Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth | |
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+6imonjo Jane C de Villemer MissAcacia Fée clochette clinchamps 10 participants | |
Auteur | Message |
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clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mar 2 Déc 2008 - 13:29 | |
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mar 2 Déc 2008 - 13:31 | |
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mar 2 Déc 2008 - 18:36 | |
| Imonjo, je vais adopter Agnès pour Mrs Edward Wentworth, de plus c'est le prénom de ma troisème fille !! Merci ! Un peu de calme au coin du feu avant la visite du tumulus ! Je reviens tout de suite !! - Citation :
- Lorsque Frédérick arriva en vue du presbytère, il vit une voiture arrêtée devant la porte. Son premier mouvement fut de passer par l’entrée de service afin d’éviter toute rencontre qui, le contraignant aux raffinements de la politesse, lui ferait perdre le bénéfice que ses heures de marches dans la lande lui avaient apporté. Il s’était senti là-bas libre, comme sur son navire, encore plus même, car sans l’entrave de la discipline et des responsabilités du commandement, mais avec tout l’espace et tout le vent que l’océan aurait pu lui offrir. Cependant, il repensa à Agnès, l’épouse d’Edward, qui aurait été déçue qu’il se comportât comme un sauvage, alors qu’elle n’avait à son égard que de bonnes intentions. Il se dirigea donc vers le salon, et découvrit avec assez de plaisir que les personnes en question étaient Mrs et Mr Summers ainsi que miss Agatha Summers,(désolée, je n’ai aucune imagination pour les noms !!) qu’il avait déjà rencontrés le dimanche précédent. Il en avait un très bon souvenir, c’étaient des personnes aimables, simples et chaleureuses, qui n’avaient pas jugé nécessaire de le clouer au pilori de leur curiosité. Miss Agatha avait très peu parlé, placé entre son père et sa mère, mais elle paraissait calme, et aimable.
Tout le monde était rassemblé autour de la table où le thé venait d’être servi. Frédérick se dirigea vers la maîtresse de maison et lui déclara : « - Veuillez me pardonner de me présenter ainsi, je reviens d’une longue promenade sur la lande, je n’ai pas voulu faire attendre le thé ! - Il n’importe, cher frédérick, nous sommes presque en famille, nous recevons nos chers amis Summers sans cérémonie. - Que pensez-vous de notre Shropshire, capitaine ? interrogea Mr Summers. - C’est magnifique, j’y retrouve l’epace et la libeerté ressentis sur l’océan. J’ai également fait la connaissance d’un sympathique pêcheur ... - Je suis sûre que c’est timoty ! s’écria son frère, c’est une de nos figures locales, il est très intéressant, drôle et plein de sagesse. - Oui, je m’en suis aperçu, répondit le capitaine, souriant intérieurement au souvenir de certains conseils de Timoty » À cet instant, il remarque que miss Agatha se trouvait isolée, les deux dames échangeant des comparaisons sur leur domesticité, Mr Summers, également homme d’église, ayant entrepris Edward sur le sujet de son dernier sermon. Frédérick, obéissant à la plus élémentaire politesse, et, aussi, avouons-le, à une pointe de curiosité, s’approcha, car il se demandait ce que cachaient ses yeux calmes et ce front serein ? Peut-être rien, après tout ! Mais peut-être était-ce la surface lisse d’un étang profond et mystérieux ! - Me permettez-vous de vous tenir compagnie, toutes ces sages personnes semblent avoir trouvé de quoi s’entretenir. - Je vous en prie, mais ne vous y croyez pas obligé, je sais me satisfaire de mes pensées, le plus souvent, n’ayant pas le bonheur, comme vous d’avoir frère ou sœur. La politesse incitait Frédérick à poursuivre en assurant qu’au contraire ce serait un plaisir de faire plus ample connaissance. - « Il est vrai que j’ai le bonheur d’avoir un frère et une sœur, et bien qu’éloignés par la distance nous sommes très proches par le cœur. De plus, je suis marin, et sur un navire, il y a entre les officiers des liens très étroits, car nous dépendons les uns des autres, un équipage forme une unité. - Combien ma vie est éloignée de la vôtre ! À part mon amie d’enfance mis Margaret Hopkins, mes chers livres et ma musique, il n’y a rien dans ma vie ! - Mais il me semble que cela représente quand même bien des richesses, répondit Frédérick, tout en ressentant de la compassion pour la jeune fille, car lui, il n’aurait pu se satisfaire de si peu d’activité. Les livres, oui, la musique, sans doute, mais tout cela, c’était comme les ornements de la vie, ce n’en n’était pas l’essence, du moins pas pour lui. La jeune fille reprit : - « vous disiez avoir aimé nos landes. Il m’arrive aussi assez souvent de m’y promener, surtout à la saison où les bruyères sont en fleurs. « Ils devisèrent ainsi un moment, et peu à peu ils sortirent des sentiers balisés de la conversation de convenance pour se trouver plus à l’aise l’un avec l’autre. Miss Agatha était franche et assez directe dans ses propos, avec assez d’humour pour laisser entendre à Frédérick que ses parents et son frère ne les avait pas réunis sans intention. - Vous comprenez bien qu’en ce lieu reculé, l’arrivée d’un jeune homme étranger suscite au moins la curiosité, et surtout l’intérêt ! Je pense que votre frère a organisé pour vous des visites et des réceptions. Je suppose qu’à moins d’en avoir le désir, vous devez vous sentir, comment dire, un peu encerclé ? - Votre franchise me surprend et me réjouis ! Dois-je en conclure que vous vous placez vous-même au delà de cette situation ? - Oui et non ! je n’ai rien contre un engagement fondé sur une affection réciproque, mais mon cœur n’a encore vibré pour personne, et, de plus, comme je vous l’ai dit déjà, mon goût me porte facilement vers la solitude, et je crois qu’en ceci, nous nous ressemblons. - Par moment, je me crois aussi destiné à une vie solitaire, et c’est même le plus souvent. Mais il y a quelque chose, en moi, un désir ancien, que je croyais oublié, qui par moment frémit encore. Miss Agatha jugea qu’ils n’étaient pas encore assez proches pour pousser la discussion au delà, mais elle se dit que ce jeune homme était très surprenant, qu’il allait la changer de ses héros de papier, et qu’il serait très intéressant d’en savoir un peu plus sur ce « désir ancien qui frémissait encore » ! « Je suis sûre « se dit-elle, « qu’une oreille amicale et féminine lui serait d’un grand secours, je crois qu’il ne sait pas trop démêler ce qui se passe en lui-même, il me plairait bien de l’y aider !! » Le thé était terminé, les visiteurs se retirèrent, chacun emportant une raison d’être satisfait : miss Agatha parce qu’elle avait trouvé un motif d’intérêt pour pimenter sa vie solitaire, Edward, Agnès, Mr et Mrs Summers parce qu’il croyaient leurs projets en bonne voie, et Frédérick soulagé que, pour cette fois, il pût encore échapper à ces mêmes projets.
