'accompagne toujours d'une invitation… à le laisser faire. Comme le vieil homme veuf de Là-haut dans sa drôle de maison portée par des ballons, il faut savoir lâcher du lest pour pouvoir s'envoler et voyager. Parfois, c'est le deuil d'une idée d'eux-mêmes que les personnages doivent accepter. Lorsque, dans Monstres Academy, l'irrésistible Bob Razowski, ce gros œil sur pattes, admet qu'il ne terrorisera jamais personne, il peut enfin évoluer. Même renoncement constructif du côté de Buzz l'Eclair, quand il comprend qu'il est un jouet, pas un héros intergalactique.
Explorer
« Vers l'infini, et au-delà ! » Malgré sa combi spatiale en toc, ses réacteurs pour de faux et ses illusions héroïques, ce bon vieux Buzz n'exagère pas. C'est bien vers une sorte d'infini, d'Inconnu vertigineux, que les héros de Pixar se lancent, loin de leur zone de confort, en quête d'apprentissages et de rencontres. Quitter le nid, comme un oisillon aux ailes encore mal assurées, c'est le point commun de toutes leurs aventures, dans un monde volontairement démesuré, trop grand pour eux.
La cuisine de Ratatouille est un palais monstrueux pour le petit rat gastronome qui l'explore, lui qui tiendrait tout entier dans une cuiller à soupe. De même, la plus tranquille des prairies devient jungle délirante et dangereuse, où la moindre herbette est aussi haute qu'un séquoia, aux yeux des minuscules insectes de 1001 Pattes. Quoi de plus malin, de plus évocateur que cette différence d'échelle entre décors et personnages, pour figurer les perceptions de l'enfance, le point de vue craintif et fasciné sur tout ce qui n'est pas encore devenu banal et proportionné ? Chaque film est un voyage initiatique, une traversée du temps, vaste comme l'océan que parcourt Nemo, le poisson-clown, pour retrouver son père, mais aussi pour se découvrir lui-même : changé, plus aguerri, tout à coup tellement moins petit.
S'affirmer
C'est peut-être la scène la plus désopilante de tout l'univers Pixar, et pourtant c'est plutôt cruel. Une brochette de petits volatiles, dodus et parfaitement identiques, prend le frais sur un fil. En arrive un autre, différent : gros, lourd, mal emplumé. Rejet immédiat et féroce de l'intrus, pourtant amical. Le court métrage s'appelle Drôles d'oiseaux sur une ligne à haute tension et résume, à lui seul, toute l'affection de Pixar pour les outsiders, toute sa méfiance pour l'instinct grégaire — le portrait de groupe des humains, passifs et abrutis, n'est pas tendre dans Wall-E, pas plus que celui de la société férocement conformiste où vivent les excentriques Indestructibles.
Partout, les héros cherchent leur place, et ne la trouvent qu'auprès de compagnons aussi marginaux qu'eux. Ou comment un petit scout solitaire et rondouillard réussit, contre toute attente, à se lier avec le papy de Là-haut. Comment Dory, « poissonne » amnésique et fofolle s'impose meilleure copine de Nemo. Le cinéma de Pixar, c'est le Salon des Refusés, le refuge des originaux de tous poils, écailles et plumes…
Ceux-là, pourtant, réussissent à trouver leur voie, leur chemin de traverse bien à eux. C'est la grande concession du studio au classique volontarisme à l'américaine, la leçon de choses enthousiaste, un brin balourde, à l'usage des jeunes spectateurs : tout est possible à qui s'en donne les moyens et ose s'affirmer. Une princesse médiévale et néanmoins féministe peut échapper au mariage forcé (Rebelle), un rat peut devenir chef cuisinier (Ratatouille) et un avion d'épandage agricole peut se transformer en roi du looping (Planes)…
Recycler
On ne pousse pas sur un terrain aride. Comme une plante se nourrit de tout ce qui l'environne, comme Ratatouille invente des recettes originales à partir des ingrédients à sa disposition, Pixar absorbe, détourne et s'approprie sans cesse les références et les codes de la culture populaire. Le studio recycle les mythes familiers de l'enfance, celle d'hier comme celle d'aujourd'hui. Si ces films plaisent tant aux adultes, c'est qu'ils leur permettent, à eux aussi, de revivre ce qui les a amusés, construits, influencés, avec un juste mélange de tendresse et d'ironie.
