Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 | |
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Auteur | Message |
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Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Mer 13 Aoû 2014 - 20:38 | |
| @ Miss Benett:
Avec plaisir.
À l'instar de Clinchamps, je souligne que, puisqu'il s'agit ici de l'adaptation, tu n'as nulle raison de disparaître de ce fil. Toutefois, j'attends ton avis sur le roman avec impatience.
@ Miss Trotwood:
- Citation :
- Décidément cette adaptation ne me tente pas beaucoup, je crois que je vais me contenter du livre.
Si jamais tu te laisses tenter malgré tout, ton avis m'intéresse beaucoup.
@ Marie21:
Merci beaucoup d'avoir posté les dialogues de la scène en question: il est plus facile de lire les interventions ou de réagir soi-même en ayant le texte sous les yeux.
Bien que je comprenne très bien l'engouement suscité par la déclaration de Thornton, je retrouve pour ma part, à la lecture des répliques, l'agacement qui m'avait assaillie lors de ma découverte de l'adaptation.
- Citation :
- "Margaret: Please, stop. Will you - Please don't go any further.
Thornton: Excuse me?
Margaret: Please don't continue in THAT way. It's not the way of a gentleman. [Withdrawing to the window.]"
Ce passage illustre particulièrement bien ce qui a pu m'irriter au cours de cette scène-clef du téléfilm. Je trouve qu'il y a beaucoup de pose dans l'attitude de Margaret et, par "pose", j'entends cette manière théâtrale de créer du drame et de la pudeur outragée là où rien ne les justifie. Malgré son embarras - bien compréhensible -, Thornton s'exprime fort respectueusement en ayant par ailleurs le courage de dévoiler face à elle une partie de ses sentiments les plus intimes. (Qui a déjà tenté l'expérience sait la difficulté et, pour l'égo, la dangerosité d'une telle démarche, surtout lorsqu'elle est aussi directe.) Or, quels que soient les sentiments de Margaret à son égard à ce moment de leur relation, je trouve sa réponse textuellement incompréhensible.
Le fait de menacer ou d'effrayer une femme pour obtenir quelques avantages sexuels n'est pas l'attitude d'un gentleman - mais d'un criminel méprisable. Le fait de laisser entendre à son élue que le mariage constitue sa seule porte de sortie économique afin de la contraindre à une union rapide n'est pas l'attitude d'un gentleman - mais d'un pleutre dépourvu de la moindre fierté. Le fait de tenter d'apitoyer par quelques récits larmoyants les bons sentiments d'une âme sincère pour s'attirer des faveurs qu'elle ne consentirait pas autrement n'est pas l'attitude d'un gentleman - mais d'un comédien et d'un Tartuffe.
En revanche, je ne vois rien, dans le comportement ou les paroles de Thornton qui relevât d'une intolérable goujaterie. Alors bien sûr, on me répondra qu'il s'agit de la réaction, bien compréhensible, d'une jeune femme dont les sentiments, à ce moment de l'histoire, tendent plus vers la répulsion que vers l'amour et que la méprise qui teinte leur relation depuis les premières heures explique la forme particulière de ce rejet. Là, je réponds non. J'y vois la toge d'une tragédienne hurlant à l'outrage en découvrant que le soleil se couche le soir et, de surcroît, ayant trop ou trop peu conscience de sa valeur pour ne pas savoir apprécier le cadeau que constitue, fondamentalement, toute déclaration d'amour. Même lorsque les sentiments ne sont pas réciproques.
Et quand, à mes oreilles, les dialogues sonnent faux, je peine à goûter le plaisir de la scène et du jeu, en effet très bon, des deux interprètes concernés. |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26781 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Mer 13 Aoû 2014 - 21:25 | |
| Dérinoé, là tu te laisses emporter par ton éloquence - Dérinoé a écrit:
- J'y vois la toge d'une tragédienne hurlant à l'outrage en découvrant que le soleil se couche le soir et, de surcroît, ayant trop ou trop peu conscience de sa valeur pour ne pas savoir apprécier le cadeau que constitue, fondamentalement, toute déclaration d'amour. Même lorsque les sentiments ne sont pas réciproques.
j'ai l'impression que tu parles d'une fiéffée calculatrice qui joue avec un art consommé à humilier un homme qui déclare l'aimer ce n'est pas ça du tout. Remontons à l'épiqode du mariage d'Edith Margaret laisse entrevoir son caractère en répondant à Lennox comment elle voit sa journée de mariage, et ensuite elle ôte sa parure de cheveux pour la fixer sur la chevelure d'une enfant. Ce geste bénin montre à quel point Margaret est au-delà de la sophistication des cérémonies et quand elle décrit son supposé mariage, elle se dévoile simple, calme, posée et réfléchit, c'est à l'opposé de ce que tu ressents. Cette jeune fille élevée en ville par une tante franchement tournée vers les illusions du monde... (illusion d'avoir des vrais amis, alors que se sont des "connaissances qui se fréquentent") pour se désennuyer du vide de son existence, est intelligente et sincère et surtout dénuée de toute duplicité et rouerie, Lennox plus calculateur s'en rend compte. Crois-tu vraiment qu'elle renvoit l'image que tu lui colles dans cette scène ? j'ai regardé de nouveau l'épisode qui te traumatises, et moi qui ne supporte pas le lézard d'argent de Selenh (voir ses haïkus) supporte allègrement les mines de la demoiselle et ses paroles pas si excessives dans la bouche d'une jeune fille de 18 ans n'ayant eu aucun contact avec les désirs des hommes avant et qui patauge lamentablement en lui répondant. D'ailleurs tous les deux pataugent, et désolée, la rudesse d'approche de John Tornton raidit Margaret et au lieu de temporiser, elle se butte. Elle ne peut pas imaginer qu'un seul geste de protection lors de l'émeute l'enchaîne à un homme mur (il a trente ans au moins et elle 18). Cela l'affole, elle est donc agressive mais bien élevée dans ses propos tout de même. Imagines cette époque ! tu sortais du couvent ou de ta famille vers 17 ans et paff les hommes font des propositions de mariage ... ça marche pour Edith à qui sa mère ressasse depuis l'enfance qu'elle est si jolie qu'elle fera un mariage d'amour jeune... Un vrai lavage de cerveau pas étonnant que la pauvre petite a sauté allègrement sur le premier beau militaire venu (même s'il n'est pas très riche d'après sa maman) Mets-toi dans le mental de Margaret et tu t'apercevras peut-être que la scène n'est pas si mauvaise, bien au contraire. La panique fait faire bien des erreurs, et la panique est des deux côtés ils sont empruntés : John Tornton s'enfèrent allègrement et voilà comme on se prend un rateau monsieur et j'adore quand dans une série le héros se prend un rateau................. |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Mer 13 Aoû 2014 - 22:37 | |
| @ Fée Clochette:
- Citation :
- Dérinoé, là tu te laisses emporter par ton éloquence
Du tout. Je tente de développer mon point de vue en exposant de manière aussi clair que possible les raisons qui le motivent. C'est, je crois, précisément le sens assigné à ce topic par son auteur et, d'une manière générale, la raison d'être de ce forum. Non?