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mer 3 Déc 2008 - 10:16 | |
| Ô Clinchamps, - Citation :
- Miss Agatha jugea qu’ils n’étaient pas encore assez proches pour pousser la discussion au delà, mais elle se dit que ce jeune homme était très surprenant, qu’il allait la changer de ses héros de papier, et qu’il serait très intéressant d’en savoir un peu plus sur ce « désir ancien qui frémissait encore » ! « Je suis sûre « se dit-elle, « qu’une oreille amicale et féminine lui serait d’un grand secours, je crois qu’il ne sait pas trop démêler ce qui se passe en lui-même, il me plairait bien de l’y aider !! »
une jeune Timoty en jupon Pendant ce temps....... - Citation :
A Lyme, Louise vivait dans un monde feutré, sans couleur, mousseux, opaque, lointain. Quelquefois, une lumière plus vive s’imposait dans son rêve, une voix, deux voix, peut- être trois, le silence, trop de silence. Une main touchait sa main, douce, chaude, amicale, puis la solitude s’installait, l’angoisse, la peur, la douleur aussi.
Louise, ne pensait plus, elle ressentait. Régulièrement, une voix, grave la berçait. Que cette voix était belle. Mais pourquoi donc, ne voyait elle rien ? paupières closes, elle gisait dans ce lit d’une blancheur virginale, parfois son visage se crispait, et tout de suite, une main la caressait, l’apaisait, et la laissait désireuse, envieuse, avide de toucher… sentir… toucher… sentir… mais las, tout lui échappait.
L’unique point de couleur du lit était la courtepointe brodée de colibris et d’orchidées par les soins de Mrs Harville. La chambre aux murs bleu pastel, les fauteuils de velours florentin d’or et de feu, la petite fenêtre à petits carreaux qui laissait filtrer le soleil couchant sur la mer et le feu crépitant dans la cheminée, entretenaient une atmosphère quiète.
Louise, pâle, immobile, ressemblait à la princesse endormie des contes de fées, sa blondeur, s’auréolait d’or roux côté cheminée et faisait vaciller les ombres. Sur la table de nuit de noyer sculptée, un gobelet d’argent, une carafe de limonade patientaient. Une grande douceur fit tressaillir la jeune fille de plaisir, une brosse parcourait sa chevelure, puis, une humidité bienfaisante sur le visage, les bras, l’éveilla légèrement. Ses mains, bougèrent, elle entendit une exclamation vite étouffée, puis elle sentit une foule autour d’elle, des souffles intenses, saccadés, attentifs. Un liquide légèrement fruité s’insinua dans sa bouche, elle retomba en léthargie. Fatiguée, elle était si fatiguée !
Mrs Musgrove rongeait son frein, mais le docteur n’était pas inquiet, il fallait de la patience, il constatait un mieux tous les jours. Elle s’accrochait à ses paroles, mais elle même ne constatait rien de bien encourageant. Mrs Harville, femme douce énergique, ne lui laissait guère le temps de s’appesantir sur ses idées noires, elle avait toujours un petit service, une course à lui demander, et c’était bien la moindre des choses que de satisfaire aux désirs d’une dame aussi charmante qui prenait soin de sa chère enfant alitée.
Le Capitaine Wentworth parti, Mrs Harville se sentait plus à même de faire face à l’accident. Subrepticement, une harmonie dans les rapports s’installa, et à sa grande surprise, Benwick, proposa non pas ses soins, mais comme une grâce de venir veiller l’inconsciente jeune fille, et la stimuler en lui lisant de cours poèmes, tous les après-midi.
La première surprise passée, Mr et Mrs Musgrove, pour qui la poésie ne disait rien du tout, acquiescèrent à l’originale demande, d’ailleurs le docteur avait hautement applaudi à cette initiative, qui d’après lui, pouvait favoriser le réveil de Louise.
It was an April morning: fresh and clear The Rivulet, delighting in its strength, Ran with a young man's speed; and yet the voice Of waters which the winter had supplied Was softened down into a vernal tone. The spirit of enjoyment and desire, And hopes and wishes, from all living things Went circling, like a multitude of sounds. The budding groves seemed eager to urge on The steps of June; as if their various hues 10 Were only hindrances that stood between Them and their object: but, meanwhile, prevailed Such an entire contentment in the air That every naked ash, and tardy tree Yet leafless, showed as if the countenance With which it looked on this delightful day Were native to the summer.--Up the brook I roamed in the confusion of my heart, Alive to all things and forgetting all............