Comment ne pas goûter aux clins d'oeil qui abondent, par exemple, dans la trilogie Toy Story, de la parodie de Star Wars (« Je suis ton père », déclame gravement une figurine qui se prend pour Dark Vador) à l'univers tout rose de Barbie et de Ken, son grand ballot de fiancé en plastique. C'est la grande foire moqueuse aux icônes de jeunesse, un mode d'emploi ludique pour rester fidèle à ses goûts d'autrefois, sans pour autant en être captif, ni s'interdire de les réinventer, comme dans Les Indestructibles, formidable patchwork à l'esthétique sixties, cousu d'allusions à James Bond ou à l'univers des comics, des Quatre Fantastiques à Spiderman. Créer de l'originalité à partir du plus commun : c'est peut-être bien la meilleure façon de grandir.
Pete Docter, réalisateur de Vice versa : un sorcier bien perché
Beau gaillard élancé, façon grande tige américaine élevée aux céréales, il fait tout de suite penser aux héros positifs des vieux films de Frank Capra. Mais à y regarder de plus près, Pete Docter, petit génie, à 46 ans, de la maison Pixar, a une tête de cartoon, comme si Tex Avery avait légèrement disproportionné le visage de James Stewart. Comment a-t-il eu l'idée de plonger dans la tête d'une gamine et de représenter ses émotions par autant de personnages ? Pete Docter est un sorcier qui accumule les recettes magiques depuis son arrivée chez Pixar, en 1995, où il plancha sur le scénario et les personnages de Toy Story. Il a une manière cool d'obéir aux diktats commerciaux. Son truc à lui, ce qui l'anime, et fait toute la différence, c'est le supplément d'âme au milieu de l'humour : l'histoire d'amour de toute une vie qui ouvre Là-haut, la solitude mélancolique de Wall-E, les monstres qui cherchent de la compagnie et les amis imaginaires de petites filles qui se sacrifient pour les laisser grandir.
Né dans le Minnesota, d'une mère prof de musique et d'un père directeur de chorale, il réalise à l'âge de 8 ans son premier flipbook, un objet à mi-chemin entre livre et animation, puis, à la suite d'un week-end en famille au parc Disney de Californie, refait entièrement la déco de sa chambre en version Aventureland, avec palmiers en carton, cocotiers et cabane de Robinson… Ses rêves d'enfance, il les a concrétisés : aujourd'hui, il vit, avec femme et enfants, dans une maison construite dans les arbres, en Caroline du Nord… Pete Docter est perché, donc. Et quand on lui demande quelle émotion il préfère dans Vice versa, il commence par répondre Joie, avec un sourire de commande, pour finir par avouer que c'est Colère qu'il a dessinée le plus facilement, d'un seul coup de crayon. Si un jour Pete Docter ajoute du vitriol chez Pixar, il y aura encore du neuf.