Avant que d'entrer dans le détail de la discussion, il me faut clarifier un point sur lequel nous ne nous comprenons vraisemblablement pas et qui semble perturber l'ensemble de notre échange. Je ne critique absolument pas le comportement de Margaret Hale, laquelle n'existe pas par elle-même et ne parle ou ne pense que sous la houlette de celles qui lui ont donné vie: Elizabeth Gaskell d'une part - dont j'ai dit plus haut qu'elle n'était pas en cause dans la présente discussion puisque, pour ma part, je me concentre ici uniquement sur la version télévisée - et Sandy Welch d'autre part qui, d'après ce que j'ai compris, est l'auteur qui a adapté le livre pour le petit écran. Ce que vise ma critique, ce n'est pas la personnalité d'un être qui, précisément, ne possède aucune existence indépendante, mais la manière dont certains dialogues - telle que cette fameuse scène de la déclaration - ont été à mon sens rincés de leur véracité psychologique par un scénario mal ficelé. C'est le scripte que je trouve ici peu convaincant. Ni Margaret Hale, ni même Elizabeth Gaskell ne sont ici objets de mon commentaire.
- Citation :
- j'ai l'impression que tu parles d'une fiéffée calculatrice qui joue avec un art consommé à humilier un homme qui ldéclare l'aimer scratch ce n'est pas ça du tout.
Non, pas du tout. Je trouve simplement que le scripte ficelé par Sandy Welch tombe dans un cliché de répliques malheureuses - de celles qui ne correspondent à aucune vérité psychologique mais empruntent à la pose surjouée que toute héroïne doit adopter pour la postérité.
- Citation :
- Ce geste bénin montre à quel point Margaret est au-delà de la sophistication des cérémonies et quand elle décrit son supposé mariage, elle se dévoile simple, calme, posée et réfléchit, c'est à l'opposé de ce que tu ressents.
Ce qui, le cas échéant, ne fait que confirmer pour moi le peu de consistance du personnage créé par les scénaristes.
- Citation :
- Cette jeune fille élevée en ville par une tante franchement tournée vers les illusions du monde... (illusion d'avoir des vrais amis, alors que se sont des "connaissances qui se fréquentent") pour se désennuyer du vide de son existence, est intelligente et sincère et surtout dénuée de toute duplicité et rouerie, Lennox plus calculateur s'en rend compte.
Je suis d'accord avec ce point de vue.
- Citation :
- Crois-tu vraiment qu'elle renvoit l'image que tu lui colles dans cette scène?
Je crois que c'est le sentiment que m'inspire le dialogue de la déclaration. Et, si je ne le croyais pas vraiment, je ne l'aurais pas écrit.
- Citation :
- j'ai regardé de nouveau l'épisode qui te traumatises, et moi qui ne supporte pas le lézard d'argent de Selenh (voir ses haïkus) supporte allègrement les mines de la demoiselle et ses paroles pas si excessives dans la bouche d'une jeune fille de 18 ans n'ayant eu aucun contact avec les désirs des hommes avant et qui patauge lamentablement en lui répondant.
Un argument visant à démontrer le caractère pertinent de ce dialogue et reposant sur le fait que tu le supportes plus aisément que la mort d'un être vivant me paraît assez contestable.
- Citation :
- D'ailleurs tous les deux pataugent, et désolée, la rudesse d'approche de John Tornton raidit Margaret et au lieu de temporiser, elle se butte. Elle ne peut pas imaginer qu'un seul geste de protection lors de l'émeute l'enchaîne à un homme mur (il a trente ans au moins et elle 18). Cela l'affole, elle est donc agressive mais bien élevée dans ses propos tout de même.
La rudesse d'approche de John Thornton?
Alors vois-tu, Margaret, telle qu'elle est modelée par le scénario, m'évoque dans cette scène un personnage créé par les Inconnus à l'occasion d'une (excellente) parodie de la Cérémonie des Césars intitulé L'interminable 17ième Nuit des Escarres. Dans ce sketch - que je ne peux que recommander par ailleurs -, les trois humoristes mettent en scène des extraits de films fictifs en lice, s'amusant entre autres à brocarder un certain type de Cinéma français. Dans l'un de ces extraits satiriques, Didier Bourdon figure une actrice nommée Juliette Godemiche, laquelle prononce dans un accès de nerfs la mémorable tirade suivante, extraite du bien-nommé L'Insupportable:
- Citation :
- "Je voulais simplement te dire que... Que... Que tu n'as pas le droit de m'aimer comme tu le fais. Tu n'as pas le droit de m'être fidèle. Ta fidélité porte le sceau de ton égoïsme. Parce que moi ce que je veux, c'est que je veux bien que tu m'aimes mais sans amour. Je veux bien vivre avec toi mais séparément. Je veux bien avoir un enfant qui te ressemble, mais pas de toi. Mais ça peux-tu seulement le comprendre ? Peux-tu seulement le comprendre ? Peux-tu seulement le comprendre ?"
L'amour de Thornton, en effet, porte le sceau de son égoïsme. ("Mais ça, peut-il seulement le comprendre?" La question reste ouverte.)
- Citation :
- Imagines cette époque ! tu sortais du couvent ou de ta famille vers 17 ans et paff les hommes font des propositions de mariage
Je l''imagine très bien et je crois qu'il n'est pas besoin d'avoir passé sa jeunesse dans un Couvent pour, à 17 ans, à 20 ans ou à 25 ans, éprouver cette sorte de crainte, de réticence ou d'incompréhension vis-à-vis du désir que l'on peut inspirer à d'autres.
- Citation :
- Mets-toi dans le mental de Margaret et tu t'apercevras peut-être que la scène n'est pas si mauvaise, bien au contraire. La panique fait faire bien des erreurs, et la panique est des deux côtés ils sont empruntés : John Tornton s'enfèrent allègrement et voilà comme on se prend un rateau monsieur
Comme j'ai tenté de le développer à maintes reprises plus haut, la nature des répliques échangées sonne terriblement faux à mes oreilles. Et cela, je pourrais difficilement le changer.
- Citation :
- et j'adore quand dans une série le héros se prend un rateau.................
Je peux comprendre mais, personnellement, autant je saisis et apprécie de l'intérieur la manière dont Elizabeth Bennet, dans l'adaptation de 1995, fait remarquer à Darcy l'indélicatesse absolue de sa demande, autant le râteau gratuit (à mes yeux toujours) infligé à Thornton me paraît surjoué et vide de sens.
Dernière édition par Dérinoé le Jeu 21 Aoû 2014 - 21:27, édité 2 fois |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Mer 13 Aoû 2014 - 23:39 | |
| - Fée clochette a écrit:
- La panique fait faire bien des erreurs, et la panique est des deux côtés ils sont empruntés : John Tornton s'enfèrent allègrement et voilà comme on se prend un rateau monsieur
- Dérinoé a écrit:
- @ Fée Clochette:
Je peux comprendre mais, personnellement, autant je saisis et apprécie de l'intérieur la manière dont Elizabeth Bennet, dans l'adaptation de 1995, fait remarquer à Darcy l'indélicatesse absolue de sa demande, autant le râteau gratuit (à mes yeux toujours) infligé à Thornton me paraît surjoué et vide de sens. C'est vrai, son attitude est sujet à interprétation: l'actrice surjoue-t-elle ou joue-t-elle la panique? Bien que j'ai l'impression moi aussi que c'est la panique qui est jouée et un certain repli sur soi rendant le jeu de répliques si brutal dans cette scène. . L'actrice rentre dans la pièce silencieuse (pas de musique), tendue et se plante devant la fenêtre. Elle guette les premiers mots de Armitage/Thornton, crispée. Comment peut-on jouer une jeune fille qui pour la première fois de sa vie enlace un homme plutôt viril avec la gêne et la colère de s'être laissée aller à l'émotion pendant l'émeute? La jeune fille ferait preuve de mauvaise foi, c'est certain. Elle affecterait des airs d'innocence (sexuellement intouchable) et tente de cacher qu'elle a conscience de sa féminité et de l'effet qu'elle produit sur l'homme. Elle serait paniquée à l'idée de passer pour une écervelée et une dévergondée. Un peu hypocrite, on a compris que Thornton ne la laisse pas indifférente. Désolée, j'ai perdu mon précédent commentaire et ce n'est plus trop le même.
