Je viens de finir
Arthdal Chronicles (18 épisodes d'1h30), et j'ai trouvé le drama excellent.
Dans le genre fantasy, il est très classique, que ce soit sur les thèmes abordés ou sur la construction de son héros, mais je l'ai trouvé très riche, solide et soigné du côté du scénario, qui est vraiment de la belle ouvrage !
Comme j’ai beaucoup aimé ce drama, et qu’une saison 2 est prévue (mais pas encore tournée), j’ai envie d’en faire la présentation. Je vais essayer de synthétiser au maximum, essayer de vous poser le cadre avant de détailler mon avis.
La série se passe à l'âge de bronze (avec des accents médiévaux
). Arthdal est une union de plusieurs tribus/clans, dirigées par un homme, avec l'appui d'un chef religieux. L’union d’Arthdal a pris l’habitude de mener des campagnes de conquête au-delà de ses frontières, pour agrandir son territoire et recruter des esclaves. 20 ans avant le début de notre histoire, les chefs d’Arthdal ont massacré toute une race, les Néanthals, qui sont des nomades au sang bleu, des humains de très grande taille ayant une force et une rapidité surnaturelles.
Le personnage au cœur du drama est Tagon, le fils cadet du chef de l’union, que son père déteste. Tagon a passé sa vie en conquête de territoires à la demande de son père, et rentre victorieux à la capitale, Arth, très aimé de ses troupes et du peuple. Pour une raison particulière, Tagon veut prendre le pouvoir, et c’est l’histoire de son accession au pouvoir que la saison 1 raconte.
Tagon est très charismatique, mégalo, mais intelligent, il est un excellent guerrier, un habile politique, et il manipule le pouvoir religieux avec dextérité. Tagon ne veut pas accéder au pouvoir par la violence. Il a la faiblesse de vouloir être aimé du peuple. Mais c'est sans compter son secret, et sa personnalité... On devine qu'il franchira la ligne rouge, mais quand... ?
L’acteur Jang Dong Gun est superbe dans ce rôle très intéressant.
Très beau avec ses longs cheveux, son air calme et imposant, le regard souriant, presque doux. J'ai trouvé son histoire captivante.
Autour de Tagon gravite tout un univers : des nobles qui veulent leur part de pouvoir, la famille Tae qui détient seule le secret du bronze, la famille Asa qui détient le pouvoir spirituel, mais aussi les populations pauvres de la capitale, les tribus moins "évoluées" qui vivent de chasse et de pêche, les esclaves, quelques Néanthals qui ont survécu et vivent cachés... Parmi les nobles au pouvoir, il y a l'acteur Kim Eui-Sung (qui jouait Poen le meilleur ennemi de Sambong dans
Six Flying Dragons) et Cho Seong-Ha (qui jouait le méchant vice premier dans
100 days my prince), on n'est pas dépaysé.
Bien entendu, une grosse partie de ces personnages sont attachants.
Le drama accorde de l'importance à la spiritualité, et aux prophéties.
Les habitants d’Arthdal adorent leur héros national Aramun Haesulla, premier unificateur des tribus, qui chevauche un cheval mythique. Tagon se présente comme sa réincarnation...
Mais chut, seul certains sont au courant, bizarrement, le petit Eunseom Joong-Ki lui ressemble beaucoup plus, il a même le cheval. Une prophétie dit plus ou moins que Tagon va sauver l’alliance, une autre au contraire dit que trois personnes nées le même jour vont apporter la fin d’Arthdal. Ces trois personnes sont les trois jeunes du drama, Tanya, Eunseom, et Saya, dont la saison 1 raconte les débuts en tant que héros.
Voici Eunseom ! Il est le véritable Héros du drama, au sens classique du mot. Au stade de la saison 1, il est en construction. C’est un personnage proprement rayonnant
, et qui sera sûrement dans la saison 2 le principal antagoniste de Tagon. Eunseom encaisse les coups, est parfois découragé, mais ne perd pas sa nature profonde, courageuse et humaniste. Je suis tombée amoureuse de ce personnage, interprété avec beaucoup de douceur et de générosité par SJK (solaire dans ce rôle !). Eunseom est mi-humain-mi-néanthal, son père était un nomade Néanthal massacré par Tagon. Il a donc le sang violet (parce que sang rouge + sang bleu = sang violet). Cela fait de lui un paria à Arthdal, où il est en danger de mort.
Les deux autres jeunes gens, sont Tanya (Kim Ji Won, que j'aime bien, même si j'ai trouvé peut-être son jeu un peu figé en deuxième partie) et Saya (encore Song Joong Ki). Tanya est la meilleure amie d’Eunseom, avec qui elle a grandi, loin d’Arth, dans des territoires idylliques, avant que sa tribu ne soit brutalement conquise. Tanya a vocation à devenir la mère spirituelle de sa tribu. Mais on se pose assez vite des questions sur son identité...
Saya enfin est le frère jumeau d’Eunseom (aucun d’eux ne sait qu’il a un frère), qui a été recueilli bébé par… Tagon
, qui en a étrangement fait son fils adoptif. Saya a lui aussi le sang violet, et a vécu caché toute sa vie. Le personnage n’apparaît qu’à la moitié du drama, et c’est un personnage troublant, intelligent mais avec un goût un peu malsain pour le chaos. Je le jugerais immature et égocentrique, avec un côté éthéré et sombre et une sorte de désespoir secret. Tout le contraire de son frère (mais je ressens chez lui une vraie capacité d'évolution, donc j'attends la saison 2).