C’est ainsi que peu à peu, la voix grave et harmonieuse de Benwick emplie la vie de Louise et malgré elle l’initia à la poésie des mots de Wordworth que son lecteur prisait entre tous. (moi aussi, j’aime, alors je vous en fait profiter) ^^ |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mer 3 Déc 2008 - 15:38 | |
| Le récit est lent, Louise n'est toujours pas réveillée, mais cela ne saurait tarder, Benwick y met du sien. - Citation :
Mr et Mrs Musgrove, étaient des hobereaux peu intellectuels. Mais ils se faisaient un devoir d’assister à la lecture d’après-midi. Louise, d’après le docteur entendait, et appréciait et il n’était pas question de laisser seule leur fille avec un homme célibataire, même si celui-ci était un fort honnête homme. Ce jour là, ils s’ennuyaient ferme, plus que d’habitude, Benwick, avait eu l’idée saugrenue de lire en français ! Louise n’en connaissais pas le moindre mot. Mais d’après le médecin, cela lui était égal pour l’instant, il suffisait qu’elle entende la même voix. D’ailleurs, dès qu’il arrêtait, elle semblait malheureuse et nerveuse.
Ils s’assoupirent tous deux dans leurs fauteuils, doucettement chauffés par les flammes du foyer, en écoutant un sonnet de Charles d’Orléans, que Benwick lisait avec beaucoup de ferveur.
Je vous vois sommeiller depuis trop longtemps, Mon cœur, dans la douleur et la souffrance : Réveillez-vous donc en ce jour-ci ! Allons au bois cueillir l’églantier Pour observer la coutume ! Nous entendrons le ramage des oiseaux Dont les bois résonnent Ce premier jour du mois de mai.
Le dieu d’Amour à l’habitude En ce jour d’organiser une fête Pour faire fête aux cœurs amoureux Qui désirent le servir Pour cela fait-il recouvrir les arbres De fleurs et les champs de vert clair……
Pris par la beauté du poème qu’il connaissait par cœur et qu’il récitait souvent avec sa fiancée disparue, sa voix s’étrangla subitement et ému, il ne put plus articuler un mot. Il resta un long moment à observer la gisante, les yeux perdus et mouillés, en ce demandant, si vraiment il lui apportait de l’agrément.
Mr et Mrs Musgrove, leurs têtes un peu penchées souflottaient en rythme, chuintaient un peu comme gens ayant bien déjeuner et qui ont une longue habitude des petites siestes impromptues.
Benwick se leva, comme il était injuste que Louise, soit sur ce lit, elle était si jeune, si jolie, sa délicatesse l’émouvait. A la contempler tous les jours, depuis une longue semaine, et à voir les légers progrès, légers mais réels, il espérait. Lorsqu’elle buvait, elle avait les paupières qui se soulevaient et elle faisait entendre, enfin, des soupirs d’aise, ou de souffrance….. nul ne savait. Il sortit de la chambre et rejoignit les Harville.
Il mettait une ardeur dans sa tache, qui étonnaient Mr et Mrs Harville, mais après tout, il y avait de si longs mois qu’il était neurasthénique, et qu’il s’intéressât à quelqu’un d’autre que lui même, montrait qu’il prenait le chemin de la guérison. Il avait eu tellement de malheurs ! Le voyant apparaître, Mrs Harville le héla :
- Nous allions servir le thé, Benwick, soyez des nôtres s’il vous plait.
- Je vous remercie, infiniment, j’accepte votre offre avec plaisir.
- Pensez-vous que les Musgrove, aimeraient se joindre à nous.
- Je ne les pense pas en état de répondre. Ma voix à le don de les endormir. C’est peut-être pour cela que Miss Louise ne se réveille pas, je la calme certes, et l’endors peut-être tout à la fois.
- Que lisiez-vous aujourd’hui ? il leur tendit le livre.
- Qu’il est beau, les dessins en sont délicats, mais j’avoue ne pas savoir lire le titre dit Mrs Harville. - Les dessins se nomment des enluminures, ce livre vient de ma mère, elle nous lisait chaque soir, un poème, à la lumière du foyer. Je la revois dans son fauteuil à oreilles, sa chaufferette ou elle posait ses pieds, dans la grande pièce, sous le manteau de la cheminée, et nous tous, alignés sur le banc de l’âtre. Nous avions bien chaud, il faisait clair, alors que le reste de la pièce était dans l’ombre ou le noir complet. Mon père, quelquefois, tendait un drap devant la lumière, et ses doigts agiles composaient des ombres chinoises. Il faisait magnifiquement le loup, et l’aigle, la colombe….. Nous chantions aussi, puis mère lisait la bible, et nous allions nous coucher. Rêveur, il caressa le livre. Ce livre réunit les œuvres de Charles d’Orléans et d’une poétesse Christine de Pisan. La langue est française, j’ai appris très tôt cette langue, avec ma mère. Son visage m’est devenu tellement flou, que je ne le retrouve qu’à la lecture de ces poèmes. J’y retrouve aussi Fanny, m’a fiancée, car elle aimait beaucoup ces textes.
Au mot fiancée, il y eu un court silence.
- je comprends que les Musgroves ce soient endormis dit Harville, si en plus de poésie, vous lisez dans la langue de Napoléon ! - Dois-je me cantonner dans l’anglais uniquement, car j’ai aussi de forts jolies poésies italiennes….
- Mais vous pouvez leur lire du chinois ou de l'anglais, il s’endormiront tout aussi bien. Je ne pense pas qu’ils soient grands amateurs de poésies, c’est tout ce que je veux dire, et vous êtes libre de vous faire plaisir tout en essayant de ranimer cette pauvre enfant.
- Oui, pauvre enfant, soupirèrent-ils tous. Pauvre, pauvre enfant !
à bientôt elle va pas fort la petiote.... Merci Isabelle
Dernière édition par Fée clochette le Ven 5 Déc 2008 - 21:31, édité 1 fois |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mer 3 Déc 2008 - 21:28 | |
| - Fée clochette a écrit:
- N'oublie jamais, qu'il est très fier, et au moins aussi orgueilleux que Darcy. L'orgueil est une très belle qualité qui fait naître de très belles histoires.