Dernière édition par Darcy le Jeu 14 Aoû 2014 - 0:10, édité 5 fois |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72656 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 0:01 | |
| Je viens de revoir la scène, et je la vois surtout extrêmement gênée par le souvenir de la demande de Lennox, et elle voudrait éviter d'avoir à affronter cela une seconde fois. Elle lui dit de se taire parce que s'il s'arrête elle pourra faire comme si de rien n'était et oublier, ou tout au moins essayer. Sa mère est très malade, son amie Bessy est mourante, son frère est au loin, elle s'est résignée à lui écrire (choix bien difficile) croyez-vous vraiment que ce soit la prise de conscience de sa féminité qui la trouble ? Je crois surtout qu'elle n'a vraiment pas l'esprit à l'amour, surtout que Thornton ne suscite rien en elle à ce moment-là. Il l'intéresse dans le cadre de sa relation avec Higgins, et du fait de la grève, du rapport patron/employé qu'elle découvre, mais je ne vois aucune attirance sexuelle là, elle le dit bien, elle en aurait fait autant pour n'importe qui, ce qui le blesse encore plus, le pauvre homme !! Mais elle se rend bien compte qu'il est humilié et blessé, ce n'est pas ce quelle voulait, elle voulait ignorer, ne pas savoir, ne pas avoir à répondre, elle regrette de l'avoir blessé bien sûr, ce n'est pas une femme méchante, ou froide, mais comme elle le dit : elle n'a pas l'habitude de ces situations. Ce n'est pas une rouée qui sait repousser un homme en lui laissant toutes ses illusions, elle est trop directe parce qu'inexpérimentée, et encore une fois, elle a bien autre chose à penser ! Aucune affectation pour moi dans sa réelle innocence. je pense que le regret d'avoir humilié Thornton, qui va travailler sa conscience va être le véritable commencement pour elle de penser à lui autrement que comme patron d'usine, ou ami de son père. Je vois là le germe de ce qui va bientôt emplir son cœur, qui éclatera au grand jour à ses yeux avec l'incident de la gare et de la méprise de Thornton. |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 0:21 | |
| - clinchamps a écrit:
- Sa mère est très malade, son amie Bessy est mourante, son frère est au loin, elle s'est résignée à lui écrire (choix bien difficile) croyez-vous vraiment que ce soit la prise de conscience de sa féminité qui la trouble ? Je crois surtout qu'elle n'a vraiment pas l'esprit à l'amour, surtout que Thornton ne suscite rien en elle à ce moment-là. Il l'intéresse dans le cadre de sa relation avec Higgins, et du fait de la grève, du rapport patron/employé qu'elle découvre, mais je ne vois aucune attirance sexuelle là, elle le dit bien, elle en aurait fait autant pour n'importe qui, ce qui le blesse encore plus, le pauvre homme !!
Elle est sans aucun doute secouée par les tragédies qui se jouent chez elle, cela démontre que c'est une femme qui est faite de sensibilité et qui laisse vivre ses émotions. Elle se bat pour ces idées et les revendique comme l'esprit libre qu'elle est. Pour autant, je ne crois que ce soit une jeune fille qui se jette dans les bras d'un homme aussi facilement s'il n'y avait pas déjà une certaine proximité de corps et de langage qui se soit installée. |
| | | valmont Mal'conciliu di lume
Nombre de messages : 4356 Age : 52 Localisation : Au fin fond de nulle part... Date d'inscription : 20/02/2012
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 10:15 | |
| - Fée clochette a écrit:
- John Tornton n'a pas étudié (...) John Tornton, donc est un self made man (...) là où le bas vous blesse, c'est sa pauvreté linguistique pour parler d'amour à Margaret, cela n'est pas choquant, en homme pressé, il va droit au but, il a l'habitude d'ordonner, pas de louvoyer dans des déclarations d'amour sucrées pour nous faire chavirer. Il dit les choses, et naturellement Margaret est blessée.
Je plussoie: c'est de la maladresse: ce n'est pas un érudit et par conséquent il ne sait pas conter fleurette. Margaret doit être romantique et s'attend à plus de délicatesse. - Citation :
- A dix huit ans, lorsque l'on reçoit une demande aussi brutale, la réponse est brutale. A dix huit ans, personne ne prend des gants pour émettre une opinion contraire si l'offre a été déplaisante, on cingle l'adversaire.
- Citation :
J'ai trouvé le téléfilm souvent enchanteur, avec des acteurs qui jouaient justes, ils sont justes dans leur raideur. Ils sont justes dans leur approche de l'inconnu. Lorsque l'on redoute quelquechose ou quelqu'un cela rend souvent agressif, et c'est ce qui se passe entre John et Margaret. - Fée clochette a écrit:
- C'est une série qui est filmée dans un certain cadre temps, il ne faut pas tomber dans les discours trop longs (..) Pour Nord et Sud, il aurait fallu huit à dix épisodes pour rendre justice à un livre de 500 page qui fourmille de renseignements, d'anecdotes et scène diverses. Donc ils font des dialogues courts qui collent aux images rapides.
Voilà, tu as exprimé exactement ce que je voulais dire: la richesse du livre est difficilement "résumable" (ouh quel vilain mot ) en un temps si court. Dans P&P de Joe Wright, il y a plein d’âneries de scènes inexistantes, de dialogues dit par les mauvais personnages, de moments où (Ô miracle) Darcy est présent alors que normalement il n'y est pas, et j'en passe... N&S n'échappe pas à ce travers des scénaristes mais je trouve qu'ils s'en sont très bien sortis. - Kusanagi a écrit:
- [ pour moi, la plus belle déclaration, c'est le "I love you" ... "I Know" de Han et Leia dans Star Wars.... ) (c'est le conteste qui fait tout ^^)
- Miss Bennet a écrit:
- Je suis totalement comblée par le contenu de ces échanges. Merci à Fée Clochette, miss Trotwood, Derinoe et les autres. Moi je ne remontrai à la surface que lorsque j'aurais lu le livre, histoire d'être pertinente.
Oui, ce serait mieux chère Miss, tu pourrais t'appuyer sur du concret ! Clinchamps, tu as raison: elle n'est pas là pour le tourmenter et réagit elle aussi, plutôt brutalement. |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26781 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 11:31 | |
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| | | Selenh Méchante Femme Savante
Nombre de messages : 7065 Age : 65 Localisation : Aquitaine. Date d'inscription : 24/02/2010
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 11:49 | |
| Lisant dans la foulée de vos échanges les premières pages de Les Bas-Fonds de Londres, Crime et prostitution sous le règne de Victoria de Kellow Chesnay, je suis vivement frappée par cette mise en perspective involontaire. - Tout ce qui m'a amené à ma «révélation» et qui risque de dissuader la plupart des lecteurs, vu sa longueur, si je ne le masque pas:
Concernant le problème religieux qui se pose à M. Hale, pas plus clair pour nous dans l'adaptation que dans le livre, (parce que pour l'adaptation ce serait oiseux et pour Gaskell c'est trop évident pour qu'elle explique à ses lecteurs du temps) Kellow Chesnay m'a dévoilé la véritable révolution morale qui a eu lieu entre la période géorgienne et la victorienne, avec l'apparition de cette nouvelle position évangélique.