Je ne veux pas en dire plus sur l'histoire, au risque de spoiler. L'intrigue étant assez classique, on devine assez vite dans quelle direction on va. Mais la richesse de la série est dans le soin apporté au récit, aux détails, à l'évolution des personnages, et c'est ce qui rend le visionnage intéressant et sans ennui aucun (et pour l'instant, je préfère préciser, il n'y a pas du tout de romance).
Maintenant, mon avis. A première vue,
Arthdal Chronicles semble rappeler
Game of thrones, notamment par son esthétique. Mais un
Game of thrones plus rustique, avec zéro scène de sexe, pas de voyeurisme de violence (malgré des combats sanglants), et avec moins de budget et des effets spéciaux pas toujours réussis (je trouve par exemple que le générique est une copie ratée de celui de GOT). Mais
Arthdal a aussi une patte bien coréenne, avec la reprise de thèmes qui sont chers aux Coréens (la bataille des faibles contre les forts), et un côté chaleureux. Il y a dans
Arthdal, au travers de certains personnages, une part de candeur et de noblesse qui élève le drama, et lui donne un souffle romanesque comme une bonne lecture le ferait.
De ce que j’ai lu,
Arthdal Chronicles s’inspire des mythes fondateurs de la Corée, mais je n’en sais pas plus.
Lilie, peut-être ?
C’est un drama particulièrement dense. Ceux qui aiment voyager dans un environnement imaginaire seront contents du dépaysement (on rencontre de nombreux peuples avec des coutumes/valeurs variées, dont un peuple japonisant qui semble avoir une éthique de samouraï). Le contexte pourrait parfois être plus développé, mais il s’étoffe (croyances et coutumes, tribus…) avec les épisodes, et le rendu ne fait pas carton-pâte. L’entrée en matière est en revanche un peu difficile.
J’ai dû mettre trois épisodes pour m’y repérer, et me sentir concernée. Tous ces messieurs avec des fourrures moches sur les épaules, et qui trucident des humains au sang bleu, ça a de quoi faire fuir.
Je l'ai déjà écrit, mais la solidité et le sérieux du scénario m’ont beaucoup plu. Le rythme du drama est le même du début à la fin, dans un vrai respect du récit et du spectateur. Pas de précipitation pour poser le contexte, ni pour poser l'évolution de l'intrigue et des personnages. Presque toutes les intrigues secondaires sont traitées avec patience et soin, beaucoup d'indices sont semés et utilisés plus tard au fil des épisodes. On sent depuis le départ qu'il y a un cap (la saison 2 paraît déjà balisée au stade du tournage de la 1). Il y a un côté classique aussi dans le voyage initiatique du héros, qui est bien traité, qui a maintenu mon intérêt.
Les thèmes du drama sont intéressants. Le thème principal est la recherche du pouvoir. Pourquoi le vouloir et comment l’obtenir ? De nombreux personnages sont amenés à se poser la question. Avec celle-ci, en viennent d’autres, classiques du genre (ceux qui ne désirent pas le pouvoir sont ceux qui font les meilleurs chefs), sur les rapports entre pouvoir et religion, sur la peur qui porte à l’égoïsme et à la trahison, sur la différence (comment la vivre, comment l’accepter), sur l’exploitation des faibles par les puissants, sur l'avènement des sociétés modernes et centralisées… On retrouve une partie des sujets de
Six Flying Dragons, sans le contexte historique évidemment, mais avec à mon avis au moins autant de maîtrise et de maturité de la scénariste (c'est la même). On parle aussi de la relation père-fils/fille, et pas nécessairement en bien. Le tout sans jamais prendre le pas sur le récit d'aventure.
Que dire de plus ? Déjà, si vous trouvez que SJK est un bon acteur, il faut regarder !
J'ai trouvé infiniment agréable de le voir jouer ces deux rôles avec une sorte d'humilité, comme s'il avait conscience de n'être pas le seul acteur et qu'il l'acceptait parfaitement (c'est un joli clin d'œil à
Vincenzo, donc
). A part au tout début peut-être, je l'ai ensuite trouvé excellent, et si différent dans les deux rôles que j'ai même fini par oublier que c'était lui qui jouait.
Les autres acteurs sont très bien aussi, j'ai déjà nommé Jang Dong Gun
, mais je pense qu'on pourrait saluer la distribution toute ensemble, qui est nombreuse, et laisse voir une grande harmonie. Il n'y a quasiment aucun manichéisme, on s'attache donc à tous les personnages (Tagon y compris), et aucun acteur n'a de scènes de "méchante belle mère caricaturale" ou de "méchant premier ministre". Je crois avoir lu que le tournage avait été éprouvant pour toute l'équipe, je me demande s'ils n'ont même pas eu des plaintes tant la production a mené un enfer à tout le monde.
Il y a de belles scènes de combat, des scènes dans la pluie, la neige et la boue, et un paquet d'acteurs ont visiblement donné de leur personne.
Un petit mot enfin sur les costumes (franchement jamais vraiment terribles, mais une fois qu'on s'est habitué, ça passe), et les paysages (qui sont très beaux, avec une nature luxuriante, tant qu'on n'a pas d'image de synthèse de bâtiment fictif). En dépit des aspirations "épiques" de ce drama, ce n'est pas pour eux que je le conseillerais, ni pour les images que je n'ai pas trouvées spécialement belles.
Voilà donc ma longue présentation d'
Arthdal Chronicles, qui à mon avis méritait bien ça. C'est un drama qui n'intéressera pas tout le monde, il faut vraiment accrocher à la fantasy, mais il est très convaincant dans ce registre. Bref, si Netflix me fait faux bond pour la saison 2, je viendrai vous dire ma mauvaise humeur !