Ta ta ta, fée clochette, fais attention, tu es en train de lui trouver une qualité... Benwick et Louise aux petits oignons, miam ! Je vous rejoins demain je pense (on va passer trois mois délicieux, Clinchamps...). |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mer 3 Déc 2008 - 22:06 | |
| Délicieux, c'est vite dit, Louise est alitée, elle souffre, Anne n'est pas très heureuse à Bath, le Baronnet est imbuvable, bref, les délices, c'est pour plus tard. Je plaisante, nous passons des moments délicieux à écrire, et à lire, et pendant ce temps notre Capitaine avec Agatha, court dans la bruyère fleurie..... fine mouche celle-ci. Elle confesse, elle conseille, il s'apprivoise, et, et...... il est toujours en fuite notre héros |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Mer 3 Déc 2008 - 23:40 | |
| Il faut me laisser un peu de temps pour cogiter, c'est plus compliqué que P&P pour moi, et en plus je suis lente ; je ne me mets devant le clavier que quand c'est bien bâti dans ma tête ! et mes pauvres neurones !! vous savez bien !! |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Jeu 4 Déc 2008 - 13:41 | |
| petite suite..... du côté de Lyme, toujours... - Citation :
Le Capitaine Benwich passionné par l’œuvre du grand Walter Scott mettait un soin infini à choisir ses lectures. Aujourd’hui, il avait opté pour une ballade dont la poésie le ravissait et qui plairait à la jeune Louise toujours perdue dans les limbes. Il lisait, ou plutôt récitait avec coeur « Le Lord des Iles », bien sûr, il aimait beaucoup d’autres poèmes et récits, comme « Le roi du feu », mais, il pensait qu’en disant « Éveille-toi, » à la jeune fille, elle se réveillerai.
— Éveille-toi ! la. campagne est couverte des perles de l’aurore. La nature offre des charmes dignes de le disputer aux tiens.’ Elle excite la grive à faire entendre ses chants pour lutter contre la douceur de ta voix. — L’éclat dont elle orna la violette rivalise avec l’azur de tes beaux yeux. Instinctivement, il remplaça O Edith ! par Louise) O Louise ! éveille-toi, et nous verrons alors si tout ce qu’il y a de touchant et de beau dans la nature ne s’efface pas devant tes charmes…
- Qui êtes-vous, dit une voix ténue, presque inaudible.
Il ne sut que répondre, mais eut la présence d’esprit d’interpeller Mrs Mugrove, qui s’était encore assoupie sur son fauteuil. - Madame, Madame, réveillez-vous, votre fille revient à la vie, Madame ! Monsieur ! grande joie, Miss Louise est consciente ! voyant qu’il n’obtenait rien, il se leva et les secoua vigoureusement l’un et l’autre.
- Mais que vous prend-t-il donc Capitaine ? êtes-vous dérangé ? Louise ! Louise, ô Louise, ma petite fille ! comme je suis soulagée, prévenez Mrs Harville et le Capitaine, s’il vous plait.
Suivi de son époux, elle s’approcha du lit de sa fille, lui prit doucement une main tout en posant l’autre sur son front. Louise tourna lentement la tête en essayant de sourire.
- chut, ma chérie, tout doux, ne parle pas, ouvre juste tes jolis yeux, je suis si heureuse de les revoir, tu ne peux même pas imaginer !
Mrs Harville, pénétra doucement, et chuchota, j’ai fait appeler le docteur Stamppers, il faut qu’il constate son réveil et nous dise absolument ce qu’il faut faire, elle a été loin de nous si longtemps par l’esprit ! lui seul peut et doit nous conseiller. Surtout qu’elle ne bouge pas trop. Mon dieu que je suis heureuse, et Benwick en est tout retourné, il vous demande de l’excuser. Il est comme vous le savez, un être sensible, il est sorti précipitamment, je crois, qu’il est allé confié à la mer, sa joie, pour Louise et sa détresse pour Fanny. Ils s’aimaient tellement !
*** Benwick, était heureux et malheureux tout à la fois. Il marchait à longs pas, sur la plage, son manteau se soulevait plus ou moins selon les rafales. Il offrait son visage au vent marin avec délectation, tout tourbillonnait autour de lui. La houle était forte, les vagues déferlaient rapidement et de plus en plus grosses, le ciel bas, gris d’hiver n’annonçait rien de bon. L'humidité ambiante était telle que des myriades de gouttelettes d’eau arc en ciel emperlaient les ajoncs épineux des dunes .
Après toute cette semaine passée à espérer le réveil de la jeune fille, il se sentait tout d’un coup, vide, désorienté, et très seul. La joie, maintenant était pour les autres, Fanny ne reviendrait plus. Si la guerre avait pu le prendre ! mais non, il était vivant et bien vivant, il devait supporter sa vie et son absence.
Il s’avança vers le ressac, fasciné par l’eau grise immédiatement bue par le sable doré, un peu rose. Des petites patelles ocres et violettes colonisaient l’estran rocheux qui affleurait ça et là. Des algues vertes semblables à des laitues tapissaient des trous d’eau, de petits crabes, des étoiles de mer, prisonniers jusqu’à la prochaine marée, leurs tenaient compagnie. Plus loin, il découvrit des caulerpes, qui laissaient leur rubans verts valser tout le long d’une antique jetée désaffectée. Certains endroits de la plage était jonché de littorines colorées, appelées communément bigorneaux. Une coquille vide d’ormeau allait et venait, promenée par les vagues capricieuses, elle irradiait de beauté. Benwick, attiré, se pencha et la prit dans ses mains pour l’admirer. Il allait la rendre à la plage, quand il se ravisa, Louise serait peut-être contente de ce modeste cadeau. Fanny aimait tellement promener ses doigts fuselés sur la nacre bleu irisée de rose. Il sourit un peu, quitta le bord de l’eau, se retourna pour admirer, encore, les dunes couvertes d’élymes des sables et d’oyat, partiellement secs et couchés sous le vent. Il se sentait un peu mieux. Il retourna sur la jetée, s’assit sur une bitte d’amarrage du port, face à la mer, le visage fouetté par les embruns.