Bien sûr c'est plus crucial quand il s'agit des adaptations de P&P, que suite à l'écart entre sa date d'écriture et celle de publication on a vite fait de trop décaler de son berceau moral, «la position historique de courtoisie et de scepticisme du XVIIIe siècle». Mais cela compte aussi pour l'adaptation de N&S, d'une autre façon, intéressante cependant pour la perspective dans laquelle se noue votre débat.
En effet il s'agit, comme pour ceux d'Austen d'adapter un roman contemporain pour son époque en une fiction historique. Or la vraie fiction historique est impossible, je m'en suis convaincue jeune quand j'ai voulu écrire du roman historique: l'idée de commettre une erreur historique me bloquait, je ne suis pas Dumas. Ma fréquentation de ce forum m'en a convaincue encore davantage, et concernant l'adaptation de N&S j'étais mûre pour jeter cette exigence de vraisemblance historique par dessus les moulins tellement elle est finalement dérisoire vu l'ampleur du problème. J'ai aussi compris l'obligation de se désolidariser, sauf parfois pour la critique des choix esthétiques ou efficaces des réalisateurs, de l'œuvre écrite d'origine.
À partir de là j'ai considéré que, N&S, comme les autres adaptations, est un monde en soi. Comme je l'ai appris au cours de mes études littéraires il existe un pacte de «lecture» que l'on doit signer avec l'auteur si l'on veut vraiment jouir de sa fiction, ce qui est mon but ultime. Je suis donc parvenue, pour «jouir» de l'adaptation de N&S à rejeter les exigences de fidélité à l'œuvre, facile finalement. Mais aussi de fidélité historique, et ça a été particulièrement dur en ce qui concerne les scènes finales qui me font pourtant fondre. Là il m'a vraiment fallu admettre de me situer dans un monde parallèle à l'ère victorienne, aussi fantaisiste par exemple que celui du Protectorat de l'ombrelle). Même si ce choix esthétique ne peut jamais être «pur», (on est des êtres humains!) il reste à apprécier, pour jouir, toujours, la cohérence interne de ce «monde en soi».
C'est ici que j'en arrive à mon objectif, qui était de «partager» la révélation que j'ai eue en confrontant mon génial-bouquin (enfin, aux moins les premières pages, mais je sens que c'est bien parti) et vos derniers échanges. Dérinoé, qui rappelle fort utilement que l'on parle de psychologie de personnages et non de personnes, ne trouve pas crédible la construction du personnage de Margaret dans l'adaptation. Fée-Clochette, Valmont et d'autres, si... Et moi, eh bien... les deux mon général. Je trouve les deux positions parfaitement justes et justifiées. Non, pas seulement parce que je suis une éponge couarde et fuyant le conflit, au moins sur ce forum, mais chacune de ces positions, selon sa perspective, est logique. J'étais déjà lambtonnisée quand j'ai vu l'adaptation. Donc j'ai construit la psychologie de Margaret telle que je pouvais la comprendre en voyant agir Margaret: comme si c'était une personne réelle que j'aurais observée. Et de même qu'en observant les personnes réelles je n'ai pas toujours bien compris pourquoi elle agissait ainsi, mais j'ai été bien obligée de l'intégrer dans ma compréhension du personnage-soit la prendre comme elle est (au lieu d'en faire un argument critique). Ça marche pour accepter telle qu'elle «est» la Margaret de l'adaptation... (Ou pas! Forcément!) C'est la position «fan intégral», majoritaire à Lambton. Pour moi je la renforce en m'appuyant sur ma souvent revendiquée «âme de midinette» et la musique de Martin Phipps, puissant anesthésique de toute velléité d'esprit critique. Si grâce à mes super-pouvoirs de névrosée psychanalysée et/ou d'étudiante de Lettres et Psychologie j'échappe à ces deux influences magistrales... ben pour la faire courte je me retrouve sur la même longueur d'onde que Dérinoé et en gros (mais pas sur quelques détails) d'accord avec son opinion; et même, de plus loin souvent d'accord avec Miss Bennet. En conclusion, je trouve ce qu'elles disent assez juste mais je n'en adore pas moins l'adaptation: le beurre et l'argent du beurre, quoi. Ouais, je sais (presque tout) ce que vous allez dire les unes ou les autres, mais pendant que j'écrivais ma tartine, au moins, je ne pensais plus à ce qui se passe en Irak . |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26781 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 12:59 | |
| - Selenh a écrit:
- pour Gaskell c'est trop évident pour qu'elle explique à ses lecteurs du temps
et pour les lecteurs Anglais d'aujourd'hui c'est aussi évident... Jane Austen, dans ses livres fait de même en parlant légèrement de la milice qui débarque à Meryton, des militaires (colonel Fitzwilliam en permission). Elle ne s'étend pas outre mesure sur un sujet que tout le monde connait. La guerre, est loin mais Bonaparte est haï. les milices gardent les villes et les campagnes de toutes intrusions militaires, ne reste pour alimenter son roman que la dépravation d'un des miliciens et les bals organisés où les militaires muguettent avec des jeunes filles en fleurs, sous l'oeil vigilant des parents... tout comme Elizabeth Gaskell, elle se sert d'un contexte pour la toile de fond de son roman... L'une esquisse l'idée qu'il existe la guerre quelque part et les actions plus urgentes sont le flirt, le piano et la capture d'un riche célibataire. L'autre fait de la rebellion du pasteur le moteur de départ pour une vie nouvelle qui va nous plonger dans le monde du comté du Darkshire, ou dialogue social et lutte de classe vont de pair, après nous avoir ravi avec la vie campagnarde somnolente et fleurie de Margaret et sa famille. Toutes les adaptations ont des défauts, et les défauts de Nord et Sud sont totalement ahurissant parfois... l'histoire du train et l'apparition de John Tornton est bien mentionnée dans le livre, mais dans l'adaptation, c'est trop sauf que si la fin avait été celle du livre, les images auraient été moins "glamour" et l'histoire moins séduisante, il est évident que les jeunes filles d'aujourd'hui préfèrent la fin de l'adaptation, au moins, il y a des baisers même si à l'époque c'était totalement impossible. Les adaptations arrangent au goût moderne, sinon ça ne passe pas (joe wright a repensé totalement moderne en choisissant ses acteurs pour PP 05 et les jeunes ont été séduits. mais il est vrai que les filles Bennet de PP95 sont plus réelles par rapport aux canons de beauté de l'époque, tout comme le choix de Daniela D/Margaret est parfait). Donc, reste à choisir pourquoi l'on regarde : D'abord pour la beauté des images, pour la musique magnifique , et pour comparer l'histoire avec le livre. L'erreur évidemment c'est de regarder l'adaptation avant le livre, cela peut fausser la compréhension dès le départ. |
| | | Bonnie Wavering Wanderer
Nombre de messages : 4785 Age : 42 Localisation : Région parisienne Date d'inscription : 03/04/2006
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 13:24 | |
| Je suis ravie de voir s'animer à nouveau ce topic ... mais je crois que je vais être "obligée" de revoir l'adaptation pour participer vraiment, ma mémoire ayant quelques failles Je me souviens très bien par contre avoir un peu peiné sur le roman (lu laborieusement en anglais à l'époque, ceci expliquant cela) et l'avoir lu sans m'attacher vraiment à John Thornton ... alors qu'en voyant l'adaptation j'ai succombé à son charme (l'effet Richard Armitage). Par contre la mère de Margaret m'a un peu agacée - je ne me souviens pas si c'était le cas dans le roman. Dans les deux cas effectivement le cas de conscience religieux du père de Margaret est assez nébuleux pour moi ^^. |
| | | marie21 Lost in RA Sunbae
Nombre de messages : 19045 Age : 45 Localisation : In a forest, halfway from the Peak District to Seoul with a stopover in Istanbul Date d'inscription : 25/09/2006
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 19:08 | |
| - Dérinoé a écrit:
- @ Fée Clochette:
- Citation :
- Dérinoé, là tu te laisses emporter par ton éloquence
Du tout. Je tente de développer mon point de vue en exposant de manière aussi clair que possible les raisons qui le motivent. C'est, je crois, précisément le sens assigné à ce topic par son auteur et, d'une manière générale, la raison d'être de ce forum. Non?