En fait, je réalise en lisant leur article, que dans tous les films de Pixar il y a ces moments mélancoliques, sur le temps qui passe ou le passage à l'âge adulte. Dans Rebelle par exemple (je l'avais complètement oublié celui-là !) la relation de Merida avec sa mère m'avait vraiment bouleversée. Vice-Versa pousse ces émotions à l'extrême, je pense que c'est un film qui deviendra emblématique des studios. |
| | | MarianneJustineBrandon Brandon's Belle
Nombre de messages : 8674 Age : 32 Localisation : In the arms of colonel Brandon... or waltzing in a castel of France with the Beast Date d'inscription : 03/02/2008
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Sam 20 Juin 2015 - 22:19 | |
| Vous me donnez trop envie, les filles !! Allez ! Il faut que je tienne jusqu'à la fête du cinéma ! |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14359 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Lun 22 Juin 2015 - 12:35 | |
| J’ai vu Vice-Versa, et ai passé un excellent moment. Rire et émotion au programme ! Le cinéma d’animation est un univers où je m’aventure peu, mais o je suis rarement déçue. On sait combien il est difficile de savoir ce qui se passe dans la tête des gens, et c’est pourquoi l’idée de base est hyper originale. J’ai été émerveillée par l’imagination des créateurs de Pixar , qui ont construit un monde totalement abstrait dans lequel on plonge avec curiosité pour en sortir le sourire aux lèvres. Le décorticage de la construction de la personnalité de Riley, à travers ses différentes émotions en passant par ses rêves (la Production des rêves, j’ai adoré, en particulier comme Annwvyn la scène du tournage ) et par le monde imaginaire que s’est bâti la petite fille, est un travail d’orfèvre. Le quatuor des Émotions aux commandes est génial, et j’ai trouvé les 4 acteurs qui les ont doublées excellents. Avec une préférence pour Peur où Pierre Niney s’en donne à cœur joie (ça lui va comme un gant) et Colère (très bon Gilles Lellouche, que je n’apprécie pas pourtant en chair et en os d’habitude ). Marie-Lou Berry a quant à elle dû faire preuve de moins de dynamisme , mais il n’empêche que son Emotion est très touchante. Autres superbes trouvaille, le stockage des souvenirs , et le tri effectué de temps à autres , ainsi que les différentes îles . Mon dernier film d’animation vu au cinéma devant être Raiponce (eh oui), j’ai été ravie de cette nouvelle expérience très inventive. Je l'ai vu en 3D, qui à mon avis n’apporte pas grand-chose hormis de mettre en valeur l’esthétique chatoyant du film. _________________ |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Lun 22 Juin 2015 - 16:22 | |
| Merci pour ce nouvel avis, Tatiana ! C'est assurément un film d'animation à voir |
| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Mer 24 Juin 2015 - 22:23 | |
| Merci beaucoup pour ton avis, Tatiana, je suis vraiment contente que tu aies aimé ! Pour celles que ça amuse, un test élaboré par Disney pour savoir quel personnage de Vice-Versa vous êtes. A titre personnel, je suis - Spoiler:
|
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72635 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 1:07 | |
| Oh ! Chic ! Un testalakon !!!! moi c'est : - Spoiler:
You’re Anger!
You have a fiery spirit and little patience for nonsense. You’ve been known to get fiercely passionate about both enforcing fairness and making sure people don’t ruin perfectly good pizza.
... et en ce moment ça correspond assez bien !! |
| | | Ju Gone With The Books
Nombre de messages : 12568 Age : 33 Localisation : In the Tardis, with Ten Date d'inscription : 15/05/2010
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 6:03 | |
| Je suis comme Clinchamps! En même temps ne pas fermer l'oeil de la nuit et me lever à 5h15 pour un déplacement pro doivent y être pour quelque chose^^ |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 8:33 | |
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| | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 9:18 | |
| Je le trouve bien marrant, même si en y réfléchissant bien je trouve que mon résultat me correspond assez. Je suis moins passionnée que Clinchamps quand même, et je passe mon temps à donner mon avis sur absolument tout ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 17:32 | |
| Super ! Je suis : - Spoiler:
Joy!
You are lighthearted, optimistic, and determined to find the fun in every situation. This makes you the ultimate companion for parties, road trips, and getting stranded on deserted islands. You see challenges as opportunities, and less happy moments as mere hiccups on the way back to something great.
Ce n'est pas vraiment moi, mais bon, je suis preneuse ! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72635 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Annwvyn Subtle scent of rain
Nombre de messages : 8654 Age : 35 Localisation : Paris Date d'inscription : 24/06/2009
| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art Jeu 25 Juin 2015 - 18:03 | |
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| Sujet: Re: Les studios Pixar, la technologie au service de l'art | |
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