à plus tard.... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 0:29 | |
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 8:44 | |
| Et Benwick statufié, sur sa jetée pensait..... - Citation :
Immobile, Le capitaine Benwick, assis devant le port, contemplait la forêt des mats des bateaux qui oscillaient. Depuis toujours, la mer était sa raison de vivre. Il aimait sa mouvance, son odeur, les cris assourdissants et aigus des oiseaux, le bruit des vagues et du vent, le fracas sur les brisants, et la couleur changeante de l’eau, sous le ciel variable.. lorsqu’une percée de soleil enflammait un ciel d’orage plombé, les couleurs semblaient s’inventer à l’infini. Les éclairs d’une luminosité éblouissante qui zébraient le ciel le remplissait d’admiration et le fracas étourdissant du tonnerre était toujours plus impressionnant en mer que sur le rivage, tout cela l’attirait. Pourtant, il n’était pas violent. mais la sauvagerie des éléments faisait écho au désir de se mesurer au danger, alors là seulement, il donnait sa pleine mesure. C’est pour tout cela qu’il avait prit la mer. Pour se mesure à un élément instable, qui lui donnait le vertige les jours de tempêtes, ou les jours de combats avec l’ennemi, et qui satisfaisait son besoin d’aventure. Loin, partir très loin, voir autre chose que sa petite maison, sa petite île, connaître d’autres peuples de langues et de couleurs différentes. Fanny et lui avaient eut les mêmes attentes. Hélas, il était seul, irrémédiablement seul, il serait éternellement seul.
- Ah, je vous retrouve, Benwick ! voilà plus d’une heure que j’écume Lyme, nous avons besoin de vous à la maison. Je suis venu ici directement tout à l’heure, mais vous n’y étiez point, ou donc vous cachiez-vous ?
- je marchais sur la plage, Harville, je suis allé jusqu’à l’antique jetée. J’avais besoin de m’évader, de m’aérer, de m’épuiser. Miss Louise s’étant réveillée, je ne pouvais pas rester, je suis étranger à sa famille, c’eût été peu correct d’imposer ma présence.
- L’antique jetée ! c’est loin, c’est presque quatre bons miles aller-retour. C’est vrai aussi, que vous n’avez pas mon handicap. Ces derniers jours, ma blessure me faisait vraiment souffrir, mais aujourd’hui, ça va. Heureusement, car Mr Musgrove eût été incapable de vous trouver. Donc je disais, qu’il vous faut rentrer, l’on vous demande.
- Je ne vois pas pourquoi, maintenant qu’elle est réveillée, je ne puis entrer dans sa chambre. Ce serait trop incorrect.
- Incorrect, certainement pas, enfin, pas plus que cette semaine ou vous lisiez tous les après-midi, je vous l'assure. Il fait un vent ce soir, « à décorner les bœufs » disent les français. Vous souvenez-vous, de ce lieutenant français que vous avez sauvé de la noyade lors de la bataille navale livrée au large de Lissa ? c’est bien lui qui parlait ainsi. - Oui, c’était Espinet-Omale, il soutenait Dubourdieu, son capitaine de Vaisseau, mort, nous avions le même âge et nous avions sympathisé. Sa frégate, La Favorite était échouée et brûlait au large de l’île. Quel gâchis d’hommes ce jour là. J’aurais aimé tous les sauver. Mais nous nous faisions la guerre, c’était eux ou nous. Tous ces sanglants combats à cause du blocus imposé par Bonney à l’Angleterre. Il en aura fait tué des hommes celui-là !
- Oui, triste période, enfin, maintenant que Napoléon est enfermé sur l’île d’Elbe, le monde respire. Ce 13 mars 1811 à Lissa s'est inscrit pour toujours dans ma démarche ! Le capitaine Hoste était partout, quel stratège, et quelle victoire mon bon ! Elle ne s’est pas faite sans casse chez nous aussi. Chaque fois que ma blessure me fait souffrir, j'y songe, hier, la souffrance était à son point culminant, et mon humeur s'en ressentait. Mrs Harville compréhensive me supporte magnifiquement dans ces moments là, mais elle sait que Je regretterais toujours Patrick Mulligham, Algernon Fortescue, Albanis Trew……
- Un vrai cimetière, hélas, mais pourquoi veniez-vous me chercher ? si ce sont des remerciements, je n’en veux pas, Miss Louise s’est réveillée seule, pas à cause de mon aide.
- Je vous l’accorde, seulement elle vous réclame, avec insistance, et le docteur m’a ordonné de vous trouver coûte que coûte. D’après lui, vos lectures peuvent calmer son agitation. Miss Henriette a bien essayé, mais elle lit sans âme. Il ne faut pas compter sur ses parents, ni sur Charles et Marie, et mon épouse et moi même sommes de piètres lecteurs. Miss Louise épuisée nerveusement a pleuré, elle réclamait la « voix » qui lui lisait de si beaux textes. Je crois bien que le docteur Stamppers a raison, lorsqu’il dit, que même sans connaissance, les accidentés, comprennent. Etonnant n’est-ce pas ?
Il remontèrent la jetée, poussés par le vent du large qui devenaient de plus en plus violent. Bientôt, la nuit tomberait. Ce serait une nuit sans étoile, et sans lune. Ce vent annonçait la tempête. Ils montaient les marches du perron, Marie qui guettait anxieusement les allées et venues de la rue par la fenêtre du salon, ouvrit la porte.