Avant que d'entrer dans le détail de la discussion, il me faut clarifier un point sur lequel nous ne nous comprenons vraisemblablement pas et qui semble perturber l'ensemble de notre échange. Je ne critique absolument pas le comportement de Margaret Hale, laquelle n'existe pas par elle-même et ne parle ou ne pense que sous la houlette de celles qui lui ont donné vie: Elizabeth Gaskell d'une part - dont j'ai dit plus haut qu'elle n'était pas en cause dans la présente discussion puisque, pour ma part, je me concentre ici uniquement sur la version télévisée - et Sandy Welch d'autre part qui, d'après ce que j'ai compris, est l'auteur qui a adapté le livre pour le petit écran. Ce que vise ma critique, ce n'est pas la personnalité d'un être qui, précisément, ne possède aucune existence indépendante, mais la manière dont certains dialogues - telle que cette fameuse scène de la déclaration - ont été à mon sens rincés de leur véracité psychologique par un scénario mal ficelé. C'est le scripte que je trouve ici peu convaincant. Ni Margaret Hale, ni même Elizabeth Gaskell ne sont ici objets de mon commentaire.
- Citation :
- j'ai l'impression que tu parles d'une fiéffée calculatrice qui joue avec un art consommé à humilier un homme qui ldéclare l'aimer scratch ce n'est pas ça du tout.
Non, pas du tout. Je trouve simplement que le scripte ficelé par Sandy Welch tombe dans un cliché de répliques malheureuses - de celles qui ne correspondent à aucune vérité psychologique mais empruntent à la pose surjouée que toute héroïne doit adopter pour la postérité.
Ben justement, moi, je ressors de cet échange houleux entre les deux beaucoup de vérité psychologique sur eux! comme dans un livre, il faut savoir aussi lire entre les lignes et je trouve ces dialogues prenants car j'en apprend beaucoup su les personnages! Déjà, c'était très mal parti entre les deux, comme le souligne Fee Clochette, Margaret préférerais oublier ce qu'il s'est passé lors de l'émeute et puis a bien d'autres soucis en tête, il y a son amie Bessie Higgins qui est en train de mourir et puis sa mère est très malade aussi!!! Franchement, on a envie de dire à ce pauvre Thornton "mon gars, tu tombes au plus mauvais moment", surtout quand on sait pourquoi il est là!!! mais en plus, il est très maladroit, il n'arrête pas de lui couper la parole mais en plus, il se moque d'elle quand il lui dit "I forgot.... You imagine them to be your friends. " (et non, mon gars, elle ne fait pas que de se l'imaginer, elle ressent bien des choses pour eux!!! ) et il continue encore après en disant "they will get what they deserve" Je trouve que tout comme Darcy, il s'y prend vraiment mal et puis contrairement à Darcy dans l'adaptation de 95 puisque vous ne parlez que de celle-là, il s'emporte au quart de tour! il se montre tour à tour surpris, vexé, furieux, intraitable envers les ouvriers et les grévistes! elle, elle a encore à l'esprit l'image d'un homme qui se montre violent envers ses ouvriers et son attitude au début de cette scène ne peut que le lui rappeler! il lui apparaît donc encore comme un homme dur et brutal; Malgré elle, et elle n'en a pas conscience, elle est attirée par lui... Alors quand il lui sort " Miss Hale, my feelings for you are very strong" ouh là, c'est l'effet d'une bombe sur Margaret! Pourquoi suis-je la seule à être aussi sensible au pouvoir de ces mots? il utilise des mots très forts, que je trouve, moi, à forte connotation sexuelle, et d'entendre un homme aussi imposant que Thornton lui dire ces mots-là, ça a de quoi l'effrayer! J'imagine que dans son esprit à elle, il y a l'idée de la "possession" qu'elle attribue à ces mots "strong feelings", elle utilise le mot juste après, donc ça montre bien que ce que Thornton dit ressentir à son égard et l'idée d'être "possédée" par lui , lui fichent une trouille terrible! Dans l'adaptation, on nous montre bien un Thornton très charismatique, RA a un regard bien perçant et ce nez ^^, il me fait beaucoup penser à un aigle qui fonderait sur sa proie...je le trouve physiquement imposant dans cette scène! et il fait un peu peur!!! C'est parce qu'elle a peur de lui (quelque part physiquement - l'attirance physique ne peut être ignorée dans l'adaptation^^) qu'elle lui répond vertement que sa demande est peu digne d'un gentleman, encore une fois, parce que pour elle, ces mots et l'attitude/ le charisme de Thornton véhiculent une idée de possession...c'est comme ça que j'interprète l'implicite du script! Elle ne sait pas quoi lui répondre, comment réagir quand un homme comme lui, lui dit toutes ces choses!!! elle tente d'ailleurs de s'en expliquer à la fin! et Daniela est merveilleuse de vulnérabilité et d'innocence! C'est sûr que si vous prenez le script en dehors du contexte et de toute substance visuelle, ça ne donne peut-être pas envie, mais c'est aussi aux acteurs et réalisateurs d'arriver à faire parler un texte dans un script, il y a aussi beaucoup de non dits, le ton, les pauses, l'inflexion de la voix des acteurs permettent de rendre compte de la profondeur d'une scène à l'écran! RA et DDA "habitent" tellement bien leurs personnages dans cette scène que cette scène est devenue un moment d'anthologie pour moi! Les Inconnus me font rire (j'avais oublié ces sketches sur les films ch*** français!! ) mais RA et DDA me font vibrer! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72656 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 14 Aoû 2014 - 19:22 | |
| - \"marie21 a écrit:
Déjà, c'était très mal parti entre les deux, comme le souligne Fee Clochette, Margaret préférerais oublier ce qu'il s'est passé lors de l'émeute et puis a bien d'autres soucis en tête, il y a son amie Bessie Higgins qui est en train de mourir et puis sa mère est très malade aussi!!! Franchement, on a envie de dire à ce pauvre Thornton "mon gars, tu tombes au plus mauvais moment", surtout quand on sait pourquoi il est là!!! Ah bien c'est exactement ce que j'ai dit plus haut : elle n'a pas envie de savoir, elle veut faire comme si rien n'avait eu lieu, mais il insiste...lourdement, c'est vrai. Je me demande quand même pourquoi elle parle tout de suite de "possession"... Dans son idée, il obéit à un devoir en la demandant en mariage, puis il lui assène son amour, alors elle réalise à quel point elle l'a blessé, elle essaie de rattraper ses paroles mais trop tard... Tout va vite, et je ne trouve pas du tout que ce soit "la pose héroïque que toute héroïne adopte pour la postérité", c'est un moment de grand trouble, de gêne et de honte, de douleur et de regrets, le tout réparti entre les deux protagonistes, mais il n'y a rien là, à mes yeux, d'un stéréotype dramatique (et là, croyez-moi, je suis imbattable !! question stéréotypes et clichés...) |
| | | Miss Bennet Héritier de Hamley Hall
Nombre de messages : 471 Age : 66 Localisation : Dans la lande.... Date d'inscription : 29/11/2012
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 0:50 | |
| Je remonte à la surface comme promis après avoir bouclé la lecture du roman en trois jours ! C'est très enrichissant de comparer les deux. Les scénaristes semblent avoir tour fait pour gommer ce qui est trop du registre de la psychologie des personnages pour transformer ce roman (sur lequel y aurait beaucoup à dire par ailleurs) en une bluette sentimentale, dont la BBC a bien compris, depuis P and P ce que cela pouvait lui rapporter. Ont ainsi été gommés les rapports pas si bons entre Margaret et sa mère ou entre Margaret et Dixon au début du roman et qui, pourtant sont importants pour comprendre l'état d'esprit de l’héroïne (décrite comme une véritable enfant gâtée) et son évolution. A été rajoutée la scène du passage à tabac de Boucher par Thornton au début du film, scène plutôt inutile et pas crédible du tout (j'imagine que c'était plutôt les contremaîtres qui se chargeaient de ce type de sale besogne). Higgins est devenu dans le film une espère "d'intello de gauche", presque l'égal sur le plan intellectuel de Thornton, alors que dans le roman c'est un pauvre bougre, pas bête du tout mais très éloigné du personnage du film. La fameuse scène de la déclaration m'a posé des problèmes. Dans le film, Margaret reproche à Thornton de profiter de la situation parce que elle et sa famille sont dans une position d'infériorité financière. Cela n'apparaît pas du tout dans le roman où, pour dire vrai, Margaret ne fournit aucun motif à son refus. Tout au plus la sent-on très indignée par cette demande. Je me suis dit que pour le coup l'adaptation avait le mérite d'apporter de la clareté en explicitant les motifs du refus de Margaret. Mais dans la suite du roman on comprend mieux cette absence complète de raison de la part de Gaskell: en réalité Margaret ne déteste pas Thronton parce qu'il traite mal ses ouvriers ou autre chose, mais elle le méprise parce qu'il lui est (croit elle) très inférieur sur le plan social. Comme peut elle être séduite par un simple boutiquier? Tout bascule quand il prend l’ascendant en la sauvant des poursuites du policier. En fait E. Gaskell décrit un processus de séduction très usité à cette époque dans nombre de romans sur fonds de révolution industrielle. Je pense par exemple aux romans de Gorges Ohnet, un peu près contemporains comme le maître de Forges ou la grande marnière, pour ceux qui connaissent. En fait Margeret n'est qu'une horrible snob ! En tout cas elle aura eu le mérite de m'occuper pendant cet été pluvieux. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72656 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 1:00 | |
| Miss Benett, je suis heureuse de ne pas être la seule à avoir pensé au " Maître de Forges" en lisant ce livre !! Et je suis d'accord avec le fait que les sentiments de Margaret basculent après l'histoire du policier, ainsi que sur la différence des deux Higgins (celui du livre et celui du roman) Je crois cependant que le snobisme de Margaret, réel,disparaît peu à peu au cours du livre, mais là nous parlons e l'adaptation, et il est moins évident dans la mini-série. |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 9:37 | |
| J'aime ton commentaire Miss Bennet. Il a le mérite de comparer en montrant la facilité avec laquelle les adaptations se débarrassent des moeurs et des comportements societales de l'époque. |
| | | Miss Trotwood Extensive reading
Nombre de messages : 223 Age : 55 Localisation : Ile de France Date d'inscription : 03/08/2013
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 10:25 | |
| Merci Miss Bennet pour ce commentaire très intéressant - Miss Bennet a écrit:
- La fameuse scène de la déclaration m'a posé des problèmes. (...) Cela n'apparaît pas du tout dans le roman où, pour dire vrai, Margaret ne fournit aucun motif à son refus.
Elizabeth Gaskell, dans le chapitre précédant celui de la déclaration, nous montre quand même Margaret en proie à la honte de s'être jetée au cou de Thornton et d'avoir montré publiquement ses émotions. J'ai l'impression que Margaret éprouve une forte attirance pour Thornton, mais qu'elle refuse de le reconnaître. Elle se ment à elle-même, et par conséquent, ment aussi à Thornton quand elle répond à sa déclaration (je parle de la scène du roman). Ce qui explique son attitude pendant ce dialogue : vive émotion, propos incohérents (elle l'accuse de blasphème), puis reproches totalement injustifiés et mots blessants. C'est une réaction de défense de sa part, défense contre son propre désir aussi bien que contre celui de Thornton. Elle n'est pas sincère pendant cette scène, et ne lui donne pas les vrais motifs de son refus, qui me semblent plutôt clairs dans le chapitre précédent. Margaret (je parle toujours de celle du roman) est vraiment quelqu'un de froid, qui refoule constamment ses émotions, et que je ne trouve pas très attachante. |
| | | Miss Bennet Héritier de Hamley Hall
Nombre de messages : 471 Age : 66 Localisation : Dans la lande.... Date d'inscription : 29/11/2012
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 19:55 | |
| - clinchamps a écrit:
- Miss Benett, je suis heureuse de ne pas être la seule à avoir pensé au "Maître de Forges" en lisant ce livre !! Et je suis d'accord avec le fait que les sentiments de Margaret basculent après l'histoire du policier, ainsi que sur la différence des deux Higgins (celui du livre et celui du roman)
Je crois cependant que le snobisme de Margaret, réel,disparaît peu à peu au cours du livre, mais là nous parlons e l'adaptation, et il est moins évident dans la mini-série. Oui Clinchamps les similitudes entre les deux romans m'on sauté aux yeux tout de suite, d'autant que le maître de Forges est un roman que j'affectionne particulièrement. On peut imaginer qu'Ohnet se soit inspiré d'E.Gaskell.... - Darcy a écrit:
- J'aime ton commentaire Miss Bennet. Il a le mérite de comparer en montrant la facilité avec laquelle les adaptations se débarrassent des moeurs et des comportements societales de l'époque.