- Enfin, vous voilà, vite donnez moi votre trenchcoat Capitaine Benwick, Nous ne savons plus que faire. Elle refuse toutes lectures faites par nos soins. Elle est si agitée, si désespérée ; Le docteur nous a expliqué que bien souvent l’épuisement physique provoque ce genre de crise au réveil. Cependant, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’elle veut profiter de sa situation. Elle a toujours été si capricieuse ! Enfin, faites ce que vous pouvez, nous vous en serons éternellement reconnaissant.
Benwick, au grand soulagement de toute l’assemblée, reprit son poste, et peu à peu Louise imprégnée par la musique de ses paroles, et brisée par les efforts qu’elle avait fourni en se réveillant, s’assoupit avec bonheur. La « voix » berçait de nouveau son sommeil, et chassait pour un temps ses cauchemars.
Lorsqu'elle fut profondément endormie, tout le monde respira librement. Le capitaine Benwick, interrompit, sa lecture, déposa l’ormeau ramassé sur la plage sur le plateau de la table de chevet. Les flammes du foyer vacillantes animaient doucement la coquille irisée, témoignage délicat, de l’intérêt que lui témoignait la « voix ».
Clinchamps, j'espère que tu as donné le nom du forum à Jean d'Ormesson |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 14:00 | |
| Bien sûr, tu t'en doutes, je n'ai pu que faire dédicacer mon livre à M.d'Ormesson, mais je lui ai quand même dit que j'aimais énormément ses livres ! Ceci dit j'aime aussi beaucoup ta façon de traiter la relation Louise-Benwick, je savais que tu y serais excellente !! incurable romantique !! Et j'admire ta crétivité dans les noms(les miens sont d'une pauvreté incroyable) et ta façon d'ancrer le récit dans l'Histoire, de monter les décors ! Bravo ! Bon petit retour dans le Shropshire ; - Citation :
- Le temps s’était mis au beau. Un soleil clair quoique pâle illuminait la campagne où le givre matinal étincelait. La terre s’était durcie, il était possible de se promener par les chemins sans se retrouver dans la boue jusqu’aux chevilles, et un après-midi, Frédérick décida de profiter de ce temps plus clément pour retourner voir son ami Timothy. Mais le hasard fit qu’au détour de l’allée qui sortait du bourg et se transformait en chemin il se trouva en face de miss Agatha Summers, accompagnée d’une jeune fille et d’un jeune homme. Frédérick salua et miss Agatha fit les présentations :
« - Capitaine Wentworth, puis-je vous présenter ma très chère amie miss Gwendolyn Smithson ainsi que Mr John Bridgewood, qui a le bonheur d’être son fiancé. Comme vous, nous avons souhaité profiter du soleil. Nous ferez-vous l’honneur de faire quelques pas avec nous ? - J’en serai ravi, » répondit le capitaine, et il se joignit au groupe. Le chemin étroit ne permettait pas que les quatre personnes marchassent de front, le groupe se scinda tout naturellement en deux, miss Agatha et Frédérick précédant miss Smithson et Mr Bridgewood. - « Vous pouvez deviner sans peine, déclara en souriant miss Agatha, que mon rôle ici est celui d’un chaperon ! Les parents de Gwendoline ne la laisseraient pas se promener sur la lande seule avec son fiancé ! Vous devinerez également combien je suis aise de vous avoir rencontré, car ce rôle est particulièrement ingrat ! - Je n’en doute pas ! Et je gage que vos amis en sont aussi heureux que nous ! » Effectivement, en jetant un regard par dessus son épaule, le capitaine put constater que le couple avait nettement ralenti son allure, et que leurs fronts rapprochés laissaient voir qu’ils ne désiraient sûrement pas avoir de témoins à leur conversation ! « - Cependant, ajouta miss Agatha, avec un regard malicieux, je suis aussi bien heureuse que ce soit vous plutôt que n’importe qui d’autre qui soit venu me sauver ! Depuis notre conversation de l’autre jour, je me suis permis de penser souvent à vos propos. - Vous m’en voyez flatté, miss Summers, en même temps qu’intrigué : je ne vois pas ce que ma vie de marin solitaire peut présenter comme intérêt pour une charmante jeune fille telle que vous ! - Allons, capitaine, vous êtes fort galant, et fort bien élevé je n’en doute pas, mais vous devez bien vous douter que mon cœur, solitaire lui aussi, et romanesque comme il se doit, n’a pu que se sentir intéressé par vôtre remarque sur, je vous cite : « un désir ancien, oublié qui frémit encore » ! Vous ne pouvez savoir à quel point mon imagination, une fois mise en route, a du mal à s’arrêter ! Je sens là un mystère passionnant ... et passionné digne des romans les plus poétiques ! - Vous devez trop en lire, miss Summers, de ces romans !! Je vous jure qu’il n’y a rien là que de très ordinaire, mais je vois bien qu’il me faut vous éclairer, sinon, Dieu sait quelle intrigue tortueuse et sombre vous allez choisir de croire ! - Mais pardon, Capitaine, je me permets trop d’indiscrétion, peut-être, je ne voudrais pas toucher un point trop personnel ou douloureux de vos souvenirs. - C’est à votre tour, miss Summers, de montrer la perfection de votre éducation et de vos manières ! » s’écria en riant franchement le capitaine Wentworth, « je sais parfaitement que vous seriez bien quinaude si, effectivement, je vous laissais là dans mon histoire en prétextant trop de douleur, ou un esprit trop secret ! Je sais quevotre curiosité féminine est éveillée, et que ma galanterie se doit de vous satisfaire ! »
Miss Agatha, rougissant légèrement tout de même d’être si bien percée à jour, eut la bonne grâce de rire aussi. Le capitaine ajouta : « - De plus, miss Summers, je ne serai pas fâché de connaître votre opinion, j’ai peu de jeunes femmes dans mon entourage, excepté ma sœur, qui bien sûr n’est pas impartiale, et ma belle sœur Mrs Agnès Wentworth, que je connais très peu, et votre attitude toute amicale et franche me donne envie de chercher auprès de vous un avis féminin et objectif. - De grâce, capitaine, parlez, vous mettez ma curiosité au supplice ! Si au surplus et par bonheur, je puis vous être de quelque utilité croyez que j’en serais ravie ! Quel est donc ce désir oublié ? - Oh ! il est très banal ! Il y a huit ans, j’étais jeune sous-officier dans la marine, je me suis épris d’une jeune fille, et elle même me faisait l’honneur de répondre à mes sentiments. Je la demandai alors en mariage, mais, écoutant les avis de sa tutrice et sans doute de son père, elle se laissa circonvenir, ils