En effet l'adapatation est un tour un art. Cela me rappelle une interview d'Emma Tompson qui a réalisé l'extraordinaire adaptation de raison et sentiments et qui expliquaient les difficultés des choix à opérer, le choses à mettre en relief, la fidélité ou non au texte de l'auteur etc.. L'adaptation doit vraiment être un exercice passionnant ! J'aurais adoré faire cela, peut-être plus encore qu'écrire le texe d'origine. - Miss Trotwood a écrit:
-
Elizabeth Gaskell, dans le chapitre précédant celui de la déclaration, nous montre quand même Margaret en proie à la honte de s'être jetée au cou de Thornton et d'avoir montré publiquement ses émotions. J'ai l'impression que Margaret éprouve une forte attirance pour Thornton, mais qu'elle refuse de le reconnaître. Elle se ment à elle-même, et par conséquent, ment aussi à Thornton quand elle répond à sa déclaration (je parle de la scène du roman). Ce qui explique son attitude pendant ce dialogue : vive émotion, propos incohérents (elle l'accuse de blasphème), puis reproches totalement injustifiés et mots blessants. C'est une réaction de défense de sa part, défense contre son propre désir aussi bien que contre celui de Thornton. Elle n'est pas sincère pendant cette scène, et ne lui donne pas les vrais motifs de son refus, qui me semblent plutôt clairs dans le chapitre précédent.
Margaret (je parle toujours de celle du roman) est vraiment quelqu'un de froid, qui refoule constamment ses émotions, et que je ne trouve pas très attachante. Je suis complètement d'accord avec toi, Miss T. Le chapitre d'avant est éclairant. Merci. Tout est là : une attirance que l'on combat au nom de préjugés...Non seulement elle n'est pas attachante mais je la trouve complètement agaçante ! Rien à voir avec par exemple E.Bennet qui s'oppose à Darcy avec de bonnes raisons " je la trouve juste passable " ....!!!!! et non cet insupportable mépris de classe ... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72656 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | ekaterin64 Queen of Nanars
Nombre de messages : 17814 Age : 51 Localisation : Glancing through the Skies of Pern Date d'inscription : 16/10/2006
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Dim 17 Aoû 2014 - 21:29 | |
| Je viens d'ailleurs d'éditer les trois messages _________________ Quand la tempête t'encercle, hisse la voile et suis les traces du Dieu Dragon. En avant, en avant ! Car qui hésite perd, plutôt être mort qu'esclave de la peur Lady companion of the Most Noble Order of the Lycans Devoted to Loulou "Obi Wan Sheen OBE I" In Life and Death |
| | | Miss Bennet Héritier de Hamley Hall
Nombre de messages : 471 Age : 66 Localisation : Dans la lande.... Date d'inscription : 29/11/2012
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Lun 18 Aoû 2014 - 10:55 | |
| |
| | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 21 Aoû 2014 - 21:26 | |
| @ Selenh:
- Citation :
- Lisant dans la foulée de vos échanges les premières pages de Les Bas-Fonds de Londres, Crime et prostitution sous le règne de Victoria de Kellow Chesnay, je suis vivement frappée par cette mise en perspective involontaire.
Je ne connais ni le livre, ni l'auteur dont tu parles mais je te remercie de les avoir mentionnés: j'y jetterai un coup d'oeil dès que j'en aurai l'occasion. A mon corps défendant, le crime est un sujet qui ne cesse de me passionner.
- Citation :
- Concernant le problème religieux qui se pose à M. Hale, pas plus clair pour nous dans l'adaptation que dans le livre, (parce que pour l'adaptation ce serait oiseux et pour Gaskell c'est trop évident pour qu'elle explique à ses lecteurs du temps) Kellow Chesnay m'a dévoilé la véritable révolution morale qui a eu lieu entre la période géorgienne et la victorienne, avec l'apparition de cette nouvelle position évangélique.
Je dois dire que cette dimension du livre m'a été révélée par plusieurs intervenants du forum dont j'ai lu de passionnants messages sur l'obédience religieuse d'Elizabeth Gaskell et de sa famille. Il est vrai qu'à la lecture du roman, l'aspect révolutionnaire de ce courant évangélique m'avait complètement échappé.
- Citation :
- En effet il s'agit, comme pour ceux d'Austen d'adapter un roman contemporain pour son époque en une fiction historique. Or la vraie fiction historique est impossible, je m'en suis convaincue jeune quand j'ai voulu écrire du roman historique: l'idée de commettre une erreur historique me bloquait, je ne suis pas Dumas.
Si ce n'est pas indiscret, quel était alors la période que tu avais choisie pour ton roman?
- Citation :
- Ma fréquentation de ce forum m'en a convaincue encore davantage, et concernant l'adaptation de N&S j'étais mûre pour jeter cette exigence de vraisemblance historique par dessus les moulins tellement elle est finalement dérisoire vu l'ampleur du problème. J'ai aussi compris l'obligation de se désolidariser, sauf parfois pour la critique des choix esthétiques ou efficaces des réalisateurs, de l'œuvre écrite d'origine.
Je comprends parfaitement ton point de vue et le partage largement. Je suis, pour ma part, beaucoup plus attachée à la présence d'une crédibilité psychologique qu'à la nécessité d'une fidélité historique absolue. Ou, pour le dire, autrement, je suis prête à voir la lettre jeter par dessus les moulins tant que l'esprit coule encore sur le grain: les plus grandes trahisons - que ce soit dans les livres ou dans les films - ne sont pas à mes yeux de celles qui déforment les personnages ou les faits originaux pour satisfaire aux exigences d'une adaptation mais relèvent au contraire de clichés psychologiques rabâchés ad nauseam par l'esthétique de l'époque.
- Citation :
- À partir de là j'ai considéré que, N&S, comme les autres adaptations, est un monde en soi. Comme je l'ai appris au cours de mes études littéraires il existe un pacte de «lecture» que l'on doit signer avec l'auteur si l'on veut vraiment jouir de sa fiction, ce qui est mon but ultime.
Je suis d'accord avec toi. D'ailleurs, j'aime presque autant l'adaptation de 2005 d'Orgueil et Préjugés que celle, tant prisée par les puristes, de 1995.
J'accepte ainsi volontiers que la vision d'un réalisateur déroge partiellement et à la vérité historique et à la vérité romanesque, pour autant qu'un certain esprit - dont j'admets qu'il est chose bien subjective - soit respecté. Et pour moi, il l'est dans les deux cas.
- Citation :
- Même si ce choix esthétique ne peut jamais être «pur», (on est des êtres humains!) il reste à apprécier, pour jouir, toujours, la cohérence interne de ce «monde en soi».
Tout à fait d'accord avec toi sur ce point.
- Citation :
- Dérinoé, qui rappelle fort utilement que l'on parle de psychologie de personnages et non de personnes, ne trouve pas crédible la construction du personnage de Margaret dans l'adaptation. Fée-Clochette, Valmont et d'autres, si...
C'est en effet, je crois, le point nodal de notre discussion, oui.
- Citation :
- J'étais déjà lambtonnisée quand j'ai vu l'adaptation. Donc j'ai construit la psychologie de Margaret telle que je pouvais la comprendre en voyant agir Margaret: comme si c'était une personne réelle que j'aurais observée. Et de même qu'en observant les personnes réelles je n'ai pas toujours bien compris pourquoi elle agissait ainsi, mais j'ai été bien obligée de l'intégrer dans ma compréhension du personnage-soit la prendre comme elle est (au lieu d'en faire un argument critique). Ça marche pour accepter telle qu'elle «est» la Margaret de l'adaptation... (Ou pas! Forcément!)