la convainquirent que je n’étais pas un bon parti pour elle et elle me refusa. Il se trouve que dernièrment, à Kellynch chez ma sœur, je l’ai revue, car le château loué par l ‘amiral Croft, mon beau-frère, appartient justement à son père. » Le capitaine s’interrompit, il marchait les yeux baissés sur le chemin, et Agatha comprit qu’il revivait cet instant de chagrin. Elle laissa passer quelques minutes, puis, d’une voix douce, elle reprit : « - Donc, vous l’avez revue. Mais avant d’aller plus loin, capitaine, elle vous a refusé, certes, mais de quelle manière ? Facilement ? Avec indifférence ? ou bien fut-ce pour elle un déchirement aussi ? - Un déchirement, je ne sais, mais avec peine, sans aucun doute, car elle pleura. Ce furent ces larmes, justement, qui me permirent de m’éloigner sans plus attendre, car, elle souffrait, et cependant elle avait cédé à la persuasion (le mot est lâché !!!!) de sa famille et m’avait sacrifié à leur autorité. La colère et la rancune qui emplirent mon âme à cet instant m’aidèrent beaucoup à l’éloigner de mon souvenir, et je croyais ce souvenir bien mort quand je l’ai revue. - Cher capitaine, avant tout, il faut que vous m’expliquiez : sa tutrice, avez-vous dit ? Sa mère était donc morte ? - Oui, depuis plusieurs années et la meilleure amie de celle-ci s’était prise d’une grande affection pour miss Anne (c’est son nom) et sans être véritablement tutrice légale, elle avait sur elle une forte influence. - Sans doute voyait-elle en elle l’ombre d’une mère chérie, et il devait être bien dur de ne pas se plier à ses avis, ne pensez-vous pas ? - - Je vois, Miss Summers... - - Je vous en prie, Capitaine, nous sommes de vieux amis, maintenant, appelez moi miss Agatha, s’il vous plaît ! » Le capitaine sourit, acquiesçat d’une légère courbette et reprit : - « Je vois, miss Agatha que vous allez prendre le parti de votre sexe et défendre la position de cette jeune fille que vous ne connaissez pas, à mes dépens, moi que vous connaissez ! - Pas du tout, capitaine, j’essaie simplement de concevoir tous les aspects de la situation, et, justement, n’est-ce pas ce que vous souhaitiez ? Un œil féminin et objectif ? » À cet instant, la voix de miss Gwendolyn (que nos amis avaient parfaitement oubliée !!) s’éleva derrière eux : « - Chère Agatha, je crois que nous devrions retourner ! Nous serons en retard pour le thé ! » Frédérick et Agatha ne purent s’empêcher de rire : Quels chaperons ils faisaient ! Ils rejoignirent les deux fiancés, et Frédérick dut promettre instamment à miss Agatha que la conversation n’en resterait pas là. En son for intérieur il en était bien d’accord : il commençait, grâce à l’amicale gentillesse de cette jeune fille, à voir un peu plus clair en lui-même, et aussi à concevoir qu’Anne n’avait peut-être pas été si coupable qu’il s’était plu à le croire. -
Dernière édition par clinchamps le Sam 6 Déc 2008 - 15:47, édité 2 fois |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| | | | imonjo Ready for a strike!
Nombre de messages : 1373 Age : 51 Localisation : près de Paris Date d'inscription : 15/09/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 15:00 | |
| Je vous adresse aussi une pluie de compliments à toutes. Je me suis régalée cette semaine encore, et j'attends lundi avec impatience pour retrouver les aventures de notre "poulet" ( Humph, j'le voyais pas comme ça ) que vous nous aurez concoctées pendant le week-end. |
| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 15:11 | |
| je crois que j'ai été un peu trop familière à l'égard de notre Capitaine. A l'intention des lectrices, la bataille de Lissa a bien tué Dubourdieu, capitaine de vaisseau. Il est réel, en face son alter aego anglais Hoste est réel aussi. Les anglais défendaient l'île au large de l'Italie, il avaient entreposé des munitions, qui ne pouvaient pas arriver en Angleterre à cause de ce satané Bonney (les autres noms sont tous des inventions) |
| | | imonjo Ready for a strike!
Nombre de messages : 1373 Age : 51 Localisation : près de Paris Date d'inscription : 15/09/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 15:28 | |
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| | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
Nombre de messages : 26773 Age : 79 Localisation : sur le chapeau de Mrs Bennet, ayez pitié de mes pauvres nerfs ! Date d'inscription : 03/03/2008
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 15:33 | |
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
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| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 19:03 | |
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| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| | | | Fée clochette Soul dancing on the breeze
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| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 19:39 | |
| Mais nous sommes trois, Il y avait aussi Herckman Chatrian c'est à dire Émile Erckmann et Alexandre Chatrian. dont le livre le plus connu est l'Ami Fritz, mais ils ont écrit une liste de livre impressionnante. Tu trouves un titre, car Marquise des Anges c'est dommage, mais c'est déjà pris |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
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| | | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 23:21 | |
| Tu est toute pardonnée Clinchamps, je me faisais rare... et je suis intermédiaire car j'essaie de faire quelques recherches pour me raccrocher à un contexte sans pour autant déployer l'art de fée clochette... je veux donc bien faire la moyenne de Anne et Serge Golon (ça fait Ange, ce qui me va comme un gant ou Serne, ce qui décrit assez bien ce qu'on trouve sous mes yeux en ce moment...) Chère fée, ton idée de Louise ayant besoin de sa "voix" me paraît excellente, je te laisse la développer (c'est exactement ce qu'il lui fallait à ce jeune homme). Clinchamps, je ne résiste pas à tes ballades psychologiques sur la lande. Et comme Fée Clochette a vérifié qu'il y avait du granit partout allons-y pour les ajoncs. - Citation :
- Revenant sur leur pas, les quatre silhouettes redescendaient vers le village. L'air était devenu limpide et coupant, annonçant une nuit de gel. Le ciel, nettoyé de ses nuages par le vent du nord, commençait à se parer des flamboyantes couleurs du crépuscule.