C'est une très juste remarque que tu fais là. D'une certaine manière, je pourrais, moi aussi, partir du principe que Margaret est une personne à part entière - telle par exemple une collègue, une amie ou un membre de ma famille - et que, par conséquent, le fait que je ne saisisse pas la nature de ses motivations profondes n'induise ni absence de crédibilité, ni absence de réalisme mais relève tout simplement de mon incompréhension. Et cependant, je ne parviens pas à adopter ce préjugé bienveillant.
Dans certaines scènes, l'impression de décalage - entre la construction totalement artificielle de certains dialogues et la manière dont se comportent les humains que je côtoie - me ramène constamment à l'impression d'une création incohérente reposant sur des clichés psychologiques pêchés dans les bassins hollywoodiens de la plus mauvaise eau.
- Citation :
- C'est la position «fan intégral», majoritaire à Lambton. Pour moi je la renforce en m'appuyant sur ma souvent revendiquée «âme de midinette» et la musique de Martin Phipps, puissant anesthésique de toute velléité d'esprit critique.
Moi aussi, j'ai beaucoup aimé la bande-son de la série. Je l'écoute par ailleurs souvent en travaillant.
- Citation :
- Si grâce à mes super-pouvoirs de névrosée psychanalysée et/ou d'étudiante de Lettres et Psychologie j'échappe à ces deux influences magistrales... ben pour la faire courte je me retrouve sur la même longueur d'onde que Dérinoé et en gros (mais pas sur quelques détails) d'accord avec son opinion; et même, de plus loin souvent d'accord avec Miss Bennet.
Quels sont ces détails que tu évoques? Et, surtout, quels sont les éléments qui t'amènent à remettre en cause la psychologie de Margaret, telle qu'elle est figurée dans cette adaptation?
- Citation :
- En conclusion, je trouve ce qu'elles disent assez juste mais je n'en adore pas moins l'adaptation: le beurre et l'argent du beurre, quoi.
Et c'est là sans doute la position la plus équilibrée qui soit.
@ Miss Trottwood:
- Citation :
- Elizabeth Gaskell, dans le chapitre précédant celui de la déclaration, nous montre quand même Margaret en proie à la honte de s'être jetée au cou de Thornton et d'avoir montré publiquement ses émotions. J'ai l'impression que Margaret éprouve une forte attirance pour Thornton, mais qu'elle refuse de le reconnaître. Elle se ment à elle-même, et par conséquent, ment aussi à Thornton quand elle répond à sa déclaration (je parle de la scène du roman). Ce qui explique son attitude pendant ce dialogue : vive émotion, propos incohérents (elle l'accuse de blasphème), puis reproches totalement injustifiés et mots blessants. C'est une réaction de défense de sa part, défense contre son propre désir aussi bien que contre celui de Thornton. Elle n'est pas sincère pendant cette scène, et ne lui donne pas les vrais motifs de son refus, qui me semblent plutôt clairs dans le chapitre précédent.
Margaret (je parle toujours de celle du roman) est vraiment quelqu'un de froid, qui refoule constamment ses émotions, et que je ne trouve pas très attachante.
Merci beaucoup pour ce rappel! J'ai perçu cette scène de la même manière que toi à la lecture du roman, notamment quant à la mauvaise foi de Margaret vis-à-vis de de ses propres sentiments. C'est bien du reste cette sorte d'opacité intérieure qui lui donne une épaisseur littéraire intéressante.
@ Darcy et @ Clinchamps:
Je trouve votre discussion fort intéressante et il me semble que les hypothèses ou faits que vous mentionnez à l'appui de vos interprétations respectives sont toutes très convaincantes. Je regrette qu'ils n'aient que peu transparu dans l'adaptation dont nous parlons ici. C'est, pour moi, le côté arbitraire des réactions de Margaret durant la scène de la déclaration qui me rend le moment si pénible, dans l'adaptation télévisée.
Vos interprétations, elles, substituent le sens à l'arbitraire.
@ Marie21:
- Citation :
- Alors quand il lui sort "Miss Hale, my feelings for you are very strong" ouh là, c'est l'effet d'une bombe sur Margaret! Shocked Pourquoi suis-je la seule à être aussi sensible au pouvoir de ces mots? scratch il utilise des mots très forts, que je trouve, moi, à forte connotation sexuelle, et d'entendre un homme aussi imposant que Thornton lui dire ces mots-là, ça a de quoi l'effrayer!
Même si je n'ai pas éprouvé la scène de la même façon, j'ai moi aussi trouvé les deux acteurs principaux très bons - en plus que d'être très beaux.
- Citation :
- Shocked et il fait un peu peur!!! pale Razz tongue C'est parce qu'elle a peur de lui (quelque part physiquement - l'attirance physique ne peut être ignorée dans l'adaptation^^) qu'elle lui répond vertement que sa demande est peu digne d'un gentleman, encore une fois, parce que pour elle, ces mots et l'attitude/ le charisme de Thornton véhiculent une idée de possession...c'est comme ça que j'interprète l'implicite du script! Embarassed Embarassed
En effet, oui. Mais pour moi, toute déclaration d'amour véhicule en elle-même une volonté de possession, les deux dispositions intérieures étant intimement liées. Je crois que personne ne s'ouvre jamais de ses sentiments pour le seul plaisir d'informer, incitant par là-même l'objet de son désir à trouver partenaire où bon lui semble. Aimer et dire aimer, c'est toujours vouloir être aimé en retour. (Ce soir, c'est du Francis Lalanne brandi en torche.) Je ne vois donc rien de particulièrement effrayant dans l'attitude John Thornton telle qu'elle est présentée dans cette scène.
- Citation :
- Les Inconnus me font rire (j'avais oublié ces sketches sur les films ch*** français!! ) mais RA et DDA me font vibrer!
- Spoiler:
"Un début de carrière difficile, un milieu de carrière difficile mais personne ne vous a oublié, Pierre, euh, Georges Rieux."
Dernière édition par Dérinoé le Ven 22 Aoû 2014 - 11:24, édité 1 fois |
| | | Darcy Romancière anglaise
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| | | | Dérinoé Ready for a strike!
Nombre de messages : 1084 Date d'inscription : 15/10/2011
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 21 Aoû 2014 - 22:54 | |
| @ Darcy:
- Citation :
- Je vais passer pour une truffe mais que veux-tu dire par là Question
Non, du tout. C'est moi, la truffe! Je sentais bien, en écrivant, que je commençais à dangereusement pencher du côté de Francis Lalanne.
Ce que je voulais dire, c'est que les différentes interprétations que toi, Clinchamps et d'autres intervenants avez proposées pour expliquer la réaction de Margaret octroient du sens là où, selon moi toujours, les dialogues de l'adaptation ne rendent pas compte de toute cette finesse psychologique. En vous lisant, j'observe la scène en question d'un oeil tout différent puisque les explications que vous avancez jettent sur l'attitude de l'héroïne une lumière nouvelle, faisant sens de ce qui, jusque là, m'apparaissait comme arbitraire au sein du scénario.
Pour le dire autrement, vos interprétations permettent de faire sens de cette scène quand, livrée aux seuls dialogues de la série, elle me paraît beaucoup moins compréhensible.
Je ne sais pas si je suis très claire? |
| | | Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 Jeu 21 Aoû 2014 - 23:15 | |
| Oui . C'est surtout une question d'interprétation des émotions qui passent à l'écran. C'est que sans aucun doute il y a intention de provoquer l'empathie chez le spectateur. |
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| Sujet: Re: North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 | |
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| | | | North and South (Nord et Sud) : adaptation BBC 2004 | |
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