Ils hâtaient le pas, pressés maintenant de devancer le froid et de retrouver la chaleur d'un foyer. Miss Smithson et son promis ouvraient maintenant la route. Agatha Summers et Frederick Wentworth les suivaient. Il avait pris soin de se placer de façon à protéger sa compagne du vent froid de décembre. Elle était sensible à cette attention mais n'en fit pas la remarque. Concentrée sur la marche, elle s'appliquait à garder le rythme des enjambées décidées du marin. Le regard lointain, il semblait contempler la transition progressive entre la lande sauvage et les prairies entourées de haies vives qui s'étendaient autour du village, touches claires ponctuées de petits champs tristement nus en ce mois de décembre.
Sur le pas de la maison des Smithson, Frederick Wentworth quitta ses compagnons. Ils l'avaient invité à entrer, le pressant de se réchauffer et d'égayer leur thé du récit de ses voyages.
"- Je vous remercie beaucoup pour cette aimable invitation, dit-il en matière d'excuse, mais mon frère et ma soeur m'attendent et je ne saurai leur faire faux bond. A une autre occasion peut-être...
- Capitaine, vous devez me promettre de venir prendre le thé sous peu, dit Miss Smithson, ma mère fait le meilleur fitchet pie du comté...
Voyant le regard interloqué du Capitaine Wentworth, elle se hâta d'ajouter:
- ... oh, mais sa tourte à l'agneau est aussi excellente."
Le capitaine Wentworth sourit mais ne promit rien. Il s'inclina, souleva son chapeau, tourna les talons et s'éloigna. Il s'était vraiment compromis avec Louise Musgrove et cette affaire, toujours en suspens, l'incitait à la plus grande prudence avec les jeunes filles en âge d'être mariées. C'est pourquoi, malgré le plaisir innocent qu'il tirait de la compagnie et de la conversation de Miss Agatha Summers, il jugea préférable de ne point trop s'engager et, partant, de limiter les rencontres au minimum exigé par la politesse.
Il hâta le pas. Maintenant que la nuit était tombée, le froid se faisant mordant. Il sentait ses oreilles s'engourdir et cette sensation désagréable le faisait grimacer. En arrivant au presbytère, il remarqua qu'Agnès le guettait derrière la vitre.
"Quel égoïste je fais, pensa-t-il, ils ont dû me croire perdu dans la nuit".
Il ne se trompait pas et vit le soulagement se peindre sur le visage de son frère quand il pénétra dans le salon. Il se débarrassa de son lourd manteau qu'il confia à la servante et se dirigea vers la cheminée. Agnès servit le thé et tous trois firent honneur à une appétissante tourte à la viande accompagnée de bleu du Shropshire. La solide gastronomie de la région, exempte de raffinement, était ce qui convenait le mieux après une longue marche. C'est du moins ce que pensa Frederick Wentworth alors qu'il répondait aux questions inquiètes de son frère et de sa belle-sœur et leur racontait sa rencontre sur la lande.
La soirée se passa paisiblement auprès de la cheminée. Le vent qui soufflait dans les fentes des volets et le conduit incitait aux histoires fantastiques et mystérieuses, si abondantes en Shropshire, et qu'Edward, amateur éclairé, recueillait auprès de ses ouailles.
Lorsqu'il se retirèrent, Agnès demanda à son mari:
"- Que pensez-vous de cette rencontre ? Et de ce que votre frère a dit de Miss Summers ? Pensez-vous que cela puisse aboutir ? J'ai cru discerner qu'elle le regardait beaucoup.
- Oh, ne vous fiez pas trop à cela, ma chérie. Frédérick est très beau et la beauté attire l'œil, il aurait été surprenant qu'elle ne le regardât pas. Quant à lui, je ne sais que penser. Il ne m'a pas tout dit mais je sens qu'il est tourmenté. Je ne sais pas si c'est une très bonne idée de lui avoir présenté Miss Summers aussi vite, mais nous pouvions difficilement l'éviter. Défions-nous cependant de hâter les choses. Je connais mon frère, il est très entier et très à cheval sur l'honneur. Je souffrirai de le voir se croire obligé de s'engager sans aimer vraiment."
Sur cette réflexion, assez profonde si l'on considère l'heure assez avancée à laquelle elle fut faite, Mr. and Mrs. Edward Wentworth s'endormirent, serrés l'un contre l'autre, en écoutant le chant du vent glacé.
Dans la chambre voisine, Frédérick Wentworth lisait, mais les lignes se brouillaient fréquemment pour laisser la place au doux visage qu'il avait laissé derrière lui à Kellynch. Il tourna machinalement quelques pages sans rien y comprendre avant de se résigner à souffler sa bougie pour sombrer dans la rêverie qui précède souvent le sommeil.
A l'autre bout du village, dans un lit soigneusement bassiné bien que solitaire, Agatha Summers, se retourna dans son sommeil, et continua de rêver de capitaines de marine mystérieux et romantiques. Ce n'était pourtant pas dans ses habitudes. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72629 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: [Jeu] Le cadavre exquis du capitaine Wentworth Ven 5 Déc 2008 - 23:59 | |
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